Fable (pour petits et grands)

Date 10-02-2021 20:20:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Au fond d'une jolie venelle protégée par les érables, les ormes, les bouleaux, les aubépines rouges ... et tant d'autres beautés, au milieu des vieux murs et des fleurs sauvages, un refuge d'or emplit de lumière et de soleil abritait sous un toit de nuages clairs et légers, le plaisir des arts, des chants et des musiques.
Dans cet hospice de rêves une jolie famille d'amis venaient souvent fuir les communs tracas et déposer leur création, faites de toutes les couleurs de leur vies.
Ils peignaient des toiles, petites, modestes, parfois grandes et remarquables, certains étalaient des couleurs énigmatiques et extraordinaires.
Dans cette famille sans chef, chacun avait sa place et tous les talents étaient sans arrogance, sans effronterie.
Tous les échanges enrichissaient la communauté d'égal à égal, les ego courtois, prenaient l'avis des autres avec égards et attention, chacun était distingué au même titre que les autres.
Ce bel équilibre était pour tous, la richesse de leur communauté.
Les murs n'étaient que beauté et surprise, des peintures partout, plus belles et plus inattendues, les ambiances sombres côtoyaient les fantaisies les plus ardentes, la naïveté de l'enfant rayonnait au côté de la fantaisie d'humour ou les couleurs sérieuses de l’esthète rigoureux, certain conservaient la beauté du classique, d'autres encore innovaient ... La richesse, l'ingéniosité humaine vivaient là en harmonie.
Le petit univers d'artistes grandissait jour après jour, de nouveaux talents les rejoignaient et c'était toujours une fête.
Quand il arriva, un jour, un nouvel arrivant portant sous son bras un immense tableau, il entra dans cette demeure, et sitôt dans les lieux, il s'empressa déjà à peine dans le vestibule, d'accrocher sa toile immense en bonne place face au regards de tous les entrants.
A chaque nouvelle arrivée, on le voyait s'empresser : "venez, venez regarder mon chef-d'oeuvre, regardez moi, c'est moi qui l'ai peint".
L'ivresse des honneurs troubla tant notre "vedette" qu'il en oublia les autres qui depuis longtemps embellissaient ce lieu. Par esprit de complaisance opportuniste il sélectionna parmi eux celui qui chanterait ses louanges, gardant bouche fermée devant la peinture des moins enthousiasmes, il resta silencieux devant la parole des plus réservés, les ignorant dans leur art et dans leurs échanges jusqu'à assécher tout à fait le lien avec eux, à force de mutisme;
Tout à son besoin de gloire, peut-être peu habitué au partage, ce malheureux en quête de distinction, victime de son besoin irrésistible de fixer sur lui tous les regards, d'être l'unique centre, ne savait pas regarder avec les yeux des autres, et ainsi il s'agita un bon moment dans une belle indifférence.
Chacun alentour, repris ses échanges équitables, ainsi que les paroles rassurantes.
Et revint chez ces amoureux de l'art, ce soin des autres, don simple, exempt d'orgueil ou de prétentions si dommageables pour les modestes, et pour les incertains qui se blessaient profondément à la moindre indifférence.
La finesse et la délicatesse eurent de nouveaux droit de citer autant que la pudique générosité, un instant perturbé par des courants sans égard, quelque peu bruyants, le bel abri retrouva ses couleurs faites de calme mansuétude et de bienfaisante magnanimité.
Le grand tableau immodeste et envahissant malgré toute la place qu'il occupait provoqua bientôt la cécité et ne fit guère plus d'ombre aux œuvres diverses et variées qui ornaient joliment le modeste mais élégant parnasse.
Et aujourd'hui encore au fond d'une jolie venelle protégée ....
Loriane Lydia Maleville




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