| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Les Forums - Tous les messages

 Bas   Précédent   Suivant

« 1 ... 28 29 30 (31) 32 33 34 ... 46 »


#301 Découverte de la Guadeloupe
Loriane Posté le : 27/06/2015 19:44
Le 28 juin 1635 à la Pointe Allègre à Nogent en Guadeloupe

des français débarquent dans l'actuelle ville de Sainte-Rose, accompagnés de 4 dominicains et de 150 hommes dont de nombreux Bretons ou Normands engagés par contrat, pour trois ans, dans le but de faire fortune.
L'histoire de la Guadeloupe, à la fois région d'outre-mer et département d'outre-mer numéro 971 français, fut marquée comme l'histoire de la Martinique et l'histoire de la Jamaïque par la déportation massive, à partir des années 1670, d'esclaves noirs africains, ancêtres de l'immense majorité de la population actuelle, phénomène qui a marqué également dès 1640 l'histoire de la Barbade puis vers 1700 l'histoire de Saint-Domingue.
Ce petit territoire des Antilles mer des Caraïbes situé à environ 600 km au nord des côtes de l'Amérique du Sud, à 600 km à l'est de la République dominicaine et à 950 km au sud-est des États-Unis fut plusieurs fois investi par les Anglais et connut la Révolution française plus longtemps que la Martinique.

Les Amérindiens en Guadeloupe

Selon les données archéologiques, les premiers signes d'occupation de la Guadeloupe datent d'environ 300 avant J.-C. Ces peuples d'Arawaks y développèrent essentiellement l'agriculture, et auraient été exterminés par des peuples plus belliqueux : les Caraïbes. Ces derniers nommèrent l'île Caloucaera Karukera, mot voulant dire l'île aux belles eaux. Ces communautés sont celles qu'ont rencontrées les premiers Européens débarqués sur l'île.

Arrivée des premiers Européens en Guadeloupe

Les cinq îles de la Guadeloupe clairement identifiées et nommées Isla de Guadalupe, Isla Deserada, Marígalante et Todos Santos sur le planisphère de Cantino datant de 1502.
21 jours après avoir quitté les îles Canaries, au cours de son deuxième voyage, Christophe Colomb aperçoit une première terre : La Désirade, qu'il baptise ainsi Desirada, tant la vue d'une terre fut désirée par l'équipage. Le dimanche 3 novembre 1493, une autre île est en vue, que Colomb nomme Maria Galanda Marie-Galante, du nom du navire amiral. Après un passage d'une nuit à la Dominique, ils reprennent la mer vers une île plus grande dont ils avaient aperçu au loin les montagnes. Colomb décide alors de jeter l'ancre devant cette île afin d'accorder quelques jours de repos à ses hommes.
Le 4 novembre 1493, il débarque sur l'île principale nommée par les Caraïbes Karukera ou Caloucaera. Il baptise cette île Guadalupe du nom du monastère royal de Santa Maria de Guadalupe en Espagne. Lors d'un pèlerinage, Colomb aurait fait la promesse aux religieux de donner le nom de leur monastère à une île ou alors, il s'était fait cette promesse à lui-même lors des tempêtes de son retour en Europe en 1492. Il semblerait également que Colomb ait été inspiré par les chutes du Carbet, lui rappelant les cascades présentes dans la région d'Estremadure Espagne où se situe le monastère.

Les débuts de la colonisation

Les Espagnols se préoccupent peu de l'île au long du XVIe siècle. En effet, cette île est relativement inhospitalière, et ne possède aucune mine d'or. Elle servira alors daiguade : point de ravitaillement en eau douce et en bois, pour les navires en route vers l'Eldorado.
Au début, les Caraïbes tolèrent ces marins de passage, et parfois même fraternisent avec eux, mais petit à petit les hostilités grandissent entre les indigènes et les Espagnols.
Les Caraïbes, aguerris au combat, résistent à la présence grandissante des Européens, jusqu'à ce qu'une cédule royale datant d'octobre 1503, autorise aux Espagnols la capture d'Indiens habitant les îles sans or. Plusieurs expéditions et raids au cours du xvie siècle ont lieu dans le but de capturer des Caraïbes et de les faire travailler, de pacifier puis de coloniser ces îles.
En 1515, Juan Ponce de León, conquérant de Porto Rico et Antonio Serrano décident de pacifier la Guadeloupe et d'y installer définitivement des colons ibériques sur l'île, avec trois navires et trois cents hommes de guerre. Cachés en embuscade, les Caraïbes foncent sur ceux qui débarquent, les tuent et en font des prisonniers.
Lassés, les Espagnols, qui préfèrent les terres plus riches de l'Amérique centrale, abandonnent progressivement les Petites Antilles aux expéditeurs et flibustiers anglais, français et hollandais. Ceux-ci font escale régulièrement à partir de 1550 pour faire du commerce avec les Amérindiens.

Les Français arrivés en 1635, et les amérindiens

Les Français, menés par Jean du Plessis d'Ossonville et Charles Liènard de l'Olive débarquent le 28 juin 1635 à la Pointe Allègre à Nogent, dans l'actuelle ville de Sainte-Rose Guadeloupe, accompagnés de 4 dominicains et de 150 hommes dont de nombreux Bretons ou Normands engagés par contrat, pour trois ans, dans le but de faire fortune.
Du Plessis et De L'Olive sont mandatés par la Compagnie des îles d'Amérique pour évangéliser les indigènes. Les premiers mois sont difficiles maladies, manque de nourriture : nombre de colons périssent. Les survivants s'installent au sud, près de l'actuel Vieux-Fort. Ils reçoivent l'aide des Caraïbes. Contre l'avis de Du Plessis, Charles Liènard de l'Olive leur déclare la guerre pour prendre vivres et femmes. Les Français vont alors pratiquement exterminer les amérindiens.
1640 : signature d'un traité de paix avec les Caraïbes. Les Français vont ensuite importer des esclaves par centaines à partir de 1641 et 1645.
1643 : la ville de Basse-Terre est fondée dans le sud de la Guadeloupe.
1649 : première révolution anglaise, le roi Charles Ier décapité, les monarchistes anglais fuient à la Barbade, poursuivis par les troupes du parlement de Cromwell. L'économie sucrière doit se développer ailleurs qu'à la Barbade. Charles Houël acquiert la Guadeloupe, la Désirade, Marie-Galante et les Saintes, après avoir laissé la Compagnie des îles d'Amérique, leur propriétaire, tomber en faillite.
1654 : temps fort de l'histoire du Pernambouc au Brésil. Les jésuites portugais gagnent la reconquête contre les Hollandais, qui doivent fuir avec 300 de leurs esclaves. Contre l'avis des jésuites français, Charles Houël leur donne 16 hectares de bonnes terres au lieu-dit Sainte-Marie, à Capesterre de Guadeloupe. La Martinique, partagée entre de nombreux propriétaires, encore peu défrichée et à moitié occupée par les caraïbes, doit leur dire non.
1656 : la Guadeloupe compte 3 000 esclaves noirs, deux fois plus qu'en Martinique
1658 : Guerre de 1658 contre les indiens caraïbes en Martinique.
1664 : Colbert augmente la taxe sur les sucres étrangers importés des Antilles via la marine hollandaise, asphyxiant les planteurs, qui ont peu de navires et sont par ailleurs privés d'approvisionnement en esclaves. La crise sucrière s'installe.
1664 : la Compagnie française des Indes Occidentales prend possession de la Guadeloupe en expropriant Houël et sa famille.
1666 : les Anglais attaquent les Saintes et se dirigent vers la Guadeloupe, mais un cyclone détruit complètement la flotte anglaise le 22 août.
1667 : fin de la Deuxième Guerre anglo-néerlandaise. Le Traité de Breda est signé entre les Français, Danois et Hollandais d'un côté, et les Anglais de l'autre.
1671 : la Guadeloupe a 4 267 esclaves noirs. Il n’y en a que 2 400 en Martinique où les chefs de la guerre contre les caraïbes, dont Pierre Dubuc de Rivery, reçoivent des terres nouvelles.
1674 : La Compagnie des indes occidentales fait faillite. La Guadeloupe devient propriété de Louis XIV. Les planteurs de tabac de Martinique et de Saint-Domingue sont chassés par la création de la ferme du tabac.
1679 : Charles François d'Angennes gouverneur de Marie-Galante, signe avec la Compagnie du Sénégal un contrat pour se faire livrer 1 600 esclaves sur ses plantations du Precheur, en Martinique. En 1682, il obtient le monopole du commerce avec l'empire espagnol.
1680 : la Martinique compte déjà 4 900 esclaves et rattrape ainsi la Guadeloupe en nombre d'esclaves. Elle en compte 15 000 dès 1700, trois ans après l'arrivée de Jean-Jacques Mithon de Senneville
1690 : le prix du sucre, miné par la concurrence, affiche une baisse de 65 % par rapport à son niveau de 1655..

Mise en place de la traite négrière et de l'esclavage

Le Père Labat décrit dans ses ouvrages la société esclavagiste. Les pratiques religieuses européennes, couplées à de longues pratiques militaires, étaient jugées plus ritualisées et ordonnancées que celle des amérindiens. Des engagés de 36 mois sont utilisés pour la fortification de l'île. Une fois affranchis, ils obtiennent des lopins de terre. Les plus riches planteurs de café, de canne à sucre et de coton recherchent alors une nouvelle main d'œuvre meilleur marché, en s'inspirant du succès des planteurs de sucre de la Barbade.
Dès 1641, les colons signent avec les indiens caraïbes un traité pour les expédier sur l'île de la Dominique, ouvrant la voie aux défrichements. En 1656, lorsque des Hollandais arrivent du Brésil et s'installent dans la baie des flammands, les esclaves étaient déjà 3 000 en Guadeloupe, mais minoritaires face aux 12 000 blancs.
En 1671, l'île est encore habitée par de nombreux petits colons blancs qui cultivent du tabac, sur des plantations nécessitant peu de capitaux, dans le cadre de la Compagnie des Indes occidentales. Mais son monopole est aboli en 1671: la traite négrière est ouverte à tous les ports français, dans le but que cette concurrence la rende plus efficace. C'est l'époque où Louis XIV rencontre la veuve Scarron, Marquise de Maintenon, grandie en Martinique, et prête l'oreille à son ministre de la Défense: Louvois dirige la guerre contre les Pays-Bas (1672-1678), jusqu'alors détenteurs de l'asiento, le monopole d'importations des esclaves vers le Nouveau-Monde, organisé par le Traité de Tordesillas, qui interdit aux espagnols de s'aventurer en Afrique, zone réservée par la papauté aux Portugais.
L'augmentation rapide de la population d'esclaves correspond aussi à la création en 1673 par Louis XIV de la Compagnie du Sénégal, ancêtre de la Compagnie de Guinée, dans le sillage de la Compagnie Royale d'Afrique, fondée en 1672 par le duc d'York Jacques Stuart, cousin et allié de Louis XIV, qui deviendra roi d'Angleterre en 1685.
L'investissement rapide et massif des Français et des Anglais dans le commerce triangulaire fait flamber le prix des esclaves sur les côtes d'Afrique, alimentant de nouvelles filières et la construction d'une multitude de forts, mais abaisse le coût de leur transport, au profit des planteurs de sucre. Ceux-ci rachètent alors des terres en Guadeloupe et en Martinique. Le nombre de petits planteurs blancs diminue d'autant plus rapidement que la création de la ferme du tabac en 1674 par Louis XIV entraîne la ruine rapide du tabac français. Moins taxé, moins cher, le tabac produit en Virginie par les grands planteurs jacobite installés par Jacques II profite de la contrebande et prend son essor.
Dès 1674, la Compagnie des Indes occidentales est en faillite, puis dissoute. La Guadeloupe et la Martinique passent sous l'autorité directe du roi de France Louis XIV, qui pousse la culture de la canne à sucre, plus gourmande en capitaux mais beaucoup plus rentable, en donnant des terres à des officiers supérieurs pour les encourager à y importer toujours plus d'esclaves. Le sucre est une culture violente, qui nécessite de grandes propriétés et consomme des esclaves jeunes, rapidement épuisés au travail de coupe et de transport des cannes, qu'il faut régulièrement remplacer par de nouvelles recrues.
La population d'esclaves avait reculé en Guadeloupe entre 1664 et 1671 passant de 6 323 à 4 627 personnes, faute de livraisons suffisantes par une Compagnie des Indes occidentales jugée trop dispersée, car elle s'investit aussi au Canada. Mais après sa dissolution en 1674, le nombre d'esclaves en Guadeloupe remonte rapidement pour atteindre 6 076 personnes dès 1700. L'essor de l'esclavage, au même moment, est encore plus rapide à la Martinique, où la population noire double entre 1673 et 1680. La traite négrière réserve à la Martinique les esclaves les plus résistants, car Louis XIV y a installé plus de nobles de rang élevé et d'anciens officiers, comme le chevallier Charles François d'Angennes.
Cette différence entre les deux îles explique aussi qu'un siècle plus tard, en 1794, Victor Hugues ait pu se rendre maître de la Guadeloupe pour le compte de la Révolution française alors que la Martinique est restée sous la domination des grands planteurs de sucre alliés aux anglais dans le cadre du Traité de Whitehall.
Le choix des noirs comme esclaves est lié à des critères géographiques, comme le climat, mais surtout théologiques, avec l’accord de la papauté. Pour perdurer, l'ère de prospérité des colons nécessitait l'institutionnalisation de l'esclavage codification. La très rentable culture du sucre, que se disputent anglais et français, rapportait beaucoup d'impôts aux Métropoles, générant des travaux de fortification, menés d'une main de maître par Louis XIV, Vauban et relayées par les anglais.
Une société opulente, très hiérarchisée, s'organise, tirant ses principes de fonctionnement des ordres à la fois militaires et religieux.
Les esclaves noirs, d'origines diverses, subirent eux des problèmes de langues et de coutumes ancestrales qui aboutirent à la création de la langue créole et de la culture du même nom.

Révolution et époque napoléonienne

Le préfet colonial François-Marie Perichou de Kerversau, est un général de brigade de l'armée française sous Napoléon Bonaparte, l'un des dragons de Saint-Domingue de l'expédition de Saint-Domingue. Avec le général Jean-Louis Ferrand, il occupe la direction de la partie orientale de Saint-Domingue, de décembre 1803 jusqu'à la bataille de Bataille de Palo Hincado, qui permet aux révolutionnaires espagnols de s'en emparer et de chasser les Français.
Le 24 décembre 1854, à bord de l'Aurélie, les premiers indiens arrivent en Guadeloupe. Ils viennent de la Côte de Coromandel, Pondichéry, de Madras, de la côte de Malabar ou de Calcutta. En 1925, Raymond Poincaré décide d'octroyer définitevement la nationalité française aux ressortissants indiens ainsi que le droit de vote11.

La Guadeloupe contemporaine

Avec 22,7 % de chômeurs12, la Guadeloupe voit ses tensions sociales s'aggraver.
Le 1er décembre 1999 : Lucette Michaux-Chevry, présidente du conseil régional de la Guadeloupe, Alfred Marie-Jeanne, président du conseil régional de la Martinique et Antoine Karam, président du conseil régional de la Guyane, signent à Basse-Terre, chef-lieu du département de la Guadeloupe, la « déclaration de Basse-Terre ». Ils proposeront au président de la République et au gouvernement, une modification législative voire constitutionnelle, visant à créer un statut nouveau de région d'outre-mer autonome doté d'un régime fiscal et social spécial pour la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique, dans le cadre de la République française et de l'Union européenne (article 299-2 du traité d'Amsterdam).
Le 18 janvier 2000 : les conseillers régionaux réunis en séance plénière approuvent la déclaration de Basse-Terre 27 voix pour et 10 voix contre et décident par une délibération d'unir leurs efforts afin de bâtir un projet de développement économique, social et culturel impliquant la prise en compte des identités propres à chaque région et basé sur l'évidence que « la dignité procède du travail et non de l'assistanat ».
Le 10 mai 2001 : le gouvernement a adopté le texte signifiant la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité.
Le 7 décembre 2003 : 72,98 % des électeurs guadeloupéens ont dit non à la réforme institutionnelle soumise par référendum.
Le 23 mai 2004 : Victorin Lurel est élu président de la région.

La Guadeloupe

La Guadeloupe est un archipel des Petites Antilles, situé à 610 de latitude ouest et 160 de latitude nord. Elle couvre une superficie de 1 703 kilomètres carrés et compte une population de 404 000 habitants 2009. Autrefois colonie française, la Guadeloupe est devenue, en 1946, un département de plein exercice, en 1982, une région administrative région mono-départementale et, en 2003, un département et région d’outre-mer D.R.O.M.. L'archipel offre une grande diversité de paysages et possède quelques-uns des milieux naturels les plus attrayants des Antilles. Au niveau de la population guadeloupéenne, la force des particularismes exprime la variété et les nuances des composantes culturelles antillaises.

Un archipel au cœur des Petites Antilles

Les deux îles principales qui composent le territoire de la Guadeloupe sont séparées par un étroit bras de mer appelé Rivière Salée et par une zone de mangroves au niveau du Grand Cul-de-Sac Marin. À l'ouest se situe l'île de la Guadeloupe proprement dite, également appelée Basse Terre, en référence à sa position par rapport à la navigation d'autrefois. C'est une île montagneuse dont la partie sud est constituée de plusieurs édifices volcaniques s'élevant au-dessus de 900 mètres d'altitude. Le plus important d'entre eux est le massif de la Soufrière dont le dôme, signalé par un cratère et des fumerolles, atteint 1 467 mètres. Ce volcan actif est équipé d'un observatoire scientifique permanent, en raison de risques sérieux. Ces massifs forment une barrière aux vents alizés, de sorte que la pluviométrie y est élevée (plus de 4 mètres de précipitations et une nébulosité constante). Sur le versant ouest s'étend une plaine littorale étroite. Le parc national de la Guadeloupe, créé en 1989, qui couvre une superficie de 173 kilomètres carrés est constitué essentiellement des forêts domaniales de l'intérieur de l'île forêt tropicale dense.
À l'inverse, la Grande Terre, située à l'est, est une plate-forme calcaire peu élevée 137 mètres au maximum, disséquée par l'érosion karstique dans la région des Grands Fonds. Au nord de cette île, la table calcaire se brise en de hautes falaises dans la région d'Anse-Bertrand. Sur les côtes est et sud se lovent de belles plages de sable, en forme d'anses, ainsi que quelques mangroves. La plate-forme se prolonge dans le domaine océanique par d'autres îles, aux abords de la Grande Terre : la Désirade et Marie Galante principalement. Plusieurs récifs coralliens bordent ces îles et forment un admirable champ d'observation sous-marin et un abri important pour les poissons et les crustacés.
La petite île de la Désirade est la plus avancée à l'est dans l'océan Atlantique ; elle est peu arrosée par les vents alizés qui la survolent ; l'hydrographie de surface y est si peu abondante que l'eau doit être acheminée par une canalisation à partir de la Grande Terre. La végétation comporte beaucoup de plantes xérophiles.
L'île de Marie Galante, de forme pratiquement circulaire, couvre 158 kilomètres carrés. La table calcaire possède un relief faiblement accidenté et est ourlée de très belles plages. Les sols conviennent à la culture de la canne à sucre et à celle des légumes tropicaux ; la pluviométrie est satisfaisante (1 370 mm à Grand-Bourg).
Les îles des Saintes se situent dans l'axe de l'arc volcanique interne des Petites Antilles et sont alignées sur les massifs de la Basse Terre et de l'île proche de la Dominique Dominica. Deux îles principales ont un modelé bosselé de volcans éteints : la Terre de Haut et la Terre de Bas. Une canalisation sous-marine, qui descend jusqu'à 320 mètres de profondeur, leur apporte l'eau, indispensable, depuis la Basse Terre.
Les deux dernières îles, Saint-Barthélemy et la partie française de Saint-Martin – l'autre partie relève du royaume des Pays-Bas –, rattachées administrativement au département de la Guadeloupe jusqu'en 2007, se situent dans un cadre géographique sensiblement différent. Alignées vers 180 de latitude nord, dans le quart nord-ouest de l'île de la Guadeloupe (Basse Terre), elles en sont séparées par plusieurs autres petites îles « Sous-le-Vent », Montserrat, Antigua-et-Barbuda, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Eustache... qui ne relèvent pas de la souveraineté française.
Saint-Barthélemy appelée souvent Saint-Barth par un raccourci familier est une petite île sèche, peu élevée sommet à 286 mètres au Morne de Vitet, qui possède un grand nombre de belles plages. L'île a été une colonie de la Suède de 1785 à 1878. La partie française de l'île de Saint-Martin fait face à l'île d'Anguilla (un territoire d'outre-mer britannique, très proche. Elle culmine à 424 mètres au Pic du Paradis et est également assez sèche (elle abritait des salines. L'ensoleillement exceptionnel de ces deux îles leur procure un grand avantage pour le tourisme balnéaire et la pratique de nombreux sports. Leur économie a connu une transformation rapide depuis les années 1970, avec un boom de la construction d'hôtels, de résidences à temps partagé et de villas cossues. Une très forte immigration antillaise Haïti et république Dominicaine a suivi. La tradition propre à ces îles Sous-le-Vent, liée aux exemptions douanières et à la contrebande – ce sont des ports francs depuis plusieurs siècles –, le dynamisme du tourisme et de la construction ont amené les collectivités locales à revendiquer davantage d'autonomie vis-à-vis du cadre préfectoral et départemental les rattachant à la Guadeloupe.
Les paysages de l'archipel dévoilent la diversité, la beauté, la violence parfois, des milieux insulaires et marins, qui ont inspiré des poètes comme Saint-John Perse et Daniel Maximin. Mais les formations naturelles, écosystèmes forestiers et savanes, milieux littoraux fragiles sont en danger face aux nouveaux usages plus intensifs, plus polluants et à la négligence des acteurs décharges sauvages. Bon nombre des mangroves ont été détruites pour permettre le creusement de chenaux et pour faire place à des ports de plaisance marinas. Quant aux récifs coralliens frangeants, qui se déploient sur une étendue de 200 kilomètres, ils sont également menacés de surexploitation par les pêcheurs et les touristes. Le Grand Cul-de-Sac Marin a été déclaré réserve de la biosphère par l'U.N.E.S.C.O. en 1992, mais beaucoup d'efforts doivent encore être réalisés pour sensibiliser la population et les acteurs économiques à la protection de cet environnement magnifique.

Un climat tropical à deux saisons

Le climat est caractérisé par une période sèche durant les premiers mois de l'année, appelée temps de carême, suivie de la saison des alizés vents océaniques de l'est qui apportent les pluies, dite aussi saison de l'hivernage – les mois de juillet à novembre recevant le plus de précipitations. Celles-ci atteignent un total de 1 780 mm/an au Raizet aéroport international de Pointe-à-Pitre et 2 460 mm/an à Gourbeyre, au nord-ouest des Trois-Rivières, sur la Basse Terre, ce qui est idéal pour les cultures tropicales. À l'inverse, dans les îles voisines, plus petites et dans les îles du nord, la pluviométrie est souvent insuffisante pour la culture des fruits, des légumes et de la canne à sucre sauf à Marie Galante. Il en va de même pour l'élevage, marginal ou de caractère extensif, car le fourrage fait défaut.
Les données climatiques favorisent le tourisme balnéaire et les activités de plein air nautisme, sports, randonnées une bonne partie de l'année, d'autant que la sensation de chaleur est atténuée par l'action des vents alizés. Cependant, l'archipel se trouve sur le parcours des ouragans ou cyclones qui peuvent causer des dommages très importants et perturber les activités économiques les cyclones David et Frédéric en 1979, et le cyclone Hugo en 1989 qui provoqua la mort d'une vingtaine de personnes.

De la conquête coloniale à la départementalisation

Le peuplement amérindien des îles est attesté depuis au moins 2 500 ans avant J.-C. Les premiers habitants, les Arawaks, sont arrivés du continent sud-américain (bassin du fleuve Orénoque en naviguant le long de la chaîne des îles. La plupart des migrations ultérieures ont suivi cette même voie. Des sites de roches gravées particulièrement importants signalent des lieux cérémoniels anciens Baillif et Trois-Rivières sur la Basse Terre. Christophe Colomb, qui débarque en 1493 dans l'île et la baptise Guadalupe en l'honneur d'un sanctuaire espagnol consacré à la Vierge, rencontre une population essentiellement composée de Karibs, dispersés en de nombreux villages, et métissés aux populations arawaks originelles. Les Espagnols ne colonisent pas ces îles face à la résistance farouche que leur opposent les Karibs. Prenant prétexte des pratiques anthropophagiques des Indiens, l'administration espagnole autorise des razzias pour les capturer et les réduire en esclavage. Ce sont des expéditions britanniques et françaises qui, à partir de 1625, marquent le début de la colonisation européenne à Saint-Christophe tout d'abord (aujourd'hui Saint Kitts), puis à la Guadeloupe et à la Martinique et enfin dans les îles voisines.
La colonisation française se fit sous le patronage du cardinal de Richelieu et de la Compagnie des îles d'Amérique. En 1635, des Français, sous le commandement de Liénart de l'Olive et de Jean Du Plessis, prennent pied à la Guadeloupe. Les premières années de la colonie sont très agitées en raison des guerres avec les Indiens et aussi des rivalités entre chefs et gouverneurs recevant des lettres de commandement tantôt de la Compagnie (qui périclite après la mort de Richelieu en 1642), tantôt directement du roi. En 1643, le Normand Charles Houël réussit à s'imposer comme gouverneur et obtient l'appui des propriétaires fonciers de la région de Basse-Terre et de Capesterre. Le sort politique de la colonie reste fragile pendant plusieurs décennies, alors que l'économie du tabac devient très prospère. Les Indiens vont se réfugier sur l'île voisine de la Dominique et sont remplacés par les premiers contingents de main-d'œuvre africaine, réduite en esclavage souvent achetée aux Hollandais à Saint-Eustache et à Curaçao, pour travailler sur les plantations de canne à sucre qui se développent rapidement. En 1674, par décision de Colbert, ministre de Louis XIV, l'administration des îles d'Amérique revient directement au pouvoir royal.
Les attaques britanniques, à la fin du XVIIe et durant le XVIIIe siècle, occasionnent de grandes pertes économiques et humaines. Les Britanniques occupent les îles de 1759 à 1763 et renforcent le site commercial de Pointe-à-Pitre. À la bataille navale des Saintes 1782, la flotte française est défaite. La marine britannique possède désormais un avantage stratégique sur les Français dans les Petites Antilles. Pendant la Révolution, les Britanniques s'emparent à nouveau de la Guadeloupe mais le commissaire de la Convention, Victor Hugues, proclame l'abolition de l'esclavage dans l'île et réussit à les chasser 1794. Il fait procéder à des exécutions massives de royalistes qui avaient pris le parti des Britanniques. Puis Napoléon Bonaparte, influencé par les milieux des planteurs, envoie des forces importantes pour rétablir l'esclavage arrêté du 22 mai 1802. Plusieurs centaines de Noirs et de Mulâtres révoltés sont férocement réprimés à Baimbridge près de Pointe-à-Pitre et à Matouba près de Basse-Terre mai 1802.
C'est finalement sous la IIe République que l'esclavage est définitivement aboli à la Guadeloupe décret du 27 avril 1848, qui avait été précédé dans l'île de manifestations ayant conduit à la libération de fait des esclaves). Dès 1848, la Guadeloupe élit des députés à l'Assemblée nationale et, au cours de la IIIe République, la vie politique locale est très animée. La colonie se rallie au Comité français de libération nationale en juillet 1943. Après la Seconde Guerre mondiale, sur proposition des députés d'outre-mer, la Guadeloupe et les autres « vieilles colonies » deviennent, en mars 1946, des départements français d'outre-mer D.O.M.. Mais sous la IVe et la Ve République, l'avenir des D.O.M. suscite de nombreuses interrogations, tandis que s'installe un certain malaise politique, notamment en Guadeloupe où des revendications autonomistes et indépendantistes se font jour manifestation violente à Pointe-à-Pitre en 1967, attentats dans les années 1970 et 1980. Les consultations politiques, caractérisées par des taux d'abstention élevés surtout à l'occasion de certaines consultations nationales ou européennes, l'implantation de fortes personnalités politiques, comme Henri Bangou, Lucette Michaux-Chevry, Victorin Lurel, témoignent des spécificités insulaires et, selon le politologue Justin Daniel, de l'autonomisation croissante de ces espaces politiques. Lors du référendum de 2003 sur la question de la fusion de la collectivité départementale et de la collectivité régionale, la Guadeloupe a massivement rejeté ce projet 73 p. 100 des suffrages. Pourtant, une évolution institutionnelle amorcée lors de cette consultation se concrétise, en 2007, lorsque Saint-Barthélemy et Saint-Martin deviennent des collectivités d'outre-mer C.O.M. et élisent, pour la première fois, leur propre Assemblée territoriale.

Des déséquilibres économiques et sociaux persistants

Les problèmes de la Guadeloupe sont perceptibles à travers les données de population et les indicateurs socio-économiques qui montrent un net décalage par rapport à la France métropolitaine. La Guadeloupe a une population jeune : 31,6 p. 100 de la population a moins de vingt ans France métropolitaine : 24,9 p. 100 mais en cours de vieillissement. Le solde naturel reste élevé parce que le comportement démographique n'a pas atteint la phase dite de transition. Par ailleurs, le solde migratoire est positif du fait de l'immigration importante venue de la Caraïbe et de l'installation de métropolitains ou d'Antillais qui prennent leur retraite dans les îles.
Le chômage, traditionnellement élevé, est considéré comme une donnée structurelle à la Guadeloupe 23,5 p. 100 de la population active en 2009, car le déclin des activités agricoles sucre, bananes n'est pas compensé par la création de nouveaux emplois dans les services en particulier dans le tourisme. La fonction publique à elle seule représente pratiquement la moitié de l'ensemble des emplois. L'analyse économique montre que le département vit des transferts de la métropole, des subventions européennes et aussi des remises des Guadeloupéens qui vivent en France métropolitaine. Le P.I.B. par tête n'est que de 17 900 euros 2009, contre 24 000 euros en métropole. Le nombre de foyers bénéficiaires du R.S.A. revenu de solidarité active est également beaucoup plus important qu'en métropole et les inégalités de revenus sont patentes. Certaines formes de marginalité sociale liées à la consommation et au trafic de stupéfiants constituent des motifs d'inquiétude.
L'État a tenté, à maintes reprises, de relancer l'activité économique par des aides et une politique de défiscalisation systématique zones franches. Grâce aux fonds d'investissement français et européens, les îles sont dotées d'infrastructures de bonne qualité routes, ports, aéroports, télécommunications... et d'équipements sanitaires et éducatifs corrects ; elles bénéficient de la continuité territoriale grâce à des transports maritimes et aériens nombreux vers la métropole en partie subventionnés. En revanche, l'insertion économique dans le cadre régional caraïbe, et plus largement nord-américain, est notoirement faible.
Sur le plan du développement des territoires, la concentration croissante de la population et des activités dans l'agglomération de Pointe-à-Pitre qui compte 172 000 habitants 2005 et concentre près de 41 p. 100 de la population totale, et dans les îles du Nord Saint-Barthélemy et Saint-Martin, aux dépens des zones rurales et des bourgs de la Basse Terre et des îles voisines demeure le principal facteur de déséquilibre. Christian Girault
Cette situation de déséquilibres et d’inégalités explose en janvier 2009, quand une grève générale est déclenchée à l’appel d’un collectif de syndicats, associations et partis de Guadeloupe. Celui-ci réclame notamment la baisse des taxes sur les produits de première nécessité et les carburants, ainsi que le relèvement des bas salaires et des minima sociaux. Les négociations entre le collectif, les représentants de l’État et le patronat aboutissent à un accord le 4 mars 2009, après quarante-quatre jours de grève.

Les autochtones des caraïbes : Arawaks et Karibs



Arawaks et Karibs n'ont cessé d'alimenter en stéréotypes, depuis le XVIe siècle, une vision occidentale, extérieure, ethnologique et anthropologique de l'espace des Caraïbes. Ces aborigènes signalés par Christophe Colomb dès son premier voyage ont fourni à la littérature, au cinéma, à la presse et à l'historiographie coloniale le thème obsédant du cannibalisme. Au service du roi de France, le capitaine florentin Giovanni da Verrazzano aurait fait escale en juillet 1528 en Guadeloupe. À peine aurait-il débarqué avec quelques marins qu'aurait surgi un groupe d'indigènes qui les auraient criblés de flèches et se seraient saisi d'eux. Les équipages de trois vaisseaux auraient assisté horrifiés au festin des cannibales qui dévorèrent leurs amis.

Le mythe

Après Christophe Colomb, le franciscain André Thevet, avec Nicolas de Villegagnon en 1555-1556 et le Hessois Hans Staden, prisonnier des Tupinamba en 1557 au Brésil, laissèrent des témoignages. Les illustrations de Théodore de Bry du récit du voyage en Floride de Jacques Le Moyne popularisèrent les scènes de cannibalisme dans l'opinion publique européenne.
L'opposition Karibs/Arawaks, la supériorité des Arawaks sur les Karibs, leurs dissemblances, comme leur cannibalisme supposé, posent des questions aux historiens. Car, au-delà des anecdotes, des scénarios de films d'horreur et des images stéréotypées, la recherche historique exige une enquête et des réponses claires. Une question se pose au préalable : qu'en est-il exactement de ces Karibs et Arawaks ?
Une première réponse peut être fournie par un examen minutieux des documents archéologiques et par la critique des données anthropologiques. Ces premiers et principaux acteurs de l'histoire des Caraïbes se dérobent. Ils n'ont pas laissé de témoignage écrit de leurs activités. L'historien est donc renvoyé à la consultation des sources disponibles qui ont déjà suscité maintes controverses. L'importance de la critique des documents espagnols, en particulier des relations de ceux qui rencontrèrent les premiers ces indigènes, n'a pas été suffisamment soulignée. Les sources doivent être replacées dans leur contexte historique. Christophe Colomb, qui souhaitait accréditer l'idée qu'il s'était rendu en Asie auprès des souverains catholiques espagnols, dut recréer le monde mythique popularisé par Marco Polo. Dans cet univers légendaire d'îles, de monstres, de magie, héritage de la géographie arabo-musulmane, s'ébauchèrent les premières visions de la dualité Karibs/Arawaks.
Des îles Karibs, dominées par les hommes, des guerriers belliqueux, se distinguèrent des îles Arawaks, habitées par des femmes, des Amazones ou des monstres femelles... Les deux communautés, karib et arawak, sortirent progressivement des limbes de la géographie médiévale et devinrent réalité.
Les monarques espagnols permirent par décret en 1503 aux colons de réduire les indigènes en esclavage pourvu qu'ils fussent des Karibs. Aussi ce fameux décret eut-il une profonde répercussion sur l'évolution du mythe. Toutes les populations qui résistèrent à la conquête espagnole entrèrent dans la catégorie des Karibs, les autres devenant Arawaks, ces « mangeurs de farine » dont on glorifia le pacifisme.
Arawaks et Karibs se laissent mieux cerner et livrent quelques-uns de leurs mystères quand on les étudie sous l'éclairage multiple de l'archéologie, de l'histoire, de l'anthropologie et de la linguistique.

Les apports de l'archéologie

L'établissement des Arawaks et des Karibs fut le résultat d'intenses mouvements de population entre les domaines continental et insulaire de l'aire des Caraïbes. Les îles de l'archipel oriental des Caraïbes furent utilisées dans le processus des migrations entre les grandes unités, de la Floride à la Terre-Ferme, des isthmes au Venezuela. L'implantation dans les milieux insulaires commença dans de grandes îles, Ayti (nom karib de Haïti) et Cuba, à la suite de la montée des eaux qui empêcha la circulation sur les passerelles reliant préalablement les îles. Des relations commerciales s'établirent entre insulaires et continentaux.
La poterie aurait été introduite dans les îles par la culture saladoïde. Des cultivateurs de manioc auraient laissé des vestiges de poteries semblables à ceux du domaine insulaire à Saladero, sur le moyen Orénoque, vers 1000 avant J.-C. Des traces de culture saladoïde remonteraient à 300 avant J.-C. sur la côte orientale du Venezuela, à Trinidad et dans l'île de Grenade. La culture barrancoïde aurait succédé au saladoïde, selon le même trajet côtier et insulaire, entre 350 et 650, puis la culture ostionoïde apparut à Porto Rico et dans les îles Vierges vers 700. Au cours de cette dernière période se seraient produites les premières migrations des Karibs, entre 650 et 950, dans les îles orientales. Les chroniqueurs du XVIe siècle ont mentionné des noms de peuplades qui auraient alors appartenu à l'ensemble insulaire : Igneris des îles orientales, Tainos et Ciguayo des grandes îles, Lucayo des Bahamas... Selon les mêmes interprétations, les Karibs seraient presque parvenus à chasser les Arawaks des îles orientales à la fin du XVe siècle. Ils pratiquaient la culture sur brûlis, l'irrigation, ainsi que la pêche. Les Karibs avaient acquis, au cours de leurs migrations, une grande pratique de la navigation en haute mer. Ils avaient élaboré une astronomie qui leur permettait de se repérer et dont les fonctions furent mises en évidence dans leurs pratiques religieuses. La poterie de ces guerriers flecheros considérée comme grossière par les archéologues, par comparaison avec celle des Arawaks sédentarisés, témoigne de leur perpétuel mouvement de migration. Le Dr Alvarez Chanca, qui accompagnait Christophe Colomb lors de son deuxième voyage vers les Amériques en 1493, décrivit le premier les Karibs de la Guadeloupe et les indigènes des îles orientales.
Ses descriptions de crânes humains – ceux des ancêtres – conservés par les habitants qu'il observa, ainsi que des têtes – celles de manati lamantins vraisemblablement – qu'il vit en cours de cuisson pour l'alimentation, déclenchèrent le processus mythique de la thèse du cannibalisme des Karibs.
L'île d'Ayti comptait, selon les travaux de l'école de Berkeley une population estimée à 8 millions d'habitants – des Arawaks Tainos – à l'arrivée des Européens. À l'époque de la conquête, Ayti était divisée en cinq caciquats ou provinces, Caizcimu, Hubaho, Cayabo, Bainoa et Guacayarima. Parmi les dirigeants les plus notoires, l'histoire a retenu les noms des caciques Behechio, Guacanagari, le Karib Caonabo, Guarionex, Mayobanex et une femme, Higuonama. Une catégorie de nobles, les nitaynos, dominait une classe de serviteurs, les naborias, employés aux travaux agricoles essentiellement. Tous les observateurs signalèrent le grand nombre des villages en Ayti, l'étendue des terres mises en valeur, le perfectionnement des techniques utilisées et la qualité des produits récoltés, manioc, arachide, maïs, patate douce, haricot, piment et fruits. Christophe Colomb chargea Fray Ramón Pane, hiéronymite, d'une enquête sur les Tainos et leur religion, pour mieux les connaître et les combattre.
Pétroglyphes, terrains de jeu de balle, pierres à trois pointes, lourds colliers de pierre sont des éléments archéologiques communs à la Terre-Ferme et aux sites insulaires. Malheureusement, dans tous les pays des Caraïbes un pillage systématique des sites archéologiques alimente un marché privé d'art précolombien particulièrement prospère.
Bartolomé de Las Casas connaissait Pane, ce missionnaire catalan qu'il qualifia de « personne simple d'esprit », parlant mal le castillan et ne comprenant quasiment rien à la langue des indigènes. Quant à ses investigations effectuées sur le terrain, de 1494 à 1496, et à son rapport que Christophe Colomb rapporta en Espagne en 1500,Las Casas ne cacha pas qu'il les considérait comme des choses confuses et de peu de substance, Apologetica Historia de las Indias, Madrid, 1909. Ramón Pane s'était contenté de transcrire ce qu'il saisissait mal des légendes sur les croyances et l'idolâtrie des Indiens, sur leur origine mythique, sur les Cimi, ces représentations divines si propres aux insulaires. En conclusion de son rapport, le moine catalan demandait que les populations de l'île d'Ayti soient soumises, évangélisées par les Espagnols et que toute résistance soit brisée par la force et le châtiment. On sait qu'il fut écouté sur ce dernier point, bien au-delà de ses espérances.
Les Karibs pratiquaient le rite de perforation de la langue, comme les Mayas. Ce rite était exécuté par le chaman, lors de l'initiation des jeunes. Leur légende évoque des arbres mythiques animés par un esprit divin, Hyruca ou Hunrakan en Guyane. Les Zemis ou Cimi des insulaires symbolisaient des dieux et renvoient indubitablement aux Kimi des Mayas, associés par eux à la mort.
Plusieurs documents permettent de connaître avec une relative précision les instruments de musique utilisés par les Amérindiens. Ils témoignent d'une réelle homogénéité de l'orchestre des indigènes dans une vaste zone allant du Guatemala à la Colombie, au Venezuela et jusqu'à l'Amazonie. La musique était associée à toutes les cérémonies religieuses et politiques. L'areyto ou mitote mêlait danses et chants selon un ordre rigoureux. Des chroniqueurs décrivirent ainsi les cérémonies auxquelles ils assistèrent en Ayti ou sur le continent. Fray Juan de Torquemada évoqua dans Veinte i un libros rituales i monarchia indiana, chronique parue en 1723, le spectacle de l'areyto donné sur la place publique d'un village : Lorsqu'ils veulent commencer la danse, trois ou quatre Indiens font retentir des sifflets très aigus, puis les tambours sont battus sourdement, la sonorité s'élevant peu à peu. La troupe des danseurs, en entendant le prélude des tambours, comprend quels sont le chant et la danse à interpréter, et elle les commence aussitôt. Les danses du début s'exécutent sur un ton grave [...] et lentement, le premier étant en conformité avec la fête ; deux coryphées l'entonnent, puis tout le chœur le poursuit, chantant et dansant à la fois.

Les données de l'anthropologie

Tous les groupements arawaks et karibs subsistent sur le continent mais ils furent détruits dans le domaine insulaire, sauf en Dominique où une réserve, Carib Reserve fut créée en 1903. Dirigés par un chef ubutu, les Karibs de la Dominique subsistent grâce à un artisanat objets de fil, de corde, fabrication des paniers caraïbes et de petite vannerie en général. Des Black Karibs, réfugiés dans l'île de Saint-Vincent au XVIIIe siècle, furent déportés à la fin de ce siècle par les Britanniques dans le golfe du Honduras, sur l'île de Roatan, d'où ils s'implantèrent sur les côtes du Honduras, du Nicaragua et de Belize, communauté des Garifunas.
Les anthropologues distinguent quatre grands groupes culturels en Amérique moyenne et en Amérique du Sud : les Tupi-Guarani, les Arawaks, les Karibs et les Gê. La grande famille des Arawaks est connue sous des noms divers : Aruak, Aroaqui, Arauaca, Aroaco, Araguaco, Arauac, Araguac, Nu-Aruak, Arowak, appelés aussi Maipure. Tous ces noms semblent provenir d'un groupe du Venezuela que les Espagnols appelaient Araguacos et qui se nommaient eux-mêmes Lukkunu. Les Arawaks occupent une zone d'habitat très étendue, qui se déploie depuis la Floride, les îles, jusqu'au Venezuela et au nord du Brésil.
Ils s'y seraient installés après un premier grand mouvement migratoire parti du berceau vénézuélien d'où auraient peu à peu essaimé tous les Arawaks. Selon certains anthropologues, ils descendraient non pas d'un noyau originel situé au Venezuela, mais d'Amazonie péruvienne, près du Marañon. On rencontre dans la forêt amazonienne des groupes méridionaux comme les Matsiguenga, les Campa-ashaninca, les Piro et les Mashco, qui constituent un groupe proto-arawak qui aurait été séparé du groupement principal et aurait donné naissance aux parlers arawaks du littoral caraïbe et de l' Amazonie. Seule l'archéologie pourrait aider à trancher cette origine controversée et à élucider le problème des migrations. On pense qu'ils atteignirent vers l'ouest les côtes du Pacifique et qu'ils essaimèrent au nord, vers les territoires isthmiques et insulaires.
Les Arawaks possèdent une grande diversité de types physiques. Ils ont en moyenne 1,60 m mais certains groupes de l'Altiplano bolivien, comme les Moxo et les Bauré, peuvent atteindre 1,70 m. Les conquérants ont très tôt associé les Arawaks à des activités agricoles et empruntèrent à leur langue des noms de plantes, d'ustensiles, d'objets de transport, maïs, tabac, piment, canoë, hamac, etc. Ils cultivaient le manioc et fabriquaient une belle céramique. Leur habitation a la forme caractéristique d'un cône tronqué, une grande case commune de forme conique couverte de feuilles de palmier autour de laquelle sont disposées des huttes en cercle.
Toutes les populations arawaks vivent de l'agriculture, cultivant surtout le manioc, le tabac, le maïs et diverses racines. Les Arawaks pratiquent la pêche, la chasse à l'arc. Ils possèdent des instruments de musique : l'ocarina ou tsinhali des Paressi, une grande trompette (hezô-hezô), une flûte, ualalocê, et le tiriaman pour accompagner les danses.
On a parlé d'une mythologie lunaire des Arawaks, sur le plan spirituel, qui renvoie aux jumeaux de la tradition du Popol-Vuh, Hunahpu et Ixbalamqué. Ces jumeaux sont des divinités mythiques qui se situent au fondement de la genèse de la population Maya-Quiché. Les anthropologues soulignent par ailleurs la base matrilinéaire de la société arawak.
La grande famille des Karibs a elle aussi des noms divers : Caribe, Cariba, Caribi, Caryba, Cariva, Caraibe. L'origine de leur nom dériverait de Calina ou de Caripuna, selon Christophe Colomb. Or, Kalina, Karina, Kallinago signifie pour les Karibs « brave » ou « compagnon ». De Karib, on sait que naquit le mot cannibale que les Espagnols appliquèrent à ces indigènes en raison, disaient-ils, de leurs tendances anthropophagiques. Leur territoire s'étend sur un vaste espace, limité au nord par les îles, au sud par le rio Xingu à hauteur du 13e parallèle de latitude sud. On distingue les groupements du sud de l'Amazonie, Apalai, Pianacoto, Pauxi, Uaieué, Voiavai, Boanari, Iauaperi et Crixana, les groupements du Venezuela et des Guyanes. Les Karibs insulaires reçurent le nom de Callinago, Calliponau, Caripura. Ils appartiennent au groupe Galibi du continent. Sur la Terre-Ferme de la côte vénézuélienne, les Cumanagoto ont subi l'influence des missions catholiques et ont vu fondre leur population. Ils regroupaient les Tamanaco, les Chaima, les Chacopata, les Piritué, les Palenque, les Pariagoto, les Cuneguava, les Guaiqueri. L'embouchure de l'Orénoque était habitée par les Tamanaque, qui ont disparu. On y trouve encore les Cariniaco, les Taparito, les Panare, les Mapoio et les Iabarana. Entre le rio Ventuari, le rio Branco et le rio Negro au Brésil, s'étend la région des Mankitari. Dans les Guyanes se côtoient d'importants groupements qui vont jusqu'au Brésil : les Acauoio, les Arecuna, les Camarocoto, les Purucoto, les Guaiamara et les Sapara. C'est sur le littoral des Guyanes que subsiste une trace des Karibs stricto sensu Caribe, Caribi, Galibi, Calina) qui vivent dans une région qui s'étend de l'Oyapock à l'Orénoque. De là ils essaimèrent vers le nord jusqu'aux îles et vers l'intérieur en remontant le cours des rivières. On a identifié dans la région du rio Repunuri, un affluent du rio Negro, des groupes connus sous le nom de Cariba, Caribi, Caribana, Carabana et Cariana. Dans la région de l'Essequibo vivent les Partamona, les Trio occupaient la vallée du Tapanahoni au XVIIIe siècle. En Guyane française, les Oyana, ou Roucouyenne, voisinent avec les Aracuiana du Brésil.

Les données de la linguistique

Au moment de la conquête, on parlait plusieurs langues dans les îles et sur le continent. Dans le domaine insulaire, le premier atteint, on distingue quatre grandes familles linguistiques : warao, arawak, karib insulaire et karib. Les parlers warao étaient ceux des indigènes de Trinidad et des habitants de l'embouchure de l'Orénoque. Plusieurs variétés de cette langue sont encore parlées aujourd'hui par 15 000 Amérindiens de l'Orénoque. Plusieurs langues appartenaient à la grande famille arawak, comme le taino, Bahamas, Ayti, Cuba, le caquetio, Curaçao et Aruba, le ciguayo Ayti, le macorixe Cuba. Le karib insulaire est une langue arawak. La famille karib comprenait les groupes karina, galibi ou carinaco, carinepagoto, parlés à Tobago, en Grenade, dans les autres îles de l'arc oriental, dans les Guyanes, de l'Orénoque à l'Amazone. On ne connaît que le nom de certaines langues qui ont disparu à l'époque de la conquête : nepuyo, Trinidad, Guyanes, shebayo ou salvaio Trinidad, yao, Trinidad et la région côtière des Guyanes, de l'Orénoque au Matacare, le guaiqueri ou waikeri, Margarita et, bien sûr, le taino, englobant le lucayo des grandes îles et des Bahamas. Ainsi, trois langues anciennes des îles sont encore parlées sur le continent : arawak, karib et karib insulaire ou igneri, parlé encore à Belize, dans le voisinage du golfe du Honduras et dans les communautés garifunas.
Dans les îles Dominique et Saint-Vincent, le créole remplaça progressivement la langue vernaculaire des Karibs au XIXe siècle. Le père de Lettre mentionna vers 1853 la présence à la Dominique de 125 indigènes Karibs qui ont peu à peu oublié leur ancienne langue, dont ils ne se servent entre eux que comme en cachette des autres personnes... Ils parlent le créole comme les autres naturels du pays. En 1879, un ornithologue nord-américain, Frederick Ober, ne comptait plus que quelques vieux et vieilles qui parlent encore l'ancienne langue karib. Pourtant, en 1898, un médecin a pu recueillir des textes de cette ancienne langue. Les derniers locuteurs moururent en 1910-1920 dans l'île, et un témoin, Douglas Taylor, signala en 1930 qu'il n'y avait plus que cinq ou six personnes ayant pu entendre dans leur enfance une langue maternelle disparue à jamais. Oruno D.Lara



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l




#302 Henry VIII d'Angleterre 2
Loriane Posté le : 27/06/2015 20:16
Mariage avec Anne de Clèves

À la fin des années 1530, Henri VIII voulut à nouveau se marier pour assurer sa succession. Cromwell, devenu comte d'Essex suggéra le choix d'Anne de Clèves, la sœur du duc de Clèves, qui était considéré comme un allié important dans le cas d'une attaque catholique contre l'Angleterre car il disputait le contrôle du duché de Gueldre à Charles Quint. Hans Holbein le Jeune fut envoyé à Clèves pour réaliser un portrait d'Anne destiné au roi. Même s'il fut avancé qu'Holbein enjoliva son œuvre, il est plus probable que le portrait était exact ; Holbein resta d'ailleurs en faveur à la cour. Après avoir vu le tableau et entendu ses courtisans réaliser des descriptions flatteuses de la princesse, le roi accepta d'épouser Anne. Henri VIII fut néanmoins déçu de son apparence lors de leur première rencontre le 3 janvier 1540 mais le mariage fut néanmoins organisé trois jours plus tard. Il fut rapidement décidé d'annuler cette union et Anne ne s'y opposa pas; peut-être en récompense de sa docilité, elle reçut le titre de sœur aimée du roi ainsi qu'une résidence et une généreuse pension. La nièce de Thomas Howard, Catherine, était l'une des dames de compagnie d'Anne et elle attira rapidement l'attention du roi ; cela inquiéta Cromwell car Howard était l'un de ses principaux opposants.
Peu après, les réformateurs et protégés de Cromwell, Robert Barnes et Thomas Garret, furent brûlés comme hérétiques. Dans le même temps, Cromwell perdit les faveurs d'Henri VIII pour des raisons qui restent incertaines ; ses idées en politique intérieure et étrangère différaient peu de celles du roi et malgré son rôle dans l'affaire, il ne fut pas officiellement tenu pour responsable de l'échec du mariage avec Anne de Clèves. Il était néanmoins isolé à la cour tandis que Howard pouvait s'appuyer sur la position de sa nièce. Cromwell fut accusé de trahison, d'hérésie et de corruption et fut exécuté le 28 juillet 1540.

Mariage avec Catherine Howard

Le 28 juillet 1540, le jour de l'exécution de Cromwell, Henri VIII épousa la jeune Catherine Howard de 30 ans sa cadette. Il fut ravi de sa nouvelle reine et lui accorda les propriétés de Cromwell et de nombreux joyaux. Peu après le mariage, Catherine eut néanmoins une aventure avec le courtisan Thomas Culpeper et elle employa comme secrétaire personnel, Francis Dereham, avec qui elle avait été informellement fiancée avant son union avec le roi. Les rumeurs devinrent pressantes en 1541 et Henri VIII, qui ne se trouvait pas à la cour, chargea Thomas Cranmer d'enquêter. Le souverain refusa de croire ces allégations malgré les preuves fournies par l'archevêque et les aveux de Catherine ; lorsqu'il réalisa, Henri VIII éclata de rage et blâma le conseil privé avant de se consoler en allant chasser. La reine aurait pu avoir mentionné l'existence de fiançailles informelles avec Dereham, ce qui aurait invalidé son mariage avec le roi mais elle avança que Dereham l'avait contrainte à l'adultère. De son côté, ce dernier révéla la relation de la reine avec Culpeper qui fut condamné pour trahison. Il fut décapité le 10 décembre 1541 tandis que Dereham fut pendu, éviscéré et démembré le même jour. Catherine connut un sort identique à Culpeper le 13 février 1542.
La paix entre Charles Quint et François Ier fut brève et les hostilités reprirent dès 1542. Irrité par l'influence française en Écosse, Henri VIII se rapprocha de l'empereur même si ce dernier lui reprochait son éloignement du catholicisme. Une invasion de la France fut planifiée pour 1543 et Henri VIII décida au préalable d'éliminer la potentielle menace écossaise. Cela lui permettrait également d'imposer la Réforme protestante dans une région encore largement catholique et d'unifier les deux Couronnes en mariant son fils Édouard à Marie, la fille du roi d'Écosse Jacques V. Cette campagne, qui se poursuivit sous le règne d'Édouard VI, fut surnommée le Rough Wooing rude séduction. Les Écossais furent battus lors de la bataille de Solway Moss le 24 novembre 1542 et Jacques V mourut le 15 décembre. Le régent James Hamilton signa le traité de Greenwich prévoyant le mariage mais l'accord fut rejeté par le Parlement écossais en décembre 1543 qui renouvela de plus son alliance avec la France. Henri VIII organisa une nouvelle offensive et ses troupes incendièrent Édimbourg en mai 1544 avant d'être battues à Ancrum Moor en février 1545. Les hostilités se prolongèrent après la mort d'Henri VIII jusqu'en 1551.
Malgré ses succès en Écosse, Henri VIII hésita à attaquer la France avant d'ordonner une double invasion en juin 1544. La première menée par Thomas Howard attaqua sans succès Montreuil tandis que la seconde commandée par Charles assiégea Boulogne-sur-Mer. Henri VIII prit personnellement le contrôle de ses troupes et Boulogne tomba le 18 septembre. La campagne de Charles Quint était cependant dans l'impasse et il décida unilatéralement de signer une trêve avec François Ier le jour de la chute de Boulogne à la colère d'Henri VIII. L'Angleterre étant à présent seule contre la France, les gains anglais furent rapidement repris mais une tentative d'invasion française fut repoussée à l'été 1545. L'épuisement des deux belligérants entraîna la signature du traité d'Ardres le 7 juin 1546.

Mariage avec Catherine Parr

Henri épousa sa sixième et dernière épouse, la riche veuve Catherine Parr, en juillet 1543. Réformatrice convaincue, elle échangea beaucoup avec le roi au sujet de la religion mais ce dernier resta fidèle à une idiosyncrasie catholique et protestante. Parr contribua à réconcilier Henri VIII avec ses filles et le Third Succession Act de 1543 ramena Marie et Élisabeth dans l'ordre de succession même si elles se trouvaient après Édouard. Elles restaient néanmoins juridiquement illégitimes et le texte contenait plusieurs provisions comme une interdiction de se marier sans l'accord du conseil privé.

Mort et succession

À la fin de sa vie, Henri VIII était devenu obèse avec un tour de taille de 53 pouces 135 cm et un poids de 28 stones 178 kg. Il souffrait probablement de la goutte et présentait de nombreux furoncles douloureux. Son obésité et ses autres problèmes médicaux étaient certainement liés à la blessure à la jambe qu'il avait subi lors du tournoi de joute de 1536. L'incident aggrava un ancien traumatisme et ses médecins furent incapables de traiter la blessure qui suppura et s'ulcéra jusqu'à sa mort. En plus de l'empêcher de maintenir son niveau d'activité antérieur, on considère que cet accident est à la cause de ses sautes d'humeur qui eurent une profonde influence sur sa personnalité.
La théorie selon laquelle il souffrait de syphilis est rejetée par la plupart des historiens. Une étude plus récente suggère que ses symptômes étaient caractéristiques d'un diabète de type 2 non traité ou du scorbut, deux maladies pouvant être causées par la consommation de grandes quantités de viande sans fruits ou légumes frais. Certains ont avancé que les fausses couches de ses épouses et la détérioration de son état mental pouvaient laisser penser qu'il souffrait du syndrome de McLeod. Selon une autre étude, l'évolution morphologique d'Henri VIII fut causée par un traumatisme crânien reçu lors de l'accident de joute de 1536 qui affecta son système endocrinien. Une déficience en hormone de croissance est peut-être la cause de sa prise de poids et de ses changements de comportement dans ses dernières années dont ses multiples mariages.
L'obésité d'Henri VIII s'aggrava avant sa mort le 28 janvier 1547 à l'âge de 55 ans au palais de Whitehall. Ses derniers mots auraient été Monks! Monks! Monks! Moines ! Moines ! Moines ! peut-être en référence aux ecclésiastiques expulsés lors de la dissolution de leurs monastères. Il fut enterré dans le chœur de la chapelle Saint-George du château de Windsor dans le caveau où reposait Jeanne Seymour. Plus d'un siècle plus tard, Charles Ier fut inhumé dans le même caveau.
Après sa mort, son seul fils légitime, Édouard devint roi sous le nom d'Édouard VI. Comme il n'avait que neuf ans, il ne pouvait pas gouverner et le testament d'Henri VIII désignait seize exécuteurs testamentaires pour former un conseil de régence jusqu'à ce qu'il ait 18 ans. Les exécuteurs choisirent Edward Seymour, le frère aîné de Jeanne Seymour, pour devenir lord protecteur du Royaume. Édouard VI mourut sans enfants en 1553 à l'âge de 15 ans et sa demi-sœur Marie devint reine sous le nom de Marie Ire après une brève crise de succession. Elle n'eut pas non plus de descendance et à sa mort en 1558, la fille d'Henri VIII et d'Anne Boleyn devint Élisabeth Ire. Le testament prévoyait que si la lignée de cette dernière s'éteignait, la Couronne serait transmise aux descendants de la sœur d'Henri VIII, Marie Tudor, tandis que ceux de son autre sœur, Marguerite Tudor, étaient exclus de la succession. Cette dernière disposition ne fut pas respectée quand son arrière-petit-fils Jacques VI d'Écosse devint Jacques Ier d'Angleterre à la mort d'Élisabeth Ire en 1603. La dynastie Tudor disparut donc au profit de la dynastie Stuart et l'union des Couronnes rapprocha les deux pays qui fusionnèrent en 1707 pour former le Royaume de Grande-Bretagne.

Image publique

Henri VIII cultivait l'image d'un homme de la renaissance et sa cour aiguillait de nombreux artistes et intellectuels. Il appréciait particulièrement la musique et il soutint des compositeurs comme Richard Sampson et Ambrose Lupo. Il possédait une grande collection d'instruments et jouait du luth, de l'orgue et du virginal. Il pouvait lire à vue la musique et chantait bien. Il était un musicien, un auteur et un poète accompli ; son œuvre la plus connue est Pastime with Good Company tandis que Greensleeves lui est, à tort, populairement attribué. Il était un parieur invétéré, adorait les jeux de dés et excellait à la joute, à la chasse et au jeu de paume. Il participa à la construction et au développement de nombreux bâtiments importantes dont le palais de Sans-Pareil, la King's College Chapel et l'abbaye de Westminster. Beaucoup de travaux furent réalisés dans les propriétés confisquées à Wolsey telles que le Trinity College, le Christ Church, le château de Hampton Court et le palais de Whitehall.
Il était le premier roi d'Angleterre à avoir eu une éducation humaniste, maîtrisait le français, l'anglais et le latin et possédait une vaste bibliothèque dont il annota beaucoup d'ouvrages. Pour promouvoir la réforme de l'Église auprès du peuple, Henri VIII commanda de nombreux pamphlets comme l'Oratorio 1534 de Richard Sampson qui défendait une obéissance absolue envers la monarchie et affirmait que l'Église anglaise avait toujours été indépendante de Rome. Des troupes de théâtre et des ménestrels voyageaient de ville en ville pour faire connaître les nouvelles pratiques religieuses ; le pape et les prêtres catholiques étaient ridiculisés tandis que le roi était présenté comme un défenseur héroïque de la vraie foi.
Henri VIII était un homme fort et de grande taille, plus de 6 pieds 183 cm qui excellait à la chasse et à la joute. Plus que de simples passe-temps, ces activités étaient des outils politiques lui permettant de renforcer son image royale, d'impressionner les diplomates et les dirigeants étrangers et de démontrer sa capacité à écraser toute opposition. Il organisa ainsi un tournoi de joute à Greenwich en 1517 au cours duquel il porta une armure dorée avec une tunique en velours et satin ornée de perles et de joyaux. Cela impressionna les ambassadeurs présents et l'un d'eux rapporta que la richesse et la civilisation du monde sont ici et ceux qui qualifient les Anglais de barbares me semblent en fait en être. Henri VIII abandonna la joute en 1536 après une chute qui le laissa inconscient pendant deux heures mais il continua de soutenir deux fastueux tournois chaque année. Cette baisse d'activité physique causa sa prise de poids et la disparition du personnage athlétique qui l'avait rendu si élégant, et tranche avec l'image donnée par les portraits d'Holbein : Henri VIII, immonde tâche de graisse et de sang sur l'histoire d'Angleterre, incapable, à la fin de sa vie, de franchir certaines portes de Whitehall tant il était obèse, est-ce vraiment lui cette idole impassible offerte à la vénération de ses sujets ? .

Administration Gouvernement

L'autorité des souverains Tudor, dont Henri VIII, était entière car ils revendiquaient un pouvoir de droit divin. La Couronne disposait de prérogatives royales regroupant des privilèges comme la diplomatie, les déclarations de guerre, la gestion de la monnaie, le droit d'amnistie et le pouvoir de convoquer et de dissoudre à volonté le Parlement. Le pouvoir d'Henri VIII n'était cependant pas absolu et le roi devait respecter des limites légales et financières qui l'obligeaient à travailler étroitement avec la noblesse et le Parlement. En pratique, le souverain utilisait le patronage pour établir une cour royale comprenant des institutions officielles comme le conseil privé et des groupes plus ou moins formels. L'ascension et la chute des nobles à la cour pouvait être rapide. Le chiffre de 72 000 exécutions durant son règne est fréquemment avancé mais est exagéré; Henri VIII fit néanmoins exécuter deux de ses épouses, vingt nobles, quatre haut-fonctionnaires, six proches conseillers, un cardinal John Fisher et de nombreux ecclésiastiques. Parmi les personnalités en faveur auprès du roi figurait généralement son chef ministre même si l'un des plus importants débats historiographique sur son règne est de savoir dans quelle mesure ces conseillers contrôlaient Henri VIII ou vice-versa. L'historien Geoffrey R. Elton estime ainsi que l'un de ces ministres, Thomas Cromwell, mena une révolution du gouvernement Tudor de manière relativement indépendante du roi qu'Elton qualifie d'opportuniste qui comptait sur d'autres pour faire la plus grande part du travail. Il estime également que lorsqu'Henri VIII participait à la gouvernance du pays, cela n'était généralement pas à son avantage. L'importance des luttes entre factions politiques à la cour est également discutée débattue dans le contexte des différents mariages du roi dont notamment la chute d'Anne Boleyn.
De 1514 à 1529, le cardinal Thomas Wolsey supervisa la politique étrangère et intérieure du royaume pour le compte du jeune Henri VIII en tant que lord chancelier141. Il aida à combler le vide créé par la faible participation du roi au gouvernement, notamment en comparaison de son père, mais il le fit essentiellement en prenant la place du souverain. Wolsey centralisa l'administration et élargit la juridiction des cours de justice dont la chambre étoilée qu'il utilisa à son profit pour écarter ses adversaires. Son large enrichissement personnel et son pouvoir irritèrent les nobles tandis que son incapacité à obtenir le divorce du roi avec Catherine d'Aragon déçut profondément Henri VIII. Après seize années au sommet, il fut limogé en 1529 avant d'être arrêté pour trahison l'année suivante et de mourir en détention. Sa chute fut un avertissement pour le pape et le clergé s'ils refusaient de satisfaire les demandes du roi. Henri VIII intervint plus fréquemment en politique mais les nombreuses factions à la cour continuèrent de se livrer une lutte acharnée pour le pouvoir.
Thomas Cromwell joua également un rôle considérable durant le règne d'Henri VIII lorsqu'il devint son principal conseiller en 1531. Poussé en partie par ses croyances religieuses, il tenta de réformer l'administration via la négociation sans essayer d'imposer de changements trop brusques. Ses principales mesures visaient à retirer une partie des prérogatives royales mais cette évolution ne fut pas complète car il devait conserver le soutien du roi et de ses pairs. Cromwell optimisa la collecte des impôts décidés par Henri VII et délégua leur gestion à des structures largement indépendantes. L'autorité du conseil royal fut transféré à un conseil privé réformé plus réduit et plus efficace que ses prédécesseurs. L'économie anglaise profita de ses réformes mais sa chute affecta fortement la bureaucratie qui nécessitait son intervention pour éviter les dépenses trop importantes détériorant les relations autant que les finances. L'influence de Cromwell dans le mariage à Anne de Clèves, bien que non fatale en elle-même, l'affaiblit alors que ses opposants gagnaient en pouvoir. Henri VIII épousa ensuite Catherine Howard, la nièce de Thomas Howard, et ce fut ce dernier qui organisa sa chute. Cromwell fut décapité le 28 juillet 1540.

Finances

Financièrement, le règne d'Henri VIII fut un désastre. Il hérita d'une économie prospère et le trésor royal fut alimenté par les biens confisqués à l'Église mais sa mauvaise gestion et ses dépenses considérables affectèrent l'économie. Il possédait ainsi près de 2 000 tapisseries dans ses palais contre seulement 200 pour le roi Jacques V d'Écosse et il était très fier de sa collection d'armes composée d'environ 9 000 pièces.
Henri VIII hérita d'une large fortune de son père qui, à sa différence, avait été économe et prudent avec l'argent. Cette somme était estimée à 1,25 millions de livres soit 328 milliards de livres de 2012. Une grande partie de cette richesse fut utilisée pour l'entretien de la cour et de ses résidences dont beaucoup furent agrandies. Les souverains Tudor devaient financer toutes les dépenses gouvernementales avec leurs propres revenus tirés des terres de la Couronne et des droits de douanes accordés par le Parlement. Durant son règne, les revenus de la couronne restèrent constants autour de 100 000 £ par an, environ 17,3 milliards de livres de 2012 mais furent érodés par l'inflation causée par les guerres. Ce furent ainsi les interventions européennes d'Henri VIII qui épuisèrent le surplus laissé par son père dès le milieu des années 1520. Alors qu'Henri VII avait peu fait appel au Parlement, son fils fut contraint de le solliciter pour accroître ses revenus et le financement de ses conflits. La dissolution des monastères permit de renflouer les caisses de l'État et la valeur des terres confisquées représentait 120 000 £ environ 22,6 milliards de livres de 2012. En 1526, la Couronne dévalua légèrement la monnaie puis de manière plus importante sous l'administration de Cromwell. La livre anglaise perdit la moitié de sa valeur par rapport à la livre flamande entre 1540 et 1551. Cela permit d'accroire les revenus de la Couronne mais affecta fortement l'économie et cela contribua à une période de très forte inflation après 1544.

Réforme anglaise.

Henri VIII est généralement crédité pour le développement de la Réforme anglaise qui fit passer l'Angleterre de la sphère catholique à la sphère protestante. En 1527, le roi, jusque-là un catholique fervent, fit appel au pape pour lui demander l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon. Le refus papal, en partie attribué aux pressions de Charles Quint, a été traditionnellement considéré comme le déclencheur du rejet de la suprématie pontificale par Henri VIII alors qu'il avait auparavant défendu cette doctrine. L'historien Albert Pollard estime néanmoins que même s'il n'avait pas eu besoin d'un divorce, le roi aurait certainement rejeté l'influence papale sur l'Angleterre pour des raisons purement politiques.
Quelles qu'en soient les raisons, Henri VIII introduisit plusieurs législations entre 1532 et 1537 pour structurer l'Église d'Angleterre naissante et affaiblir l'influence du pape. La loi sur la restriction de l'appel de 1533 permettaient d'accuser de trahison et de condamner à mort ceux qui défendaient les bulles pontificales en Angleterre. D'autres lois renforçaient le pouvoir royal sur l'Église dont le Suffragan Bishops Act de 1534 qui obligeait le clergé à élire des évêques nommés par le souverain. La même année, l'acte de suprématie faisait du roi l' unique chef suprême de l'Église d'Angleterre du Terre et refuser le serment de suprématie reconnaissant cela était passible de mort d'après le Treasons Act. De même, tous les sujets du Royaume devaient accepter par serment l'invalidité du mariage d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon et la validité de celui avec Anne; ceux qui refusaient pouvaient être emprisonnés à vie et tout éditeur ou imprimeur de documents avançant que le mariage avec Anne était invalide pouvaient être exécutés. Enfin, après l'excommunication du roi, l'Ecclesiastical Licences Act supprimait le denier de Saint-Pierre et affirmait que la couronne impériale d'Henri VIII avait été affaiblie par les usurpations et les exactions déraisonnables et peu charitables du pape.
Malgré l'opposition de Cromwell, Henri VIII insista pour utiliser le temps parlementaire afin de discuter de questions religieuses et cette initiative fut ensuite défendue par Howard. Cela entraîna l'adoption des Six Articles qui réaffirmait la doctrine catholique traditionnelle sur plusieurs points fondamentaux comme la transsubstantiation et limitait l'expansion de la Réforme en Angleterre. Cela fut suivi par le développement d'une liturgie réformée et du livre de la prière commune sous l'influence de Cranmer mais ce processus ne fut pas achevé avant 1549. Le reste du règne d'Henri VIII vit un lent éloignement de l'orthodoxie religieuse et cette évolution fut aidé par la mort des principaux dignitaires religieux d'avant le schisme avec Rome dont notamment les exécutions de Thomas More et de John Fisher qui avaient refusé de renoncer à l'autorité papale. Henri VIII établit une nouvelle théologie politique de l'obéissance à la Couronne qui reflétait la nouvelle interprétation par Martin Luther du quatrième commandement Honore ton père et ta mère introduite en Angleterre par William Tyndale. Les protestants furent néanmoins persécutés sous son règne en particulier du fait de leur refus de reconnaître l'annulation de son mariage et beaucoup quittèrent le Royaume.
Lorsque les taxes auparavant payées à Rome furent transférées à la Couronne, Cromwell réalisa le besoin d'évaluer la valeur des importantes possessions de l'Église et cela donna naissance au compendium Valor Ecclesiasticus, Valeur de l'Église. En septembre 1535, il exigea une inspection plus complète des institutions religieuses et la vie des moines fut rendue plus difficile par les prêches les accusant d'être des parasites improductifs. Les informations accumulées entraînèrent en janvier 1536 le début de la dissolution de tous les monastères par laquelle toutes les institutions aux revenus annuels inférieurs à 200 £ environ 96 000 £ de 2012 furent saisies par la Couronne. Les autres couvents furent progressivement transférés à la Couronne et à de nouveaux propriétaires. En janvier 1540, près de 800 monastères avaient été dissous ; le processus avait été efficace et n'avait rencontré que peu d'opposition. Les actions de Cromwell permirent le transfert d'environ 20% de la richesse foncière anglaise dans de nouvelles mains et créèrent une aristocratie terrienne redevable à la Couronne.
Les réponses à la Réforme furent variées. Les monastères étaient les seuls soutiens des plus pauvres et leur dissolution fut une des causes du soulèvement du Pèlerinage de Grâce de 1536-1537. Ailleurs, les changements furent acceptés et ceux qui conservèrent les rites catholiques entrèrent dans la clandestinité. Ils réémergèrent lors du règne de Marie Ire entre 1553 et 1558.

Militaire

En dehors des garnisons de Berwick, de Calais et de Carlisle, l'armée professionnelle anglaise ne comptait que quelques centaines d'hommes et sa taille ne fut que légèrement accrue par Henri VIII. Lors de l'invasion de la France en 1513, l'armée était composée de 30 000 vougiers et archers à une époque où les autres nations européennes commençaient à adopter les piques et les arquebuses. L'influence de ces armes n'était pas encore décisive et les Anglais furent capables de combattre à égalité avec leurs adversaires.
Henri VIII est traditionnellement présenté comme l'un des fondateurs de la Royal Navy grâce à sa création de ports permanents pour la flotte. Il semble qu'il ait également supervisé la conception de certains navires comme des galères. L'artillerie navale se développa sous son règne et des canons de plus en plus grands furent installés à bord des navires, ce qui contribua à l'abandon de la tactique de l'abordage. La taille de la flotte passa à cinquante navires dont certains très modernes comme la Mary Rose et Henri VIII établit un conseil pour gérer l'entretien et le déploiement de la Marine qui devint par la suite l'Amirauté.
La rupture d'Henri VIII avec Rome accrut la menace d'une invasion française ou espagnole. Pour se prémunir contre cette éventualité, il ordonna à partir de 1538 la construction d'une série de fortifications coûteuses et modernes telles que le château de Deal le long des côtes méridionales du Kent à la Cornouailles. Wolsey avait auparavant organisé un recensement de la population afin de réformer la milice mais aucune réforme ne fut lancée avant le règne de Marie Ire.

Irlande Reconquête de l'Irlande par les Tudors.

La division de l'Irlande en 1450

Au début du règne d'Henri VIII, l'Irlande était de fait divisée en trois zones : le Pale où la domination anglaise était sans opposition ; le Leinster et le Munster surnommés les terres obéissantes contrôlés par les nobles anglo-irlandais et le Connacht et l'Ulster où le contrôle anglais était limité. Jusqu'en 1513, Henri VIII poursuivit la politique de son père qui consistait à autoriser les nobles irlandais, et notamment la famille FitzGerald, à gouverner au nom du roi afin de limiter les coûts de la colonie et de protéger le Pale. Cet équilibre fut déstabilisé par la mort du lord deputy Gerald FitzGerald en 1513 et la politique plus ambitieuse du nouveau roi. Son successeur et fils, également nommé Gerald FitzGerald, lutta énergiquement contre les seigneurs irlandais qui s'opposaient à l'influence anglaise mais son autonomie déplaisait à Henri VIII qui le renvoya en 1520. Il fut néanmoins contraint de le rappeler en 1524 car il était le seul à pouvoir maintenir un semblant d'ordre sur l'île. Lorsqu'en 1534, Gerald Fitzgerald fut convoqué à Londres et accusé de trahison, son fils Thomas organisa un soulèvement et mena une croisade catholique contre le roi. L'insurrection, qui menaçait de se transformer en guerre civile, fut réprimée par l'intervention de l'armée anglaise et Thomas Fitzgerald fut exécuté.
Même si la révolte fut suivie par la volonté d'un plus grand contrôle de l'Irlande, Henri VIII souhaitait éviter un conflit avec les seigneurs locaux et une commission royale recommanda une politique de diplomatie pour les assurer que leurs terres ne seraient pas menacées par l'expansion anglaise. Anthony St Leger fut ainsi nommé lord deputy et le resta jusqu'à la fin du règne d'Henri VIII. Il appliqua une politique de renonciation et restitution qui transforma l'organisation du pouvoir en Irlande, traditionnellement basée sur les clans et les liens familiaux, en un système semi-féodal. Les propriétaires fonciers renonçaient à leurs terres et les cédaient au roi. En jurant fidélité au roi, leurs terres leur étaient restituées avec un titre de noblesse et ils pouvaient siéger à la Chambre des Lords irlandaise. En pratique, les seigneurs acceptèrent leurs nouveaux privilèges mais continuèrent à se comporter comme avant.

Héritage

La complexité et l'importance de l'héritage d'Henri VIII contribua à ce que, dans les mots des historiens Betteridge et Freeman, tout au long des siècles depuis sa mort, Henri VIII a été loué et vilipendé mais jamais il ne fut ignoré. L'un des débats de l'historiographie moderne est de savoir dans quelle mesure les événements de la vie d'Henri VIII dont ses mariages et sa politique étrangère et domestique furent le résultat de ses actions, et si cela fut le cas, si elles étaient volontaires ou opportunistes138. Dans son évaluation du règne d'Henri VIII publiée en 1902, Albert Pollard le loua comme le roi et le chef d'État qui, quels que soient ses défauts, mena l'Angleterre sur la route de la démocratie parlementaire et de l'Empire. L'interprétation de Pollard resta la plus influente jusqu'à la publication de la thèse de doctorat de Geoffrey R. Elton en 1953. Cette dernière intitulée The Tudor Revolution in Government reprit l'interprétation positive de Pollard de la période mais en présentant Henri VIII comme un suiveur plutôt que comme un meneur. Pour Elton, ce fut Cromwell et non Henri VIII qui entreprit la réforme du gouvernement. Il ne fut donc, en d'autres mots, rien de plus qu'une monstruosité égocentrique dont le règne « dut ses réussites aux meilleurs et aux plus grands hommes ; la plupart de ses horreurs et échecs émanant plus directement du roi.
Même si les principaux arguments de la thèse d'Elton ont aujourd'hui presque tous été abandonnés, elle a contribué à la réalisation de nouveaux travaux de recherches comme ceux de son étudiant, Jack Scarisbrick. Ce dernier conserva son évaluation positive de Cromwell mais estima qu'Henri VIII avait eu le dernier mot dans la création et l'application des politiques gouvernementales. Scarisbrick considérait cependant que cette capacité avait été néfaste car son règne fut marqué par les troubles et les destructions et que ceux au pouvoir méritaient plus les blâmes que les louanges. Même dans les biographies plus récentes, comme celles de David Loades, David Starkey et de John Guy, l'étendue de la responsabilité d'Henri VIII dans les changements de son règne continue de faire débat.
Ce manque de certitude sur le contrôle d'Henri VIII sur les événements a contribué à la variété de traits de personnalité qui lui ont été attribués. Une approche traditionnelle, développée entre autres par Starkey, est de diviser en deux le règne d'Henri VIII : une première positive avec un roi pieux, athlétique et érudit qui présida à une période de stabilité et la seconde avec un tyran imposant qui régna lors d'une époque de changements profonds et parfois fantasques.

Henri VIII a été joué à l'écran par:

Tefft Johnson dans le film Cardinal Wolsey 1912
Emil Jannings dans le film Anne Boleyn 1920
Lyn Harding dans les films When Knighthood Was in Flower 1922 et Les Perles de la Couronne 1937
Charles Laughton dans les films La Vie privée d'Henry VIII 1933 et La Reine vierge 1953
Montagu Love dans le film Le Prince et le Pauvre 1937
Ralph Forbes dans le film La Tour de Londres 1939
James Robertson Justice dans le film La Rose et l'Épée 1953
Robert Shaw dans le film Un homme pour l'éternité 1966
Richard Burton dans le film Anne des mille jours 1969
Keith Michell dans le film Les Six Femmes d'Henry VIII 1972
Charlton Heston dans le film Le Prince et le Pauvre 1978
Jared Harris dans le film The Other Boleyn Girl 2003
Ray Winstone dans le film Henry VIII 2003
Eric Bana dans le film Deux sœurs pour un roi 2008
Jonathan Rhys Meyers dans la série Les Tudors 2008-2010
Damian Lewis dans la mini-série Wolf Hall 2015
Henri VIII a également fait l'objet d'une pièce de théâtre de William Shakespeare en 1623 et d'un opéra de Camille Saint-Saëns en 1883.

Titre et armoiries

Armoiries d'Henri VIII durant son règne
Le titre d'Henri VIII connut plusieurs évolutions durant son règne. Il utilisait initialement le titre : Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France et seigneur d'Irlande ». Les revendications sur le trône de France n'étaient que symboliques et étaient invoquées par tous les rois d'Angleterre depuis Édouard III, peu importe la quantité de territoires français contrôlés. En 1521, le pape Léon X lui accorda le titre de défenseur de la foi mais il lui fut retiré par Paul III à la suite de son excommunication ; le Parlement adopta néanmoins une loi pour confirmer sa validité et il reste encore utilisé de nos jours. La devise d'Henri VIII était Cœur Royal » et son emblème était la rose Tudor. Durant son règne, ses armoiries étaient les mêmes que celles de ses prédécesseurs depuis Henri IV : Écartelé, trois fleurs de lys or sur fond azur qui est France et trois lions en pal or qui est Angleterre.
En 1535, Henri VIII ajouta le titre de chef suprême de l'Église d'Angleterre : Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France, défenseur de la foi, seigneur d'Irlande et de l'Église d'Angleterre sur Terre, chef suprême. L'année suivante, la partie de l'Église d'Angleterre devint de l'Église d'Angleterre et aussi d'Irlande. En 1541, le Parlement d'Irlande adopta le Crown of Ireland Act qui créait le titre de roi d'Irlande en lieu et place de celui de seigneur d'Irlande. Cette évolution avait été voulue par Henri VIII quand on l'avait informé que de nombreux Irlandais considéraient le pape comme le véritable chef de leur pays tandis que le seigneur n'était qu'un simple représentant. De fait, la suzeraineté de l'île avait été accordé au roi Henri II d'Angleterre par le pape Adrien IV au xiie siècle. Le titre de Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France et d'Irlande, défenseur de la foi et de l'Église d'Angleterre et aussi d'Irlande sur Terre, chef suprême resta en vigueur jusqu'à la fin de son règne.


Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l










#303 Henry VIII D'Angleterre 1
Loriane Posté le : 27/06/2015 20:27
Le 28 juin 1491 naît Henri VIII, né Henry Tudor

au Palais de Placentia Greenwich, Angleterre, mort à 55 ans le 28 janvier 1547 au Palais de Whitehall à Londres, Angleterre, il fut roi d'Angleterre et d'Irlande du 24 Avril 1509 où il fut couronné à l'abbaye de Westminster jusqu'à sa mort soit durant 37 ans, 9 mois et 4 jours, son prédécesseur est henri Vii et son successeur est son fils Edouard VI. Son père est Henri Vii roi d'Angleterre et sa mère Elisabeth d'York
La controverse juridique et théologique relative à la validité de son premier mariage avec Catherine d'Aragon et à son annulation fut l'une des principales causes du schisme de l'Église d'Angleterre avec Rome et de la Réforme anglaise. Henri VIII supervisa cette séparation avec notamment la dissolution des monastères et fut pour cela excommunié ; il resta néanmoins un fervent défenseur des fondamentaux de la théologie catholique. Henri VIII se remaria à cinq reprises et il fit exécuter deux de ses épouses.Il fut marié à Catherine d'Aragon 1509-1533, Anne Boleyn 1533-1536, Jeanne Seymour 1536-1537, Anne de Clèves 1540, Catherine Howard 1540-1542, Catherine Parr 1543-1547. Ses enfants sont Marie première, Élisabeth première, Édouard VI, Henry FitzRoy, fils illégitime. Religion Catholique, puis fondateur de l' Anglicanisme à partir de 1534. En politique étrangère, Henri VIII participa notamment aux guerres d'Italie contre la France de François Ier en s'alliant fréquemment à Charles Quint. Ses succès sur le continent furent cependant limités. Dans les îles britanniques, il s'opposa à plusieurs reprises à l'Écosse alors alliée à la France tandis que son règne marqua le début d'une plus grande influence anglaise en Irlande. Ces guerres et les dépenses fastueuses du roi affectèrent profondément les finances du Royaume et les mesures prises pour équilibrer le budget ne firent qu'aggraver la situation économique de l'Angleterre.
Henri VIII était un homme de la Renaissance athlétique et éduqué qui s'exerçait à l'écriture et à la musique. Néanmoins, un accident de joute et l'usure du temps affectèrent la santé physique et mentale du roi qui devint obèse et était à la fin de sa vie considéré comme un tyran égoïste. Au fil de ses mariages, il avait écarté de sa succession ses deux filles Marie et Élisabeth au profit de son fils Édouard. Tous ses enfants légitimes montèrent néanmoins sur le trône mais en l'absence de descendance, ils furent les derniers de la dynastie Tudor.


En bref

Né à Greenwich en juin 1491, fils d'Henri VII qui fut le premier souverain Tudor, Henri VIII d'Angleterre monte sur le trône en 1509 à l'âge de dix-huit ans et son règne ne s'achève qu'en janvier 1547. Contemporain de François Ier et de Charles Quint, il a été, comme eux, un roi à la fois humaniste et chevalier, dont les décisions en matière de gouvernement, de vie religieuse, d'économie, surtout dans le domaine commercial, et les relations extérieures ont durablement marqué l'histoire de son pays. Il serait aussi injuste que ridicule de ne retenir de lui que l'image du grand amateur de femmes et d'épouses, qui ne connut pas moins de six reines à son côté, Catherine d'Aragon de 1509 à 1533, dont il divorça, Anne Boleyn, les trois années suivantes, qu'il fit exécuter, Jane Seymour, en 1536-1537, qui mourut douze jours après avoir accouché du futur Édouard VI, Anne de Clèves qu'il répudia, à peine épousée, en janvier 1540, Catherine Howard, qui fut exécutée en février 1542 après moins de vingt mois de vie commune, et Catherine Parr, sa veuve en 1547 après une union de trois ans et demi.
En montant sur le trône, Henri VIII a découvert un héritage aux facettes variées. Le royaume, encore borné au nord de l'Écosse indépendante, compte environ trois millions de sujets, héritiers des survivants de l'hécatombe des pestes du XIVe siècle, dont 85 p. 100 étaient des villageois et presque autant des agriculteurs ; le reste de la population est constitué par de maigres cités, Londres compte alors quelque 50 000 à 60 000 habitants, qui, parfois dotées du statut de bourgs, gèrent elles-mêmes, par l'intermédiaire des élus des bourgeoisies, leurs affaires municipales. L'aristocratie soumise d'une main de fer par Henri VII, mais affaiblie surtout par les effets des morts et des renouvellements de la longue guerre civile des Roses, achevée en 1485, est tentée parfois de redresser la tête en s'appuyant sur de vastes clientèles, des châteaux, des armées privées ; le système religieux est fondé sur le monopole de l'Église catholique en Angleterre, riche d'un tiers des terres du royaume, réparties entre ordres monastiques et clergé séculier, défendue contre l'hérésie, celle des Lollards en particulier, par de terribles lois pénales. La puissance extérieure est encore fort limitée, surtout depuis l'avortement définitif des grands rêves de domination sur la France voisine mais la prudence financière, la possession de ressources non négligeables, la position géographique autorisent d'utiles et fructueux marchandages diplomatiques et une influence parfois démesurée. La faiblesse du système politique réside dans la jeunesse même de la dynastie des Tudors, conquérante du trône en 1485 et toujours, de ce fait, exposée à faire face à d'autres ambitions, dans un régime qui allie un Parlement fort de deux siècles d'existence dans ses structures bicamérales, et dans la prétention de l'autorité d'un exécutif toujours doté de l'investiture divine. Les possessions sont plus assurées au pays de Galles qu'en Irlande ; et l'action est en général entravée dès lors qu'il s'agit de compter sur une administration squelettique et nécessairement recrutée, au sommet, parmi des notables qui ne se veulent pas seulement des serviteurs ; de même, lorsqu'il faut constituer une armée, une flotte de guerre en trouvant les ressources, les hommes et les navires dans un royaume surtout terrestre.
Les atouts du jeune roi ne sont pas négligeables. Il bénéficie de l'expérience et des réalisations de son père et prédécesseur, de la popularité que lui a gagnée son intelligente politique économique d'encouragement du grand commerce maritime et qu'a renforcée la paix intérieure et extérieure ; il peut jouer de la soumission du Parlement, que Henri VII n'avait réuni que sept fois en vingt-cinq ans, préférant légiférer en Conseil. Il a été formé à son métier, bien que seule la mort de son frère aîné Arthur, en 1502, lui eût valu la promesse de la Couronne : il est un excellent cavalier, apte à tous les combats, il a goûté, dans les temps de l'humanisme naissant, aux joies de l'esprit, ami de Thomas More, d'Érasme, qu'il rencontre ou avec lequel il entretient une active correspondance ; il se pique de connaissances variées et étendues, son intelligence est indéniable. Son entourage lui est d'autant plus dévoué qu'il puise ses exemples dans une Antiquité grecque et romaine dont on retient surtout les ardeurs patriotiques ; il élève aux plus hautes fonctions son ancien chapelain, Thomas Wolsey ; celui-ci, rapidement porté à l'épiscopat, devenu archevêque d'York et, en 1515, cardinal, est promu en décembre de la même année chancelier du royaume : très ambitieux, ayant à deux reprises rêvé d'une élection au pontificat, il garantit à son maître les conseils les meilleurs pour renforcer son autorité et cela jusqu'à sa disgrâce de 1529.
L'histoire du règne doit être divisée en deux périodes que sépare la grande querelle avec Rome, avec son aboutissement : le schisme et la constitution d'une Église nationale. Ce n'est pas privilégier le religieux que de marquer d'entrée cette césure : elle a préfiguré un immense changement dans l'ordre des choses politiques, dans la vie sociale, dans le reclassement international des puissances européennes.
Avant 1529, Henri VIII est davantage un continuateur qu'un innovateur. À l'heure des déchirements religieux sur le continent, après que Luther, en 1517, eut levé l'étendard d'une révolte contre Rome, le roi se veut le défenseur de l'orthodoxie. Il n'empêche pas les humanistes de conduire leur quête, permet sans difficulté à Thomas More de publier, en 1516, son Utopie, demeure l'ami de John Colet, doyen de Saint-Paul, mort en 1519 après avoir créé une école de grande valeur et qui est un lecteur critique des Écritures et le pourfendeur des abus du clergé ; il approuve Wolsey de chercher à réprimer certains de ces abus et de créer de bons collèges à Oxford et Ipswich. Mais il gagne en 1521, sur décision de Léon X, le titre de défenseur de la foi, désormais partie intégrante de la titulature royale anglaise, pour avoir publié une Assertio septem sacramentorum dirigée contre Luther. On brûle des livres, mais aussi des hérétiques accusés de lollardisme ; Thomas More lui-même est chargé en 1529 de réfuter les écrits de William Tyndale, disciple de Luther et premier traducteur du Nouveau Testament en anglais 1525. Il s'agit de ne faire porter la réforme que sur des matières de discipline et de rites.
Maintenant le calme religieux dans le royaume, le souverain est d'autant plus libre de poursuivre une politique autoritaire. C'est lépoque de la création de section qu'on essaye vainement de réduire à une vingtaine de personnes en 1526, du développement de la section judiciaire du Conseil dans sa Chambre étoilée Star Chamber, de la réduction au minimum de l'intervention du Parlement qui n'est réuni qu'à cinq reprises et dont on se passe financièrement au prix de quelques exactions fiscales illégales, dont la difficile levée, en 1525, d'une taxe étrangement qualifiée d'amicale amicable grant. Soucieux de ne pas heurter les grands intérêts et conscient de ses propres besoins, Henri VIII encourage l'essor maritime, mais se garde bien de chercher à appliquer avec rigueur les lois contre les enclosures, qui, permettant le développement de l'élevage du mouton à laine, « dépeuplent » certains cantons du royaume en chassant les fermiers et journaliers de terres jusqu'alors vouées à la céréaliculture. Tout au plus une grande enquête mise en œuvre en 1517 contribue à ralentir le mouvement.
À l'extérieur, la politique est résolument empirique. La guerre n'est jamais exclue comme moyen : en 1512, elle prend l'aspect d'une vaine tentative de reconquête de la Guyenne ; en 1514, elle comporte l'acquisition de Tournai aux dépens de Louis XII de France, que son fils rachète en 1518 ; en 1513-1514, c'est sur les confins écossais qu'il faut se battre. La diplomatie est habile : le grand affrontement des Valois et des Habsbourg permet à Henri de se vendre au plus offrant, dans la mesure où ses intérêts propres ne sont pas menacés ; en juin 1520, il demeure insensible aux fastes du camp du Drap d'or et préfère appuyer Charles Quint plutôt que François Ier. Les malheurs du roi de France poussent, en 1525, à une paix entre l'Angleterre et la France, fort généreusement payée par celle-ci, puis, l'année suivante, à un renversement d'alliances. Cependant, il apparaît souvent de bon ton de reprendre à son compte la vieille idée d'une réconciliation de la chrétienté sous la bannière d'une croisade contre les Turcs pour délivrer les Lieux saints !
Symbole de la continuité avec le passé : à partir de 1525, et pour la première fois, le souverain anglais se fait désigner, dans sa titulature, avec le numéro d'ordre qui est le sien dans l'emploi de son prénom.
En 1529, les nuages se sont accumulés. Henri n'a qu'une héritière, Marie, née en 1516. Il se persuade d'autant plus aisément que sa dynastie serait en péril en cas de succession par une femme parfaitement légitime pourtant, qu'il est, depuis 1527, tombé follement amoureux d' Anne Boleyn : un remariage pourrait lui valoir l'héritier jugé nécessaire. Pour divorcer, le roi invoque le tardif scrupule de conscience d'avoir épousé la veuve de son frère Arthur : ce mariage, intervenu en 1501, une année avant la mort du prince, n'a sans doute jamais été consommé, mais le procès de divorce a été marqué par l'appel à de douteux et répugnants témoignages contraires. Sollicitée auprès du pape Clément VII, une décision favorable aurait sans doute pu être obtenue si, après le sac de Rome par les troupes de Charles Quint en 1527, celui-ci, devenu le plus puissant souverain de la Chrétienté et le plus influent en Italie, n'avait pas été le neveu de Catherine.
Les tergiversations pontificales et l'échec, à Londres, de la procédure entamée devant le tribunal des légats, Wolsey et Campeggio, entraînent la chute du cardinal Wolsey et donnent le signal des grandes mutations.
La prospérité économique est réelle parce que le règne du roi coïncide avec le début d'un beau XVIe siècle : l'essor de la population, même relatif, un climat plus favorable, mais aussi une politique habile y contribuent. Henri VIII est un artisan du mercantilisme alors en honneur. Cela se traduit par le renouvellement des Actes de navigation de son père, en particulier en 1540, pour favoriser l'essor d'une flotte de commerce dotée d'équipages anglais. Par ailleurs, il soutient les entreprises commerciales, en particulier les voyages répétés de William Hawkins sur les côtes de Guinée et du Brésil, malgré les protestations portugaises. En 1537, une loi sur les guildes tend à faciliter l'accession de compagnons à la maîtrise, dans le dessein de réduire le malthusianisme des corporations et de permettre la croissance des productions. Un souci identique a justifié les ventes et les distributions de terres, mais aussi la poursuite des efforts pour prévenir les excès des enclosures : une loi de 1536 réserve à la culture les terres d'origine monastique pour une durée minimale de vingt ans.
Autant par souci de l'ordre que par préoccupation chrétienne, le roi n'a pas été insensible à la misère : sur la longue route qui mène à la fameuse loi des pauvres d'Élisabeth en 1601, Henri a planté d'importants jalons en confiant, en 1531 et en 1536, des responsabilités de contrôle aux juges de paix et, surtout, en réservant, pour la première fois à cette dernière date, aux paroisses la mission de secourir les indigents.
Il est vrai aussi que le roi, par ses manipulations monétaires des années 1540, destinées à lui procurer des ressources et à alléger ses dettes en faisant varier le titre des pièces et la définition – or ou argent de la livre –, a largement aussi contribué à une hausse erratique des prix et à une baisse des salaires réels. On a estimé à quelque 39 p. 100 la hausse des prix alimentaires de 1541 à 1550, d'où une difficile course entre prix et rémunérations.
La politique extérieure, par contre, n'a guère varié dans sa pratique du jeu de basculement entre Valois et Habsbourg. Pendant plusieurs années, on vit une paix précaire et un rapprochement avec la France que symbolisent un traité d'amitié en 1532, suivi d'un pacte pour s'opposer en commun à l'expansion ottomane. Mais la lutte d'influence des deux monarchies amène de vifs affrontements à propos de l' Écosse : Jacques V, époux d'une princesse française, ravage les zones frontières en 1542 et sa mort n'empêche pas l'action d'un puissant parti français. En 1542, Henri est ainsi poussé à une alliance avec Charles Quint contre François Ier. Ses troupes occupent Boulogne deux ans plus tard. Une paix séparée entre l'empereur et son éternel rival français met l'Angleterre en fâcheuse posture, mais, en 1546, le traité d'Ardres rétablit la paix en laissant Boulogne à l'Angleterre pour une période de huit ans. Henri VIII reçoit d'autre part la promesse d'une forte indemnité.
Dans ce contexte d'événements contradictoires, la santé et la vigueur de Henri VIII entrent dans un lent déclin. Il assiste, au cours des dernières années de sa vie, à l'affrontement à la cour de partis opposés, chacun soucieux de prendre le meilleur en cas d'accession au trône d'un roi mineur Édouard à neuf ans à la mort de son père. L'exécution du comte de Surrey et l'emprisonnement de son père, le duc de Norfolk, traduisent les suspicions ultimes du roi à l'encontre du parti le plus décidé à renouer avec Rome. Cependant qu'Edward Seymour, comte de Hertford, favorable à une réforme plus radicale, semble alors renforcer sa position.
Henri VIII meurt le 28 janvier 1547. Les difficultés traversées par le royaume sous le court règne d'Édouard VI, jusqu'en 1553, puis de Marie la Sanglante de 1553 à 1558, contribuent, dès le XVIe siècle, à rehausser les mérites du père de la grande Élisabeth.Roland MARX

Sa vie

Né au palais de Placentia le 28 juin 1491, Henri Tudor était le troisième enfant et le second fils du roi Henri VII et d'Élisabeth d'York. Sur les six frères et sœurs d'Henri, seuls trois Arthur de Galles, Marguerite et Marie atteignirent l'âge adulte. Il fut baptisé par l'évêque d'Exeter Richard Fox dans une église franciscaine non loin du palais. En 1493, à l'âge de deux ans, il fut fait connétable du château de Douvres et gouverneur des Cinq-Ports. L'année suivante, il devint comte maréchal d'Angleterre, lord lieutenant d'Irlande, duc d'York, gardien des Marches et il intégra l'Ordre du Bain. En mai 1495, il fut nommé à Ordre de la Jarretière. Henri reçut une éducation de très haut niveau et il parlait couramment l'anglais, le latin et le français et avait quelques bases en italien. On ne sait que peu de choses de son enfance car n'étant pas prince de Galles, il n'était pas destiné à devenir roi. En novembre 1501, il joua un rôle important dans les cérémonies entourant le mariage de son frère Arthur à Catherine d'Aragon, la plus jeune fille du roi Ferdinand II d'Aragon et de la reine Isabelle Ire de Castille.
Arthur mourut soudainement, peut-être de la suette, à l'âge de 15 ans en avril 1502 après 20 semaines de mariage avec Catherine. Toutes ses prérogatives et titres furent ainsi transmis à Henri, âgé de dix ans, qui devint duc de Cornouailles en octobre et prince de Galles et comte de Chester en février 1503. Henri VII ne délégua que quelques missions à son nouvel héritier. Les actes du jeune Henri furent également étroitement encadrés et il accéda au trône sans entraînement à l'art exigeant de la royauté.
Henri VII poursuivit ses tentatives pour sceller une alliance entre l'Angleterre et l'Espagne en proposant de marier Henri à Catherine. L'idée avait germé immédiatement après la mort d'Arthur et un accord en vue d'un mariage fut signé 23 juin 1503. Les lois religieuses interdisaient le mariage entre membres de la même famille et une dispense papale fut demandée par Henri VII et l'ambassadeur espagnol. Celle-ci n'était nécessaire que si l'union avait été consommée, ce qui n'était pas arrivé selon Catherine et sa chaperonne, mais le pape Jules II accorda néanmoins la dispense. Le jeune âge d'Henri empêchait toute cohabitation tandis que la mort d'Isabelle Ire en 1504 et la crise de succession qui suivit compliqua la question. Son père préférait qu'elle reste en Angleterre, mais les relations de Henri VII avec Ferdinand II s'étaient détériorées et la perspective d'un mariage semblait s'éloigner. Catherine vécut donc relativement recluse et elle fut nommée ambassadrice par son père pour lui permettre de rester indéfiniment en Angleterre.

Début de règne

Henri VII mourut de la tuberculose le 22 avril 1509 et le jeune Henri lui succéda sous le nom d'Henri VIII. Peu après l'enterrement de son père le 10 mai, Henri VIII déclara qu'il épouserait Catherine même si les questions entourant la dispense papale restaient irrésolues. La cérémonie de mariage fut sobre et organisée à l'église franciscaine de Greenwich. Le 23 juin 1509, Henri VIII mena Catherine de la Tour de Londres à l'abbaye de Westminster pour leur couronnement qui eut lieu le lendemain. Le trajet du couple royal fut décoré de tapisseries15 et la cérémonie fut suivie par un luxueux banquet dans la grande salle du palais de Westminster.
Deux jours après son couronnement, Henri VIII fit arrêter deux des ministres les plus impopulaires de son père : Richard Empson et Edmund Dudley. Ils furent condamnés pour haute trahison et exécutés en 1510. L'historien Ian Crofton considère que de telles exécutions furent largement utilisées par Henri VIII pour éliminer ceux qui s'opposaient à son autorité. À l'inverse, il fut beaucoup plus modéré que son père envers la maison d'York qui avait des revendications sur la Couronne d'Angleterre. Plusieurs nobles qui avaient été emprisonnés par Henri VII comme Thomas Grey furent amnistiés mais certains furent exécutés ; Edmond de la Pole fut ainsi décapité en 1513 après que son frère Richard eut rejoint les adversaires de l'Angleterre durant la guerre de la Ligue de Cambrai.
Catherine tomba enceinte peu après le mariage mais elle accoucha d'une fille morte-née le 31 janvier 1510. Elle fut à nouveau enceinte peu après et elle donna naissance à un fils appelé Henri le 1er janvier 1511. Après le chagrin causé par la perte de leur premier enfant, le couple se réjouit de cette naissance et de nombreuses célébrations, dont un tournoi de joute, furent organisées; l'enfant mourut cependant au bout de sept semaines. Il fut révélé en 1510 qu'Henri VIII avait une liaison extra-conjugale avec l'une des sœurs d'Edward Stafford, Anne ou Elizabeth. Catherine fit une nouvelle fausse couche en 1514 puis accoucha d'une fille, Marie, en février 1516. Les relations au sein du couple royal s'améliorèrent après cette naissance et rien n'indique que le mariage ait été autre chose qu' exceptionnellement bon pour la période.
Elizabeth Blount fut la principale maîtresse d'Henri VIII pendant trois ans à partir de 1516. Elle est l'une des deux seules femmes dont le statut de maîtresse est incontesté, ce qui est peu pour un jeune roi de l'époque. Leur nombre exact fait l'objet de débats : David Loades estime qu'Henri VIII n'en avait qu'un nombre très limité tandis qu'Alison Weir considère qu'elles furent nombreuses. Catherine ne protesta pas et elle accoucha d'une fille morte-née en 1518. En juin 1519, Blount donna naissance à un fils illégitime appelé Henry FitzRoy. Le garçon fut fait duc de Richmond en juin 1525 dans ce que certains estimèrent être un premier pas vers une éventuelle légitimation. En 1533, FitzRoy fut marié à Marie Howard mais il mourut trois ans plus tard. Au moment de sa mort, le Parlement avait adopté le Second Succession Act qui lui aurait permis de devenir roi si Henri VIII mourait sans héritiers légitimes.

France et Habsbourg

En 1510, la France avait formé une alliance fragile avec le Saint-Empire Romain Germanique au sein de la Ligue de Cambrai contre Venise. Henri VIII maintint les bonnes relations de son père avec le roi Louis XII de France, mais cette question divisait ses conseillers et, peu après, il signa un pacte contradictoire avec Ferdinand II d'Aragon contre la France. Le problème fut résolu par la formation en octobre 1511 de la Ligue catholique dirigée contre la France par le pape Jules II. Henri VIII rejoignit cette coalition peu après et prépara une attaque anglo-espagnole en Aquitaine, visant à reprendre les territoires perdus durant la guerre de Cent Ans. L'offensive fut un désastre qui détériora les relations entre les deux pays, mais le retrait français d'Italie apaisa les tensions. Henri VIII remporta ensuite un grand succès diplomatique en convaincant l'empereur Maximilien Ier de rejoindre la coalition. Il obtint également que le pape le couronne roi de France si Louis XII était vaincu.
Le 30 juin 1513, Henri VIII et ses troupes battirent une armée française à Guinegatte dans le Pas-de-Calais et s'emparèrent de Tournai. Le roi avait mené personnellement ses forces et son absence poussa son beau-frère Jacques IV d'Écosse à envahir l'Angleterre pour soutenir Louis XII. Les Écossais furent néanmoins écrasés lors de la bataille de Flodden Field le 9 septembre 1513 et la mort du roi entraîna la fin de la brève participation de l'Écosse au conflit. Henri VIII avait grandement apprécié son expérience militaire, mais il décida de ne pas mener une nouvelle campagne en 1514. Il avait soutenu financièrement Ferdinand II et Maximilien Ier mais avait peu obtenu en retour et les coffres anglais étaient à présent vides. Le nouveau pape Léon X étant favorable à une paix avec la France, Henri VIII négocia son propre traité avec Louis XII : sa sœur Marie épouserait le roi de France et une trêve fut signée pour huit ans, une durée particulièrement longue pour l'époque.
François Ier succéda à son cousin Louis XII en 1515 tandis qu'après la mort respective de ses grand-pères Ferdinand II et Maximilien Ier en 1516 et 1519, Charles d'Autriche devint roi d'Espagne et empereur germanique. La diplomatie prudente du lord chancelier, le cardinal Thomas Wolsey, permit la signature du traité de Londres de 1518 qui visait à créer une paix permanente en Europe occidentale et à se prémunir contre la menace grandissante de l'Empire ottoman. Le 7 juin 1520, Henri VIII et François Ier se rencontrèrent au camp du Drap d'Or près de Calais pour deux semaines de somptueuses festivités. Les deux hommes espéraient mettre en place des relations amicales après les affrontements de la décennie passée, mais les tensions restèrent élevées et un nouveau conflit inévitable. Le roi anglais se sentait plus proche de Charles Quint qu'il avait rencontré avant François Ier. Une nouvelle guerre éclata entre l'Empire et la France en 1521 et Henri VIII proposa sans grands succès sa médiation. Toujours désireux de reprendre les anciens territoires anglais en France, il se rapprocha de la Bourgogne et apporta son soutien à Charles Quint. Une armée anglaise mena une offensive dans le Nord de la France à partir de 1522 avec des résultats mitigés. Le tournant du conflit fut la capture du roi de France à Pavie en février 1525 par les forces de Charles Quint qui pouvait à présent dicter ses conditions de paix et estimait qu'il ne devait rien à Henri VIII. Ce dernier décida donc de négocier une paix séparée qui fut signée le 30 août 1525 et ramenait quasiment les belligérants à la situation d'avant-guerre.

Divorce d'avec Catherine d'Aragon

Au début des années 1520, Henri VIII entretenait une relation avec Mary Boleyn, la dame de compagnie de Catherine d'Aragon. Il a été avancé qu'il était le père de ses deux enfants, Catherine et Henry, mais cela n'a jamais été prouvé et le roi ne les a pas reconnus comme il l'avait fait pour Henry FitzRoy. Alors qu'Henri VIII se désespérait de l'incapacité de Catherine à lui donner l'héritier mâle qu'il désirait, il se rapprocha de la sœur de Mary, Anne Boleyn, une jeune femme charismatique de l'entourage de la reine. Elle résista néanmoins à ses avances et refusa de devenir sa maîtresse comme l'était sa sœur. C'est dans ce contexte qu'Henri VIII évalua ses trois options pour obtenir un héritier et ainsi résoudre ce que la cour qualifia de grand dilemme du roi. Il pouvait légitimer Henry FitzRoy, ce qui nécessiterait l'intervention du pape et pourrait être contesté ; fiancer sa fille Marie le plus vite possible et espérer un petit-fils qui pourrait hériter directement - mais elle n'avait qu'une dizaine d'années et pouvait ne produire un héritier qu'après sa mort ; ou se séparer d'une façon ou d'une autre de Catherine et épouser une femme capable de lui donner un fils. Cette dernière possibilité et la perspective d'épouser Anne semblait la plus désirable pour Henri VIII et sa volonté d'obtenir l'annulation de son mariage devint rapidement évidente.
Les motivations et les intentions précises d'Henri VIII dans les années qui suivirent ne font pas l'unanimité. Du moins dans la première partie de son règne, Henri VIII fut un catholique pieux et instruit dont le traité théologique qu'il rédigea en 1521 contre les attaques de Martin Luther lui valut de recevoir le titre de défenseur de la Foi par le pape Léon X. Vers 1527, il devint persuadé qu'en épousant Catherine, l'épouse de son frère, il avait violé la loi divine Lévitique et que même une dispense papale ne pouvait rendre cette union valide. Catherine fut invitée à se retirer discrètement dans un couvent mais elle refusa en déclarant qu'elle était la seule et véritable épouse du roi. Henri VIII dépêcha donc des émissaires auprès du Saint-Siège pour demander l'annulation du mariage, mais le pape refusa car il ne voulait pas désavouer son prédécesseur et irriter Charles Quint, le neveu de Catherine, dont les troupes se trouvaient à proximité du Vatican et avaient pillé Rome en mai 1527.
Il fut alors décidé d'organiser en octobre 1528 un tribunal ecclésiastique chargé de se prononcer sur la validité du mariage en Angleterre en présence d'un représentant du pape. Même si Clément VII approuva la constitution d'une telle cour, il n'avait pas l'intention de déléguer à son émissaire Lorenzo Campeggio l'autorité pour accepter la demande d'Henri VIII. Après deux mois de discussions, Clément VII demanda en juillet 1529 que l'affaire soit jugée à Rome, où il était certain que la validité du mariage serait confirmée. Cette incapacité à obtenir le divorce désiré entraîna la chute soudaine et totale de Thomas Wolsey qui fut accusé de trahison en octobre et mourut ruiné l'année suivante. Thomas More le remplaça au poste de lord chancelier et de principal conseiller du roi. Intelligent et capable mais également catholique fervent et opposant au divorce, More soutint initialement le roi devant le Parlement.
En 1531, Catherine fut expulsée de la cour et ses appartements furent transmis à Anne. Cette dernière était une femme particulièrement intelligente et éduquée pour l'époque et elle s'intéressa grandement aux idées des réformateurs protestants, même si son degré d'adhésion au protestantisme reste débattu. Lorsque l'archevêque de Cantorbéry William Warham mourut en 1532, l'influence d'Anne et le besoin de trouver un ecclésiastique favorable au divorce entraînèrent la nomination de Thomas Cranmer. Ce choix fut approuvé par le pape, qui ignorait les plans du roi d'Angleterre.

Mariage avec Anne Boleyn

Durant l'hiver 1532, Henri VIII rencontra François Ier à Calais et obtint le soutien du roi de France pour son remariage. Immédiatement après son retour à Douvres, Henri VIII et Anne se marièrent en secret. Elle tomba rapidement enceinte et une deuxième cérémonie fut organisée à Londres le 25 janvier 1533. Le 23 mai 1533, Cranmer présida un tribunal spécial et annula le mariage d'Henri VIII et de Catherine ; cinq jours plus tard, il officialisa le mariage d'Henri VIII et d'Anne. Catherine perdit formellement son titre de reine et devint princesse douairière en tant que veuve d'Arthur. Anne fut ainsi couronnée reine consort le 1er juin 1533. Elle accoucha le 7 septembre et la fille fut appelée Élisabeth en l'honneur de la mère du roi, Élisabeth d'York.
À la suite du mariage, plusieurs législations furent adoptées pour régler les problèmes causés par cette union65. Les changements au droit canon furent supervisés par Cranmer tandis que les réformes présentées au Parlement furent soutenues par Thomas Cromwell, Thomas Audley et Thomas Howard ainsi que par Henri VIII. Mécontent de cette évolution, Thomas More démissionna et Cromwell devint le principal conseiller du roi. Le First Succession Act de 1533 excluait Marie de la succession au trône, légitimait le mariage d'Henri VIII avec Anne tandis que les enfants qu'il aurait avec elle deviendraient ses héritiers. L'acte de suprématie et la loi sur la restriction de l'appel faisait d'Henri VIII le chef suprême de l'Église en Angleterre. Ces décisions poussèrent Clément VII à excommunier le roi et l'archevêque de Cantorbéry même si cela ne fut rendu public que plus tard.
Le roi et la reine n'étaient pas satisfaits de leur vie de couple, notamment parce qu'Anne refusait de jouer le rôle de femme soumise qui était attendu d'elle. La vivacité d'esprit qui l'avait rendu si attirante la rendait trop indépendante pour le rôle largement cérémoniel d'une reine, et cela lui valut de nombreuses inimités. De son côté, Henri VIII appréciait peu l'irritabilité d'Anne et, après une grossesse nerveuse ou une fausse couche en 1534, il vit son incapacité à lui donner un fils comme une trahison. Dès Noël 1534, Henri VIII discuta avec Cranmer et Cromwell de la possibilité de quitter Anne sans avoir à revenir auprès de Catherine. L'année suivante, il entama une relation avec Margaret Shelton.
L'opposition aux politiques religieuses d'Henri VIII fut rapidement réprimée en Angleterre. De nombreux moines furent exécutés et beaucoup d'autres furent cloués au pilori. Les plus importants opposants étaient l'évêque de Rochester, John Fisher, et Thomas More qui refusaient de prêter allégeance au roi. Henri VIII et Cromwell ne souhaitaient pas leur mort et ils espéraient qu'ils changent d'avis. Cela ne fut pas le cas et les deux hommes furent condamnés pour haute trahison et exécutés à l'été 153574. Cette répression associée à la dissolution des monastères de 1536 accrut le mécontentement populaire et un large soulèvement appelé Pèlerinage de Grâce comprenant entre 20 000 et 40 000 rebelles menés par Robert Aske éclata dans le Nord de l'Angleterre en octobre. Henri VIII promit de prendre en compte leurs revendications et décréta une amnistie ; confiant dans la parole du roi, le meneur renvoya ses disciples; le monarque considérait néanmoins les rebelles comme des traîtres et environ 200 d'entre-eux, dont Aske, furent exécutés.

Exécution d'Anne Boleyn

Le 8 janvier, le couple royal apprit la mort de Catherine d'Aragon et Henri VIII demanda l'organisation de festivités pour célébrer cette nouvelle. La reine était à nouveau enceinte et elle était consciente des conséquences si elle ne donnait pas naissance à un fils. Plus tard dans le mois, le roi fut désarçonné et gravement blessé lors d'une joute et il sembla temporairement que sa vie était en danger. Choquée par la nouvelle, la reine accoucha d'un garçon mort-né d'une quinzaine de semaines le jour des funérailles de Catherine le 29 janvier. Pour la plupart des commentateurs, cette tragédie personnelle marqua le début de la fin du mariage royal. Étant donné le fort désir du roi pour un fils, la série de grossesses d'Anne attira largement l'attention. L'historien Mike Ashley avance qu'Anne avait fait deux fausses couches entre la naissance d'Élisabeth et l'accouchement du fils mort-né en 1536. La plupart des sources parlent de la naissance d'Élisabeth en septembre 1533, d'une possible fausse couche à l'été 1534 et de la fausse couche d'un garçon d'environ quatre mois en janvier 1536.
Même si la famille de Boleyn occupait encore d'importantes positions au sein du conseil privé, Anne s'était fait de nombreux ennemis, dont le général Charles Brandon. Les Boleyn privilégiaient une alliance avec la France tandis que le roi, sous l'influence de Cromwell, était plus favorable à un rapprochement avec le Saint-Empire et cela affecta l'influence de la famille. Les opposants à Anne étaient également les partisans d'une réconciliation avec la princesse Marie, devenue majeure, et les anciens soutiens de Catherine. Un second divorce était devenu une réelle possibilité mais il était largement considéré que Cromwell cherchait un moyen de se débarrasser physiquement de la reine.
La chute d'Anne eut lieu peu après qu'elle eut récupéré de sa dernière fausse couche. Les premiers signes de cette disgrâce furent l'octroi de logements prestigieux à la nouvelle maîtresse du roi, Jeanne Seymour, et le refus de l'Ordre de la Jarretière au frère d'Anne, George Boleyn ; le titre fut à la place accordé au frère de Jeanne qui devint marquis d'Hertford.
Entre le 30 avril et le 2 mai, cinq hommes dont le frère d'Anne et elle-même furent arrêtés pour adultère et inceste. Même si les preuves étaient peu convaincantes, les accusés furent reconnus coupables et condamnés à mort. George Boleyn, accusé d'être l'amant de sa propre sœur, et les autres hommes furent exécutés le 17 mai 1536 et le 19 mai à 8 h, Anne fut décapitée dans l'enceinte de la Tour de Londres.

Mariage avec Jeanne Seymour

Le lendemain de l'exécution d'Anne Boleyn, Henri VIII se fiança à Jeanne Seymour, qui avait été l'une des dames de compagnie de la reine, et ils se marièrent dix jours plus tard. Le 12 octobre 1537, Jeanne donna naissance à un fils, Édouard, mais l'accouchement fut difficile et elle mourut le 24 octobre d'une infection.L'euphorie qui avait entouré la naissance d'Édouard laissa place à la tristesse et si Henri VIII sembla rapidement surmonter sa mort, il semble que ce fut d'elle qu'il garda les souvenirs les plus tendres et il demanda à être inhumé avec elle. La recherche d'une nouvelle épouse reprit immédiatement même si le roi porta le deuil pendant trois mois.
Comme Charles Quint était occupé par les tensions politiques et religieuses au sein de ses nombreux royaumes et qu'Henri VIII et François Ier étaient en bons termes, le roi d'Angleterre délaissa la politique étrangère au début des années 1530 pour se concentrer sur les questions intérieures. En 1536, il approuva l'acte d'union qui unifiait formellement le Pays de Galles à l'Angleterre. La même année, le Second Succession Act écartait Marie et Élisabeth de la succession au trône et mettait Édouard à la première place ; la législation autorisait également le souverain à préciser l'ordre de succession dans son testament. Cependant lorsque Charles Quint et François Ier firent la paix en 1538, Henri VIII devint de plus en plus inquiet. Enrichi par la dissolution des monastères, il fit construire des défenses côtières et se prépara financièrement à une attaque franco-germanique.

La réforme religieuse

Henri VIII fait appel, sur l'avis de son nouveau conseiller, le théologien Thomas Cranmer, au jugement des principales universités d'Europe. Il en retire bien des satisfactions, mais l'intransigeance du pape leur donne une valeur surtout intellectuelle. Un jeu dangereux s'engage de part et d'autre : certains conseillers de Henri, dont Thomas Cromwell, estiment opportun d'associer leurs ambitions et leurs idées à l'affirmation farouche d'un « anglicanisme » voisin du gallicanisme en France ; Cranmer, progressivement gagné au luthéranisme, et promu archevêque de Canterbury en mars 1533, incite à des évolutions doctrinales ; la stratégie d'intimidation du Saint-Siège conduit à des gestes dont l'échec constitue autant d'étapes vers une rupture : en février 1531, Henri est reconnu par le clergé comme chef suprême de l'Église anglaise « autant que la loi du Christ le permet ; en mai 1532, la soumission du clergé comporte l'acceptation d'un contrôle royal sur toutes ses décisions ; le 23 mai 1533, on espère encore placer Rome devant le fait accompli en faisant prononcer par une cour présidée par Cranmer le divorce du roi. Mais la riposte de Rome est l'excommunication du souverain et, en 1534, l'évêque de Rome, privé de toute autorité, l' Acte de suprématie établit Henri comme chef de l'Église en Angleterre, il est complété par l'exigence d'un serment à la personne royale de tout adulte et l'assimilation à un acte de trahison de toute résistance. Épouvantés par l'exécution, en 1535, de l'évêque Fisher et de Thomas More, chancelier du royaume de 1529 à 1532, les voix des protestataires se taisent rapidement. Un régime religieux curieux est ensuite peu à peu défini. On est partagé entre la volonté, qui est celle du roi, de ne procéder qu'à des réformes limitées et de respecter l'essentiel des articles de la foi romaine, et la crainte d'ébranler un système ancestral. Henri VIII se laisse facilement convaincre de supprimer les petits monastères en 1536, puis les autres en 1539 ; il est, ce faisant, à l'écoute des critiques courantes des humanistes contre l'inutilité et les scandales de la vie monastique, mais il est surtout intéressé par la confiscation des biens considérables des monastères ; parmi ceux-ci, les uns sont réservés au domaine royal, d'autres vendus, distribués ou convertis en fondations d'écoles et de collèges, voire de nouveaux diocèses, garantissant la fidélité de leurs heureux bénéficiaires. Mais il paye cette initiative de la plus grave révolte de son règne, le pèlerinage de la Grâce d'octobre à novembre 1536, qui rassemble, contre les mauvais conseillers du roi, 20 000 pèlerins du Lincolnshire, du Yorkshire, du Cumberland et du Northumberland : la victoire royale est acquise moins par les armes que par la duplicité et, après un armistice en décembre, des insurrections sporadiques sont matées en février 1537 et suivies de l'exécution des principaux meneurs. La révolte a pourtant convaincu Henri de réduire au minimum les atteintes à la foi. Alors qu'en 1536 Thomas Cromwell a été autorisé à promulguer les Dix Articles qui prévoyaient en particulier la diffusion de la Bible en anglais, en mai 1539, l'Acte des Six Articles est dirigé contre les excès de zèle réformateurs et proclame la préservation de presque toutes les traditions catholiques. Ce que confirme à nouveau expressément le Livre du roi de 1543, rédigé sur l'initiative de Cranmer et personnellement approuvé par le souverain. La vraie réforme protestante est encore à venir. Quant aux résultats obtenus par les attaques contre les abus, s'ils ne sont pas entièrement négligeables, on ne peut les juger décisifs.

Les changements dans l'État

L'évolution politique est des plus importantes. Elle est en partie déterminée par le souci de faire approuver par le peuple les perturbations du statut religieux et les modifications d'un ordre dynastique troublé par les mariages successifs du souverain, la naissance en 1533 d'Élisabeth, fille d'Anne Boleyn, suivie, en 1537, de celle d'Édouard, fils de Jane Seymour. D'où un retour en grâce de l'institution parlementaire et la recherche de ce qui a constitué à partir de là le chef-d'œuvre de l'action des Tudors : un compromis entre le goût, intact, d'une autorité indiscutable et le respect de l'apparence des libertés et du Parlement.
Henri VIII ne renonce pas à affirmer ses préférences absolutistes. Il suit les conseils de Thomas Cromwell et fait du conseil privé un instrument efficace de gouvernement en le distinguant du Grand Conseil, en lui fixant un nombre restreint de membres, dix-neuf en 1536, recrutés parmi des officiers compétents et parfaitement soumis à la volonté royale ; jusqu'à la chute du favori, en 1540, le Conseil apparaît trop comme l'outil de Cromwell, mais il peut ensuite faire pleinement ses preuves. En 1537, le Conseil du Nord est profondément remanié, doté d'une compétence administrative et judiciaire sans limite, défini comme itinérant avant de se fixer, plus tard, à York et, grâce à son président, de 1538 à 1550, Robert Holgate, fait archevêque d'York en 1544, il garantit la sécurité de la frontière avec l'Écosse comme l'obéissance des sujets. Pour le pays de Galles, l'Acte d'union de 1536 substitue le système anglais des comtés à des structures féodales et fait du conseil des Marches un puissant organisme de contrôle et de gouvernement. En 1541, Henri se proclame d'autre part roi, et non plus seigneur de l' Irlande. La Chambre étoilée, toujours, considérée comme une section judiciaire du Conseil, gagne en initiative, même si il lui est interdit de prononcer des peines capitales. Le pouvoir exécutif est confié à un nombre restreint de personnes : de 1533 à 1540, Thomas Cromwell, fait comte d'Essex peu avant sa disgrâce de 1540, devient, avec le titre de secrétaire d'État, un véritable Premier ministre ; Henri ne prolonge pas l'expérience par la suite, mais confie à deux secrétaires d'État des tâches majeures. Les divers rouages exigent des finances sûres : outre le revenu d'un domaine considérablement élargi par les confiscations de biens monastiques, Henri, par une mesure des plus illégales, s'arroge à partir de 1534 le droit de modifier à sa guise les taxes douanières. Le Parlement ne pâtit pas de ces efforts. En particulier parce que le Reformation Parliament qui a siégé de 1529 à 1536 a parfaitement secondé le souverain dans son œuvre religieuse et l'a ainsi convaincu de son utilité. Privée de ses lords-abbés, la Chambre haute connaît une stagnation du nombre de ses membres, alors que les Communes sont passées de 296 à 341 députés au cours du règne : la création de nouveaux sièges autorise parfois la constitution de clientèles, d'autant que Cromwell utilise avec fermeté un véritable mode de candidature officielle et innove en faisant admettre dans l'enceinte des réunions des représentants de la Couronne, qui expliquent les mesures sollicitées, mais aussi contribuent à les faire adopter. Signe des temps nouveaux, entre 1530 et 1547, le Parlement a siégé pendant près de onze ans au total contre environ quatre au cours des vingt et une premières années du règne.
Si beaucoup de députés sont en même temps des juges de paix, commissaires royaux dans les comtés, on ne peut pas en inférer qu'ils ont été des serviteurs dociles : recrutés parmi les notables locaux, ils ont pu manifester des qualités et un esprit d'autonomie remarquables. Leur dévouement tient en partie à la crainte, tant l'immunité parlementaire est loin d'être acquise, mais aussi plus positivement à leur approbation fondamentale de la politique économique et extérieure du souverain.

Les encouragements à l'économie

La prospérité économique est réelle parce que le règne du roi coïncide avec le début d'un « beau XVIe siècle » : l'essor de la population, même relatif, un climat plus favorable, mais aussi une politique habile y contribuent. Henri VIII est un artisan du mercantilisme alors en honneur. Cela se traduit par le renouvellement des Actes de navigation de son père, en particulier en 1540, pour favoriser l'essor d'une flotte de commerce dotée d'équipages anglais. Par ailleurs, il soutient les entreprises commerciales, en particulier les voyages répétés de William Hawkins sur les côtes de Guinée et du Brésil, malgré les protestations portugaises. En 1537, une loi sur les guildes tend à faciliter l'accession de compagnons à la maîtrise, dans le dessein de réduire le malthusianisme des corporations et de permettre la croissance des productions. Un souci identique a justifié les ventes et les distributions de terres, mais aussi la poursuite des efforts pour prévenir les excès des enclosures : une loi de 1536 réserve à la culture les terres d'origine monastique pour une durée minimale de vingt ans.
Autant par souci de l'ordre que par préoccupation chrétienne, le roi n'a pas été insensible à la misère : sur la longue route qui mène à la fameuse loi des pauvres d'Élisabeth en 1601, Henri a planté d'importants jalons en confiant, en 1531 et en 1536, des responsabilités de contrôle aux juges de paix et, surtout, en réservant, pour la première fois à cette dernière date, aux paroisses la mission de secourir les indigents.
Il est vrai aussi que le roi, par ses manipulations monétaires des années 1540, destinées à lui procurer des ressources et à alléger ses dettes en faisant varier le titre des pièces et la définition – or ou argent de la livre –, a largement aussi contribué à une hausse erratique des prix et à une baisse des salaires réels. On a estimé à quelque 39 p. 100 la hausse des prix alimentaires de 1541 à 1550, d'où une difficile course entre prix et rémunérations.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=9094#forumpost9094


#304 La constitution civile du clergé
Loriane Posté le : 11/07/2015 18:52
Le 12 juillet et 24 août 1790 vote de La Constitution civile du clergé.

est un décret adopté en France par l'Assemblée nationale constituante le 12 juillet 1790. Sanctionnée par Louis XVI le 24 août 1790, elle devient la loi des 12 juillet et 24 août 1790. Elle réorganise le clergé séculier français, et provoque la division de celui-ci en clergé constitutionnel et clergé réfractaire. La Constitution civile du clergé est une série de décrets sur la Constitution civile du clergé dans le royaume de France. L' adoption par l'Assemblée nationale constituante prise le 12 juillet 1790 et sanctionnée par Louis XVI le 24 août 1790.
Elle sera condamnée par le pape Pie VI et abrogée par le Concordat de 1801.

Le clergé constitutionnel en bref.

Au sens strict, les constitutionnels ne comprennent que les fonctionnaires publics ecclésiastiques : évêques, curés et vicaires décret du 27 nov. 1790 ; prédicateurs 27 mars 1791 ; chapelains et aumôniers d'hôpitaux et de prisons 15-17 avr.. Les assermentés englobent les religieux non astreints au serment de 1790 et les ralliés tardifs, y compris les jureurs de Liberté-Égalité 14 août 1792. C'est ce dernier serment qui a valeur d'adhésion à l'Église constitutionnelle aux colonies et dans certains pays conquis par exemple, le Mont-Terrible. En France, des soumissionnaires de 1792 refusent l'assimilation : ainsi, Monsieur Émery, supérieur général de Saint-Sulpice. Les promesses de fidélité à l'État, après Thermidor, ne préjugent de rien, sauf pour des laïcs ordonnés prêtres par des évêques constitutionnels après 1796.
La Constitution civile du clergé avait deux objectifs principaux : un remaniement de la carte des diocèses ultérieurement des paroisses, qu'on estimait devoir réduire de 41 000 à 35 000 et le règlement de la procédure électorale concernant les évêques et curés fonctionnaires. Partout on simplifie : 1 diocèse par département et, pour les 83 diocèses dont on remodèle les territoires, 10 métropoles au lieu de 18 en 1789. Les sièges métropolitains sont désignés par le nom de leur arrondissement jusqu'en 1797. Aux 83 diocèses de 1790 viendront s'ajouter en 1793 ceux d'Annecy, pour le département du Mont-Blanc, et d'Avignon pour celui de Vaucluse. La procédure électorale est définie par le titre II de la Constitution, le plus controversé par les milieux romains. À l'instar des fonctionnaires laïcs décret du 22 déc. 1789, les évêques sont élus sur le mode des assemblées départementales, les curés sur celui des districts : présentation de deux candidats ; majorité absolue des suffrages au premier tour, majorité relative aux tours suivants ; élection du plus âgé en cas d'égalité. Des conditions canoniques sont exigées des candidats : 10 ans de service paroissial pour les futurs évêques, 5 pour les curés. L'investiture canonique est soumise au métropolitain archevêque, qui ne peut la refuser qu'après en avoir délibéré avec tout le clergé de son Église art. 16 ; de même l'évêque doit-il en référer à son Conseil pour l'investiture des curés élus par scrutins séparés pour chaque cure vacante art. 28. En aucun cas, il ne pourra y avoir de recours que de l'évêque au synode diocésain et du métropolitain au synode de la métropole titre I, art. 5.
Dans la pratique, la prestation des serments commence en janvier 1791, le plus souvent à l'issue de la messe paroissiale et en présence des autorités civiles, cependant que les premières consécrations épiscopales ont lieu, le 24 février, en l'église de l'Oratoire : ainsi sont sacrés Expilly, évêque du Finistère, et Marole, évêque de l'Aisne ; le prélat consécrateur est Talleyrand ; le rituel est parfaitement observé et tous les actes seront notariés. La mise en place de la nouvelle Église se heurte à deux obstacles : d'une part, les lenteurs de l'administration départementale à voter les crédits nécessaires, spécialement pour les séminaires diocésains ; de l'autre, la confusion jetée dans les rangs des jureurs par la réaction romaine. Après huit mois de silence, le pape condamne sans appel la Constitution civile, par les brefs Quod aliquantum et Charitas 10 mars-13 avr. 1791. Il s'ensuit, au cours de l'été, un reflux d'assermentés : les uns se rétractent purement et simplement, les autres, semi-constitutionnels, déclarent refuser tout contact, pour les matières spirituelles, avec le nouvel évêque jugé intrus. Il est donc hasardeux, en l'absence de pointages précis, de dresser une carte des serments pour l'ensemble de la France ; tout au plus voit-on des majorités de constitutionnels se dessiner dans le Bassin parisien, le couloir rhodanien, une partie du Sud-Ouest et quelques régions du Massif central et des Pyrénées. Nombre de paroisses restant sans candidat, il faudra enfreindre les textes pour les pourvoir : abrogation des stages préalables, recours aux religieux, nomination de desservants au lieu de l'élection, acceptation de prêtres venant d'un autre département.
La vague terroriste de l'an II opère une première décantation : sous de multiples pressions, les prêtres abdiquent leur état et quelques-uns se marient ou font semblant. Les jeunes résistent souvent mieux que leurs aînés et le pourcentage des mariages demeure faible de l'ordre de 5 à 6 p. 100, semble-t-il. Il n'empêche qu'une foule de prêtres, en situation irrégulière, demandent leur réconciliation, dès 1795. C'est l'époque d'une décisive réorganisation de l'Église constitutionnelle sous l'égide d'un comité des évêques réunis. Ceux-ci se montreront plus sévères que les réfractaires dans les réconciliations, qui dureront jusque sous l'Empire : le cardinal Caprara dispensera 3 224 absolutions, d'après les dossiers présentés, mais jamais en faveur d'un prêtre marié. De 1795 à 1801, l'Église constitutionnelle se dote de nouvelles structures, grâce aux synodes, et procède à une profonde mise à jour » de la discipline, de la morale et de la liturgie catholique en réunissant deux conciles nationaux 1797 et 1801. On compte, au moment du Concordat, environ 15 000 constitutionnels qui desservent plus de 30 000 paroisses. Bernard Plongeron

Histoire de la loi.
Le Comité ecclésiastique de l'Assemblée constituante

Article détaillé : Comité ecclésiastique.
À la suite de la Nuit du 4 août 1789, l'ordre du clergé, premier ordre en dignité de la société d'Ancien Régime, disparaît en tant que corps politique.
À l'automne 1789 commencent à la Constituante les débats sur la nouvelle organisation de l'Église de France. Le comité ecclésiastique, présidé par Treilhard, est chargé d'élaborer un projet. Trois membres du comité, avocats de tendance janséniste, sont plus spécialement concernés par son élaboration : Louis-Simon Martineau comme rapporteur, Camus et Lanjuinais comme défenseurs. Ils sont persuadés de leur droit à réformer l'Église. Dans la lignée des libertés gallicanes, ils veulent œuvrer indépendamment du pape. Enfin, ils ont l'ambition de réformer le clergé pour revenir à la pureté de l'Église primitive en s'inspirant du richérisme, doctrine ecclésiologique très implantée dans le bas-clergé, qui prône le gouvernement démocratique des communautés paroissiales et diocésaines.
Le rapport de Martineau, légèrement amendé, est voté le 12 juillet 1790 : il devient la Constitution civile du clergé. Louis XVI promulgue le décret le 24 août 1790.

Le nouveau règlement

Le texte comporte quatre titres :
Des offices ecclésiastiques ;
Nomination aux bénéfices ;
Traitements et pensions ;
De la résidence.

Les offices ecclésiastiques

Les diocèses et paroisses sont profondément remaniés, sur la base d'un diocèse par département : de cent trente, leur nombre est réduit à quatre-vingt-trois, et une restructuration des paroisses est projetée. Les diocèses sont regroupés, au lieu des quatorze provinces, en dix arrondissements métropolitains, dont les sièges sont à Paris, Rouen, Reims, Besançon, Lyon, Aix, Toulouse, Bordeaux, Rennes et Bourges.
Nombre des anciens offices ecclésiastiques sont supprimés, comme les chanoines, prébendiers ou chapelains, sans charge d'âme. Les évêques s'entourent de vicaires épiscopaux qui, avec les directeurs et supérieurs du séminaire diocésain, forment le conseil qui doit donner son accord pour les actes de juridiction en rapport avec le gouvernement du diocèse.

La nomination aux bénéfices

Les évêques sont élus par l'assemblée des électeurs du département4 et les curés par celle des électeurs du district, que les électeurs professent la religion catholique ou non. L'amendement proposé par l'abbé Grégoire, stipulant que les catholiques soient seuls électeurs, sera repoussée.
Le texte conserve la distinction entre la nomination, c'est-à-dire la désignation du titulaire, et l'institution canonique, laquelle confère la juridiction. Cependant, si l'évêque conserve l'institution des curés, il est lui-même institué non plus par le pape, mais par le métropolitain ou le plus ancien évêque de l'arrondissement métropolitain. Le pape n'est plus qu'un chef visible de l'Église universelle, auquel il peut écrire en gage d'unité de foi et de communion dans le sein de l'Église catholique.
Avant leur sacre, les évêques doivent prêter le serment solennel de veiller avec soin sur les fidèles du diocèse …, d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi et de maintenir de tout leur pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée Nationale et acceptée par le roi. Les curés devront faire de même, un dimanche, avant la grand-messe.

Des officiers civils

Les ecclésiastiques – évêques et curés – perçoivent un traitement de l'État. Le traitement de l'archevêque de Paris est de 50 000 livres, celui des autres évêques de 20 000 livres. Les vicaires épiscopaux reçoivent entre 8 000 et 2 000 livres. Les curés entre 6 000, pour les cures de Paris, et 1 200 livres, pour les cures les moins peuplées.
Tous les religieux – évêques, prêtres, moines, moniales – ont des droits civiques qui les autorisent à quitter leurs postes ou leurs communautés monastiques.
Un ecclésiastique ne peut être maire, officier municipal ou conseiller général. Il est cependant électeur et éligible à l'Assemblée nationale.
Avant cette loi, les membres du clergé étaient soumis à la juridiction interne de l'Église, qui les astreignait au célibat, les empêchait de léguer leurs biens à leur famille et d'habiter où bon leur semblait, et les soumettait à des tribunaux ecclésiastiques, appelés officialités.
En français moderne, la loi aurait pu être appelée loi de réorganisation de l'Église et donnant statut de citoyen-fonctionnaire-élu aux membres du clergé. Compromis entre les tendances gallicanes, jansénistes et richéristes, la Constitution civile du clergé, tout en souhaitant établir l'indépendance, sauf en matière doctrinale, de l'Église de France à l'égard de la papauté, la soumet à l'État. Pour Pierre de la Gorce : Peu d'actes ont aussi mal résisté au temps. Vu à distance, celui-ci ne répond à aucune conception nette.

La controverse

Le 29 mars 1790, le pape Pie VI tient un consistoire secret, au cours duquel il dénonce particulièrement la sécularisation des biens ecclésiastiques et la suppression des vœux de religion. Le cardinal de Bernis, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège, obtient que cette allocution ne soit pas publiée. Il s'en félicite dans ses dépêches à Montmorin tout en précisant : Si on continue à traiter si durement l'Église de France, je ne saurais répondre à la longue de la patience du chef de l'Église catholique.
Dans les mois qui suivent, la préparation de la Constitution civile du clergé est suivie avec anxiété aussi bien à Rome que par Louis XVI. Ce dernier sollicite les avis de deux de ses ministres : Lefranc de Pompignan, ancien archevêque de Vienne, et Champion de Cicé, archevêque de Bordeaux. Se faisant les porte-parole de leurs confrères, dont la plupart siègent à l'Assemblée nationale, ils conseillent au roi de ne pas s'opposer à l'Assemblée et de rechercher un compromis avec Pie VI. Cependant, le pape écrit le 9 juillet 1790 à Louis XVI : Nous devons vous dire avec fermeté et amour paternel que, si vous approuvez les décrets concernant le Clergé, vous induirez en erreur votre Nation entière, vous précipiterez votre Royaume dans le schisme et peut-être dans une guerre civile de religion. Le 10 juillet, des brefs de Pie VI demandent au roi de refuser la Constitution. Ceux-ci sont remis à Louis XVI le 23 juillet. Or, la veille, celui-ci a annoncé qu'il accepterait les décrets. Croyant le Pape mal informé des affaires de France - celui-ci est en effet conseillé par le cardinal de bernis, fort prévenu contre le nouvel ordre des choses - et persuadé de l'urgence, Louis XVI sanctionne et promulgue les décrets le 24 août 1790.
Dès le mois d'août, Mgr Asseline, évêque de Boulogne, publie une réfutation de la Constitution civile, à laquelle adhèrent quarante évêques. En octobre, Boisgelin, archevêque d'Aix, publie ses Observations sur le serment prescrit aux ecclésiastiques et sur le décret qui l'ordonne. Tous les évêques de France adhèrent à ce texte, qui est envoyé au pape. Un très grand nombre de publications s'attachent à défendre ou à combattre la Constitution civile. Pour les uns, elle est une œuvre indispensable pour mettre fin aux abus : elle permet un retour à la pureté et à la simplicité de l'Église primitive, et elle correspond aux vœux de la Nation souveraine. Pour les autres, l'assemblée a commis un abus de pouvoir en remodelant les circonscriptions ecclésiastiques. Celles-ci n'établissent pas un pouvoir sur un territoire mais sur des âmes. Or, ce pouvoir sur les âmes ne peut être conféré que par l'Ėglise. Le concordat de Bologne avait été établi par deux parties : le roi et le pape. Mais ce dernier n'a pas été consulté. Enfin, la Constitution est schismatique : le sacre ne donne pas à l'évêque une mission et un pouvoir de juridiction, laquelle ne peut lui être conférée que par l'Institution canonique. Cependant, en réduisant celle-ci à une formalité, puisque c'est le président de l'assemblée électorale qui proclame l'élu évêque titre II, art. 14 et non les autorités légitimes, le lien avec le pape et l'Église est rompu. Ce qui fait écrire à Boisgelin : Nous ne pouvons pas transporter le schisme dans nos principes.

Le serment à la Constitution civil Le serment obligatoire

Le 26 novembre, Voidel, député de la Moselle, dénonce la formation d'une ligue contre la Constitution civile. Il propose le serment, le besoin indispensable de régénérer l'église de France. Le décret est voté. Le Roi doit le sanctionner le 26 décembre 1790, ayant vainement espéré des concessions de la part du Pape, ce dernier ayant accepté, dix ans plus tôt, la réforme de l'Église d'Autriche opérée de façon autoritaire et unilatérale par l'empereur Joseph II, frère de Marie-Antoinette.
Par décret de l'Assemblée nationale, et conformément à la constitution civile du clergé en date du 24 août 1790, tous les ecclésiastiques prêteront le serment exigé un jour de dimanche après la messe, en présence du conseil général de la commune et des fidèles. Ceux qui ne le prêteront pas seront réputés avoir renoncé à leur office et il sera pourvu à leur remplacement.
Le serment était le suivant :
Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse ou du diocèse qui m'est confiée, d'être fidèle à la Nation, à la Loi, au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le Roi.
Le serment oblige prêtres et évêques à maintenir la nouvelle organisation du clergé. Pour les deux cent cinquante officiers ecclésiastiques membres de l'assemblée, le serment doit être prêté dans les huit jours, soit le 4 janvier 1791 au plus tard. À la suite de l'abbé Grégoire, cent cinq députés prêtent serment à la barre. Enfin, le 4 janvier 1791, malgré la pression des tribunes, quatre seulement jurent. En tenant compte des rétractations, ce sont quatre-vingt-dix-neuf députés ecclésiastiques qui prêtent le serment.
Le 7 janvier commencent les prestations de serment dans les provinces. Elles sont échelonnées tous les dimanches, de janvier et février 1791, à des dates différentes selon les diocèses. La quasi-totalité des évêques, sauf quatre, et la moitié des curés, refusent alors de prêter serment.
Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution. Plat commémoratif de la Constitution civile du clergé 1790. Musée Carnavalet.

Réponse officielle du pape Pie VI

Le pape Pie VI, qui ne répond pas durant des mois aux demandes pressantes de l'ambassadeur de France, fait connaître sa réponse officielle par les brefs Quod aliquantum, du 10 mars 1791, et Caritas, du 13 avril 1791. Il demande aux membres du clergé n'ayant pas encore prêté serment de ne pas le faire, et à ceux qui ont déjà prêté serment de se rétracter dans l'espace de quarante jours. Les élections épiscopales et paroissiales sont déclarées nulles et les consécrations d'évêques sacrilèges. La publication des brefs est interdite, mais ceux-ci circulent clandestinement et sont largement connus.
Malgré les nombreuses rétractations de prêtres assermentés au sein de l'Église de France, une situation de schisme divise le clergé en prêtres constitutionnels, désignés comme intrus, et prêtres insermentés, désignés comme réfractaires. La rupture entre la Révolution et l'Église catholique semble inévitable.
Par souci d'apaisement, et en application de la liberté religieuse affirmée par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, sur proposition de Talleyrand et Sieyès, l'Assemblée constituante vote le 7 mai 1791 un décret qui donne le droit aux prêtres insermentés de célébrer la messe dans les églises constitutionnelles. Les catholiques qui refusent la nouvelle église ont la possibilité de louer des édifices pour le culte.

Assermentés et insermenté

On appelle insermentés les prêtres qui refusent de prêter serment à la Constitution civile du clergé. La quasi-totalité des évêques sauf cinq et une grosse moitié des curés seront des prêtres réfractaires.
On appelle assermentés – ou jureurs ou intrus – les prêtres qui prêtent serment à la Constitution civile du clergé. Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Henri Grégoire, Yves Marie Audrein sont les premiers à appartenir au clergé constitutionnel. Le premier évêque constitutionnel est Louis-Alexandre Expilly de La Poipe, recteur curé de Saint-Martin-des-Champs près de Morlaix, élu député du clergé en août 1788, et qui préside ensuite à l'Assemblée constituante la commission qui rédige la Constitution civile du clergé. Il est sacré évêque de Quimper à Paris par Talleyrand, lui-même évêque, en 1790, avant d'être guillotiné le 22 mai 1794.

Typologies des prestations de serment

Avec l'historien Jean de Viguerie, on peut distinguer six manières de prêter le serment :
le serment prêté purement et simplement ;
le serment d'abord refusé puis prêté ;
le serment prêté avec restriction ou avec rétractation partielle – ainsi Bernard Bellegarrigue, curé de Born dans la Haute-Garonne, jure le 13 mars 1791 en précisant D'après l'instruction de l'Assemblée Nationale qu'elle n'entend porter aucune atteinte à la religion catholique, apostolique et romaine.
le serment prêté puis entièrement rétracté ;
le refus avec explication, souvent fondé sur l'argument de l'impossibilité en conscience ;
le refus pur et simple.
En fonction de la position hiérarchique
L'historien américain Timothy Tackett note que la proportion de réfractaires était, dans le haut clergé évêques, très supérieure à celle observée dans le bas clergé prêtres et vicaires. Il note par ailleurs que les vicaires étaient statistiquement davantage réfractaires que les curés.

En fonction de la géographie

En général, les régions périphériques seront davantage réfractaires. Cela pourrait être lié aux différences culturelles, soulignées par l'usage encore très répandu de langues régionales : par exemple, en Bretagne, avec 20 % de jureurs ou en Alsace, avec seulement 8 % de jureurs dans le Bas-Rhin. Dans ce contexte, on peut aussi citer le Nord, la Lorraine, le Languedoc et l'Auvergne. Cela pourrait peut-être aussi s'expliquer du fait d'une certaine méfiance vis-à-vis des décisions de la capitale.
La diffusion des idées des Lumières est sans doute également l'un des facteurs de motivation pour prêter ou non serment. La présence d'un nombreux clergé gallican et/ou janséniste dans le Bassin parisien est, pour certains historiens, l'une des raisons pour lesquelles le serment y a rencontré beaucoup de succès, 90 % de jureurs dans le Loiret. Les autres régions à majorité de jureurs sont la Bourgogne, la Provence, 96 % de jureurs dans le Var et les régions littorales du Sud-Ouest.
Au total, au niveau national, en tenant compte des rétractations intervenues après les brefs pontificaux, on atteindrait une proportion de 47 à 48 % de jureurs.

Élection du nouveau clergé

Pour remplacer les prêtres réfractaires, il faudra élire de nouveaux prêtres : quatre-vingts évêques sont alors élus et environ vingt mille prêtres sont remplacés. L'abbé Grégoire, curé et député, qui avait participé à la rédaction du projet de Constitution civile du clergé, sera élu évêque constitutionnel de Loir-et-Cher, et deviendra, de fait, le chef de l'Église constitutionnelle de France. Il faut souligner que ces élections sont ouvertes aux non-catholiques, ce qui ne pouvait qu'irriter les fidèles et la Papauté.

Conséquences de la Constitution civile du clergé et du serment

La plupart des prêtres réfractaires prennent le parti de la contre-révolution et les patriotes suspectent les ecclésiastiques, ce qui engendre des haines passionnées. De très nombreux catholiques, paysans, artisans ou bourgeois, qui avaient soutenu le Tiers état, rejoignent ainsi l'opposition. Dans l'ouest de la France, alors que des régions comme la Bretagne ou la Vendée avaient soutenu les débuts de la Révolution, celles-ci deviennent des foyers de troubles et de guerres liés à la contre-révolution.
Décret de l'Assemblée national qui supprime les ordres religieux et religieuses. Le mardi 16 février 1790. Caricature anonyme de 1790. Que ce jour est heureux, mes sœurs. Oui, les doux noms de mère et d'épouse est bien préférable à celui de nonne, il vous rend tous les droits de la nature ainsi qu'à nous.
Les débats agitent en profondeur la société française pendant les six premiers mois de 1791, et commencent à couper le pays en deux. Ils divisent des familles, rompent des amitiés anciennes. Charrier de la Roche, défenseur de la Révolution, constate en octobre 1791 : On accrédite des préjugés incendiaires dont les mieux intentionnés n'ont aucun moyen de se garantir, on sème, on entretient l'aigreur et l'animosité contre les sectateurs les plus paisibles du parti que l'on n'a pas adopté.

Conséquences religieuses

Les conséquences religieuses furent d'une extrême gravité. Désireux de donner au nouveau statut de l'Église la consécration canonique, le roi et les évêques tentèrent de négocier l'assentiment du pape, mais l'Assemblée, impatientée par les résistances qui se manifestaient dans le clergé, décida, le 27 novembre 1790, que les ecclésiastiques en fonctions devraient prêter le serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi, ce qui impliquait l'acceptation de la Constitution civile. Presque tousles évêques et la moitié du clergé paroissial refusèrent le serment. L'Église de France se trouva coupée en deux : prêtres assermentés ou constitutionnels, prêtres insermentés ou réfractaires. Lorsque le pape Pie VI eut, le 10 mars 1791, condamné la Constitution civile, le schisme fut consommé. L'unité de l'Église de France ne fut rétablie que par le Concordat de 1801.

Conséquences politiques

Les conséquences politiques ne furent pas moins graves. Louis XVI se rallia au projet d'évasion depuis longtemps formé par son entourage. La résistance du clergé réfractaire et les persécutions dont il fut l'objet dressèrent contre la Révolution des fractions de la population, qui ne lui étaient point hostiles jusqu'alors ; elles expliquent en partie les insurrections de l'Ouest, chouannerie.
Pour en savoir plus, voir les articles abbé Grégoire, Église constitutionnelle, Révolution française.

Le 29 novembre 1791, un décret donne aux administrateurs locaux la possibilité de déporter les prêtres de leur domicile en cas de trouble.

Les suites

Des mesures de déchristianisation se poursuivent en France en 1793 et 1794, avec le développement du culte de la Raison et de l'Être suprême, et la fermeture des églises au culte du 31 mai 1793 jusque vers novembre 1794.
Les lois de 1790 – hors Constitution civile du clergé, réservée au culte catholique – permettent des mesures de tolérance par rapport aux protestants et aux juifs, accordant à ces derniers la citoyenneté.
Les prêtres réfractaires sont l'objet d'une sévère répression, notamment sous la Terreur, et sont confondus à cette période avec les autres, les prêtres constitutionnels ou assermentés, ou jureurs.
Dans la Rhénanie occupée par les forces françaises 1793, le mouvement de sécularisation chasse l'archevêque de Mayence de ses terres. La désacralisation des symboles et des édifices religieux et aristocratiques favorise l'émergence du pouvoir bourgeois dans le Saint Empire.

La fin : la première séparation de l’Église et de l’État 1794

La séparation de l'Église et de l'État avait été instaurée en fait par le décret du 2 sansculotides an II 18 septembre 1794 : par raison d'économie, Cambon fit supprimer ce jour-là le budget de l'Église assermentée ; la Constitution civile du clergé était ainsi implicitement rapportée et l'État complètement laïcisé.
Cinq mois plus tard, la Convention thermidorienne confirme cette séparation en votant, le 21 février 1795 3 ventôse an III, le Décret sur la liberté des cultes :
Art. I - Conformément à l'article VII de la Déclaration des Droits de l'homme et à l'article 122 de la Constitution, l'exercice d'aucun culte ne peut être troublé.
Art. II - La République n'en salarie aucun.
Art. III.- Elle ne fournit aucun local, ni pour l'exercice des cultes, ni pour le logement des ministres.
Art. IV.- Les cérémonies de tout culte sont interdites hors de l'enceinte choisie pour leur exercice.
Art. V - La loi ne reconnaît aucun ministre du culte, nul ne peut paraître en public avec les habits, ornements ou costumes affectés à des cérémonies religieuses.
Art. VI - Tout rassemblement de citoyens pour l'exercice d'un culte quelconque est soumis à la surveillance des autorités constituées. Cette surveillance se renferme dans des mesures de police et de sûreté publique.
Art. VII - Aucun signe particulier à un culte ne peut être placé dans un lieu public, ni extérieurement, de quelque manière que ce soit. Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté. Aucune proclamation ni convocation publique ne peut être faite pour y inviter les citoyens.
Art. VIII - Les communes ou sections de commune en nom collectif, ne pourront acquérir ni louer de local pour l'exercice des cultes...
Enfin, la paix religieuse est totalement retrouvée avec Bonaparte, alors Premier Consul, qui signe le Concordat avec le Pape en 1801. Pie VII entérine une mise sous tutelle de l'Église de France, tutelle que son prédecesseur pie VI avait refusé à l'Assemblé nationale.


Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l






#305 Georges II de Grèce 2
Loriane Posté le : 18/07/2015 18:35
La dictature de Metaxas

Ioannis Metaxas et Régime du 4-Août.
La veille de la grève générale, Metaxas convoque les membres de son cabinet et les informe de son intention de demander à Georges II de dissoudre l’Assemblée hellénique sans convoquer de nouvelles élections. Le Premier ministre souhaite également suspendre certains articles de la constitution pour établir sa dictature. Trois des ministres donnent alors leur démission mais Metaxas les fait arrêter au moment où ils s’apprêtent à quitter le siège du gouvernement.
Confronté à l’instabilité politique et à la montée du communisme, le roi se range rapidement derrière le Premier ministre et l’autorise à proclamer la loi martiale : c’est le début du Régime du 4-Août, qui dure jusqu’à la mort de Metaxas, en 1941. Tandis que la Troisième Civilisation Hellénique est proclamée, les partis politiques sont interdits et les opposants arrêtés. Une stricte censure est imposée et un Index de livres interdits, incluant les œuvres de Platon, de Thucydide et de Xénophon, est mis en place. En fait, s’il n’est pas à proprement parler fasciste, le nouveau régime qui apparaît alors en Grèce copie bien des aspects des dictatures fondées par Mussolini en Italie et Hitler en Allemagne.
Dans le système qui se met en place, Georges II perd l’essentiel de ses prérogatives et n’est plus qu’un souverain nominal. Certes, Metaxas est un monarchiste fervent et son comportement avec le roi est loin de rappeler celui de Venizélos avec Alexandre Ier. Pourtant, le monarque se méfie du dictateur, qui jouit du soutien de l’armée et qui pourrait facilement le renverser. En fait, Georges II se sent si isolé dans son pays qu’il en vient à douter de tous ceux qui l’entourent, déclarant un jour à sa cousine, la duchesse de Brunswick, qu’en Grèce il ne peut avoir confiance en personne.
Il reste qu’une fois le régime de Metaxas établi, le souverain ne se meut pas en opposant à la dictature. Au contraire, il déclare, en 1938, à l’ambassadeur du Royaume-Uni, qu’il soutient la politique de son Premier ministre. Bien plus encore, il ajoute, méprisant : les Grecs sont des Orientaux, ils considèrent la modération dans l’exercice du pouvoir comme de la faiblesse. Ils sont le peuple le plus démocrate du monde, mais une fois qu’ils prennent le pouvoir, ils deviennent automatiquement tyranniques. Tous le savent et l’acceptent.

Un souverain soucieux de sa famille
Entre réinstallation et nostalgie de l’Angleterre

Depuis son retour en Grèce, en 1935, Georges II vit dans des conditions relativement modestes, pour un monarque. Durant la période républicaine, la plupart des biens du roi et de sa famille ont été confisqués. Le palais royal d'Athènes a, par exemple, été presque entièrement vidé de ses meubles pour en faire un lieu de réceptions. Une fois la monarchie restaurée, ni le souverain ni sa parentèle ne demandent cependant à être dédommagés pour les pertes subies. Malgré tout, des travaux doivent être engagés dans les résidences royales et, l'argent manquant, Georges II décide de prendre lui-même en charge leur redécoration. Seul ou avec son frère Paul, qui vit à ses côtés jusqu'à son mariage en 1938, le roi visite ainsi les salles des ventes et les marchés afin d'y trouver les tentures et autres objets nécessaires à l'aménagement de ses appartements.
Divorcé depuis 1935, le souverain poursuit sa relation amoureuse avec Joyce Wallach mais, conscient qu'il ne peut épouser une roturière divorcée et déjà mère sans causer de grave scandale dans son pays, il ne cherche pas à rendre officielle sa liaison. La fonction royale nécessitant toutefois la présence d'une femme pour jouer, à ses côtés, le rôle de première dame, Georges II appelle auprès de lui ses sœurs Irène et Catherine, encore célibataires.
Toujours aussi anglophile, Georges II effectue des séjours réguliers au Royaume-Uni. Il se rend ainsi chaque fin d'année à Londres afin d'y retrouver ses amis et la vie qu'il menait avant la restauration. Mais s'il profite de ses voyages pour se reposer et oublier un peu la dictature de Metaxas, le roi n'en garde pas moins en mémoire ses obligations. Ses séjours à l'étranger sont en effet l'occasion de rencontres diplomatiques avec le gouvernement anglais. Ils sont également le prétexte de négociations destinées à l'acquisition, par la Grèce, d'armes et d'équipements militaires.

Le retour des dépouilles royales

Soucieux d'effacer le souvenir de l'exil et des humiliations subies par sa famille durant les années 1920-1930, Georges II décide de faire rapatrier les dépouilles de ses parents enterrées à l'étranger. En novembre 1936, il envoie ainsi le prince Paul à Florence pour y récupérer les cendres du roi Constantin et des reines Olga et Sophie, qui reposaient jusque-là dans l'église russe de la ville. Transférés en Grèce sur le navire Averoff et escortés par des evzones, les catafalques des anciens souverains sont ensuite exposés durant six jours à la cathédrale d'Athènes. Enfin, le 23 novembre, une cérémonie solennelle qui réunit tous les membres de la famille royale et d'autres membres du gotha européen est organisée pour accompagner le retour des dépouilles royales dans le mausolée de Tatoi.
Quatre ans plus tard, en 1940, Georges II obtient du gouvernement soviétique qu'il lui rende les restes de sa tante, la princesse Alexandra, morte en Russie en 1891. De cette manière, le souverain réalise la promesse faite à sa grand-mère paternelle, profondément choquée par la révolution russe et le massacre des Romanov.

Mariages princiers

Georges II n'ayant pas d'enfant et son remariage étant de moins en moins probable, c'est son frère Paul qui assume la fonction d'héritier du trône. Or, le prince a fêté ses 34 ans un mois après la restauration de la monarchie et il est toujours célibataire. La Grèce appliquant une succession semi-salique, ce serait à l'un de ses oncles Nicolas, Georges, André ou Christophe ou à l'un de ses rares cousins Pierre ou Philippe de monter sur le trône s'il décédait sans descendance. Cependant, les oncles de Georges II sont déjà âgés et ils ne jouissent pas d'une très bonne réputation dans leur pays : la figure de Nicolas reste ainsi associée à celle de son frère, Constantin Ier, et aux événements malheureux de la Première Guerre mondiale141 ; Georges a été déconsidéré par son échec en tant que gouverneur de la Crète autonome, en 1898-1906 ; l'honneur d'André a été durablement entaché par la défaite de la Grèce contre la Turquie, en 1919-1922, et par le procès des Six ; seul Christophe, l'oncle préféré du souverain, échappe à ce rejet généralisé, mais il n'est nullement intéressé par la politique et l'idée de devenir roi. Quant aux cousins de Georges II, ils connaissent très mal la Grèce, dont ils ont longtemps été éloignés par l'exil. Il est donc capital que le prince Paul contracte une union dynastique et donne le jour à un fils pour affermir le trône et assurer la continuité de la dynastie.
Après avoir vaincu les réticences de ses cousins, le duc et la duchesse de Brunswick, l'héritier du trône épouse finalement leur fille, la princesse Frederika de Hanovre, le 9 janvier 1938. La cérémonie du mariage réunit, à Athènes, une bonne partie du gotha européen mais ne soulève guère d'enthousiasme du côté de la population. Les Grecs craignent en effet l'arrivée d'une nouvelle Allemande qui plus est descendante du Kaiser Guillaume II au sein de la famille royale. Ils sont par ailleurs choqués par les dépenses occasionnées pour l'événement à un moment où l'économie nationale n'est guère florissante. Du côté des chancelleries, les épousailles princières créent également un certain malaise. Tandis que les Occidentaux s'interrogent sur l'influence que peut avoir Frederika sur l'héritier du trône et la dynastie, Adolf Hitler tente, sans succès, de profiter de la cérémonie matrimoniale pour imposer la présence de l'hymne et du drapeau nazis dans la capitale hellénique.
Mais si Georges II parvient à éviter la présence de symboles fascistes au mariage de son frère et héritier, il ne peut faire de même lors des épousailles de sa sœur Irène. Le 1er juillet 1939, la jeune femme épouse en effet le prince Aymon de Savoie-Aoste, duc de Spolète et cousin du roi Victor-Emmanuel III d'Italie. La cérémonie, qui se déroule à Florence, ne bénéficie pas du soutien du dictateur Benito Mussolini et donne lieu à des tensions entre les patries des fiancés. Désireux d’humilier la Grèce, dont il revendique une partie du territoire, le Duce interdit en effet que soit hissé le drapeau hellène dans son pays. Choqué par ce qu’il considère comme un affront, Georges II menace de boycotter la cérémonie nuptiale. Depuis Athènes, cependant, Ioannis Metaxas conseille au souverain de participer aux festivités afin d’éviter de donner une excuse à Mussolini de transformer l’affaire en incident diplomatique.

La Grèce dans la Seconde Guerre mondiale.

La guerre contre l’Italie Guerre italo-grecque.
Le 2 juin 1940, la princesse Frederika donne le jour au futur Constantin II, procurant ainsi une grande joie au souverain et à sa famille. Les festivités qui accompagnent la naissance de l'héritier du trône sont toutefois de courte durée. Au même moment, les troupes allemandes s'emparent progressivement de l'Europe et la France s'effondre sous les coups de la Blitzkrieg. Devant les succès hitlériens, l'Italie fasciste entre à son tour dans le conflit, le 10 juin. Immédiatement, Mussolini lance une violente campagne de propagande contre la Grèce, accusant le gouvernement de Georges II d'abriter des navires britanniques dans ses eaux territoriales et de violer ainsi sa propre neutralité. Quelques semaines plus tard, le 15 août, un sous-marin italien coule le croiseur grec Elli alors qu'il escorte un navire rempli de pèlerins, au large de Tinos, dans la mer Égée.
L'Épire, théâtre des opérations de la guerre italo-grecque.
Dans ce contexte difficile, la diplomatie allemande s'empresse d'intervenir auprès du gouvernement hellène pour lui proposer sa médiation avec le royaume d'Italie. En échange de l'abdication de Georges II, jugé beaucoup trop anglophile, le Troisième Reich propose non seulement à Athènes d'empêcher Rome de l'attaquer mais encore de lui octroyer les territoires qu'elle revendique depuis longtemps dans les Balkans. Averti de cette proposition, le souverain éclate dans une violente colère et fait répondre aux nazis qu' ils feraient mieux de ne pas mettre leur nez dans les affaires de son pays s'ils savent ce qui est bon pour eux ! .
Quelques mois plus tard, le 28 octobre, Mussolini transmet à Metaxas un ultimatum lui demandant d’accepter, dans les trois heures, le stationnement de troupes italiennes sur le sol hellène et l'occupation de certaines bases stratégiques. Sans surprise, le dictateur hellène refuse, déclenchant ainsi la guerre italo-grecque. Face au danger imminent, l’opposition en exil, incarnée par le général républicain Nikolaos Plastiras, proclame son soutien au gouvernement de Georges II.
Dans le même temps, à Athènes, le souverain prend la tête des forces armées. En contact permanent avec les alliés, il préside quotidiennement le conseil de guerre à l’Hôtel Grande-Bretagne, sur la place Syntagma, et visite à plusieurs reprises le théâtre des opérations, dans le nord-ouest du pays. Contrairement aux attentes de Mussolini, la Grèce se défend avec succès et parvient même à occuper le Sud de l'Albanie, pays sous domination italienne depuis 1939.

L’invasion de la Grèce par les puissances de l’Axe

L'invasion de la Grèce continentale par les forces de l'Axe, en avril 1941.
Campagne des Balkans, Bataille de Grèce et Bataille de Crète.
Alors que la guerre avec l’Italie fait rage en Épire, le général Ioannis Metaxas s’éteint le 29 janvier 1941. Pourtant, Georges II refuse de mettre en place un gouvernement d’unité nationale et nomme comme nouveau Premier ministre le gouverneur de la Banque nationale, Alexandros Korizis. L’attitude équivoque du souverain, qui maintient ainsi la dictature mise en place en 1936, contribue à ternir davantage son image et lui vaut de nombreuses critiques, tant en Grèce que du côté des Alliés.
Or, après une série de victoires grecques en Albanie, la situation militaire se dégrade avec l’invasion des Balkans par l’armée allemande. Le 6 avril 1941, la Luftwaffe déclenche en effet l’opération Châtiment qui vise à punir le gouvernement de Belgrade pour avoir renversé le régent Paul et dénoncé le pacte tripartite. C’est le début d’une campagne militaire qui aboutit au dépeçage du royaume de Yougoslavie et à l’arrivée des soldats allemands aux portes de la Grèce. Rapidement, l’armée hellénique et le corps expéditionnaire envoyé en soutien par Londres sont dépassés et Thessalonique est occupée par les Allemands le 9 avril. Le même jour, la ligne Metaxas, sorte de ligne Maginot grecque, est franchie et la IIe armée capitule face aux assauts de l’ennemi.
Dans ces conditions, les forces helléniques et alliées n’ont d’autre choix que de se retirer plus au sud. Durant sa retraite, la Ire armée grecque est prise à revers et doit offrir sa reddition aux Allemands le 20 avril. En fait, dès la mi-avril, la situation est devenue si alarmante que le Premier ministre Korizis a demandé à Georges II d’accepter la capitulation. Mais le souverain a alors éclaté dans une terrible colère et s’est opposé catégoriquement à toute forme de compromission avec l’ennemi. Ne pouvant supporter la situation, Korizis s’est suicidé à son domicile athénien le 18 avril, laissant le cabinet vacant jusqu’à la nomination d’Emmanouil Tsouderos comme chef du gouvernement, le 21 avril.
Conscient que l’arrestation de la famille royale constitue un objectif majeur pour la Wehrmacht, le souverain et son gouvernement envisagent, dès le 9 avril, de quitter la Grèce continentale pour trouver refuge en Crète. Mais l’île étant également vulnérable aux attaques allemandes, Georges II demande officiellement au gouvernement britannique l’autorisation de s’installer à Chypre avec son cabinet et 50 000 recrues grecques. De là, une contre-offensive pourrait en effet être facilement organisée en direction du Dodécanèse italien. Dans un premier temps, la Grande-Bretagne semble acquiescer. Cependant, le Colonial Office ne tarde pas à s’opposer à ce qui lui apparaît comme une tentative déguisée de réaliser l’énosis, autrement dit l’annexion de l’île par la Grèce et c’est donc la Crète qui est choisie comme situation de repli par le gouvernement.
Le 22 avril, la majeure partie de la famille royale est évacuée en Crète mais le roi et le diadoque Paul restent à Athènes jusqu’au lendemain. Georges II établit alors son quartier-général à La Canée, où il fait de son cousin, le prince Pierre, son aide de camp personnel. Après le début de l’attaque aérienne allemande sur la Crète, le 20 mai, le souverain et son gouvernement doivent tout de même se résoudre à évacuer l’île. Gratifié du titre d’ennemi numéro 1 du Reich en Grèce par Hitler, le roi échappe de peu aux parachutistes allemands et parvient à rejoindre un navire britannique à Chóra Sfakíon. Avec son cousin et son fidèle écuyer, le major Dimitrios Levidis, il gagne alors Alexandrie, où il retrouve le reste de la famille royale, réfugiée en Égypte depuis la fin avril. Le courage dont le souverain fait preuve durant ces événements lui vaut tout de même d’être le seul monarque de l’histoire à être décoré de l’ordre du Service distingué.

L’occupation de la Grèce et l’exil

L'occupation tripartite de la Grèce par les troupes de l'Axe entre 1941 et 1944. On peut voir sur cette carte les régions occupées par l'Allemagne en rouge, par la Bulgarie en vert et par l'Italie en bleu. Le Dodécanèse, italien depuis 1911, apparaît quant à lui en bleu foncé.
Occupation de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale, État grec 1941-1944, Gouvernement grec en exil et Résistance grecque.
Tandis qu'à Athènes un gouvernement grec collaborateur est mis en place par les occupants, en Égypte, la présence des Oldenbourg indispose fortement Farouk Ier et ses ministres pro-Italiens. La famille royale grecque doit donc chercher un autre lieu de refuge pour passer la guerre et poursuivre sa lutte contre les forces de l'Axe. Le souverain britannique s'opposant à la présence de la princesse Frederika et de ses enfants dans son pays, il est finalement décidé que Georges II et son frère Paul pourraient s'installer à Londres mais que le reste de la famille royale devrait s'établir en Afrique du Sud jusqu'à la fin du conflit.
Après un bref séjour au Cap, Georges II s'installe avec son gouvernement dans la capitale anglaise. Accompagné de sa maîtresse et du major Dimitrios Levidis, le souverain établit sa résidence à l'hôtel Claridge's de Mayfair. En contact permanent avec Winston Churchill et le cabinet britannique, Georges II organise, avec Tsouderos, la lutte des armées grecques libres au Moyen-Orient mais cherche également à épurer les forces helléniques de leurs éléments vénizélistes et communistes. Or, en agissant de cette manière, le souverain provoque la colère des groupes républicains, qui organisent plusieurs mutineries au sein des forces terrestres et navales grecques, manquant ainsi d'affaiblir l'effort de guerre allié en Afrique du Nord et au Levant.
Sous la pression des Britanniques et de l’opposition républicaine, le roi et son cabinet émettent, le 22 octobre 1941, un décret qui jette les bases d'un nouveau régime parlementaire. Cependant, ce n’est que le 4 février 1942 que la dictature établie par Metaxas en 1936 est totalement abolie. Un mois plus tard, en mars, Georges II et Tsouderos retournent en Égypte afin d’y rencontrer les forces armées et de normaliser leurs relations avec les combattants hellènes. Les deux hommes restent dans le pays jusqu’en juin mais leur voyage rencontre un succès mitigé. Après un bref séjour aux États-Unis, où il rencontre le président Franklin Delano Roosevelt, le souverain retourne à Londres puis au Caire, où son gouvernement s’installe finalement à partir de mars 1943.
Pendant ce temps, dans la Grèce occupée, la résistance s’organise. Tandis que la gauche, et surtout les communistes, offre son soutien au Front de libération nationale EAM et à son Armée populaire de libération nationale ELAS, les vénizélistes et les libéraux intègrent plutôt la Ligue nationale démocratique grecque EDES. Or, malgré leurs tendances clairement républicaines, ces deux mouvements reçoivent le soutien du gouvernement britannique et de ses services secrets, ce qui n’est pas sans causer la fureur de Georges II.

Un roi mis à l’écart
ADamaskinos d'Athènes, Geórgios Papandréou et Nikolaos Plastiras.

La Libération approchant, la perspective de retour de Georges II en Grèce provoque de plus en plus de dissensions au sein des résistants de l’intérieur comme de l’étranger. Bien que le souverain ait officiellement promis, lors d’une émission de radio, le 4 juillet 1943, de restaurer la constitution de 1911 et d'organiser des élections libres dans les six mois suivant sa restauration, de nombreux Grecs ne lui font plus confiance et s'opposent à son retour. Or, avec la reddition des forces italiennes le 8 septembre 1943, les communistes grecs s'emparent des armes de l'occupant, gagnant ainsi en importance dans le camp allié.
Les mois passant, de plus en plus de voix demandent au souverain de conditionner son retour à la tenue d'un référendum et de nommer un régent pour assurer la transition, une fois le pays libéré. Bientôt, le nom de l'archevêque-primat de l'Église grecque s'impose, tant du côté des Alliés que de la résistance nationale. Or, monseigneur Damaskinos est bien connu pour ses opinions républicaines et Georges II s'oppose avec force à sa nomination à la tête de l'État. Devant l'entêtement du souverain, un gouvernement rival mené par les communistes, le Comité politique de libération nationale ou PEEA, est mis en place dans la Grèce occupée en mars 1944. Peu de temps après, une mutinerie pro-EAM éclate parmi les forces grecques libres afin de renverser le roi et son gouvernement.
Afin d'apaiser les esprits, Georges II n'a alors d'autre choix que d'accepter la démission de Tsouderos, le 8 avril 1944, et de le remplacer par le libéral Sophoklis Venizélos. Une fois la mutinerie réprimée et ses responsables arrêtés, le nouveau Premier ministre est cependant remplacé par un autre libéral, Georges Papandréou, qui nomme à ses côtés plusieurs ministres républicains. Quelques semaines plus tard, en mai 1944, une conférence de trois jours est organisée au Liban afin d'y discuter du sort de la Grèce une fois les forces de l'Axe chassées. À la suite de cette conférence, Papandréou demande à Georges II d'attendre la tenue d'un référendum pour rentrer à Athènes. N'ayant pas d'autre alternative, le souverain accepte.
En novembre 1944, le territoire national est totalement libéré et les exilés grecs regagnent leur foyer, sans que ni Georges II ni la famille royale ne puissent faire de même. Le monarque doit par ailleurs accepter, sous la pression de Churchill et d'Eden, de nommer régent monseigneur Damaskinos le 29 décembre 1944. Or, l'archevêque-primat forme immédiatement un gouvernement à majorité républicaine et place le général Nikolaos Plastiras à la tête du cabinet. Humilié, malade et sans plus aucun pouvoir, Georges II envisage d'abdiquer en faveur de son frère mais décide finalement de n'en rien faire. Persuadé que les portes de la Grèce lui sont à jamais fermées, il achète une maison à Chester Square, à Londres, et s’y retire avec sa maîtresse anglaise, Joyce Wallach.

Un difficile retour en Grèce Entre restauration et guerre civile

Une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, la situation politique reste très tendue en Grèce, où des violences opposent communistes, modérés et forces britanniques commandées par le général Ronald Scobie. Après plusieurs mois d'instabilité, des élections finissent tout de même par être organisées, le 3 mars 1946, sous l'égide d'observateurs britanniques, français et américains. Le Parti populaire royaliste obtient alors une nette majorité au parlement et un référendum sur la monarchie est programmé par le nouveau gouvernement de Konstantinos Tsaldaris. Entre-temps, les registres électoraux sont contrôlés sous la supervision des Alliés.
Finalement, lorsque le référendum est organisé, le 1er septembre suivant, les résultats officiels indiquent que 90 % des électeurs ont voté et que, parmi ceux-ci, 69 % ont exprimé leur désir de voir le roi revenir à la tête de l'État. L'interprétation la plus souvent proposée est que le retour du roi est, aux yeux de la population, la moins mauvaise des solutions, dans un contexte de découragement politique généralisé. Quatre jours plus tard, Tsaldaris se rend à Londres afin d'y inviter Georges II à revenir en Grèce. Une fois ses affaires réglées, le souverain quitte le Royaume-Uni à bord d'un avion, le 27 septembre, et arrive le jour même près d'Éleusis, où il retrouve le diadoque Paul et son épouse Frederika. De là, le monarque et sa parentèle gagnent Phalère puis Athènes, où ils sont reçus par une foule en liesse et par un Te Deum célébré par monseigneur Damaskinos.
Malgré tout, le retour des Oldenbourg dans leur patrie d'origine ne suffit pas à faire oublier les souffrances de la population grecque. Le pays est totalement dévasté, les résidences royales ont été pillées et saccagées et une violente guerre civile, opposant communistes et monarchistes, frappe le nord du pays depuis la proclamation de la restauration de la monarchie.

L’annexion du Dodécanèse

Carte du Dodécanèse italien.

Le palais royal d'Athènes ayant été très endommagé par la guerre, Georges II s'installe dans la résidence construite pour son père à l'occasion de son mariage. Il y retrouve bientôt la plus jeune de ses sœurs, la princesse Catherine, qui reprend, auprès de lui, le rôle d'hôtesse de la monarchie qu'elle avait déjà tenu dans les années 1930. Dans un pays toujours frappé par le rationnement, la famille royale mène un train de vie modeste et le souverain passe la majeure partie de ses journées à travailler dans son bureau, ouvrant consciencieusement tous les courriers qui lui sont adressés.
Tandis que la guerre civile frappe toujours le nord du pays, le traité de Paris du 10 février 1947 permet à la Grèce d'annexer les îles du Dodécanèse, possession de Rome depuis la Guerre italo-turque de 1911-1912. Georges II nomme alors comme premier gouverneur de l'archipel l'amiral Periklís Ioannídis, deuxième époux de sa tante, la princesse Marie de Grèce. Malgré le vote, en 1944, d'une résolution du sénat américain en ce sens, le royaume hellène n'obtient par contre pas la cession de l'Épire du Nord, qui reste sous l'administration de l'Albanie.

Une disparition inattendue

Alors que la famille royale s'apprête à célébrer le mariage de la princesse Catherine de Grèce avec le major britannique Richard Brandram, la santé de Georges II décline, sans que ses médecins s'en inquiètent. Le 31 mars 1947, le roi assiste à une représentation d’Henry V, à l'ambassade britannique, à l'occasion d'un gala de charité. Le lendemain, à l'heure du déjeuner, il déclare à un domestique qu'il se sent fatigué et est retrouvé inconscient quelques minutes plus tard dans son bureau. À quatre heures, la radio grecque annonce que le monarque vient de décéder d’artériosclérose. La nouvelle est si soudaine que certains croient d’abord à un poisson d'avril, avant de se rendre à l’évidence.
Georges II est enterré quatre jours plus tard dans le mausolée royal du palais de Tatoï. Son frère cadet lui succède à la tête du pays sous le nom de Paul Ier.

Bilan du règne

Le règne de Georges II a été assombri par une série de graves crises politiques, sociales et militaires qui ont fait dire un jour au souverain que « le seul instrument nécessaire à un roi de Grèce est une valise »91,186. De fait, si l’on considère que Georges II n’a jamais abdiqué et qu’il a été de jure roi des Hellènes de 1922 à 1947, alors on constate qu’il n’a réellement gouverné la Grèce que durant sept de ses vingt-cinq années de règne théorique. Le pouvoir du souverain a en outre été étroitement limité par la dictature instituée par Ioannis Metaxas à partir de 1936 et qui a duré au moins jusqu’en 1941. Pourtant, l’acceptation tacite du régime du 4-Août par le monarque a fortement contribué à affaiblir sa réputation et celle de la famille royale à un moment où le communisme se développait en Grèce.

Ordres et décorations Créations de Georges II

En janvier 1936, le roi Georges II fonde les ordres des Saints-Georges-et-Constantin et des Saintes-Olga-et-Sophie. Il s'agit là d'ordres dynastiques créés en l'honneur de ses parents Constantin Ier et Sophie de Prusse)et de ses grands-parents Georges Ier et Olga de Russie.

Décorations reçues par Georges II

En 1909, il est fait chevalier grand-croix de l’ordre royal de Victoria GCVO par le roi Édouard VII.
En 1913, le Kaiser Guillaume II d’Allemagne, lui confère l’ordre de l’Aigle rouge avec des épées.
En 1935, le roi Victor-Emmanuel III d'Italie confère l’ordre de l’Annonciade au souverain à l’occasion de sa restauration sur le trône hellénique.
En 1941, Georges II est décoré par le gouvernement britannique de l’Ordre du Service distingué pour le courage qu’il a montré sous le feu de l’ennemi. Il est le premier et le seul souverain à avoir jamais reçu cette décoration.
En 1942, le roi reçoit également de son cousin Haakon VII la Croix de Guerre norvégienne.
Georges II dans la culture populaire Dans la propagande de guerre
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés utilisent la figure de Georges II comme instrument de propagande afin de renforcer le sentiment patriotique grec. Plusieurs courts-métrages centrés sur le souverain et son gouvernement sont ainsi tournés, comme Heroic Greece! de l'Américain Frank Norton 1941.

À la télévision

La relation amoureuse du roi Georges II et de sa maîtresse, surnommée Mrs Brown, est évoquée brièvement dans le troisième épisode The New King de la mini-série britannique Edward and Mrs. Simpson, qui met en scène la croisière du roi Édouard VIII du Royaume-Uni et de Wallis Simpson dans les îles grecques, en 1936190.

En musique

À l’occasion de la restauration de Georges II, en 1935, le chanteur de rebetiko Markos Vamvakaris a écrit la chanson Nous te souhaitons la bienvenue, Roi en grec : Καλώς μας ήρθες Βασιληά.

En philatélie

Différents timbres à l'effigie de Georges II ont été émis par la Poste grecque durant son règne. Une série de quatre timbres représentant le souverain a ainsi été éditée, peu de temps après sa restauration sur le trône, le 1er novembre 1937, avec des valeurs faciales de 1, 3, 8 et 100 drachmes192.

En numismatique Pièces de monnaie grecques.

Différentes pièces de monnaie à l'effigie de Georges II ont été émises par la banque nationale de Grèce. Parmi celles-ci, on trouve :
une série de pièces commémoratives frappées en 1940 afin de célébrer le cinquième anniversaire de la restauration du roi pièces de 20 et de 100 drachmes de cuivre, d'argent et d'or mentionnant la date du 25 novembre 1935 ;
une pièce de 30 drachmes d'argent mise en circulation en 1963 à l'occasion du centenaire de la monarchie grecque et montrant les portraits des rois Georges Ier, Constantin Ier, Alexandre Ier et Georges II et Paul Ier.
Arbres généalogiques

Georges II et les monarchies balkaniques
Quartiers du souverain
Quartiers de Georges II

Bibliographie Sur Georges II

Ricardo Mateos Sainz de Medrano, Jorge II: una vida de contratiempos, dans La Familia de la Reina Sofίa, La Dinastίa griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros,‎ 2004, p. 182-193
Panayótis Pipinélis, Γεώργιος Β’, Athènes, Στέγη του Βιβλίου,‎ 1951
Dwight Wales Beach, The Question of the Return of King George II of Greece 1941-1946, Cincinnati, University of Cincinnati,‎ 1974

Sur la famille royale de Grèce en général

Panagiotis Dimitrakis, Greece and the English, British Diplomacy and the Kings of Greece, Londres, Tauris Academic Studies,‎ 2009
Michael of Greece, Arturo B. Eéche et Helen Hemis-Markesinis, The Royal Hellenic dynasty, Eurohistory,‎ 2007
Alan Palmer et Michael of Greece, The Royal House of Greece, Weidenfeld Nicolson Illustrated,‎
Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofίa, La Dinastίa griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros,‎ 2
John Van der Kiste, Kings of the Hellenes: The Greek Kings, 1863-1974, Sutton Publishing,‎ 1994

Sur les membres de la famille royale de Grèce

Célia Bertin, Marie Bonaparte, Paris, Perrin,‎ 1982
Julia Gelardi, Born to Rule: Granddaughters of Victoria, Queens of Europe, Headline Review,‎ 2006
Hugo Vickers, Alice, Princess Andrew of Greece, Londres, Hamish Hamilton,‎ 2000

Sur la famille royale de Roumanie

Hannah Pakula, The Last Romantic: A Biography of Queen Marie of Roumania, Weidenfeld & Nicolson History,‎ 1996
Regina Maria a Romaniei, Însemnari zilnice, vol. 3, Editura Historia,‎ 2006
John Wimbles, Elisabeta of the Hellenes: passionate woman, reluctant queen (série d'articles en 4 parties, Royalty Digest, vol. 12#5, 12#6, 12#7 et 13#1, no 137,138, 139 et 145,‎ 2002 et 200

Sur l'histoire de la Grèce

Anthony Beevor, Crete : The Battle and the Resistance, Athènes, Govostis Publications,‎ 2003
Christopher Buckley, Greece and Crete 1941, Londres, P. Efstathiadis & Sons S.A.,‎ 1984
D. J. Cassavetti, Hellas and the Balkan Wars, Londres, Fisher Unwin,‎ 1914
Richard Clogg, A Short History of Modern Greece, Cambridge, University Press,‎ 1992
Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce, Hatier,‎ 1992
Édouard Driault et Michel Lhéritier, Histoire diplomatique de la Grèce de 1821 à nos jours, t. V, PUF,‎ 1926
S. Victor Papacosma, The Military in Greek Politics : The 1909 Coup d'Etat, Kent (Ohio), Kent State University Press,‎ 1977, 254 p.
Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne, Horvath,‎ 1975
Panayiotis J. Vatikiotis, Popular Autocracy in Greece, 1936-41 : A Political Biography of General Ioannis Metaxas, Frank Cass Publishers,‎ 1998

Autres ouvrages

A. Karamitsos, Hellas stamp catalogue, vol. 1,‎ 2008
Milica Zarkovic Bookman, The demographic struggle for power: the political economy of demographic engineering in the modern world, Routledge,‎ 1997


Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





#306 Georges II de Grèce 1
Loriane Posté le : 18/07/2015 18:37
Le 19 juillet 1890 naît au palais de Tatoï Georges II de Grèce

en grec moderne : Γεώργιος Β΄ της Ελλάδας / Geórgios II tis Elládas, roi des Hellènes et prince de Danemark, en Grèce, décédé, à 56 ans, le 1er avril 1947 au palais royal d’Athènes. Il est roi des Hellènes de 1922 à 1923 puis de 1935 à 1941/1944 et enfin de 1946 à 1947.Sa mère est Sophie de Prusse, son père Constantin 1er de Grèce, il est mariée à Elisabeth de Roumanie. Il appartient à la maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg. Il succede à Paul du 18 mars 1913 au 10 juin 1917, soit pendant 4 ans 2 mois et 23 jours, sous le règne de Constantin 1er; Il est diadoque de Grèce du 19 décembre 1920 au 27 septembre 1922, soit 1 an 9 mois et 8 jours, Il est chef de l'État grec du 27 septembre 1922 au 25 mars 1924 soit 1 an 5 mois et 27 jours, premiers ministres : Dimitrios Gounaris, Nikolaos Stratos, Petros Protopapadakis, Nikólaos Triantaphyllákos, Anastasios Charalabis, Sotírios Krokidás, Stylianós Gonatás. Il est régent de Grèce du 3 novembre 1935 au 23 mai 1941, soit 5 ans 6 mois et 20 jours, le premier ministre est Geórgios Kondýlis, Konstantínos Demertzís Ioánnis Metaxás, Alexandros Korizis, Emmanouil Tsouderos prédécesseur, Geórgios Kondýlis régent de Grèce, successeur Lui-même, roi de la Grèce libre et Georgios Tsolakoglou. il est Roi des Hellènes du 1er septembre 1946 au 1er avril 1947 durant 7 mois, le premier ministre est Konstantinos Tsaldaris, Dimitrios Maximos, son prédécesseur Damaskinos d'Athènes. Il est régent de Grèce après Paul Ier de Grèce duu 23 mai 1941 au 31 décembre 1944 pendant 3 ans 7 mois et 8 jours, le premier ministre est Emmanouil Tsouderos, Sophoklís Venizélos, Geórgios Papandréou
L’enfance et la jeunesse de Georges II sont marquées par l’effervescence nationaliste que connaît le royaume hellène au tournant des XIXe et XXe siècles. Après la défaite de la Grèce face à l’Empire ottoman en 1897, la famille royale est en effet accusée d’être responsable de l’échec de la Grande Idée et l’opposition républicaine augmente dans le pays jusqu’au coup de Goudi de 1909. Les victoires militaires grecques durant les Guerres balkaniques 1912-1913 rapprochent quelque temps la famille royale de son peuple mais l’éclatement de la Première Guerre mondiale renverse la situation. Après l'implication indirecte du pays dans le conflit en 1915, Georges, qui n’est alors que diadoque, assiste au Schisme national, autrement dit à la rupture violente entre son père, le roi Constantin Ier, et le Premier ministre Elefthérios Venizélos.
Acculé par la montée en puissance de l’Entente et des vénizélistes, Constantin Ier doit quitter le pouvoir et partir en exil en 1917. Jugé tout aussi germanophile que son père parce qu’il a été formé militairement en Allemagne, le prince Georges doit lui aussi quitter la Grèce tandis que son frère cadet, le jeune Alexandre Ier, monte sur le trône. Exilé avec sa famille en Suisse, Georges mène dès lors une existence relativement simple et morne. En octobre 1920, il se fiance cependant à l’une de ses cousines éloignées, la princesse Élisabeth de Roumanie, avec laquelle il est en contact depuis plusieurs années. Peu de temps après, son frère meurt à Athènes et une nouvelle crise politique secoue la Grèce, permettant à Constantin Ier de reprendre le pouvoir. La restauration de l’ancien souverain est toutefois éphémère puisque la défaite de la Grèce face aux nationalistes turcs commandés par Mustafa Kemal, l’oblige à abdiquer en faveur de son fils aîné en 1922.
Bien que reconnu roi des Hellènes, Georges II est écarté de la direction des affaires et il doit composer avec une classe politique de plus en plus radicale. Après la victoire électorale des républicains en décembre 1923, le souverain et sa famille partent une nouvelle fois en exil. D’abord réfugié dans la patrie de sa femme, Georges choisit de s’installer au Royaume-Uni en 1932. Vers la même époque, son couple se désagrège et son épouse obtient le divorce en 1935. Les malheurs conjugaux du souverain sont toutefois compensés par le retour en force des monarchistes en Grèce et par la tenue d’un référendum demandant son retour à la tête du pays le 3 novembre. De nouveau roi des Hellènes, Georges II tente de normaliser la situation politique de son pays mais la montée en force des communistes l'incite finalement à soutenir le coup d’État du général Ioannis Metaxas et la mise en place du Régime du 4-Août 1936.
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale est une nouvelle épreuve pour la Grèce. Après un important succès contre les forces italiennes en 1940-1941, le pays est envahi par les armées de l’Axe en avril-mai 1941. De nouveau exilé, Georges II prend la tête des forces grecques libres. Cependant, ses liens avec la dictature de Metaxas affaiblissent son image auprès de la résistance grecque, très marquée à gauche. Devant l’opposition qu’il soulève, Georges II doit accepter de ne pas rentrer en Grèce dès la Libération et de remettre le pouvoir à une régence en 1944. Les portes de son pays lui étant à nouveau fermées, le souverain envisage de s’installer définitivement au Royaume-Uni mais le succès des monarchistes au référendum institutionnel du 27 septembre 1946 l’en dissuade finalement.
De retour en Grèce, Georges II trouve un pays ravagé par l’occupation et la guerre civile qui l'a suivie. Il reprend alors les affaires du pays mais trouve la mort seulement sept mois après la restauration de la monarchie.

En bref

Georges II est le fils aîné du roi Constantin Ier de Grèce 1868-1923 et de son épouse la princesse Sophie de Prusse 1870-1932, elle-même fille de l’empereur Frédéric III d'Allemagne 1831-1888 et de sa femme la princesse royale Victoria du Royaume-Uni 1840-1901.
Georges II a donc la particularité généalogique d'être à la fois l'arrière-petit-fils du roi Christian IX de Danemark 1818-1906, surnommé le beau-père de l'Europe , et de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni 1819-1901, surnommée la grand-mère de l'Europe .
Le 27 février 1921, Georges épouse, à Bucarest, la princesse Élisabeth de Roumanie 1894-1956, fille du roi Ferdinand Ier de Roumanie 1865-1927 et de son épouse la princesse anglo-allemande Marie de Saxe-Cobourg-Gotha 1875-1938, surnommée la Belle-mère des Balkans. Par sa mère, Élisabeth est donc la petite-fille du duc Alfred Ier de Saxe-Cobourg-Gotha 1844-1900, que les Grecs avaient élus par plébiscite à la tête de leur royaume en 1862.
De l'union de Georges II et d'Élisabeth ne naît aucun enfant et le couple divorce le 6 juillet 1935. Après cette séparation, le souverain entretient une relation suivie avec une divorcée, sans jamais se remarier. Le roi n'ayant pas d'héritier direct, c'est donc le plus jeune de ses frères qui lui succède sous le nom de Paul Ier en 1947.

Sa vie

Un petit prince conscient de sa position
Fils du diadoque Constantin et de la princesse Sophie de Prusse, le futur Georges II voit le jour un peu moins de neuf mois après le mariage de ses parents, le 19 juillet 1890, au palais de Tatoï. Légèrement prématuré, l'enfant vient au monde de façon très rapide, mais néanmoins difficile. De fait, pendant l'accouchement, son cordon ombilical se place autour de son cou et il faut tout le savoir-faire de la sage-femme allemande que lui a envoyée sa grand-mère, l'impératrice douairière Victoria, pour que la naissance se déroule sans problème. Baptisé le 18 août suivant, le prince Georges compte, parmi ses multiples parrains et marraines, son arrière-grand-mère maternelle, la reine Victoria du Royaume-Uni.
Bientôt entouré de nombreux frères et sœurs Alexandre, Hélène, Paul, Irène et Catherine viennent agrandir la famille entre 1893 et 1913, le prince passe son enfance à Athènes, dans une villa de l'avenue Kifissias et dans le palais du diadoque, actuelle demeure du président grec, ainsi qu'à Tatoï, résidence secondaire de ses grands-parents paternels. L'enfant effectue par ailleurs de nombreux séjours à l'étranger puisque, chaque année, le diadoque et sa famille se rendent plusieurs semaines en Angleterre, où ils fréquentent les plages de Seaford et d'Eastbourne. L'été se passe à Friedrichshof, chez la mère de Sophie, mais aussi à Corfou et à Venise, où la famille royale se rend à bord du yacht Amphitrite.
Décrit comme le plus introverti, froid et même distant de sa fratrie, le prince Georges semble avoir pris conscience très jeune de son rôle d'héritier présomptif. L'historien John Van der Kiste le présente ainsi comme un enfant pas toujours très sage, surtout lors de ses visites chez sa grand-mère maternelle mais nettement moins turbulent que son frère cadet, l'espiègle Alexandre, jamais à court de bêtises, ou que sa sœur, la sportive Hélène, qui passe pour un garçon manqué.

Le coup de Goudi et ses conséquences Coup de Goudi.

En tant qu'héritier présomptif, le prince Georges reçoit une éducation à la tonalité fortement militaire. Formé à Athènes, à l'École des Évelpides, le jeune homme rejoint l'infanterie hellénique avec le grade de sous-lieutenant le 27 mai 1909. Or, cette promotion arrive à un très mauvais moment. Le 15 août 1909, un groupe d’officiers, réunis dans la Ligue militaire en grec : Στρατιωκικός Σύνδεσμος / Stratiotikos Syndesmos, organise en effet un coup d’État contre le gouvernement de Georges Ier : c’est le coup de Goudi. Bien que se déclarant monarchistes, les membres de la Ligue, dirigée par Nikólaos Zorbás, demandent au roi de démettre les princes de l’armée. Officiellement, il s'agit de protéger la famille du souverain des jalousies que pourraient faire naître ses amitiés avec certains militaires. Dans les faits, la réalité est bien différente : les officiers accusent le diadoque Constantin d'être responsable de la défaite de la Grèce face à l'Empire ottoman en 1897 et considèrent que la famille royale monopolise indûment les plus hauts postes de l'armée.
Dans le pays, la situation est si tendue que certains envisagent déjà de renverser le souverain et de le remplacer par l'aîné de ses petits-enfants autrement dit le prince Georges lui-même ou par un autre candidat un fils naturel d'Othon Ier, le duc des Abruzzes, le duc de Teck, voire un Hohenzollern. Moins impopulaire que son père Constantin, déjà majeur et ne nécessitant donc pas de régence, mais jeune et politiquement inexpérimenté, le prince Georges semble plus facilement contrôlable. L'option qu'il représente reste donc ouverte pour les insurgés jusqu'en février 1910.
Dans ce contexte tendu, les membres de la famille royale sont obligés de démissionner de leurs postes militaires afin d’épargner au souverain la honte de devoir les renvoyer. Le diadoque et son épouse doivent par ailleurs quitter précipitamment la Grèce avec leurs enfants et la famille s'installe, pour plusieurs mois, en Allemagne. Pour sauver les apparences, les jeunes officiers ont demandé un congé d'instruction de trois ans. Ainsi, le prince Georges poursuit sa formation militaire et intègre, pendant deux ans, le prestigieux 1er régiment d'infanterie de la garde prussienne. Ce départ à l'étranger lui évite, de surcroît, d'apparaître comme une alternative potentielle à son grand-père et à son père pour le trône.

De la garde prussienne à la Première Guerre balkanique Grèce dans les guerres balkaniques.

Après bien des tensions, la situation politique finit par s'apaiser en Grèce et le diadoque Constantin est autorisé à rentrer dans son pays avant d'être restauré dans ses fonctions militaires par le Premier ministre Elefthérios Venizélos, en 1911. En dépit d'un séjour de quelques mois dans son pays natal à la fin de l'année 1910, Georges retourne poursuivre sa formation militaire à Berlin, dans le 1er régiment d'infanterie de la garde prussienne.
C'est seulement avec le déclenchement de la Première Guerre balkanique, qui oppose les nations chrétiennes des Balkans à leur ancien suzerain ottoman, que le jeune homme regagne définitivement le royaume de Grèce en octobre 1912. Avec son frère cadet, le prince Alexandre, il sert alors comme officier dans l'État-major de son père27,28. Au grand dam de certains Grecs qui craignent pour la vie de l'héritier présomptif, Georges prend part à différentes batailles et est à plusieurs reprises exposé au feu ennemi. Il participe ainsi à la prise de la ville de Thessalonique, le 8 novembre 1912, qui constitue l'un des moments phares du conflit.

Diadoque de Grèce
De l’assassinat de Georges Ier à la Première Guerre mondiale.

Le 18 mars 1913, le roi Georges Ier est assassiné par un anarchiste grec près de la Tour blanche de Thessalonique pendant qu'il y effectue sa promenade quotidienne. Son fils, qui est alors au faîte de sa popularité grâce au succès du premier conflit balkanique, lui succède à la tête du pays sous le nom de Constantin Ier. Âgé de vingt-trois ans, le prince Georges devient, quant à lui, héritier du trône et prend les titres de diadoque de Grèce et de duc de Sparte.
Dans les jours qui suivent, Constantin Ier et sa famille déménagent dans le nouveau palais royal ex-palais du diadoque, tandis que le prince Georges prend pleinement possession de leur ancienne résidence de l'avenue Kifissias. Il y mène une vie simple et reçoit fréquemment son oncle, le prince Christophe de Grèce, qui n'a que deux ans de plus que lui et avec lequel il entretient une relation amicale très étroite.
Le 30 juin 1913, éclate la Deuxième Guerre balkanique qui oppose, cette fois, la Grèce et ses alliés à la Bulgarie et qui aboutit à une nouvelle victoire pour le royaume hellène. Dans les Balkans, un nouvel ordre géopolitique se dessine, marqué notamment par le rapprochement du royaume hellène et de la Roumanie. C'est apparemment vers cette époque que s'esquisse le projet d'union matrimoniale entre le diadoque et sa future épouse, la princesse Élisabeth de Roumanie.
La paix revenue, Georges effectue plusieurs séjours à l'étranger avec sa famille. À l'automne, il accompagne ainsi le roi dans un voyage diplomatique à Berlin, durant lequel son oncle, le Kaiser Guillaume II, lui confère l'ordre de l'Aigle rouge avec des épées. L'été suivant, le diadoque se rend au Royaume-Uni avec le prince Christophe et il se trouve à Londres lorsque se produit l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche et de son épouse, le 28 juin 1914.

La Première Guerre mondiale Grèce dans la Première Guerre mondiale.

Pendant la Première Guerre mondiale, le roi Constantin Ier cherche à maintenir la Grèce dans une position de neutralité. Il considère en effet que son pays n'est pas prêt à participer à un nouveau conflit après les Guerres balkaniques. Mais, formé en Allemagne et lié au Kaiser Guillaume II dont il est le beau-frère, Constantin est rapidement accusé de soutenir la Triple-Alliance et de souhaiter la défaite des Alliés. Bientôt, le souverain rompt avec son Premier ministre, Elefthérios Venizélos, qui est quant à lui convaincu de la nécessité de soutenir les pays de la Triple-Entente pour rattacher les minorités grecques de l'Empire ottoman et des Balkans au royaume hellène. Protégé par les pays de l'Entente, et par la République française en particulier, l'homme politique forme, en octobre 1916, un gouvernement parallèle à celui du monarque à Thessalonique. Le centre de la Grèce est alors occupé par les forces alliées et le pays est en passe de sombrer dans la guerre civile : c'est le Schisme national.
En dépit de ces difficultés, Constantin Ier refuse de modifier sa politique et doit faire face à l'opposition toujours plus nette de l'Entente et des vénizélistes. Ainsi, le 14 juillet 1916, un incendie criminel, dont on accuse des agents de la France, ravage le domaine de Tatoï et manque de tuer une bonne partie des membres de la famille royale. Le diadoque Georges n'est pas touché mais sa mère sauve sa plus jeune sœur de justesse en la portant dans les bois sur plus de deux kilomètres. Parmi le personnel du palais et les pompiers venus éteindre le feu, seize à dix-huit personnes selon les sources trouvent par ailleurs la mort.
Finalement, le 10 juin 1917, Charles Jonnart, le Haut-Commissaire de l'Entente en Grèce, ordonne au roi de quitter le pouvoir. Sous la menace d'un débarquement de l'Entente au Pirée, le souverain accepte de partir en exil, sans toutefois abdiquer officiellement. Les Alliés ne souhaitant pas instaurer la république en Grèce, l’un des membres de sa famille doit lui succéder. Or, le diadoque Georges est jugé tout aussi germanophile que son père parce qu'il a lui-aussi été formé en Allemagne. Il est par ailleurs considéré comme peu malléable, alors que c'est un souverain fantoche que les ennemis de Constantin veulent mettre sur le trône. C’est donc d’abord à l’un des frères du monarque déposé un autre Georges, marié à une princesse française que les Alliés pensent pour le remplacer. Cependant, celui-ci refuse catégoriquement de monter sur le trône par loyauté envers le souverain45. C’est donc finalement le frère cadet du diadoque, Alexandre, que Venizélos et l’Entente choisissent comme nouveau roi des Hellènes.

Le prince Alexandre succède à Constantin Alexandre Ier de Grèce.

La cérémonie par laquelle Alexandre Ier monte sur le trône, le 10 juin 1917, est entourée de tristesse. Hormis l’archevêque-primat Théoclète Ier d’Athènes, qui reçoit le serment du nouveau souverain, seuls y assistent le diadoque Georges, l'ex-roi Constantin et le Premier ministre Alexandros Zaimis. Aucune festivité ni aucune pompe n’entourent l’événement, qui demeure d’ailleurs secret. Alexandre, qui a alors vingt-trois ans, a la voix cassée et les larmes aux yeux lorsqu’il prête serment de fidélité sur la constitution grecque. Il sait qu’il s’apprête à jouer un rôle difficile dans la mesure où l’Entente et les vénizélistes sont opposés à la famille royale et ne sont pas prêts à lui obéir. Surtout, il est conscient que son règne est de toute façon entaché d'illégitimité. De fait, ni son père ni son frère aîné n’ont renoncé à leurs droits à la couronne et, avant la cérémonie, Constantin a longuement expliqué à son fils qu’il est désormais l’occupant du trône mais pas le véritable monarque.
Le soir même de la cérémonie de prestation de serment, la famille royale décide de quitter le palais d’Athènes pour se rendre à Tatoï. Cependant, une partie des habitants de la capitale refuse de voir leurs souverains partir en exil et des foules se forment autour du palais pour empêcher Constantin et les siens d’en sortir. Le 11 juin, l'ex-roi et sa famille parviennent toutefois à s’enfuir en cachette de leur résidence. Dès le lendemain, Constantin, Sophie et tous leurs enfants hormis leur deuxième fils gagnent le petit port d’Oropos et prennent le chemin de l’exil. C’est la dernière fois que Georges et sa famille sont en contact avec Alexandre Ier, désormais considéré comme prisonnier des vénizélistes.

Du premier exil au second règne de Constantin Ier
De la Suisse à la Roumanie

Après avoir traversé la mer Ionienne et l’Italie, le prince Georges et sa famille s'installent en Suisse alémanique, d’abord à Saint-Moritz, puis à Zurich. Dans leur exil, ils sont bientôt rejoints par la quasi-totalité des membres de la dynastie hellénique, qui quitte la Grèce avec le retour d'Elefthérios Venizélos à la tête du cabinet et l’entrée en guerre d'Athènes aux côtés de l’Entente. Or, la situation financière de la famille royale n’est pas des plus brillantes et l'ex-roi Constantin, déjà très affaibli, ne tarde pas à tomber malade. En 1918, il contracte ainsi la grippe espagnole et manque de trouver la mort.
Avec la fin de la Première Guerre mondiale et la signature des traités de Neuilly et de Sèvres, le royaume hellène réalise d'importantes acquisitions territoriales en Thrace et en Anatolie. Pourtant, la Grèce est loin d'avoir retrouvé sa stabilité avec le départ des anciens souverains et la guerre contre la Turquie reprend dès 1919. En outre, les tensions entre Venizélos et les Oldenbourg se poursuivent. La décision d'Alexandre Ier d'épouser Aspasía Mános, une jeune aristocrate d'ascendance phanariote, plutôt qu'une princesse européenne déclenche en effet la colère du chef du gouvernement. L'homme politique crétois voit dans cette mésalliance une occasion perdue de se rapprocher de la Grande-Bretagne et de son gouvernement.
Plus conventionnel que son frère cadet, le prince Georges se fiance, quelques mois plus tard, en octobre 1920, à la princesse Élisabeth de Roumanie. Le couple est en relations depuis 1911 et Georges a déjà demandé la main de la jeune fille en 1914. Mais, conseillée par sa grand-tante, la fameuse Carmen Sylva, la princesse a d’abord décliné la proposition du diadoque, le jugeant trop petit et trop anglais dans ses manières. Dédaigneuse, la future reine des Hellènes aurait même déclaré à cette occasion que Dieu avait commencé le prince mais avait oublié de le terminer. Ses sentiments n’ont d’ailleurs pas vraiment évolué lorsqu’elle retrouve le jeune homme lors d'un voyage en Suisse. Mais, peut-être davantage consciente de ses propres imperfections sa mère, la reine Marie de Roumanie, la décrit comme grosse et peu intelligente, Élisabeth finit par accepter le mariage lorsque Georges se tourne une nouvelle fois vers elle.
À cette époque, l’avenir du prince est pour le moins incertain : exilé, désargenté et sans aucune situation, il n’a guère à offrir à sa fiancée qu'un hypothétique droit de succession sur la couronne de Grèce. Pourtant, la combinaison matrimoniale satisfait tout autant les parents du jeune homme que sa future belle-famille et la reine Marie de Roumanie ne tarde pas à inviter le prince à se rendre, avec deux de ses sœurs Hélène et Irène, à Bucarest afin d'y annoncer publiquement les fiançailles. C'est d'ailleurs dans cette ville que se trouve Georges lorsqu'il apprend le décès de son frère Alexandre.

La Restauration de Constantin et les mariages gréco-roumains

À Athènes, la disparition d’Alexandre Ier, le 25 octobre 1920, donne lieu à une grave crise institutionnelle. Tandis que le Parlement hellénique réitère l'exclusion de l'ex-roi Constantin et du diadoque Georges de la succession au trône, le gouvernement d'Elefthérios Venizélos offre la couronne hellénique au prince Paul, troisième fils du souverain déposé. Cependant, celui-ci refuse de monter sur le trône avant son père et son frère aîné à moins qu’un référendum ne l’appelle à la tête de l’État. Le trône restant vacant et la guerre gréco-turque faisant toujours rage, les nouvelles élections législatives donnent lieu à un conflit ouvert entre venizélistes et monarchistes. Le 14 novembre 1920, les partisans de l'ex-roi l'emportent et Dimitrios Rallis est nommé Premier ministre. Vaincu, Venizélos part en exil à Constantinople. Avant son départ, il demande cependant à la reine douairière Olga d’accepter la régence en attendant la restauration de son fils.
Le 5 décembre 1920, un référendum au résultat contesté appelle la famille royale à rentrer en Grèce. Constantin Ier, la reine Sophie et le diadoque Georges regagnent donc Athènes le 19 décembre suivant. Leur retour s’accompagne d’importantes manifestations de liesse populaire. Un peu partout, des portraits de Venizélos sont arrachés et remplacés par ceux de la famille royale. Surtout, une foule immense entoure les souverains et l'héritier du trône dans les rues de la capitale et, une fois rentrés au palais royal, ceux-ci doivent apparaître à de nombreuses reprises au balcon pour saluer le peuple qui les acclame.
D'autres réjouissances touchant la famille royale se déroulent dans les semaines qui suivent. Deux mariages unissant les Oldenbourg de Grèce aux Hohenzollern de Roumanie sont en effet célébrés en quelques jours d'intervalle. Le 27 février 1921, le diadoque Georges épouse ainsi, à Bucarest, la princesse Élisabeth de Roumanie tandis que le frère de celle-ci, le prince royal Carol se marie, à Athènes, à la princesse Hélène de Grèce, le 10 mars.
Pourtant, le retour de la famille royale de Grèce dans son pays n'amène pas la paix escomptée par la population. Bien plus encore, elle empêche la nation de recevoir l’appui des grandes puissances dans la guerre qui l’oppose à la Turquie de Mustafa Kemal depuis 1919. De fait, les anciens alliés de la Première Guerre mondiale n’ont pas pardonné aux Oldenbourg leur attitude durant le conflit et ils ne sont pas prêts à leur apporter leur soutien. La haine des grandes puissances pour les souverains apparaît d’ailleurs clairement à l’occasion des noces princières de 1921. Invités au mariage d'Hélène et de Carol, l’ambassadeur de Grande-Bretagne et son épouse refusent ostensiblement de saluer le roi et la reine des Hellènes alors qu’ils montrent publiquement leurs respects à la reine Marie de Roumanie, venue assister aux épousailles de son fils aîné.

La guerre gréco-turque et la fausse-couche d’Élisabeth

Le front anatolien en 1921-1922. Guerre gréco-turque 1919-1922 et Occupation de Smyrne par la Grèce.
Peu de temps après le retour de la famille royale en Grèce, Constantin Ier endosse la charge de commandant suprême de l’armée hellénique et séjourne en Asie mineure de mai à septembre 1921 afin d’y soutenir l’effort de guerre contre la résistance turque menée par Mustafa Kemal. Le diadoque Georges ayant intégré l’État-major de son père, il accompagne le souverain à Smyrne et sur le front anatolien, où il visite champs de bataille et hôpitaux de campagne. Or, après une série de victoires qui mènent l’armée grecque aux portes d’Ankara, les forces helléniques connaissent une importante défaite à la bataille de la Sakarya d’août-septembre 1921.
Déjà affaiblie par le conflit toujours latent avec les vénizélistes, la famille royale est touchée de plein fouet par le désastre militaire. Le prince André l'un des oncles du diadoque a en effet quitté le front peu de temps avant la défaite de la Sakarya et il est donc accusé de désertion par l'opposition.
Les mois suivants la bataille, la situation militaire ne cesse de se dégrader et l'armée grecque bat peu à peu en retraite en direction de Smyrne. Tandis que le diadoque effectue de nouveaux séjours auprès de l'armée en Ionie, son épouse, la princesse Élisabeth, intègre la Croix-Rouge et s'implique dans le secours aux soldats blessés et aux réfugiés chrétiens qui fuient devant les forces turques. Cependant, l'éloignement de son mari pèse à la princesse royale, qui éprouve beaucoup de difficulté à s'intégrer à son nouveau pays et à sa belle-famille. De plus en plus incertaine face à l'avenir de la dynastie grecque, Élisabeth jalouse le sort de sa sœur, la reine Marie de Yougoslavie, et de sa belle-sœur, la princesse Hélène, qui ne connaissent pas ses difficultés financières et sa solitude.
Déjà tendues par la guerre, les relations du diadoque et de sa femme sont assombries par leur incapacité à donner un héritier au royaume de Grèce. Élisabeth tombe en effet enceinte quelques mois après son mariage mais elle perd l'enfant qu'elle porte lors d'un voyage officiel dans la ville de Smyrne. Gravement affectée par sa fausse couche, la princesse royale tombe malade. Atteinte d'une typhoïde bientôt suivie de pleurésie aggravée de dépression, elle trouve alors refuge auprès de sa famille à Bucarest. Mais, malgré les efforts de sa mère et de son époux, ni la santé de la princesse ni son mariage ne se remettent complètement de la perte de son enfant.
Dans les mêmes moments, la contre-offensive turque s'intensifie en Anatolie et les forces de Mustafa Kemal organisent la reconquête de Smyrne, qui tombe le 9 septembre 1922. Durant plusieurs jours, la ville est mise à sac et incendiée. Des milliers de Grecs et d'Arméniens sont assassinés tandis que d'autres fuient vers les îles de l'Égée et le Péloponnèse. Dans ce contexte difficile, la propagande vénizéliste et républicaine trouve de nouveaux échos en Grèce. Le 11 septembre, une partie de l’armée, conduite par les colonels Nikolaos Plastiras et Stylianós Gonatás, se soulève et demande l’abdication de Constantin Ier ainsi que la dissolution du parlement hellénique.

Un premier règne sous surveillance

Entre accession au trône et Grande catastrophe Nikolaos Plastiras
Désireux d'éviter des troubles supplémentaires, le roi Constantin Ier finit par abdiquer le 27 septembre 1922 et part en exil avec son épouse et ses filles en Italie. Le diadoque quitte alors Bucarest, où il s'était rendu pour retrouver sa femme, afin de succéder à son père à la tête de la Grèce. Le nouveau souverain, qui prend le nom de Georges II, arrive au pouvoir dans un contexte difficile. Il hérite en effet d’un pays en proie à d’énormes tensions politiques depuis la révolution du 11 septembre et soumis à un afflux massif de réfugiés victimes de la Grande catastrophe qui se déroule en Asie mineure.
Comme son frère le roi Alexandre Ier avant lui, Georges II devient en réalité un souverain fantoche soumis au bon vouloir des vénizélistes. Sans réel pouvoir, il vit sous la menace constante du comité révolutionnaire dirigé par Nikolaos Plastiras et Stylianós Gonatás. Reclus au palais de Tatoi avec son épouse, qui l’a rejoint une fois guérie, le roi est étroitement surveillé. Très inquiet des événements qui secouent son pays et de la façon dont sont traités les membres de sa famille, il ne bénéficie même pas de soutien à l’étranger puisque les Alliés refusent de le reconnaître, comme ils avaient refusé de reconnaître son père lors de sa restauration.

Le Procès des Six

Parmi tous les événements qui contribuent au profond malaise de Georges II, le procès des Six, autrement dit les poursuites judiciaires menées par le comité révolutionnaire contre les hommes politiques et les généraux monarchistes qu’il tient pour responsables de la défaite face à la Turquie, a une place particulière. De fait, en dépit des protestations internationales, les anciens Premiers ministres Dimitrios Gounaris, Petros Protopapadakis et Nikolaos Stratos ainsi que trois autres personnalités de premier ordre Georgios Baltatzis, Nikolaos Theotokis et Geórgios Hatzanéstis sont fusillés le 28 novembre 1922, après seulement deux semaines de procès. Le roi est d'autant plus atterré par les événements qu'il a été privé de son droit de grâce et qu'il ne peut intervenir en faveur de ces hommes qui se sont toujours montrés loyaux envers sa famille.
Or, les Six ne sont pas les seules victimes des révolutionnaires et un climat de chasse aux sorcières, qui n'épargne pas la dynastie, se développe dans le pays. Le prince André est ainsi arrêté dans son palais de Mon Repos le 26 octobre, conduit à Athènes sur un navire de la marine nationale, emprisonné puis jugé à son tour pour son rôle dans le désastre militaire à partir du 2 décembre. Afin d'éviter que le scénario du 28 novembre se reproduise, les membres de la famille royale exilés à l'étranger utilisent alors tous leurs contacts pour que des pressions diplomatiques fortes soient exercées sur le gouvernement athénien. Finalement, André de Grèce est déclaré coupable par le tribunal révolutionnaire qui ne le condamne toutefois qu'au bannissement perpétuel dans le but d'éviter au pays les sanctions internationales. Évacué par un navire britannique, l'oncle de Georges II quitte alors le royaume hellène avec son épouse et leurs cinq enfants le 5 décembre.

Du coup d’État royaliste au deuxième exil
Coup d'État grec d'octobre 1923.

Très choqué par les procès mis en place par le comité révolutionnaire et par le refus de celui-ci d'organiser des funérailles officielles pour son père, l'ex-roi Constantin Ier mort en exil à Palerme le 11 janvier 1923, Georges II envisage d'abdiquer et de quitter la Grèce avec son épouse. Sur les conseils du général monarchiste Ioannis Metaxas, le souverain choisit toutefois de rester à la tête du pays, dans l'espoir que la situation politique se renverse.
Alors que les relations du roi avec le gouvernement révolutionnaire, présidé par le Premier ministre républicain Stylianós Gonatás, sont de plus en plus tendues, une tentative de coup d'État est organisée par des militaires royalistes peut-être appuyés par Metaxas en octobre 1923. Après quelques succès, les contre-révolutionnaires sont défaits et leur échec rejaillit sur la couronne. Bien qu'étranger au complot, Georges II est en effet accusé d'avoir initié le soulèvement. Plus que jamais, le souverain et la dynastie sont les cibles de violentes critiques et des militaires comme Nikolaos Plastiras ou Theodoros Pangalos réclament ouvertement l'abolition de la monarchie et le bannissement des Oldenbourg.
Après la victoire des venizélistes aux élections législatives du 16 décembre 1923, le Premier ministre Gonatás demande à Georges II de quitter le pays pendant que la nouvelle Assemblée nationale délibère sur la forme future du régime politique de la Grèce. Placé dans une situation similaire à celle de son père en 1922, le roi se soumet à la pression des politiques mais refuse d’abdiquer. Il prend alors prétexte d'une visite officielle dans le pays de sa belle-famille, en Roumanie, pour partir en exil avec son épouse, la reine Élisabeth et son jeune frère, le prince Paul, le 19 décembre 1923.

Exil et séparation

En Roumanie Deuxième République hellénique.

Sans surprise, la Deuxième République hellénique est proclamée par le parlement le 25 mars 1924, avant d'être confirmée par un référendum deux semaines et demie plus tard. Officiellement déposés et bannis, Georges et Élisabeth sont par ailleurs déchus de leur nationalité grecque et voient leurs biens confisqués par le gouvernement. Désormais apatrides comme tous les membres de la famille royale, ils reçoivent cependant du chef des Oldenbourg, leur cousin le roi Christian X de Danemark, un nouveau passeport.
Exilés en Roumanie depuis décembre 1923, les anciens souverains grecs s'installent à Bucarest, où le roi Ferdinand Ier et la reine Marie de Roumanie leur mettent quelque temps à disposition une aile du palais Cotroceni. Après plusieurs semaines cependant, le couple déménage et établit sa résidence dans une villa plus modeste de la Calea Victoriei. Hôtes réguliers des souverains roumains, Georges et Élisabeth participent alors aux cérémonies qui ponctuent la vie des Hohenzollern-Sigmaringen. Mais, malgré la bonté avec laquelle le traite sa belle-mère dont il dit plus tard qu'elle a été la seule à rendre sa vie supportable à cette époque, l'ex-roi des Hellènes se sent désœuvré à Bucarest et peine à cacher l'ennui que lui procurent les fastes de la Cour roumaine.
Éprouvées par les humiliations de l'exil, les difficultés financières et l'absence de descendance, les relations de Georges et d'Élisabeth se dégradent. Après avoir d'abord trompé sa lassitude dans la nourriture trop riche et les jeux d'argent, l'ex-reine des Hellènes entretient des relations extra-conjugales avec différents hommes mariés. Elle profite ainsi d'une visite à sa sœur malade, à Belgrade, pour flirter avec son propre beau-frère, le roi Alexandre Ier de Yougoslavie. Plus tard, elle noue une liaison avec le banquier de son mari, un Grec du nom d'Alexandros Scavani, dont elle fait son chambellan pour étouffer le scandale. Il reste qu'Élisabeth n'est pas la seule responsable de l'échec de son mariage. Au fil des années, Georges passe en effet de moins en moins de temps auprès de son épouse et transporte progressivement sa résidence au Royaume-Uni.

Au Royaume-Uni

Au début de sa vie d'exilé, Georges séjourne la moitié de l'année en Roumanie avec Élisabeth. Seul ou en compagnie de son épouse, il partage les six mois restant entre la Toscane, où il réside chez sa mère, à la Villa Bobolina, et la Grande-Bretagne, où il a de nombreux amis. Après la mort de la reine douairière Sophie, en 1932, Georges choisit cependant de quitter définitivement Bucarest et sa femme pour établir sa résidence à Londres. Accompagné de son écuyer, le major Dimitrios Levidis, et d'un fidèle serviteur, Mitso Panteleos, l'ex-souverain loue une petite suite de deux pièces au Brown's hotel de Mayfair.
Toujours aussi désargenté, Georges mène une vie relativement simple et éloignée du protocole. Pas toujours bien reçu par les membres de la haute société britannique, qui lui reprochent volontiers sa parenté avec le Kaiser Guillaume II, il n'en a pas moins de nombreux amis, qui l'invitent régulièrement à leurs fêtes et à leurs parties de chasse, en Écosse ou ailleurs. Proche de la famille royale britannique, qui l'accueille à plusieurs reprises dans ses palais, il fréquente également les pubs et les antiquaires, devenant ainsi expert en vieux meubles et en argenterie anglaise.
Toujours soucieux de ne pas représenter une gêne pour ses hôtes, Georges s'abstient de toute déclaration ou action à caractère politique. Mais s'il se contente de répondre aux Grecs qui lui demandent de rentrer à Athènes qu'il ne peut le faire que si la nation l'appelle librement, il continue à se considérer comme un membre à part entière du peuple hellène. C'est ainsi en uniforme de l'armée grecque qu'il assiste au mariage de sa cousine la princesse Marina avec le duc de Kent en 1934.

Amour et divorce

Peu après l'union de sa cousine, Georges part pour un voyage de plusieurs mois dans les Indes britanniques. Hôte du vice-roi Freeman-Thomas, il est reçu dans la colonie en souverain étranger et y rencontre de nombreux officiels. Invité régulier des maharajas, il se montre avide de découvrir leur culture et participe avec enthousiasme aux chasses que ces derniers organisent en son honneur.
Durant ce séjour, l'ex-roi des Hellènes fait par ailleurs la connaissance d'une jeune femme mariée dont il ne tarde pas à tomber amoureux. D'origine roturière, Joyce Wallach est l'épouse malheureuse de John Britten-Jones ou Brittain-Jones, l'aide de camp du gouverneur des Indes, et la mère d'une petite fille. Séduite par Georges, elle ne tarde pas à demander le divorce et à quitter le joyau de la couronne britannique » pour suivre son amant, après son retour à Londres. C'est le début d'une liaison discrète et heureuse, qui dure jusqu'à la mort de Georges, en 1947.
Quelques mois après avoir regagné le Royaume-Uni, l'ex-souverain grec apprend par un journal, le 6 juillet 1935, la nouvelle de son propre divorce. Accusé de désertion du foyer familial » par Élisabeth de Roumanie, il voit son mariage dissout par un tribunal de Bucarest sans avoir été même invité à s'exprimer sur la question.

Un deuxième règne sous le signe de la dictature

Une restauration inattendue

Entre 1924 année où la Deuxième République hellénique est proclamée et 1935 date à laquelle cette dernière est abolie, la Grèce connaît une forte instabilité politique et financière. En un peu plus de dix ans, vingt-trois gouvernements, une dictature et treize coups d'État se succèdent. En moyenne, chaque cabinet reste en place durant six mois tandis qu'une tentative de putsch est organisée toutes les quarante-deux semaines. Incapables de rétablir l'ordre dans le pays et décrédibilisés par leur implication dans les différents coups d'État, les républicains perdent progressivement du terrain face aux monarchistes et des voix de plus en plus nombreuses réclament le retour sur le trône de Georges II ou d'un autre membre de sa famille comme le duc de Kent.
Finalement, le 10 octobre 1935, les forces armées grecques destituent le Premier ministre Panagis Tsaldaris et le président de la République Aléxandros Zaïmis, avant de les remplacer par le ministre de la guerre Geórgios Kondýlis. Ancien vénizéliste, Kondylis est un militaire déçu de la république, qu'il juge coupable d'avoir amené l'anarchie en Grèce. Sous son impulsion, l'Assemblée hellénique proclame la restauration de la monarchie et nomme l'homme politique régent en attendant le retour de Georges II au pouvoir. Or, en Angleterre, le roi des Hellènes fait savoir au nouveau gouvernement que seule la tenue d'un référendum peut le conduire à remonter sur le trône.
Kondylis organise alors une consultation nationale truquée visant à légitimer son entreprise et à pousser le roi à rentrer à Athènes. Officiellement, plus de 95 % des électeurs grecs réclament le retour de la monarchie, le 3 novembre 1935. La consultation populaire se déroule dans des conditions plus que contestables : le vote n’est pas secret et la participation est obligatoire. Time magazine décrit ainsi l’événement : un électeur a le choix entre placer dans l’urne un bulletin bleu en faveur de Georges II et de plaire ainsi au général Georges Kondylis … ou d’y mettre un bulletin rouge pour la République et de risquer les problèmes.
En fait, la fraude électorale est si manifeste qu'elle finit par indisposer le gouvernement, qui craint de voir la tricherie dénoncée. Le soir même du référendum, le ministre de l'Intérieur grec détruit ainsi une grande quantité de bulletins de vote en faveur de la restauration tout en s'écriant : Non ! Non ! je ne voulais pas qu'ils aillent aussi loin ! Il reste qu'après décompte des résultats, seuls 32 454 des 1 527 714 suffrages exprimés demandent le maintien de la république alors que 1 491 992 soutiennent le retour de la monarchie et que 3 268 autres sont déclarés invalides.

Vers la réconciliation nationale ?

Une fois le résultat du référendum annoncé, une délégation hellène rencontre officiellement Georges II et son frère Paul à l'ambassade de Grèce, à Londres, pour leur demander de rentrer à Athènes et le 5 novembre 1935, le roi accepte officiellement de remonter sur le trône. Après avoir réglé leurs affaires, le souverain et son héritier quittent la capitale britannique le 14 novembre et gagnent Paris. Là, ils sont reçus par le président de la République française Albert Lebrun et ont une entrevue avec leur oncle, le prince André. Les deux frères se rendent ensuite en Italie, où ils retrouvent leurs sœurs toutes trois installées à la Villa Sparta et d'autres membres de leur parentèle, comme le prince Christophe. À Florence, ils se recueillent par ailleurs sur les tombes de leurs parents, provisoirement ensevelis à l'église russe de la ville. Après un bref passage à Rome, où le roi Victor-Emmanuel III leur confère l’ordre de l’Annonciade, les deux frères partent ensuite pour Brindisi, où le croiseur grec Elli les attend pour les ramener à Athènes. Finalement, le souverain et son héritier retrouvent le sol de leur patrie le 25 novembre et sont accueillis à Phalère par une foule en liesse.
Une fois le roi rentré en Grèce, Geórgios Kondýlis perd son statut de régent mais le souverain le nomme Premier ministre et le fait Grand-croix de l'ordre de Georges Ier pour le remercier de son rôle dans la restauration monarchique. Pourtant, les relations entre les deux hommes se tendent rapidement. Georges II désire en effet faire table rase du passé et déclarer l'amnistie générale pour les opposants politiques. De son côté, Kondylis ne peut accepter que les leaders de la tentative de coup d’État qu’il a lui-même écrasée en mars 1935 soient pardonnés par le roi. Face à l’entêtement du souverain, Kondylis présente sa démission le 30 novembre et Georges II nomme à sa place le professeur de droit Konstantínos Demertzís.
L'Assemblée hellénique est dissoute et de nouvelles élections législatives sont convoquées le 26 janvier 1936. Cependant, l'arrivée de nombreux réfugiés issus d'Asie mineure après 1922 a renforcé le poids de la gauche dans le pays et les gains électoraux du Parti communiste, qui obtient quinze élus, lui permettent de jouer le rôle d'arbitre au moment où les deux principales organisations politiques le Parti libéral d'Elefthérios Venizélos et le Parti populaire de Panagis Tsaldaris obtiennent sensiblement le même nombre de députés. Une série de morts naturelles inattendues au sein de la classe politique hellène dont celles de Venizélos, de Kondylis, de Tsaldaris et de Demertzís ainsi qu’une situation politique de plus en plus incertaine conduisent à la nomination du général monarchiste Ioannis Metaxas comme Premier ministre le 13 avril.
Bientôt autorisé par le Parlement à gouverner par décrets, Metaxas doit faire face à l’opposition des communistes qui cherchent, par tous les moyens, à contrecarrer sa politique. L’incapacité des partis traditionnels à s’entendre a rendu la machine parlementaire presque totalement inefficace et les a définitivement déconsidérés. La répression sanglante de la grève des ouvriers du tabac de Thessalonique en mai 1936, plus le contexte de la guerre d’Espagne et de la guerre en Éthiopie poussent les syndicats communiste Syndicat unitaire communiste et conservateur Syndicat général des ouvriers grecs à appeler à une grève générale prévue le 5 août .

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=9275#forumpost9275


#307 Paul Von Hindenburgh
Loriane Posté le : 01/08/2015 17:12

Le retour du vainqueur de Tannenberg L'immédiat après-guerre.

Rien ne va plus entre les Dioscures: le 26 octobre, Guillaume II convoque Ludendorff et le congédie. Hindenburg ne fait rien pour retenir son adjoint à ses côtés : la guerre entre les deux généraux est ouverte. Hindenburg organise comme il le peut la retraite des armées allemandes durant le mois de novembre 1918. Je suis mort de fatigue, avoue-t-il. La cellule militaire OHL, Oberste Heeresleitung qui gouverne l'Allemagne depuis 1916 demande la formation d'un gouvernement civil. Friedrich Ebert est nommé chancelier avant de devenir le premier président de la République de Weimar le 11 février 1919. Le 25 juin, Hindenburg quitte la direction de l'état-major allemand et le 3 juillet suivant il est définitivement démobilisé.
Malgré la fin de la guerre, le peuple allemand continue à s'accrocher à l'armée et à Hindenburg et Ludendorff. Il est impensable que l'Allemagne soit défaite et que le prestige des deux généraux soit entaché. Il faut trouver un bouc émissaire à la situation : la République de Weimar, fraîchement proclamée. C'est la naissance de la Dolchstoßlegende. Pourtant, l'armée a sa responsabilité dans la défaite : si l'état-major s'est acharné à vouloir gagner la guerre militairement, il a également aggravé la situation. En faisant renvoyer le chancelier Bethmann-Hollweg, la voie était libre pour la guerre sous-marine, laquelle a provoqué l'entrée en guerre des États-Unis, signant la future défaite de l'Allemagne.
Le 18 novembre 1919, un comité d'enquête de l'Assemblée Nationale du Reich se tient au Reichstag à Berlin pour éclaircir la responsabilité des hauts dignitaires allemands concernant la défaite de la Première Guerre mondiale. Hindenburg et Ludendorff sont conviés pour témoigner. Le vieux maréchal entre le premier, suivi par Ludendorff. Le prestige des deux hommes est tel que la salle qui accueille les interrogatoires est pleine. La presse nationale et internationale, tout comme la société berlinoise et des environs, sont présentes. Même si Hindenburg est démobilisé, les gens l'entourent d'honneurs et son siège est décoré d'un bouquet de chrysanthèmes blancs dans lequel est noué un ruban noir, blanc et rouge.
Hindenburg déclare : L'armée allemande a reçu un coup de poignard dans le dos. Il reprend la Dolschstoßlegende lancée à la fin de l'année 1918 pour laver l'état-major allemand de toute responsabilité dans la défaite.
Au cours de l'interrogatoire, Hindenburg lit une déclaration selon laquelle il minimise même le poids militaire des Alliés après l'entrée en guerre des États-Unis, reportant la cause de la défaite sur une décomposition organisée de la flotte impériale et de l'armée par des forces révolutionnaires. Cette trahison serait due selon lui aux ouvriers et aux socialistes. Aucun des deux hommes n'évoque qu'eux-mêmes avaient en catastrophe demandé le cessez-le-feu, le 19 septembre 1918 après l'échec de l'offensive d'été. Après les débats, Hindenburg et Ludendorff sont lavés de tout soupçon et leur action militaire à l'ouest est qualifiée de performance dans l'histoire mondiale.
Au début des années 1920, Hindenburg prend sa retraite définitive avec sa femme dans sa villa de Hanovre. Son épouse meurt le 14 mai 1921 d'une maladie mal soignée. Entre temps, son fils Oskar est nommé général. Entre 1921 et 1925, Hindenburg fréquente la station de cure de Bad Bevensen. Il chasse dans les forêts bavaroises et il est devenu un grand-père accompli.

Le maréchal-président Élection présidentielle allemande de 1925.

Le premier tour de l'élection présidentielle 1925

Le premier président de la République de Weimar fut élu par la Chambre, mais en 1925 la Constitution fut modifiée, de sorte à ce que le Peuple allemand puisse lui-même élire le président de la République au suffrage universel direct. Ludendorff, que Hindenburg connaît bien, se présente à l'élection présidentielle sous l'étiquette du NSDAP. Furieux de cette candidature soutenue par un parti nationaliste et raciste, Hindenburg rédige une longue lettre à son ancien homologue militaire, dans laquelle il lui demande de renoncer à cette candidature : Retirez votre candidature immédiatement. Au lieu de vous unir ... vous vous dispersez avec les cercles nationaux en cette heure décisive. Dans ce camp votre élection est désespérée. Vous vous compromettez ainsi...de votre faute, la patrie est en danger. Acceptez donc cette demande qui pourrait être la dernière de ma vie.
À l'issue du premier tour, qui a lieu le 29 mars, Karl Jarres est en tête avec le DVP à 38,8 % des suffrages. Suivent, Otto Braunnote 11 SPD à 29,1 %, Wilhelm Marx Zentrum à 14,5 % puis Ernst Thälmann KPD à 7 %. Les candidats suivants ont obtenu des résultats insignifiants à l'instar de Ludendorff avec 1,1 % des suffrages.

Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Karl Jarres 10 410 000 38,8 Deutsche Volkspartei DVP Parti national du peuple allemand DNVP
Otto Braun 7 800 000 29,1 Parti social-démocrate d'Allemagne SPD n/a
Wilhelm Marx 3 890 000 14,5 Zentrum n/a
Ernst Thälmann 1 870 000 7,0 Parti communiste d'Allemagne KPD n/a
Willy Hellpach 1 570 000 5,8 Parti démocrate allemand DDP n/a
Heinrich Held 1 010 000 3,7 Parti populaire bavarois BVP n/a
Erich Ludendorff 280 000 1,1 Parti national-socialiste des travailleurs allemands NSDAP n/a
Total 26 830 000 100,0

Le second tour de l'élection présidentielle

Aucun candidat ne remportant l'élection à la majorité absolue, un second tour se déroule le 26 avril suivant. Marx devient le favori de l'élection. La droite conservatrice met de côté Karl Jarres et fait appel à Hindenburg. Une délégation est allée le consulter à Hanovre afin de remplacer la candidature de Jarres. Dans un premier temps, âgé de 77 ans, il refuse. Après plusieurs tentatives, le grand amiral von Tirpitz, officier militaire de la Première Guerre mondiale comme lui, lui fait une dernière proposition. Le 7 avril, Hindenburg accepte, il est soutenu par le Reichsblock : c'est l'ensemble de la droite conservatrice ou nationaliste le NSDAP, le DVP, le DNVP et le BVP. En face, la coalition de Weimar SPD, DDP et Zentrum s'entend sur la candidature de l'ex-chancelier Wilhelm Marx et sur celle du socialiste Otto Braun pour le poste de ministre-président de Prusse. Enfin Ernst Thälmann KPD reste une faible menace.
Tout le monde à l'étranger s'attend donc à l'élection du chancelier Marx, mais un phénomène nouveau intervient dans la campagne : la violente réapparition du facteur confessionnel. Très vite la majorité des protestants rejette l'idée d'un président du Reich catholique. Voyant la menace, Marx croit se défendre en s'engageant à faire preuve de tolérance, mais c'est pour entendre la réponse : En sommes-nous arrivés là, nous autres protestants, que nous devions nous contenter d'être tolérés en Allemagne ? Une analyse du vote rural montre que les électeurs protestants d'Otto Braun au premier tour se reportèrent en quasi-totalité sur Hindenburg au second : C'était l'unanimité retrouvée. Le résultat est tel que le 27 avril au matin, le vieux maréchal qui, sur le papier, n'avait pratiquement pas de réserves de voix se retrouve élu second président de la République de Weimar avec 48,3 % des voix. Joseph Goebbels témoigne : - Le 27 avril 1925 - Hindenburg arrive au but. Dehors dans les rues. Il est 1 heure du matin. Devant la BMZ. Derniers résultats vers 2 heures. Hindenburg est élu avec 900 000 voix d'avance sur Marx. Interminables transports de joie des masses : Longue vie à Hindenburg !. La ville resplendit de noir-blanc-rouge. C'est une étape vers le but. Rien de plus et rien de moins. Que vive Hindenburg ! Ian Kershaw conclut : la démocratie de Weimar était désormais entre les mains de l'un des piliers de l'ordre ancien. La droite nationale et conservatrice n'était pas la seule à avoir voté pour lui. ... En 1933, le prix à payer sera lourd.
Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Paul von Hindenburg 14 655 641 48,3 Aucun DVP, DNVP, BVP, NSDAP
Wilhelm Marx 13 751 605 45,3 Zentrum SPD, DDP
Ernst Thälmann 1 931 000 6,4 KPD n/a
Total 30 338 246 100,0
Hindenburg quitte Hanovre pour Berlin le 10 mai. Sur la Wilhelmstrasse, des milliers de Berlinois acclament le vainqueur de Tannenberg. Lors du repas présidentiel, il conclut par : Les intuitions que j'ai reçues à la grande École de l'accomplissement du devoir, à l'armée de terre allemande, doivent être également utiles pour mon devoir de paix . Quelques instants plus tard, il fait une allocution au peuple : Il ne faut pas imaginer qu'un parti me donnera d'une quelconque manière des instructions, même pas ceux qui m'ont aidé dans la compétition électorale. Cependant, je tends la main à l'ancien adversaire qui veut se mettre avec moi au travail.
Au même moment, l'Allemagne traverse une crise économique sans précédent depuis 1919 ayant eu son paroxysme en 1923. Pas moins de cinq chanceliers alternant entre le Zentrum et le SPD se succèdent durant le septennat de Hindenburg, souvent incapables de redresser la situation du pays.

Hans Luther aucun : janvier 1925-mai 1926
Wilhelm Marx III Zentrum : mai 1926-décembre 1926
Wilhelm Marx IV Zentrum: janvier 1927-juin 1928
Hermann Müller II SPD : juin 1928-mars 1930
Heinrich Brüning Zentrum : mars 1930-mai 1932
Au moment où le gouvernement de coalition dirigé par le socialiste Hermann Müller se trouve en difficulté sur la question de l'assurance chômage, Hindenburg, le président du Reich, aurait pu user de ses pouvoirs afin de permettre à Müller de trancher la question des cotisations par décret présidentiel. ... Hindenburg devait y recourir systématiquement au profit des successeurs de Müller au point de miner complètement le régime parlementaire. Mais au début de 1930, il refusa à Müller le recours à l'article 4833 confirmant de ce fait sa volonté d'écarter les sociaux-démocrates du gouvernement affirmée dès mars 1929. Le chancelier Müller est remplacé par Heinrich Brüning en mars. À son tour en difficulté à la suite de la grande dépression économique de 1929-1930, Brüning gouverne par décrets d'urgence, puis demande à Hindenburg, en juillet 1930, de dissoudre la chambre des députés pour lutter contre les socialistes et les nationaux-socialistes. Lors de diverses élections pour les parlements régionaux, en 1931, les nazis progressent de manière notable, suscitant l'inquiétude de Hindenburg qui considère qu'ils sont de vulgaires et dangereux socialistes.
Entre 1928 et 1931, le parti national-socialiste connaît une ascension fulgurante passant de 2,6 à 18,3 %. Désormais chef du deuxième parti d'Allemagne, Hitler n'a plus vraiment besoin du soutien de Hindenburg : - Le 19 octobre 1929 - Cette vieille ruine de Hindenburg se défend contre l'article 4 ? Quelle erreur d'avoir fait de cet homme le président du Reich ! Il bloque tout le mouvement de libération.

Le second mandat Élection présidentielle allemande de 1932.

En octobre 1931, le président Hindenburg rencontre pour la première fois le Führer du NSDAP, Adolf Hitler, au cours d'un entretien au palais présidentiel. L'entrevue tourne au désastre : les deux hommes ne s'entendent absolument pas. Hindenburg le surnomme caporal bohémien ou caporal autrichien et Hitler dit de lui que c'est un vieux fou .
Malgré les efforts de Brüning, la situation de l'Allemagne à l'époque de Hindenburg est encore très délicate, le chômage et la pauvreté sont en croissance nette depuis trois ans et l'insécurité règne partout dans le pays. Au début de 1932, le chancelier allemand n'a désormais plus le soutien des sociaux-démocrates. Des réformes très impopulaires baisse du pouvoir d'achat, hausse des prix et des impôts l'isolent sur la scène politique. En mars-avril 1932, après sept ans d'activité présidentielle, le Volksblock, qui regroupe entre autres le Zentrum et le SPD, fait appel aux électeurs pour réélire Paul von Hindenburg, 84 ans, le président sortant.
Dans un premier temps, Franz von Papen tente d'obtenir un renouvellement du mandat présidentiel de Hindenburg par le Reichstag, sans devoir passer par de nouvelles élections ; cette procédure, qui nécessitait une modification de la Constitution à la majorité des deux tiers, est rendue impossible par le refus des nazis, motivés par leur volonté de faire tomber le gouvernement dirigé par Brüning ; Hitler n'accepte de soutenir cette proposition qu'au prix du renvoi de Brüning et de l'organisation de nouvelles élections législatives qu'il est persuadé d'emporter haut la main ; cette solution est refusée par Hindenburg.
La plupart des patrons sont effrayés pendant la campagne présidentielle par le flou qui entoure les positions d'Adolf Hitler à propos de l'économie et ils se rangent donc clairement derrière Hindenburg et von Papen, issu de l'aristocratie de Westphalie, l'homme qui avait épousé la fille d'un industriel de la Sarre et entretenait de bonnes relations avec des chefs d'entreprise, des propriétaires terriens et des officiers de la Reichswehr. Au premier tour du scrutin, il y a cinq candidats. Hindenburg Volksblock, Hitler NSDAP, qui hésite pendant plus d'un mois avant de se présenter contre le maréchal, Ernst Thälmann KPD, Theodor Duesterberg et Gustav A. Winter. La position de Hindenburg est singulière : il était tributaire du soutien des socialistes et des catholiques, qui avaient été ses principaux opposants au cours des sept années passées et formaient de bien étranges et fâcheux compagnons de route pour le doyen loyalement protestant et ultra-conservateur.

Résultats de l'élection présidentielle

Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 16 651 000 49,6 Volksblock
Adolf Hitler 11 339 000 30,1 NSDAP
Ernst Thälmann 4 983 000 13,2 KPD
Theodor Duesterberg 2 557 000 6,8 SBF
Gustav A. Winter 111 400 0,3
Total 35 640 000 100,0
Second tour
Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 19 359 000 53,1 Volksblock
Adolf Hitler 13 418 000 36,8 NSDAP
Ernst Thälmann 3 706 759 10,1 KPD
Total 36 483 000 100,0

De Brüning à von Papen

Le maréchal est réélu mais le parti national-socialiste réalise une énorme percée : de 1,1 % en 1925 à 30,1 % en 1932 aux premiers tours : il s'agit désormais d'un partenaire incontournable. Hindenburg prévoit la démission de certains de ses ministres Wirth et Guérard. Le 30 mai 1932, malgré l'aide précieuse de Brüning dans sa réélection à la présidence, Hindenburg le somme de démissionner notamment à cause de son projet de décret visant directement les intérêts des grands propriétaires fonciers et à cause de sa politique déflationniste : Dès lors, plus rien ne s'opposait au virage à droite qui avait les faveurs de Hindenburg et auquel Schleicher avait œuvré. Il appelle au pouvoir Franz von Papen, qui démissionne du Zentrum pour empêcher son exclusion. Après avoir formé le Gouvernement des barons Kabinett der Barone, le nouveau chancelier gouverne de manière autoritaire le pays.
Flatteur, charmeur, monarchiste et ancien officier de la Première Guerre mondiale, Papen devient rapidement le chancelier préféré de Hindenburg aux dépens de Schleicher. L'ambassadeur français à Berlin, André François-Poncet, témoigne : « C'est lui [Franz von Papen] le préféré, le favori du maréchal ; il détourne le vieil homme par sa vivacité, son espièglerie ; il le flatte en lui montrant du respect et de la dévotion. Il le séduit par son audace ; il est à ses yeux de Hindenburg l'homme parfait.
Le chancelier Papen lève l'interdiction qui pesait depuis Brüning sur les SA et les SS de Hitler. Face à l'extrême agitation qui règne dans le pays, Hindenburg et le chancelier décrètent la loi martiale ; le 14 juillet, Hindenburg nomme son chancelier Commissaire général de Prusse Reichskommissar pour y remettre de l'ordre. Cependant, Papen, incapable de réunir une nouvelle coalition, décide une nouvelle dissolution du Reichstag, le 31 juillet : les nazis obtiennent 37,2 % des voix premier parti d'Allemagne et 230 sièges au Reichstag. Papen et Schleicher espèrent leur soutien au gouvernement.

De von Papen à von Schleicher

Si le NSDAP fait figure de premier parti d'Allemagne, il ne détient pas la majorité au Reichstag. Cela n'empêche pas Hitler, lors de négociations secrètes, menées début août avec Schleicher, d'exiger le fait d'être nommé chancelier et de voir attribués les ministères de l'Intérieur à Wilhelm Frick, de l'Air à Hermann Göring, du Travail à Otto Strasser et de l'Éducation du peuple à Joseph Goebbels. Une exigence catégoriquement rejetée par le président Hindenburg le 10 août, qui se permet d'ironiser quant à la situation : Faire d'un caporal bohémien le chancelier du Reich, ce serait du propre.
Lors d'une nouvelle rencontre avec Hindenburg, le 13 août, Hitler se voit proposer d'entrer dans le gouvernement von Papen. Il rejette cette offre : Monsieur Hitler a déclaré que, pour des raisons qu'il a expliquées en détail au président du Reich ce matin, il était hors de question qu'il participe au gouvernement actuel. Considérant l'importance du mouvement national-socialiste, il se doit de demander la totalité du pouvoir pour lui et son parti ... déclaration de Otto Meissner du 13 août 1932. À sa demande de disposer de la direction du gouvernement et de la direction de l'état dans toute son étendue pour lui-même et pour son parti, Hitler se voit opposer un refus catégorique par Hindenburg ; pour celui-ci, s'il remettait la totalité du pouvoir gouvernemental à un seul parti, et de surcroît à un parti aussi intolérant envers tous ceux qui avaient des points de vue différents, il ne pourrait répondre devant Dieu, sa conscience et la patrie.
Le Parlement, présidé par Göring, est dissous lors de sa deuxième séance, le 12 septembre, sur la base d'une décision prise par Hindenburg le 30 août, après des débats houleux qui tournent à la déconfiture du gouvernement. De nouvelles élections sont prévues pour le 6 novembre45. Lors des élections, les nazis perdent un peu de terrain mais ils restent un partenaire incontournable avec 33,1 % des voix 196 sièges. Le 19 novembre, Hindenburg reçoit Adolf Hitler dans le cadre de sa consultation des chefs des formations politiques et lui renouvelle son offre d'entrer dans un gouvernement de coalition, mais sans détenir la chancellerie. Comme les échanges de mi-novembre allaient le montrer, le président du Reich continuait à se méfier profondément du chef nazi. Papen démissionne en décembre 1932 à cause d'une discorde avec Schleicher. Ce dernier est nommé chancelier. Quelques jours plus tard, Hindenburg annonce : Messieurs, j'espère que vous ne me rendez pas responsable de devoir nommer ce caporal autrichien chancelier du Reich !

La nomination de Hitler à la Chancellerie

Après d'intenses négociations menées entre les dirigeants nazis et l'entourage de Hindenburg, négociations auxquelles est associé le fils du maréchal et où von Papen joue un rôle clé, Hindenburg accepte de limoger Schleicher et de nommer Hitler au poste de chancelier. Il ne s'agit pas d'un accident de parcours pour Ian Kershaw : Hindenburg lui-même et ceux qui étaient en position de l'influencer étaient si occupés à chercher une solution à droite qu'ils ne prirent pas la peine d'envisager une issue parlementaire ; il écrit plus loin que L’accession d’Hitler au pouvoir n’était aucunement inéluctable. Hindenburg eût-il concédé à Schleicher la dissolution qu’il avait si volontiers accordée à Papen et décidé une prorogation au-delà des soixante jours prévus par la Constitution, que la nomination de Hitler à la chancellerie aurait sans doute pu être évitée. Le lundi 30 janvier 1933, peu après midi, les membres du futur cabinet Hitler entrent chez le président, fort irrités qu'on les ait fait attendre près d'une heure ; l'entretien est bref et la seule réponse du président au discours du nouveau chancelier consiste en quelques mots : Et maintenant, messieurs, Dieu vous accompagne. Seuls Hitler, Göring et Wilhelm Frick font partie du gouvernement au départ. Quant à Papen, toujours favori du président, il est nommé vice-chancelier. Dès le 31 janvier 1933, Hindenburg se laissa persuader d'accorder à Hitler ce qu'il avait refusé à Schleicher à peine quatre jours plus tôt : la dissolution du Reichstag, qui débouche, aux élections du 4 mars, sur une progression substantielle du parti national-socialiste qui récolte 43,9 % des voix, soit 288 sièges sur 64752. La présidence de Hindenburg est alors encore perçue, notamment par des dirigeants syndicaux, comme la « meilleure garantie que la Constitution ne serait pas violée. Le 4 février, Hindenburg signe l'ordonnance pour la protection du peuple qui permet aux nazis d'épurer et de noyauter l'administration et la police54. Hindenburg signe donc le 28, avant les élections, et comme conséquence de l'incendie du Reichstag du 27 février 1933, la Reichstagsbrandverordnung qui suspend quasiment toutes les libertés publiques. Selon Gilbert Badia, il a suffi d'un exposé dramatique de Hitler ... pour que le vieillard réactionnaire confie les pleins pouvoirs au caporal autrichien naguère méprisé.
Après l'accession au pouvoir de Hitler, certains juifs gardent confiance en voyant que le président, vieux et respecté, reste à la tête de l'État ; après avoir reçu une lettre de plainte de Frieda Friedmann, une juive dont le fiancé et les deux frères avaient péri lors de la Première Guerre mondiale, Hindenburg lui fait savoir qu'il est résolument opposé aux excès à l'encontre des juifs et transmet la lettre à Hitler. En mars, Hindenburg tente d'intervenir afin de contrer le projet de Hitler d'organiser le boycott des commerces juifs dans toute l'Allemagne. Lors de l'adoption de la loi du 7 avril 1933 pour le rétablissement de la fonction publique professionnelle qui écarte les juifs et les opposants au nazisme de l'administration, Hindenburg obtient que les juifs ayant combattu pendant la Première Guerre mondiale en soient exemptés, ainsi que les fonctionnaires juifs dont les pères ou les fils étaient tombés sur le front. De plus Hindenburg demande à Hitler de rétablir l'ordre, après avoir été couvert de protestations contre les exactions de la SA dans les premiers mois de 1933. Il est aussi sensible à la mobilisation de l'Église protestante à ce sujet.

La fin

Le président Hindenburg tombe gravement malade en avril 1934 et Hitler en est informé : au début du mois de juin, le président se retire dans sa propriété de Neudeck, en Prusse-Orientale : Ainsi le principal appui des conservateurs se trouvait-il désormais éloigné du centre névralgique du pouvoir alors que la question de la succession était imminente. Malgré son état de santé, il reçoit Hitler dans sa résidence le 21 juin, à un moment où la tension entre la SA et les milieux conservateurs menés par Franz von Papen est à son comble, notamment après le discours de Marbourg prononcé par celui-ci le 17 juin ; le président du Reich demande à Hitler pendant cette entrevue de ramener enfin à la raison les fauteurs de troubles révolutionnaires et le menace, par l'entremise de Blomberg, de proclamer la loi martiale et de confier le pouvoir à l'armée si le gouvernement se révèle incapable de ramener le calme. Les fauteurs de troubles révolutionnaires de la SA sont éliminés lors de la Nuit des Longs Couteaux. Après celle-ci, le président adresse au Führer un télégramme de félicitations : D'après les rapports que je viens de recevoir, je constate que par votre esprit de décision et votre courage personnel, vous avez étouffé dans l'œuf les intentions des traîtres. Je vous exprime par ce télégramme ma profonde reconnaissance et mes remerciements très sincères. Il n'est toutefois pas certain qu'il ait rédigé lui-même ce message, voire qu'il l'ait lu. Selon Badia, en revanche, Hitler, quand il rendit visite à Hindenburg à Neudeck quelques jours plus tard, après la nuit des longs couteaux, le trouva tout disposé à approuver ces effusions de sang nécessaires pour faire l'histoire. La plus haute autorité de l'État avalisait ces crimes.
Hindenburg meurt le 2 août 1934 d'un cancer du poumon dans sa maison de Neudeck en Prusse-Orientale à l'âge de 86 ans. Quelques jours plus tard, un plébiscite donne à Hitler tous les pouvoirs 19 août 1934. Le testament politique du maréchal, sûrement trafiqué, remercie vivement le chancelier Hitler pour le travail accompli. Il est inhumé contre sa volonté au mémorial de Tannenberg lors de funérailles grandioses durant lesquelles la croix gammée est absente auxquelles son ancien collègue Ludendorff refuse de figurer aux côtés de celui qu'il surnomme ce faux demi-dieu. En raison de la progression de l'Armée rouge à la fin de la guerre, son cercueil et celui de sa femme sont retirés du monument de Tannenberg et placés à Marbourg dans la crypte de l'église Sainte-Élisabeth, où ils se trouvent toujours au début du XXIe siècle.
Plus de 70 ans après sa mort, certaines villes et communes discutent de débaptiser ou non des rues et des places qui portent le nom de Hindenburg. En 2009, des écoles ou des casernes portent encore son nom.
L'interprétation historique du rôle de Hindenburg reste mitigée. D'un côté, il est le héros charismatique de la Première Guerre mondiale. De l'autre, il est l'initiateur de la Dolchstoßlegende et celui qui a nommé Hitler chancelier.

L'image de Hindenburg

Alors que les médias de masse commencent à s'épanouir en Allemagne, le nom et la figure de Hindenburg ont été très utilisés de 1914 à 1934 ; au profit de divers groupes politiques ainsi que de l'industrie et du commerce allemand.
Sa stature imposante, son large visage à la moustache bien reconnaissable, son calme en public, sa réputation de studieux père de famille, son passé militaire de soldat patriote et sa figure de patriarche en uniforme médaillé ont fait de Hindenburg le symbole d'une puissance et d'une stabilité invitant les allemands à la confiance, malgré les crises économiques, sociales et politiques qui agitaient le pays. Cette image a été utilisée et entretenue, avec des objectifs politiques par le Kaiser d'abord, puis par Hitler et les nazis, mais aussi par l'industrie et le commerce avec des motifs plus mercantiles, soutenus par l'activité naissante de la publicité de masse de nombreux bibelots et produits portaient la photo, un dessin ou le nom de Hindenburg. Après sa mort, des rues, des bâtiments et lieux publics, des bateaux SMS Hindenburg et un prestigieux dirigeable le LZ 129 Hindenburg, le plus grand jamais construit ont continué à être baptisés de son nom. Ceci a contribué à modeler un mythe Hindenburg qui semble avoir pénétré la société sous toutes ses formes et dans toutes ses classes et qui a persisté après sa mort chez une partie des allemands.
Selon Anna Menge ce mythe a joué un rôle historique très important dans l'entre-deux-guerres et pour la montée du fascisme en Allemagne. Hindenburg a en effet bénéficié d'un large lectorat via les livres qui parlaient de lui ou le citaient, via la presse et les médias illustrée et l'ensemble des médias de masse radio, informations filmées diffusées dans les cinémas....
Ses fréquents appels à la confiance dans le gouvernement et ses discours à la radio étaient attentivement suivis par de nombreux auditeurs. Le mythe le plaçait au-delà des fractures politiques de Weimar. Hindenburg s'est aussi mis en scène devant les caméras et il a selon A. Menge fortement cherché à contrôler l'image que le public avait de lui et intervenait directement dans la promotion, la gestion et la censure son propre mythe. Hitler s'est gardé d'apparaître comme un ennemi d'Hindenburg et a su avec Goebbels l'utiliser dans sa propagande avec l'aide d'une partie des publicitaires qui, après avoir utilisé et mis en scène la confiance qu'inspirait sa figure et pour influer sur les choix des consommateurs, ont contribué au décorum et aux grandes mises en scène théâtrales des manifestations du fascisme.

Dans la fiction

2003 : Hitler : La Naissance du mal, téléfilm de Christian Duguay, joué par Peter O'Toole

Œuvres

Paul von Hindenburg, Aus meinen Leben, von Hinzel, Leipzig, 1920.
Paul von Hindenburg, Hindenburg. Briefe, Reden, Ebenhausen, 1938.


[img width=600]
Le retour du vainqueur de Tannenberg L'immédiat après-guerre.

Rien ne va plus entre les Dioscures: le 26 octobre, Guillaume II convoque Ludendorff et le congédie. Hindenburg ne fait rien pour retenir son adjoint à ses côtés : la guerre entre les deux généraux est ouverte. Hindenburg organise comme il le peut la retraite des armées allemandes durant le mois de novembre 1918. Je suis mort de fatigue, avoue-t-il. La cellule militaire OHL, Oberste Heeresleitung qui gouverne l'Allemagne depuis 1916 demande la formation d'un gouvernement civil. Friedrich Ebert est nommé chancelier avant de devenir le premier président de la République de Weimar le 11 février 1919. Le 25 juin, Hindenburg quitte la direction de l'état-major allemand et le 3 juillet suivant il est définitivement démobilisé.
Malgré la fin de la guerre, le peuple allemand continue à s'accrocher à l'armée et à Hindenburg et Ludendorff. Il est impensable que l'Allemagne soit défaite et que le prestige des deux généraux soit entaché. Il faut trouver un bouc émissaire à la situation : la République de Weimar, fraîchement proclamée. C'est la naissance de la Dolchstoßlegende. Pourtant, l'armée a sa responsabilité dans la défaite : si l'état-major s'est acharné à vouloir gagner la guerre militairement, il a également aggravé la situation. En faisant renvoyer le chancelier Bethmann-Hollweg, la voie était libre pour la guerre sous-marine, laquelle a provoqué l'entrée en guerre des États-Unis, signant la future défaite de l'Allemagne.
Le 18 novembre 1919, un comité d'enquête de l'Assemblée Nationale du Reich se tient au Reichstag à Berlin pour éclaircir la responsabilité des hauts dignitaires allemands concernant la défaite de la Première Guerre mondiale. Hindenburg et Ludendorff sont conviés pour témoigner. Le vieux maréchal entre le premier, suivi par Ludendorff. Le prestige des deux hommes est tel que la salle qui accueille les interrogatoires est pleine. La presse nationale et internationale, tout comme la société berlinoise et des environs, sont présentes. Même si Hindenburg est démobilisé, les gens l'entourent d'honneurs et son siège est décoré d'un bouquet de chrysanthèmes blancs dans lequel est noué un ruban noir, blanc et rouge.
Hindenburg déclare : L'armée allemande a reçu un coup de poignard dans le dos. Il reprend la Dolschstoßlegende lancée à la fin de l'année 1918 pour laver l'état-major allemand de toute responsabilité dans la défaite.
Au cours de l'interrogatoire, Hindenburg lit une déclaration selon laquelle il minimise même le poids militaire des Alliés après l'entrée en guerre des États-Unis, reportant la cause de la défaite sur une décomposition organisée de la flotte impériale et de l'armée par des forces révolutionnaires. Cette trahison serait due selon lui aux ouvriers et aux socialistes. Aucun des deux hommes n'évoque qu'eux-mêmes avaient en catastrophe demandé le cessez-le-feu, le 19 septembre 1918 après l'échec de l'offensive d'été. Après les débats, Hindenburg et Ludendorff sont lavés de tout soupçon et leur action militaire à l'ouest est qualifiée de performance dans l'histoire mondiale.
Au début des années 1920, Hindenburg prend sa retraite définitive avec sa femme dans sa villa de Hanovre. Son épouse meurt le 14 mai 1921 d'une maladie mal soignée. Entre temps, son fils Oskar est nommé général. Entre 1921 et 1925, Hindenburg fréquente la station de cure de Bad Bevensen. Il chasse dans les forêts bavaroises et il est devenu un grand-père accompli.

Le maréchal-président Élection présidentielle allemande de 1925.

Le premier tour de l'élection présidentielle 1925

Le premier président de la République de Weimar fut élu par la Chambre, mais en 1925 la Constitution fut modifiée, de sorte à ce que le Peuple allemand puisse lui-même élire le président de la République au suffrage universel direct. Ludendorff, que Hindenburg connaît bien, se présente à l'élection présidentielle sous l'étiquette du NSDAP. Furieux de cette candidature soutenue par un parti nationaliste et raciste, Hindenburg rédige une longue lettre à son ancien homologue militaire, dans laquelle il lui demande de renoncer à cette candidature : Retirez votre candidature immédiatement. Au lieu de vous unir ... vous vous dispersez avec les cercles nationaux en cette heure décisive. Dans ce camp votre élection est désespérée. Vous vous compromettez ainsi...de votre faute, la patrie est en danger. Acceptez donc cette demande qui pourrait être la dernière de ma vie.
À l'issue du premier tour, qui a lieu le 29 mars, Karl Jarres est en tête avec le DVP à 38,8 % des suffrages. Suivent, Otto Braunnote 11 SPD à 29,1 %, Wilhelm Marx Zentrum à 14,5 % puis Ernst Thälmann KPD à 7 %. Les candidats suivants ont obtenu des résultats insignifiants à l'instar de Ludendorff avec 1,1 % des suffrages.

Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Karl Jarres 10 410 000 38,8 Deutsche Volkspartei DVP Parti national du peuple allemand DNVP
Otto Braun 7 800 000 29,1 Parti social-démocrate d'Allemagne SPD n/a
Wilhelm Marx 3 890 000 14,5 Zentrum n/a
Ernst Thälmann 1 870 000 7,0 Parti communiste d'Allemagne KPD n/a
Willy Hellpach 1 570 000 5,8 Parti démocrate allemand DDP n/a
Heinrich Held 1 010 000 3,7 Parti populaire bavarois BVP n/a
Erich Ludendorff 280 000 1,1 Parti national-socialiste des travailleurs allemands NSDAP n/a
Total 26 830 000 100,0

Le second tour de l'élection présidentielle

Aucun candidat ne remportant l'élection à la majorité absolue, un second tour se déroule le 26 avril suivant. Marx devient le favori de l'élection. La droite conservatrice met de côté Karl Jarres et fait appel à Hindenburg. Une délégation est allée le consulter à Hanovre afin de remplacer la candidature de Jarres. Dans un premier temps, âgé de 77 ans, il refuse. Après plusieurs tentatives, le grand amiral von Tirpitz, officier militaire de la Première Guerre mondiale comme lui, lui fait une dernière proposition. Le 7 avril, Hindenburg accepte, il est soutenu par le Reichsblock : c'est l'ensemble de la droite conservatrice ou nationaliste le NSDAP, le DVP, le DNVP et le BVP. En face, la coalition de Weimar SPD, DDP et Zentrum s'entend sur la candidature de l'ex-chancelier Wilhelm Marx et sur celle du socialiste Otto Braun pour le poste de ministre-président de Prusse. Enfin Ernst Thälmann KPD reste une faible menace.
Tout le monde à l'étranger s'attend donc à l'élection du chancelier Marx, mais un phénomène nouveau intervient dans la campagne : la violente réapparition du facteur confessionnel. Très vite la majorité des protestants rejette l'idée d'un président du Reich catholique. Voyant la menace, Marx croit se défendre en s'engageant à faire preuve de tolérance, mais c'est pour entendre la réponse : En sommes-nous arrivés là, nous autres protestants, que nous devions nous contenter d'être tolérés en Allemagne ? Une analyse du vote rural montre que les électeurs protestants d'Otto Braun au premier tour se reportèrent en quasi-totalité sur Hindenburg au second : C'était l'unanimité retrouvée. Le résultat est tel que le 27 avril au matin, le vieux maréchal qui, sur le papier, n'avait pratiquement pas de réserves de voix se retrouve élu second président de la République de Weimar avec 48,3 % des voix. Joseph Goebbels témoigne : - Le 27 avril 1925 - Hindenburg arrive au but. Dehors dans les rues. Il est 1 heure du matin. Devant la BMZ. Derniers résultats vers 2 heures. Hindenburg est élu avec 900 000 voix d'avance sur Marx. Interminables transports de joie des masses : Longue vie à Hindenburg !. La ville resplendit de noir-blanc-rouge. C'est une étape vers le but. Rien de plus et rien de moins. Que vive Hindenburg ! Ian Kershaw conclut : la démocratie de Weimar était désormais entre les mains de l'un des piliers de l'ordre ancien. La droite nationale et conservatrice n'était pas la seule à avoir voté pour lui. ... En 1933, le prix à payer sera lourd.
Candidats Votes % Parti du candidat Soutiens
Paul von Hindenburg 14 655 641 48,3 Aucun DVP, DNVP, BVP, NSDAP
Wilhelm Marx 13 751 605 45,3 Zentrum SPD, DDP
Ernst Thälmann 1 931 000 6,4 KPD n/a
Total 30 338 246 100,0
Hindenburg quitte Hanovre pour Berlin le 10 mai. Sur la Wilhelmstrasse, des milliers de Berlinois acclament le vainqueur de Tannenberg. Lors du repas présidentiel, il conclut par : Les intuitions que j'ai reçues à la grande École de l'accomplissement du devoir, à l'armée de terre allemande, doivent être également utiles pour mon devoir de paix . Quelques instants plus tard, il fait une allocution au peuple : Il ne faut pas imaginer qu'un parti me donnera d'une quelconque manière des instructions, même pas ceux qui m'ont aidé dans la compétition électorale. Cependant, je tends la main à l'ancien adversaire qui veut se mettre avec moi au travail.
Au même moment, l'Allemagne traverse une crise économique sans précédent depuis 1919 ayant eu son paroxysme en 1923. Pas moins de cinq chanceliers alternant entre le Zentrum et le SPD se succèdent durant le septennat de Hindenburg, souvent incapables de redresser la situation du pays.

Hans Luther aucun : janvier 1925-mai 1926
Wilhelm Marx III Zentrum : mai 1926-décembre 1926
Wilhelm Marx IV Zentrum: janvier 1927-juin 1928
Hermann Müller II SPD : juin 1928-mars 1930
Heinrich Brüning Zentrum : mars 1930-mai 1932
Au moment où le gouvernement de coalition dirigé par le socialiste Hermann Müller se trouve en difficulté sur la question de l'assurance chômage, Hindenburg, le président du Reich, aurait pu user de ses pouvoirs afin de permettre à Müller de trancher la question des cotisations par décret présidentiel. ... Hindenburg devait y recourir systématiquement au profit des successeurs de Müller au point de miner complètement le régime parlementaire. Mais au début de 1930, il refusa à Müller le recours à l'article 4833 confirmant de ce fait sa volonté d'écarter les sociaux-démocrates du gouvernement affirmée dès mars 1929. Le chancelier Müller est remplacé par Heinrich Brüning en mars. À son tour en difficulté à la suite de la grande dépression économique de 1929-1930, Brüning gouverne par décrets d'urgence, puis demande à Hindenburg, en juillet 1930, de dissoudre la chambre des députés pour lutter contre les socialistes et les nationaux-socialistes. Lors de diverses élections pour les parlements régionaux, en 1931, les nazis progressent de manière notable, suscitant l'inquiétude de Hindenburg qui considère qu'ils sont de vulgaires et dangereux socialistes.
Entre 1928 et 1931, le parti national-socialiste connaît une ascension fulgurante passant de 2,6 à 18,3 %. Désormais chef du deuxième parti d'Allemagne, Hitler n'a plus vraiment besoin du soutien de Hindenburg : - Le 19 octobre 1929 - Cette vieille ruine de Hindenburg se défend contre l'article 4 ? Quelle erreur d'avoir fait de cet homme le président du Reich ! Il bloque tout le mouvement de libération.

Le second mandat Élection présidentielle allemande de 1932.

En octobre 1931, le président Hindenburg rencontre pour la première fois le Führer du NSDAP, Adolf Hitler, au cours d'un entretien au palais présidentiel. L'entrevue tourne au désastre : les deux hommes ne s'entendent absolument pas. Hindenburg le surnomme caporal bohémien ou caporal autrichien et Hitler dit de lui que c'est un vieux fou .
Malgré les efforts de Brüning, la situation de l'Allemagne à l'époque de Hindenburg est encore très délicate, le chômage et la pauvreté sont en croissance nette depuis trois ans et l'insécurité règne partout dans le pays. Au début de 1932, le chancelier allemand n'a désormais plus le soutien des sociaux-démocrates. Des réformes très impopulaires baisse du pouvoir d'achat, hausse des prix et des impôts l'isolent sur la scène politique. En mars-avril 1932, après sept ans d'activité présidentielle, le Volksblock, qui regroupe entre autres le Zentrum et le SPD, fait appel aux électeurs pour réélire Paul von Hindenburg, 84 ans, le président sortant.
Dans un premier temps, Franz von Papen tente d'obtenir un renouvellement du mandat présidentiel de Hindenburg par le Reichstag, sans devoir passer par de nouvelles élections ; cette procédure, qui nécessitait une modification de la Constitution à la majorité des deux tiers, est rendue impossible par le refus des nazis, motivés par leur volonté de faire tomber le gouvernement dirigé par Brüning ; Hitler n'accepte de soutenir cette proposition qu'au prix du renvoi de Brüning et de l'organisation de nouvelles élections législatives qu'il est persuadé d'emporter haut la main ; cette solution est refusée par Hindenburg.
La plupart des patrons sont effrayés pendant la campagne présidentielle par le flou qui entoure les positions d'Adolf Hitler à propos de l'économie et ils se rangent donc clairement derrière Hindenburg et von Papen, issu de l'aristocratie de Westphalie, l'homme qui avait épousé la fille d'un industriel de la Sarre et entretenait de bonnes relations avec des chefs d'entreprise, des propriétaires terriens et des officiers de la Reichswehr. Au premier tour du scrutin, il y a cinq candidats. Hindenburg Volksblock, Hitler NSDAP, qui hésite pendant plus d'un mois avant de se présenter contre le maréchal, Ernst Thälmann KPD, Theodor Duesterberg et Gustav A. Winter. La position de Hindenburg est singulière : il était tributaire du soutien des socialistes et des catholiques, qui avaient été ses principaux opposants au cours des sept années passées et formaient de bien étranges et fâcheux compagnons de route pour le doyen loyalement protestant et ultra-conservateur.

Résultats de l'élection présidentielle

Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 16 651 000 49,6 Volksblock
Adolf Hitler 11 339 000 30,1 NSDAP
Ernst Thälmann 4 983 000 13,2 KPD
Theodor Duesterberg 2 557 000 6,8 SBF
Gustav A. Winter 111 400 0,3
Total 35 640 000 100,0
Second tour
Candidats Votes % Parti du candidat
Paul von Hindenburg 19 359 000 53,1 Volksblock
Adolf Hitler 13 418 000 36,8 NSDAP
Ernst Thälmann 3 706 759 10,1 KPD
Total 36 483 000 100,0

De Brüning à von Papen

Le maréchal est réélu mais le parti national-socialiste réalise une énorme percée : de 1,1 % en 1925 à 30,1 % en 1932 aux premiers tours : il s'agit désormais d'un partenaire incontournable. Hindenburg prévoit la démission de certains de ses ministres Wirth et Guérard. Le 30 mai 1932, malgré l'aide précieuse de Brüning dans sa réélection à la présidence, Hindenburg le somme de démissionner notamment à cause de son projet de décret visant directement les intérêts des grands propriétaires fonciers et à cause de sa politique déflationniste : Dès lors, plus rien ne s'opposait au virage à droite qui avait les faveurs de Hindenburg et auquel Schleicher avait œuvré. Il appelle au pouvoir Franz von Papen, qui démissionne du Zentrum pour empêcher son exclusion. Après avoir formé le Gouvernement des barons Kabinett der Barone, le nouveau chancelier gouverne de manière autoritaire le pays.
Flatteur, charmeur, monarchiste et ancien officier de la Première Guerre mondiale, Papen devient rapidement le chancelier préféré de Hindenburg aux dépens de Schleicher. L'ambassadeur français à Berlin, André François-Poncet, témoigne : « C'est lui [Franz von Papen] le préféré, le favori du maréchal ; il détourne le vieil homme par sa vivacité, son espièglerie ; il le flatte en lui montrant du respect et de la dévotion. Il le séduit par son audace ; il est à ses yeux de Hindenburg l'homme parfait.
Le chancelier Papen lève l'interdiction qui pesait depuis Brüning sur les SA et les SS de Hitler. Face à l'extrême agitation qui règne dans le pays, Hindenburg et le chancelier décrètent la loi martiale ; le 14 juillet, Hindenburg nomme son chancelier Commissaire général de Prusse Reichskommissar pour y remettre de l'ordre. Cependant, Papen, incapable de réunir une nouvelle coalition, décide une nouvelle dissolution du Reichstag, le 31 juillet : les nazis obtiennent 37,2 % des voix premier parti d'Allemagne et 230 sièges au Reichstag. Papen et Schleicher espèrent leur soutien au gouvernement.

De von Papen à von Schleicher

Si le NSDAP fait figure de premier parti d'Allemagne, il ne détient pas la majorité au Reichstag. Cela n'empêche pas Hitler, lors de négociations secrètes, menées début août avec Schleicher, d'exiger le fait d'être nommé chancelier et de voir attribués les ministères de l'Intérieur à Wilhelm Frick, de l'Air à Hermann Göring, du Travail à Otto Strasser et de l'Éducation du peuple à Joseph Goebbels. Une exigence catégoriquement rejetée par le président Hindenburg le 10 août, qui se permet d'ironiser quant à la situation : Faire d'un caporal bohémien le chancelier du Reich, ce serait du propre.
Lors d'une nouvelle rencontre avec Hindenburg, le 13 août, Hitler se voit proposer d'entrer dans le gouvernement von Papen. Il rejette cette offre : Monsieur Hitler a déclaré que, pour des raisons qu'il a expliquées en détail au président du Reich ce matin, il était hors de question qu'il participe au gouvernement actuel. Considérant l'importance du mouvement national-socialiste, il se doit de demander la totalité du pouvoir pour lui et son parti ... déclaration de Otto Meissner du 13 août 1932. À sa demande de disposer de la direction du gouvernement et de la direction de l'état dans toute son étendue pour lui-même et pour son parti, Hitler se voit opposer un refus catégorique par Hindenburg ; pour celui-ci, s'il remettait la totalité du pouvoir gouvernemental à un seul parti, et de surcroît à un parti aussi intolérant envers tous ceux qui avaient des points de vue différents, il ne pourrait répondre devant Dieu, sa conscience et la patrie.
Le Parlement, présidé par Göring, est dissous lors de sa deuxième séance, le 12 septembre, sur la base d'une décision prise par Hindenburg le 30 août, après des débats houleux qui tournent à la déconfiture du gouvernement. De nouvelles élections sont prévues pour le 6 novembre45. Lors des élections, les nazis perdent un peu de terrain mais ils restent un partenaire incontournable avec 33,1 % des voix 196 sièges. Le 19 novembre, Hindenburg reçoit Adolf Hitler dans le cadre de sa consultation des chefs des formations politiques et lui renouvelle son offre d'entrer dans un gouvernement de coalition, mais sans détenir la chancellerie. Comme les échanges de mi-novembre allaient le montrer, le président du Reich continuait à se méfier profondément du chef nazi. Papen démissionne en décembre 1932 à cause d'une discorde avec Schleicher. Ce dernier est nommé chancelier. Quelques jours plus tard, Hindenburg annonce : Messieurs, j'espère que vous ne me rendez pas responsable de devoir nommer ce caporal autrichien chancelier du Reich !

La nomination de Hitler à la Chancellerie

Après d'intenses négociations menées entre les dirigeants nazis et l'entourage de Hindenburg, négociations auxquelles est associé le fils du maréchal et où von Papen joue un rôle clé, Hindenburg accepte de limoger Schleicher et de nommer Hitler au poste de chancelier. Il ne s'agit pas d'un accident de parcours pour Ian Kershaw : Hindenburg lui-même et ceux qui étaient en position de l'influencer étaient si occupés à chercher une solution à droite qu'ils ne prirent pas la peine d'envisager une issue parlementaire ; il écrit plus loin que L’accession d’Hitler au pouvoir n’était aucunement inéluctable. Hindenburg eût-il concédé à Schleicher la dissolution qu’il avait si volontiers accordée à Papen et décidé une prorogation au-delà des soixante jours prévus par la Constitution, que la nomination de Hitler à la chancellerie aurait sans doute pu être évitée. Le lundi 30 janvier 1933, peu après midi, les membres du futur cabinet Hitler entrent chez le président, fort irrités qu'on les ait fait attendre près d'une heure ; l'entretien est bref et la seule réponse du président au discours du nouveau chancelier consiste en quelques mots : Et maintenant, messieurs, Dieu vous accompagne. Seuls Hitler, Göring et Wilhelm Frick font partie du gouvernement au départ. Quant à Papen, toujours favori du président, il est nommé vice-chancelier. Dès le 31 janvier 1933, Hindenburg se laissa persuader d'accorder à Hitler ce qu'il avait refusé à Schleicher à peine quatre jours plus tôt : la dissolution du Reichstag, qui débouche, aux élections du 4 mars, sur une progression substantielle du parti national-socialiste qui récolte 43,9 % des voix, soit 288 sièges sur 64752. La présidence de Hindenburg est alors encore perçue, notamment par des dirigeants syndicaux, comme la « meilleure garantie que la Constitution ne serait pas violée. Le 4 février, Hindenburg signe l'ordonnance pour la protection du peuple qui permet aux nazis d'épurer et de noyauter l'administration et la police54. Hindenburg signe donc le 28, avant les élections, et comme conséquence de l'incendie du Reichstag du 27 février 1933, la Reichstagsbrandverordnung qui suspend quasiment toutes les libertés publiques. Selon Gilbert Badia, il a suffi d'un exposé dramatique de Hitler ... pour que le vieillard réactionnaire confie les pleins pouvoirs au caporal autrichien naguère méprisé.
Après l'accession au pouvoir de Hitler, certains juifs gardent confiance en voyant que le président, vieux et respecté, reste à la tête de l'État ; après avoir reçu une lettre de plainte de Frieda Friedmann, une juive dont le fiancé et les deux frères avaient péri lors de la Première Guerre mondiale, Hindenburg lui fait savoir qu'il est résolument opposé aux excès à l'encontre des juifs et transmet la lettre à Hitler. En mars, Hindenburg tente d'intervenir afin de contrer le projet de Hitler d'organiser le boycott des commerces juifs dans toute l'Allemagne. Lors de l'adoption de la loi du 7 avril 1933 pour le rétablissement de la fonction publique professionnelle qui écarte les juifs et les opposants au nazisme de l'administration, Hindenburg obtient que les juifs ayant combattu pendant la Première Guerre mondiale en soient exemptés, ainsi que les fonctionnaires juifs dont les pères ou les fils étaient tombés sur le front. De plus Hindenburg demande à Hitler de rétablir l'ordre, après avoir été couvert de protestations contre les exactions de la SA dans les premiers mois de 1933. Il est aussi sensible à la mobilisation de l'Église protestante à ce sujet.

La fin

Le président Hindenburg tombe gravement malade en avril 1934 et Hitler en est informé : au début du mois de juin, le président se retire dans sa propriété de Neudeck, en Prusse-Orientale : Ainsi le principal appui des conservateurs se trouvait-il désormais éloigné du centre névralgique du pouvoir alors que la question de la succession était imminente. Malgré son état de santé, il reçoit Hitler dans sa résidence le 21 juin, à un moment où la tension entre la SA et les milieux conservateurs menés par Franz von Papen est à son comble, notamment après le discours de Marbourg prononcé par celui-ci le 17 juin ; le président du Reich demande à Hitler pendant cette entrevue de ramener enfin à la raison les fauteurs de troubles révolutionnaires et le menace, par l'entremise de Blomberg, de proclamer la loi martiale et de confier le pouvoir à l'armée si le gouvernement se révèle incapable de ramener le calme. Les fauteurs de troubles révolutionnaires de la SA sont éliminés lors de la Nuit des Longs Couteaux. Après celle-ci, le président adresse au Führer un télégramme de félicitations : D'après les rapports que je viens de recevoir, je constate que par votre esprit de décision et votre courage personnel, vous avez étouffé dans l'œuf les intentions des traîtres. Je vous exprime par ce télégramme ma profonde reconnaissance et mes remerciements très sincères. Il n'est toutefois pas certain qu'il ait rédigé lui-même ce message, voire qu'il l'ait lu. Selon Badia, en revanche, Hitler, quand il rendit visite à Hindenburg à Neudeck quelques jours plus tard, après la nuit des longs couteaux, le trouva tout disposé à approuver ces effusions de sang nécessaires pour faire l'histoire. La plus haute autorité de l'État avalisait ces crimes.
Hindenburg meurt le 2 août 1934 d'un cancer du poumon dans sa maison de Neudeck en Prusse-Orientale à l'âge de 86 ans. Quelques jours plus tard, un plébiscite donne à Hitler tous les pouvoirs 19 août 1934. Le testament politique du maréchal, sûrement trafiqué, remercie vivement le chancelier Hitler pour le travail accompli. Il est inhumé contre sa volonté au mémorial de Tannenberg lors de funérailles grandioses durant lesquelles la croix gammée est absente auxquelles son ancien collègue Ludendorff refuse de figurer aux côtés de celui qu'il surnomme ce faux demi-dieu. En raison de la progression de l'Armée rouge à la fin de la guerre, son cercueil et celui de sa femme sont retirés du monument de Tannenberg et placés à Marbourg dans la crypte de l'église Sainte-Élisabeth, où ils se trouvent toujours au début du XXIe siècle.
Plus de 70 ans après sa mort, certaines villes et communes discutent de débaptiser ou non des rues et des places qui portent le nom de Hindenburg. En 2009, des écoles ou des casernes portent encore son nom.
L'interprétation historique du rôle de Hindenburg reste mitigée. D'un côté, il est le héros charismatique de la Première Guerre mondiale. De l'autre, il est l'initiateur de la Dolchstoßlegende et celui qui a nommé Hitler chancelier.

L'image de Hindenburg

Alors que les médias de masse commencent à s'épanouir en Allemagne, le nom et la figure de Hindenburg ont été très utilisés de 1914 à 1934 ; au profit de divers groupes politiques ainsi que de l'industrie et du commerce allemand.
Sa stature imposante, son large visage à la moustache bien reconnaissable, son calme en public, sa réputation de studieux père de famille, son passé militaire de soldat patriote et sa figure de patriarche en uniforme médaillé ont fait de Hindenburg le symbole d'une puissance et d'une stabilité invitant les allemands à la confiance, malgré les crises économiques, sociales et politiques qui agitaient le pays. Cette image a été utilisée et entretenue, avec des objectifs politiques par le Kaiser d'abord, puis par Hitler et les nazis, mais aussi par l'industrie et le commerce avec des motifs plus mercantiles, soutenus par l'activité naissante de la publicité de masse de nombreux bibelots et produits portaient la photo, un dessin ou le nom de Hindenburg. Après sa mort, des rues, des bâtiments et lieux publics, des bateaux SMS Hindenburg et un prestigieux dirigeable le LZ 129 Hindenburg, le plus grand jamais construit ont continué à être baptisés de son nom. Ceci a contribué à modeler un mythe Hindenburg qui semble avoir pénétré la société sous toutes ses formes et dans toutes ses classes et qui a persisté après sa mort chez une partie des allemands.
Selon Anna Menge ce mythe a joué un rôle historique très important dans l'entre-deux-guerres et pour la montée du fascisme en Allemagne. Hindenburg a en effet bénéficié d'un large lectorat via les livres qui parlaient de lui ou le citaient, via la presse et les médias illustrée et l'ensemble des médias de masse radio, informations filmées diffusées dans les cinémas....
Ses fréquents appels à la confiance dans le gouvernement et ses discours à la radio étaient attentivement suivis par de nombreux auditeurs. Le mythe le plaçait au-delà des fractures politiques de Weimar. Hindenburg s'est aussi mis en scène devant les caméras et il a selon A. Menge fortement cherché à contrôler l'image que le public avait de lui et intervenait directement dans la promotion, la gestion et la censure son propre mythe. Hitler s'est gardé d'apparaître comme un ennemi d'Hindenburg et a su avec Goebbels l'utiliser dans sa propagande avec l'aide d'une partie des publicitaires qui, après avoir utilisé et mis en scène la confiance qu'inspirait sa figure et pour influer sur les choix des consommateurs, ont contribué au décorum et aux grandes mises en scène théâtrales des manifestations du fascisme.

Dans la fiction

2003 : Hitler : La Naissance du mal, téléfilm de Christian Duguay, joué par Peter O'Toole

Œuvres

Paul von Hindenburg, Aus meinen Leben, von Hinzel, Leipzig, 1920.
Paul von Hindenburg, Hindenburg. Briefe, Reden, Ebenhausen, 1938.
[/img]


Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




#308 Paul Von Hindenburgh 1
Loriane Posté le : 01/08/2015 17:21
Le 2 août 1934 Meurt le président-chancelier Paul Von Hindenburgh.

Cette mort ouvre la porte au diable, Adolf Hitler devient ce jour Reichsführer.
A berlin le matin même, à 9 heures le maréchal-président Paul von Hindenburg 86 ans meurt d'un cancer, soldat égaré dans la politique selon ses propres termes. Chef d'Etat-Major de l'Empire Allemand durant la seconde partie de la Guerre de 1914, il fut élu président de la République de Weimar en 1925. Respecté des allemands, il désigne en janvier 1933 Hitler comme chancelier. Bien que non majoritaire aux élections, le parti nazi est le premier parti d'Allemagne.
On aurait dit que ce maréchal très "prussien" avait comme un pressentiment sur l'avenir de l'Allemagne. Opposé directement à Hitler lors de précédentes élections, il n'aimait pas cet autrichien parvenu.
Quelques heures plus tôt Le chancelier Adolf Hitler avait fait voter un décret-loi qui rassemble sur sa personne tous les pouvoirs. Il décide de cumuler sa fonction de chancelier et celle de président avec le titre de Reichsführer. Fort de pouvoirs dictatoriaux, il proclame l'avènement du IIIe Reich allemand. C'est l'aboutissement de la vision nazie de l'État : Ein Volk, ein Reich, ein Führe, un Peuple, un État, un Guide.
Hitler fait ériger en l'honneur du héros de Tannenberg un mausolée qui sera détruit en 1945 par les Soviétiques.
Le maréchal Paul von Hindenburg 2e président du Reich du 12 mai 1925 au 2 août 1934 soit pendant 9 ans 3 mois et 21 jour, il est élu le 26 avril 1925 et réélu le 10 avril 1932. Ses chanceliers sont Hans Luther, Wilhelm Marx, Hermann Müller, Heinrich Brüning, Franz von Papen, Kurt von Schleicher, Adolf Hitler
Son prédécesseur fut Friedrich Ebert, son successeur Adolf Hitler devenu le Führer. Il fut Chef du Grand État-major allemand du 29 août 1916 au 3 juillet 1919, pendant
2 ans 10 mois et 4 jours, le Monarque est Guillaume II, prédécédé par Erich von Falkenhayn. Né le 2 Octobre 1847 à Posen dans le grand ducha de Posen dans la confédération germanique, il décéde le 2 août 1934, à 86 ans à Neudeck, Rosenberg dans la République de Weimar. Il appartient au Parti politique Indépendant. Son épouse est Gertrud von Sperling avec qui il a trois enfants : Oskar von Hindenburg, Irmengard von Hindenburg et Annemaria von Hindenburg.
Présidents du Reich il fait, Allégeance au Royaume de Prusse, à l'Empire allemand, à la République de Weimar
Grade Generalfeldmarschal, il est Maréchal du Reich de 1866 à 1919. Il participe au conflits Bataille de Sadowa en 1866, à la guerre franco-prussienne en 1870, à la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918. Il est Commandement Chef du Grand état-major allemand de 1916 à 1918. Ses faits d'armes sont : la bataille de Tannenberg en août 1914, la première bataille des lacs de Mazurie en septembre 1914, la seconde bataille des lacs de Mazurie en février 1915.
Il reçoit pour distinctions :
Roter Adlerorden 4e classe avec épées Ordre de l'Aigle rouge en 1866
* Eisernes Kreuz 2e classe Croix de Fer en 1871
* Schwarzer Adlerorden (Ordre de l'Aigle noir en 1911
* Eisernes Kreuz 1re classe Pour le mérite 1914
* Eisernes Kreuz 1re classe Pour le mérite mit Eichenlaub avec feuilles de chêne en 1915
* Großkreuz des Eisernen Kreuzes Grand Croix de Fer en 1918

Citation :

Presse Allemande du 2 Aout :

2 août 1934 - Hindenburg est mort - Hitler est à la fois président et chancelier
6 août 2005 |Le Devoir |Actualités internationales
Le président Hindenburg est mort, ce matin, à l'âge de 86 ans — Adolph Hitler lui succède comme président, tout en gardant le poste de chancelier — Fusion des deux charges de président et de chancelier de l'Allemagne (D'après des dépêches de l'Associated Press

Berlin, 2. - Le maréchal von Hindenburg est décédé à neuf heures ce matin, dans sa 87e année.

Un décret-loi que le cabinet a rédigé hier soir fusionne les charges de président et de chancelier du Reich (de sorte que M. Hitler, qui fut caporal dans l'armée d'Hindenburg, est maintenant de beaucoup le plus puissant des chefs des Etats que compte la race blanche).
Dans un plébiscite qui aura lieu le 19, le peuple dira s'il accepte l'avènement du Führer à la présidence.
En apprenant le décès du maréchal-président, le ministre de la propagande, M. Joseph Goebbels, s'est précipité au microphone et a annoncé à la nation la fusion des charges de président et de chancelier.
Voici le texte du bref décret-loi opérant la fusion.

Le décret-loi

'Le gouvernement du Reich a adopté la loi suivante, qui est promulguée par les présentes:
'Article unique: La charge de président du Reich est unie à celle de chancelier du Reich.
Par conséquent, les pouvoirs que le président du Reich exerçait jusqu'à présent sont remis au Führer et au vice-chancelier. Il (le Führer) choisit son suppléant.
'Cette loi entre en vigueur dès la mort du président du Reich von Hindenburg'.
M. Goebbels a fait l'éloge d'Hindenburg, après avoir proclamé la nouvelle loi. ...

Ordre du jour

Dans un ordre du jour aux forces militaires, le général Werner von Blomberg, ministre de la défense, dit: 'Hindenburg, notre chef pendant la grande guerre, nous a quittés.
Son héroïque vie de soldat, toute pénétrée de l'esprit de devoir envers la patrie, est terminée. Chacun a foi en Hitler, le chef de notre peuple.' ...

Deuil public

Le gouvernement a invité le peuple à prendre le deuil. La mort du 'Chêne allemand' cause de la douleur dans à peu près tous les milieux. Dans certains milieux, elle cause aussi de l'anxiété. Le maréchal avait une influence modératrice sur les nazis.
Aimé du peuple, il était vénéré des 100,000 hommes de la Reichswehr.
Lors de la 'saignée' que le Führer fit subir au parti naziste le 30 juin la nuit des longs couteaux], c'est à la Reichswehr que le général, tout en félicitant le Führer d'avoir épargné une guerre civile à l'Allemagne, confia la vie de l'un de ses plus chers amis, le vice-chancelier von Papen, conservateur et catholique.

Un testament politique

M. von Papen était le représentant du maréchal-président dans le cabinet.
C'est au reste M. von Papen qui persuada M. von Hindenburg de confier aux nazis le soin de former un cabinet en février 1933.
D'aucuns pensent que le maréchal-président a rédigé un testament politique pour désigner M. von Papen comme son successeur. .
..

Sa vie

Paul Ludwig Hans Anton von Beneckendorff und von Hindenburg, dit Paul von Hindenburg, né le 2 octobre 1847 à Posen aujourd'hui en Pologne et mort le 2 août 1934 au manoir de Neudeck en Prusse-Occidentale, est un militaire - Generalfeldmarschall - et homme d'État allemand qui, du fait de son prestige et de sa longévité, joua un rôle important dans l'Histoire allemande.
Après une longue carrière militaire au cours de laquelle il participe, notamment, à la bataille de Sadowa puis à la guerre franco-prussienne de 1870, Hindenburg occupe la scène militaire et politique allemande de 1914 à sa disparition. Lorsque commence la Première Guerre mondiale, il est sollicité par l'empereur Guillaume II. Vainqueur de la bataille de Tannenberg, Hindenburg est nommé chef du grand état-major de l'Armée impériale allemande deux ans plus tard, en 1916. Il assumera cette position jusqu'à la fin du conflit, dirigeant l'Allemagne avec le général Ludendorff, sous la forme d'une dictature militaire.
Auréolé de son prestige militaire que la défaite de l'Empire allemand n'a pas affecté, le maréchal Hindenburg est élu président du Reich à l'issue du scrutin présidentiel d'avril 1925 ; il succède au social-démocrate Friedrich Ebert, décédé dans l'exercice de ses fonctions. Aisément réélu pour un second septennat, le président Hindenburg ne peut cependant empêcher l'ascension politique d'Adolf Hitler, qu'il est contraint de nommer chancelier du Reich ; il s'éteint en 1934, laissant Hitler s'emparer de tous les pouvoirs.

Une famille aristocrate prussienne

Paul von Hindenburg naît dans l'après-midi du 2 octobre 1847 à Posen aujourd'hui Pozna) en Posnanie, au 7 Bergstrasse. Son père, Robert von Beneckendorff und von Hindenburg 1816-1902, est militaire depuis 1832 et exerce à l'époque les fonctions de lieutenant du 18e régiment d'infanterie à Posen. Il est le descendant d'une famille aristocratique qui possède des terres en Prusse depuis plusieurs générations. Ses grands-parents paternels sont Otto Ludwig von Beneckendorff und von Hindenburg 1778-1855 et Eleonore von Brederlow qui font de lui le descendant illégitime du comte Henri VI de Waldeck. Sa mère, Luise Wilhelmine Schwickart 1807-1893, est peintre et roturière. Karl Ludwig Schwickart, le grand-père maternel de Paul, est médecin-colonel de l'armée prussienne.
Robert et Luise se marient en 1845. Quatre enfants naissent de cette union : Paul 1847-1934, Otto 1849-1908, Ida née en 1851 et Bernhard né en 1859. La famille déménage souvent au gré des mutations du père : Posen, Graudenz, puis Cologne. Le meilleur souvenir de Paul reste le passage à Pinne, près de Posen. En 1850, Robert von Hindenburg y est promu capitaine et dirige une compagnie d'hommes pendant quatre années, jusqu'en 1854. Le jeune Hindenburg se souviendra longtemps de son instituteur, Herr Kobelt. En 1855, la famille déménage en Silésie à Glogau.

La formation à Wahlstat

Après des études élémentaires, le jeune Paul incorpore le collège, puis le lycée de Posen. À partir de 1859, il rejoint l'école militaire de Wahlstatt, Wahlstätter Kadettenhaus. Hindenburg décrit la scène dans ses Mémoires : Un soir de printemps 1859 comme un garçon de onze ans, aux grilles du pensionnat des Cadets à Wahlstatt, je disais à mon père “Adieu !” Être soldat était pour moi une évidence .... Le service d'arme pour le roi et la patrie était une vieille tradition dans la famille.
Il dresse également le tableau d'une éducation sévère, à l'image de celle que connaissent les soldats en caserne menant une vie de Spartiate. Les permissions sont rares et, dans la plupart des cas exceptionnels, brèves. Je restais toute la nuit dans la pièce et j'avais peur .... Nous n'avions pas de souper. Je ne trouvais comme linge que trois mouchoirs propres et quelques sous-vêtements. Cette nuit-là je n'ai pas pu dormir, car les punaises me mordaient terriblement, affirme Hindenburg dans ses Mémoires.
Au début de l'année 1861, son frère Otto le rejoint à Wahlstatt et c'est Paul qui est chargé de son éducation. Durant le printemps 1863, une nouvelle mutation du père semble emmener les deux frères du côté de la Lichterfelde à Berlin. Située sur la Friedrichstrasse à proximité de l'Alexanderplatz, c'est un nouveau monde pour les Hindenburg. Paul raconte que les parades militaires sur l'Opernplatz ainsi que celles d'automne sur le Tempelhofer n'ont rien à voir avec l'école rurale. Il peut aussi apercevoir ici le nouveau roi de Prusse : Guillaume Ier. En 1864, les plus anciens élèves de l'école sont envoyés au front au cours de la Guerre des Duchés contre le Danemark. Hindenburg témoigne : Moi-même j'étais trop jeune 16 ans pour faire partie de ces chanceux. Les camarades savaient l'envie qu'ils nous procuraient, ceci ne peut pas se décrire.
En 1865, Hindenburg a le privilège d'être nommé officiellement page de la reine Élisabeth de Bavière, veuve de Frédéric-Guillaume IV, le roi de Prusse défunt. Puis, il sort sous-lieutenant de l'école militaire de Berlin âgé de 18 ans, le 7 avril 1866.

La guerre austro-prussienne

Au cours du printemps 1866, le sous-lieutenant Hindenburg incorpore le 3e régiment des gardes à pied à Dantzig. Depuis la Guerre des Duchés 1864, le Royaume de Prusse et l'Empire d'Autriche se disputent l'administration de la province du Holstein. Hindenburg, comme beaucoup de militaires, sent la guerre proche : Politiquement nous comprenions la nécessité d'une décision de pouvoir entre l'Autriche et nous la Prusse puisque les deux puissances étaient à armes égales et aucune mesure pacifique n'était possible. Aucun des deux ne voulant céder, seules les armes pouvaient parler ....
C'est ainsi que le 19 juin 1866, la Prusse déclare la guerre à l'Autriche. Le régiment de Hindenburg est incorporé à la Seconde Armée prussienne dirigée par le Kronprinz Frédéric. Le régiment participe entre autres aux combats de Rosberitz et de Königgrätz. Le sous-lieutenant Hindenburg se souvient que Les ennemis pénétraient de tous les côtés sur nous pour prendre le village Rosberitz .... Chacun pique et tire autour de lui-même autant qu'il le peut .... Sa montre d'or du Maréchal Woyrsch m'est remise pour éviter qu'elle ne tombe dans les mains des pilleurs. Bientôt nous courons le danger d'être coupés. Depuis une ruelle latérale derrière nous, on entend les tambours ennemis .... Un toit de chaume et des barres brûlants provoquaient de la fumée et nous nous échappons grâce à cette protection sur une hauteur au nord-est du village.
À la bataille de Sadowa le 3 juillet suivant, Hindenburg s'empare de pièces d'artillerie. Il se distingue plusieurs fois pour son courage. Il semble qu'il ait perdu la moitié de ses hommes pendant cette journée.
Le conflit représente, avec la guerre de Crimée, une des premières guerres modernes où il y a manœuvre d'armées massives, généralisation des armes à feu et de la logistique train et télégraphe. Le 6 juillet, son régiment dépasse l'Elbe et l'armistice est signé le 22 suivant. Sur le chemin du retour, il rencontre son père à Prague qui est alors officier hospitalier chez les chevaliers protestants de Saint-Jean au sein d'un hôpital militaire. Le 20 septembre 1866, le régiment de Hindenburg, salué par la foule, entre à Berlin. Son commandant de bataillon, von Seel, lui remet sur la Floraplatz, le Roten Adlerorden l'Ordre de l'Aigle rouge de 4e classe. Von Seel écrit : À tous ceux qui ont rendu la justice de manière impartiale, appartenait avant tout mon lieutenant Hindenburg qui, malgré son jeune âge, avait une grande responsabilité et donnait l'exemple à ses camarades.

Une longue carrière d'officier supérieur La participation à la guerre franco-prussienne

Proclamation de l'Empire allemand, à Versailles.

Jusqu'en 1870, Hindenburg est envoyé en garnison à Hanovre où il est chargé de l'enseignement des recrues. Au même moment, il connaît son premier amour. C'est une certaine Irmengarde von Rappard avec qui il se fiance quelques mois plus tard, mais qui meurt de la tuberculose en avril 1871 durant son service en France.
Au cours du printemps 1870, les relations s'enveniment entre la France et la Prusse. La guerre finit par éclater le 19 juillet. Le lieutenant Hindenburg est appelé aux armes ; il est âgé de 23 ans. Il incorpore le 1er Bataillon sous le commandement de von Seegensberg. Le 17 août, son bataillon s'établit en Lorraine, à Pont-à-Mousson puis il continue sa marche vers l'ouest vers Hattonville Meuse : La marche jusque-là relativement courte, était fatigante. Depuis la veille on n'avait pas eu, dans la chaleur brûlante, d'approvisionnements et insuffisamment d'eau. J'avais eu l'occasion de visiter la tombe d'un cousin tombé dans le 2e régiment des dragons à Mars-la-Tour .... J'ai vu ici des rangées de soldats morts au combat, autant prussiens que français. Une lutte meurtrière avait eu lieu.
Le régiment prend une direction nord-nord-est en direction de Saint-Privat. Hindenburg et ses hommes arrivent à proximité de l'ennemi. Le lieutenant témoigne : Sur les hauteurs d'Amanvillers jusqu'à Saint-Privat se lèvent de lourds nuages de poudre. Plusieurs lignes ennemies d'artillerie et d'infanterie sont là en hauteur. Leur feu est surtout dirigé sur le IXe Corps .... Pour éviter le choc frontal nous avons contourné vers le nord vers Sainte-Marie-aux-Chênes. Le village est alors attaqué par l'avant de la garde de notre division .... Après la prise de Sainte-Marie-aux-Chênes, nous nous reposâmes.
La situation devient de plus en plus critique et la guerre se montre de plus en plus meurtrière. De nombreux soldats ainsi que des officiers y perdent la vie. Le régiment de Hindenburg arrive à Saint-Privat : Le lieutenant von Feldhoff du 1er régiment de la garde est tué près de moi. Son père, commandant de ce même régiment était tombé en 1866 à Königgrätz également non loin de moi... ... Mon commandant monte avec moi en avant pour reconnaître le terrain et indiquer au bataillon la direction de marche. Pendant ce temps, des coups de feu tirent en notre direction. Nous devons poursuivre. Nous réussissons à traverser la route.
Le 30 août 1870, la bataille de Beaumont éprouve encore durement son régiment. Le corps de la garde forme la partie la plus septentrionale et la plus exposée face à l'armée du maréchal Patrice de Mac-Mahon. Pourtant, l'armée française est rapidement dépassée et totalement défaite. Napoléon III est capturé à Sedan. Selon les historiens français, Hindenburg aurait donné son avis sur la défaite française : Je crois encore aujourd'hui que la France a eu une défaillance dans sa résistance ce qui est en grande partie la cause de cet échec. Le 3 septembre, son régiment quitte le champ de bataille pour Paris. Le lieutenant Hindenburg a l'ordre de rester sur place jusqu'à la mi-janvier 1871. Le soir du 16 janvier, il participe à la proclamation de l'Empire allemand au château de Versailles. Prussien convaincu, il en garde un sentiment amer. Il est décoré de la Croix de Fer 2e Classe Eiserner Kreuzes pour sa participation au conflit.

La formation d'officier

Après le conflit franco-prussien, le lieutenant von Hindenburg est de retour dans sa garnison de Hanovre. C'est un officier polyvalent qui poursuit l'enseignement aux recrues. Le 13 avril 1872, il obtient une première promotion de grade. À l'époque déjà, le but d'un officier allemand est d'incorporer l'Académie de guerre Kriegsacademie qui permet l'accession au grand état-major général. Hindenburg réussit l'examen d'entrée à l'École de guerre de Berlin en 1875. Durant la première année, l'officier de 27 ans est déçu par un enseignement qui ne porte que sur les tactiques traditionnelles des armées. En revanche, son intérêt grandit lorsque les années suivantes, les professeurs introduisent les armes et les tactiques modernes. Durant sa formation, Hindenburg fait partie de la promotion du prince Alexandre de Prusse et il a l'occasion de croiser de nombreux officiers supérieurs.
Au printemps 1877, il retourne à Hanovre où il est incorporé au grand état-major. Le 9 juillet 1878, il est muté à l'état-major du IIe Corps d'armée de Stettin, où il est nommé capitaine. C'est à Königsberg qu'il fait la connaissance de Gertrud Wilhelmine von Sperling 1860-1921, fille du général von Sperling qui était le chef d'état-major du VIe Corps d'armée en 1866 puis de la Ire Armée en 1870. Ils se marient le 24 septembre 1879, quatre enfants naissent de cette union : Irmengarde 1880, un fils mort en bas âge entre 1881 et 1882, Oskar Wilhelm 1883-1960 et Annemarie 1891.

L'entrée au grand état-major

Il est muté en tant qu'officier d'état-major à la 1re division de Königsberg, le 5 mai 1881. Durant trois années, le capitaine von Hindenburg acquiert une connaissance pointue et stratégique de la Prusse-Orientale et de la région frontalière avec la Russie. De retour dans sa province natale, il souligne que le contact avec la troupe est plus étroit qu'ailleurs. Certains soldats placés sous ses ordres affirment qu'il s'agit d'un officier sévère mais juste à la tête de sa compagnie. Du printemps 1884 à l'été 1885, il est appelé comme commandant de compagnie dans le IIIe Régiment d'infanterie de Posen.
Il est muté au sein du grand état-major de l'armée à Berlin, le 14 juillet 1885. La consécration pour Hindenburg est arrivée. Il est nommé commandant et se retrouve directement sous les ordres du vieux maréchal von Moltke. Ce dernier, vainqueur de la guerre des Duchés, de la bataille de Sadowa et de la guerre franco-prussienne, a demandé sa mise à la retraite depuis longtemps, mais l'empereur Guillaume Ier la lui a toujours refusée. Hindenburg se fait remarquer par von Moltke qui ne manque pas d'en toucher quelques mots à un officier suédois en déplacement à Berlin : Hindenburg a une confiance en soi si colossale qu'il ne veut absolument pas plier sa propre volonté et ne réaliser que ses projets. Pour ma part je remarque que tout ce que Hindenburg prend en main se passe très bien, donc je le laisse faire. Toutefois, il n'est pas sûr que mon successeur prenne en compte ces mêmes considérations.
Le 1er janvier 1887, comme le veut la tradition militaire allemande, son supérieur direct, le chef de département du grand état-major, le colonel von Schlieffen rédige un rapport sur Hindenburg : Le commandant von Hindenburg est un officier d'état-major splendide qui s'est fait remarquer pour un intérêt animé pour le service, l'activité mobile et ainsi il encourage les jeunes officiers. Il est sérieux et énergique doté d'un point de vue précis et rapide. Ses activités sont tout à fait adéquates
Le maréchal von Waldersee, qui succède à von Moltke à la tête du grand état-major, ne tarde pas à ajouter son avis : D'accord. Le commandant von Hindenburg est un officier d'état-major très capable et il convient déjà au chef du grand état-major. Au cours de l'automne 1888, le commandant Paul von Hindenburg est muté au IIIe Corps d'armée du grand état-major. En parallèle, il donne des conférences et des cours de tactique militaire à l'Académie de guerre. Au mois de novembre suivant, il est nommé secrétaire au ministère de la Guerre avant d'en devenir chef du service Kriegsdepartments deux ans plus tard. Le 14 février 1891, il est promu lieutenant-colonel.
Hindenburg est nommé à la tête d'un régiment d'infanterie à Oldenbourg pendant l'été 1893. Cette responsabilité le marque profondément : La position de commandant de régiment est la plus belle dans l'armée. L'éducation des officiers, par le travail et surtout à travers les relations sociales, la surveillance et l'enseignement de la troupe en sont les tâches les plus importantes. Je m'efforçais de soigner le sens chevaleresque dans mes bataillons, la modération de la guerre et la discipline. Malgré cela j'ai toujours eu une grande joie dans le service.

Vers la Première Guerre mondiale Le Kommandierende General von Hindenburg

Il est nommé colonel en mars 1894 et continue de diriger le régiment jusqu'en 1896. À cette date il fait ses adieux à son régiment plus à la manière d'un père que d'un commandant de régiment : Mousquetaires ! Je suis revenu ici pour vous dire Adieu. Je me souviendrai toujours avec joie et fierté de l'honneur que j'ai eu de me trouver à la tête de ce régiment, car vous avez prouvé que vous étiez de braves soldats. Cet esprit de fidélité et d'obéissance, emportez-le dans votre pays natal et alors tout ira bien. Votre vieux commandant vous le souhaite.
Le 14 août 1896, le colonel von Hindenburg est muté à la direction du grand état-major comme général de brigade. Il incorpore la direction du VIIIe Corps d'armée à Coblence. Au printemps 1897, il est promu général de division. Son supérieur direct est le duc Guillaume de Bade 1829-1897 avec qui les relations sont si amicales qu'il finit par être nommé au cours du mois de juillet 1900 commandant de la 28e division de Karlsruhe avec le grade de général de corps d'armée. Robert von Hindenburg, le père de Paul, qui se repose dans la propriété familiale de Neudeck, est fier de l'ascension professionnelle de son fils aîné. Il meurt en 1902, neuf ans après sa femme.
Le 27 janvier 1903, le jour du 44e anniversaire du Kaiser, Hindenburg reçoit la nomination de commandant général du IVe Corps d'armée de Magdebourg Kommandierende General, l'un des postes les plus importants de l'armée prussienne. Il est désormais un personnage-clé de l'armée et en particulier pour le choix et l'enseignement des officiers. Quand il termine la revue d'un des régiments du IVe Corps d'armée, il a l'habitude de dire au commandant : C'était très bien, seulement les lieutenants auraient pu être plus gais ! Après huit ans de services à Magdebourg, il prend sa retraite le 18 mars 1911, âgé de 63 ans.
Les raisons réelles de la mise en retraite du général von Hindenburg sont inconnues. En 1909, on lui avait proposé la fonction de ministre de la Guerre, ce qu'il a refusé presque « horrifié : Je n'ai aucune envie de débattre dans la chambre avec des députés. Malgré la position prestigieuse qu'il a acquise, Hindenburg reste un homme plutôt simple : lorsqu'il passe la nuit dans un hôtel, il a l'habitude de signer uniquement « von Hindenburg, officier. Paul Lindenberg, son biographe officiel, écrit en 1920 : Le bruit qu'une tension serait née entre le Kaiser et Hindenburg est faux parce que dans les manœuvres le militaire s'est toujours soumis à son souverain. Hindenburg n'a dirigé qu'une seule manœuvre. Hindenburg lui-même rajoute : J'avais atteint une carrière, meilleure que j'avais pu l'espérer. La guerre ne se trouvant pas en vue, je me reconnaissais le devoir de laisser ma tâche à des plus jeunes en demandant mon départ en 1911.

L'entrée victorieuse dans la Première Guerre mondiale

Le couple Hindenburg ainsi que leur fille cadette Annemarie ont choisi de loger dans une villa d'Hanovre dans la Windekinstrasse. Une fois par an, entre 1911 et 1914, ils voyagent à travers l'Europe : les Alpes, Rome... Le reste du temps, Hindenburg se consacre à des études historiques et poursuit l'étude de la stratégie et de la tactique militaire. Depuis le printemps 1914, le général est disponible mais il n'a reçu pour le moment aucun ordre de commandement. Le 3 août, il envoie un salut amer à son ancien régiment : Je ne peux m'empêcher de dire au régiment que je pouvais commander autrefois, mes désirs les plus fidèles...
Un après-midi, il reçoit un télégramme officiel qui lui demande s'il est disponible pour servir l'Allemagne. Quelques instants plus tard, le chef du personnel Chef des Stabes, le général Erich Ludendorff, lui annonce que la Nation a besoin de lui à la VIIIe Armée stationnée en Prusse-Orientale. La tâche est difficile, mais cependant, Hindenburg accepte.
L'objectif de l'état-major russe est de prendre la citadelle de Königsberg sur la Baltique. Les Ire et IIe Armées russes, commandées respectivement par les généraux von Rennenkampf et Samsonov, défont la VIIIe Armée allemande, alors dirigée par le général von Prittwitz à Gumbinnen le 20 août. Le commandant allemand ordonne le retrait de ses troupes, laissant la Prusse-Orientale aux mains des Russes. Le chef du grand état-major, von Moltke limoge von Prittwitz et le remplace par Hindenburg.

La bataille de Tannenberg

Hindenburg sait qu'il est impossible pour lui et ses 200 000 hommes de la VIIIe Armée d'affronter les deux armées russes. Il met alors en pratique le plan Schlieffen. Il désengage un maximum de troupes en face de Rennenkampf et les dirige, aidés en renfort de deux corps d'armée venant de l'ouest, vers les hommes de Samsonov. Les relations entre les deux généraux russes étant très tendues voire inexistantes, les deux armées ne se complètent pas. La VIIIe armée d'Hindenburg écrase sans difficulté les troupes de Samsonov à la bataille de Tannenberg le 30 août 1914. Cette mission étant remplie avec succès, il suffit de prendre les hommes de Rennenkampf en tenaille vers le nord. Le 31 août, il écrit au Kaiser :
J'annonce à votre Majesté que depuis hier, ils les Russes sont tous soumis et que l'étau s'est refermé autour de la plus grande partie de l'armée russe : le XIIIe, le XVe et le XVIIIe Corps d'armée sont détruits. Les pièces d'artillerie sont rassemblées dans les forêts. Le butin de guerre n'a pas encore été comptabilisé mais il est extraordinairement important. Aux alentours, le Ier et le VIe Corps ont également souffert terriblement. Ils se sont mis précipitamment en retraite vers Mlawa et Myszyniec.

Les batailles des lacs de Mazurie I et de Lemberg

Pour sa victoire, le général von Hindenburg est décoré de la Eisernen Kreuzes Croix pour le mérite le 2 septembre. Le 14 septembre suivant, Hindenburg est une nouvelle fois vainqueur en écrasant la Ire Armée russe aux Lacs Mazures. La Prusse-Orientale est désormais libérée des Russes mais dans le même temps ces derniers ont lourdement défait l'armée autrichienne du général von Hötzendorff à la bataille de Lemberg, en Galicie, le 11 septembre Hindenburg est nommé commandant des armées du front oriental Ober-Ost le 1er novembre.

La bataille de Lodz

Hindenburg et Ludendorff dévient alors la route de leurs troupes pour prêter main forte aux Autrichiens. L'objectif des généraux allemands est d'écraser les armées russes qui tentent une percée en Silésie en les attaquant sur leur flanc occidental. Hindenburg sait que ses armées sont en infériorité numérique par rapport à l'ennemi, mais il doit attaquer rapidement. Il appelle aussitôt l'aide de la IXe Armée commandée par le général von Mackensen. Ce dernier est vainqueur sur la Ire Armée de Rennenkampf puis sur la IIe Armée de Scheidemann qui bat retraite vers Lodz. Pourtant les renforts russes Ve Armée de von Plehve le 18 novembre commencent à encercler les hommes de Mackensen qui s'échappent comme par miracle. Les Russes commandés par le grand-duc Nicolas se retranchent à Lodz : le résultat est indécis. Le 27 novembre, Hindenburg reçoit la distinction de Generalfeldmarschall.

Les batailles de Bolimov et des lacs de Mazurie II

À cause de ce demi-échec, Hindenburg veut en finir avec le front russe fixé à Varsovie. Il ordonne une nouvelle fois à la IXe Armée de Mackensen d'entamer une attaque de diversion à Bolimov. Son offensive générale débute le 7 février 1915 : la VIIIe et la Xe Armée sont prêtes à attaquer en Mazurie. Le 22 février, l'offensive est victorieuse, la Xe Armée russe bat en retraite et échappe de peu au désastre total (plus de 56 000 morts et plus de 90 000 prisonniers russes. L'objectif est atteint, mais la XIIe Armée russe vient à la rescousse et met fin à l'avancée allemande sur le front de l'Est. Le 23 février, le maréchal von Hindenburg est décoré de la Eisernen Kreuzes I. Klasse mit Eichenlaub Croix de fer ornée de feuilles de chêne de Ire classe.

L'entrée en scène des Dioscures

La bataille de Verdun

À la fin de l'année 1915, le grand état-major, commandé par le général Erich von Falkenhayn, veut en finir rapidement avec les Français qu'il souhaite saigner à blanc. Le 21 février 1916, il lance une grande offensive l'opération Gericht qui provoque la bataille de Verdun. Dès le début de l'offensive, les troupes allemandes font face à une résistance française acharnée, les soldats français sont rapidement rejoints par la IIe Armée française sous le commandement du général Pétain puis du général Nivelle. Malgré de nombreuses offensives et des moyens énormes, Falkenhayn doit essuyer un échec avec plusieurs milliers de morts côté allemand. Le 29 août 1916, le Kaiser nomme Hindenburg nouveau chef du grand état-major et Ludendorff comme premier quartier-maître général. Malgré leur duo, les deux hommes, surnommés les Dioscures , se disputent les rênes du pouvoir.

Bataille de Verdun 1916 La bataille du Chemin des Dames

Lorsque Hindenburg et son adjoint reprennent le commandement suprême de l'armée allemande, ils savent que l'Allemagne ne peut pas gagner le conflit par une guerre d'usure. Ils prévoient alors une nouvelle politique : celle de la terre brûlée, un réarmement massif Rüstungprogramm ou programme Hindenburg et la construction d'un vaste réseau de tranchées fortifié de 160 km de long : la ligne Hindenburg. Le 15 avril 1917, le commandant des armées françaises, le général Nivelle, ordonne une offensive de 850 000 hommes qui amène les troupes ennemies à se replier derrière leur fortification. Mais les soldats allemands de la deuxième ligne sont embusqués dans les versants du plateau. Malgré deux assauts importants, l'armée française perd plus de 110 000 hommes. C'est une victoire pour Ludendorff.

Bataille du Chemin des Dames.Dernières offensives allemandes

Depuis mai 1915, Hindenburg achève de neutraliser les Russes et les Roumains sur le front oriental de Galicie. À partir de l'automne 1917, des négociations germano-soviétiques prévoient un traité de paix entre les deux pays. Le 3 mars 1918, le traité de Brest-Litovsk permet au grand état-major allemand de puiser dans ces troupes pour les amener sur le front occidental. Hindenburg ordonne une succession d'opérations offensives victorieuses comme Michaël, Georgette, Blücher-Yorck, Gneisenau ou Marne-Reims commandées par un des vainqueurs des lacs de Mazurie en 1915, le général von der Marwitz. Le maréchal est décoré de la Grosskreuz des Eisernen Kreuzes grand-croix de la Croix de fer 25 mars 1918. Cependant, l'offensive allemande est stoppée dans un premier temps en Picardie à partir du 4 avril 1918 par les troupes australiennes puis par les armées franco-britanniques du maréchal Haig et du général Debeney. Dans un second temps, une seconde offensive allemande est stoppée au Chemin des Dames mai 1918 puis enfin une troisième autour de Reims juillet 1918. L'ensemble des contre-offensives est dirigé par le général Foch. Les forces alliées, renforcées par un corps expéditionnaire américain à la fin du mois de septembre, font fortement reculer les troupes allemandes. Le 28 septembre, Ludendorff doit demander au chancelier Hertling de prévoir un armistice. Le 10 octobre, la ligne Hindenburg est saisie par les Alliés.

Une dictature militaire

Si Hindenburg est présent sur le terrain militaire, il est manifeste qu'il joue aussi un grand rôle sur la scène politique allemande pendant la Première Guerre mondiale. Ce rôle trouve ses racines dans le militarisme qui, depuis Frédéric II, s'est peu à peu développé puis imposé pendant les Gründerjahren littéralement, années fondatrices avec la figure de Bismarck. Le chef du grand état-major dispose de grands pouvoirs, von Moltke en avait fait les preuves. La victoire d'Hindenburg à Tannenberg a renforcé la confiance en la victoire au sein du peuple allemand. Peu à peu, il acquiert une aura phénoménale, il devient un mythe. En 1915, une gigantesque statue de bois le représentant est inaugurée16 à Berlin en présence d'une foule immense. La statue mesure douze mètres de haut et pèse vingt-six tonnes. Hindenburg est fêté à l'égal d'un empereur. Guillaume II perd peu à peu de son influence. Cet état de fait devient clair lorsque Ludendorff estime que la mobilisation de la nation allemande pour l'effort de guerre est insuffisante et qu'il propose l'institution d'un travail forcé : le Vaterländische Hilfsdienst. Le chancelier, Bethmann-Hollweg, s'oppose à cette mesure. Hindenburg et Ludendorff usent alors de leurs pouvoirs pour faire renvoyer le chancelier lorsque ce dernier s'oppose à la guerre sous-marine à outrance. Le 13 juillet 1917, Bethmann-Hollweg est contraint de démissionner. Hindenburg et Ludendorff iront même jusqu'à proposer un nouveau chancelier : Alfred von Tirpitz. La proposition sera écartée au profit de Georg Michaelis. L'état-major incarné par Hindenburg et Ludendorff s'octroie les prérogatives du chancelier, ils reçoivent même les partis politiques le 14 juillet 1917. L'État allemand glisse peu à peu d'une monarchie à une dictature militaire.
Lorsque le cours de la guerre change en défaveur de l'Allemagne, la perspective d'un armistice devient plus que possible, elle devient nécessaire. Ludendorff écrira dans ses mémoires de guerre : Nous devrions mettre un terme à la guerre en suivant les voies diplomatiques. Hindenburg incite le gouvernement à négocier l'armistice, Guillaume II abdique et s'exile aux Pays-Bas. Il est signé le 11 novembre 1918. Le maréchal Foch représente la France et Matthias Erzberger l'Allemagne. Le fait que ce soit un civil qui signe le traité d'armistice pour l'Allemagne n'est pas anodin. La propagande allemande a longtemps représenté l'armée comme une force invincible.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=9374#forumpost9374


#309 Edict du Roussillon, fixation de la date du nouvel an.
Loriane Posté le : 08/08/2015 18:37
Le 9 août 1564 Charles IX fixe le premier jour de l'année, "jour de l'an"

en promulguant l'édit dit "du Roussillon" dit aussi édit de Paris, édit de 1564 qui fait commencer l'année en France le 1er janvier dans tout le royaume de france.
Un édit royal est un actes législatif, émanant du roi de France, établis sous forme de lettres patentes, scellées de cire verte du grand sceau royal. La cire verte était traditionnellement employée pour les actes devant avoir un effet prolongé. Contrairement aux ordonnances qui portent toutes une série de dispositions sur des questions différentes et s'appliquent toujours à l'ensemble du royaume, l'édit porte sur un point particulier ou ne s'applique qu'à un territoire ou à un groupe donné.


Jour de l'an.

Lors d'un voyage dans différentes parties de son royaume, le roi de France Charles IX constata que selon les diocèses, l'année débutait soit à Noël à Lyon par exemple, soit le 25 mars à Vienne par exemple, soit le 1er mars ou encore à Pâques, ce qui provoquait des confusions.
Afin d'uniformiser l'année dans tout le royaume, il confirma l'article 39 de l'édit de Saint-Germain donné à Paris au début de janvier 1563, édit qui prescrivait déjà de dater les actes publics en faisant commencer les années au 1er janvier, acte législatif qu'il promulgua à Roussillon le 9 août 1564. La mesure ne fut appliquée que le premier janvier 1567. L'empereur d'Allemagne Charles Quint avait déjà fixé le début de l'année au premier janvier pour ses terres quelques décennies plus tôt mais c'est le pape Grégoire XV qui, en 1622, généralise cette mesure à l'ensemble du monde chrétien, notamment pour simplifier le calendrier des fêtes religieuses.

Dénomination

L'Édit de Paris, daté de janvier 1563, est le document original qui statue sur la date du changement d'année. La Déclaration de Roussillon datée du 9 août 1564 ne fait que confirmer le précédent édit. Pour Alexandre Lenoble, vice-président de la Société de l'École des chartes, le document devrait être appelé Édit de Paris, et c'est Pierre Néron, jurisconsulte et co-auteur dans les années 1620 d'un Recueil d'édits et d'ordonnances royaux disponible sur Gallica, qui est responsable de la confusion : "Néron et ses continuateurs ont maintenu et consacré leur erreur autant qu'il était en leur pouvoir."

Les articles

Les 42 articles qui composaient cet édit préparé par le chancelier Michel de L'Hospital et le ministre Sébastien de L'Aubespine concernaient la justice excepté les 4 derniers, ajoutés lors du séjour du roi à Roussillon.

Liste des articles

La liste suivante est tirée du Recueil d'édits et d'ordonnances royaux disponible sur Gallica déjà cité. Les résumés d'articles donnés en marge de l'ouvrage sont transcrits, parfois légèrement abrégés, pour donner un aperçu des thèmes couverts par l'Édit.

I. De libeller les adiournements
II. Après la contestation, le juge appointant et prononçant doit simul & semel & praeferre tous les délais pour instruire et procéder par les parties
III. Pour l'appel des forclusions ou de refus d'autre delay on ne doit laisser de passer outre
IV. Injonction d'observer le règlement porté és deux articles précédents
V. Bailler copie de sa prétention, demande ou défense
VI. De répondre catégoriquement en personne et par sa bouche sur articles et faits pertinents qu'on se voudra l'un l'autre faire interroger
VII. Procureur en la cause l'est aussi en l'instance d'exécution d'Arrêt ou Sentence
VIII. Contre ceux qui nient leur seing apposé en leurs promesses
IX. Pendant le débat de la suffisance de caution, faut toujours consigner
X. Tous juges compétents pour la reconnaissance des cedules, si les personnes sont sur les lieux et la provision est jugée par les juges royaux
XI. Pour se pourvoir par le vassal contre le Seigneur saisissant son fief
XII. Récusants de juges doivent dans trois jours nommer témoins
XIII. L'amende portée en l'article précédent quand on
XIV. En récusant une Cour souveraine, faut rapporter déclaration que après les récusés le reste n'est nombre pour juger
XV. Discontinuation d'instance pour trois ans
XVI. On ne se peut porter héritier par bénéfice d'inventaire des Financiers décédés en charge
XVII. Limitation point observée de la dot des filles n'excédant dix mille livres
XVIII. Appellant de prise de corps se doit rendre en état et tout décret de prise de corps se peut exécuter nonobstant
XIX. Le lieu du délit rend compétent le juge dudit lieu
XX. Fruits des biens de contumax ne comparant dans l'an après la saisie de leurs biens sont perdus pour eux
XXI. Il faut être du moins sous-diacre pour demander son renvoi devant le juge d'Eglise
XXII. Des juges non Royaux ressortissants nuëment à la Cour
XXIII. Défense de modérer les amendes
XXIV. En même ville ou lieu n'y doit avoir qu'un degré de juridiction de première instance
XXV. Règlement quand en un même lieu il y a justice du Roy et de quelque autre Seigneur
XXVI. Même règlement que dessus entre deux conseigneurs d'une même justice
XXVII. Hauts justiciers amendables pour le mal-jugé de leurs officiers
XXVIII. Tous Sergents doivent sur peine savoir au moins écrire leur nom
XXIX. Résidence des ministres de justice et révocation d'autres pouvoirs et privilèges
XXX. Tous procès doivent être jugés à l'ordinaire, non extraordinairement par Comissaires
XXXI. Défense aux Présidiaux de rien prendre, pour avoir assisté aux jugements des procès
XXXII. Tous officiers allant en commission ne se doivent laisser défrayer par les parties
XXXIII. Pour arrêts donnés sur requêtes, n'y a espèces
XXXIV. Greffiers tenus de coter la taxe des espèces et de leur salaire au pied des jugements
XXXV. Vérification des Cours en langage Français et non en Latin
XXXVI. Injonction d'observer toutes autres ordonnances, auxquelles n'est dérogé par ceux-ci
XXXVII. Banquets prohibés pour degrés en quelque art ou faculté que ce soit
XXXVIII. Etrangers tenant banque en France tenus bailler caution et la renouveler de cinq en cinq ans
XXXIX. L'année commence le 1er jour de janvier et ainsi se doit compter en tous actes et écritures

Article 39

L'article 39 annonce que l'année commencerait désormais le 1er janvier correspondant au style de la Circoncision :
" Voulons et ordonnons qu'en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnances,
édicts, tant patentes que missives, et toute escripture privé, l'année commence doresénavant
et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier.
Donné à Roussillon, le neufiesme lour d'aoust, l'an de grace
mil cinq cens soixante-quatre. Et de notre règne de quatriesme.
Ainsi signé le Roy en son Conseil

signé Sébastien de l'Aubespine'.

Cet édit n'est entré en vigueur qu'en 1567, trois ans après avoir été promulgué. Catherine de Médicis qui fuyait la peste déclarée à Lyon, avait alors trouvé refuge, avec son fils Charles IX et une partie de la cour, au château de Roussillon, qui avait été la propriété du cardinal François de Tournon 1489-1562, où elle séjourna du 17 juillet au 15 août 1564. C'est durant ce séjour que Charles IX signa le fameux édit.


Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l






#310 Gaspard de Clermont-Tonnerre
Loriane Posté le : 14/08/2015 21:45
Le 16 août 1688 naît Gaspard de Clermont-Tonnerre

à Dijon en Côte-d'Or, il meurt, à 92 ans le 16 mars 1781, en l'Hôtel Matignon, à Paris, noble, descendant de l'une des plus grandes familles du royaume -remontant au XIe siècle, un militaire français du XVIIIe siècle, marquis de Cruzy et de Vauvillers dit de Clermont-Tonnerre, puis duc de Clermont-Tonnerre, il est le premier duc de Clermont-Tonnerre et pair de France, seigneur de Mangevel, comte d'Epinac, seigneur de Maugevel, de Champlâtreux, de Saintry, de Mazeline, de Mangevelle, de Pont du Bois, de Selles, premier baron, connétable et grand-maître héréditaire de Dauphiné, maréchal de France, puis doyen des maréchaux de France. Il fait allégeance au royaume de France. Il s'illustre par ses faits d'armes à la bataille de Fontenoy, distingué de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1717, Ordre du Saint-Esprit en 1724

Sa vie

Gaspard de Clermont-Tonnerre fait une carrière militaire brillante dans les armées de Louis XV. Cornette et capitaine de cavalerie en 1703. Il participe aux batailles de Höchstädt en 1704, d'Oudenarde en 1708 et de Malplaquet en 1709. Il devient maître de camp d'un régiment de cavalerie qui porte son nom en 1709. Commissaire-général de la cavalerie légère, puis brigadier des Armées du Roi, le 1er janvier 1716. En 1717, il est fait chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, puis commandeur en 1720. Le 3 juin 1724, dans la chapelle du château de Versailles, il est reçu dans l'Ordre du Saint-Esprit, dans la troisième promotion du règne de Louis XV.
Il est fait maréchal de camp en 1733 et gouverneur de Mont-Dauphin à la frontière du Dauphiné, le 29 mai 1734. Il commande toutes les forces de cavalerie pendant les campagnes de 1733 et 1734 en Allemagne, dans le cadre de la Guerre de Succession de Pologne, en l'absence du comte d'Évreux. Il est fait lieutenant-général des armées du roi lors de la promotion du 1er août 1734.
Au mois de janvier 1739, il est nommé gouverneur de la ville et de la citadelle de Belfort (alors en Alsace), poste laissé vacant par la mort du maréchal du Bourg. Il démissionne du gouvernement de Mont-Dauphin.
Il s'illustre en 1745 à la bataille de Fontenoy aux côtés de Maurice de Saxe contre les anglo-hollandais. Il intervient d'une façon décisive à la tête de la cavalerie, en dirigeant une attaque fulgurante qui disloque le carré ennemi et permet de remporter une victoire qui fut longtemps indécise.
Après la bataille de Lauffeld, le 17 septembre 1747, Gaspard de Clermont-Tonnerre est nommé maréchal de France. La même année, il renonce à charge de maître de camp-général de la cavalerie et il est fait lieutenant-général de la province du Dauphiné. Il entre au Parlement de Grenoble en 1765.
Le 11 juin 1775, lors du sacre de Louis XVI en la cathédrale de Reims, Gaspard de Clermont-Tonnerre, alors âgé de 87 ans, en sa qualité de doyen des maréchaux du royaume, a l'honneur - comme il est d'usage - de tenir pendant la cérémonie, « Joyeuse », l'épée de Charlemagne. Louis XVI, à cette occasion, élève le maréchal à la dignité de duc et de pair de France.

Le duc Gaspard de Clermont-Tonnerre meurt le 16 mars 1781 à 93 ans, âge respectable pour l'époque


De 1715 à 1723, il fait construire sur ses terres, aux confins de la Champagne, la Lorraine et la Franche-Comté, dans le nord de l'actuel département de la Haute-Saône, le château de Vauvillers, surmonté d'une toiture de tuiles vernissées de plusieurs couleurs, comme aux Hospices de Beaune.
Il aime venir s'y reposer entre deux campagnes. Avec l'âge, ses séjours à Vauvillers s'allongent de plus en plus. Il en profite pour gérer directement les affaires de la seigneurie, régler les contentieux, assainir l'économie du fief, ce qui permet de rouvrir des forges. Le 28 mars 1768, il accepte le projet pour la construction d'une église pour le village, qu'il souhaite beaucoup plus spacieuse. Elle est achevée en 1773, et ne subit que peu de modifications depuis lors.

Famille et descendance

Le 10 avril 1714, il épouse à Paris Antoinette Potier de Novion 1685-27 août 1754, avec laquelle il a quatre enfants :
Jules Charles Henri, 6 avril 1720 - † 26 juillet 1794, duc de Clermont-Tonnerre.
Madeleine-Louise Jeanne 19 mars 1722 - † 27 juillet 1769 épouse de François-Louis-Antoine de Bourbon Busset 1722-1793, ancêtres de la Vénérable Anne de Guigné 1911-1922.
François Joseph 12 janvier 1727 - † 30 avril 1809, marquis de Clermont-Tonnerre.
Jean-Louis Aynard de Clermont-Tonnerre 30 août 1724-† 26 février 1801, chapelain de Saint-Siméon de Saulx-le-Duc, puis le 13 avril 1743 abbé commendataire de Luxeuil. Licencié en théologie il est vicaire général du diocèse de Dijon. Le 3 juin 1771 il est nommé abbé de Saint-Pierre de Melun.
Devenu veuf, il se remarie le 29 juillet 1756 avec Marguerite Pauline de Prondre † 29 juillet 1756, veuve du marquis de La Rochefoucauld

Famille originaire du Dauphiné, remontant au XIe s.
Anne Antoine Jules de Clermont-Tonnerre Paris 1748-Toulouse 1830, évêque de Châlons-sur-Marne 1782, député aux États généraux de 1789, refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Archevêque de Toulouse 1820, il fut créé cardinal en 1822.
Stanislas Marie Adélaïde, comte de Clermont-Tonnerre Hamonville, Meurthe-et-Moselle, 1757-Paris 1792, officier, fut élu premier député de la noblesse de Paris aux États généraux de 1789, siégea avec les monarchiens, préconisa le bicaméralisme et le droit de veto absolu puis complota en faveur du roi. Il fut tué le 10-Août par des émeutiers.
Gaspard, duc de Clermont-Tonnerre Paris 1779-Glisolles 1865, général français, pair de France, aide de camp de Joseph Bonaparte 1808, maréchal de camp sous la Restauration, fut ministre de la Marine 1821 et ministre de la Guerre de 1823 à 1827.

Les Clermont-Tonnerre


La branche des ducs de Clermont-Tonnerre, commence au XVI° siècle. Leurs auteurs sont Roger de Clermont-Tonnerre (1600 - 1676) et Gabrielle de Pernes. Cette branche est la seconde qui subsiste aujourd'hui.
Ils ont été :
- Premier baron, connétable et grand-maître héréditaire du Dauphiné
- Seigneurs de Ravières, de Maugevel, de Champlâtreux, de Saintry, de la Mazeline, de Demangevelle, de Pont-du-Bois, de Selles, du Tillot, d'Hamonville, de Gaudreville, de Glisolles.
- Baron de Villon, de Monestoy, de Ravières.
- Comte d'Epinac.
- Marquis de Cruzy en 1620, de Vauvillers.
- Duc de Clermont-Tonnerre.
- Prince Romain.

Tableau généalogique des ducs de Clermont-Tonnerre
Parmis ses membres on peut retenir ceux-ci :
XVII°

- Roger de Clermont-Tonnerre 1600-1676, marquis de Cruzy, baron de Villon, seigneur de Ravières fut en, 1644, maréchal de bataille au combat de Stamfort, puis aide de camp des armées du Roi en 1646. Il participe à la bataille de Lens le 12 août 1647. Entre 1649 et 1650 il commande un régiment de son nom, puis commande une division à l'armée des Flandres en 1651. Il était lieutenant-général du Roi en Bourgogne et baille d'Auxerre. Il avait épousé, en 1641, Gabrielle de Pernes.
- François de Clermont-Tonnerre 1642-1670, fut chevalier de l'Ordre de Malte.
- Roger de Clermont-Tonnerre ?-1687, fut écuyer ordinaire du Roi.
- Louis-Claude de Clermont-Tonnerre ?-10 juillet 1690, fut chevalier de l'Ordre de Malte et capitaine des galéres de ce même Ordre. Il fut tué lors d'un combat naval contre les Anglais.
- Sébastien de Clermont-Tonnerre, fut chevalier de l'Ordre de Malte.
- Antoine de Clermont-Tonnerre 1646-24 août 1678 était licencié en théologie et évêque de Fréjus en 1676.
- Gaspard, 1ier duc de Clermont-Tonnerre 19 août 1688-16 mars 1781, marquis de Crusy, de Vauvillers, comte d'Epinac, etc. fut le 8 janvier 1703 cornette au régiment de cavalerie du Châtelet puis participe à la bataille d'Hochstaed, à l'attaque de Luxembourg, à la prise de l'île du Marquisat et à la bataille d'Oudernade. Le 30 avril 1709 il est nommé mestre de camp d'un régiment de son nom, puis se trouve, le 11 septembre 1711 à la bataille de Malplaquet. En 1712 il combat à Denain et à la prise de Douai, du Quesnoy et de Bouchain. En avril 1713 il est à la bataille de Spire, Worms, Kaiserlautern et Landau. Le 1 janvier 1716 il est nommé brigadier des armées du Roi, puis commissaire général de cavalerie, puis en 1720 commandeur de l'Ordre de Saint-Louis. Le 2 février 1724 il est chevalier du Saint-Esprit. Le 22 décembre 1731 il est maréchal de camp des armées du Roi, et le 1 juin 1734 gouverneur du Mont-Dauphin. Le 1 août 1734 il est nommé lieutenant général. Le 26 janvier 1739 il est gouverneur de Belfort. En 1741 il participe à la campagne de Bohême et délivra le château de Frauenberg. Le 5 septembre 1744 il est de l'attaque de Saffelsheim. En 1745 il participe à la bataille de Fontenoy ou il commandait l'aile gauche de l'armée. En 1746 il combat à Tournai et à Bruxelles. Le 17 septembre 1747 il est nommé maréchal de France. Le 15 juillet 1764 il est nommé lieutenant général du Roi en Dauphiné. Il tient le rôle de connétable de France lors du sacre de Louis XVI. Il mourut en l'hôtel de Matignon et avait épousé le 10 avril 1714, Antoinette Potier de Novion qui mourut le 29 août 1754. Il épousa en seconde noce Marguerite-Pauline de Pondre.

- Charles-Henri de Clermont-Tonnerre ?-1704 fut capitaine de cavalerie.

XVIII°

- Charles-Henri-Jules, 2nd duc de Clermont-Tonnerre (6 avril 1720- 26 juillet 1794) marquis de Cruzy, comte d'Epinac, 17° patron de l'Hôtel de Beaune, en qualité de déscendant de Nicolas Rolin. Le 10 mars 1732 il est cornette puis mestre de camp du commissaire-général de cavalerie. Le 16 février 1734 il est capitaine. Le 21 février 1740 il est mestre de camp au régiment de Clermont. Il participe à la bataille de Dettingen en 1743, puis se trouve sous les ordres du maréchal de Coigny, pui du maréchal de Saxe. le 18 juillet 1744 il prend part à la bataille de Wissenbourg et d'Alstatt. Le 28 mai 1745 il est à la bataille de Fontenoy et y commande une division. le 20 mars 1747 il est nommé brigadier des armées du Roi et chevalier de l'Ordre de Saint-Louis. En 1748 il participe à la bataille de Lawfeld ou il commande la brigade du régiment de cavalerie du Roi et est présent à Berg op Zoom et à Maestrich. Il combat à Hastenbeck en 1757, puis est nommé maréchal de camp le 1 mai 1758. Il servira ensuite en Normandie, sous les ordres du duc d'Harcourt ou il commandera Valognes. Lieutenant général des armées du Roi le 25 juillet 1765 il sera nommé lieutenant du Roi en Dauphiné à la suite de son père. Il fera enregistrer les édits de décembre 1768 et seconda la réforme de Maupeou, et présida à la supression de l'ancien parlement de Grenoble, et à la création du nouveau. Il échangea une correspondance avec Jean-Jacques Rousseau et fut nommé Pair de France le 13 mars 1782 et chevalier du Saint-Esprit le 30 mai 1784. Lors de la journée des Tuiles, le 7 juin 1788, aprés avoir fait fermer à clef le parlement et contraint le parlement à enregistrer militairement des édits qui diminuaient le pouvoir de ce dernier, il dut s'enfuir de son hôtel assiégé. Lors de la révolution il est condamné à mort et fut décapité le 26 juillet 1794 en même temps que la princesse de Monaco, la princesse de Chimay, la maréchal d'Armentières, Monseigneur de Saint-Simon, l'évêque d'Agde et tant d'autres ... Il avait épousé, le 5 juin 1741, Marie-Anne-Julie le Tonnelier de Breteuil dite Mademoiselle de Breteuil.

- Jean-Louis-Aynard de Clermont-Tonnerre 30 août 1724-26 février 1801 fut chapelain de Saint-Siméon de Saulx-le-Duc, puis le 13 avril 1743 abbé commandataire de Luxeuil. Licencié en théologie il fut vicaire général du diocèse de l'évêque de Dijon. le 3 juin 1771 il est abbé de Saint-Pierre de Melun. Il ne réussit jamais à avoir un archevêché.

- Joseph-François de Clermont-Tonnerre 12 janvier 1727-30 avril 1809 fut cornette au régiment mestre de camp général de cavalerie le 12 juillet 1740 puis capitaine le 9 mars 1742. Il prit part à la prise de Prague, à la bataille de Dettingen en 1743 et au siège de Fribourg en 1744. Il fut aide-major général des logis de la cavalerie. Il prit part au bataille de Raucoux, de Lawfeld et de Berg-op-Zoom. Il fut mestre de camp le 1 février 1748. Le 10 février 1759 il est lieutenant-colonel puis mestre de camp, puis le 20 février 1761 brigadier des armées du Roi. Il prit part à la campagne d'Allemagne, à la bataille de Hastenbeck et fut blessé à Minden. Le 25 juillet 1762 il est nommé maréchal de camp. Il entretenait d'étroites relations avec le roi Stanislas Leczinski. Lors de la révolution il fut défendu par les paysans de sa région, en Franche-Comté. Il avait épousé, le 15 janvier 1757, Félicité de Lentilhac de Gimel, dame d'Hamonville, puis en seconde noce, Antoinette Guilloteau de Montussan.

- Gaspard, marquis de Clermont-Tonnerre (28 juillet 1747-18 octobre 1793), comte d'Epinac fut lieutenant réformé au régiment de Clermont le 3 octobre 1753. Le 28 avril 1765 il est capitaine-commandant au régiment du Roi-cavalerie jusqu'en 1779. Le 18 juin 1768 il est nommé gouverneur de Belfort. En 1771, le 16 août, il est nommé mestre de camp. Il était lieutenant-général du Roi en Dauphiné, et à la veille de la Révolution son hôtel fut envahi par la foule. Il fut sauvé par le sergent Bernadotte, futur maréchal de France et roi du Suède. En 1790 il émigre et est nommé maréchal de camp des armées du Roi en service étranger. Il revient en France en 1792, mais fut fussilé à Lyon le 18 octobre 1793 à Lyon. Sur le chemin qui l'emenait vers son destin, blessé et alors que la foule le pressait il dit : ''Si je me traîne plutôt que je ne marche, ne croyez pas, mes amis que ce soit de peur, vous m'avez vu à l'oeuvre et ce n'est pas la première fois que je vais au feu. D'ailleurs sachez qu'un Clermont-Tonnerre ne craint pas la foudre.'' Il avait épousé, le 28 juin 1767, Louise-Adélaïde de Durfort-Civrac.

- Jules de Clermont-Tonnerre (31 décembre 1748-20 février 1830), duc de Clermont-Tonnerre, à titre individuel, fut abbé de Saint-Pierre de Melun, puis évêque de Châlon sur Marne. En 1789 il est député du clergé aux Etat généraux. Il jura fidélité à la Constitution civique, mais fit parti des onze prélats qui protestérent contre l'acceptation faite par Louis XVI, de cette même Constitution. En 1791 il retourne dans son diocèse ou il refusa le serment constitutionnel. Sons siège de Châlon ayant été surpimé il parti en exil. Le 4 juin 1814 il est nommé Pair de France et en 1817 Louis XVIII lui redonne son évêché. Le 1 juillet 1820 il est archevêque de Toulouse. Le 2 décembre 1822 il est nommé cardinal par le Pape Pie VII, son parent. Cette nomination lui conféra le titre d'abbé commendataire de Saint-Sébastion hors les murs de Rome. Il serra nommé chevalier du Saint-Esprit le 12 mai 1825. Le 4 novembre 1826 il est ministre d'Etat. Il fut un des grands défenseur des droits de l'Eglise.

- Paulin, vicomte puis 3ième duc de Clermont-Tonnerre (23 août 1750-13 juillet 1841 prince romain, marquis d'Epinac, fut nommé mestre de camp en second du régiment d'infanterie Royal-Champagne le 13 avril 1780. Il fut chevalier de l'Ordre du Mont-Carmel et Saint-Lazare. En 1791 il commandait le régiment Royal-Guyenne. Le 1 janvier 1792 il dut s'enfuir et se réfugia à Hertenrode. le 23 juin 1814 il est nommé lieutenant-général des armées du Roi. En 1823 il est fait Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis et prince romain en 1825. Il avait épousé le 29 janvier 1779, Anne-Marie-Louise Bernard de Boulainvilliers.

- Anne-Louis de Clermont-Tonnerre 12 mars 1756-? fut chevalier de l'Ordre de Malte.

- Aynard, 4ème duc de Clermont-Tonnerre 9 août 1769-



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





 Haut
« 1 ... 28 29 30 (31) 32 33 34 ... 46 »




Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
53 Personne(s) en ligne (39 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 53

Plus ...