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Nouvelles : Préhistoire
Publié par musloch le 30-07-2013 04:00:00 ( 1263 lectures ) Articles du même auteur



Préhistoire

La journée s'achevait. On ne devinait plus que les derniers ormes qui se qui jetaient leurs silhouettes de chaque côté du chenal. La brume du soir tombait, noyant les bords de la Rance que nous suivions dans ses méandres, brume grise à l'est mais dorée et lumineuse vers l'aval où le soleil devait se coucher sur une mer brillante où nous l'admirions si souvent, et qu'on aurait pu presque deviner pour peu qu'une brise chasse l'ombre naissante.

Tout était calme, doux, comme ouaté par le brouillard s'épaississant de minute en minute. On respirait l'haleine humide des eaux stagnant sur les marais, dans chaque repli de la berge que nous frôlions par moment.

On rêvait de forêts inviolées, de terres vierges... Etait-ce la pénombre ? étaient-ce les odeurs ? ou le cercle étréci qui limitait la vue ? C'était plutôt, sans doute, l'étendue marécageuse dans laquelle le bateau glissait sans bruit. Et des ombres passaient, à fleur d'eau, mouettes, échassiers à la pêche, presqu'invisibles, mais présents.
Atmosphère étrange, prenante à la fois et inquiétante. Rien de plus isolant que le brouillard : on se croit seul et loin de tout quand il nous enferme dans son filet.

C'est là que, scrutant la pénombre, dans un demi-rêve, nous découvrîmes une chose innommable, jaunâtre, immobile qui semblait nous guetter, un cou qui paraissait immense, surmonté d'une tête petite, aux angles aigus qui approchait.
Moments d'appréhension, d'angoisse... la peur nous tient à la gorge et l'esprit cherche une explication mais se fige : quelle est cette bête monstrueuse tapie dans la vase et qui guette notre passage ? Le cou est hérissé d'une crête dentelée, la tête nous fixe, grise et floue dans la brume.
Quelque être préhistorique qui subsiste dans ces profondeurs fangeuses.....

Mais nous, qui sommes-nous ? où sommes-nous ?

Dans cette ambiance humide et sombre, dans cet enfermement, au centre de cette nature invisible et grouillante, avons-nous quitté notre temps ? Sommes-nous remontés vers les ères perdues jusqu'à rejoindre les monstres broutant des fougères géantes ? Les yeux agrandis, l'esprit perdu, l'imagination galopante, un reste de raison nous force, essayons de comprendre, de deviner...
Voyons, pensons sainement : je suis là, tu es là, nous sommes ensemble, partis pour une petite promenade sur la Rance; la Rance, elle existe ! Nous venons de Dinan, nous allons vers Saint-Servan... nous avons fait dix fois ce petit voyage... Que nous arrive-t-il aujourd'hui ? un rêve ? un cauchemar ? Il faut nous réveiller, sortir de ces voiles gris et mouillée... mais cette bête affreuse qui nous suit de son regard vide.....

Il a fallu un coup de vent subit et violent, une brusque bourrasque venue de la mer, pour nous rendre l'esprit clair et le bon sens; la bête immonde et bizarre, jaune et hérissée, vous en voyez tous les jours d'automne, dans les champs de Beauce ou de Bretagne où les prés sont proches des rives : un élévateur à maïs, ces machines à long col qui déversent tout le jour leurs moissons de grains dorés dans les camions qui les suivent.... !
Celle-là rêvait, sans doute, dans le brouillard, sa journée achevée.
Rien que de l'imagination.
Dommage.....


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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 30-07-2013 12:54  Mis à jour: 30-07-2013 12:54
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Préhistoire
Récit bien mené. Expérience vécue ?

Merci du partage
Bacchus
Posté le: 30-07-2013 22:34  Mis à jour: 30-07-2013 22:34
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Préhistoire
Salut à toi !
A la campagne, selon sa nature, on peut voir tout ce que l'on veut.
Ainsi, je ne peux jamais regarder longtemps le feuillage des arbres sans que des visages de toutes sortes m'apparaissent, avec leurs expressions et leurs détails les plus minutieux.
Faudra que je tente l'expèrience aves un élévateur à maïs, dès qu'on m'en présentera un...
Bon texte distrayant.
Merci.
musloch
Posté le: 31-07-2013 00:21  Mis à jour: 31-07-2013 00:21
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-07-2013
De: Sélestat
Contributions: 75
 Re: Préhistoire
Bonjour,
Merci pour le commentaire.
Oui... réellement : expérience vécue, il y a quelques temps !
Cordialement.
P.M.
musloch
Posté le: 31-07-2013 00:23  Mis à jour: 31-07-2013 00:23
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-07-2013
De: Sélestat
Contributions: 75
 Re: Préhistoire
Bonsoir,
Merci pour le commentaire.
Pour les visages, j'ai la même expérience avec les nuages, par exemple... comme quoi l'imagination galope !
Je verrai avec cet élévateur à maïs concerné s'il reçoit......
Cordialement.
P.M.
Loriane
Posté le: 13-08-2013 18:37  Mis à jour: 13-08-2013 18:37
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Préhistoire
C'est tout à fait ça, des images mal comprises, mal interprétées et qui prennent un aspect angoissant.
ce récit est excellent parce qu'il louvoie entre le rêve d'abord, puis l'angoisse et enfin le rire.
C'est ainsi que naissent les croyances, les religions même, par une interprétation erronée de nos yeux trahis.
J'ai beaucoup aimé
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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