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Nouvelles confirmées : Ma fille St Pétersbourg 10
Publié par Loriane le 19-06-2012 11:30:00 ( 1465 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



Ma fille ( Saint Pértersbourg 10)


La Laure de la trinité-de-Saint-Alexandre-Nevski .


Me voici bien heureuse et cette réjouissance est surtout l'effet d'une petite revanche.
Je te raconte ma petite aventure, de ce jour.
Voici qu'hier Dimanche, ma Katia ne travaillait pas, mais ce repos n'était pas du à ce jour précis de la semaine qu'est le dimanche, le Dimanche n'est pas un jour férié, car en russie la notion de repos dominical, ne représente pas comme chez nous une coutume sociale acquise. En effet, le rejet par le gouvernement communiste, durant les 70 années de son " règne", de toutes les croyances et religions, à eu en autres conséquences, de faire perdre à ce jour le caractère sacré que nous lui conservons dans nos sociétés occidentales encore empreintes des traces de la fondatrice religion catholique, et de l'organisation du temps de travail qui en découle.
Je souhaitais vivement assister à un service religieux et tout naturellement j'imaginais que le Dimanche était le jour le plus adapté à cette approche du sacré dans la civilisation Russe.
Katia me confirma que le service du dimanche était pratiqué quoique selon elle, il n'était pas ce jour là, plus fastueux que celui des autres jours de la semaine.
Mais bon, les manies sont inscrites dans le subconscient et je n'étais pas désireuse de contrarier les miennes.
Tu sais que je ne suis guère capricieuse mais il est vrai que j'aime assez l'attachement aux conventions et aux coutumes, tout comme j'aime parfois le cérémonial de certaines fêtes religieuses ou non d'ailleurs. 
Non, ma chère fille, que l'on ne me dise pas routinière, mais non !, je t'entends d'ici, mais je plaide coupable : les habitudes ne sont pas pour moi source de monotonie ou d'ennui, puisque j'ai cette chance inouïe, de ne pas savoir ce qu'est ce sentiment que tant d'autres redoutent et chassent, je ne connais pas ce maudit "ennui"
Donc le Dimanche m'a naturellement semblé être le jour convenu pour assister à mon premier service orthodoxe.
Nous voici donc parties toutes deux, ma Katia et moi, en début de matinée, sous le frimas de ce Dimanche russe d'octobre, l'air encore gris était empli dune froide humidité qui me parlait, et évoquait une ambiance retenue, calme et feutrée de Chrysanthèmes.
Nous marchions bras dessous, bras dessus, nous nous serrions l'une contre l'autre, la capuche de fourrure sur la tête, le nez froid et rougi.
Au sortir de l'immeuble, nous avons pris la fameuse avenue dont je t'ai tant parlé, le Nevsky prospect, qui en prenant naissance au pied du merveilleux palais de l' Ermitage, relie depuis toujours les bords de la Néva, à notre but de ce matin, le grand monastère orthodoxe, soit Lavra, ou laure, de la trinité-de-Saint-Alexandre-Nevski qui se trouve à quelques pas de la maison.
Cette immense ensemble de bâtiment religieux est une composition parfaitement symétrique dont la construction remonte à 1710; c'est le premier bâtiment conçu et voulu par Pierre Le Grand, La laure renferme derrière ces murs, une grande cathédrale, une dizaines d'églises, des dépendances, des bâtiments de logis, d'habitation, et 3 nécropoles, tout ceci sur un immense parc occupé de nos jours par un couvent d'hommes.
Nous avons emprunté des petites rues en arrière de l'avenue pour arriver sous le mur d'enceinte du monastère et passer sous le grand porche.

Tout en cet endroit était pour moi attrait : l'histoire de ce lieu prestigieux, son rôle religieux, sans oublier mon infini intérêt, majoré par l'aspect inaccessible, l'étrangeté que dégage les toits, flèches, et bulbes, qui apparaissent au dessus des murs fermés et qui m'intriguent toujours fortement lorsque je tente de comprendre le mystère de la croyance et celui de la vie religieuse dont l'essence m'échappe, cette dévotion pour moi, si singulière, si incompréhensible, si extraordinaire, et qui se déroule cachée hors des regards, là dans un autre univers tout proche et si lointain.
Le porche de pierre franchi nous marchions, sur une ruelle pavée entourée des hauts murs des nécropoles, quelques pas nous amènent à une autre enceinte, percée d'une nouvelle porte devant laquelle on trouve l'inévitable étalage des marchands d'objets religieux et de souvenirs.
Nous marchions dans la foule qui se rendait à l'église, et au moment de franchir cette nouvelle porte, un pope, haut comme un basketteur, vêtu de sa longue robe noire, avec une barbe noire longue et pointue vint droit sur nous. 
Il pointa sur moi son doigt avec un regard dur et noir lui aussi, il me parla sur un ton empreint de colère que je ne comprenais pas, mais je sus que je ne serais probablement jamais son amie. 
Bien que je n'en connaisse pas la raison, j'en voyais bien les effets.
Katia, parlementa un moment avec lui en russe, et semblais embarrassée :
" tu ne peux pas rentrer, Mama, parce que tu n'es pas orthodoxe"
AH, bon, c'est écrit sur moi, je me dis pour moi-même.
Il se vengeait c'est sûr. Depuis que Georges Frèches à reproché à Laurent Fabius de n'avoir pas "l'air catholique",(te souviens-tu de ce sot procès que lui fit notre presse ? quelle sottise ?), il fallait bien qu'un pope me fasse le procès, à moi de n'avoir pas l'air orthodoxe ! 
Oui, il est urgent de plaisanter !
Incroyable, savais-tu, ma fille que je n'ai pas l'air orthodoxe ?
A mes côtés le désaccord dont je faisais involontairement l'objet continuait en russe.
Katia m'appris qu'une solution existait, il me suffisait de payer une somme qui m'apparut excessive, "je reste encore accrochée à mes billets", On me laisserait alors entrer. 
Ma réponse fût immédiate, " non, il n'aura pas un rouble!",
Ce refus était plus motivé par mon opposition de principe, par ma vive désapprobation que par mon sens des économies. J'étais choquée, réellement, profondément.
Ekatérina, tout aussi déçue que moi et fort embarrassée, tenta de réduire ma colère, et de justifier le paiement demandé, en m'opposant les arguments du Pope, qui rappelait que l'église renferme des oeuvres d'art et que cela devait se payer.
Sans réfléchir plus loin, j'objectais que Notre Dame de Paris était aussi dans le domaine de l'art fort bien pourvue, tout comme toutes les églises de France et de Navarre, et de la religieuse Espagne, de l'Italie, de l'Allemagne..... et que personne ne payait pour entrer, pas même les orthodoxes, pas même les non croyants, pas même les musulmans, ou les bouddhistes ou les ?....
J'étais pour le moins frustrée mais surtout choquée.
Non ! mais vraiment quelle rage j'ai ressentie, ma fille !

Nous fîmes en définitive, demi-tour pendant que je pétaradais, m'offusquais et dissertais longuement sur la bêtise des communistes qui ont nié, jeté à la poubelle, les croyances, fermé les églises et maintenant la rouerie malhonnête de la nouvelle Russie qui ne faisait guère mieux en transformant les lieux de religion en musée, en faisant un nouveau commerce, un moyen financier.
Les marchands du temple sont revenus !
Mais que font-ils tous du message religieux ?
Qu'ont-ils fait du message d'amour, d'accueil, de solidarité?
Qu'en est-il de ce bel idéal de partage et d'échanges mutuels, de rapprochements des uns des autres ? 
N'y a-t-il donc que les sociétés laïques, si méfiantes sur le chapitre de la religion, pour se faire le défenseur, se faire le chantre de ses valeurs spirituelles si belles, et savoir se tenir dans la sage objectivité du mysticisme ?
Je me muselais avec difficulté, alors que nous faisions demi-tour, mais ma rogne, tu me connais, était-elle que je savais déjà que je reviendrais à l'assaut, mais seule pour ne pas mettre ma katia, moins rebelle que moi, en délicate position. Elle, ne souhaitait visiblement pas ouvrir un conflit.

Le lendemain, devine, ma fille, j'étais, tu t'en doutes dans la ruelle du monastère, j'avançais lentement entre les murs l'air chafouin, en recherche d'une solution, que le hasard ne pouvait que m'envoyer, je errais un long moment à la recherche de je ne sais quoi, je rôdais tout comme un malfaiteur en quête d'un mauvais coup.
A deux pas de moi, celui que j'avais rebaptisais Raspoutine me surveillait de son oeil noir. 
Devant l'entrée d'une des deux nécropoles, un monsieur bavardait avec la gardienne de l'entrée du cimetière.
Celle-ci sembla me reconnaître et me fit un charmant sourire, qui amena son interlocuteur à se retourner pour me regarder.
Je lui fis, alors comme c'est ma nature, instinctivement un grand sourire.

Tu me connais, j'ai le sourire facile, le monsieur plutôt agréable vint aimablement vers moi et me servit une longue tirade en russe;
Bien que je ne le comprenne pas, je devinais vite qu'il me conseillait fortement d'entrer dans ce magnifique monastère.
Je répondis en français, à son invitation russe, je dis avec les mots que j'étais interdite de passage, je dis et avec les yeux tristes que cela me contrariait beaucoup, puis en frottant mon pouce et mon index de la main gauche, l'un contre l'autre, je lui dis que l'on me demandais des roubles, et avec ma main droite j'expliquais que je n'en avais pas en faisant le signe " non", puis je laissais tomber mes deux bras et mes épaules dans un geste de désespoir.
Le mime Marceau, n'est qu'un apprenti à côté de moi, car le monsieur immédiatement me tendit son bras replié, le coude vers moi.
Et hop!, oui ma fille, je me suis accrochée sans tarder à mon cavalier de fortune et je marchais à ses côtés. 
Nous sommes passés devant Raspoutine qui le salua, avec déférence d'une inclinaison de la tête.
Et voilà ! j'avais conquis Rome et tout le far-West, ne te moque pas , je suis entrée avec un plaisir fou dans "la cité interdite". 
Ma fille on n'a les victoires que l'on peut, je ne chipoterais pas, je ne ferais pas le bec fin.
Mon guide m'a fait entrer partout, il m'ouvrit toutes les portes, me photographia devant l'église juste là où la porte me fut fermée la veille.
J'ai assisté en invitée au concert de la chorale.
J'appris plus tard que mon prince charmant d'un instant était une des personnalités religieuses du lieu.
J'ai vu beaucoup de merveilles durant mon séjour, mais celles vues ce jour avaient une saveur bien particulière faite pour me laisser un souvenir indélébile.
Ma fille, ne dis jamais comme le fait trop souvent ma propre ma mère, que je suis " têtue", pas plus que je ne suis de mauvaise foi, non !
Non, non, ta mère n'est pas têtue, ma fille, ta mère est tenace. 
La nuance est d'importance n'est-ce pas ?

Loriane Lydia Maleville

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Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 19-06-2012 12:29  Mis à jour: 19-06-2012 12:29
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Ma fille St Pétersbourg 10
Peu orthodoxe, anti-conformiste,contrariant : autant de qualificatifs qui n'ont rien pour me déplaire. Toutefois, je ne me vois pas en train de prendre un coude secourable pour une visite guidée.
A Carghèse, petite ville Corse du sud, il y a une église orthodoxe qui fait face à l'église catholique. C'est le même prètre qui fait office de curé et de pope.
Je suis allé quelques fois visiter l'église orthodoxe où j'ai pu entrer facilement pour la bonne raison que je n'ai jamais vu âme qui vive dans ce lieu. Il y a effectivement de très belles choses à voir
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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