Monsieur le professeur.

Date 13-11-2013 22:30:00 | Catégorie : Textes



Il a fallu que toutes ces années aient passé pour qu’enfin je me décide à vous écrire cette lettre.
Je viens ce soir vous dire merci.
Sans doute m’avez-vous oublié, mais à dire vrai, cela n’a pas vraiment d’importance.
Depuis mon adolescence, votre souvenir, lui, ne m’a jamais quitté.
Je me souviens à quel point, secrètement, je vous admirais.
Je me souviens aussi de nos longues discussions philosophiques, mais surtout du regard prometteur que vous posiez sur moi, comme si pour la première fois quelqu’un que j’estimais profondément me trouvait important, ou même intéressant.
Je viens vous dire ce soir qu’en me permettant à l’époque de vivre pleinement quelques heures par semaine, vous m’avez probablement sauvé en me redonnant tout simplement l’envie fondamentale d’apprendre à exister.
L’adolescence est un moment si critique, si délicat parfois…
A présent, je sais précisément ce que je vous dois.
Je me souviens encore que peu de temps après vous avoir confié qu’il m’arrivait parfois de gribouiller quelques poèmes, vous aviez demandé à chaque élève de la classe d’en écrire un, afin de réaliser un recueil. Jamais auparavant, je ne m’étais senti si important ou si vivant. Depuis, un peu comme une thérapie, je n’ai jamais cessé de griffonner des vers.
Aussi, je n’ai rien oublié de nos confidences et de ces quelques mots, que sans doute attendais-je depuis toujours, et que vous aviez su me glisser à l’oreille en cette fin d’année scolaire : « Moi, je serai fier d’avoir un fils tel que toi… ».
Même de la bouche d’un père, qui sont les hommes qui peuvent prétendre un jour avoir entendu des mots semblables à ceux-là ?
Les mots ont le pouvoir de changer bien des destins.
Non, je n’oublie rien de vos conseils, et surtout de ce que je sais aujourd’hui, assurément grâce à vous.
Vous m’avez appris mieux que quiconque à quel point une rencontre peut changer une existence, mais aussi combien une vie peut être importante pour une autre, sans pour autant que l’une, ne puisse un jour, le confier à l’autre.
Avec le temps, j’ai surtout compris qu’un jour, moi aussi, je pourrais assurément redonner cet espoir à d’autres… J’ai appris que l’âme humaine est si fragile parfois, que son destin, tient parfois dans le creux d’une main.
Aussi, j’ai compris que l’on ne peut bien sûr pas aider tout le monde, mais que si chacun décidait d’aider une seule personne, alors nos vies pourraient avoir d’autres saveurs.
Pour autant, je ne suis pas devenu quelqu’un de grand, ou d’incroyablement savant.
Non, je suis devenu un homme ordinaire à qui une petite vie peut suffire.
Je suis simplement vivant, et c’est peut-être là votre œuvre.
Très simplement ce soir, je voulais vous en remercier.




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