Le commencement

Date 30-03-2020 11:30:00 | Catégorie : Nouvelles


Le commencement

Bonsoir.
Euuuhh, excusez moi, j’dois commencer.
J’sais jamais quoi faire pour commencer.
Au commencement chaque chose est difficile. Non ?
A chaque seconde, moment crucial, instantané.
La fin, le début, vous le savez. De toute façon je vais rien vous dire que vous ne sachiez. C’est ça qu’est drôle. Ne rien apprendre.
Mon seul art, l’agencement dans l’ordre des phrases. Trouver le bon mot, avec méthode mettre les idées en place. Ponctuer le silence.
Le miracle c’est quand ça tape en vous, quand une phrase vous émeut, que vous riez ou prenez cet air surpris.
Enfin j’vais pas vous saouler avec ça. L’indifférence…
Alors, si j’veux, je peux m’asseoir, gesticuler, marcher, rester immobile.
Les secrets de l’espace.
J’peux prendre un air sérieux, triste, assuré. J’peux faire le fou, ou le teubé. Le jeu pour la magie de l’attention.
Vous vous en êtes tous rendu compte, pas l’air super à l’aise.
C’est normal, c’est votre faute, ou la mienne. Même dilemme que dans l’œuf ou la poule.
D’habitude je tire juste certains mots du néant, c’est pas grand chose.
Mais là d’vous les dire comme ça, c’est une première, c’est formidable qu’ont soit venu se voir.
Ca rappelle l’école. Ecrire sort de l’inutile. Ecrire devient message, survie. Ecrire comme on respire.
Si le sens de ces mots vous parvient, sachez que leur but est simple.
Oubliez qu’entre nous, cette scène est là qui nous sépare.
Que ces mots fassent place aux émotions, qu’elles remplissent les vides entre nous et tout ces espaces. S’oublier entre les âmes, les places et cette salle.
Parce que j’aurais pu être assis à coté de vous, là, quelque part.
A votre droite ou sur votre siège.
Et pt’être qu’à cet instant précis, j’vous écouterais à peine.
Prisonnier d’une comédie ou d’un drame. Des Obscessions en tête, je vous regarderais même pas. Vous savez quand le regard passe au travers, ensorcelé d’absence. Quoi que j’en pense, ça sert à rien d’en vouloir à quelqu’un.
C’est dur de dire ça, moi qui est la rancune facile.
Ah ! Je l’entends bien d’ici. Plus rien. Vos oreilles, notre espace recouvert d’une voix. Merci.




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