Mes sentiments partagés...

Date 08-10-2013 17:20:00 | Catégorie : Essais


« A des heures perdues, il m’arrive d’imaginer ce que pourraient devenir la planète et l’humanité dans quelques centaines ou même dizaines d’années. Mes scénarios ne sont jamais très heureux.
Aujourd’hui, au train où vont les choses, on peut facilement imaginer que la population humaine sera beaucoup trop importante quant aux ressources de notre planète, et qu’il faudra par je ne sais quelle abominable manière envisager la régulation de notre espèce beaucoup trop envahissante.
Avec des idées comme celles-ci, je ne peux m’empêcher de porter un regard diabolique sur mes congénères et moi-même.
Je nous vois alors comme une espèce animale impure et bien à part, métissée peut-être de gènes, de fourmis et de rats…
Pourquoi les fourmis ?
Parce que tous nos faits et gestes me semblent conditionnés, pensés pour, et bien souvent par des semblables. Nous sommes convaincus que ce que nous faisons sur cette terre est essentiel, comme si nous étions grands et importants. Les fourmis ne semblent pas comprendre qu’elles ne sont que de passage, que les grandes choses qu’elles s’obstinent à bâtir n’ont qu’une seule finalité ; la pérennisation ou la survie de l’espèce. Elles paraissent bien incapables de se projeter.
Et les rats me direz-vous ?
Pour leur capacité à s’adapter à bien des environnements, à tout envahir insidieusement, mais aussi, à tout dévorer.

Assurément, pour moi, dans ces moments-là, l’Homme n’est rien d’autre qu’un animal qui sans doute donne à sa vie une importance démesurée.
Sous couvert d’une intelligence certaine, mais prétentieuse, il s’imagine tout en haut d’une pyramide, ne présageant pas qu’il en sera le premier déchu.
L’Homme à des valeurs et des principes. Il sanctifie la vie humaine, nous parle d’Amour et de fraternité.
Avec mes idées tordues, la Vie ne me semble pas aussi grande, et les costumes que nous endossons, me paraissent bien trop amples, trop impudents.

Et si, dans toutes ses formes, la Vie n’était qu’un vice, un fléau qui peut-être n’aurait que pour seul objectif, notre propre anéantissement, une extinction programmée ?
Au fond, Vivre ne pourrait-il pas simplement se résumer ainsi ; envahir, grignoter, avilir, prendre de l’espace, de la lumière et de l’air ?
Tout cela pourrait ne pas paraître si dramatique si Vivre n’était pas en quelque sorte, subsister coûte que coûte aux dépens d’autres…

Aujourd’hui, il nous est aisé de penser que la nature est belle puisqu’aucun prédateur ne vient nous menacer. Observer toutes ces vies s’ébattent dans cette apparente harmonie maîtrisée pourrait bien sûr nous suffire…
Pourtant, nos lointains ancêtres ont sans doute ressenti les choses différemment.
La nature s’est sans doute montrée parfois plus cruelle…
Mais fort heureusement, pour surpasser la cruauté naturelle du monde des vivants et se séparer de cette embarrassante part d’animalité, depuis, l’Homme a créé le concept de « l’Amour ».
Au gré des sentiments amers que je nourris parfois, l’Amour ne devient pour moi rien de plus qu’un prétexte farouche, égoïste et hypocrite, qui ne permet au fond qu’une seule chose : l’assurance de notre besoin viscéral de filiation.
Ce que l’Homme semble nommer pour lui, l’Amour, n’est-il pas au fond, cette préoccupation bestiale qui encourage on ne sait trop pourquoi, ni comment, la perpétuation de notre espèce, celle que nous accordons plus généreusement à bien des espèces animales ?
Comment expliquer cette chose qui au fond de nous, nous fait tant « Aimer » nos enfants, au point de ne souhaiter parfois que leur réussite exclusive?
N’est-ce pas là encore cette préoccupation vitale de propagation ou de contagion qui nous pousse à ce point à ambitionner les meilleurs horizons pour nos progénitures ?
En prônant si fortement cet « Amour filial », la conséquence au final n’est-elle pas, le mépris absolu du reste de l’humanité ?

Mes sentiments sont partagés…

Mais alors, est-ce ma part d’animalité, pure et souveraine, qui m’amène parfois à troubler l’idée de la soi-disant bienveillance d’une part factice d’humanité ?
N’est-ce pas plutôt une part d’humanité, perfide et réfléchie, qui vient altérer mes dispositions à la compréhension, ou même, ma compassion envers mes semblables ? ».




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