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Nouvelles : Les deux fesses (suite)
Publié par Salimbye le 09-09-2013 22:23:13 ( 844 lectures ) Articles du même auteur



III- La tribu d’Ouled Berka, par contre, n’avait pas de conseiller de guerre du charisme de Rahou. Leur force de frappe résidait dans leur union. Avant de prendre une quelconque décision, tous les membres de ce clan se concertaient, se conseillaient, sans toutefois laisser filtrer la moindre information sur les stratégies à adopter. Avec le temps, ils étaient devenus les as de l’attaque éclaire. En effet, toute opération menée contre l’ennemi ne durait pratiquement jamais plus d’une heure, mais elle était largement suffisante pour causer des dégâts considérables. Beaucoup de Berkaouis (habitants de Ouled Berka) avaient tenté de jouer le rôle de leader de la tribu, mais vainement. La devise : « tous le monde peut être corrompu et plus particulièrement les responsables. » était scrupuleusement respectée.

Aucun habitant ne pouvait se hasarder de l’autre côté du cours d’eau, aucune bête non plus. Les premiers risquaient d’être violemment rudoyés à coups de bâtons ou de gourdins, les seconds d’être froidement abattus ou égorgés. Seul Tahar, le fou, avait le privilège de circuler librement, à moitié nu, sur les deux collines. Il n’appartenait à aucune des deux tribus.
Chaque fois qu’un conflit éclatait entre ces deux tribus, Tahar courait directement vers la grande place du village et commençait à crier :

« Les poils des deux fesses (faisant allusion aux habitants des deux collines) s’emmêlent une fois encore à cause de ce sale et visqueux trou ».

Et si on lui demandait plus de précision, il répondait spontanément tout en riant à gorge déployée : « Il paraît qu’une bestiole était en train de dévorer le duvet qui cernait ce trou de cul ».


IV- Avec le temps, la guerre entre les M’rahi et les Berkaoui avait pris d’autres allures et d’autres élans. On recourait à la propagande pour user les nerfs de l’ennemi. Chaque clan répandait le plus loin possible de fausses informations sur le camp adverse. Chaque tribu visait la dignité de l’autre pour la réduire en décombres. Ainsi, on entendait souvent les M’rahi raconter aux habitants du village de Chemmaia que telle jeune femme Berkaoui, récemment mariée, fut répudiée parce qu’elle n’était pas vierge. De leur côté Ouled Berka ripostaient que la femme de tel M’rahi l’avait quitté parce qu’il était impuissant.

La montée en force de nouvelles générations de décideurs dans chacune des deux tribus bouleversa carrément la guerre classique entre les « deux fesses ». Les jeunes s’avérèrent plus téméraires et plus belliqueux que leurs aînés. Les campagnes et les opérations devinrent plus désastreuses. Cette nouvelle situation fit perdre à Rahou tout l’aura dont il jouissait auprès des habitants de sa tribu. Il quitta, sans gloire, le champ de bataille et s’enferma dans sa cabane.

V - Le lendemain de la nuit du drame, le tiers de la population des deux tribus se retrouva dans les locaux de la gendarmerie pour répondre des actes dangereux qu’ils avaient commis. Le second tiers, souffrant de blessures graves, fut emmené sur des brouettes et des charrettes au dispensaire du village pour recevoir les premiers soins avant d’être évacué vers la ville de Marrakech. Quant au reste des habitants des deux tribus, ils avaient fui le lieu des opérations et se dirigeaient directement vers la ville de Safi dans l’espoir de trouver un travail. S’appuyant sur son long bâton, Rahou avait pris la fuite parmi les premiers et s’était dirigé, comme tant d’autres vers la ville de Safi.

Resté seul, Tahar assouvissait joyeusement le désir que lui interdisaient les deux tribus : Comme un éléphant, il roulait tout nu dans l’eau boueuse de la source.

(à suivre)

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 18-09-2013 16:10  Mis à jour: 18-09-2013 16:10
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Les deux fesses (suite)
Les termes, les expressions et les expressions en Afrique (aux Antilles aussi dailleurs) sont toujours très près du "cul".
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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