Soirée d'Afrique

Date 09-08-2021 14:00:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


Republication pour le nouvel arrivant Agtod
Soirée d' Afrique

Feulements et cris d'oiseaux,
Percent l'Air mauve qui tremble.
Le ciel à L'arc en ciel ressemble
Où descend,
Glisse, l'astre orange.
Son baiser sur les toits de paille,
Et doucement,
Les briques de terre s'enflamment.
Le chant criard des femmes
S'approche, puis s'éloigne
Par leur marche cadencée.
Sur la pauvre terre brune,
Herbier de brousse brûlée,
Qui trop souvent fume,
Par l'ennemi sahélien menacée.

La hutte ronde, douce matrice
Est Coiffée de sa huppe malice
Les hauts et droits papayers,
Brun, ocre,
Rouge et or,
Vermeil, encens,
jaune orangé, ambré,
Terre de sienne,
Des bleus au violet,
Sous le camaïeu de rose,
Wusalan,
Fragrances de délices,
Savon noir sur les peaux des belles,
Jasmin, passiflore et épices,
Pour toutes celles
Dont les attraits vont luire.
Et comme une came,
Rendront fou de désir.
Huiles et feuilles de palme
Pour séduire,
Essences de beauté,
Pour s'enduire et jouir
Musc, parfum sucré,
Et la noix de karité.

Derrière le manioc, les gombos
Les plants de crônes, et d'ignames,
Fleurissent les fleurs blanches
Des caféiers
Si parfumés,
Qu'ils violonent nos âmes.
Entre les généreux bananiers,
Hibiscus, bougainvilliers,
Tous splendides.
Et sur le sol en tranche,
Mousse à l'odeur fétide,
Une tâche de chair orangée,
Comme une revanche,
De la papaye oubliée.
Le flamboyant écarlate
Sur la brousse est incendie,
Divine fleur du paradis.
Abrite l'oiseau d' agate.
L'arbre immense,
Magique merveille,
Protecteur, arrondi ses branches
Et pleure en nuées légères,
Ses pétales de sang vermeil.
Incarnat de verre,
Jonchent le sol et s'épanchent.

Dans la sérénité du soir,
La brousse s'apaise au loin
Avant que ne vienne le noir.
Ils sont tous assemblés avec soin.
Les corps musclés, et glabres,
Les cheveux teints,
Tous sont, sous l'arbre à palabres,
Le griot prépare demain.
Le grand balanzan les accueille
Sous le toit de feuilles,
Où l'ancien de son pouvoir
Passe le témoin.
Son corps parcheminé,
Porte les traces bleutées
De sa caste de Diatigui.
Sur sa peau fripée,
Que le temps n'a pas alanguie,
Les encres du tatouage,
Témoignent de sa valeur,
De son âge..
Assis devant les bras en rayons
De l'arbre du voyageur
Qui derrière, lui fait le don
D'un trône de feuillage,
Et le couronne de ses palmes
Qui frémissent et l'entourent,
D'honneur et de calme.

Tous font cercle autour de lui,
De sa silhouette royale,
L'ancien porte, sa caste, sa vie,
Il est nyamakala
Il est descendant de Sundjata keita.
Il tient le fil d'hier,
Droit, sans orgueil, juste fier.
De demain Il prépare le savoir,
Sous l'arbre ami chaque soir.
Il tient le chant, la musique, la parole,
Le louangeur tient planté dans le sol.
Dans son four de glaise
Le feu qui éclaire et s'apaise.
Anime les visages bruns.
Sur l'horizon assombri
Se découpe magistrale
La silhouette noircie
Du grand Baobab béni.
Le Dieu fatal
Garde à son pied, ensevelis
Les crânes des griots,
Des Djélis.


Loriane Lydia Maleville.


Écrit le 4/8/1999
1er prix en 2001 et 2005
publication sur L'ORée 30 /8/ 2013



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