Pourrons nous réellement déjeuner?

Date 19-04-2015 22:18:16 | Catégorie : Nouvelles confirmées


Cette nouvelle est la réponse au défi proposé par Couscous le 18 avril 2015 :

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Cette année-là, pendant le week end du 14 juillet, je me décide à faire l’ascension d’une montagne que je n’avais encore jamais faite, le Pic Canigou dans les Pyrénées 0rientales, avec le désir de pouvoir admirer, par beau temps, sans doute la plus belle vue sur la Méditerranée. Je règle tous les détails de mon séjour que je partage avec la dame de mes pensées, ma femme. Je me dis qu’après l’effort de l’ascension, il nous faudra le réconfort d’une chambre confortable et de bons repas. Aussi je me décide à réserver une chambre pour la nuit du 15 au 16 juillet, dans un hôtel restaurant trois étoiles de Vernet Les Bains, au pied du Canigou.

Nous décidons de passer la journée du 14 juillet dans un lieu exceptionnel, au pied du Pic, l’abbaye de Saint Martin-du-Canigou, cadre sauvage et éblouissant, entouré de falaises et de canyons. Dans les faits, cette journée est consacrée au sommeil car nous entreprenons l’ascension du Pic Canigou pendant la nuit.
La nuit est longue avant d’atteindre le sommet du pic, en passant par le col de Segates et le refuge Arago. L’aboutissement de notre périple est un enchantement, avec le lever de soleil sur la Méditerranée. Nous croyons entrapercevoir Marseille. Au sommet du pic, la roche, les quelques rares fleurs, le ciel bleu de l’aube et la terre chantent nos émois.

Le matin du 15 juillet, la descente du pic est périlleuse. Nous récupérons notre voiture à l’abbaye de Saint Martin, et, épuisés, nous décidons de déposer nos affaires à l’hôtel et d’y déjeuner.
Si l’ascension du Pic Canigou fut une aventure, ce déjeuner en est une autre, d’une autre nature.
A treize heures, nous nous installons sur la terrasse, à une table, sous une pergola, avec un point de vue somptueux sur les montagnes pyrénéennes, parmi lesquelles nous croyons distinguer le Pic Canigou, sans certitude.
Le maître d’hôtel nous apporte la carte, bien modeste à notre goût, avec une offre limitée.
Malgré cela, avec une grande prudence, nous retenons, l’un et l’autre, la même entrée, une salade composée aux noix de Saint Jacques et un lapin à la tapenade. Nous optons pour une eau minérale d’Arcens et deux verres de Petit Chablis.
Le Maître d’Hôtel arrive à notre table :

- Madame, Monsieur, avez vous fait votre choix ?

Ma femme répond oui de la tête et je passe donc commande de ce que nous avions retenu. Nous voyons le maître d’hôtel devenir gêné. Il nous dit :

- Nous n’avons plus de noix de Saint Jacques ; mais soyez rassurés, nous avons bien de la salade composée !
- -Je le suis, lui répondis-je. Pensez vous qu’il serait possible de nous ajouter des œufs durs, qui ne semblent pas prévus dans la salade composée de votre carte, car nous avons une grande faim. Nous venons de faire l’ascension du mont Canigou.
- Ah, je suis désolé, Madame, Monsieur, nous n’avons plus d’œufs.
- Nous prendrons donc la salade composée sans œufs.
- Et pour la suite, que pensez vous prendre, nous demande le maître d’hôtel.
- Nous avons pris le même plat, ma femme et moi, un lapin à la tapenade.
- Je suis vraiment désolé,…Il vous faudra patienter car nous attendons une livraison de lapins et nous n’avons aucun lapin en cours de cuisson.
- Ah quelle heure pensez vous que vos lapins arriveront dans vos marmites. Rassurez moi, ils ne sont pas encore dans la garenne, à moins que cela ne soit dans la garigue !

Le maître d’hôtel s’éloigne un peu fâché et court dans la cuisine sans doute pour vérifier l’arrivée desdits lapins.
- Jacques, tu n’as pas été très gentil avec lui. Tu as été ironique, me dit ma femme.
- Reconnais que c’est déroutant de proposer des produits sur une carte et de ne pas être en capacité de nous les servir !

On entend alors des invectives venir de la cuisine. Au milieu de quelques injures à base de noms d’oiseaux, nous comprenons qu’aucun lapin ne viendra. Je vous avouerai volontiers que nous avons songé, à ce moment, prendre la poudre d’escampette. Le retour du maître d’hôtel eut raison de notre indécision.

Il revient à notre table :
- Je crois préférable que vous choisissiez un autre plat !
- Eh bien, nous avons repéré sur votre carte un poulet au curry. Nous prendrons l’un et l’autre, ce plat.

Le maître d’hôtel le note sur son carnet de prise de commande. Nous le trouvons soucieux, sans nous inquiéter davantage.
Nous sommes rassurés car nous voyons nos deux salades composées arriver ainsi que notre eau minérale, mais sans le chablis. Nous décidons de ne pas insister au sujet du chablis.
L’appétit a raison de nous et nous nous jetons sur les deux salades. Alors qu’elles n’étaient pas encore tout à fait terminées, le maître d’hôtel revient vers nous et nous annonce qu’il n’y aura pas de poulet, non plus. Je lui demande si nous pouvons au moins compter sur le chablis. Timidement, il nous dit que non.

Très contrarié, je lui demande de revenir avec la carte. J’avais repéré sur ladite carte un beau plateau de fromage.
- Pouvons nous avoir le plateau de fromages, s’il vous plait.
- Préférez vous tel out tel fromage ou un assortiment de fromages ?
- Venez avec tout votre plateau de fromages, s’il vous plait !

A cet instant, nous nous sommes regardés, l’un et l’autre, avec malice. Nous nous souvenions de ce restaurant à Beaune qui proposait un repas seulement à base de fromages.
Nous trouvons l’idée excellente et, dans la demi heure qui suit, nous jetons un sort audit plateau de fromages. Sont passés sur nos palais en attente de saveurs, le comté, le Saint Nectaire, le Chaource, la Tomme de Barousse, et autres crottins de chèvre.

La surprise du maître d’hôtel est totale lorsqu’il retrouve le plateau de fromages quasiment vide. De notre côté, nous sommes repus.
Nous réglons l’addition du repas sans prendre de dessert, en imaginant une sortie rapide de cet hôtel restaurant, traquenard. Après quoi nous pensons qu’il serait heureux de faire une longue sieste dans notre chambre qui nous avait été promise à midi, et là, quelle ne fut pas notre surprise, elle n’était pas faite alors que les deux heures de l’après midi avaient déjà sonné. Là encore, ils étaient en attente d’une livraison de draps propres.

Nous rejoignons le bord de la piscine pour y faire une longue sieste.
Autant vous avouer, que ce soir là, nous sommes allés dîner ailleurs, en bord de mer, à Leucate. Et le lendemain, nous avons quitté l’hôtel, sans prendre le petit déjeuner.
Depuis le jour de cette histoire, amie lectrice, ami lecteur qui est vraie, je ne m’assure plus seulement de la qualité de la literie des lits proposés, de l’offre des cartes mais des conditions d’organisation des hôtels restaurants où je réserve des chambres.




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