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Nouvelles confirmées : Le feu d'artifice
Publié par Loriane le 18-07-2013 14:00:00 ( 1314 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées





Le feu d'artifice

Et te voici au paradis, assise sur ton bord de fenêtre avec mes deux bras pour ceinture de sécurité, tes deux petits pieds dans le vide, tu fais une fête enthousiaste, en de longs et gracieux « tuut tuuut tuuut » à tous les passants, là sur la place et dans la rue, quelques étages plus bas.
Mais tu parles à tout le monde ma singette! c'est bien!
Pour le 14 Juillet la ville de Montpellier nous fait le cadeau d'un spectacle coloré, on tire le feu d'artifice au bord du Lez, juste sous nos fenêtres.
Nous assistons depuis notre huitième étage à ce coutumier divertissement, et chacune de nos fenêtres est une loge royale où nous avons la chance, en reines privilégiées, de dominer, et de jouir de la représentation, bénéficiant sans coûteuse contre-partie de la joyeuse animation de la rue, le plaisir populaire sans en subir les troubles, protégées à l'abri de la bousculade.
Nous surplombons donc le rassemblement qui vient dès la tombée du jour s'amasser sur les rives, et autour du port Marianne.
Dire que tu aimes ce joyeux défilé, mon amour de petit singe, est si peu dire. !

Dehors l'air sent l'été, la fête, la foule heureuse. Depuis la rue montent les bruits de conversations, de rires, de klaxons, on sent venir à nous l'agitation d'une activité, d'une surexcitation populaire réjouissante.
Voici donc que bien abritées des bousculades, nanties et confortablement installées, assurées d'avoir la meilleure vue, nous apprécions d'autant plus ce gai tumulte.
Il faudra du temps pour que chacun trouve sa place, aussi longtemps que chaque spectateur ait trouvé à garer sa voiture, puis ait choisi le meilleur endroit où s'installer, nous savons que continuera ce divertissant remue-ménage.
Beaucoup sont venus à pied et en famille. Un long défilé avance dans le brouhaha, la foule coule lentement sur les trottoirs, descend la pente qui mène à la rive, dans le crépuscule, les silhouettes, dans la pénombre qui gagne, vont le long de l'eau et prennent place sur les pelouses, sur la passerelle, dans la fraîcheur de ce soir aux couleurs roses, mauves et amarante.
Les ténèbres à peine venues, alors que doucement le ciel a imperceptiblement éteint ses lumières, avec la délicatesse des tendres soirs d'été, éclatent soudain les premières explosions des artificiers, Le bruit emplit l'atmosphère tout entier, le font résonner et trembler, les brillances guerrières, outrageusement colorées en conquérantes emplissent et illuminent le ciel, et font disparaître de honte les pauvres petites étoiles.
« Eh! Mémelle, Mémelle reviens »
Armelle à disparu, vive comme l'éclair, madame singe est cachée, planquée, disparue.
« KRIIIIICK , KRIIIIICK, ça va pas les humains de faire la guerre KRIIIICK, ça fait peur vos trucs de fous, ça fout la trouille ces pétards violents! »
Goliath et georgette en petits chiens courageux te rejoignent sans plus tarder.
Tous sous le siège de la salle de bain! Courez ! Aux abris tout le monde !!
La salle de bain est l'abri du combattant, la meilleur retraite pour échapper à la mitraille, puisque cette pièce aveugle, sans fenêtre est le seul endroit de l'appartement qui offre un abri rassurant, vous êtes tous d'accord sur ce point et vous désapprouvez ces jeux d'humains trop violents.
Bande de trouillards, vous me laissez seule devant ma fenêtre, lâches!
Vous avez raison mes bestioles chéries, ils sont fous ces humains, je vous câline et je vous rassure.
Je referme la porte qui vous protège, protection illusoire ? mais non, vous voici en sécurité, et je retourne quelques instants à la fenêtre admirer un bouquet, une belle rouge, une belle bleue, mais je reviens régulièrement prés de vous.
C'est beau la guerre lorsqu'il n'y a pas de morts.
Dans la rue, là, en bas j'entends la respiration de la grosse bête humaine, installée sur l'herbe et sur les trottoirs. Je la devine et je perçois une respiration unique et intense.
Lorsque le ciel noir, percé d'explosions multiples, s'enflamme d'un seul coup de rouge et or, un seul et unique cri puissant monte des centaines de poitrines et traduit une liesse qui me serre le ventre.
L'émotion intense de l'animal qui vibre avec les siens me secoue.
Presque une heure passe et, plusieurs, de nombreuses explosions plus tard, voici le bouquet final, toute l'artillerie est à l'oeuvre, tout s'accélère, le souffle doit se couper, sans répit, c'est l'hallali, les forces de toute l'armée écrasent de bruit de lumière, de fumée l'adversaire estourbi, et il est certain que l'ennemi va ployer sous ce déluge brutal, irrésistible qui dure, dure, et dure encore.
Une dernière flammèche retombe lentement, voilà, c'est fini !
La bête en bas explose à son tour, un tonnerre furieux d'applaudissements et de cris de bonheur, arrive de toutes parts, les poitrines, les bouches crient un cri unique, on sent l'émotion vibrante des manifestations populaires festives.
Super! vraiment super !
Je crois que nous avons encore gagné la guerre. On les a eu, nous sommes encore vainqueur, C'est nous les plus forts!!
Cette maudite attirance multi millénaire, des massacres et des tueries, vient de s'exprimer une fois encore, mais ce tonnerre de brest est heureusement sans dommage, il ne nous offre plus que la beauté d'une manifestation plébéienne, retentissante et sans danger.
Voici une bonne thérapie, nous détournons nos mauvais instincts, nous les trompons par des ersatz,
Tout comme le sport et, notamment le foot sont des succédanés pacifiques pour exprimer notre bestialité et notre agressivité naturelle.
Il faut bien consacrer à la testostérone, sans lui refuser sa place afin de la canaliser au mieux et qu'elle s'exprime sans nous saccager.
Soyons en toute sagesse, ce que nous sommes: des bêtes, des singes, n'est-ce pas ma Mémelle ?.
Pour l'heure, de ce conflit tonitruant d'éclat et de force, il reste dans le ciel sombre, une noirceur plus dense, des fumées et de fortes odeurs de poudre, auxquelles se joint l'agitation de la foule qui repart en s'écoulant lentement.
Les arrivées se sont espacées sur une durée de une ou deux heures, mais les retours se font en masse, avec précipitation, dans un temps trop court, d'où bien sûr quelques bousculades difficiles à éviter.
Sitôt le calme revenu, la petite troupe repliée à l'arrière du front, se manifeste prudemment, la petite main de la singette a actionné la poignée et la porte s'entrouve doucettement, sans rapidité inconsidérée, des petits nez curieux reniflent l'air des petits yeux vont en reconnaissance, ils interrogent le silence revenu, et osent prudemment un pas, puis deux ...Mélouille et les chiens trouillards rappliquent enfin, prudents et prêts à un vive repli stratégique si necessaire.
« C'est fini, les toutous, Mélouille, tu viens ? »
Te revoici revenue sur mon dos, tu t'accroches à moi, enroulant ta longue queue autour de mon cou. Et nous retrouvons notre loge, notre poste de surveillance, tu reviens sur notre mirador, tu viens te coller à moi, et l'armistice signée, tu retrouves une fois bien à l'abri, assez de courage pour dire avec virulence et colère ta désapprobation.
« KRIIIIIICK, ça va pas les humains?
KRIIICK, bandes d'excités!, KRIIICK?
ça vous amuse de faire peur aux petits chiens, et aux petits singes ?
KRIIICK, et vous avez vu cette fumée dans l'air ?
KRIIICK, vous trouvez ça drôle,vous? KRIIIIICK, sales bêtes!!!,
KRIIICK, vous pouvez repartir maintenant que vous avez tout sali!!! KRIIIIICK »
Tu cries ton courroux sans te calmer, tu désapprouves fortement ces actes humains, tu fais une très grosse colère. Mélouille est en révolte, Mélouille est en fureur et le fait savoir !.
« Allez viens ma Mémelle, calme toi, tout va bien, bisous, allez bisous »
Je te tends mes lèvres pour un baiser de paix, mais tu ne te tais pas, et KKRIIIIICK et KRIIIICK et je te regarde, amusée, attendrie, continuer à éructer très fort tes réprimandes rauques.
Tu es bien belliqueuse ma Singette, vraiment guerrière, ma foi mon petit singe, quoique certain en disent, je te le dis, moi, ta presque-singe, tu es un vrai humain !!

Lydia Maleville

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Auteur Commentaire en débat
Grenouille
Posté le: 18-07-2013 16:43  Mis à jour: 18-07-2013 16:43
Plume d'Or
Inscrit le: 22-01-2012
De: Alsace
Contributions: 317
 Re: Le feu d'artifice
Merci de nous faire vivre cette tranche de vie avec Mémelle.
Les animaux nous apportent beaucoup, je n'ai eu que des chiens, une singette j'aurai adoré !
Qui a dit " plus je connais les hommes plus j'aime mon chien ! "
Merci
Bacchus
Posté le: 18-07-2013 21:08  Mis à jour: 18-07-2013 21:08
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Le feu d'artifice
Il y a des blessures qui ne se referment jamais, pas vrai Loriane ?
L'amour que nous avons donné ou reçu n'a pas de limites.
Ton ambiance est parfaitement rendue. Cette année, sciatique oblige, j'ai brisé la vieille coutume d'aller voir le feu d'artifice à Porticcio.
Vers minuit, ayant oublié la date, j'ai entendu ce qui m'a paru être un début de vendetta. C'était un feu d'artifices, au village, à côté. Un feu d'artifice qui n'avait rien à envier à celui d'une grande ville, malgré ses quelques 8oo habitants dans une commune très étendue.
Je crois, Grenouille ( bises ) , que la phrase était de Pierre Desproges. Elle est fondée.
Grenouille
Posté le: 21-07-2013 08:16  Mis à jour: 21-07-2013 08:16
Plume d'Or
Inscrit le: 22-01-2012
De: Alsace
Contributions: 317
 Re: Le feu d'artifice
Ah oui, c'est Desproges, merci Bacchus, bises à toi aussi
Loriane
Posté le: 21-07-2013 08:37  Mis à jour: 21-07-2013 08:37
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Le feu d'artifice
Oui Bacchus, c'est vrai les souvenirs sont toujours aussi présents, je vis toujours avec elle dans ma vie, elle fait maintenant partie de moi, je suis à demi singe.
Tu ne vas pas mieux ? je t'envoie un mail.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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