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Nouvelles : La guerre éternelle (suite et fin)
Publié par Salimbye le 28-08-2013 21:51:52 ( 861 lectures ) Articles du même auteur



La guerre éternelle (suite et fin)

III- Comme tous les soirs, sa grand-mère Vérité vint s’installer près de sa couche et commença à lui raconter une histoire pour l’endormir.
« Il était une fois un inspecteur de l’enseignement qui vivait paisiblement, travaillant selon ses modestes capacités et appliquant consciencieusement les notes, les circulaires et les directives de ses supérieurs sans jamais se poser de questions.
Un jour, il décida d’aller passer une heure avec un professeur qui enseignait dans un petit village. En y arrivant vers 14h20, le représentant du Ministère de L’Éducation jugea utile de retarder sa visite jusqu’à 15h pour pouvoir assister à la leçon toute entière ; et afin de passer le temps qui lui restait, il résolut de prendre un café. En dégustant paisiblement le breuvage qu’il avait commandé, son attention fut attirée par un éclat de rire qui provenait de l’intérieur du café. C’est alors qu’il vit, assis au milieu d’une dizaine d’individus crasseux et mal habillés, le professeur qu’il comptait inspecter quelques minutes après. L’enseignant qui était sensé être dans sa classe, expliquait à haute voix à son auditoire, comment procéder pour gagner un pari sur les chevaux de course. Les mots « tiercé et quarté » fusaient dans tous les sens. L’inspecteur se dit que le professeur en question était peut-être en congé de maladie, et puisque les médecins ne mentionnaient jamais sur les certificats si les patients devaient ou non garder la chambre, beaucoup d’employés qui relevaient de la fonction publique recouraient à ce procédé pour bénéficier d’un repos illégalement mérité. L’encadreur pédagogique regrettait de s’être déplacé inutilement et se mit à feuilleter un journal qui traînait sur une table. Vers 15 h, alors qu’il réglait sa consommation, il remarqua que l’enseignant avait mystérieusement disparu. Il se demanda s’il avait réellement vu ce dernier quelques minutes auparavant. Était-ce une hallucination ? Couvait-il une fièvre ou une autre maladie dont les médecins lui révéleraient le nom au cas où il aurait les moyens de les consulter ? Il se résigna à aller faire son inspection.
Le directeur de l’établissement le reçut en souriant. Il l’informa que le professeur qu’il comptait voir était dans la salle 16 avec ses élèves. L’encadreur faillit s’évanouir, mais il se ressaisit lorsque le chef d’établissement ajouta : « C’est un professeur qui nous crée énormément de problèmes. Il s’absente souvent alors qu’il a des classes qui passeront un examen national à la fin de l’année. Tenez, aujourd’hui par exemple, il est arrivé au collège avec 45 minutes de retard. Quelle génération d’enseignants ! ». Les battements de cœur de l’inspecteur devinrent réguliers. Il était sain et sauf. Il évita d’évoquer ce qu’il avait vu au café et se dirigea tranquillement, en compagnie du directeur, vers la salle 16. Celui-ci était très bavard .Il voulut expliquer au visiteur les lacunes et les points faibles de la politique de l’enseignement. Il prétendait maîtriser les tenants et les aboutissants de cette situation. Ne s’était-il pas présenté aux élections communales à deux reprises. Il les aurait remportées si le vote s’était démocratiquement déroulé et si son adversaire n’avait pas assez d’argent pour acheter les voix des électeurs aux responsables. Ils arrivèrent à la salle 16. L’enseignant les reçut comme il se devait. Le directeur s’éclipsa tandis que l’inspecteur prit place au fond de la salle. Il remarqua très vite que le professeur n’avait pas de cartable et par conséquent, pas de document pédagogique pour mener la leçon du jour. Seuls un morceau de craie et un paquet de cigarettes traînaient sur le bureau. Sur ordre de Médisance, l’enseignant tenta d’expliquer cette situation inhabituelle à l’indésirable visiteur. C’était un jour exceptionnel. Il venait juste d’arriver d’un enterrement. Et comme il avait peur de perdre beaucoup de temps, il avait préféré venir directement du cimetière au collège. Il se lança ensuite dans une explication de texte surchargée d’improvisations maladroites et de paraphrases qui défiguraient piteusement le sens de chaque paragraphe. La sonnerie de 16 h délivra l’enseignant et l’encadreur pédagogique. Le premier était à bout de souffle, le second à bout de nerfs.
Avant de partir, le représentant du Ministère de l’Éducation fit savoir au professeur qu’il ne pouvait pas rédiger de rapport sur la leçon tant qu’il ne jetterait pas un regard sur le cahier de textes de la classe pour vérifier si toutes les leçons étaient effectivement abordées. L’enseignant lui répondit que, la veille, il avait involontairement emporté ce document dans son cartable. L’inspecteur lui demanda alors gentiment de le déposer auprès de l’administration afin qu’il puisse le voir au cours de la semaine suivante.
Ils se quittèrent.
Comme prévu, une semaine après, le missionnaire revint au collège et demanda le document en question. Le chef d’établissement répondit qu’il n’avait rien reçu du professeur. Il pria le visiteur de s’asseoir et partit lui-même chercher le fameux cahier de textes.
Quelques minutes plus tard, il revint bredouille. Le professeur n’avait pas le document tant sollicité.
Et le directeur trouva prétexte pour se lancer encore une fois dans une tortueuse argumentation où il était question du niveau des apprenants qui ne cessait de baisser, de la politique désastreuse de l’enseignement dans le pays, du laxisme des responsables dans le choix des futurs enseignants, des syndicats corrompus par le patronat. Seuls les inspecteurs de l’enseignement échappaient, on ne savait par quel miracle, à sa critique désordonnée. Grisé par son discours oratoire, le chef d’établissement se jeta dans les méandres de la politique internationale et en sortit avec cette ruisselante conclusion : tous les malheurs du pays avaient pour origine l’occupation de La Palestine, la guerre du Golf, Housni Moubarak, Ben Ali et Kaddafi . Il regarda par la fenêtre dans l’espoir de dénicher un autre sujet d’actualité plus sulfureux. Malheureusement, le professeur dont le comportement avait déclenché ce monologue incohérent fit irruption. L’inspecteur crut que ce dernier venait pour s’excuser étant donné qu’il n’avait pas tenu sa promesse.
Mais au lieu de parler du document, source de toutes les tracasseries, il s’adressa directement au représentant du Ministère de l’Éducation et lui demanda dans un langage, on ne peut plus cru, les raisons pour lesquelles tous ses supérieurs le visaient. Le directeur, en tant que politicien chevronné, tenta d’intervenir pour négocier avec civisme les doléances de l’enseignant, mais celui-ci lui ordonna de se taire. Ce qu’il fit gentiment.
Les yeux exorbitants, le professeur qui avait une peau brune et un corps bien musclé, se retourna vers l’inspecteur et cria : « Puisque vous me cherchez vous aussi, vous allez me trouver ! » et il commença à se débarrasser de ses vêtements. L’inspecteur crut que sa dernière heure venait de sonner. Et furieusement, l’enseignant enleva tout d’abord sa veste, sa chemise et un sous vêtement troué au niveau du nombril. Une fois son torse chevelu et bien taillé fut découvert, il s’attaqua ensuite à la partie inférieure de son corps en enlevant ses chaussures toutes usées et ses chaussettes qui inondèrent le petit bureau du directeur d’une odeur nauséabonde, il détacha sa ceinture et retira son pantalon. Il ne portait pas de slip.
Il se mit près de la porte du bureau et déclara solennellement : « Écoutez- moi bien tous les deux. Je vais me suicider en sautant du 2ème étage du bloc des sciences et vous, vous allez croupir le reste de votre vie en prison parce que vous ne voulez pas me laisser tranquille ».
L’inspecteur et le directeur devinrent pales.
Le professeur rejoignit la cour du collège en costume d’Adam tout en criant à tue-tête : « Écoutez- moi bien tous, je veux me suicider. Je veux mettre fin à cette vie de misère ! ». Tous les élèves quittèrent leurs classes et envahirent la cour. Ils formèrent un cercle autour de l’enseignant déchaîné. Tous étaient impressionnés par la longueur et la couleur de son appareil génital. Restées debout dans les couloirs, les jeunes filles, quant à elles, admirèrent ce gros sexe magistralement exposé. Quelle perte pour tout le village si jamais par hasard cette verge venait à disparaître tragiquement. Aucun autre professeur n’osa intervenir pour calmer l’homme nu. Déstabilisé par cet événement surréel, le directeur alerta les sapeurs pompiers qui arrivèrent une demi-heure après et conduisirent le malade au dispensaire le plus proche afin de lui administrer les premiers soins.
Une fois le calme revenu, l’inspecteur quitta furtivement l’établissement et regagna sa maison. Le jour suivant, il rédigea un rapport très détaillé sur le comportement anormal du professeur et le remit le jour même à ses supérieurs. Personne ne prit la peine de le lire étant donné que de telles situations étaient devenues monnaie courante dans le monde de l’enseignement. Le représentant du Ministère de l’Éducation jura de ne plus jamais remettre les pieds dans ce collège. Quant au professeur, il fut autorisé à quitter le dispensaire le soir même. L’unique médecin du village était en congé de maladie. Il avait emporté avec lui la pharmacie portative. En admirant ce corps musclé et doté d’un énorme phallus poilu, l’infirmière de garde déclara : « il se porte à merveille ».
L’interprétation du pronom personnel sujet de cette phrase scinda les habitants du village en deux clans.


IV- Comme tous les soirs, sa grand-mère Médisance vint s’installer sur le moelleux sofa près de son lit et commença à lui raconter cette histoire pour l’endormir.
« Il était une fois un petit inspecteur de l’enseignement tellement pédant qu’il se prenait pour le père de la didactique du français. Cet homme n’était ni formateur ni encadreur comme se plaisaient à le surnommer certains enseignants qui espéraient améliorer leurs notes. Il était tout simplement un inspecteur au vrai sens du terme. Lors de ses visites, au lieu d’aider les professeurs à surmonter les difficultés que posaient certaines activités scolaires, cet inspecteur principal fourrait son nez dans des affaires qui ne relevaient pas de ses compétences, si bien que beaucoup d’enseignants ne faisaient plus attention à ses remarques et qualifiaient cet homme indésirable tantôt de « maniaque », tantôt de « pervers ».
Avide de situations sensationnelles ou sensuelles et jouant le rôle de détective, le représentant du Ministère de l’Éducation se rendit un jour à un collège dans l’espoir d’embêter un sérieux professeur de français. Le directeur, un homme taciturne et hermétiquement renfermé sur lui- même, le reçut froidement. Pour éviter les remarques gratuites et souvent maladroites de l’inspecteur, il l’emmena immédiatement à la salle 61 où se trouvait le professeur. Le prétendant encadreur salua sa future victime d’une manière hautaine et s’installa à la première table en face du bureau. Il commanda au pauvre enseignant ses documents pédagogiques. Pour éviter toute remontrance susceptible de le déstabiliser, celui-ci s’exécuta docilement en posant tous les documents nécessaires. Tout y était : fiches de préparation de tout le mois en cours, carnets de notes, feuilles de contrôles, cahier de textes… L’enseignant entama sa leçon de grammaire par une intéressante mise en situation. Tous les apprenants participaient activement. S’exprimant dans un français parfaitement correct, ils dégagèrent facilement la règle grammaticale qui régissait la difficulté langagière visée. La séance fut couronnée par un exercice qui confirma que les élèves avaient bien assimilé la leçon du jour. Or l’inspecteur qui ne voulait pas revenir bredouille de sa ronde, persista dans la recherche de l’indice irréfutable qui condamnerait l’innocente victime. Il finit par trouver la piste qui le mènerait infailliblement au délit soupçonné et demanda à l’accusé d’évacuer la salle et de le rejoindre à la même table pour pouvoir élucider certains points suspicieux de l’activité entreprise en sa présence. Il résuma la séance à laquelle il avait assisté par cette phrase : « Pour moi en tant que didacticien, et par voie de conséquence, plus qualifié que vous, cette leçon n’est pas une leçon de grammaire, vu que vous n’avez à aucun moment songé à utiliser le moyen didactique le plus efficace dans ce type d’activité, à savoir la CRAIE de couleur rouge ». La sentence allait certainement être lourde. Le représentant des services centraux du ministère avait l’habitude de prononcer ses jugements avec un sourire dédaigneux. Il gesticulait beaucoup lors de ses entretiens investigateurs avec les professeurs coupables. Or ce jour là, comme il souriait à sa victime assise à côté de lui et gesticulait un peu plus que d’habitude, il effleura le bras vigoureux du mis en cause. Ce dernier se rappela quelques unes des histoires que lui avaient racontées ses collègues sur les penchants homosexuels de l’inspecteur. Alors pour échapper à toute sanction injuste et en bienfaiteur engagé, il décida d’assouvir le désir de son supérieur. C’était une aubaine pour le professeur car sa femme l’avait quitté depuis plus d’un mois. Calmement, il se leva donc et alla se cacher derrière la porte. Il enleva tous ses vêtements et reparut tout sourire en disant : « A votre service monsieur l’inspecteur ». Son énorme sexe formait un angle très aigu avec son torse.
Jugeant que cet organe en érection parfaite était au dessus de ses capacités physiques, le prétendant inspecteur paniqua et prit la fuite. Il rejoignit la cour du collège en criant à tue tête : « Au secours ! Au secours ! Arrêtez cet homosexuel qui veut me violer ».
Tous les élèves quittèrent leurs classes et envahirent la cour. Ils formèrent un cercle autour de l’inspecteur déchaîné. Ils se moquaient de ce petit bout d’homme qui prétendait avoir failli être victime d’un abus sexuel de la part du plus sérieux professeur de l’établissement. Restées debout dans les couloirs, les jeunes filles, quant à elles, commentaient à voix basse cet événement. Quelle perte pour tout le village, si certains individus, comme ce visiteur indésirable, abusaient de leurs pouvoirs et venaient, de temps en temps, cueillir les verges les plus réputées. Aucun professeur n’osa intervenir pour calmer le prétendant encadreur.
Déstabilisé par cet événement surréel, le directeur alerta les sapeurs pompiers qui arrivèrent 2 heures plus tard et conduisirent le représentant du Ministère de l’Éducation à la clinique la plus proche pour lui administrer les premiers soins.
Une fois le calme revenu, l’enseignant remit ses vêtements, sortit tranquillement de la salle 61 et demanda à ses élèves de rejoindre leurs places.
Quant au professeur, il fut autorisé à quitter la clinique le soir même. Le médecin chef qui l’examina, laissa s’échapper ce diagnostic : « Surmenage. La constitution physique du patient ne peut supporter des pressions fortes ».
L’interprétation du complément d’objet de cette phrase scinda les habitants du village en deux clans.
Et la guerre entre Vérité et Médisance continue à faire rage jusqu’à présent.


M. LAABALI

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 05-09-2013 14:33  Mis à jour: 05-09-2013 14:34
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: La guerre éternelle (suite et fin)
Intéressant mais bien sûr manichéen, mais ceci probablement pour la clarté du récit.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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