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Accueil >> xnews >> Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes. - Poèmes confirmés - Textes
Poèmes confirmés : Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
Publié par Bacchus le 07-08-2013 23:10:00 ( 3887 lectures ) Articles du même auteur
Poèmes confirmés



Lorsque de tous leurs camps environnant l'estuaire,
Les G.I's sont partis pour retourner chez eux,
Ils laissaient se mourir, sous un ciel gris vaseux,
Une ville meurtrie, écrasée de misère.

J'ai marché, tout petit, dans ces ruines de guerre.
Tous les quartiers du port avaient été détruits.
Si Le Havre, depuis, s'est si bien reconstruit,
J'ai, en le parcourant, les visions de naguère.

Le quartier Saint-François était champs de débris.
Ma mère, toute émue, cherchait ses souvenirs
Et marchait lentement, laissant lui revenir
Les noms de ses amies mortes dans les abris.

A la Porte Océane, qui bordait la mer,
Des murs de briques rouges s'éffritaient toujours.
Les Havrais plus âgés se souviennent des jours
Où ils s'y promenaient, avant les temps amers.

Depuis qu'on a refait les deux tunnels Jenner,
Me revient à l'esprit, chaque fois que j'y passe,
Le souvenir de ceux qui là, dans cet espace,
Ont péri par centaines, enterrés sous terre.

La vie avait pourtant refleuri sur les pierres.
Cours de la République, escale d'étrangers
Venus de tous pays, sur leurs cargos chargés,
La musique des bars se propageait dans l'air.

L'Habana, le New Look, le Bahia, le Newport,
La Belle Portugaise, le Bob's et le Navy
M'ont accueilli souvent; on m'appelait 'minuit' :
C'était l'heure, en ce temps, où j'en passais les portes.

Mais la ville a perdu tous ses flots de néons.
Qui se souvient encor de La Grosse Moumoute
Qui achetait les bars, et ce, coûte que coûte,
Sans jamais déserter son morceau de bêton ?

Les marins, désormais, restent sur leurs bateaux:
Ils ne sont maintenant à quai que quelques heures,
Et leurs bons vieux dollars ne font plus le bonheur
D'une faune de nuit, disparue aussitôt..

Tous les 'camps-cigarettes' qui cernaient la ville,
Celui de ma jeunesse et de mes souvenirs
Qui ne cessent jamais, jamais de revenir,
Sont cachés sous le sol des campagnes tranquilles.

Les archives, bien sûr, ont gardé des images,
Mais rien de leurs odeurs et des couleurs du temps.
Vaut-il mieux oublier ? Je suis celui, pourtant,
Qui rend à ses ainés, en passant, cet hommage.







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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
arielleffe
Posté le: 08-08-2013 11:02  Mis à jour: 08-08-2013 11:02
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
Bonjour Bacchus,

Je reconnais bien ma ville dans ta description, mon père et ma grand-mère m'ont beaucoup parlé du Havre avant la guerre. C'est une ville qui a été plusieurs fois détruite dans l'histoire, et qui se relève à chaque fois. Ce n'est désormais plus une ville de marins, mais une ville d'étudiants, de culture et de tourisme. C'est un endroit très agréable à vivre, une ville près de la mer et encore proche de la campagne. Tout à changé, mais les havrais gardent en mémoire les déchirures de leur ville, et ça les enrichit aussi.

Merci pour ce joli poème
couscous
Posté le: 08-08-2013 12:38  Mis à jour: 08-08-2013 12:38
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
Tu sembles très bien connaître cette ville et son histoire.

Merci du partage.
Bacchus
Posté le: 08-08-2013 15:32  Mis à jour: 08-08-2013 15:37
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
Si je suis né à Brive-la- Gaillarde (Corrèze ), pas très loin de son célèbre marché, mes parents, dès la fin de la guerre, sont retournés avec leurs enfants au Havre, leur ville natale.
C'est à l'âge de cinq ans que j'ai découvert cette ville détruite.J'ai également fait connaissance de toute ma famille ( lire : " Vous connaissez grand-mère ? " ).
A cause de la crise du logement, et pour cause, nous avons été logés dans un de ces 'camps cjgarettes' que les américains avaient laissés, en partant. On les appelait ainsi parce qu'ils avaient tous été construits grâce aux financement de marques de cigarettes.
Ainsi, j'habitais au 'camp Philip Morris '.. Le camp de la forêt de Montgeon portait un autre nom de cigarettes.C'était le 'camp herbert Tareyton'.
J'ai passé une jeunesse inoubliable dans ce petit monde retranché de la société, plus exactement, au ban de la société, dans une atmosphère d'entr'aide et de camaraderie.
Beaucoup de mes écrits parlent de mes étranges amis de l'époque. Il est probable que ces écrits ont été interprètés comme étant de la pure fiction.Mais non....
Terra
Posté le: 08-08-2013 23:06  Mis à jour: 08-08-2013 23:06
Plume d'Or
Inscrit le: 19-02-2012
De: Snake eye
Contributions: 371
 Re: Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
J'aime beaucoup ce poème, il est très fort, intense.

Terra, secoué.
musloch
Posté le: 12-08-2013 17:12  Mis à jour: 12-08-2013 17:12
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-07-2013
De: Sélestat
Contributions: 75
 Re: Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
.... puissant ! C'est tout ce que je peux dire !
Merci.
Cordialement.

P.M.
Bacchus
Posté le: 13-08-2013 13:42  Mis à jour: 13-08-2013 23:08
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
Petit additif à l'attention d'Arielleffe :

Beaucoup de vieux Havrais ignorent encore pourquoi la moitié de leur ville avait été rasée, la plupart te diront que ce sont les allemands qui l'ont fait, par méchanceté, en fuyant sous la pression des alliés.
Personne n'a jugé utile, à cette époque, de leur expliquer que l'état-major allemand, retranché dans les constructions sous-marines du port, était indélogeable: Le port du Havre était déjà envisagé comme port de rapatriement des G.I's, donc intouchable.
Afin d'isoler cette zone, il a été jugé nécessaire de la délimiter par une large bande dégagée.
C'est ainsi que l'aviation américaine à fait des passages en basse altitude pour larguer des petits papiers argentés délimitant la zone à raser.
Les bombardiers anglais, à haute altitude, sont passés autant de fois que nécessaire pour raser la zone délimitée, faisant fi des milliers d'habitants se trouvant dans des abris qui n'étaient pas conçus pour un tel pilonnage.
Le bilan a été très lourd, ce qui explique le peu d'effort fourni pour que les Havrais connaissent les détails de ce désastre.
Mais les allemands ont dû se rendre.
Alors pardonne-moi si je ne partage pas l'avis sur l'enrichissement des Havrais en connaissant leur passé.
Par contre, je sais que les années d'avant-guerre étaient des années de plaisirs et de divertissements, dans une région prospère et laborieuse.
Bises de Bacchus
Loriane
Posté le: 20-08-2013 14:05  Mis à jour: 20-08-2013 14:05
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Le Havre: ville-martyre, ville de fêtes.
C'est superbe Bacchus, encore une ville martyre, victime de la folie des hommes.
En te lisant j'ai repensé à Berlin, dans les années 70, ville ruines et encore remplie de ses vilaines cicatrices.

Citation :
La vie avait pourtant refleuri sur les pierres.
Cours de la République, escale d'étrangers
Venus de tous pays, sur leurs cargos chargés,
La musique des bars se propageait dans l'air.


Mais en lisant ces vers j'ai pensé à Amsterdam, ces ports ont tous une forte histoire à raconter.
Je suis sous le charme de ce poème puissant.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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