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Nouvelles confirmées : L'arrivant XXII
Publié par Loriane le 09-08-2012 19:20:00 ( 1372 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées




Il fallut, comme souvent, porter Rodéric jusqu’à son lit et insister un bon moment pour que les trois petits se mettent enfin sur leurs pieds le temps d'aller jusqu'à la chambre.
La nuit fut calme si ce n'était ces fichus coqs polynésiens qui chantaient nuit et jour, enquiquineurs déréglés comme de vielles pendules.
Le soleil se levait, les premières clartés du jour se présentaient à la fenêtre, je n'avais pas tiré les rideaux, le ciel se colorait à vue d’œil, et je vis bouger les grandes palmes des cocotiers qui entouraient la piscine.
Je souris en entendait le bruit des premiers nettoyages autour du bassin et du restaurant.
Pfut..., pfut..., pfut..., pfut,
Le bruit régulier et cadencé du grand balai de paille allait et venait. Je savais que c'était un homme qui balayait. Je savais que cet homme était un piroguier.
Il se tenait au milieu de l'allée et ramait sur les dalles, pfut..., d'un côté, pfut... de l'autre, et il avançait vite avec régularité et efficacité, les feuilles et poussières repoussées de parts et d'autres. J'ai souvent regardé cette méthode de nettoyage et je l'ai adoptée et depuis, moi aussi je rame, je rame en rythme lorsque je dois donner un coup de balai.
Je me levai doucement pour aller dans la grande chambre, ici, tous les enfants étaient regroupés dans la même pièce. J'aimais profiter de cette occasion pour me régaler à les regarder dans leur sommeil.
Je m'assis sur le bout du lit de Rodéric, le seul qui me laissât de la place.
Dans le lit du coin, Matthieu avait le visage écrasé sur l'oreiller, ses énormes boucles rousses lui cachaient la figure, il était beau, si beau et grand, si grand déjà ! était-ce possible ?
Chloé, dans le lit à côté était couchée en travers de son matelas, elle disparaissait sous le drap, ses longs cheveux blonds en désordre faisaient comme une énorme couronne sur sa tête, mon dieu qu'elle était grande aussi, ma belle, si grande déjà !
Dans l'autre angle de la pièce, le lit de Florian était perpendiculaire aux deux autres, mon "bébé" dormait profondément, ses cheveux clairs lui couvraient la moitié du visage, et il avait un demi-sourire qui me fit douter qu'il dorme vraiment. Il était encore petit mais si canaille. Tout près le lit de Sacha, était presque collé à celui de Florian, c'était si commode pour faire des bêtises dans le secret du noir, pour chuchoter ou rire sous cape. Sacha, avait son pouce près de sa bouche et il avait dû le téter quelques fois dans la nuit. C'était, lui aussi, encore un gros bébé, mais un bébé qui respirait mal, il faudrait bientôt l'opérer des amygdales, mais nous verrons ça plus tard. Le dernier lit un peu plus loin, était un fouillis de drap, tortillonnés, enroulés, Virginie cette coquine avait dû comme toujours, beaucoup bouger et elle était comme une momie entouré de bandelettes, seuls ses cheveux châtains clairs et son bout de nez dépassaient. Mais comment elle fait ? Sans réveiller Rodéric je me levai mais je ne pus me retenir de faire, avant, une distribution de doux bisous à peine effleurés..
Dans la salle de bain, je retrouvai cette odeur magnifique que j'aimais tant et que je ne sentais qu'ici. Je ne savais si c'était un buisson, un arbre, une plante quelconque qui poussait sous les fenêtres, ou un produit employé par l'hôtel.
Ruisselante d'eau, sans prendre la peine de m'essuyer, je m'enroulais dans mon paréo. Puis, je préparai le thé, je sortis et disposai sur la table à l'extérieur, le chocolat des enfants, les fruits, les gâteaux et j'allai m'asseoir sur la petite terrasse du bungalow, face à la mer.
Sous mes yeux la piscine était déjà en pleine effervescence. Je buvais mon thé, lentement goutte après goutte. Des enfants jouaient, je voyais des jambes se lever et des pieds disparaître dans l'eau, une tête remonter et replonger. Deux petits mains se posèrent sur mes yeux.
" C'est qui, maman, devine ?"
"je sais pas, mais des petites mains toutes douces comme ça, on dirait les mains de mon "grosdolphe"
" T'as gagné, maman , t'es forte !"
JF vint s’asseoir à côté de moi.
"Tu as déjà pris ta douche ? Je suis content que Gaston sois enfin casé, bon, on va chercher des ananas au lycée agricole ?"
"Oui, Brigitte, en face, tu sais celle qui habite dans la maison de Léti , elle ma demandé de lui en rapporter plusieurs"
" Il faut partir maintenant, surtout si on veut se balader un peu "
" Dès que j'ai fini mon thé, je vais réveiller les enfants"
" Réveiller les enfants ?? t'es réveillée toi ? ils sont tous en train de faire les idiots dans la piscine"
" Ah ? c'est les nôtres ?!! ben mince, je ne les pas reconnus, mais ils ne crient pas, je ne les avais pas vus sortir "
Depuis son siège je vis JF, lever les deux bras et jouer les sémaphores en direction du bassin.
Une volée d'enfants se précipita autour de la table.
"Bonjour maman "
"bonjour ... bonjour maman "
Tous les sièges de la terrasse avaient des flaques, les derrières mouillés laissaient des traces, c'était la norme, c'était comme ça !
Le petit déjeuner ne dura guère et tout le monde monta en voiture.
"Dis maman, tu nous raconteras la fin de l'histoire de Moorea ?"
" Je vous la raconterai à nouveau, mais cette fois vous ne vous endormirez pas avant la fin, d'accord ?"
" d'accord, on fait le tour de l'ïle à l'envers ? "
Ça c'était le grand jeu, à Tahiti ou ici, le tour de l'île se faisait une fois à l'endroit, une fois à l'envers, une fois plein Est, une fois plein Ouest... et ainsi de suite.
Qui avait décidé où était l'endroit et où était l'envers ? Personne ne le savait.
"Demain si tu veux , mais là on va au lycée et après on ira marcher dans la forêt"
Nous sommes donc repartis, vers le fond de la baie et vers le petit village de Paopao.
Devant nous une famille de Tahitiens sur leur scooter faisait, là encore une fois, disparaître tout à fait leur engin sous leurs corps, il y avait au moins trois enfants avec eux, entre les jambes du père et de la mère, et le plus cocasse, ce qui nous fit beaucoup rire, est que la femme qui se trouvait à l'arrière tenait droite, bien dressée haute vers le ciel, une canne à pèche d'une longueur incroyable. Le tableau qu'ils offraient ainsi avec leur "antenne" était inhabituel mais surtout très drôle.
Ils roulaient devant nous et se tenaient bien au milieu de la chaussée pour éviter de s'accrocher dans les arbres des bords de la route.
Ils nous contraignirent ainsi à rouler à trente kilomètres jusqu’à la route du belvédère.
Dès que nous pûmes les laisser et bifurquer à droite JF reprit un peu de vitesse et nous nous dirigeâmes sur le lycée agricole, à seulement quelques kilomètres de là.
Je connus dès notre arrivée le même sentiment de vivre un charme indicible, d' être dans un ravissement qui me mettait en état de béatitude.
Le lieu était paradisiaque, une fois traversé les bois de mapes, nous nous trouvions dans une campagne verdoyante et reposante.
La terre bien travaillée, se divisait en champ de diverses cultures, des citronniers, des bananiers, des papayers, mais plus particulièrement et avant tout des rangées d'ananas.
Au loin sur le fond de ce tableau de rêve, dans ce décor, le mont Rotui culminait à quelques 899 mètres, il fermait les deux fameuses baies de l'île, il était encadré par celle d’Opunohu à gauche, et celle de Cook à droite pour nous offrir un spectacle grandiose.
Depuis le pied du mont, plus près et tout autour de nous, s’étendait sur toute la partie plate du site qui était le domaine du Lycée, les plantations de fruits et de fleurs.
Les cultures faisaient' alterner les couleurs de la terre puis celles du vert aux nuances gris-bleu des champs d'ananas, du vert clair des citronniers, des verts soutenus des bananiers et au fond celui vert sombre des mapés.
Parce que nous étions en Polynésie, il ne pouvait en être autrement, et donc ici et là entre les champs, de loin en loin, on voyait des cultures de fleurs qui animaient et agrémentaient de teintes différentes l'ensemble de ce camaïeu ds verts
La voiture garée sur le chemin devant l'entrée du lycée, nous marchions lentement vers les bâtiments.
Je m arrêtai, je me retournai, et je contemplai ce tableau qui jamais ne me lassait.
La beauté profonde sans ostentation, cette harmonie délicate, ce berceau de nature qui s'offrait à nourrir et protéger était si délibérément naturel, simple et doux. la température y était idéale, le sentiment de sécurité et de paix en faisait un lieu de générosité, dans mon paradis, j'étais en contemplation, dans ses états de plénitude qui me sont chers, je parlai aux lieux ...
Toujours dans ce décor, je faisais sauter mon regard d'une rangée de vert à l'autre, je contemplais les fleurs et la hauteur des arbres qui entouraient les champs, je baladais ma pensée sur les pentes de fougères, tout au fond, là-bas, je sentais sur ma peau, l'alizé doux et caressant qui portait dans mes narines le gout sucré des fruits
"Maman, MAMAN, MAMAN !! ...tu écoutes ?
Toutes les têtes étaient tournées vers moi, des regards excédés me fixaient.
" Ça fait une heure qu'on t'appelle !!! "
"Ah, Oh une heure ? mon dieu, c'est beaucoup, pardon, oui ? qu'est-ce qu'il y a ?"
" Ça c'est tout votre mère ! on aurait pu la laisser là et repartir sans elle , elle ne s'en serait même pas aperçu !"
"Oui, mais vous, vous en seriez aperçu, ce soir au moment de vous mettre à table "
" pfff..." On t'attend depuis un moment, le monsieur veut savoir si on achète des fruits ou non, et combien tu en veux"
"Ben oui, des ananas, mais j'arrive"
Après cette bonne remontrance familiale, qui m'était habituelle et dont je n'avais cure, je me dirigeai docilement vers le bureau. Le lycée vendait déjà à cette époque des confitures et nous pouvions repartir aussi avec des fleurs ou des boutures de plantes.
Mais là sur ce point de prendre des pieds de plantes, il y eut un barrage très ferme de tous les enfants qui en "avaient marre de voyager avec des branches et des feuilles dans les yeux, dans le nez..."
Pas grave ce que je ne prends pas ici aujourd'hui, ce sera ailleurs ou un autre jour.
Nous avions pris un sac d'ananas et le jeune qui était près de la caisse ce jour là nous débita quelques tranches de ce fruit délicieux. L'ananas de Mooréa qui fut importé par Blight en même temps que vint La Bounty, est une douceur au subtil goût de miel.
A mon avis le meilleur ananas au monde. Et je suis très crédible sur ce point, mon jugement est d'importance, il est assurément impartial, car on peut me faire confiance, personne, sur ce chapitre, ne me taxera d'avoir des jugements complaisants pour les fruits tropicaux, car en fait je n'aime pas beaucoup l'ananas. Et plus justement je n'aime pas beaucoup les fruits tropicaux.
Les fruits tropicaux sont des gros bourrus, des gros trouillards qui se cachent et se dissimulent, ils ne me semblent pas de taille à lutter avec la finesse de nos fruits européens, fruits européens qui eux ont le bon goût et la complaisance de s"offrir et de se laisser manger sans avoir besoin d'un attirail de cuisine bien outillé et surtout bien affûté.
Les fraises, les cerises, les pèches, les abricots, les mures, les groseilles ...hum ... ça se sont des fruits dignes de ce nom, ces délices délicats, se cueillent et se dégustent sans faire de manière.
Mais vraiment pour manger un ananas dans les champs il faut au moins le plus gros des Opinels et un peu de place et pas mal de temps. La papaye, non épluchée ? impossible, les lychees à éplucher, les mangues, il faut un couteau, de même pour le pamplemousse de Tahiti qui est lui aussi le meilleur du monde, mais seulement épluché bien sûr... bon la moins maniérée de ces fruits est encore la banane.
Mais gare à sa peau, elle ne se jette pas n'importe où.
Non, que l'on me dise ce que l'on veut, il n’empêche que les fruits tropicaux ne sont pas très aimables avec nous !!
JF était allé mettre le sac d'ananas trop lourd à porter dans la voiture puis nous étions partis par les champs et les sentiers, errer, respirer les effluves des cultures et des fleurs.
Sacha commençait, comme à l'accoutumée à renâcler, j'ai mal aux pieds, Virginie c'était, j'ai mal au ventre, pour Florian c'était "attends nous" cours pas si vite ...
Mais une fois dans la forêt de Mape, le jeu commença.
Les enfants se couraient après et sautaient, enfin sautaient quand ils le pouvaient et que la hauteur le leur permettait, entre les immenses racines de ses "châtaigniers" tropicaux.
Châtaigniers dont le fruit ne pouvait prétendre me faire changer d'avis sur les fruits tropicaux, bien au contraire, sa coque était si dure, il fallait partir les déguster avec un marteau !.
L'esthétique unique et surprenant de cet arbre, le mapé, me séduisait hautement, mais sa production de "châtaignes", bof ! pas du tout!
Cet arbre haut et fin, possède un feuillage clair, et un tronc souvent très droit, mince et très sombre. Il vit dans des régions d'eau et probablement pour cette raison, il a développé un empiétement au sol, un enracinement très original, un bas unique et d'une grande élégance.
Ces racines sont élevées comme des murs, hautes et étroites, elles sont longues, fines et sinueuses, et ceci donne à cet arbre la silhouette d'une coquette en longue robe à volants.
Jouer au milieu des mapes est jubilatoire, on se baisse, on se cache, et votre poursuivant est tout près, derrière la racine, et ne vous voit pas.
Les enfants passèrent deux longues heures à rire et courir entre les arbres.
Puis, nous avions repris notre petite randonnée.
Chemin faisant, en nous promenant, nous étions arrivés sur un endroit curieux, un tout petit village de fares qui paraissaient tous neufs et que nous ne connaissions pas du tout.
Devant mon étonnement et mon désir de savoir ce qu'était ce village qui venait curieusement de sortir de terre, JF m'apporta une réponse à vérifier mais qui était probablement juste :
" Je crois que c'est là qu'il vont tourner la partie Tahitienne de " la Bounty", à moins qu'ils y logent les personnes participant au film "
" Papa, on va visiter les décors du film sur le port ?"
" D'accord, on ira demain avant de repartir, mais vous vouliez aller aussi sur le bateau au fond de verre pour jouer avec les dauphins "
" On peut pas aller au deux ?"
" Non, mais je vous propose, d'aller voir les poissons avec Marcelle et Marie-Pierre quand elles seront arrivées"
"Elles arrivent quand papa ?"
" Elles arrivent mardi, on ira la semaine prochaine, parce que je ne sais pas si vous vous rappelez les petits mais vous n'avez pas d'argent de poche aujourd'hui"
Un silence suivit, un silence comme une ambiance plus lourde.
" J'ai faim"
La matinée était terminée et l'heure du repas faisait son rappel aux estomacs des petits et des grands.
"Allez en route, on mangera au bar de la piscine"

Loriane Lydia Maleville

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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