Ça grimace....

Date 10-03-2023 11:45:39 | Catégorie : Annonce


Ça grimace....


Au calvaire...






Quand je m'assieds là, enroulé dans mes nœuds énigmatiques et vieux comme l'enfer,
celle- ci grimace au pied de mon cimetière en prenant soin de ne pas y caméléonner...

Quand je dors dans mes ténèbres, recroquevillé dans mon feu et dans mes magmas bleuis
celle- là grimace, écoute son visage dégouliner d'effroi et s'anéantir à la vue de mes décompositions...



Quand je m'assieds par- ici en faisant les horreurs dans ses eaux dormantes à jamais résolues,
celle- ci grimace de derrière la vitre de son regard flagellateur et j'en crois ses yeux qui répondent à ma monstruosité toute dégoulinante...

Quand j'hurle à la mort, emmuré dans mes essaims endormis et sous mes bulles restées vierges,
celle- là grimace en évitant mes mises à nu fantomatiques...



Quand on me contraint à planer dans l'immobilisme d'un regard obscur et toilé par araignées,
celle- ci grimace comme le dégoût de mon sperme lacrymal...

Quand je m'assure furtivement que j'enténèbre par des jets répugnants de regards,
celle- là grimace dans la froidure puante des poèmes et des répugnances...



Quand j'irai les rejoindre par le pont bombardé où je leur fais la paix guerrière en me fermant,
celle- ci grimace et louche en tirant sa langue de Gorgone....

Quand je déambule et viens faufiler à pas de loup traqué mon viol par mes miroirs morts et usés,
celle- là grimace et enverra mon monstre en cour d'assise au milieu des crachats...



Quand je promène à l'air et par le regard la somme de mes cadavres rachitiques d'Auschwitz,
celle- ci grimace et ordonne la mise en place de la chambre à gaz....
Quand j'attends sans mot dire les vomissures, les tortures et l'étanchement de ma soif aux jets d'eau,
celle- là grimace et tient à noyer cette soif à l'eau du caniveau...




Quand je vais à la mort en effaçant le moindre geste de trop, le moindre mot boiteux et superflu,
celle- ci grimace devant l'abîme béant, précautionneuse de fuir la mouvance de mes sables....

Quand je m'en irai, éclair furtif, en volant l'élégance blanche au furet imbécile et sauvage,
celle- là grimacera, soulagée d'être débarrassée de cette machine à merde....


Clinique de Vaugneray, février 2009.


Situation: je me suis retrouvé un soir à table avec deux femmes et une jeune fille de 18 ans, M., qui est mon amie (et qui désirait plus...)
Je me suis senti persécuté et très mal à l'aise en interprétant le regard des deux femmes et ce calvaire a donné naissance à ce poème qui je me suis dépêché d'écrire en sortant de la salle à manger...
Il apparaît clairement qu'un regard peut me fragiliser à l'extrême au point de vouloir à mon tour me crever un œil pour en finir avec ce genre de tortures...








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