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De Montpellier
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le 16 Juin 1970 meurt Elsa Triolet de son vrai nom Ella Kagan.
Egérie de poètes, dont Maïakowski elle deviendra l'inséparable compagne de Louis Aragon. Elle est une femme de lettres et résistante française d'origine russe née le 12 septembre 1896 à Moscou, décédée le 16 juin 1970 à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Elle est également connue sous le pseudonyme de Laurent Daniel
Elsa Triolet (Ella Iourevna Kagan de son vrai nom puis Triolet nom de son premier mari, nom qu'elle gardera toute sa vie, est née à Moscou le 12 septembre 1896.
De famille bourgeoise, elle est fille de Elena Youlevna Berman, une pianiste de grand talent, sans être musicienne professionnelle et de l'avocat juif Youri Alexandrovitch Kagan qui s'était spécialisé dans des contrats d'artistes et d'écrivains. Elle a pour sœur aînée Lili Brik, dont elle est très jalouse, mais qu'elle admire en même temps. Elle fréquente très jeune les milieux intellectuels de la capitale russe. Elle commence à apprendre le français à six ans et à tenir un journal intime à douze. À partir de ses souvenirs d'enfance, elle écrit son premier roman en russe : "Fraise des Bois" qui est le surnom qu'on lui donnait quand elle était enfant, livre publié en 1926, Il y traduit largement le sentiment d'avoir été mal-aimée par ses parents. sa soeur, Lili rejoindra en 1905 la Révolution russe et c'est notamment par elle qu'Elsa et Louis Aragon auront des contacts communistes en URSS, car tout naturellement durant leurs séjours en URSS, le couple Elsa-Aragon était hébergé chez Lili. Elsa est l’amie d'enfance du linguiste Roman Jakobson qui tomba amoureux d'elle. Elle commence son journal en français en 1909.
Elle rencontre en 1911 le poète russe Maïakowski qu’elle présente à sa soeur cadette, et qui deviendra le compagnon de Lili Brick en 1915. Sa beauté, son charme et son intelligence font d’elle une sorte de muse d’un groupe d’écrivains : le 'groupe futuriste'. Elsa se découvre une passion pour la poésie qui lui fera fréquenter assidûment les cafés le soir, après ses cours à l'école d'architecture, dans un cercle littéraire autour de la figure charismatique de Maïakovski.
De 1913 à 1918, elle étudie l’architecture. A la veille de la Révolution, en 1916, des difficultés financières surviennent et Ella doit travailler en usine, tout en continuant à suivre ses études. Elle rencontre le français André Trioletqui appartient à la mission militaire française en Russie en 1917 et quitte la Russie en 1918 (à la fois pour oublier Maïakowski et fuir la rigueur de l’époque), pour l’épouser en 1919 à Paris.
Ils partent à Tahiti en octobre 1919 où ils envisagent d’acheter une plantation. Mais leurs relations bientôt se dégradent et Ella reçoit une proposition de mariage de Roman Jakobson, puis se séparent en 1921. Ce voyage inspire son premier roman écrit en russe A Tahiti en 1926. Deux autres suivent : Fraise des bois la même année et Camouflage en 1928.
Fin 1920, Elsa rejoint sa mère à Londres et est engagée par un architecte.
En 1922, elle se rends à Berlin où Elsa retrouve sa soeur Lili, Maïakovsky, Brik, Chklovski et Jakobson. En 1923, Victor Chlovski publie ZOO, roman qui intègre des lettres d’Elsa. Elle rencontre avec Gorki qui l’invite à écrire.
En 1924, elle s’installe à Paris, à Montparnasse à l’hôtel Istria. Elle y accueille Maïakovsky et lui sert d’interprète.
De 1925 Ã 1926, elle se lie avec Marc Chadourne.
Elle rencontre Louis Aragon le 6 novembre 1928 à Paris à La Coupole grâce à Roland Tual, un ami surréaliste. Elle devient sa muse. Elsa s’est faite accompagner par Vladimir Pozner. La vie commune d’Elsa et d’Aragon commence le soir même à l’hôtel Istria.. Dès lors leur deux vies sont inséparables. A la fois compagne et inspiratrice du poète (il écrit pour elle Les yeux d’Elsa en 1942), membre comme lui du parti communiste, elle entend bâtir son oeuvre propre qui constitue cependant une sorte de réponse à celle d’Aragon. Les revenus littéraires d’Aragon ne suffisent pas à alimenter la marmite. Elsa dessine et fabrique des colliers que Louis vend aux grands couturiers. elle traduit également des auteurs russes et français. Elle commence à écrire un premier roman en français, "Bonsoir Thérèse", en 1938. En 1932-33, Elsa en fait un livre : Colliers, qui est sa dernière œuvre en russe. Sa publication en URSS apparaît impossible sans de larges amputations. Elsa écrira donc son prochain livre en français, ce qui aura pour autre avantage qu’Aragon pourra le lire. Après le suicide de Maïakovski (avril 1930), le couple part retrouver Lili Brik, la soeur d’Elsa, à Moscou. Elsa fait inviter Aragon et Sadoul au Congrès de Karkhov où la France n’était pas représentée. Cette participation et ses suites entraîneront la rupture d’Aragon avec les surréalistes.
A la mi-juin 1932, le couple s’installe à Moscou et vit avec peu de moyens à l’hôtel Lux. En août, ils voyagent dans l’Oural. En février, parution en extraits de Colliers d’Elsa Triolet (en russe). En décembre 1934, paraît aux Editions d’Etat le Voyage au bout de la nuit (1933 en France), traduit par Elsa. Elle traduit également Mon Paris d’Ehrenbourg, fait des reportages et débute dans le journalisme de mode. Elsa traduit également en russe des romans d’Aragon : Les Cloches de Bâle (1934), Les Beaux quartiers (1936).
Ces voyages en URSS, est pour Elsa c’est l’occasion de retrouver son pays, sa langue et sa famille, quitte à ce qu’Aragon s’éloigne des surréalistes et prenne de plus en plus de poids au sein du parti communiste français auquel il a adhéré en 1927 et auquel elle n’adhèrera jamais. Elsa et Aragon deviennent des médiateurs de la poésie et de la littérature soviétique en France. Elsa épouse Aragon le 28 février 1939. Elle entre avec lui dans la Résistance, dans la zone Sud, à Lyon et dans la Drôme notamment et elle contribue à faire paraître et à diffuser les journaux "La Drôme en armes et Les Étoiles".
Appartenant au comité directeur du Comité national des écrivains (CNE), elle s’attache à promouvoir la lecture et la vente de livres dans les années cinquante. L’éclatement de la seconde guerre mondiale et la défaite française de juin 1940 contraint le couple à se déplacer vers le sud de la France, vers Nice où se trouvent également de nombreux auteurs et artistes comme Henri Matisse puis dans la Drômeà Saint-Donat où ils se cachent sous le nom de Monsieur et Madame Andrieux. C’est une période de réclusion, de persécution, il faut savoir que Elsa Triolet est recherchée parce qu’elle est juive, de combat, mais aussi d’écriture.
La période de la guerre lui inspire le roman "L’Inspecteur des ruines", "puis la menace atomique", "au temps de la guerre froide", "Le Cheval roux".
Elle voyage beaucoup dans les pays socialistes avec Aragon, mais, si elle a conscience de l’antisémitisme qui atteint sa sœur et des crimes qui sont commis en Union soviétique, notamment, le compagnon de Lili Brik, sa soeur, , le général Vitaliy Primakov, est exécuté par le régime stalinien, elle ne fait aucune déclaration publique sur ces événements.
Elle continue à écrire : le roman Le Cheval blanc et des nouvelles publiées aux Éditions de Minuit. Réunies sous le titre "Le premier accroc coûte 200 francs", cette phrase dite sur la radio et qui annonçait le débarquement en Provence, ces nouvelles obtiennent le prix Goncourt 1945 au titre de l'année 1944. Elsa Triolet est ainsi la première femme a obtenir ce prix littéraire. Elle assiste en 1946 au procès de Nuremberg sur lequel elle écrit un reportage dans Les Lettres françaises.
Le cheval blanc en 1943 montre la recherche d’un bonheur insaisissable. Les amants d’Avignon, paru d’abord clandestinement sous le pseudonyme de Laurent Daniel, en 1943, retranscrivent de façon directe l’expérience de la résistance. Réuni avec un autre récit,Yvette publié aussi dans la clandestinité, ils constituent le volume Le premier accroc coûte deux cents francs qui obtient le prix Goncourt en 1944.
Elle participe à la fondation des Lettres Françaises et du Comité National des Ecrivains pour la zone sud en 1943. Très active au sein du Comité National des Ecrivains, dont elle incarne l’esprit, Elsa Triolet enchaîne par ailleurs les voyages en Europe Centrale.
En 1948, elle se lance dans "La bataille du livre" et obtient la création d’un Comité du Livre qui sera placé sous la présidence de Georges Duhamel. Elle publiera en octobre L’Ecrivain et le livre ou la suite dans les idées, recueil de ses articles et conférences de l’année 1947. Elle devient la secrétaire générale du CNE à la fin du mois d’octobre 1948.
Elsa publie régulièrement dans les Lettres françaises des articles de critique théâtrale, continue de se battre pour la survie du livre et prête une grande attention aux jeunes poètes inconnus : 1950 verra la naissance du 'Groupe des jeunes poètes' au sein du CNE. L’aisance financière aidant, Elsa achète le Moulin de Villeneuve à Saint-Arnoult en Yvelines.
En 1952, elle poursuit ses travaux de traduction, Le Portrait de Gogol. La même année, après le succès de la grande Vente annuelle des Livres du CNE et dans le prolongement de son engagement pour la Paix, Elsa lance l’idée d’un Comité Mondial des écrivains pour la résistance à la guerre et défend activement les époux Rosenberg.
Le 5 mars 1953, elle subit évidemment comme Aragon la douloureuse affaire du portrait de Staline (Picasso) publié en première page des Lettres Françaises après la mort du 'Petit Père des Peuples'. Quelques mois plus tard, elle publie Le Cheval roux ou les intentions humaines et poursuit sa traduction de l’oeuvre théâtrale de Tchekhov et publie dans des revues littéraires soviétiques des articles sur Jean Vilar et Jean-Louis Barrault.
1956, c’est l’année de la publication du Rendez-vous des étrangers chez Gallimard. Un an plus tard, c’est Le Monument. Elle n’oublie pas ses origines russes et traduit un choix de vers et proses de 1913 à 1930 de Maïakowski.
Elle exprimera seulement sa critique du stalinisme en 1957 dans Le Monument. Elle démissionne la même année du comité directeur du CNE, puis écrit les trois romans du cycle L’Âge de Nylon. 1959, Roses à Crédit (L’âge de Nylon I), Luna-Park (L’âge de Nylon II). En 1960 commence la publication des oeuvres croisées d’Aragon et d’Elsa Triolet tandis qu’un an plus tard, le poète publie un choix des meilleures pages de sa compagne : Elsa Triolet choisie par Aragon. ' "L’écriture, la plus noble conquête de l’homme" ; "le roman intermédiaire entre l’homme et la vie". Cette maxime, extraite des proverbes d’Elsa permet de définir le projet littéraire d’Elsa Triolet : l’auteur se veut en prise directe sur son temps. Elle écrit pour ses contemporains et leur pose, clairement le problème de ce qu’ils vivent aujourd’hui et ce qu’ils doivent faire pour améliorer leurs lendemains. Il ne s’agit cependant pas d’une littérature de propagande. Elsa Triolet ne renonce à aucun des privilèges de l’écriture et elle peut aussi bien faire appel au fantastique qu’aux mystères métaphysiques du temps, de l’amour et de la mort. Le grand problème qu’elle pose de livre en livre est celui du bonheur : chacun de ses personnage est mû par sa recherche douloureuse, impossible. La romancière prêche pourtant l’espoir. Elle affirme que le bonheur est à portée d’homme à condition d’ouvrir les yeux sur le monde et de vouloir le transformer. C’est en ce sens qu’elle est écrivain militant. Elle affirme d’ailleurs : 'Les bons sentiments ne font pas de bons livres, je sais ça par coeur, mais les bons sentiments ne font pas forcément de mauvais livres.
En 1961, Elsa Triolet subit une intervention chirurgicale qui la laissera très affaiblie. En 1962, elle publie Manigances, journal d’une égoïste et défend bientôt Une journée d’Ivan Denissovitch de Soljenitsyne dans Les Lettres françaises. En 1963, elle publie L’âme, troisième volet de L’Age de Nylon et débute les travaux sur Les Oeuvres Romanesques Croisées. Elle intervient activement en 1963 pour faire traduire et paraître en France le roman d’Alexandre Soljénitsyne Une journée d’Ivan Denissovitch. En 1965, juste avant qu’Aragon ne publie La Mise à mort, Elsa Triolet fait paraître Le Grand Jamais chez Gallimard. En 1966, diffusion d’Elsa, la rose d’Agnès Varda. La façon dont la biographie de Vladimir Maïakovski était falsifiée en Union soviétique est une des raisons qui l’entraîne à écrire les romans Le Grand Jamais (1965) et Écoutez-voir (1968). Un an plus tard, nouvel hommage dans une émission de télévision où le couple est invité. Les événements de Mai 1968 la trouvent en plein combat pour la 'vérité historique' et la paix au Viet-Nam. Publication la même année d’Ecoutez-voir chez Gallimard. En 1969, elle soutient Sakharov et se bat pour qu’on n’exclue pas Soljenitsine de l’Union des Ecrivains Soviétiques. Elle publie La Mise en mots chez Skira. En janvier 1970, elle publie Le Rossignol se tait à l’aube et un dernier article dans Les Lettres françaises en février. Le 16 juin, Elsa, qui a décidé de cesser de souffrir, meurt d’une crise cardiaque au Moulin de Saint-Arnoult. Son cercueil sera exposé dans le hall de L’Humanité puis déposé dans le tombeau du Moulin de Villeneuve. La totalité de ses lettres, manuscrits et documents personnels, est léguée au CNRS par Louis Aragon.
Elle repose aux côtés d’Aragon, dans le parc de six hectares entourant ce vieux moulin. Sur leurs tombes, on peut lire cette phrase d’Elsa Triolet : « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l'alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. ELSA »
À sa mort, une tour de la Cité du Coq de Jemmapes (entité de Mons) portera son nom. L'autre étant appelée flora tristan.
Oeuvres
À Tahiti (1925) en langue russe, traduit en français par Elsa Triolet en 1964. Fraise des bois (1926) en langue russe Camouflage (1928) en langue russe Bonsoir Thérèse (1938) Maïakovski (1939) Monstre 42, Poésie 42 n° 2, Seghers, 1942 Clair de lune, Poésie 42 n° 4, Seghers, 1942 Mille regrets (1942) Le Cheval blanc, Denoël, 1943 Les Amants d'Avignon. Publié sous le nom de Laurent Daniel, qui était son pseudonyme, en clandestinité, par les Editions de Minuit, 1943. Qui est cet étranger qui n'est pas d'ici ? ou le mythe de la Baronne Mélanie, Éditions Seghers, 1944 Le premier accroc coûte 200 francs (1944) Prix Goncourt en 1944 Personne ne m'aime (1946) Les Fantômes armés (1947) L'Inspecteur des ruines (1948) Le Cheval roux ou les Intentions humaines (1953) L'Histoire d'Anton Tchekhov (1954) Le Rendez-vous des étrangers (1956) Le Monument (1957) Roses à crédit (1959) Luna-Park (1959) Les Manigances (1961) L'Âme (1962) Le Grand Jamais (1965) Écoutez-voir (1968) La Mise en mots (1969) Le Rossignol se tait à l'aube (1970)
Liens : Regarder :
http://youtu.be/Zv0R8pg1DK8 Interview d'Elsa Triolet http://youtu.be/aAkSXcMuPjU parc et sépultures d'Elsa triolet http://youtu.be/UZYviXt9RSk Elsa Tiolet et Louis Aragon http://youtu.be/h6bjqPwKn4k Louis Aragon et Elsa Triolet http://youtu.be/v6TIY9bz5TI interview d' Elsa Triolet http://youtu.be/RUpmWbRFHFM interview de Elsa Triolet sur la création
Ecouter :
http://youtu.be/PLb_21WUWIo poème pour Elsa (chant) http://youtu.be/fLL1dfDvGhw Aimer à perdre la raison (J.Ferrat) http://youtu.be/ihNgbmTNtMI Que serais-je sans toi (J.Ferrat)
Posté le : 15/06/2013 21:30
Edité par Loriane sur 16-06-2013 12:17:22
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