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Nouvelles : Les retrouvailles ( suite )
Publié par Salimbye le 11-09-2013 10:43:20 ( 938 lectures ) Articles du même auteur





II- Safi, le 25 octobre 1967


Très chère Tity, mon amour,

Je viens d’apprendre que tu es partie avec notre bébé. Je sais que tu m’attends impatiemment. Rassure-toi mon amour. Je vais te rejoindre cette nuit. Je n’ai pas beaucoup de bagage. Seuls quelques feuillets que j’ai gardés soigneusement pour toi. En les lisant, tu vas être certainement très contente.

M’hamed


En sortant du lycée, à midi, Tity avait l’habitude de lui raconter tout ce qu’elle avait fait la veille. Elle lui décrivait minutieusement les repas qu’elle préparait avec sa maman.
_ " Tiens je t’ai apporté un morceau de pain du shabbat (halal). Tu vois que je ne t’oublie pas », disait elle en souriant.
_ " Merci ", répondit-il simplement. Il voulut ajouter un compliment qui n’avait rien à voir avec le morceau de pain qu’il dégustait, du genre: « Tu es ravissante dans cette jupe », mais il se ressaisit. Il avait toujours du mal à exprimer à haute voix les sentiments qu’il éprouvait pour les gens qu’il aimait.
Elle lui proposa:
_ » Peux-tu venir cet après midi avec moi chez ma cousine Régine ? Celle qui habite au quartier Biada, un peu au dessus des collines des potiers. Elle n’a pas donné signe depuis plus d’une semaine. Avec son asthme, la malheureuse, elle se déplace rarement. Elle dit qu’elle ne peut plus grimper la colline où elle habite ».
Tity avait peur d’aller toute seule chez sa cousine. Dada May, une grosse mendiante noire d’origine africaine, avait élu domicile sous l’arcade du portail Bab Chaaba. Ses yeux rouges, sa voix aiguë faisaient terriblement peur à l’adolescente.
Comment pouvait-il refuser cette invitation ? Ce trajet lui évoquait l’un des moments les plus délicieux de sa vie. Il se souvenait parfaitement de la dernière fois où il l’avait accompagnée chez sa cousine Régine. Arrivés près de la porte Bab Chaaba, ils virent la grosse mendiante noire vautrée sur une caisse en bois qui lui servait de lit. M’hamed tendit la main à la jeune fille pour la rassurer. Elle se pressa contre sa poitrine et lui demanda de la cacher par son épaule. Elle marchait maladroitement. Elle allait trébucher à chaque pas. Le jeune garçon avait gardé fermement sa main dans la sienne.
Arrivés près du parc Jnane Lfesiane, elle retira doucement sa main:
« Merci, le danger est déjà passé, et les gens n’ont pas l’habitude de voir des jeunes se tenir publiquement ainsi ».
Il relâcha la main de la jeune fille.
Le plaisir diminua de tension au moment où il abandonna la posture harmonieuse qu’ils avaient adoptée tous les deux depuis un moment.
Sur le chemin de retour, à la vue de la grosse mendiante, leurs mains se rapprochèrent à nouveau. Ils optèrent pour la même attitude qu’à l’aller. Le bout du sein de Tity qui frôlait délicatement la poitrine du jeune garçon lui procura une sensation agréable. Il avait envie de garder, le plus longtemps possible, ce corps délicat entre ses bras.
Ils se regardèrent, se sourirent. Elle se dégagea du rempart protecteur.
« A-t-elle perçu la même sensation? »
Il parvint difficilement à se libérer du joug des rêves envahisseurs et reprit son écriture. Il avait du mal à trouver les expressions qui reflétaient fidèlement ce qu’il ressentait. Las de souffrir le martyre à trouver les mots adéquats, il rangea ses feuillets, les plia soigneusement, les remit dans la poche intérieure de sa veste et se leva pour rentrer chez lui.
Il s’était juré de revoir tous les lieux qu’il avait visités en compagnie de Tity.

( à suivre )

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 18-09-2013 18:33  Mis à jour: 18-09-2013 18:33
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Les retrouvailles ( suite )
C'est vrai que hors de l'Europe et de l'Amérique se tenir par la main ne se fait pas beaucoup, sauf entre deux hommes.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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