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Nouvelles : Le silence des textes
Publié par Kalimera le 08-06-2014 09:53:48 ( 1225 lectures ) Articles du même auteur



Le silence des textes

" Tous les soirs, il s'asseyait devant son ordinateur et écrivait. Il n'avait pas beaucoup de temps dans la journée, à cause de son travail. Alors il profitait des soirëes calmes, et très souvent cela débordait sur la nuit.Il se couchait toujours tard, et dormait très peu.
Qu'ëcrivait-t'il ? Toutes sortes de textes, surtout des poèmes, dont nous avons retrouvés quelques vers; et des essais, des nouvelles, dont nous possëdons des fragments. Et aussi des études plus académiques sans doute, car nous avons trouvë dans les archives de son ordinateur des résumés de recherches sur différents thèmes et des biblographies. Mais hélas, les études elles-mêmes ont disparu. "

J'étais dans une bibliothèque. Je devais me documenter sur la disparition du texte, pour écrire un article à ce sujet dans une revue littéraire très sérieuse, et très à cheval sur les délais. Or la date limite d'envoi des écrits était presque arrivée, et à part deux courts poèmes, je n'avais encore rien trouvé d'intéressant! Et dire que j'avais moi-même proposé ce thème ! Bien m'en avait pris !
Certes, envoyer un texte en retard était naturel pour moi. Je travaille toujours dans l'urgence, je suis la reine de la dernière minute. L'angoisse éprouvée n'y change rien. Quel mystère ! Je me promets à chaque fois de m'y prendre à temps, mais une pendule intérieure me condamne à cet halètement.

Au rayon des " Fragments Épars " je fouillais fëbrilement. Il ne me restait plus que quelques heures pour envoyer le résultat de mes recherches. Ce rayon, pour honorer son nom, était mal rangé et la poussière recouvrait les rares volumes qui s'y trouvaient. Endin un livre mince et gris me glissa entre les mains. Son auteur, Jacques Darlande, ne m'était pas inconnu, il me semblait bien avoir déjà lu quelque chose de lui quand j'étais à l'université.
Le titre du livre me surprit et m'attira. C'était " le silence des textes ".
A la page 23, j'y trouvai le texte cité plus haut. L'écrivain en question était parti un jour. Personne ne savait où il était. Il avait probablement emporté avec lui la plupart de ses écrits.
Le chapitre suivant était consacré à une journaliste qui avait l'habitude de garder toutes sortes de journaux en plusieurs langues. Elle avait dû s'arrêter d'écrire et de collectionner, on ne savait pas pour quelle raison, et c'était dommage car elle avait une plume en or...
Et l'histoire, relatée au chapitre 3, de ce livre dont presque tous les signes avaient été effacées par les flots du tsunami, trouvé au sanctuaire d'un village dévasté. Quand on touchait une page, elle émettait une lumière blanche, phosphorescente.
Enfin, à la dernière page du recueil, ces mots :

" A tous ceux et celles qui ont perdu des lignes, à tous ceux et celles qui veulent les retrouver, je dédie ce livre. Ne perdez pas courage. Lee mots que vous cherchez ne sont pas là où ils sont censés être, mais là où ils ont voulu aller. Ils sont partis p..."

Cette phrase inachevée me bouleversa. Pourquoi l'auteur n'avait-il pas fini sa phrase ? Que lui était-t'il arrivé ? Un accident soudain ? Un tremblement de terre ? Une crise cardiaque ? Ou l'irruption chez lui de la police ?
Ou, tout simplement, avait-il voulu jouer avec nous en nous laissant ce texte inachevé ? Avait-il voulu nous intriguer et nous pousser à chercher la fin de sa phrase ? Il nous disait de ne pas nous inquiéter, mais il nous plongeait dans une série de doutes et d'interrogations ! Où étaient partis les mots ?
Pour trouver la liberté ? Pour être délivrés ? Par amour ? Porter un message ?
Par une porte ? Par protestation ?
Pour le silence ?

Je rentrai lentement, en méditant sur cette découverte et cette absence, et je remerciai le Destin de m'avoir fait rencontrer ce recueil, d'avoir guidé mes pas vers cette bibliothèque.
N'était-ce pas pour me permettre de terminer à ma guise la dernière page?
Alors, je compris pourquoi j'avais entrepris cette recherche sur les textes disparus. C'était pour m'aider à méditer sur l'absence et la présence. Les mots pas écrits et ceux qui ont disparu nous plongent dans la tristesse et l'incertitude, mais en même temps ils brillent par leur absence. Ils sont là, et on y pense d'autant plus qu'ils n'apparaissent pas. Leur disparition les sauve du néant.

J'écrivis rapidement mon texte et le terminai par le mot

INFINI.

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
arielleffe
Posté le: 08-06-2014 16:48  Mis à jour: 08-06-2014 16:48
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Le silence des textes
j'adore ce texte ! Il nous fait réfléchir à la fréquence des mots. Si on les utilisent trop, ils perdent leur force. Si on les laisse enfermés dans un livre sans jamais les relire, ils n'existent plus. Bravo, et merci pour cette idée de défi.
Kalimera
Posté le: 08-06-2014 17:14  Mis à jour: 08-06-2014 17:14
Semi pro
Inscrit le: 28-04-2014
De: Tokyo, Japon
Contributions: 116
 Re: Le silence des textes
Chère Arielle,

Merci beaucoup pour ton commentaire, il me fait très plaisir !

Amicalement,

Kalimera
Abu-issa
Posté le: 18-06-2014 12:00  Mis à jour: 18-06-2014 12:00
Régulier
Inscrit le: 24-05-2014
De: Maroc
Contributions: 63
 Re: Le silence des textes
J ai beaucoup aimé sincèrement .une idée originale entraînante .merci tu es talentueuse.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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