Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.

Date 07-08-2013 23:10:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


Lorsque de tous leurs camps environnant l'estuaire,
Les G.I's sont partis pour retourner chez eux,
Ils laissaient se mourir, sous un ciel gris vaseux,
Une ville meurtrie, écrasée de misère.

J'ai marché, tout petit, dans ces ruines de guerre.
Tous les quartiers du port avaient été détruits.
Si Le Havre, depuis, s'est si bien reconstruit,
J'ai, en le parcourant, les visions de naguère.

Le quartier Saint-François était champs de débris.
Ma mère, toute émue, cherchait ses souvenirs
Et marchait lentement, laissant lui revenir
Les noms de ses amies mortes dans les abris.

A la Porte Océane, qui bordait la mer,
Des murs de briques rouges s'éffritaient toujours.
Les Havrais plus âgés se souviennent des jours
Où ils s'y promenaient, avant les temps amers.

Depuis qu'on a refait les deux tunnels Jenner,
Me revient à l'esprit, chaque fois que j'y passe,
Le souvenir de ceux qui là, dans cet espace,
Ont péri par centaines, enterrés sous terre.

La vie avait pourtant refleuri sur les pierres.
Cours de la République, escale d'étrangers
Venus de tous pays, sur leurs cargos chargés,
La musique des bars se propageait dans l'air.

L'Habana, le New Look, le Bahia, le Newport,
La Belle Portugaise, le Bob's et le Navy
M'ont accueilli souvent; on m'appelait 'minuit' :
C'était l'heure, en ce temps, où j'en passais les portes.

Mais la ville a perdu tous ses flots de néons.
Qui se souvient encor de La Grosse Moumoute
Qui achetait les bars, et ce, coûte que coûte,
Sans jamais déserter son morceau de bêton ?

Les marins, désormais, restent sur leurs bateaux:
Ils ne sont maintenant à quai que quelques heures,
Et leurs bons vieux dollars ne font plus le bonheur
D'une faune de nuit, disparue aussitôt..

Tous les 'camps-cigarettes' qui cernaient la ville,
Celui de ma jeunesse et de mes souvenirs
Qui ne cessent jamais, jamais de revenir,
Sont cachés sous le sol des campagnes tranquilles.

Les archives, bien sûr, ont gardé des images,
Mais rien de leurs odeurs et des couleurs du temps.
Vaut-il mieux oublier ? Je suis celui, pourtant,
Qui rend à ses ainés, en passant, cet hommage.











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