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Nouvelles confirmées : Vacances de rêve et vice versa
Publié par couscous le 22-06-2014 19:41:11 ( 1442 lectures ) Articles du même auteur



Bruno est tout excité lorsqu’il tend l’enveloppe, soigneusement préparée, à Claire en claironnant :

« Joyeux anniversaire ma petite martinette !
– Une carte ? Tu n’avais pas plus ringard comme cadeau ? J’espérais quelque chose de mieux, comme le collier à clous que je t’ai montré la dernière fois.
– Ouvre, tu ne seras pas déçue... »

Claire, intriguée, décachète l’enveloppe et découvre deux billets d’avion à destination de Tahiti. Elle ouvre de grands yeux surpris et reste, bouche bée. Bruno pose son index sur son menton et repousse sa mâchoire vers le haut.

« Tu vas avaler une mouche en restant comme ça ! »

Soudain, la jeune femme pousse un cri strident en se jetant énergiquement au cou de son bienaimé.

« Alors, tu préfères toujours le collier ?
– Bien sûr que non ! Comment tu as fait pour financer le voyage ?
– J’ai passé les cent milles ventes de mon dernier album et mon éditeur m’a signé un beau chèque. En plus, grâce à mon pote Didier, j’ai dégoté une super affaire sur un vol charter. »

Le jour du départ, les valises sont bouclées. Arrivés à l’aéroport, un petit bus les amène au bout des pistes au pied d’un petit avion au fuselage taché de rouille et portant l’inscription « To the paradise ». Tous les passagers montent et s’installent dans les fauteuils assez étroits. Une dame corpulente montre deux tickets. Un accoudoir est alors retiré afin de lui permettre de bénéficier d’un siège double. En bouclant sa ceinture, Claire remarque qu’elle est recousue à de nombreux endroits. Après de longues minutes d’attente, le décollage a enfin lieu, juste avant le coucher du soleil. La voix nasillarde du pilote se met à grésiller dans les haut-parleurs. Il rappelle les consignes de sécurité qui sont mimées par la seule hôtesse de l’air à l’uniforme de couleur bleu passé, maculé de diverses taches. Un rapide souper leur est servi avant que les lumières soient éteintes invitant les passagers à se laisser aller dans le sommeil pendant qu’ils se rapprochent de leur destination.

Une nuit agitée se termine avec la contemplation d’un lever de soleil, qui efface un peu la fatigue des visages des futurs vacanciers. C’est alors que sont servis les plateaux du petit déjeuner. Le repas frugal est composé d’une tranche de pain rassis, d’une tasse de café tiède et d’un jus d’orange acide. Ce dernier se renverse sur la jupe de Claire car l’appareil est soudain pris de soubresauts. Le pilote encourage les passagers à boucler leurs ceintures et même à enfiler leur gilet de sauvetage arguant la prudence. Un vent de panique souffle dans la cabine. Les gens fouillent nerveusement sous leurs sièges. Il semblerait que le nombre de gilets soit inférieur à celui des voyageurs. Une bagarre naît entre deux hommes. Le sujet du litige étant la propriété du fameux passe pour la survie en milieu aqueux. Il semblerait que l’objet ait été placé au milieu des deux sièges mais qu’appliquer la Justice de Salomon ne soit pas une bonne option. Un demi-gilet peut-il sauver une vie ? Afin de sortir d’indivision, ils décident de jouer à pile ou face. Mais dans les remous de l’appareil, la pièce taquine roule partout avant de s’immobiliser sous le siège de la dame corpulente. L’homme le plus filiforme des deux se faufile entre les jambes potelées de la passagère et crie « Face ! C’est pour moi ! ». Il s’extrait et rafle son trophée.

L’avion est de plus en secoué. À travers les hublots, Claire voit les flots s’approcher dangereusement. L’appareil pique du nez jusqu’à s’écraser violemment sur la surface de l’océan. Il se brise en deux et l’eau s’engouffre dans l’appareil. Des cris de terreur retentissent avant de se transformer en bruits de crachotements et d’essoufflements. Claire et Bruno se dirigent vers la brèche dans la carlingue. Ils parviennent à s’extraire de l’épave juste avant qu’elle ne sombre dans les profondeurs des abysses de l’Océan Pacifique, entraînant avec elle les autres passagers.

Le couple observe aux alentours et découvre une île située à quelques centaines de mètres. Après des efforts surhumains pour combattre la houle qui tente de les éloigner de leur salut, ils échouent sur une plage de sable fin. De longues minutes leur sont nécessaires pour reprendre leur souffle et surtout pied dans la réalité qui les entoure désormais. Une forêt assez dense leur fait face et une montagne se dresse au milieu de l’île qui leur offre l’inhospitalité. Claire jette un regard renfrogné à Bruno et lui sert une gifle phénoménale.
« C’était quoi ce plan pourri ? On est perdu au milieu de nulle part maintenant. Tu as un plan ?
– Attends, j’ai mon GSM. »

Le jeune homme sort son portable et l’allume. De façon assez étonnante, l’appareil fonctionne. Là, Bruno effectue des tours sur lui-même, décrit un parcours aléatoire dans le sable, ressemblant ainsi à un chamane en pleine transe, avant de décréter :

« Y ‘a pas de réseau !
– Tu pensais vraiment qu’on trouverait des antennes sur une île déserte, qui ne se trouve peut-être même pas sur une carte ? On va mourir ici !
– Ne dramatise pas. J’ai vu toutes les saisons de Koh Lanta. On va survivre jusqu’à ce qu’on nous retrouve. Viens, on va visiter la forêt pour trouver de l’eau et peut-être des fruits.
– D’accord Robinson. T’as intérêt qu’on trouve quelque chose. Le petit déjeuner était un peu limite et je commence à avoir les crocs. »

Les jeunes gens partent donc en exploration dans l’épaisse végétation de l’île. Malgré des heures de marche, ils ne parviennent à dégoter ni eau ni nourriture. En levant les yeux pour implorer la clémence du ciel, Claire découvre une noix de coco située à plus de quinze mètres du sol. Bruno tente l’ascension du cocotier mais retombe lamentablement à chaque essai. C’est alors qu’un singe fait son apparition tout en haut de l’arbre et s’empare du précieux fruit. Bruno se met alors à essayer d’amadouer l’animal afin qu’il leur lance son butin avec la promesse de lui offrir en échange des papouilles derrière l’oreille et une reconnaissance éternelle. Mais le macaque n’en a cure et s’enfuit rapidement à travers les hauts feuillages. La nuit tombe rapidement. Claire et Bruno se pelotonnent l’un contre l’autre et s’endorment sur un tapis de mousse au son de leurs estomacs gargouillant de faim.

Le lendemain est rythmé par la même recherche vaine, leurs jambes peinent de plus en plus à les porter, leurs têtes s’embrouillent sous l’effet de la déshydratation. Bruno s’écroule en premier.

« Ma martinette, j’en peux plus. Vas-y étrangle-moi comme tu en as l’habitude. Appuie bien fort !
– Tu crois que c’est le moment de penser à ça ?
– Il vaut mieux qu’un de nous deux se sacrifie pour que l’autre survive. Achève-moi. Nourris-toi de ma chair et abreuve-toi de mon sang.
– C’est affreux ce que tu dis !
– Tu as toujours été la plus forte de nous deux. Je suis ton soumis pour l’éternité. Vas-y ! »

Bruno attrape les mains blanches de Claire et les pose sur son cou couvert de transpiration. Après une longue négociation, et en pleurs, la jeune femme serre ses doigts fins avec ses dernières forces et maintient la position jusqu’à ce que le corps de Bruno soit totalement inerte. Elle regarde le corps sans vie de son compagnon, s’empare de son bras encore tiède et y pose ses canines. Elle prend une grande inspiration, ferme les yeux et serre la mâchoire. Un grand cri la fait sursauter. Elle observe autour d’elle, ébahie en découvrant l’intérieur de l’avion. Ses dents sont plantées dans l’avant-bras de Bruno qui lui demande :

« Tu souhaites du rab de plateau repas ? »

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
arielleffe
Posté le: 26-06-2014 16:16  Mis à jour: 26-06-2014 16:16
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Vacances de rêve et vice versa
Trop drôle ! Ce couple est vraiment spécial, il doit être mignon à croquer.
couscous
Posté le: 27-06-2014 06:42  Mis à jour: 27-06-2014 06:42
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Vacances de rêve et vice versa
à croquer en effet !

Merci Arielle

Couscous
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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