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Accueil >> xnews >> Une fable pour l'anniversaire de Michel - Poèmes - Textes
Poèmes : Une fable pour l'anniversaire de Michel
Publié par Anonymes le 05-07-2014 23:40:00 ( 1532 lectures ) Articles du même auteur



Cher Michel, le temps passe alors que l’âge avance,
Ecoute donc notre fable avec bienveillance,
Toi qui passe soixante ans avec assurance.
Nous voulons t’éclairer en toute indépendance
sur ce bel âge si florissant d’espérance.
Ces mots ne veulent pas te stresser sur ton âge,
Ni même isoler ton être dans une cage,
Seulement t’amener dans notre aéropage
Des poésies de la vie future, sans rage.
Mais laissons là ces prémisses, ce bavardage,
Et allons cueillir les mots tels des coquillages.

Un ci-devant Michel se décida un jour,
De converser avec son âge sans détours.

Michel :
Trente, quarante ans, je l’accepte avec plaisir
Mais soixante ans, c’est pour moi un réel exil,
Un gouffre qui me sépare de la jeunesse,
Et fait des années de vieillesse ma maîtresse.
Dans cette maison, je me trouve dérouté,
C’est à croire qu’ils ont réellement ajouté
Un étage que je n’avais pas remarqué.

L’âge :
Mais mon cher ami pourquoi ainsi me combattre,
Et ne pas vouloir sereinement en débattre.
Oh toi qui cultives si bien la dérision,
Si capable d’énoncer le blanc et le noir,
La controverse dans la discussion,
Que la dérision te sauve du désespoir.
Sans que cela ne soit franchement aggravant,
Les marches d’escalier sont plus hautes qu’avant !
De cela il convient de ne pas en douter,
Sans pour autant qu’il faille tant le redouter.
Mais que les ans qui passent soient ton beau destin,
Que la sagesse soit ton but et ton chemin.

Michel :
Tu es gentil, une autre route est à suivre,
Celle du bon plaisir, celle de l’art de vivre,
Celle de vouloir toujours l’éternelle jouvence
Ou du moins en conserver alors l’apparence.
Aujourd’hui, on ne fait plus d’aussi beaux miroirs,
Semblables à ceux où je m’admirais chaque soir,
Qu’il faut dorénavant cacher dans les tiroirs.

L’âge :
Salue les ans comme la lumière du monde,
Sources d’expériences lumineuses et fécondes,
Viens, libre, vers moi, où l’éternité réside,
Pour voir dans ton âme s’effacer toute ride.

Michel :
C’est cela, c’est cela, que de belles paroles,
Bien faciles alors que tu n’es pas dans mon rôle.
Il t’est aisé à toi de t’amuser et rire
Du temps que tu passes constamment à écrire.
Je me sens vieux devant le défilé des ans
Qui s’incruste tant dans mon corps, le transformant.
Les regrets prennent vraiment la place des rêves
Et exacerbent mon vieillissement sans trêve.
Et les personnes se mettent à me parler bas,
Au point de mettre mon être dans l’embarras.
As-tu remarqué la taille des caractères
Que les journaux nous proposent dans les chaumières,
Qui offrent à la lecture autant de barrières ?
Les gens font plus jeunes que quand j’avais leur âge,
A croire qu’ils se livrent à de nombreux truquages.

L’âge :
Réjouis-toi donc de tes soixante ans, quel bel âge,
Rends toi bien compte, une deuxième vie commence,
Tu vivras tes deux vies avec la même rage,
Regardes toi, tu es jeune avec tant d’aisance.
Il te reste tant de temps à ne plus vieillir,
Et à construire de beaux projets sans faillir.
Et dis toi bien que vieillir est obligatoire,
Et de la jeunesse n’est pas contradictoire.

Michel :
Tu me crois donc jeune pour faire des erreurs,
Je me sens ébranlé par tes mots doux, sans heurs.
Il serait donc trop tôt maintenant pour vieillir
Et pas trop tard dans mon avenir pour grandir.

L’âge :
Oui, oui, je vois que tu commences à me comprendre,
Grand temps qu’il est de parler du temps à venir,
Afin de recommencer ta vie pour apprendre,
Et je suis si heureux de t’y voir parvenir.
Ainsi tu iras plus loin, tu iras bien loin,
Tu seras un novice aux mille et un besoins,
Qui aura la tendre jeunesse en témoin.
Que les jus de pamplemousse de ton enfance,
Préparés par ta maman avec fulgurance,
T’installent dans la jeunesse avec confiance.

Michel :
La vieillesse est donc un été de la vie,
Qu’il nous faut savourer vraiment avec envie, …
Dis-moi l’âge, là, pourquoi cette solitude,
Installé devant mon problème, mon étude,
Soucieux de m’éloigner de ce désir sérieux,
Chasser la vieillesse, ce destin facétieux.

L’âge :
Je te laisse seul, vraiment seul, avec tes doutes,
Méditer à propos du temps que tu redoutes,
Le penser comme une saison future d’extase,
Que le souffle fort des actions prochaines embrase.
Et puis vieillir c’est pouvoir vivre longtemps,
Et pouvoir te dire toujours jeune sans contretemps.
Et si la sagesse doit venir avec l’âge,
La vieillesse manquera à ton équipage.

Michel :
Je te regarde mon futur aux blancs cheveux,
Avec la volonté de faire ce que je veux,
Devant mon futur je deviendrai malicieux,
Et de toutes mes inquiétudes, oublieux.
Une vraie jeunesse ouvrira ses ailes blanches,
D’un bel arbre mes actions seront ses branches.

L’âge :
Ah qu’il est heureux de te voir ainsi penser.
De ne plus voir les ans qui passent t’angoisser,
Je reviens t’éclairer et non pas te vieillir,
T’encourager à vivre longtemps pour agir,
Et vivre chaque instant avec un grand plaisir.
Oublie ton âge qui a si peu d’importance,
Pour ne retenir vraiment avec complaisance
Que l’anniversaire de ta nouvelle chance :
Celle de pouvoir faire perdurer ton enfance,
Celle aussi de donner de la vie aux années,
Et non pas des années à la vie malmenée.
Te souviens-tu, au mariage de Jean Michel,
Où tu ne fus pas si loin de manquer ta belle,
Ne manque pas ton avenir intemporel,
Que la force soit avec toi, te renouvelle.

Michel :
« Oui, je suis jeune encore, et quoique sur mon front,
Où tant de passions et d'œuvres germeront,
Une ride de plus chaque jour soit tracée,
Comme un sillon qu'y fait le soc de ma pensée,
Dans le cours incertain du temps qui m'est donné,
L'été n'a pas encore trente fois rayonné. »1

Epilogue :
Arrive le moment de conclure la fable,
En parents très chers de te la rendre acceptable.
L’âge de soixante ans présente bien du charme,
Et n’est pas à concevoir comme un réel drame.
Certes, tu as perdu la jeunesse du corps,
Mais tu as gagné la jeunesse de ton âme.
Que tes projets d’avenir soient des anticorps,
Que de ta jeunesse ils soient le nouveau sésame.
Et si d’aventure, vieillir te refait peur,
Reviens vite vers les poètes avec ardeur.
A moins qu’en musique tu ne préfères finir.
« Toutes les chansons racontent la même histoire. »2
Celle de vieillir qui s’inscrit dans la mémoire.
Mon premier c’est désir, mon second du plaisir,
Mon troisième n’est certainement pas souffrir
Mais d’accepter la vieillesse dans les soupirs.


1. Extrait du poème de Victor Hugo « amis, un dernier mot ».
2. Clin d’œil à la chanson de Laurent Voulzy/Véronique Jeannot « Désir, désir ».

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 06-07-2014 12:01  Mis à jour: 06-07-2014 12:01
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Une fable pour l'anniversaire de Michel
Zut ! Je manque trop de temps pour te lire mais, je ne te lirai pas rapidement, non, je veux déguster, les premiers vers et la construction me disent que ce poème mérite un arrêt.
Mais je tiens à t’accueillir et je reviendrai te lire avec plaisir.
Je te souhaite la bienvenue parmi nous et une longue route sur L'ORée des rêves.
Tu peux aller te présenter sur le forum "qui je suis"
Tu trouveras le règlement du site dans la section "L'ORée des rêves" que se trouve dans la barre de navigation, avec les forums, les ateliers, les concours et défis. ...
Pour une aide technique tu trouveras des explications et des réponses dans "aides techniques" dans la section "ateliers"
Visite, découvre et si tu as un problème demande de l'aide sur la box ou par MP, ta messagerie privée, dans le menu utilisateur à droite.
Merci pour ta participation.
Anonymes
Posté le: 06-07-2014 20:26  Mis à jour: 06-07-2014 20:26
 Re: Une fable pour l'anniversaire de Michel
Soyez remerciée pour cet accueil qui me touche.
Soyez assurée que je prendrai beaucoup de plaisir à venir partager ici ma passion inconditionnelle pour la poésie qui enchante ma vie.
Et vive Montpellier dont vous semblez venir.
Dijon est ma première d'attache, Monpellier est la seconde et je vais bientôt passer des vacances non loin de cette merveilleuse ville.
Bien à vous.

Jacques
Loriane
Posté le: 07-07-2014 22:23  Mis à jour: 07-07-2014 22:33
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Une fable pour l'anniversaire de Michel
Excellent, belle écriture.
C'est bien ce que je pensais tout est là : la forme et le sens, la réflexion et la sensibilité, et l'humour rebelle.
L'écriture est formé, contente de te savoir parmi nous.
Et oui, nous sommes moins beaux et oui nous sommes moins, ... nous sommes plus ... nous sommes les mêmes et pourtant nous sommes un ou une autre : " attends, attends fais voir cette photo, c'est qui là ? c'est toi ? waouh !!
Oui, mais voilà nous sommes vivants, l'esprit file encore vite, et notre savoir est un bagage dans lequel nous pouvons piocher à loisir. Notre sillon est bien ensemecé et nous avons une belle récolte de connaissances à partager, des souvenirs riches plein la tête et le coeur.
Même si de Gaulle disait que la vieillesse est un naufrage, il n'empêche que vieillir est un art, une expérience, un défi, encore un combat passionnant à l'heure où nos relations aux autres sont tellement plus justes, plus apaisées.

Citation :
Oh toi qui cultives si bien la dérision,
Si capable d’énoncer le blanc et le noir,
La controverse dans la discussion,
Que la dérision te sauve du désespoir.


Oui, et au bout la sagesse d'en rire.

Merci

Oui, j'aime Montpellier, je suis ravie d'y vivre, je connais aussi un peu Dijon et sa région.
J'ai des amis à Sombernon.et la Pourrie.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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