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Nouvelles confirmées : IInca
Publié par Loriane le 21-06-2012 17:30:00 ( 1170 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



IInca


Les cris aigus d'une troupe de singes explosa soudain, là-bas plus loin, dans leur enclos couvert de rochers et de quelques touffes d'herbes rares une guerre venait d'éclater. Les femelles prenaient la fuite et partaient vivement emportant leurs petits sur le dos ou sous le ventre, les mâles avaient des comptes à régler, une trouvaille, ou une place de chef à se partager.
Les gros éléphants placides, indifférents balançaient inlassablement leur trompe de droite à gauche dans un mouvement obsédant.
Derrière la foule, sous le feuillage clairsemé la fosse des ours faisait recette. Les têtes étaient penchées pour surveiller le lieu de chute des cacahuètes, des morceaux de pain qui tombaient dans l'eau, les animaux lourdement mais si adroitement dans un large geste de faucheur effleuraient l'eau de leurs griffes pour ramasser la nourriture jetée par le public.
Linette regardait cette eau avec un dégoût qui lui faisait instinctivement relever la lèvre supérieure et pincer le nez dans une grimace bien expressive.Elle manifestait sa répugnance; elle que l'on ne pouvait pourtant pas taxer de préciosité.
Tous les habitants de la maison en coquillage était en balade au Zoo de Vincennes. Madame Hervé et ses trois enfants, Monique, Jean-Pierre et Jocelyne, et Maman avec Daniel la petite soeur et Linette.
Les jeudis étaient des jours de bonheur, des jours de découverte.
En ce mois d'Octobre, la rentrée des classes venait juste de ramener toute les familles de leurs provinces natales. Les Français avaient encore un pied, mais aussi des habitudes, des principes et des pensées venues de leurs origines paysannes, ils appartenaient encore au monde qu'ils venaient de quitter depuis peu, cet univers campagnard qu'ils avaient dû abandonner pour une foule de rêves, d'espoir soit mais avec surtout nostalgie et un sentiment de déracinement.
Les allées du grand Zoo, s'enroulaient sur un très grand parc, elles tournaient autour des enclos, des cages des animaux. Les marchands de gaufres, de barbapapa, et de guimauve de toutes les couleurs, attiraient des queues de parents et d'enfants affamés et gourmands. Le ciel de Paris semblable à lui-même offrait sa spécialité de gris allant du rose au bleu. Les nuages que le vent faisait courir chapeautaient joliment les branches droites et déjà en grandes partie dénudées.
Linette venait de fermer ses "écoutilles", elle était entrée en elle, elle venait de s'échapper entièrement absorbée par l'ambiance automnale, elle humait à grandes respirations, comme un chien, l'odeur de la terre, des animaux, des feuilles de platanes si odorantes, accumulées sur le sol et qui couvraient les pelouses, le béton, la petite fille était dans chaque gouttes d'humidité de l'air épais, elle tombait lentement avec une feuille qui tournoyait autour du groupe immobile, maman et Mme Hervé étaient dans un film muet, leurs lèvres s'agitaient et cela la faisait sourire. Depuis combien de temps avait-elle décollait ? elle l'ignorait mais certainement qu'une giroflée à "cinq branches" distribuée par maman allait bientôt la ramener sur terre.
Les yeux perdus dans sa vallée rêveuse, elle recula doucement, elle heurta lentement un panneau derrière elle, puis elle prit appui sur cette surface ferme, elle sentit son dos se coller entièrement aux planches de bois.
"IINCA! IINCA ! IINCA !"
Sa bouche criait, le cri était sorti d'elle avec brutalité, en un jet incontrôlable.
Elle avait soudain chaud et elle ne reconnaissait pas le lieu où elle se trouvait, elle avait une sensation d'être transportée ailleurs, c'était étrange, indescriptible.
Le cataclysme résonna dans sa tête, qu'est-ce qui se passe ? qu'est-ce que j'ai ? c'est moi qui crie ? pourquoi ?
"maman, maman qu'est-ce que j'ai dit ? pourquoi j'ai dit ça ?, maman c'est moi qui a dit ça ?"
On ne pouvait pas parler de peur mais d'un stupéfaction inouïe;
Tout le groupe s'était immobilisé,
Linette vit devant elle maman se pétrifier, son visage se vider de son sang, comme un masque de mort, cette vision était effrayante, elle n'avait jamais vu sa mère aussi douloureuse, ses lèvres terreuses murmurèrent comme on expire :
"Oh, non, mon Dieu ça recommence "
"Maman, maman, qu'est-ce que j'ai ?
Le ton de Linette était maintenant suppliant, la peur l'envahissait toute entière.
Maman droite comme un I, raide et hésitante se dirigea lentement vers un gardien qui surveillait les imprudents penchés au dessus de la fosse aux ours.
Sa voix était basse et faible :
"Monsieur, s'il vous plait, est-ce qu'il y a des buses, des vautours par ici ?"
"Ben oui, votre fille à le dos contre la cabane, pour les voir, faites le tour "
"0h mon Dieu" supplia maman.
Mme Hervé jusque là silencieuse, consciente du malaise, parlait à voix douce et compatissante
"Qu'est-ce qui se passe Lily ?"
"Je me sens mal, Jeannette, il faut que je m’assois"
"vous voulez boire Lily ?"
Maman allait s’évanouir et Linette regardait les dégâts qu'elle venait de provoquer
Ne sachant que faire, Jeannette ouvrait son sac et débouchait sa bouteille de limonade .
Mais qu'est-ce que j'ai fait ? pourquoi maman est malade, c'est à cause de moi.
Linette abasourdie, sentait qu'elle était encore à l'origine d'un drame, maman disait souvent qu'elle était mauvaise, elle avait raison.
Tous les regards posés sur elle lui faisaient mal, tous les enfants se taisaient, inquiets et toute joie était envolée. Tous avaient peur.
C'est ma faute, tout ça c'est à cause de moi pensait Linette.
Le double banc de bois bien que couvert de fiente de pigeon fut vite envahit.
Lentement maman retrouvait son calme et un visage moins effrayant, bien qu'elle soit encore très pâle on voyait revenir le dessein de ses lèvres.
Elle commença à raconter lentement, le plus bas possible, pour que ce secret terrible et honteux, ne soit pas entendu des passants intrigués par ces deux femmes qui semblaient complotés et ces enfants au visage de carême.
"Quand Linette était bébé, en Dordogne, elle criait "IInca, iinca, iinca" , comme tout à l'heure, pareil, elle criait fort même quand elle était enfermée dans la chambre et même si elle dormait, elle se réveillait pour crier ça, au début on ne comprenait pas mais René a vite remarqué que c'était toujours quand la buse ou un autre oiseau de proie étaient au dessus de la maison ou de celle des "Pelissier". On a jamais compris, on avait peur, mais on prévenait Jeannot et on a plus jamais eu le poulailler attaqué. On a jamais, et les Pellissier non plus d'ailleurs, raconté ça dans le bourg. On avait peur de passer pour des fous;"
"mais ça à duré longtemps ?"
"mais toujours, vous voyez bien que c'est pas fini, bien sûr, ça s'est arrêté quand on est venu habiter à saint Denis, il n'y a pas de buses ou de vautours en ville"
Maman était ébranlée et soupirait
"Mon Dieu, je voulais plus y penser, j’espérais que c'était fini, qu'est-ce qu'on peux faire ?"
Elle soupirait :
" cette gosse me rendra folle, elle n'est pas normale, Jeannette c'est entre nous, hein ?"
Puis elle prit son air le plus menaçant pour dire aux enfants,
"Et vous, vous gardez ça pour vous, ça ne vous regarde pas, le premier qui en parle aura affaire à moi, et faites moi confiance si je sais que vous avez raconté ce que Linette à fait, vous pourrez compter vos abatis "
Les enfants savaient bien qu'il valait mieux prendre ça au sérieux sachant que les menaces seraient mises à exécution.
Linette ne parlait pas, elle se sentait si mal, si malheureuse, sa bouche qui parlait toute seule, maman qui avait peur à cause d'elle et tous ces regards !!
Je le savais, je suis folle , qu'est-ce que je vais devenir ?

Loriane Lydia Maleville


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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 21-06-2012 17:53  Mis à jour: 21-06-2012 17:53
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: IInca
Boudiou ! heureusement que tu n'es pas ma voisine, sinon, je n'aurais pas de repos: les buses n'arrêtent pas de tourner au-desssus de mon toit, du matin au soir.
J'ai l'impression que ton histoire est authentique. Si c'est le cas, ce doit
être lié à un évênement de ta petite enfance, peut-être associé à l'odeur de ces rapaces, odeur que tu aurais perçue quand tu étais adossée à leur abri.
Moi, je me dis toujours que des histoires comme celles-là, ça ne s'invente pas.
Loriane
Posté le: 21-06-2012 18:06  Mis à jour: 21-06-2012 18:06
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: IInca
Non, ce n'est pas inventé du tout. C'est très fidèle à ce que j'ai vécu.
Ce jour au Zoo (j'avais 9 ans) est encore très précis dans ma mémoire et dans celle de ma mère aussi, c'était la première fois qu'il y avait des témoins à ma "folie". Elle n'a pas oublié crois moi.
J'ai traîné mes bizarreries comme un boulet.
je n'ai jamais approché physiquement une buse, la première fois que j'ai crié IInca j'avais à peine 10 mois, j'étais dans la chambre de la ferme de Dordogne, volets et portes fermés, derrière des murs de presque un mètre d'épaisseur.
J'ai toujours eu une relation curieuse avec les animaux.
Mes parents m'ont toujours vue comme une sorcière. Pour le supporter j'ai du me renforcer dans mon "fort intérieur".
Si quelqu'un a une explication je suis preneuse.
Merci de ton passage.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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