L' Averse,
Sur le chemin bordé D'églantines sauvages, De mûres, de noisetiers, Cachés dans le feuillage, Les ornières détrempées Reflètent les nuages, D'un gris lourd et pourpré, Qui annoncent l'orage : Les cimes des sapins Y semblent accrochés. Comme un corps cristallin Une goutte est tombée, Puis une autre, qui claque Et suivie d'autres encore : Elles se rejoignent en flaques Que le pollen odore. La terre craquelée Fonce sa couleur, Ruisselle en filets Et dessine des fleurs. Dans les fossés perlés D'une pluie transparente, Les herbes inclinées Sont comme larmoyantes. L'averse en un instant S'arrête, providentielle, Et laisse rayonnant Un immense arc-en-ciel. Il sépare l'horizon Dans une brume blanche, Et irise à foison Les feuilles sur les branches.
Cuga (Escapades Tome II)
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