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Accueil >> xnews >> La rue Colbert en 1961-1985 (ou Pagnol en Touraine)(2) - Nouvelles - Textes
Nouvelles : La rue Colbert en 1961-1985 (ou Pagnol en Touraine)(2)
Publié par Titi le 23-10-2013 05:20:00 ( 1112 lectures ) Articles du même auteur



La rue Colbert en 1961-1985 (2)
La boucherie René, boucherie de mon père ou j’ai fait mon apprentissage de boucher, mais également une partie de mon apprentissage de la vie !!!, était situé dans un quartier, que l’on pouvait qualifier de vivant et d’animé. Il y avait là qui se côtoyaient au quotidien, antiquaire, ouvrier, médecin, brocanteur, commerçant, lycéen, étudiant et clochard. Bref, dans le regard de l’apprenti que j’étais à14 ans, il me semblait que toutes les couches de la population étaient représentées, c’était à mes yeux la cour des miracles.
Un des restaurants, situé pas loin de la boucherie s’appelait : « Chez Honoré »la ressemblance du patron avec Honoré de Balzac, cher au cœur des Tourangeaux car né à Tours le 20 mai 1799, en était la cause. Ce personnage haut en couleur fort de sa stature de colosse ,(130kilos avec les rouflaquettes et les abats), et de sa grande gueule, était connu dans le landerneau tourangeau, recevant dans son gastos : les acteurs du grand théâtre situé à 400m de son restaurant, les sportifs des différents clubs de sport de Tours classé (en 1980) ville la plus sportive de France, les commissaires de police et directeurs de la police du commissariat central, les politiques de la région, et les nombreuses personnalités du quartier, tels :

Pied de Bacot, droguiste de la rue, amoureux du goulot et de la tétine, qui vendait vitres et verres en tous genres, et traversait la rue pour aller au bistro d'en face, en consommer quelques autres!!!,café tenu par la patronne nommée Minette, et surnommée "La Mome Minette"

Grosse cocotte, patron d’une petite usine de confection du quartier et qui à chaque fois que je le rencontrais me lançait amicalement ( et c’était vrai, car c’était un bon copain à mon père !!) » « Alors ton père est toujours aussi con», ce qui dans sa bouche était une marque d’amitié,

Le Breton, revendiquant fermement ses origines,sachant qu'il était natif de……………….Niort !! , mais qui s’en mettait de telles averses dans le gosier, et pas que du jus d’artichauts ,

Nanar le géant des Flandres, 1m 51 au garrot, mâcon de son état qui, lorsque en fin de journée avait mis KO le cubi de gamay ,déclamait : « Je suis Nanard ,qu’aime autant le pinard que la canard », et alors qu’il était à pied, tendait le bras pour tourner, on n’est jamais trop prudent,...., à moins que ce ne soit pour tenir l’équilibre ???,

et bien d’autres personnages encore , faisant de cette rue, Ma Rue des souvenirs irremplaçables !!!

Une des particularités de l’ établissement d’Honoré était que la commande était effectuée uniquement par le patron. Ainsi, un client qui aurait eu l'outrecuidance de demander au patron: «quel est le menu ? », se serait vu répondre, aimablement, par ce dernier : «le menu, le menu, quel menu, ici y a pas de menu, on mange que je mets dans l’assiette, on n’est pas dans un « Faste Fou » (il avait un problème avec la langue anglaise, car étant natif d’Orléans , il n’avait jamais pardonné que les anglais, ne l’ayant pas cru, avait faire cuire la Jeanne) et continuant son approche commerciale : « et d’abord on va commencer par un petit morceau de pâté foie !! » .S’en suivait une assiette de foie gras maison, accompagnée de sa purée de figues et sa compotée d’oignons. De même, si un client avait l’indélicatesse de demander une bouteille ou une carafe d’eau, la réponse cinglait aussitôt : « Ici, ce n’est pas une pharmacie !!, Vouvray sec, demi-sec , Chinon ou Bourgueil ??? ».
Dans ces années là, la nomination de l’archevêque de Tours qui était attendu par les Tourangeaux, et avait fait les grands titres des journaux locaux, avait mis à la tête de l’archevêché Mgr Honoré.
Inutile de préciser les nombreux coups de téléphone et courriers de félicitation reçut par notre restaurateur, le félicitant de sa nomination, qu’il méritait bien plus qu’un autre, de par la vie monastique qu’il menait. Il est vrai qu’il avait une sévère règle de vie, par exemple, si il avait estimé que le nombre de godets qu’il avait consommé était suffisant, il refusait systématiquement le dernier verre……………prenant, celui qui suivait !!! Pas avare de coups d’éclats, il était logique, après cette nomination, que les nombreuses victimes de ses canulars, lui renvoient l’ascenseur. Mais le bonhomme est une figure et ne lâchait jamais l’affaire. Aussi, fort de ses nombreux encouragements, il nous arriva par un joli jour du mois de septembre, dans la rue Colbert, vêtu de la « cappa magna » rouge de cardinal et de la calotte, et parcouru ainsi les différents commerces, interloquant les nombreux passants, croyants ou athées du quartier, proche, pour la petite histoire, de la cathédrale de Tours située à environ 300 mètres. Ainsi, après la visite de ce magnifique monument catholique, les touristes avaient la bonne surprise d’en rencontrer le patron, en personne !! .
Bien entendu cela avait de quoi surprendre le quidam, non habitué aux coutumes diverses et variées du quartier. Mais, plus fort encore, notre ami le gargotier, affichait la même tenue pour recevoir le client dans son restaurant. Ainsi, le pékin qui entrait dans le restaurant, sans avoir ou il mettait les pieds, était reçu et servi par notre homme de (mauvaise) foi. Ils pouvaient dés lors déjeuner ou diner en toute quiétude, il avait reçu la bénédiction de l’homme d’église ; même si les prières du soir, très, très, très tard…. !, n’étaient à mettre entre toutes les oreilles chastes des bigotes du quartier. Il est vrai que les jeunes femmes du commerce voisin, qui venaient en fin de soirée boire un verre chez notre restaurateur, n’étaient pas étrangères à la teneur des cantiques évoquées. Dans ce commerce voisin, situé juste en face du restaurant, de l’autre coté de la rue se tenait, en effet, un établissement ou des jeunes filles avenantes se proposaient de combattre votre cafard, en passant la soirée à vos cotés, en étant très, très proche de vous, moyennant finances, avec bouteilles de champagne à la clé : les descendantes de Marie de Magdala étaient dans la place. Place tenue par un patron dénommé Dédé, qui était également une figue remarquable du quartier, mais je vous en parlerai, peut être, une prochaine « foi ? » Pour rester dans le contexte d’Honoré…….


le 23/10/2013

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 28-10-2013 22:10  Mis à jour: 28-10-2013 22:10
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: La rue Colbert en 1961-1985 (ou Pagnol en Touraine)(2)
Quel plaisir.
Que j'aime ce petit monde que tu croques avec une plume adroite et si tendre que l'on sent dans tes mots et tes phrases passer ton appartenance à cet univers humain et coloré.
Tes personnages, sont différents et pourtant si semblables à ceux qui ont animés mon enfance de banlieusarde à Paris.
Ces français "moyens", cette France du "fond", la vraie, authentique et pleine de vrai "bon sens " est la richesse qui porte tout sur son dos.
Tout comme toi, je garde pour ces personnages de mon enfance une très grande tendresse, les miens s'appelaient : "p'tit Louis le ferrailleur, Mr Dédé le philosophe qui annonçait d'une voix un peu avinée :
"ooh ça vaaa ! j'suis pas à la bourre, on a tout aujourd'hui pour arriver à d'main." Je me demande si ma haine des montres ne vient pas de lui.
Et la brave titine, qui avait dit un jour à ma mère :
"Ah c'est vous Madame Maleville, j'croyais qu'cétait l'autre !"
Des personnages, des vrais !
Très belle lecture, merci pour le plaisir.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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