C’est un rêve messieurs, un mirage, une apparition, l’idylle
L’on ne veut rien de plus que se voir et s’entendre et se sentir
La douce innocence d’un amour jeune d’être vieux, gracile
Bon parce que tendre, mais le tendre dit-on les ferait fuir

Je fuis la chaleur de son étreinte, me réfugie dans les abysses
Enfin l’on m’aime, m’enfin on le croit, on le veut, on l’imagine
Ma muse chante et me pleure, « tout est noir » me dit la pythonisse
Le rêve s’enflamme de brun, la rivière s’empourpre et dort l’ondine

L’émeraude et le saphir, le sourire soleil, l’ange à frange fragile
Et le romantique maudit de ne pouvoir jamais aimer, le bien pire
Velléitaire il en mourra, il sait trop bien que l’amour est labile
Que l’amour ne vit que de nos douleurs, que l’amour est un vampire

L’on en devient un monstre ou l’on en meurt atrocement, tel est-il
Le glorieux sentiment, fier et enragé, fort et jaloux, beau et gracieux
C’est un rêve messieurs, un mirage, une apparition, l’idylle
Tuez-moi enfin, Méphistophélès voilà l’âme d’un autre malheureux.