Extrait "vague à l'âme"

Date 02-02-2015 14:40:00 | Catégorie : Poèmes confirmés


La marée,

(…)
Mes pieds nus laissent des traces humides sur le sable ocre, gris et collant : ils s’enfoncent dans les sillons ondulés parsemés de morceaux d’algues, de coquillages et de cailloux blancs et noirs. Des mousses d’écume séchées par le vent s’accrochent en colonie aux moindres aspérités.
Un soleil d’hiver frisant se reflète sur une eau en miroir. Un vol de mouettes s’envole. Elles reviennent vers le rivage en luttant contre les douces rafales marines. On dirait que l’océan est pressé de rejoindre ses pénates et sa demi-lune de grève qui l’accueille à chaque marée montante. A cet endroit de la côte, la haute mer revient au galop. De petites vaguelettes se forment, poussées par une brise de mer, fraîche et légère. La lumière a changé. Au loin, sur l’horizon, la ligne bleue qui barrait le ciel s’est transformée en un gris translucide.
Sur la plage, les derniers et rares promeneurs remontent vers le rivage et les dunes protectrices. Les rochers clairsemés sur le sable retiennent encore un instant l’eau et l’écume, avant d’être submergés et disparaître un à un par le ressac syncopé de l’océan.
Les bateaux qui étaient posés sur le flanc se redressent peu à peu, et leurs bouées retenues à leur chaîne, flottent à nouveau et se balancent sur la houle qui danse. On entend le cliquetis des câbles de leur mâture chanter dans le vent.
La marée s’accélère, et le paysage n’est déjà plus le même : à droite, les vagues claquent sur le soubassement rocheux de la jetée, se repoussent et s’entremêlent dans une dentelle de flocons disparates.
Les embruns venus du large et du port tout proche picotent les visages et transportent les odeurs mélangées, puissantes et iodées.
Je remonte par les escaliers qui mènent au sémaphore : à mes pieds les rouleaux d’écume à peine formés se disloquent et se mélangent. L’eau brune ne laisse maintenant apparaître qu’une étroite langue de sable survolée en vols désordonnés par les oiseaux criards.
L’après-midi s’achève, et la clarté du jour s’estompe et s’accroche aux tamaris avant de décliner brutalement. En un instant l’ombre a remplacé le jour.
(…)

Extrait « Vague à l’âme – 2014 »

Cuga





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