Le déplaisir des dieux

Date 10-02-2013 19:10:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


Approche-toi, Clio, et prête-moi ta lyre !
Je sens brûler en moi un immense désir :
Honorer mon mentor, lui qui m'a tant donné;
Je lui ai pris son nom et il m'a pardonné.
Depuis un demi siècle, en chantant à tue-tête,
Consciencieusement,sans que rien ne m'arrête,
J'ai, au nom de Bacchus et d'un temps déjà vieux,
Honoré les chefs-d'oeuvre des ' plaisirs des dieux' .

Mais le temps a passé...Je suis allé à Nantes.
En revenant, bien sûr, passant par Montaigu,
J'ai bien vu une belle dont le regard aîgu
N'avait rien d'endormi, en garde permanente.

Puis j'ai vu le curé, qui vit à Camaret.
Il allait à vélo, ayant perdu son âne;
Un âne ayant, d'ailleurs, sa libido en panne
Et que les paroisiennes cherchaient dans les près.

Le roi s'est séparé de la reine Victoire
Un jour qu'il l'avait vu déboucher à l'arène,
Au bras de De Joinville, qui marchait avec peine
Et qui semblait honteux, mais c'est une autre histoire..

C'était la saint-Eloi.J'ai pensé aux orfèvres.
Il paraît qu'ils dinaient chez un de leurs copains.
Je les ai vu sortir, rouge au front, le matin,
La famille, au balcon, avait l'injure aux lèvres :
La fille, en colère, souhaitait mieux qu'un bouquet,
La mère leur jetait une jarre de beurre
Qu'elle gardait, en secret, pour de torrides heures
Et que les trois goujats ont mangé au banquet.
La servante aux grands yeux, assise sur sa chaise,
Se demandait toujours ce qu'elle y attendait,
Et le chat, irrité, les muscles encore bandés,
N'a rien égratigné et était mal à l'aise.

Je me suis bien caché, attendant Margoton,
Près d'un bosquet de joncs. J'attendis quelques heures.
La belle est arrivée, juchée sur un tracteur,
Et elle a tout rasé, au nez de trois garçons.

Un bateau bien lesté, descendant la rivière,
Avait un chargement qu'une dame, à Paris,
Désirait bien avoir. Oh, rien qu'une partie !
Elle y envoya donc sa jeune chambrière;
Chambrière sans esprit, oubliant la commande,
Acheta, au hasard , ce qu'on lui proposait:
C'était un rocking-chair, en osier Japonais,
Qu'elle a vite essayé, et sans qu'on lui demande.
Elle l'a, au demeurant, si mal utilisé
Que, selon la chanson, elle eut une blessure
Qui posa un problème à sa progéniture,
Leur croissance, au départ, étant fragilisée.

Je suis allé à Londres voir son prisonnier
Qui s'ennuie dans sa tour depuis déjà longtemps.
La fille du geôlier, cuisinant bien, pourtant,
Voit son beau détenu refuser son panier.
Elle a donc cru bien faire en lui donnant la clé
Lui permettant d'aller goûter d'autres cuisines.
Elle l'entendit brailler du côté des latrines :
" Je honnis les gendarmes et la maréchaussée ! "

Que le monde a changé ! on bafoue nos classiques;
Et le plaisir, aux dieux, doit être bien maussade
En me voyant, tout seul, pour leur faire l'aubade.
Je suis là, par Bacchus ! En avant la musique !




Cet article provient de L'ORée des Rêves votre site pour lire écrire publier poèmes nouvelles en ligne
http://www.loree-des-reves.com

L'url pour cet article est :
http://www.loree-des-reves.com/modules/xnews/article.php?storyid=1690