Les mémoires d'un chien. (2)

Date 19-01-2013 19:20:00 | Catégorie : Textes Illustrés


-2-
Bribes du quotidien


Entendons-nous! Je ne suis pas tout à fait un chien.
Je suis un chien à apparence humaine.
Disons plutôt un homme à âme de chien.
Âme? Ça raisonne comme dans une église, ou une mosquée!
Un chien à cerveau de chien, oui, CERVEAU!
Voilà!
Comme vous voudrez.
….
Il est vrai néanmoins que parfois je me sens un peu taureau, et en hibou je me reconnais d'autres fois.
Une copine m'a dit un jour que de côté, j'avais un profil de cheval. Cela m'a étonné. L'analogie avec un équidé n'en était pas la cause, non! Mon étonnement découlait de ce qu'elle ait réussi à déceler en moi ce trait chevalin. Car en fait, je ne ressemble pas du tout à un cheval, physiquement je veux dire. Juste quelques soupçons moraux. Alors comment a-t-elle pu le savoir? Pourquoi n'a-t-elle pas découvert, pourtant dotée de cette perspicacité, la grande ressemblance que j'avais avec les chiens?
C'était sûrement une jument. Une jument qui vit dans l'ignorance totale de ses caractéristiques occultes de bête de pure race.
Je ne le lui ai jamais dit.

…
N'importe! Et quoi qu'il en soit, c'est surtout dans la peau d'un chien que je suis le plus épanoui!
Je me balade dans les rues, content de vivre, humant l'air, l'oreille attentive à tous les bruits de la ville, l'œil vif et vigilant, bref, tous les sens aiguisés, car mes sens ont du lion!
Quand il fait beau, je me plais à errer longuement dans les ruelles, avant d'aller faire le lézard au jardin des plantes.
Il y a un coin aménagé pour les enfants, avec balançoires, portiques et toboggans. Je m'installe à proximité et je regarde ces anges jouer.
J'aime la compagnie des enfants. Personnellement, Je n'en ai pas encore. Je crois que si j'avais été loup, la chose se serait déjà produite, mes cousins possédant un penchant plus marqué pour la vie de famille… N'empêche, j'adore les enfants, quand bien même ce serait ceux des autres.
Je me mets donc là, avec un air béat et admiratif. Au bout d'un moment, m'envahit un désir impérieux de les lécher, Un besoin impératif de sentir leurs caresses sur mon garrot ou mon flanc, envie si grande que j'en japperais d'aise et d'impatience! Et je l'aurais fait sans cette peur d'être pris pour un pédophile à cause des câlins et pour un fou en raison des aboiements!
Cette fascination me perdra un jour, je le sais, car les hommes parmi lesquels je suis exilé, avec leur esprit malsain et tordu, ne comprendront jamais les motifs de cet engouement, de cet envoûtement.
Tenez! Hier encore, irrésistiblement, j'échouai, tel le marin qu'un chant de sirènes guidait et en annulait la volonté, au même lieu. Mais alors que je me livrais à ce plaisir canin bien innocent, une dame assise sous un platane et surveillant son gamin, se retourna soudain de mon côté et me considéra d'un air hostile qui me glaça l'échine. J'ai aussitôt quitté les lieux, le cœur battant.
De retour chez moi, je demeurais longtemps assis dans la pénombre, tous les rideaux baissés, gémissant doucement à cause de ce regard plein de courroux qui me pourchassait. Au bout d'une heure, je repris mon sang froid et, chose bizarre, née inexplicablement de cet incident, je décidai d'investir mon temps libre à rédiger, à la manière des humains, un journal intime, sorte de mémoires pour retracer ma vie de chien…


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(à suivre)




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