Le pont de Malterre

Date 08-05-2012 10:00:00 | Catégorie : Poèmes confirmés




Le pont de Malterre

Tends ta main petit frère
Tes pieds fermes sur la pierre
Tu vacilles d'avant en arrière
Accroche bien mes doigts et serre.

A coté,
Sous le saule abritée
Maman fait chanter
Dans ses mains serrées
De grandes herbes coupées.

De roche en roche millénaire
Nous traversons la rivière
En saut sur l'eau froide et claire
Entre l'ombre et la lumière.

A coté,
Sur l'herbe couchée
Maman s'est étirée,
Dans le trèfle violet
Et les reines des près.

Dans les prés sonne une bélière
L'eau est vive sous les fougères,
Sur le gué sautons l'allure fière
Car l'humble flot semble cratère.

A coté,
Sur la prairie parfumée
Maman baille sa volupté
Dans le foin étalé
Et la menthe écrasée.

Les araignées d'eau si légères
Dans le lent tourbillon glaciaire
Glissent sur l'onde pure mystère
Alignées tels les grains d'un rosaire.

A côté,
Son chapeau sur le nez
Maman les paupières fermées
De sauterelles entourée,
A rejoint Morphée.

Les hauts peupliers pour lisière
Limpide, pure comme le verre
Roule en chantant l'eau sourcière.
Sur son lit que la rive enserre.

A coté,
Sur sa couverture allongée
Maman vient de rêver
Elle s'est retournée
Son souffle est léger.

Nénuphars, truites, ou vipères
Glissent ondulent dans leurs repaires
Ombres furtives messagères
Gris tremblotants, troubles oculaires.

A coté,
Le temps a passé
Maman est réveillée
Elle s'accoude et rêve
A demie allongée.

Sur la berge les salicaires
Sont le refuge des éphémères
La libellule gracile sert
De bijou aux saponaires.

A côté,
Le soleil à brûlé
Maman va se protéger,
Elle veut bronzer
De la crème sur le nez.

Caché dans l'armoise grégaire
Notre nudité est entière
Dans les prêles surnuméraires
L'arbre à papillon, la gravière

A coté,
L'ombre s'est allongée
Maman s'est levée.
Le soleil est orangé
Elle va tout replier.

Les pyramides de foin obèrent
Coupent, les rayons de lumière.
L'ombre du soir plonge sur terre,
Nous ramène à l'heure des prières.

A coté
Les silhouettes sont bleutées
Maman a appelé
Elle a frissonné
Le grand sac est fermé

Au loin le tertre et son Belvédère,
Remontons vers notre tanière.
Nos pieds lourds de jeux, de chimères,
Suivent le chemin vers la chaumière.

A côté,
La fraicheur gagne les grands près
Maman est pressée
Elle avance sans parler
Le brouillard s'est levé.

Nos pas dans les ornières,
Dans l'ombre soudain sévère,
Cailloux de la terre truffière,
Roulent sur la sente bergère.

A côté
Plus haut l'air est réchauffé
Maman chante pour marcher
Nous avançons sur la montée
Griffés par les genévriers

Ton écharpe en Lavallière,
Viens, donne ta main petit frère.
Une branche pour rapière
Nous quittons le pont de Malterre

Lydia Maleville




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