Des vents et des grains (partie 2)

Date 26-10-2013 06:51:03 | Catégorie : Nouvelles confirmées


1ère partie ici :

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À ce moment, une infirmière appelle le suivant. Sandy se lève avec Pierre sur les talons. Ils sont invités à prendre place dans le bureau des admissions.

« Qu’est-ce qui vous amène ? »

Sandy prend la parole d’un ton sûr.

« Nous sommes mariés depuis cinq ans. Lors d’un jeu sexuel, il m’a attaché au pare-choc arrière de la voiture. Le souci, c’est que, ce matin, il a oublié de me détacher avant de partir au boulot. Moi, je m’étais endormie. Il m’a donc traînée sur quelques mètres avant d’entendre mes cris. Et voilà le résultat : des écorchures et une cheville vrillée. »

L’infirmière affiche une mine circonspecte et se tourne vers Pierre, avec un air étonné et amusé. Décontenancé, ce dernier jette un regard d’incompréhension à l’affabulatrice avant de protester :

« Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Pourquoi vous racontez ça ?
- Ah ? Cela ne s’est pas passé ainsi ?
- Non, je vous ai renversée … vous étiez en vélo et ... »

Sandy se tourne vers l’infirmière.
« Bon. Vous avez une seconde version. Choisissez celle que vous préférez mais le résultat est le même. Si vous pouviez me soigner maintenant. »

L’infirmière les amène dans une salle d’auscultation où ils sont invités à patienter. Pierre rumine avant de demander :

« Pourquoi avez-vous inventé cette drôle d’histoire ?
- J’aime bien ajouter un grain de folie dans mon train-train quotidien. Et vous ?
- Ma vie est réglée comme du papier à musique. Chaque jour, je me lève à 6 h 30, déjeune toujours avec du café et trois tartines beurrées pour ensuite me rendre dans la salle de bain et enfiler mon costume. Je pars à 7 h 45 pour arriver à 8 h au boulot. A midi j’achète toujours mon sandwich chez Cass’graine. Je termine à 17 h précises, rentre chez moi à 17 h 15. Le souper, c’est toujours à 19 h 30 en regardant le JT. Extinction des feux à 22 h. Les courses, c’est le samedi matin, la lessive le dimanche après-midi. Chaque année, je passe mes vacances dans le même camping.
- Houlala ! Pas beaucoup de place pour la folie là-dedans. Vous ne vous ennuyez jamais ?
- Non. Je me sens bien ainsi. Et vous ?
- Je suis professeur d’art. Je déteste qu’une journée ressemble à une autre. Je fais mes courses quand mon frigo est vide, je lance une machine quand je n’ai plus de petite culotte propre. Les vacances, c’est sac à dos et autostop. Je ne sais jamais où je vais atterrir. J’apprends à mes élèves à être créatifs et originaux. Je peux vous enseigner si vous voulez. »

À ce moment, le médecin entre. Il désinfecte et panse les plaies. Après quelques manipulations de la cheville de Sandy, il lui pose une attèle souple. Une ordonnance et ils peuvent repartir. Pierre lui demande :

« Où habitez-vous ?
- Vous allez vite en besogne dis donc …
- Mais je vais vous déposer avec votre vélo.
- J’avais oublié que vous étiez un gentleman. 12 Rue des Alizées alors. Y a-t-il possibilité d’y parvenir sans renverser quelqu’un ?
- Vous savez, c’est mon premier accident.
- Et il a fallu que cela tombe sur moi ! Je crois au destin et vous ?
- Je ne comprends pas bien …
- Si le destin nous a amenés à nous rencontrer, c’est qu’il y a une raison.
- Je suis cartésien et ne crois pas du tout au hasard.
- Ah, oui ? C’est votre côté comptable. Nous arrivons chez moi. »

Pierre se parque devant la petite maison de rangée peinte en bleu et jaune. Pendant que Sandy ouvre la porte, il sort la bicyclette du coffre et la dépose dans le couloir de l’entrée. Sandy l’invite à boire un verre.

« Mais je suis déjà très en retard.
- Un peu plus ou un peu moins. Ce n’est pas la fin du monde. Faites une entorse à votre train-train pour vous faire pardonner d’avoir été à l’origine de celle de ma cheville.
- Vous êtes déroutante. Bon … j’accepte. Mais quelques minutes. »

Il entre dans le salon encombré de bricoles de toutes sortes, de décorations hétéroclites, de piles de livres, de toiles et de tout l’attirail de l’artiste peintre. Des vêtements sèchent un peu partout. Un vrai capharnaüm.

« Comment arrivez-vous à vivre dans un tel bazar ?
- Quel bazar ? Non, c’est relativement rangé aujourd’hui.
- Là, c’est moi qui pourrais vous enseigner quelque chose.
- Chiche ! Je vous propose un deal. Vous m’apprenez des notions de rangement et d’organisation et je vous enseigne à être plus cool.
- Euh … vous me trouvez coincé ?
- C’est peu dire. Vous êtes seul depuis combien de temps ? »

Pierre rougit en énonçant :

« C’est plutôt personnel.
- Donc cela fait longtemps.
- Comment pouvez-vous le savoir ?
- Intuition féminine. Alors, marché conclu ?
- Je n’ai rien à perdre. Marché conclu. »

A suivre ...



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