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Nouvelles : Lettre d'amour
Publié par violette12 le 20-09-2013 08:20:00 ( 1141 lectures ) Articles du même auteur



Mon tendre ami

Je prends ma plume ce soir afin de traduire sur papier ce que je n'osais vous dire. J'ai attendu bien longtemps le bon moment, le plus propice, mais après quelques mois, mon coeur est au supplice.

Notre première rencontre eut lieu au printemps dernier, et pour moi ce souvenir est toujours aussi vivace. Mon impression première a été bouleversante, déroutante mais me fiant plus à la raison qu'à la passion, j'ai refusé de céder aux pulsions qui me poussaient vers vous alors inconnu. Mon corps et mon esprit tout entier me désobéissaient et je ne pus me retenir de vous regarder et de vous écouter. Oui, je buvais vos paroles prononcées d'une voix si suave...

Lors de notre seconde rencontre, vous avez été encore plus loin car cette fois je ne contrôlais plus mes émotions. En deux phrases qui semblaient anodines, vous avez bouleversé mes convictions! Moi qui semblais capable de prendre facilement du recul face aux situations difficiles, moi qui lisais beaucoup, qui philosophais parfois, qui réfléchissais souvent, cherchant toujours à m'enrichir de nouvelles perceptions de la vie, remettant en cause régulièrement certaines de mes croyances, voilà qu'à cet instant, je me sentais totalement perdue! Je vous ai alors détesté je pense..., mais en fait, je me suis détestée, de ne pouvoir réfléchir calmement à vos propos et à en tirer, peut-être un quelconque enseignement.

Et lorsque nos chemins se sont croisés de nouveau, j'eu l'agréable sensation d'être percutée, déchirée jusque dans mes entrailles. Il vous semblerait peut-être difficile de comprendre cette image, je vais donc vous conter une histoire.

Lorsque j'ai eu 16 ans, mon aieul m'a offert un alezan, magnifique animal fier et frétillant. N'écoutant aucun conseil avisé de prudence, je galopais à travers bois, à travers champs, libre, heureuse... Violemment percuté par une colossale branche d'arbre, je me réveillais au sol. Je ne pouvais plus respirer, mon esprit s'embrouillait et je ne parvenais à émettre un son, mon corps endoloris était rythmé par les battements sourd et envahissant de mon coeur. Etrangement, je me surpris à apprécier ma situation: étendue, je regardais avec émerveillement le halo de lumière se glissant dans la cime du chêne, ses feuilles opalescentes se brisant sur l'azur marbré du ciel, un coton nuageux adoucissant les couleurs violentes. Une brise fit frissonner les feuilles avant de me caresser. Allongée ici, à cet instant, un état de plénitude et de bonheur intense m'envahissais. Que la vie était belle!!

Vous avoir rencontré a bouleversé ma conception même de l'amour. Me pensant passionnée, entière, romantique, aventureuse, je me découvrais patiente, attentionnée, observatrice. Je vivais seule cet amour dévorant que vous m'inspiriez. Seule, pas vraiment, car assez souvent, je me surpris à nous imaginer dans des situations et de lońgues conversations. Me pensez vous folle à cette instant, si je le suis, de grâce, ne me faites soigner. Je vous souhaite de ressentir un jour, ne serait-ce qu'une once de ma folie.

J'ai été amennée à vous revoir à plusieurs reprises, vous vous êtes toujours montré cordial, affable à mon égard, vous sembliez interressé par nos échanges, mais vous vous intéressez si souvent aux personnes qui vous entourent que je ne puis y voir un signe de votre part. J'aime cela chez vous, votre intêret pour les autres, votre besoin de découvrir, de vous enrichir, vos réflexions sur la vie et sur les évenements que vous aimez confronter à celle des autres, avec un brin de prétention parfois, avec beaucoup humilité souvent.

J'aime votre éloquence, votre esprit invinciblement tourné vers la réflection, votre coté séducteur, provocateur, érudit, théâtral qui me semble cacher une personnalité profonde, engagée, romantique et sensible. Vous me semblez parfois si lointain, perdu dans vos pensées, peut-être à la recherche de votre individualité authentique ou atteint d'une brusque mélancolie. Lorsque je vous vois ainsi, j'aimerais juste vous prendre dans mes bras, un geste tendre et amical qui souhaiterait dire: ne vous inquietez pas, la vie est là, une vie n'est authentique que si elle a une fin, l'amour de la vie et de la mort ne font qu'un, laissez vous envahir par la plénitude du moment!
Mais ce genre de geste ne m'est pas possible, et mon éducation faisant, je n'y cède pas, cela pourrait s'avérer indécent
Notre dernière soirée partagée fût l'invitation au bal du Duc de Mortagne, où vous êtes arrivé au bras de votre dernière conquête, une femme magnifique et érudite , Mme de Chataubant!

Quelle entrée! Présenté par le maitre, vous étiez tous deux majestueux dans vos toilettes soigneusement étudiées. Je suivais vos gestes tendres à son égard, je vous ai regardé avec admiration pratiquer avec art cette magnifique danse qu'est le menuet. Me surprenant moi-même, je ne ressentais aucune jalousie, aucune douleur, je pense avoir pour vous le regard d'une femme amoureuse, la passion d'une amante, la tendresse d'une soeur et aussi le regard attendri d'une mère.

Lors du repas, vous vous êtes installé en face de moi, vous discutiez avec les convives à votre gauche , j'en ai fait de même avec ceux de droite, je me suis amusée car je me suis prise au jeu de cette joute verbale, vous lanciez un sujet afin d'obtenir l'attention de diverses personnes invitées et je conversais de mon coté! J'ai eu rapidement l'impression d'être le spectateur, comme en retrait de ce jeu que vous sembliez mener, puis je suis intervenue, lançant un autre sujet pendant que vous discutiez, détournant certains convives de votre attention, ce qui finit par vous tourner vers moi et nous n'étions plus que deux à partager ce jeu dont nous seuls semblions comprendre les règles. Quelle soirée stimulante vous m'avez offerte, riche en échanges. Quel bonheur de vous avoir rencontré.

J'ai lutté en vain mais je ne peux réfréner plus longtemps mes sentiments, je suis venue à ce bal uniquement pour vous voir, je vous aime mon tendre ami, d'un amour ardant, passionné et sincère et je suis pourtant consciente que cet amour est vain. Etes vous seulement prêt à accepter d'être aimé. Mais peut-on simplement contrôler ce coeur qui s'emballe et qui vous coupe le souffle alors que vous souhaiteriez parler, peut-on contrôler cet esprit qui vagabonde et vous fait espérer, peut-on contrôler ce corps qui appelle au plaisir charnel et absolu ?.

Je vous aime, mais je vous dis adieu, ma chandelle vacille, il est temps pour moi de retrouver ma couche. Demain dès l'aube, je partirai. Accosté à Harfleur, mon navire m'attend, une nouvelle vie peut-être, un nouveau monde sûrement!

Tendrement.

Mme de Clairevue

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Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 21-09-2013 14:51  Mis à jour: 21-09-2013 14:51
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Lettre d'amour
Un amour "à l'ancienne" où les regards parlent plus que les mots.
Au début, je situais ton texte à notre époque et j'ai peu à peu découvert que tu nous ramenais il y a quelques décennies voire siècles.
J'ai appécié cette douce lecture.

Merci
violette12
Posté le: 21-09-2013 19:47  Mis à jour: 21-09-2013 19:47
Semi pro
Inscrit le: 08-09-2013
De: le havre
Contributions: 99
 Re: Lettre d'amour
Merci, merci, merci, j'ai hésité à la publier, je la trouvais à la re-lecture lourde et surannée, alors merci encore pour ton com.
Violette
Iktomi
Posté le: 22-09-2013 15:08  Mis à jour: 22-09-2013 15:08
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Lettre d'amour
On pense très vite à une Emma Bovary de plus noble extraction, et ton épistolière m'a également évoqué Jeanne, l'héroïne d'Une vie de Maupassant.

Le climat XIXème (je suppose qu'il s'agit bien de cette époque ?) est bien rendu, mais attention toutefois à quelques petites étourderies et obscurités :

je me surprise à apprécier ma situation : me surpris

J'aime cela chez vous, votre intêret pour les autres, votre besoin de découvrir, de vous enrichir, vos réflexions sur la vie et sur les évenements que vous aimez confronter à celle des autres : à quoi des autres, tu ne nous l'as pas dit...

Bien à toi.
violette12
Posté le: 23-09-2013 13:39  Mis à jour: 23-09-2013 13:39
Semi pro
Inscrit le: 08-09-2013
De: le havre
Contributions: 99
 Re: Lettre d'amour
Merci Iktomi pour ta lecture et ton com, je connait en effet Jeanne et Emma, je ne m'étais pas rendu compte en écrivant cette lettre que Mme de Clairevue pouvait évoquer une de ces deux femmes aux histoires si tragique, je n'avait pas l'impression de pouvoir laisser évoquer un tel destin.
Ainsi, pour moi, la fin augurai un avenir plus prometteur.
Mon coté trop optimiste sans doute.
Bien à toi
Et au plaisir de te lire de nouveau.
Violette
Loriane
Posté le: 24-09-2013 18:56  Mis à jour: 24-09-2013 18:56
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Lettre d'amour
Cette lettre est élégante a l'instar de celles empreintes de passion et qui furent griffonnées sur des écritoires d'acajou dans des hauts salons mal chauffés. Mais je doute qu'une femme se soit livrée avec autant de liberté.
Le style est celui du XIX siècle mais attention aux anachronismes. Le menuet ne se dansait plus guère, il fut juste remis à la mode, pour une petite vingtaine d'années seulement, à la fin du XIX éme siècle et on le nommait "quadrille".
Tu as laissé quelques fautes tu sais commet les corriger ?
Tu vas sur "modifier" en bas de ta page, tu corriges, et tu re publies
Très belle lecture
Merci
violette12
Posté le: 25-09-2013 06:34  Mis à jour: 25-09-2013 06:34
Semi pro
Inscrit le: 08-09-2013
De: le havre
Contributions: 99
 Re: Lettre d'amour
Merci Lorianne pour ta lecture.
Comment ça! le menuet n'est plus à la mode??? Je le danse régulièrement
A bientôt
Violette
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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