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Accueil >> xnews >> Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 1) - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Moi Kléber 14 ans en 1914 (partie 1)
Publié par couscous le 12-11-2014 13:10:00 ( 1089 lectures ) Articles du même auteur



30 mai 1914

Aujourd’hui, je fête mes quatorze ans. Maman m’a offert ce petit cahier en me disant que je devais continuer à écrire car, comme mon instituteur, elle trouve que j’ai un certain talent. Je suis donc très fier de noter sur la petite étiquette « Kléber Coussement, Mouscron ».
Papa m’a offert une place de cinéma. Je sais qu’il dû épargner plusieurs mois pour me faire ce cadeau. Je suis allé au «Vieux Mouscron » qui a ouvert l’an dernier sur la Grand-Place. Quelle magnifique salle ! C’est une expérience que j’espère pouvoir renouveler à l’avenir. Le film s’intitulait « La tulipe d’or ». Il est drôle de voir des personnes gesticuler sur un grand écran. J’ai vraiment eu l’impression d’être dans l’histoire, à leurs côtés. C’est encore mieux que de lire !

29 juillet 1914

Vers dix heures, toutes les cloches des églises se sont mises à sonner à la volée. Du Mont-à-Leux au Tuquet, les habitants sont sortis dans les rues. J’ai vu de la terreur dans le regard de Maman et lui ai demandé ce qu’il se passait. Elle m’a pris dans ses bras en murmurant : « Nous sommes en guerre, mon enfant ! ».
Je n’ai pas bien compris. Une guerre ? Comme celles que j’étudie dans mes cours d’histoire ? Comment est-ce possible ? Qui voudrait attaquer notre petite Belgique ?
Papa est rentré plus tôt du travail. Il a dit que l’usine textile qui l’emploie, qui se trouve en France, à Roubaix, a dû stopper ses machines et que la frontière était désormais fermée. Un grand malheur pour les nombreux travailleurs transfrontaliers. Je l’ai accompagné à l’estaminet du coin « Au Moulin ». La mobilisation était sur toutes les lèvres, trempées ou non dans un verre de pils. Tous les hommes valides sont appelés au front pour repousser les troupes allemandes. Ce soir, c’est la première fois que j’ai vu mon père saoul. Il fallait bien faire passer cette pilule bien amère.

30 juillet 1914

J’ai aidé Papa à préparer son baluchon. Maman lui a préparé une gamelle, rempli une gourde de vin et mis un pain entier dans sa besace. Les larmes coulaient le long de nos joues pendant notre étreinte : « C’est toi le chef de la maison en mon absence, fils. Veille sur ta mère. J’espère revenir très vite. Nous, les belges sommes des coriaces. Ne t’en fais pas. »
J’espère que ce n’était pas la dernière fois que je voyais mon père. Il a enfilé sa grande capote sombre et nous l’avons accompagné jusqu’à la Grand-Place. Nous étions de nombreuses familles à voir partir un mari, un père, un frère, un oncle. Mon cœur s’est serré lorsque le camion l’a emmené vers son destin de défenseur de la patrie, la nôtre. Même si je ne vais à la messe que pour faire plaisir à Maman, j’ai adressé une prière à Dieu, s’il existe, afin qu’il veille sur lui.

23 août 1914

J’ai vu passer des cavaliers allemands avec un casque à pointe, des grandes bottes et un costume vert. Il paraît que ce sont des Uhlans. Ils ont réquisitionné la gare pour en faire leur quartier général. Ils ont coupé les lignes téléphoniques et télégraphiques. Nous voici isolés du monde extérieur.
Cela signifierait-il que nous avons déjà perdu la guerre ? Papa va-t-il revenir ?


à suivre...

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Iktomi
Posté le: 13-11-2014 00:09  Mis à jour: 13-11-2014 00:09
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Moi Klébert 14 ans en 1914 (partie 1)
Voilà un texte sérieusement documenté.

Chronique familiale authentique ou pure fiction ?

Bien à toi.
couscous
Posté le: 13-11-2014 12:37  Mis à jour: 13-11-2014 12:37
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Moi Klébert 14 ans en 1914 (partie 1)
Tout à fait !

J'ai repris des événements historiques locaux évoqués par des témoignages et documents de l'époque en y incluant le personnage de mon arrière-grand-père paternel qui a véritablement vécu cette période.

Merci
Iktomi
Posté le: 13-11-2014 18:38  Mis à jour: 13-11-2014 18:38
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
 Re: Moi Klébert 14 ans en 1914 (partie 1)
C'est très réussi, j'attends la suite avec impatience.
couscous
Posté le: 13-11-2014 18:42  Mis à jour: 13-11-2014 18:42
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Moi Klébert 14 ans en 1914 (partie 1)
Très flattée !

La suite bientôt sur ton écran... d'ordinateur bien sûr !
arielleffe
Posté le: 14-11-2014 11:26  Mis à jour: 14-11-2014 11:26
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Moi Klébert 14 ans en 1914 (partie 1)
La guerre vue par les combattants, et les civils, c'est idéal pour mieux comprendre les horreurs de la guerre.
couscous
Posté le: 14-11-2014 12:29  Mis à jour: 14-11-2014 12:29
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Moi Klébert 14 ans en 1914 (partie 1)
Oui, ceci afin de dissuader les nouvelles générations d'y avoir recours.

Merci Arielle

Couscous
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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