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Nouvelles confirmées : Un soir de juillet
Publié par malhaire le 18-07-2013 00:10:00 ( 992 lectures ) Articles du même auteur



« Je rentre du travail et la chaleur est écrasante. Pourtant, personne n’a le droit de se plaindre parce que juin a été calamiteux. Moi, je n’aime pas la chaleur et j’ai envie de me plaindre, mais ce soir je suis seul à la maison. Je pourrai me plaindre d’un tas de choses, et en particulier de mes collègues que je ne peux plus voir en peinture. En rentrant du boulot, j’ai décidé alors de m’allonger sur le transat et de me laisser aller à la morosité que m’inspirent ces fortes chaleurs et tout ces imbéciles qui semblent s’acharner sur moi. Une petite demi-heure passe et puis le téléphone sonne ; j’arrive trop tard, mais je m’en fiche pas mal, parce qu’à mon avis, c’est encore un démarchage… Maintenant que je suis debout, je décide de me préparer un verre bien frais de Pulco citron. Je n’aime pas ça, je préfère les boissons sucrées, mais ce n’est pas bon si l’on veut garder la ligne. Je n’aime pas non plus me laisser aller à la morosité trop longtemps. Je décide alors d’entreprendre un peu de travail physique, rien de mieux pour chasser la mélancolie.

Comme La maison est presque neuve, il y a toujours quelque chose à faire à l’extérieur. Je décide alors de déplacer les innombrables tuiles abandonnées le long d’un mur, pour y ranger bientôt le bois pour l’hiver que l’on devrait d’ici peu me livrer.

J’ai fait poser des panneaux photovoltaïques, il paraît qu’à long terme c’est rentable. Aussi, je voulais faire un geste pour l’environnement. La nature me l’a bien rendu. Nous avons eu pour printemps plus de nuages et de froid qu’en pourrait tolérer un automne précoce et vigoureux. Bref, voilà pourquoi toutes ces tuiles…

Ca fait du bien un peu d’effort, ça vide la tête (j’ai des collègues qui en font trop...).

Et puis soudain, mes voisins me sortent de mon emballement au travail.

Ils rient à gorges déployées et c’est à coup sûr pour me faire chier. Je ne vois pas ce qu’il y a de si drôle à remplir un coffre de toit de tous les gadgets inutiles que l’on emmène en vacances et dont on ne se servira probablement pas. Ma maison est en contrebas et je pense qu’ils assurent délibérément le spectacle. Ils font du bruit parce qu’ils sont heureux. Je crois qu’ils le font exprès. C’est dingue comme le reste du monde semble ne plus exister pour les gens heureux. Tout ça m’est bien égal, et peut-être même qu’ils se moquent de moi. Moi aussi j’ai remarqué que ma 107 tient à peu près la taille de leur coffre de toit.

Là encore, je m’en fou complètement ; cela prouve que je ne suis pas attaché aux choses bassement matérielles de ce pauvre monde. A moins que le constat soit plus affligeant ; à bientôt quarante balais, ma petite vie ne me permet pas d’incarner celui dont j’avais tant rêvé d’être.

Cela ne me coupe pas l’appétit pour autant. Il y aura bien quelque chose à grignoter dans le frigo. Quelques tomates de supermarché, et aussi quelques carottes oubliées dans le tiroir à légumes feront mon affaire. Une fois la partie noire abîmée des carottes enlevée il sera toujours possible de les râper. Une fois dans cet état, on ne peut plus présager de leur hypothétique mollesse ou fraîcheur.

Dans mon assiette, mes tomates Savéol, dont le pied ne s’est sans doute sustenté que sur un pain de laine de roche détrempé d’engrais chimiques, mêmes tranchées et assaisonnées, restent des tomates sans saveur, bien loin de celles qui ont bu tant de soleil et ont trempées leurs racines dans l’humus frais d’un jardin.

Je décide alors d’échapper à mon assiette en me plongeant dans le journal télévisé ; pathétique !!!

Une ministre de la France a pleuré à l’assemblée nationale parce que quelqu’un lui a dit (en résumant un peu) que son mari était un gros con qui chiait sur la république… Je reprendrais bien alors une bouchée de ces savoureuses tomates, à moins que je ne m’octroie une autre bouchée de ces carottes suspectes.

Elle ne sera quand même pas la première à réaliser que son mari est un gros con, (qui peut-être boit à contre cœur du Pulco citron pour garder un semblant de ligne ?). D’autres l’on fait avant elle.

Heureusement ce soir, le journal télévisé relate aussi des faits bien plus dramatiques.

Il n’est que la télé pour rendre le malheur aussi bruyant.

Je ne vais pas me coucher trop tard car avec cette chaleur je vais sans doute très mal dormir, d’autant plus que mes fenêtres seront ouvertes…

Et puis il y a ces voisins dont le départ en vacances se fera sans doute au cœur de cette nuit. C’est certain, ils vont me réveiller quand enfin j’aurai trouvé le sommeil.

Ils feront certainement encore plus de bruit parce qu’ils seront davantage heureux.

Moi, ma maison restera silencieuse, sans aucun bruit.

Aujourd’hui, ma femme est partie avec les enfants. ».

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Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 18-07-2013 00:34  Mis à jour: 18-07-2013 00:34
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Un soir de juillet
Bonsoir Malhaire.
C'est sûr, si tu te shootes à la carotte rapée, les voisins te sembleront toujours avoir une sale tronche, avec leur petit bonheur de vacanciers sur le départ.
Chacun a sa façon de réagir, face à la solitude . Moi, je serais toi, je me mettrai aux fourneaux pour m'inviter, les petits plats dans les grands, Luculus chez Luculus !
Et puis tu as quarante balais ? Dépêche-toi de les déguster. Les bobines des éphémères du boulot, je te le certifie, tu les auras oubliées, dans vingt ou trente ans, mais tu te souviendrais probablement du petit menu que tu auras préparé tout en sirotant une bonne boutanche !
Demain, en bossant, pense aux courses du soir et annonce ton menu aux tronches en biais, ce sera un petit plaisir supplémentaire !
Bonne solitude. Des fois, elle est reposante.
Loriane
Posté le: 26-07-2013 16:30  Mis à jour: 26-07-2013 18:51
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Un soir de juillet
Ce peu d'intérêt pour la vie, ça c'est du grand art.
Ton misanthrope m'amuse
Ce grognon me fait penser à mon fils, que je surnommais "Donald", car comme Donald mon "bonhomme" passait sa journée à grogner et rouspéter et "grommmm, grommmm, et lui grommm, et moi groummm... et groooum, grooumm les autres ceci, et groummm moi cela" ... il était comme ton personnage.
Et le pauvre, Il en avait par dessus la tête d'avoir une maman qui riait de tout, et pour qui rien n'était grave.
Aujourd'hui il à plus de trente et tout est toujours aussi grave et inquiétant !
C'est comme ça !
Ton personnage est bien planté, bien décrit, belle lecture.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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