Viens Décembre

Date 31-01-2019 22:50:00 | Catégorie : Nouvelles confirmées



Depuis que le ciel s'est habillé de coton frais et d'un voile d'une douceur virginale, on voit s'enrouler les longues mèches de brumes laiteuses irisées qui vont couvrir les dentelles de gouttelettes d'eau des toiles d'araignées, ces décorations opalescentes se balancent dans les haies et les bosquets, elles pendulent lentement soufflées d'une ronce à l'autre.
Nous voici somnolents et sereins, nous entrons avec indolence dans notre rituel état de nonchalance.
L' immuable cycle saisonnier nous rassure indubitablement.
Dans le gris qui nous hypnotise et nous régente, paresseusement, lymphatiques, nous abandonnons, les perfides besognes qui alourdissent nos songes et nous rembrunissent.
Nous allons encore, nous gourmander inutilement.
Sous nos yeux clos allons lentement nous morfondre ou nous languir dans les jardins en sommeil, en exhalant de nos lèvres bleuies des souffles diffus, fugaces nuages de buée.
Nous voici millions de fourmis de toutes couleurs, revenues dans les villes ou venues se terrer, casanières, sous la pierre et les tuiles des hameaux enfumés par les hautes cheminées.
Les plages déshabillées de leurs châteaux de plastique gonflable ont retrouvé leur vérité originelle, le sable jaune et froid ruisselle de mille canaux et ridules, il vomit la foule indésirable de gadgets et mégots dans un bienfaisant vomissement libératoire.
Sur les bancs de bois des écoles, les joues sont rouges et les têtes ont vu revenir les poux.
Dans les bois et forêts les nids sont fermés, lapins, écureuils et musaraignes ont creusés leurs trous.
Les armées de ceps, impeccables silhouettes grises, sont alignés au garde à vous dans les vignes.
Leurs légions sous les zébrures du ciel bas, gardent l'horizon en formant une multitude de longues lignes.
Les châtaignes ont explosé leurs bogues brunes sur le sol tendre gorgé d'eau et s'enfoncent avec aisance dans l'abondance de feuilles qui fondent les bruns dans le vermillon.
La précieuse moisissure fait à nos narines, offrande d'effluves, de fragrances aromatiques, de vie fertile à venir, de terre mouillée, de végétation.
Laine brute, soie douce et fibre angora font barrage aux frissons des peaux hâves et chétives.
Le havre de bonheur sera dans l'âtre, dans les couettes, dans un livre, ou sous le halo de la lampe, fameux soleil d'hiver, pendant que resteront dehors, frimas, crachin que la bruine ravive.
Sous la terre dure et blanche de froidure, en secret, germe inanimée dans le silence, l'exubérante énergie d'émeraude, l'ardeur de la floraison, vitalité d'extase impérissable.
Décembre à ouvert la porte à l'hiver.
Janvier décolore les forêts.
Et Février offrira le mimosa

Novembre 2013 Lydia Maleville




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