D'être aussi peu, d'être aussi mal...

Date 06-08-2012 17:10:00 | Catégorie : Nouvelles


« Qu’il m’aurait été paisible de croire en Dieu.
A mon avis, tout doit sembler bien plus beau. Cela doit être apaisant que de croire ou de se référer aux paroles et volontés des Dieux, toutes écrites bien sûr, par la main des hommes…
J’aurai beaucoup aimé pouvoir nourrir ma conscience de toutes ces fausses naïvetés, celles qui permettent depuis si longtemps d’asservir les femmes et les pauvres, d’engendrer tant de différences et toujours d’opposer les peuples.
Oui, c’est bien de cela dont il s’agit, j’aurai voulu me soumettre à toutes ces ingénuités qui consentent à répondre à tous les mystères de l’univers, à toutes nos questions existentielles. Plus besoin de s’en faire, après tout, la vie n’est qu’une succession d’épreuves bien méritées, et la mort, ce détail embarrassant, n’a plus lieu d’être ; certains croyants l’ont éludé en l’affublant d’une éternité souveraine, pour en faire au final, un passage salvateur.
Qu’un Dieu puisse me venir en aide, moi qui n’ai pour me consoler que mes croyances en des hasards et des mystères.
Moi, je demeure ici-bas, en pensant que donner un sens à tout n’est pas du ressort de l’Homme. Il n’en a pas les compétences.

De ma petitesse, et avec mon sentiment de ne pas être indispensable à l’univers, je contemple mes semblables donner de l’importance à ce qui n’en a pas. Je les observe se remplir et se complaire entre matières et foi en eux.
Assourdi dans mes mystères, je voudrais pouvoir faire de même, mais je manque de Hauteur, de spiritualité. Au fond, je crains que mon animalité soit chez moi plus omniprésente que chez d’autres.
Je me laisse gouverner par des instincts primaires et des besoins élémentaires. Le règne animal fait sans doute preuve d’une plus grande intelligence que le notre.
Pourtant, pour moi, c’est le règne végétal qui a toujours le plus suscité mon admiration ; au plus souvent si paisible et pacifique, il semble même ne pas avoir besoin d’Amour pour s’épanouir ou se réaliser.
Comme les plantes ou les animaux, je voudrais me résoudre naturellement à suivre naïvement le rythme des saisons.
Je pourrais me contenter de ressentir notre Terre osciller autour du soleil, de contempler l’été qui bascule quand les blés sont coupés, me laisser vaciller dans les bras d’un automne annoncé. Que la vie serait douce…
Chaque jour, il faudrait se satisfaire d’être là. Quelle aubaine d’être en vie !

Il en aura fallut de la chance et du hasard pour que la vie puisse proliférer à ce point sur notre planète.
Et nous, petits points minuscules, insignifiants dans l’univers, que faisons-nous de cette chance ?
Nous, arrogants de suffisances et d’orgueil, nous passons notre temps à nier notre impermanence, notre vulnérabilité ou notre inconsistance…
Tout en construisant ce monde inconscient et chimérique, nous passons nos vies à nous infatuer de nous-mêmes,
Serait-il si difficile de reconnaître et d’admettre enfin l’absurdité de la vie ?
Serait-il si compliqué à comprendre que de vouloir laisser une trace ou une empreinte à tout prix n’est pas pourvu de sens, puisqu’au final il n’en restera rien ?
Les lois de l’évolution ne sont-elles pas de voir disparaître tous les écosystèmes lorsqu’ils sont à leur paroxysme ? Ces lois ne sont-elles pas valables pour l’espèce humaine qui pourtant se croît au-dessus de tout ?
L’Homme finira bien par s’autodétruire ; il semble avoir bien commencé…
Et quand bien même, s’il n’y parvenait pas, il lui suffirait d’attendre très patiemment que le soleil s’éteigne enfin.

Ainsi, au lieu de passer mon temps à louer le hasard, ou remercier l’entité des mystères de la vie, je me désole et maudis la chance d’être là, piégé entre la cruauté des hommes et la force qui les poussent à se sentir invincibles, puissants, méprisants et éternels.
En serait-il de même si nous comprenions enfin ces concepts d’Eternité et d’Immensité ?
Nous, si petits, si fébriles de naître aussi peu, il n’est que la douleur et la perte pour nous faire toucher à l’immensité, ou approcher l’éternité.

Cette douleur naît sans doute de notre conscience d’Etre aussi peu, et que cela, puisse nous faire aussi mal…

Qu’il m'aurait été bon de croire en Dieu, moi, qui n'ai pu croire en l’Homme. »






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