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#61 Esclavagisme en Mauritanie 3
Loriane Posté le : 03/07/2015 14:59
MAURITANIE


La Mauritanie, au territoire majoritairement saharien, voisine du Sénégal mais souvent considérée comme partie intégrante du Maghreb, est un trait d'union entre l'Afrique du nord et l'Afrique subsaharienne. Sa population reflète cette double appartenance, arabo-berbère, Maures ou Harratines (anciens esclaves noirs des Maures), autant que Noirs africains, Toucouleurs, Soninkés, Peuls ou Wolofs. Le nomadisme pastoral est encore largement pratiqué au nord, mais les Mauritaniens sont surtout concentrés au sud, où l'agriculture domine sur les terres fertiles proches de la frontière constituée par le fleuve Sénégal. La colonisation française forme ce territoire pour des raisons stratégiques, mais s'y intéresse peu. En 1960, lorsque la République islamique de Mauritanie proclame son indépendance, il reste à édifier un État, une nation et une économie. Moktar Ould Daddah, véritable fondateur du pays, s'y emploie pendant près de vingt ans. Mais les tensions sociales, culturelles et économiques, et surtout le conflit du Sahara occidental ont raison de son prestige. En 1978, les militaires prennent le pouvoir et le gardent jusqu'en 2005. Pendant cette période, coups d'État et affrontements entre ethnies se succèdent, sur fond de régime autoritaire et d'absence de libertés. C'est, néanmoins, une partie de l'armée, entraînée par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui permet au pays de connaître une véritable transition démocratique, même si la situation politique demeure très instable. La Mauritanie, nouveau pays pétrolier gisements découverts en 2006, est toujours confrontée à la fragilité de son économie et aux sécheresses. Elle doit relever les défis de ses antagonismes culturels et ethniques, et construire un véritable État de droit.

Géographie Un milieu naturel dominé par le désert

La République islamique de Mauritanie, avec 1 025 520 kilomètres carrés, se situe au troisième rang des pays les plus grands d'Afrique occidentale, derrière le Niger et le Mali. Sa position entre le 15e et le 27e degré de latitude nord en fait un pays de contact et de transition entre le désert saharien 70 p. 100 du territoire, au nord, et les steppes sahéliennes, au sud. La monotonie du relief, dont les deux tiers sont situés entre 200 mètres et 500 mètres d'altitude – relief composé essentiellement de plaines et de bas plateaux le point culminant est le Kediet ej Jill, à 915 m, près de Zouerat –, ne permet guère d'identifier différentes régions. En revanche, les variations bioclimatiques distinguent clairement quatre sous-ensembles régionaux.
Au-delà du 17e parallèle commence l'immense désert saharien, univers minéral dénué de cours d'eau, malgré quelques oueds alimentés par des pluies très occasionnelles.
Au sud s'étend la steppe sahélienne sur environ un tiers du territoire. Les précipitations sont un peu plus marquées, surtout dans la partie la plus méridionale, où elles peuvent même atteindre 500 à 600 millimètres par an. Mais leur irrégularité, de même que la multiplication des épisodes de sécheresse au cours des années 1970-1973 et 1983-1984 expliquent le très fort mouvement d'exode rural des populations de cette zone.
Le littoral profite à la fois du passage du courant marin froid des Canaries qui le longe, et de l'alizé en provenance de l'Atlantique, qui apporte un air plus frais et plus humide à la différence de l'alizé continental, sec et chaud. Plus hospitalier, ce littoral a fixé les deux principales villes du pays, Nouakchott et Nouâdhibou.
Enfin, à l'extrême sud serpente le fleuve Sénégal, l'unique cours d'eau permanent de la Mauritanie, qui fait la frontière avec le pays éponyme. La présence en abondance d'alluvions fertiles dans le lit majeur du fleuve fait de cette large vallée une région traditionnellement recherchée par les agriculteurs.

Une population de plus en plus urbanisée et sédentarisée

En raison de sa très faible population 3,5 millions d'hab. au recensement de 2013, rapportée à l'immensité du territoire, la Mauritanie a l'une des densités les plus faibles au monde 3 hab./km2. La répartition des hommes présente cependant de très fortes disparités, depuis le nord-est, où les densités sont de l'ordre de 0,1 à 0,2 habitant par kilomètre carré, jusqu'à la vallée du fleuve Sénégal, où elles atteignent jusqu'à 30 habitants par kilomètre carré. La population se compose d'Africains blancs Maures islamisés depuis dix siècles, qui représentent 75 p. 100 de la population, et de populations noires, essentiellement dans la partie méridionale (Wolofs, Toucouleurs, Soninkés, Peuls, Bambaras, etc.. Les dernières décennies du XXe siècle se sont accompagnées de bouleversements considérables au sein de la structure de cette population, notamment en matière de mode de vie. Ainsi les nomades 90 p. 100 de la population totale lors de l'indépendance en 1960 ne constituent plus que 5 p. 100 de la population en 2006 32 p. 100 en 1977, 12 p. 100 en 1988, à la suite d'un très fort mouvement de sédentarisation et d'urbanisation qui a accompagné les épisodes de sécheresse.
La population urbaine n'a cessé de croître au cours des dernières décennies du XXe siècle 62 p. 100 en 2006, contre 7 p. 100 en 1965, surtout au profit des villes les plus importantes, la capitale notamment. Nouakchott comptait ainsi environ 835 000 habitants en 2006 contre 5 807 hab. en 1962, soit le quart de la population totale. Loin derrière se trouve Nouâdhibou avec quelque 100 000 habitants.
En dépit de la tradition de nomadisme, le fait urbain est ancien en Mauritanie, puisque les premières villes furent fondées au VIe siècle et au VIIe siècle de l'Hégire Ouadane, Tichit, Oualata, etc.. Le réseau des villes s'est mis en place en trois temps. Le premier correspond aux anciens villages ksours hérités des XIe et XIIe siècles, à l'instar de Chinguetti ou de Oualata, situés au cœur de l'espace nomade le long d'axes méridiens. Leur fonction était celle de relais et de points de repli pour les cités marchandes sahéliennes. Dans un deuxième temps, la colonisation française a fortement étoffé le réseau de villes existantes, mais en déclin, au profit de toute une série de petites villes Aleg, Atâr, Boutilimit, Guérou, Kiffa, Rosso, etc. faisant office d'escales le long du fleuve Sénégal, de postes militaires sahéliens ou encore de bourgs situés sur des noyaux de peuplement déjà sédentarisés. La troisième phase coïncide avec la période qui suit l'indépendance, en lien avec l'extraction des matières premières et leur expédition par voie maritime : Akjoujt pour le cuivre, Zouerat et Nouâdhibou pour le fer, etc. Mais en dehors des deux premières villes du pays, le réseau urbain est essentiellement composé de petites villes entre 10 000 et 30 000 hab, très faiblement hiérarchisées.

Une économie dominée par la valorisation des richesses naturelles

Depuis les épisodes de sécheresse des années 1970, l'agriculture ne permet plus à la Mauritanie d'être autosuffisante sur le plan alimentaire. La céréaliculture de décrue, menée dans les cuvettes naturelles tamourt ou grâce aux barrages artificiels, est peu productive et très aléatoire. Le pays est donc contraint d'importer une part croissante de ses besoins riz, blé en grain, farine, semoule principalement, voire de solliciter l'aide alimentaire internationale. Les espaces voués aux cultures se localisent pour l'essentiel le long de la vallée du fleuve Sénégal : mil, sorgho, riz paddy, etc. Ils pourraient s'étendre à l'avenir à la faveur de la mise en place de périmètres irrigués 20 000 ha actuellement, pour un potentiel estimé à 130 000 ha. L'agriculture des oasis, pour sa part, fait encore vivre, en 2006, quinze mille très petites exploitations 32 ares en moyenne. Elle reste, par excellence, le domaine du palmier-dattier et des cultures irriguées céréales, légumes.
Bien que très fortement amoindries par les multiples épisodes de sécheresse, les activités d'élevage perdurent. Le cheptel bovin est même en cours de reconstitution. Les précipitations plus abondantes dans le sud ont maintenu les pratiques transhumantes, sur de courtes distances, en fonction du rythme des pluies. Très touchée par la sédentarisation, la partie centrale du pays demeure néanmoins un lieu de pratique pour le pastoralisme, qui contribue au maintien d'un peuplement mobile, mais de plus en plus diffus. Les éleveurs semi-nomades complètent leurs revenus par la collecte de la gomme arabique 40 000 ha. Le nord du pays reste le domaine des éleveurs nomades de dromadaires, dont la raison d'être ne se justifie plus que par des considérations sociales, liées à la culture et à l'apparat, suite au remplacement des animaux par des camions pour le transport et à la disparition des pillages rezzous.
La pêche a connu un vigoureux développement depuis le début des années 1970. Long de 724 kilomètres, le littoral est, en effet, très poissonneux grâce au passage du courant froid des Canaries qui favorise la prolifération des algues et du plancton. Menée d'abord exclusivement par des pêcheurs locaux population Imraguen ou originaires du Sénégal, l'activité s'est ouverte aux armements sociétés de pêche étrangers Japon, Corée du Sud, Russie, Union européenne, ainsi qu'à des sociétés mixtes créées avec des pays d'Afrique du Nord. Mais le risque de surpêche se fait de plus en plus grand, notamment en raison des prises sauvages opérées par des bateaux non autorisés. La plupart des soixante-cinq usines de transformation sécheries, conserveries, unités de congélation et de farine de poisson, etc. se localisent à Nouâdhibou.
L'essentiel des revenus de l'État provient néanmoins des exportations minières. Exploité, depuis 1963, à partir de trois mines à ciel ouvert Kediet ej Jill, Guelb El Rhein et M'Haouadat depuis 1994 dans la région de Fdêrik et de Zouerat, non loin de la frontière septentrionale, le fer 10,5 Mt en 2006 est acheminé par voie ferrée jusqu'au port de Nouâdhibou 650 km pour y être exporté. Il est exploité par la Société nationale industrielle et minière S.N.I.M., l'un des premiers employeurs du pays. Cette activité a encore de beaux jours devant elle en raison de l'immensité des réserves : 185 millions de tonnes de minerais à haute teneur en fer 65 p. 100 et 660 millions de tonnes de minerais à plus faible teneur 40 p. 100. Plusieurs projets d’extension, en cours, devraient augmenter considérablement la production. Depuis 2007, l'exploitation d'autres minerais a conforté la spécialisation minière du pays : cuivre 400 000 t. de réserves prouvées dans la mine de Guelb Moghrein, dans la région de l'Inchîri et or mines d'Akjoujt et surtout de Tasiast.
L'entrée en production du gisement offshore de Chinguetti à 80 km au large de Nouakchott, par 800 m de fond en février 2006 75 000 barils/j a enfin fait entrer la Mauritanie dans le club fermé des pays pétroliers. Le total des réserves prouvées s'établissait, en 2006, à 500 millions de barils, mais celui-ci pourrait encore augmenter compte tenu de l'intense travail de prospection en cours. François Bost

Histoire La formation historique

Le peuplement
Aux époques pré-, proto-historique et pré-musulmane, l'actuelle Mauritanie bénéficie de conditions climatiques plus clémentes qui permettent l'épanouissement d'une civilisation agro-pastorale, dans des régions que l'assèchement progressif du Sahara ont rendues, depuis, impropres à tout habitat sédentaire. Déjà le peuplement est mixte souches berbères et négroïdes avec, semble-t-il, un avantage numérique aux éléments noirs. Ce sont eux, cependant, qui souffriront le plus des conséquences de la dégradation climatique et seront inexorablement refoulés vers le sud, à l'exception de quelques isolats qui accompagneront les Berbères vers le nord ou resteront fixés autour des oasis. Les maîtres de l'espace ouest-saharien seront, pendant les treize premiers siècles de notre ère, les Berbères Sanhadja. L'introduction du chameau, dès le IIe ou IIIe siècle, leur permet de s'adapter par le nomadisme à un environnement de plus en plus éprouvant. Ils tirent une grande part de leur prospérité du contrôle qu'ils exercent sur les routes occidentales du grand commerce transsaharien qui relie l'Afrique du Nord aux régions de la boucle du Niger. Intermédiaires, protecteurs ou pillards, ils prélèvent leur part sur les flux qui drainent l'or et les esclaves vers le Maghreb, le sel, les objets manufacturés ou les chevaux vers le bilad-as-sudan pays des Noirs. Si la maîtrise du Sahara occidental ne leur est pas disputée, les Sanhadja entretiennent cependant des rapports difficiles avec les sociétés politiquement organisées du Maghreb et du Soudan empire du Ghana notamment.
Enflammés par les prédications de l'intégriste musulman Ibn Yasin, les nomades ouest-sahariens sont à l'origine de l'épopée politico-religieuse des Almoravides qui, dans la seconde moitié du XIe siècle, édifient un vaste empire s'étendant de l'Espagne aux rives du Sénégal. Malgré le caractère éphémère de cet empire, le mouvement almoravide devait avoir pour la Mauritanie des conséquences de longue portée : adoption par l'ensemble des tribus d'un islam austère, sunnite et de rite malékite, qui influencera peu à peu toute l'Afrique de l'Ouest ; début de fixation d'une identité politique du peuple ouest-saharien, dont le souvenir glorieux et mythique sera entretenu au cours des siècles par la tradition et récupéré par les courants nationalistes contemporains.
À partir de la fin du XIIIe siècle et jusqu'au début du XVIIIe siècle, le pays de Shinguiti du nom de la plus célèbre de ses cités religieuses, renommée dans tout le monde arabo-musulman devient l'ultime réceptacle d'ondes migratoires en provenance de la péninsule arabique via le Maghreb. Les arabes Ma'aquil, lancés au XIe siècle à l'assaut de l'Afrique du Nord par les khalifes d'Égypte, sont progressivement détournés par les sultans marocains vers le Sahara occidental. Plus que d'une invasion il s'agit d'infiltrations successives, mais sur de longues périodes. Au prix d'innombrables conflits localisés pour le contrôle des rares ressources, les tribus locales sont assimilées ou réduites à l'état de tributaires par les nouveaux arrivants et coupées des groupes berbères du Nord et de la Méditerranée. La guerre de Charr Boubba 1644-1674 résonne encore comme le dernier sursaut de la résistance berbère avant que ne soit établie la domination militaire et politique des tribus d'origine arabe.

L'organisation sociale

La coexistence initialement forcée et difficile des groupes berbères et arabes donne progressivement naissance à la société maure, dont les principales caractéristiques survivent encore aujourd'hui.
Sur le plan ethnique, la race maure se constitue sur la base d'un métissage dominant arabo-berbère, auquel s'ajoutent, au gré de contacts et de mélanges particuliers de populations, des apports maghrébins ou négro-africains. La société maure est en même temps hiérarchisée et décentralisée à l'extrême. L'unité sociale de base est la tribu, à la fois autonome et enserrée dans un réseau de liens d'interdépendance ou de concurrence codifiée avec les autres tribus. Le sommet de la pyramide sociale est constitué par une double aristocratie de tribus « libres ». Les unes sont guerrières – les Hassanes réputées d'origine arabe, mais aussi quelques tribus berbères qui ont protégé ou reconquis leur autonomie –, les autres maraboutiques, en principe d'origine berbère, mais non exclusivement. La séparation entre les deux ordres est statutaire et fonctionnelle. Elle reproduit, en principe, le renoncement des Berbères vaincus par les immigrants arabes à leurs prérogatives militaires et politiques ; spécialisés dans les attributions religieuses et intellectuelles, les « marabouts » monnayaient la protection que leur accordaient les guerriers. En fait, les termes d'interdépendance et de complémentarité d'intérêts et de rôles correspondent davantage à la réalité des relations guerriers-marabouts. Certaines grandes familles maraboutiques, grâce à l'autorité morale de leurs chefs les plus prestigieux et au poids économique que leur conférait le contrôle d'une nombreuse clientèle de pasteurs ou d'agriculteurs, exerçaient, au moment de la conquête coloniale, un pouvoir beaucoup plus déterminant que celui que détenaient formellement les familles guerrières de niveau correspondant.
En revanche, cette double aristocratie exerçait une réelle domination sur les couches inférieures de la stratification verticale : tribus berbères zenaga ou d'esclaves noirs affranchis, haratine qui assuraient, pour le compte des tribus libres, les principales tâches de production, gardiennage des troupeaux, entretien des puits et des palmeraies, cultures, collecte de la gomme ; serviteurs noirs, en fait esclaves, les abid, qui constituaient l'essentiel de la force de travail utilisée par les catégories supérieures ; enfin, au bas de l'échelle sociale, les artisans et griots formaient de véritables castes, méprisées et redoutées à la fois en raison des pouvoirs surnaturels qu'on leur prêtait.
L'intégration politique demeurait faible, la structure tribale et le nomadisme ne s'accommodaient que de regroupements de type fédéral assez lâches, et l'institution tardive d'émirats dans certaines régions Tagant, Adrar, Trarza, Brakna ne fut qu'un pâle reflet, malgré le prestige personnel de quelques émirs exceptionnels, du modèle arabe. Les relations intertribales étaient marquées par de perpétuelles querelles.
Cette segmentation sociale était compensée par une homogénéité culturelle s'inscrivant dans les limites géographiques précises de l'Ouest saharien. Cet espace culturel commun, outre l'identité des modes de vie et de rapports sociaux, était et demeure marqué par la pratique d'une même langue, le hassanya, dialecte arabo-berbère qui a quasiment éliminé la langue berbère utilisée avant la pénétration arabe, mais surtout par une empreinte religieuse caractéristique. La spécialisation forcée des tribus maraboutiques dans le rôle spirituel a fait de la Mauritanie un conservatoire spirituel riche en grands mystiques et en lettrés réputés. L'Islam maure entretient depuis des siècles une tradition d'exigence et d'austérité qui a fortement contribué à façonner l'identité de l'ensemble ouest-saharien. Contrastant avec l'isolement politique et économique progressif de la Mauritanie, le rayonnement religieux de ses marabouts sera un facteur décisif de l'islamisation de l'Afrique de l'Ouest, surtout à partir du XVIIIe siècle, quand la propagation du soufisme permettra la structuration de cet islam en confréries rassemblées autour de saints hommes prestigieux, de leurs familles et de la « voie » mystique qu'ils enseignent.
La fixation de la société maure s'accompagne d'un relatif isolement jusqu'à l'époque de la pénétration européenne. Ce qui subsiste du commerce transsaharien, progressivement supplanté par les progrès de la navigation océanique, s'est déplacé vers l'est. La Mauritanie se coupe du reste du monde arabo-musulman et méditerranéen, à l'exception du Sud marocain. Les premiers voyageurs et commerçants européens ne sont guère encouragés à pénétrer ces régions naturellement inhospitalières. Ils préfèrent établir des points de contact périphériques le long des côtes et dans le Sud sahélien, à partir de Saint-Louis et le long du Sénégal, principalement pour s'approvisionner en gomme arabique récoltée dans les régions les moins arides. L'aggravation du climat provoque l'extension et l'aggravation de la nomadisation. La vie urbaine se rétracte dans quelques agglomérations aux fonctions principalement culturelles et religieuses. Les ethnies noires sont définitivement refoulées au sud d'un véritable front biogéographique, l'isohyète de 400 mm de pluies, qui inscrit dans l'espace les clivages ethniques et socio-économiques, constituant l'un des principaux handicaps de l'État mauritanien.

L'immobilisme colonial

La pénétration coloniale française en Mauritanie obéit à des préoccupations essentiellement stratégiques. L'occupation tardive du territoire visait surtout à empêcher l'intrusion d'autres puissances européennes, et à réaliser la jonction entre l'Afrique du Nord française et l'A.-O.F. Afrique-Occidentale française. D'abord menée pacifiquement à partir du Sénégal par Xavier Coppolani, qui obtient l'appui des tribus maraboutiques soucieuses de pacifier une société de plus en plus déchirée par les rivalités tribales, la conquête se révèle plus difficile que prévu. La résistance des tribus du Centre et du Nord s'organise autour de la figure légendaire de Cheikh Ma El Aïnin, dont l'irrédentisme oblige les autorités françaises à organiser de brutales expéditions militaires colonne Gouraud en Adrar, en 1908-1909. L'onde de choc sud-nord, propagée par l'occupation de la Mauritanie, va même jusqu'à déstabiliser le nouveau protectorat marocain reconquête de Marrakech en 1912.
La pacification définitive n'interviendra qu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, quand seront fermement établies les lignes de communication coloniale transsahariennes et la surveillance des confins.
La pauvreté du territoire, le nomadisme de la majorité de sa population et la priorité accordée à la sécurité militaire expliquent l'absence de toute politique de mise en valeur de la part du colonisateur français. La Mauritanie demeurera jusqu'aux dernières années de la colonisation la Cendrillon de l'A.-O.F. L'administration du vide et la politique du verre de thé résumaient la gestion coloniale de la Mauritanie.
Les autorités coloniales, soucieuses de faire régner l'ordre au moindre coût, eurent en effet recours, plus largement qu'ailleurs, au relais des autorités traditionnelles, tout en maintenant leur contrôle sur l'ensemble de la société par une utilisation systématique des facteurs de division entre les groupes.
L'action du colonisateur entraîna cependant un rapide déclin des modes traditionnels de régulation sociale. L'instauration forcée de la paix française remettait en question les fondements de la séculaire distribution des rôles entre tribus et les équilibres entre les ensembles plus vastes auxquels elles se rattachaient. Quelques mesures libérales en faveur des catégories réputées inférieures portaient à terme des risques de désagrégation de la cohésion interne, d'autant que la logique du système colonial ancrait fermement la Mauritanie au Sud. Le territoire était dirigé depuis Saint-Louis du Sénégal, et les autorités françaises recrutaient largement au sein de la population négro-africaine pour étoffer les cadres subalternes et intermédiaires de l'administration coloniale. Si les anciennes structures sociales résistaient formellement, la société mauritanienne expérimentait en fait un bouleversement profond de ses valeurs qui intensifia la tentation du repli protecteur sur elle-même. Cette « dévitalisation », accentuée par un nouvel isolement dû au deuxième conflit mondial, allait dans le sens des intérêts du colonisateur qui n'aura jamais d'autre objectif, en Mauritanie, que stratégique. Jean-Louis Balans

La Mauritanie depuis l'indépendance

Ould Daddah, père de la nation
La transmission de l'État colonial
Depuis l'instauration de la IVe République française en 1946, la Mauritanie, qui était jusque-là associée au Sénégal, peut élire ses propres représentants à l'Assemblée nationale. Les partis politiques se multiplient et, dès 1948, naît l'Union progressiste mauritanienne U.P.M., parti proche de l'administration coloniale et apparenté au Rassemblement pour la France du général de Gaulle ; en 1950, l'Entente mauritanienne section de la S.F.I.O., dirigée par Horma Ould Babana, élu député de Mauritanie à la première Assemblée nationale ; et, en 1955, l'Association de la jeunesse mauritanienne A.J.M., pro-arabe et influencée par le nassérisme. Ces partis représentent surtout les populations beidanes Maures blancs, alors que la création du Bloc démocratique du Gorgol, en 1957, ou l'Union des originaires de la Mauritanie du Sud, en 1958, ont pour but la défense des intérêts des Noirs mauritaniens face à l'importance politique des Maures. Ce foisonnement politique traduit ainsi les frictions et les antagonismes entre Nord et Sud, nomades et sédentaires, Maures et Noirs.
Moktar Ould Daddah appartient à l'U.P.M. dès sa fondation, et participe aux élections de 1951 où son parti remporte la victoire électorale. Il se présente aux élections législatives de mars 1957 et, en mai de la même année, est élu vice-président du Conseil de gouvernement par l'Assemblée territoriale de Mauritanie. En mai 1958, Ould Daddah raffermit son influence politique : avec les plus jeunes membres de son parti, il fonde le Parti du regroupement mauritanien P.R.M. dont il devient le secrétaire général. Ce parti, nationaliste, regroupe notamment les élites formées à l'école française, et représente un courant modéré, militant pour l'indépendance tout en désirant maintenir les liens avec la France. Lors du référendum organisé le 28 septembre 1958, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, le P.R.M. se positionne résolument en faveur de la Communauté française, et l'emporte largement. Des élections législatives se tiennent en juin 1959, au cours desquelles le P.R.M. remporte tous les sièges. Moktar Ould Daddah est nommé Premier ministre et c'est sous son autorité que le pays accède à l'indépendance le 28 septembre 1960, sous le nom de République islamique de Mauritanie.
La Constitution de 1959 prévoit la séparation des pouvoirs entre une Assemblée nationale législative et un gouvernement exécutif dirigé par le Premier ministre. Le multipartisme est affirmé, le gouvernement est responsable devant l'Assemblée, sans avoir le pouvoir de la dissoudre. À la tête de l'État, Ould Daddah a de multiples défis à relever. La structure sociale mauritanienne éclatée entre lignages et familles promptes aux divisions, les rivalités entre classes, entre Beidanes et Négro-Africains, le poids prépondérant des chefferies locales concourent à opposer diverses conceptions du pouvoir. Sur le plan économique, la colonie de Mauritanie a été peu développée par les Français, qui ont pensé à la rattacher au Sénégal, puis à déplacer sa frontière méridionale vers le nord, ou encore à l'inclure dans l'Organisation commune des régions sahariennes qui tenta, de 1957 à 1962, de réunir les parties sahariennes des colonies françaises. Enfin, sur le plan international, la Mauritanie doit faire face aux ambitions du Maroc, qui se sont exprimées dès les années 1950, avec les théories du Grand Maroc englobant Rio de Oro et Mauritanie et portant sa frontière sud jusqu'au fleuve Sénégal. Ainsi, le Maroc ne reconnaît pas la Mauritanie indépendante, et s'oppose, avec l'aide de la Ligue arabe et du groupe de Casablanca, à son adhésion à l'O.N.U. en décembre 1960. La Mauritanie devra attendre jusqu'au 27 octobre 1961 pour y entrer.
Affirmation du pouvoir et difficultés internes
L'année 1961 voit des mutations importantes dans l'organisation politique et l'affermissement du pouvoir de Moktar Ould Daddah. Ce dernier cherche à rendre plus cohérent un régime qui a pour mission de construire un État-nation. Il est donc nécessaire de réduire les dissensions et d'affaiblir les forces centrifuges, notamment celles des chefferies. Rompre avec le modèle français multipartite et parlementaire est aussi une manière d'affirmer la personnalité propre du pays. Une nouvelle Constitution est alors adoptée en mai 1961. De type présidentiel, elle permet au chef de l'État d'être également le chef du gouvernement et de prendre des décisions d'ordre législatif avec l'Assemblée. C'est sur cette base constitutionnelle que Moktar Ould Daddah est élu président de la République le 20 août 1961. Fort de ses pouvoirs renforcés, il lance le processus politique pour le monopartisme. En décembre 1961, le Congrès de l'unité aboutit à la formation d'un nouveau parti, le Parti du peuple mauritanien P.P.M. et, en octobre 1963, la Conférence des cadres du P.P.M. prend la décision de promouvoir le monopartisme. Finalement, la révision constitutionnelle de janvier 1965 fait du P.P.M. un parti unique. La conception unitaire du pouvoir défendue par Moktar Ould Daddah est justifiée par la lutte contre les particularismes, la volonté d'unité nationale et d'efficacité économique pour mettre en œuvre le développement. Cette concentration des pouvoirs ne permet pourtant pas de résoudre les problèmes de l'hétérogénéité culturelle, du racisme latent, des tensions sociales et économiques, et de la course au pouvoir teintée de tribalisme.
L'antagonisme entre les groupes arabo-berbère et négro-africain se révèle de nouveau en janvier 1965, lorsque l'arabe devient, par décret, la langue obligatoire de l'enseignement. Le mécontentement des populations noires qui se sentent marginalisées commence alors à s'exprimer, notamment à l'occasion des élections législatives de mai liste unique du P.P.M.. Francophones plus qu'arabophones, les Négro-Mauritaniens se voient écartés des postes administratifs les plus élevés. Lorsque, en janvier 1966, la loi sur l'arabisation entre en vigueur, des élèves noirs se mettent en grève, soutenus par certains hauts fonctionnaires, pour accuser le régime de vouloir arabiser la Mauritanie. Des heurts violents ont lieu à Nouakchott. Moktar Ould Daddah fait alors preuve d'une grande habileté politique pour désamorcer la crise. Il lance une campagne de communication nationale insistant sur l'unité de la nation et l'intérêt du bilinguisme, et impose deux remaniements ministériels qui écartent ses anciens alliés pro-arabes aux profits de techniciens modérés. Moktar Ould Daddah est réélu président le 7 août 1966. Il fait adopter le bilinguisme, et l'arabe devient, en mars 1968, la seconde langue officielle de la Mauritanie avec le français.
La contestation reprend, cependant, avec l'opposition de gauche, dont l'influence grandit avec la grève de la Société des mines de fer de Mauritanie Miferma en 1968. Moteur du développement et de l'extraversion de l'économie, elle est le symbole des industries d'extraction fer de Zouerate, cuivre d'Akjoujt et de Guelb Moghrein sur lesquelles le régime fonde le décollage et la diversification de l'économie. Mais la Miferma repose sur des capitaux internationaux, en particulier français, la Mauritanie perçoit seulement les royalties issues de l'exploitation du minerai. Ce néo-colonialisme est montré du doigt par une opposition marxiste qui soutient la grève des mineurs. Face à l'élargissement du mouvement, Moktar Ould Daddah réprime durement la grève et contre-attaque avec une série de mesures économiques : en juin 1973, il met en circulation l'ouguiya, la nouvelle monnaie nationale et, en novembre 1974, la Miferma est nationalisée. Dans le même temps, les accords de coopération avec la France sont révisés, et le rapprochement avec les pays du Tiers-Monde, les États non alignés notamment, est accéléré. Ould Daddah garde ainsi son prestige de leader « tiers-mondiste », tandis qu'il attire au pouvoir des membres de l'opposition. En 1975, la contestation, organisée essentiellement autour du Mouvement national démocratique (M.N.D., opposition marxiste), est récupérée par le pouvoir avec l'entrée de la majorité de ce mouvement au sein du P.P.M. Leader charismatique, social et modéré, garant de l'unité et du développement du pays, Moktar Ould Daddah est alors à l'apogée de son pouvoir. Son habileté politique et la longévité de son régime paraissent être les gages de la réussite de la modernisation de la Mauritanie.

Le conflit du Sahara occidental

Néanmoins, les vieilles convoitises territoriales sont à l'origine d'une rapide déstabilisation du pouvoir. Dès 1957, Moktar Ould Daddah évoquait les similitudes culturelles et géographiques avec les territoires sahariens espagnols, et pensait à une fusion de ceux-ci avec la Mauritanie. Mais, par la résolution 1154 du 4 décembre 1960 de l'O.N.U., le Sahara espagnol figure sur la liste des pays colonisés pouvant accéder à l'indépendance. Le 16 décembre 1965, la résolution 2072 demande à l'Espagne de se retirer du territoire et, en décembre 1966, la résolution 2229 des Nations unies appelle cette dernière à organiser un référendum sur le droit à l'autodétermination de la population du territoire. Cependant, le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie dévoilent des intérêts divergents. La création du Front Polisario (Front populaire pour la libération de la Saguia el-Hamra et du Rio de Oro), constitué de militants nationalistes, en mai 1973, et le déclenchement de la lutte armée des Sahraouis contre l'Espagne pour accéder à l'indépendance, n'empêche pas que, en 1974, le Maroc et la Mauritanie signent des accords secrets pour le partage du Sahara occidental. L'O.N.U., de son côté, vote pour un arbitrage par la Cour internationale de justice de La Haye, qui rend son rapport, le 16 octobre 1975, en faveur de l'indépendance du Sahara. Mais le roi Hassan II du Maroc refuse et lance la Marche verte, au cours de laquelle 350 000 Marocains sans armes pénètrent au Sahara occidental. L'Espagne, prise de court, est obligée de négocier. Le 14 novembre 1975, elle signe avec le Maroc et la Mauritanie les accords tripartites de Madrid prévoyant qu'au fur et à mesure du retrait des forces espagnoles, les armées marocaine et mauritanienne prennent le contrôle du territoire sahraoui. Malgré l'opposition de l'Algérie et la proclamation, par le Front Polisario, le 27 février 1976, de la création de la République arabe sahraouie démocratique R.A.S.D., une convention de frontière commune est signée le 14 avril 1976 entre le Maroc et la Mauritanie. En rupture diplomatique avec l'Algérie qui soutient le Front Polisario, Nouakchott doit administrer le sud du Sahara occidental tout en faisant face à la guérilla des Sahraouis. Un commando sahraoui réussit à attaquer Nouakchott en juin 1976, et un autre raid atteint Zouerate en mai 1977, obligeant la Mauritanie à demander la protection des forces marocaines. La stratégie du Polisario consiste à porter des coups aux forces économiques du pays. Il mène des attaques contre les centres d'extraction et le train d'évacuation du minerai de fer afin de ralentir les exportations, tandis que les dépenses militaires de l'État vident rapidement les caisses du Trésor public. La Mauritanie est obligée de demander l'aide des pays arabes, ainsi que l'aide militaire et logistique de la France. Enfin, le 13 mai 1977, la Mauritanie doit signer une convention d'assistance mutuelle de défense avec le Maroc.
Le conflit engendre rapidement le mécontentement des populations face aux difficultés économiques et politiques, aggravées par les épisodes de sécheresse des années 1970. Le pays doit faire appel à l'aide internationale pour combler son déficit alimentaire, il connaît une inflation dépassant 30 p. 100 et voit sa dette extérieure quadrupler, l'obligeant à entamer des négociations pour revenir dans la zone franc. Ce rapprochement avec la France et les États arabes, la présence toujours accrue du Maroc et de ses soldats, y compris sur le territoire même de la Mauritanie, et la rupture avec l'Algérie sont rejetés par les Mauritaniens qui ne comprennent pas cette guerre menée contre les Sahraouis proches culturellement. Certains groupes du nord vont même jusqu'à les soutenir, accentuant les divisions internes. Les jeunes progressistes critiquent les nouvelles alliances, les milieux d'affaires sont effrayés par les difficultés économiques, les militaires désapprouvent la conduite hasardeuse des opérations armées. De plus en plus isolé, le président convoque un congrès extraordinaire du P.P.M. en janvier 1978 pour tenter de reprendre en main la situation, en vain. Le 10 juillet 1978, Moktar Ould Daddah est renversé par un coup d'État dirigé par un Comité militaire de redressement national C.M.R.N..

L'armée au pouvoir

Avec la chute de Moktar Ould Daddah et la mainmise des militaires sur le pouvoir, la Mauritanie entre dans une période d'incertitude et d'instabilité. Les putschs faisant se succéder rapidement les chefs d'État et les pouvoirs autoritaires entraînent des luttes de clans politiques et tribaux, des tensions sociales et ethniques. Malgré une timide tentative de démocratisation sous le gouvernement du colonel Ould Taya 1984-2005, l'armée n'arrive pas à sortir le pays du marasme.
Coups d'État et déséquilibres
Dès son arrivée au pouvoir, le C.M.R.N. suspend la Constitution et dissout le Parlement et le P.P.M. Le colonel Moustafa Ould Mohamed Salek est nommé président. Le nouveau gouvernement, qui rassemble conservateurs et technocrates, affiche sa volonté de mettre fin au conflit du Sahara occidental, de redresser l'économie et de remettre de l'ordre dans l'État.
Très rapidement, le Front Polisario proclame unilatéralement un cessez-le-feu. Mais le nouveau régime militaire ne peut abandonner l'alliance avec le Maroc, dont l'armée est toujours présente sur le territoire, au profit du Front Polisario et de l'Algérie. La « question sahraouie » commence à créer des dissensions au sein de la junte jusqu'à ce que Salek décide de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains. Le statu quo sur le Sahara occidental ne l'empêche pas d'être confronté à des difficultés croissantes, comme l'hostilité de la France face à une situation économique difficile, et l'aggravation des rivalités communautaires. Les Négro-Mauritaniens s'inquiètent de la domination des Maures, et commencent à évoquer la sécession du sud. Le colonel Salek, de plus en plus isolé, est écarté du pouvoir le 6 avril 1979 par un pronunciamiento.
La nouvelle faction militaire, pro-marocaine, transforme le C.M.R.N. en Comité militaire de salut national C.M.S.N., et promeut une nouvelle charte constitutionnelle. L'autorité politique est attribuée au Premier ministre, tout d'abord le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif ancien vice-président du C.M.R.N., puis, à partir du 31 mai 1979, à Mohamed Khouna Ould Haidallah. Le lieutenant-colonel Mohamed Mahmoud Ould Louly devient président en juin.
Le colonel Haidallah, chef de la junte, engage des pourparlers de paix avec le Polisario. La Mauritanie signe, à Alger, des accords de paix « séparée et définitive » avec le Front Polisario, le 5 août 1979. Elle se retire des territoires du sud du Sahara occidental, qui sont immédiatement occupés par le Maroc. Le colonel Ould Haidallah devient président, et concentre tous les pouvoirs entre ses mains le 4 janvier 1980.
Au cours des quatre ans du régime d'Ould Haidallah, la Mauritanie ne connaît pas la stabilité. Bien que les partis ne soient pas officiellement autorisés, ils s'organisent dans une semi-clandestinité. D'un côté, il y a les partisans du Baath ou Baas soutenus par l'Irak, et les nationalistes arabes pro-nassériens (plus influencés par le socialisme ; de l'autre côté, les Forces de libération des Africains de Mauritanie F.L.A.M., créées en 1983 pour contrer l'arabisation et le pouvoir majoritaire des Maures, et le mouvement el-Hor L'Homme libre, composé de Harratines voulant s'affranchir de leurs maîtres. D'autres mouvements qui transcendent les communautés, le M.N.D. ou l'Alliance pour une Mauritanie démocratique A.M.D., prennent également position dans l'opposition. D'autres fractures d'origine ethnique contribuent à la division du pays. Les solidarités régionales et de groupes s'accentuent et se retrouvent au niveau de l'État où elles servent de base aux factions. Cette situation complexe génère de nombreuses tentatives de putsch, dont celle qui est menée le 16 mars 1981 par les colonels Bah Ould Abdel Kader et Ahmed Salem Ould Sidi, soutenus par le Maroc et l'A.M.D. pro-marocaine. En février 1982, ce sont les baassistes pro-irakiens qui tentent un putsch, réprimé lui aussi. Pour contrer cet activisme, l'autoritarisme du pouvoir s'accentue : les libertés publiques sont bafouées, les opposants subissent arrestations arbitraires et tortures.
En février 1984, le président Haidallah reconnaît la R.A.S.D. Un traité de fraternité est signé avec l'Algérie et la Tunisie, et la Mauritanie adhère au groupe des partisans du Polisario. Le régime trouve ainsi des appuis extérieurs, mais rencontre de nouvelles difficultés. Le Maroc, suivi par la Libye, réaffirme son hostilité, et le Sénégal s'inquiète du rapprochement de la Mauritanie avec le Maghreb. Au sein du C.M.S.N., Haidallah est accusé de compromettre la politique d'équilibre à propos du Sahara occidental, alors que le pouvoir est déjà incriminé pour corruption et mauvaise gestion. Le 12 décembre 1984, alors qu'il assiste au onzième sommet franco-africain de Bujumbura, le colonel Haidallah est renversé par son chef d'état-major, le colonel Maaouya Ould Sid Ahmed Taya.

Le colonel Ould Taya ou la démocratie autoritaire

Maaouya Ould Sid Ould Taya appartient aussi au sérail militaire, mais les premières mesures qu'il prend, libération des prisonniers politiques et promesse d'un pouvoir plus ouvert, font bonne impression. La sortie du conflit saharien, la relative détente avec les pays maghrébins lui permettent de rétablir l'économie du pays et de remettre de l'ordre dans l'État. De fait, les deux premières années de son pouvoir se caractérisent par une amorce de démocratisation. Pour la première fois en Mauritanie, des élections municipales sont organisées en 1986, et des réformes libérales permettent de renouer avec les institutions financières internationales. Mais les conflits demeurent entre les arabo-berbères qui concentrent l'essentiel du pouvoir et la communauté négro-mauritanienne. Cette dernière s'est rapprochée des Harratines car, bien que l'esclavage ait été aboli en juillet 1980, les mentalités n'ont guère changé. De plus, les grands épisodes de sécheresse des années 1970 et 1980, ont décimé les troupeaux des nomades. Maures et Harratines dépendants se sont donc réfugiés dans les villes du sud et dans la vallée du fleuve Sénégal, occasionnant des heurts avec les populations noires et des litiges fonciers. Ces tensions se sont aggravées avec la réforme foncière de 1983, qui permet le rachat des terres par les Maures, et la constitution des F.L.A.M. la même année. Elles prennent une nouvelle dimension en 1986, lorsque les F.L.A.M. publient un Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé, accusant le régime d'apartheid. La crise éclate en 1989. En avril, une rixe entre paysans sénégalais et pasteurs peuls mauritaniens dégénère en conflit frontalier. Des émeutes anti-mauritaniennes et anti-sénégalaises éclatent à Dakar et à Nouakchott du 20 au 29 avril. La police et l'armée mauritaniennes répriment toutes les personnes suspectées de sénégalité – les Noirs étant assimilés aux Sénégalais et les Blancs aux Mauritaniens –, causant plusieurs centaines de morts et provoquant la fuite vers le Sénégal et le Mali de plusieurs milliers de Négro-Mauritaniens. En représailles, des centaines de Maures installés au Sénégal sont chassés de ce pays. On dénombre environ 300 000 réfugiés. En août 1989, les relations diplomatiques sont rompues entre Dakar et Nouakchott, tandis que le pouvoir, jouant la carte arabe, lance une vaste répression contre les Négro-Mauritaniens. L'armée, la police et l'administration font l'objet d'une vaste épuration des cadres et des officiers noirs. Cette crise a également d'importantes répercussions économiques puisque les Sénégalais et Négro-Mauritaniens assuraient une grande partie de la production agricole de la vallée du fleuve Sénégal, et le budget de l'État peine à réinsérer les centaines de Mauritaniens réfugiés. Il faut attendre le 2 mai 1992 pour que la frontière soit de nouveau ouverte entre le Sénégal et la Mauritanie, sans toutefois que disparaissent les ressentiments entre communautés.
Néanmoins, en 1991 a lieu une nouvelle ouverture démocratique. Celle-ci trouve, en partie, son origine dans la guerre du Golfe. La Mauritanie qui, au début des hostilités, prend parti pour l'Irak, doit faire face à la fin des aides financières des pays arabes et aux tensions avec les pays producteurs de pétrole. Incapable de respecter ses engagements auprès du F.M.I. et de la Banque mondiale, la Mauritanie voit ses prêts suspendus. Acculée, elle se rapproche des pays occidentaux et de la France. Sous la pression concomitante de l'opinion publique et des pressions françaises, le colonel Ould Taya réengage le processus de démocratisation. Une nouvelle Constitution, qui instaure un régime présidentiel, est adoptée par référendum le 12 juillet 1991 l'article 6 affirme que seul l'arabe est langue officielle. Le 25 juillet, la liberté de la presse est rétablie et le multipartisme autorisé. De nombreux mouvements se créent, malgré une bipolarisation de fait entre le Parti républicain démocrate et social P.R.D.S., soutien du pouvoir, et l'Union des forces démocratiques U.F.D., dirigé par Ahmed Ould Daddah, demi-frère de Moktar Ould Daddah et qui regroupe le M.N.D., El Hor, l'Alliance populaire pour le progrès nassériens, l'Union populaire socialiste et démocratique (nationalistes maures ou encore les baassistes de l'Attaliaa Avant-Garde nationale, pro-irakien. Cette bipolarisation se retrouve lors de l'élection présidentielle du 24 janvier 1992, à l'issue de laquelle Maaouya Ould Taya est élu avec 62,65 p. 100 des suffrages, face à Ahmed Ould Daddah 32,75 p. 100.
L'U.F.D. conteste les résultats en dénonçant une fraude électorale. De fait, le P.R.D.S. bénéficie du soutien et des finances de l'État, des cadeaux sont octroyés aux notables on parle de démocratie Toyota. Face à cette situation, l'opposition appelle au boycott des élections législatives de mars 1992 : le P.R.D.S. obtient une écrasante majorité à l'Assemblée et au Sénat, et se voit accusé de devenir le nouveau parti unique. Néanmoins, le C.M.S.N. est dissous le 18 avril et Sidi Mohamed Ould Boubacar, nommé Premier ministre, engage le pays dans une normalisation apparente. Sur le plan diplomatique, la Mauritanie renoue avec la France visite officielle du président Ould Taya en décembre 1993 et, en retour, celle du président Jacques Chirac à Nouakchott en septembre 1997. La reprise des relations, en 1992, avec le Sénégal permet, par ailleurs, de régler la question négro-mauritanienne. Le pouvoir libère 2 500 prisonniers, et une loi d'amnistie est votée en mai 1993. Les réfugiés sont encouragés à revenir, notamment par des indemnités. Enfin, la Mauritanie renoue avec ses voisins sahéliens, en établissant des liens avec le Mali et le Burkina Faso, rééquilibrant ainsi ses relations entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Réintégrant l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal créé en 1972, elle s'engage avec les autres pays riverains dans l'exploitation du barrage de Manantali. Sur le plan économique, les réformes structurelles entreprises lui permettent de renouer avec le F.M.I. En échange de l'appui de ce dernier et de la Banque mondiale, à travers plusieurs plans d'ajustement structurel, la Mauritanie accepte de dévaluer l'ouguiya.
Cette relative stabilité dure peu. Dès la fin des années 1990, les tensions réapparaissent, notamment sur le plan politique, entre les tentations autoritaires du pouvoir et l'opposition. En octobre 1995, les baassistes d'Attalia sont arrêtés, le mouvement dissous, et l'ambassadeur d'Irak expulsé. En octobre 1996, l'opposition cherche à se structurer face au déroulement des élections législatives et à la nouvelle victoire du P.R.D.S. L'U.F.D. et Action pour le changement A.C., Harratines, créé en 1995, créent un Front uni. Ils décident, pour protester contre la « farce électorale », de boycotter l'élection présidentielle de décembre 1997. Le président Ould Taya est réélu, avec 90 p. 100 des suffrages. La nouvelle dérive autoritaire est dénoncée autant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Le pouvoir mauritanien interrompt la coopération militaire avec Paris – en protestation de l'arrestation, en juillet 1999, en France, du capitaine Ely Ould Dah, inculpé de torture et de mauvais traitements sur les prisonniers politiques – et décide l'instauration d'un visa d'entrée pour les ressortissants français. L'intimidation politique se poursuit en octobre 2000, avec la dissolution de l'U.F.D. et, en janvier 2002, celle de l'A.C., tandis que les baassistes du Parti du renouveau national P.R.N., créé en août 2001 après la dissolution d'Attaliaa sont à nouveau inquiétés et ses dirigeants arrêtés. Le pouvoir est, par ailleurs, de plus en plus clanique, regroupant autour du chef de l'État la majorité de ses réseaux lignagers, au détriment des autres composantes ethniques. Le mécontentement monte, d'autant qu'après la rupture avec l'Irak, en 1995, le pouvoir s'aligne sur la politique américaine, et que les tensions resurgissent avec le Sénégal. C'est dans ce contexte que l'opposition, désabusée, assiste à la nouvelle victoire du P.R.D.S. aux élections législatives du 26 octobre 2001.
Cette situation est, sans doute, à l'origine de la tentative de coup d'État du 8 juin 2003, fomentée par des proches des courants nationalistes arabes ou nassériens. Mais elle s'inscrit également dans la lutte des clans familiaux et des rivalités régionales, la majorité des acteurs de ce putsch, conduits par Mohamed Ould Cheikhna, étant des Maures originaires de l'Est, alors que le président Ould Taya et son entourage sont issus de la province d'Atâr dans le centre-nord. Ce putsch est déjoué le 9 juin, après de violents combats. Deux cents militaires sont arrêtés, mais sept d'entre eux réussissent à s'échapper, dont le commandant Saleh Ould Hanana, qui fonde avec Mohamed Ould Cheikhna un mouvement d'opposition armé, les « Cavaliers du changement », qui appelle ouvertement, dès septembre 2003, à un soulèvement de l'armée contre le régime d'Ould Taya. C'est donc dans un climat de tension extrême que se déroule l'élection présidentielle de novembre 2003. L'opposition ne la boycotte cependant pas, et Ahmed Ould Daddah se présente à nouveau contre Ould Taya, sous le sigle du Rassemblement des forces démocratiques (R.F.D., créé en juillet 2001 après la dissolution de l'U.F.D.). D'autres candidats indépendants ou de l'opposition se présentent également, tels Mohamed Khouna Ould Haidalla ou Messaoud Ould Belkheir. Le président sortant remporte l'élection dès le premier tour avec 67 p. 100 des voix, Ould Haidalla, arrivé deuxième, n'en obtient que 18,73 p. 100. Ce dernier avait été arrêté avant le scrutin, puis libéré pour voter et arrêté de nouveau le lendemain des élections. Cette affaire renforce les accusations multiples de fraudes et la réclamation, par l'opposition, de l'annulation des élections. Dans ce contexte ont lieu de nombreuses tentatives de coup d'État et les procès se succèdent.
Finalement, le 3 août 2005, alors que Maaouya Ould Taya assiste aux obsèques du roi Fahd à Riyad, un groupe d'officiers mené par le colonel Ely Ould Mohamed Vall prend, sans violence, le pouvoir à Nouakchott.

Vers la démocratisation

Ould Vall, le putschiste tranquille
Le nouvel homme fort de la Mauritanie, Ely Ould Mohamed Vall, avait participé au coup d'État de 1984, il était membre du Comité militaire de redressement national, directeur de la Sûreté nationale depuis 1985, et il organisait un putsch avec des soldats issus pour la plupart de la garde présidentielle. Il n'apparaît donc pas, a priori, comme le meilleur garant du changement. Pourtant, des manifestations spontanées de joie rassemblant des centaines de personnes à Nouakchott accompagnent sa prise de pouvoir. En outre, la nouvelle junte annonce le jour même du putsch qu'elle s'engage à créer les conditions favorables d'un jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société civile et les acteurs politiques auraient à se prononcer librement et qu'elle n'entend pas exercer le pouvoir au-delà d'une période de deux ans, jugée indispensable pour la préparation et la mise en place de véritables institutions démocratiques. Cependant, la méfiance persiste et la communauté internationale condamne avec vigueur et unanimité ce nouveau régime établi par la force. Face aux nombreuses critiques, le nouveau Conseil militaire pour la justice et la démocratie C.M.J.D. tente de rassurer. Il annonce l'organisation d'un référendum pour adopter une nouvelle Constitution devant mettre en place un mandat présidentiel renouvelable une seule fois, et des mécanismes juridiques pour empêcher les futurs présidents de changer la Loi fondamentale. Les militaires du C.M.J.D. précisent aussi qu'ils ne pourront être candidats aux futures élections, tout en prenant contact avec les partis politiques, la société civile, la presse, les syndicats. Le colonel Vall n'instaure pas de couvre-feu, il reçoit dès le 5 août les ambassadeurs des États-Unis et d'Israël pour leur assurer qu'il ne changera pas l'alignement international de la Mauritanie, et il envoie des messages positifs au Sénégal et au Maroc. Afin de garantir la transparence des élections prévues municipales, législatives et présidentielle, une Commission électorale nationale et indépendante est créée, composée de quinze membres, tous nommés en concertation avec l'ensemble des partis et des organisations de la société civile. La parole se libère aussi sur les ondes de la télévision nationale, et les radios étrangères peuvent à nouveau être écoutées.
Finalement, le 25 juin 2006, soit moins d'un an après le putsch militaire, les Mauritaniens approuvent, à 97 p. 100, la nouvelle Constitution. Le colonel Ould Vall rappelle son engagement de remettre le pouvoir aux civils à l'issue de l'élection présidentielle prévue en 2007 et gagne son surnom de putschiste tranquille.
La transition démocratique
Le 3 décembre 2006, la population mauritanienne est de nouveau appelée aux urnes pour les élections législatives. L'ancienne opposition fait une entrée en force à l'Assemblée, avec 41 sièges (dont 4 pour les islamistes sur 95, alors que le P.R.D.S. ne remporte que sept sièges. Pour la première fois, les campagnes des candidats axées sur des programmes tribalistes, ou tentant de jouer la carte de l'opposition Maures - Négro-Mauritaniens n'ont pas mobilisé. De plus, des personnalités influentes ont été battues, alors que certains élus sont issus des classes pauvres ou laborieuses. Des femmes ont même été élues, grâce à l'instauration d'un quota par la junte militaire.
Enfin, le 25 mars 2007, en avance sur le calendrier annoncé par les militaires se tient le second tour de l'élection présidentielle. Un candidat indépendant, ancien ministre de l'Hydraulique puis des Pêches sous le régime de Ould Taya tombé en disgrâce et exilé au Niger, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, se présente contre Ahmed Ould Daddah. À l'issue de la consultation, qualifiée d'honnête par les observateurs internationaux, Sidi Ould Cheikh Abdallahi l'emporte avec près de 53 p. 100 des suffrages. Le nouveau président, le premier à être démocratiquement élu, n'a jamais adhéré à un parti et s'est présenté comme un candidat du rassemblement. Sa victoire a été assurée par le ralliement, entre les deux tours, de Messaoud Ould Boulkheir, candidat des Harratines.
Pierre Boilley

Toutefois, dix-huit mois plus tard, le président Abdallahi est renversé par des militaires. La junte au pouvoir, présidée par Mohamed Ould Abdel Aziz , installe alors un gouvernement civil de transition et annonce l’organisation d’une élection présidentielle. Des négociations sont engagées entre les parties, sous l’égide du Sénégal et de l’Union africaine ; elles aboutissent à la signature, le 4 juin 2009, de l’accord de Dakar qui prévoit l’organisation d’un scrutin présidentiel pluraliste. Tenu le 18 juin 2009, celui-ci voit la victoire dès le premier tour d’Abdel Aziz. Les priorités du nouveau gouvernement sont la relance du développement économique après plus d’un an sans aide internationale, le combat contre le terrorisme d’Al-Qaida au Maghreb islamique qui sévit dans le pays et la lutte contre l’insécurité alimentaire.






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#62 Paul-Emile Victor
Loriane Posté le : 27/06/2015 23:19
Le 28 juin 1907 à Genève naît Paul Eugène Victor

dit Paul-Émile Victor, mort, à 87 ans le 7 mars 1995 à Bora-Bora en Polynésie française, explorateur polaire, militaire scientifique, ethnologue, écrivain français, fondateur et patron des expéditions polaires françaises durant 29 ans. Il est fait gloire du sport, satrape du collège de pataphysique, il est élevé au grade de grand-croix de la la légion d'honneur.
Explorateur et ethnologue français Genève 1907-Bora Bora 1995.
Dès sa jeunesse, il rêve d'aventures et d'explorations. Après son baccalauréat, en 1925, il entre à l'École centrale de Lyon, qu'il quitte sans passer le diplôme, puis est admis à l'École nationale de la marine marchande et effectue son service militaire dans la marine. En 1931, il obtient un brevet de pilote d'avion. En 1933, il est diplômé de l'Institut d'ethnologie du Musée de l'homme où il a suivi les cours de Marcel Mauss. Après une rencontre avec Jean Charcot, il organise l'année suivante sa première expédition polaire. Il séjourne d'avril 1934 à septembre 1935 chez les Esquimaux d'Angmagssalik, sur la côte est du Groenland, traverse l'inlandsis groenlandais en 1936, hiverne de nouveau à Angmagssalik 1936-1937 et, en 1938 et en 1939, voyage en Laponie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entraîne les troupes américaines en Arctique et organise les sections de sauvetage de l'Alaska. En 1947, il crée les Expéditions polaires françaises Missions Paul-Émile Victor, qu'il dirige jusqu'en 1976, conduisant de nombreuses expéditions au Groenland et en terre Adélie. À partir de 1962, il organise aussi de multiples activités pour la défense de l'homme et de l'environnement. Il prend sa retraite en Polynésie française. Il a écrit une quarantaine d'ouvrages racontant ses expéditions et la vie des Esquimaux : Boréal, 1938 ; Banquise, 1939 ; la Grande Faim, 1953 ; Eskimos, nomades des glaces, 1972 ; Chiens de traîneaux, 1974 ; la Vie des Eskimos, 1975 ; À l'assaut du pôle Nord, 1976 ; Blizzards, aventures par − 50°, 1982 ; etc. → Institut polaire français Paul-Émile Victor.

En bref

Rien de ce qui est polaire n'est resté inconnu à l'explorateur français Paul-Émile Victor : à l'étude ethnographique des Inuit, qu'il a menée avant la Seconde Guerre mondiale, succède l'étude géophysique du milieu polaire, et en particulier des inlandsis groenlandais et antarctique. Pour mener à bien ces travaux, il crée, en 1947, avec le soutien du gouvernement français, les Expéditions polaires françaises, structure qui permet d'assurer la logistique et le financement des missions de recherche scientifique dans ces zones hostiles. Toujours à l'intersection de la science, de l'exploration et de la transmission culturelle, Paul-Émile Victor a su, par son talent et un travail incessant de vulgarisation, intéresser l'opinion publique française aux régions polaires, à leur importance dans l'explication des phénomènes géophysiques globaux, à leurs habitants, aux expéditions dans ces zones et à leur histoire. Il a fait rêver plusieurs générations tout en faisant de sa vie une œuvre.
Né le 28 juin 1907 à Genève, Paul-Émile Victor est issu d'une famille d'origine juive d'Europe centrale. Il grandit à Saint-Claude Jura, où son père possède et dirige une fabrique de pipes. Durant la Première Guerre mondiale, l'arrestation de son père pour prétendu trafic avec l'ennemi marque le jeune Victor : elle ancre en lui une haine viscérale de la guerre et du nationalisme européen, ce pacifisme se doublant d'un refoulement de ses origines. En 1919, la famille Victor s'installe à Lons-le-Saunier. Une éducation protectrice et puritaine favorise chez l'adolescent une tendance à la solitude rêveuse : il aime à se retirer dans sa mansarde sous les toits, pour y lire des romans d'aventures, y rêver de voyages en Polynésie ou en Arctique, y dessiner ou y écrire des poésies. Mais il aime aussi la vie en groupe et en plein air : Tigre souriant chez les Éclaireurs de France, il conservera toute sa vie une passion pour le scoutisme, un des éléments de sa vocation d'explorateur. La Mansarde. Vents du nord, vents du sud 1981 est, à soixante ans de distance, le récit autobiographique de ces années d'enfance et de formation.
Vocation ? Une dialectique entre désir de partir et devenir naturel de petit-bourgeois destiné à reprendre l'entreprise paternelle est à l'œuvre chez le jeune homme. Il intègre en 1925 l'École centrale de Lyon, qu'il quitte en 1928 pour s'engager dans la marine marchande. Désillusion : la réalité de cette dernière est loin des romans de Conrad, de même que le service militaire, qu'il effectue dans la Royale en 1929-1930, ne lui permet pas de voir du pays. Intégrant l'usine paternelle, Victor devient, entre 1930 et 1933, le fils Victor, successeur de son père, statut d'industriel qu'il refuse, reprenant ses études en septembre 1933.
Que faire pour partir, mais de manière constructive, pour réussir peut-être, tout en ne suivant pas les traces de son père ? De l'ethnologie. Dans la France coloniale de l'entre-deux-guerres, la science des attirantes sociétés primitives s'épanouit comme discipline autonome et humaniste. Les différentes missions ethnographiques des élèves de Marcel Mauss et de Paul Rivet couvrent le monde entier : Dakar-Djibouti 1931-1933 avec Marcel Griaule, le Brésil 1934-1939 avec Claude Lévi-Strauss, le Mexique 1932-1940 avec Jacques Soustelle.... Toutes ces expéditions alimentent en articles les revues et en objets le musée d'ethnographie du Trocadéro, à Paris, fondé en 1878 et qui deviendra le Musée de l'homme en 1937. Victor suit cette voie : mais où partir ?
La rencontre avec l'explorateur Jean-Baptiste Charcot au début de 1934 est déterminante : il partira au Groenland, pour y étudier les Ammassalimiut, une population eskimo on ne disait pas encore inuit isolée sur la côte est et alors encore relativement méconnue. Le Pourquoi-pas ? du commandant Charcot dépose à Ammassalik, en août 1934, pour une durée d'un an, les quatre du Groenland : Paul-Émile Victor, chef de mission et ethnographe, Robert Gessain, anthropologue, Michel Perez, géologue et Fred Matter, cinéaste. P.E.V. comme on le surnomme, bon dessinateur et doué pour les langues, suit le programme et la méthode de Mauss : être curieux de tout, tout noter, tout dessiner et tout photographier, afin de comprendre tous les aspects de la société analysée, de la vie matérielle techniques du corps, habitat, alimentation à la vie spirituelle légendes, contes, chamanisme, en passant par les techniques de transport et de chasse. Au-delà de l'enquête et des objets rapportés, Victor est fasciné par la civilisation du phoque qu'ont constituée ces nomades et par leur faculté d'être heureux en satisfaisant un petit nombre de besoins essentiels. Au cours de ce premier hivernage, une véritable vocation polaire naît chez lui, se substituant au simple désir de fuir l'Europe en voyageant.
De retour en France en septembre 1935, P.E.V. ne songe qu'à repartir. Son idée : traverser la calotte glaciaire du Groenland en traîneaux à chiens. C'est la TransGroenland, qu'il réalise l'année suivante, d'ouest en est, avec Gessain, Perez et l'archéologue danois Eigil Knuth, sur les traces du Norvégien Fridtjof Nansen, du Groenlandais Knud Rasmussen ou de l'Allemand Alfred Wegener. Sous l'ethnographe perce l'explorateur : cet exploit sportif – 45 jours de lutte acharnée contre les blizzards et les glaces de calotte du Groenland – est aussi le prélude à l'exploration scientifique du Groenland qu'il organisera après la Seconde Guerre mondiale. Au terme de cette traversée, Victor hiverne une deuxième fois, avec une famille inuit, à Kangerlugssuatsiak, à 200 kilomètres au nord d'Ammassalik. Pendant un an, il vit « comme un Eskimo parmi les Eskimo, chassant et explorant l'arrière-pays, complétant surtout ses enquêtes ethnographiques. Pour lui, l'ethnographie doit être participante et même amoureuse il aura une liaison avec une jeune Inuit : pour étudier les Ammassalimiut, il faut vivre avec et comme eux, utiliser leurs techniques, conduire le traîneau ou le kayak, s'assimiler au groupe afin de devenir invisible.
De retour en France en octobre 1937, il mène de front cursus ethnographique et carrière d'explorateur : conférences, articles pour le grand public, publication de son journal d'expédition Boréal, 1938 ; Banquise, 1939, introduction des techniques inuit en France raid transalpin en traîneaux à chiens, 1938, étude ethnographique en Laponie 1939. Sur le plan tant scientifique que médiatique, c'est donc une prometteuse carrière d'ethnographe-explorateur, qu'interrompent la guerre et la mobilisation.
Agent de renseignement et officier de liaison avec la Finlande en guerre contre l'Union soviétique, c'est de Stockholm que P.E.V. assiste à la débâcle de l'armée française en juin 1940. Son pacifisme humaniste, ses origines juives, le désir de poursuivre sa carrière : tout pousse Victor à faire, lors de son retour en France en octobre 1940, le choix de l'émigration. L'Instruction publique le charge de poursuivre ses recherches ethnographiques et d'étudier les mouvements de jeunesse aux États-Unis. Après avoir passé deux mois au Maroc et six en Martinique, il arrive à New York en juillet 1941 et s'engage en 1942 dans l'U.S. Air Force. Ses compétences polaires y font merveille à partir de 1943 : il rédige des manuels polaires, devient instructeur polaire, puis conseiller arctique pour la création, la formation et l'entraînement de trois escadrilles de recherche et de sauvetage aux avions en difficulté. De retour en France en décembre 1944, P.E.V. vit entre la France et les États-Unis. Sa démobilisation est suivie de près par son mariage, en 1946, avec Éliane Decrais – Éliane Victor fera carrière à la télévision –, dont il aura trois enfants.

Sa vie

Paul-Émile Victor naît le 28 juin 1907 à Genève en Suisse. Il est fils d'Éric et Laure Victor, issus d'un milieu aisé d'origine juive de Bohême. Sa sœur Lily naît le 30 novembre 1908.
Il passe une partie de son enfance à Saint-Claude dans le Haut-Jura où son père possède une usine de pipes, l'usine Victor.
1919 : Ses parents déménagent à Lons-le-Saunier, toujours dans le Jura, où son père crée une nouvelle usine de pipes la fabrication de stylos viendra s'y ajouter plus tard.
Très jeune, Paul-Émile se réfugie dans le grenier, loué avec l'appartement de la Villa Bernard, propriété de la famille Bernard-Genin où il se plonge dans une collection de livres et de revues, d'affiches et de récits d'aventures, d'exploration et d'ethnologie, qui éveillent en lui des rêves et la passion des voyages polaires et polynésiens. Il entre alors aux Éclaireurs de France dont il sera responsable local et avec qui il gardera des liens jusque vers 1964.
1925 : il obtient un baccalauréat math-philo puis poursuit une formation d’ingénieur à l'École centrale de Lyon qu'il quitte en fin de troisième année sans diplôme, pour passer et réussir le concours d'entrée de l'École nationale de navigation maritime de Marseille où il entre en tant qu'élève officier, puis il fait son service militaire comme aspirant dans la Marine nationale. Ces deux expériences le déçoivent de la Marine dont il se faisait une idée plus poétique.
1931 : il obtient un brevet de pilote d'avion.
1932 et 1933 : Il est employé aux établissements Victor mais rapidement, son désir d'aller explorer les îles polynésiennes l'en détourne.
1933 : à 26 ans, il est licencié ès lettres et licencié ès sciences de l'Institut d'ethnographie du Trocadéro de Paris

Premières expéditions au Groenland 1934-1939

Matériel d'exploration de PEV au Centre polaire Paul-Émile-Victor de Prémanon dans le Jura
1934 : à la suite d'une rencontre décisive avec le célèbre et très médiatique commandant et explorateur polaire français Jean-Baptiste Charcot, il organise sa première expédition polaire avec le Musée d'Ethnographie du Trocadéro de Paris et le directeur de ce musée, Paul Rivet avec qui il s'embarque sur le Pourquoi-Pas ? du célèbre commandant. Il se fait débarquer avec trois compagnons, l'anthropologue Robert Gessain, le géologue Michel Perez et le cinéaste Fred Matter sur la côte est du Groenland pour sa première expédition polaire chez les Eskimos inuits de la ville d'Ammassalik. Au cours de cette première année passée avec les inuits, il apprendra à parler couramment leur langage.
1935 : à son retour en France, fort de son aura et de son sens de la communication exceptionnels, il acquiert du succès et de la notoriété médiatique grâce à de nombreuses conférences et articles dans des revues diverses sur ses aventures.
1936 : Il réalise l'exploit de traverser le Groenland en traîneaux à chiens, d'ouest en est, avec ses compagnons Robert Gessain, Michel Perez et le Danois Eigil Knuth. Arrivé à l'est, il reste quatorze mois seul à Kangerlussuatsiaq au sein d'une famille Inuits « comme un eskimo parmi les eskimo ». Aventure durant laquelle il a une liaison avec Doumidia, une jeune inuit.
Les populations Inuits sont restées peu connues avant les récits des premiers explorateurs
À son retour en France, il rencontre un nouveau grand succès médiatique et scientifique grâce à ses nombreuses conférences et articles de presse et de revue diverses et publie pour le Musée de l'Homme les résultats de son étude ethnologique et ses nombreuses notes et dessins sur la culture traditionnelle groenlandaise entièrement organisée autour du phoque.
1938 : avec Michel Perez et le commandant Flotard armée des Alpes, il effectue un raid transalpin Nice / Chamonix en traîneaux à chiens pour démontrer, avec succès, que les techniques polaires peuvent pallier les problèmes de transport d'hommes et de matériel en cas d'hiver rigoureux.
1939 : il réalise une étude ethnologique en Laponie norvégienne, finlandaise, suédoise avec les docteurs Michel Latarjet et Raymond Latarjet.

Un nouvel élan : la création des Expéditions polaires françaises

Marquant la fin de sa période ethnographique, la guerre est un tournant majeur dans la vie de P.E.V. Le progrès des techniques polaires permet désormais de continuer par d'autres voies l'exploration d'un Groenland que la guerre froide et le développement des lignes aériennes rendent stratégique et dont la calotte glaciaire est encore assez largement méconnue : on ne sait alors pas grand-chose de sa physiologie, de sa dynamique ou de sa météorologie. Pour réaliser ce programme, l'ingénieur P.E.V. a une idée logistique innovante : l'emploi de véhicules chenillés ravitaillés par les airs et suffisamment robustes pour transporter les instruments nécessaires. Toutefois, obtenir le financement d'une telle expédition dans la France de l'immédiat après-guerre est une gageure. De nombreuses démarches et une habile campagne de presse ne suffisent pas, et c'est l'adjonction – dans un contexte de ruée internationale sur l'Antarctique – d'une expédition scientifique visant à réaffirmer la souveraineté de la France sur la terre Adélie qui permet à Victor d'emporter la décision du gouvernement : le 28 février 1947 sont créées les Expéditions polaires françaises missions Paul-Émile Victor.
1948-1953, c'est la période héroïque : tout en supervisant les expéditions antarctiques, P.E.V. est surtout actif au Groenland. Coordonnant les groupes de véhicules qui traversent l'inlandsis, planifiant le support aérien, effectuant les calculs logistiques et financiers, prenant les décisions importantes, il permet par son action, en bon « soutier » de la recherche polaire, aux sismiciens et aux gravimétristes de mesurer l'épaisseur des glaces, aux glaciologues d'étudier les mouvements de celles-ci, aux météorologues d'effectuer leurs mesures. Mobilisateur d'énergies, il réussit à regrouper autour du projet E.P.F. les autorités françaises, de grands scientifiques, des spécialistes polaires, des techniciens, l'armée et la marine, la presse et l'opinion publique. Organisateur, il fait les démarches pour obtenir de l'argent, nerf des expéditions, recrute le personnel, supervise l'achat du matériel. Communicateur, ses talents d'orateur ou de vulgarisateur, son goût pour la représentation font de lui à la fois le héros et le héraut médiatique idéal. Entrepreneur d'expéditions autant qu'explorateur, il est le chef d'une équipe compétente : Robert Guillard, le spécialiste des pôles, Gaston Rouillon, l'organisateur, et Jean Vaugelade, l'administrateur.
À partir de 1954-1955, les expéditions polaires s'internationalisent. Au nord, l'Expédition glaciologique internationale au Groenland E.G.I.G. – pendant polaire de la construction européenne – regroupe, sous la direction logistique de P.E.V. et des E.P.F., des scientifiques européens dans la poursuite de l'étude géophysique de l'inlandsis groenlandais. Les principales campagnes de l'E.G.I.G. ont lieu en 1959-1960, puis en 1967 – 1968. Au sud, l'Année géophysique internationale A.G.I. de 1957-1958 –durant laquelle Victor est le président du sous-comité antarctique français – marque le début d'une étude scientifique coordonnée de l'Antarctique. L'A.G.I., au cours de laquelle P.E.V. se rend pour la première fois en terre Adélie, trouve un prolongement politique dans le traité de l'Antarctique de 1959 qui réserve le continent blanc à la recherche scientifique. Usant de son influence, P.E.V. obtient la pérennisation des expéditions antarctiques françaises et des E.P.F., pôle technico-logistique d'un système antarctique français dont le Comité national français des recherches antarctiques C.N.F.R.A. est le pôle scientifique, et les Terres australes et antarctiques françaises T.A.A.F. le pôle politico-administratif.

Pilote de l'US Air Force 1941-1946

1939 : lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans la marine française basée à Stockholm en Suède, il est à la fois officier de renseignement et officier de liaison avec la Finlande alliée jusqu'à l'armistice de 1940. Il quitte la France à l'automne 1940 et séjourne au Maroc puis en Martinique dans le cadre de missions ethnologiques, et arrive aux États-Unis en juillet 1941.
1942 : il s'engage dans l'US Air Force aux États-Unis comme lieutenant-instructeur, pilote et parachutiste. Il devient par la suite commandant d'une des escadrilles recherche et sauvetage de pilotes perdus en milieu polaire pour l'Alaska, le Canada et le Groenland et obtient à ce titre la double nationalité française et américaine.
1946 : il est démobilisé en juillet et se marie le 30 juillet, avec Éliane Decrais dont il a un premier fils le 30 mai 1947, Jean-Christophe, puis les jumeaux Stéphane et Daphné le 6 novembre 1952.

Chef des Expéditions polaires françaises 1947-1976

1947 : le 28 février, après 13 ans d'exploration et d'ethnologie, Paul-Émile Victor s'oriente dans la direction des expéditions scientifiques en créant les Expéditions Polaires Françaises - EPF - Missions Paul-Émile Victor grâce à son fantastique charisme, à son don pour les relations publiques et avec l'appui entre autres des médias, du gouvernement et du député et ministre André Philip.
1947 à 1976 : Paul-Émile Victor dirige les Expéditions polaires françaises. Au cours de ces 29 ans, 150 expéditions sont menées, dix-sept d'entre elles qu'il vit et dirige personnellement en terre Adélie en Antarctique et quatorze au Groenland en Arctique avec, entre autres, comme caméraman Samivel.
Il est également chef de l'Expédition glaciologique internationale au Groenland EGIG, président du Scientific Committee on Antarctic Research SCAR, président du Comité antarctique français pour l'Année géophysique internationale AGI.
1956 : premier voyage de Paul-Émile Victor en terre Adélie et installation, 3 ans plus tard, de la base antarctique Dumont d'Urville et de la base Charcot 320 km vers l'intérieur du continent Antarctique. Pour progresser sur les zones glaciaires il fait fabriquer par l'intermédiaire de la Someto des chenilles spéciales dessinées par M. Cousin.
1962 : à partir de cette date, il organise de multiples activités sur la défense de l'homme et de son environnement et devient en 1968 délégué général de la Fondation pour la Sauvegarde de la Nature, créée par Louis Armand.
1965 : le 1er mars, il épouse en secondes noces Colette Faure, une hôtesse de l'air qui vit dans une péniche voisine de la sienne, amarrée sur la Seine à Paris, dont il a un fils : Teva3, né le 30 septembre 1971.
1974 : il crée le « Groupe Paul-Émile Victor pour la défense de l'homme et de son environnement avec notamment, Jacqueline Auriol, Alain Bombard, Jacques-Yves Cousteau, Haroun Tazieff, les professeurs Louis Leprince-Ringuet et Jacques Debat, groupe dont les travaux fourniront la matière de son livre Jusqu'au cou... et comment s'en sortir publié en 1979 chez Nathan, où il aborde ce que l'on appelle aujourd'hui le Développement durable dans une perspective globale et pratique.
1976 : à 69 ans, il prend sa retraite et transmet la direction des EPF à ses compagnons, notamment Gaston Rouillon, et devient membre du Conseil consultatif des TAAF Terres australes et antarctiques françaises.

Une vie après les pôles

Au début des années 1960, la vie personnelle de P.E.V., qui se remarie en 1965 avec Colette Faure, se réorganise. Bien qu'il ne dirige plus d'expéditions sur le terrain, il reste très actif dans le domaine polaire : direction des E.P.F., poursuite de l'E.G.I.G., séjours fréquents en terre Adélie – où les recherches scientifiques s'intensifient dans la base Dumont d'Urville rénovée –, publication de nombreux ouvrages autobiographiques et de vulgarisation. P.E.V. investit dans l'écologie la légitimité scientifique et la notoriété qu'il a acquises dans le domaine polaire. Devenant un des pionniers de sa diffusion en France, Victor conçoit l'écologie comme une science au service de l'homme. Homme d'action, son engagement est avant tout pratique : travaux de la Commission des loisirs et des sports de plein air, campagnes d'information sur l'eau ou les forêts par le Groupe Paul-Émile Victor pour la défense de l'homme et de son environnement, créé en 1974 avec notamment Alain Bombard, Jacques-Yves Cousteau, Haroun Tazieff, Louis Leprince-Ringuet.
C'est en vieux sage que P.E.V. termine sa vie en polynésie, à Bora Bora, où il s'installe en 1976. Dessinant et peignant beaucoup, écrivant toujours, il n'est pas retiré du monde. La redécouverte de ses notes ethnographiques prises de 1934 à 1937, et leur publication sous le titre La Civilisation du phoque publié en 1989 lui apportent la reconnaissance scientifique attendue depuis si longtemps. Couvert d'honneurs, P.E.V. meurt en mars 1995 à Bora Bora. En 2000, l'Institut français pour la recherche et les technologies polaires, successeur logistique des E.P.F. depuis 1992, devient l'Institut polaire français Paul-Émile Victor, hommage mérité à l'homme dont l'action a permis l'institutionnalisation de la recherche scientifique française dans les régions polaires. Thierry Fournier

Retraite en polynésie 1976-1995

Bora Bora où demeure Paul-Émile Victor de 1977 à sa mort
1977 : à 70 ans, il réalise son second rêve d'adolescent avec sa femme Colette et leur fils, ils s'installent sur leur motu vierge en Polynésie française, le Motu Tane l'île de l'homme en langue tahitienne où il passe sa retraite à rédiger ses mémoires, des articles... tout en jouant encore à l'occasion de son énorme aura médiatique dans des causes diverses et en recevant le gotha scientifique planétaire de passage dans son île paradisiaque.
1987 : pour fêter ses 80 ans, il retourne en février en terre Adélie accompagné de quatre adolescents puis en avril-mai au pôle Nord avec l'expédition polaire en ULM de Hubert de Chevigny et Nicolas Hulot. Les quatre adolescents étaient son fils de 15 ans et trois étudiants français qui ont gagné un concours organisé par les Explorations polaires françaises et le journal Science et Vie. Philippe Castellant, 11 ans a gagné le premier prix. Les autres étaient Thomas Justin, 16 ans et Stéphanie Chiron, 15 ans. source: La Depêche du Midi 27-2-1987 et The Mercury, Hobart, l'Australie 5-2-1987
1988 : il est frappé par un accident vasculaire cérébral sur son île qui le paralyse à moitié, mais dont il récupère en grande partie.
1989 : création par son ami jurassien Pierre Marc et inauguration du musée polaire Paul-Émile-Victor à Prémanon, près des Rousses à 30 km de Saint-Claude dans le Jura franc-comtois de son enfance où il effectue de nombreux séjours lorsqu'il est en France. Ce musée devient en 1998 le Centre polaire Paul-Émile-Victor .
1995 : le 7 mars, il disparaît sur son île de Bora-Bora à l'âge de 87 ans et, selon ses dernières volontés, est immergé en haute mer avec les hommages de la Marine nationale à bord du bâtiment de transport léger de classe Champlain Dumont d'Urville.
Paul-Émile Victor est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages scientifiques, techniques, de vulgarisation et d'aventures, et de très nombreuses revues et articles. Il obtient le prix de l'Académie française en 1973 pour l'ensemble de son œuvre littéraire, la grand-croix de la Légion d'honneur et le titre de Satrape du Collège de 'Pataphysique.

Musée

Centre polaire Paul-Émile-Victor de Prémanon, un des quatre villages de la station des Rousses, dans le département du Jura.

Citations

Ce n'est pas ce que nous sommes qui nous empêche de réaliser nos rêves ; c'est ce que nous croyons que nous ne sommes pas.
-L’aventure est un état d’esprit. Elle se trouve dans le cœur de l’homme. L’aventure, c’est être capable de refuser son destin, être prêt à partir à tout moment, concevoir encore et toujours de nouveaux projets, ne pas être assis, c’est en un mot vivre sa vie et la construire.
-Parmi mes semblables, je me croyais un autre. Parmi les Eskimos, je me sentais l'un des leurs. [...] J'avais appris à être un homme. J'étais devenu un homme.
-La nostalgie, c'est quelque chose qui vous grignote, qui vous amoindrit, c'est quelque chose qui est basé sur le passé, on vit pas dans le passé et les gens qui vivent dans le passé comme je dis sont des vieux. On vit demain, après demain, ou pour dans 50 ans, moi je vis pour dans 500 ans.
-Il y a une chose dont je suis absolument certain, c'est que si on se prend au sérieux, on ne peut pas faire de travail sérieux. Pour faire du travail sérieux, il ne faut pas se prendre au sérieux, car c'est le seul moyen d'avoir la possibilité de faire une auto-critique. Et si on se prend au sérieux, on ne fait pas d'auto-critique.
-Les vieux aventuriers ne meurent pas, ils disparaissent, ils s'évanouissent...
-La seule chose promise d'avance à l'échec, c'est celle que l'on ne tente pas.
-Nous n'avions pour eux aucune haine. Ils faisaient métier de loups comme nous faisions métier d'hommes. Ils étaient créatures de Dieu. Comme nous. Ils étaient nés prédateurs. Comme l'homme. Mais ils étaient restés prédateurs, alors que l'homme était devenu destructeur.

Œuvres écrites par Paul-Émile Victor

1938 : Boréal - récit - Grasset
1939 : Banquise - récit - Grasset
1939 : Jeux de ficelle chez les lapons nord occidentaux, Stockholm - publication scientifique, ethnographie
1940 : Jeux de ficelle des eskimos d'Angmagssalik, Copenhague - publication scientifique, ethnographie
1941 : La Poterie pré-caraïbe à la Martinique - publication scientifique, ethnographie
1942 : Polar survivol, US Air Force - publication technique
1942 : Polar technics, US Air Force - publication technique
1948 : Coutumes et techniques de la piste blanche - ethnographie
1948 : Apoutsiak, le petit flocon de neige - album pour enfants - Flammarion
1949 : Techniques; chasse, piégeages, pêche, pour survivre dans les régions polaires
1949 : Aventure esquimau
1951 : Poèmes esquimau - Seghers
1951 : Groenland - Arthaud
1953 : La Grande faim - Julliard - récit ethnographique
1953 : Glaciology of the Groenland ice-cap, Georgetown University USA - glaciologie
1956 : Les Explorations polaires - Nouvelle librairie de France
1958 : Pôle Sud - Hachette
1958 : Progrès des techniques polaires - Nathan
1960 : Aventures aux pôles - Ima
1960 : Les Glaces - Larousse
1961 : La Voie lactée - Julliard
1962 : Biologie antarctique et logistique - EPF
1962 : L'Homme à la conquête des pôles - Plon - histoire
1963 : Pôle Nord - Hachette
1963 : À l'assaut des pôles - RST
1963 : Aventures aux quatre coins du monde - Ima
1963 : Pilote de terre Adélie - EPF
1966 : Tahiti - Hachette
1967 : Pôle Nord - Pôle Sud - histoire géographie
1968 : Sur la piste blanche - Laffont
1971 : Terres polaires, terres tragiques - Plon - récit historique
1972 : Eskimos, nomades des glaces - Hachette - récit ethnologique
1973 : Smoke Adaptation
1974 : Chiens de traîneaux - Flammarion - récit et technique
1974 : La prodigieuse histoire des pôles - Nathan - géographie, histoire naturelle
1975 : Mes aventures polaires - G .P. Paris
1975 : S.eau.S - écologie
1975 : La Vie des eskimos - Nathan - récit ethnographique
1976 : À l'assaut du pôle Nord - Gallimard - récit
1977 : Du Groenland à Tahiti - Nathan
1977 : Les Survivants du Groenland - Laffont - récit historique
1978 : Protégeons l'eau - Nathan - écologie
1979 : Jusqu'au cou - et comment s'en sortir - Nathan - écologie
1980 : Les Loups, avec Jean Larivière - Nathan - récit zoologique
1981 : La Mansarde - Stock - autobiographie
1982 : Blizzards, aventures par moins 50° - Fayard - récit historique
1982 : Doumidia, Grasset - récit autobiographique et ethnologique
1983 : Les Pôles et leurs secrets - Nathan - géographie pour les jeunes
1987 : L'Iglou - Stock - autobiographie ethnologie
1988 : Eskimo - Stock - album photos ethnographiques d'Ammassalik 1934-1937
1989 : La Civilisation du phoque, avec Joëlle Robert-Lamblin, tome 1
1990 : L'Empire des loups - avec Jean Larivière - récit zoologique
1991 : Premières expéditions au Groenland - Nathan
1991 : Chants d'Ammassalik, avec Catherine Enel et Élisa Maqe - ethnographie
1992 : Mémoires d'un humaniste - éditions Agep - autobiographie
1992 : Planète Antarctique, avec Jean-Christophe Victor - Robert Laffont - géopolitique
1993 : La Civilisation du phoque, avec Joëlle Robert-Lamblin, tome 2
1993 : Chiens Arctiques - Arthaud - récit zoologique
1995 : Ah ! que le monde est beau ! - poèmes inuit mis en vers français par Jean Lescure - Proverbe
1995 : Nanouk l'eskimo
1995 : Dialogues à une voix - Laffont
2005 : Coffret Œuvres autobiographiques - 3 livres - Transboréal
2005 : Poèmes eskimo - Seghers Jeunesse
2005 : Le Génie des loups - Éditions de Monza
2006 : Paul-Émile Victor, voyages d'un humaniste - dessins, croquis, peintures - Ouest-France
2007 : Adieu l'Antarctique, réédition avec mise à jour de Planète Antarctique - Robert Laffont
2008 : Pouyak, la petite fille eskimo qui jouait à la poupée tout le temps - album pour enfants - Transboréal

Établissements et voies baptisés Paul-Émile Victor

Jetée Paul-Emile-Victor à Ouistreham 14
Rue Paul-Emile-Victor Ouistreham 14
Rue Paul-Emile-Victor à Arnieres sur Iton 27
Rue Paul-Emile-Victor à Fouras 17
Rue Paul-Emile-Victor à La Rochelle 17
Rue Paul-Emile Victor à Vaux sur Mer 17
Rue Paul-Emile Victor à Trégueux 22
Square Paul-Emile-Victor à Semussac 17
L'école maternelle Paul-Émile-Victor de Longvic 21
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Port-en-Bessin-Huppain 14
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saint-Grégoire 35
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Vieillevigne 44
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Lyon 69008
L'école élémentaire Paul-Émile-Victor de Gap 05
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Baisieux 59
L'école élémentaire Paul-Émile-Victor de Cesson 77
L'école élémentaire Paul-Émile-Victor de Dissay 86
L'école primaire Paul-Émile-Victor d'Epinal 88
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor d'Ercé-près-Liffré 35
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Gigean 34
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Montpon-Ménestérol 24
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Ploneïs 29
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Riantec 56
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saulnières 28
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saint-Georges-de-Pointindoux 85
Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saint-Jean-Brévelay 56
Le collège Paul-Émile-Victor d'Agde dans l'Hérault 34.
Le collège Paul-Émile-Victor de Rillieux-la-Pape dans le Rhône 69
Le collège Paul-Émile-Victor de Mundolsheim près de Strasbourg 67
Le collège Paul-Émile-Victor de Cranves-Sales près d'Annemasse 74
Le collège Paul-Émile-Victor de Château-Gontier 53
Le collège Paul-Émile-Victor de Branne 33
Le collège Paul-Émile-Victor de Corcieux 88
Le collège Paul-Emile-Victor de Vidauban 83
Le lycée des métiers Paul Emile Victor d'Obernai en Alsace 67
Le lycée professionnel Paul-Émile-Victor d'Avrillé en Maine-et-Loire 49
Le lycée général et professionnel Paul-Émile-Victor d'Osny dans le Val-d'Oise 95
Le lycée polyvalent Paul-Émile-Victor de Champagnole dans le Jura 39
La médiathèque Paul-Émile-Victor d'Availles-en-Châtellerault 86
La bibliothèque municipale Paul-Émile-Victor de Clouange 57
La M.J.C. Paul-Émile-Victor de Lons-le-Saunier 39
La Maison pour tous Paul-Émile-Victor de Montpellier 34
Le Centre sportif Paul-Émile-Victor d'Aulnay-sous-Bois 93
Le Complexe sportif Paul-Émile-Victor de Champigny-sur-Marne 94
Le Complexe sportif Paul-Émile-Victor d'Ergue-Gaberic 29
La Résidence Paul Émile Victor à Marseille à côté de l'ENSM École de la Marine Marchande) qui héberge des promotions d'élèves officiers
La promotion 1994 de Sciences Po Rennes porte son nom.

Il existe depuis 2008 une place Paul-Émile-Victor dans le 8e arrondissement de Paris.

Filmographie

Quatre du Groenland, film de l'expédition de 1936 30', réalisé par Fred Matter
Dans les pas de Paul-Emile Victor, l'aventure polaire, film documentaire 52', réalisé par Stéphane Dugast
Paul-Emile Victor, Voyages d'un Humaniste, film documentaire de Aubin Hellot 1999
La vie des Français en terre Adélie, film documentaire sur son dernier voyage en terre Adélie, et ses adieux aux expéditions polaires 1976, réalisé par Jacques Ertaud

Iconographie

Chez les Eskimo avec Paul-Emile Victor et Robert Gessain, Editions du Museum national d'histoire naturelle, 1989. Sélection d'objets et documents rapportés lors des expéditions de 1934-1936.


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Teiva Victor fils de Paul-Emile Victor à Bora-bora Polynésie
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#63 Combat des homosexuels1
Loriane Posté le : 27/06/2015 19:21
Le 28 juin 1969 à New York première manifestation des homosexuels.

Au stonewall Inn explosèrent de violents évènements, ces événements sont souvent considérés comme le premier exemple de lutte des gays et lesbiennes contre un système soutenu par les autorités et persécutant les homosexuels ces évènements sont désignés sous le nom de "les émeutes de Stonewall" . Il s'agit d'une série de manifestations spontanées et violentes contre un raid de la police qui a eu lieu dans la nuit du 28 juin 1969 à New York, au Stonewall Inn dans le quartier de Greenwich Village. Ces émeutes représentent le moment symbolique marquant le début du mouvement des droits civiques pour les homosexuels, aux États-Unis et partout dans le monde.
Dans les années 1950 et 1960, les homosexuels américains font face à un système juridique très homophobe. Plus tôt, déjà, des groupes homophiles américains cherchaient à prouver que les homosexuels pouvaient être assimilés dans la société et ils ont favorisé la cohabitation entre les homosexuels et les hétérosexuels Mattachine Society et Daughters of Bilitis. Cependant, la fin des années 1960 fut très conflictuelle : de nombreux mouvements sociaux étaient actifs dont le mouvement des droits civiques contre la ségrégation raciale Black Panther, la contreculture des années 1960 et les manifestations pacifistes contre la guerre du Vietnam. Ces influences combinées à l'environnement libéral de Greenwich Village furent les catalyseurs des émeutes de Stonewall.
Très peu d'établissements accueillaient ouvertement les homosexuels dans les années 1950 et 1960. Ceux qui le faisaient étaient souvent des bars dont les gestionnaires étaient rarement homosexuels eux-mêmes. Le Stonewall Inn était la propriété de la mafia. Il s’adressait à tous types de clients mais était célèbre pour sa popularité auprès des plus marginalisés dans la communauté gay : les transsexuelles, les transgenres, les travestis, les jeunes hommes efféminés, les prostitués et les jeunes sans-abri. Les descentes de police étaient monnaie courante à l’époque mais les policiers ont rapidement perdu le contrôle de la situation au Stonewall Inn en raison d’une foule révoltée que les raids policiers attirèrent. Les tensions entre police de New York et résidents gays de Greenwich Village prirent encore plus d’ampleur le lendemain soir et de nouveau plusieurs jours plus tard. En quelques semaines, les résidents du quartier se sont organisés en groupes d'activistes mettant en place des lieux où les gays, les lesbiennes et les transgenres pourraient se retrouver sans crainte d'être arrêtés.

Après les émeutes de Stonewall, les gays et lesbiennes de New York ont franchi les fossés de genre, de générations et de classe pour former une communauté unifiée. En l'espace de six mois, deux organisations homosexuelles furent créées à New York pour organiser des actions militantes et trois journaux furent fondés dans le but de promouvoir les droits des gays et des lesbiennes. En quelques années, des organisations de défense des droits des homosexuels ont fait leur apparition aux États-Unis et dans le monde. Le 28 juin 1970, les premières Gay Prides ont eu lieu à Los Angeles et à New York pour commémorer l'anniversaire des émeutes de Stonewall. Des marches similaires ont été organisées dans d'autres villes et, aujourd'hui, des Gay Prides sont organisées chaque année, partout dans le monde, vers la fin du mois de juin, pour commémorer ces émeutes.

Contexte politique et répression

À New York, dans les années 1960, il est interdit de servir des boissons alcoolisées aux homosexuels, de danser entre hommes ou de se travestir. Les descentes de police dans les bars suspectés d'être fréquentés par les homosexuels étaient monnaie courante aux États-Unis. Il était banal pour la police, avant 1965, de relever les identités des personnes présentes dans ces bars. Les forces de l'ordre justifiaient ces mesures par l'attentat à la pudeur en cas de baiser, le port de vêtements traditionnellement réservés au sexe opposé, ou simplement la vente prohibée d'alcool aux homosexuels.

Activisme homophile

L'un des rares mouvements homophiles du moment est la Mattachine Society, qui œuvre discrètement pour donner plus de droits aux homosexuels. Après l'élection en 1965 de John Lindsay comme maire de New York, un républicain qui présentait un programme de réformes, et celle de Dick Leitsch comme président de la Mattachine Society à New York, la police évita de multiplier ses descentes entre 1965 à 1969.
Cependant, le ton se durcit en 1969 durant les élections municipales. John Lindsay venait de perdre les primaires de son parti et souhaitait « faire le ménage » dans les bars illégaux.

Greenwich Village

Les quartiers New Yorkais de Greenwich Village et de Harlem ont accueilli une importante population homosexuelle lorsque, après la Première Guerre mondiale, de nombreux hommes ayant servi dans l'armée ont profité de la possibilité de s'installer dans les grandes villes. Les quartiers de gays et de lesbiennes ont développé une sous-culture lors des deux décennies suivantes. La prohibition des années 1920 a involontairement profité aux établissements gays dans la mesure où la consommation d’alcool se trouvait marginalisée au même titre que d’autres comportements jugés immoraux. La ville de New York avait adopté des lois contre l'homosexualité dans les entreprises publiques et privées mais les autorités ne pouvaient pas contrôler tous les établissements, en raison de la hausse de la demande d’alcool et des nombreux débits de boissons illégaux qui proliféraient.
La répression sociale des années 1950 a entraîné une révolution culturelle dans Greenwich Village. Une cohorte de poètes (baptisés ensuite les Beat poets écrivait sur l'anarchie, les drogues et les plaisirs hédonistes. Parmi eux, Allen Ginsberg et William S. Burroughs tous deux résidents de Greenwich Village ont également écrit sur l'homosexualité. Leurs écrits ont attiré à la fois des libéraux ouverts d’esprit et des homosexuels à la recherche d'une communauté.
Au début des années 1960, une campagne visant à débarrasser la ville des bars gays a débouché sur un arrêté du maire Robert F. Wagner Jr. qui était préoccupé par l'image de la ville à l’approche de l’exposition universelle de 1964. La ville a interdit l'alcool dans tous les bars et des policiers en civil se sont employés à piéger le plus grand nombre d'homosexuels possible. L’incitation policière consistait à ce qu’un agent infiltré engage une conversation avec un homme dans un bar ou un parc public : s’il ressortait de la conversation que les deux hommes auraient pu sortir ensemble ou que le policier aurait pu se faire payer un verre, l’homme était arrêté pour sollicitation. Une histoire publiée dans le New York Post parle d’un agent qui, dans les vestiaires d’une salle de gym, s’est touché l’entrejambe en gémissant et a arrêté un homme parce qu’il lui demandait si tout allait bien. Peu d'avocats acceptaient de défendre des cas aussi indésirables.

Stonewall Inn

Au 53 Christopher Street, au cœur de Greenwich Village, le Stonewall Inn est l'un des seuls bars où les gays peuvent se retrouver, malgré les fréquentes descentes de police. Tenu par la mafia son patron Tony “Fat Tony” Lauria reverse les recettes du soir à Matty the Horse, le Stonewall cible volontairement la clientèle gay, car elle rapporte gros.
Le bar, qui accueille plusieurs centaines de personnes chaque week-end, ne possède néanmoins pas de licence et le patron est obligé de graisser la patte des officiers de police du 6e district pour ne pas voir son établissement fermer. Ainsi, bien que plusieurs descentes aient déjà eu lieu auparavant, le bar accueille toujours des homosexuels le soir des émeutes.

Les émeutes Le raid policier

Le raid qui eut lieu le 28 juin était différent des interventions précédentes. Habituellement, les propriétaires du Stonewall Inn étaient prévenus à l’avance par une taupe de l'arrivée de la police, et ces descentes avaient souvent lieu assez tôt dans la soirée pour permettre une réouverture rapide du bar. Aux alentours de 1 heure 30 du matin, plus tard que d’habitude, huit policiers en civil pénétrèrent dans le bar. La plupart des clients purent partir sans être inquiétés, puisque les seules personnes interpelées étaient celles sans carte d’identité ou portant des vêtements habituellement réservés aux personnes du sexe opposé, ainsi que les employés du bar.
On ne sait pas très bien comment l’émeute débuta, mais la foule présente sur les lieux commença à lutter contre les forces de police. L'histoire veut qu'une transgenre, Sylvia Rivera, ait jeté la première bouteille sur les policiers. Étonnés et en sous-effectif, ceux-ci se réfugièrent dans le bar. Le chanteur de folk hétérosexuel Dave Van Ronk, qui passait par là, fut emmené de force par les policiers dans le bar et battu. La foule continuait ses attaques. Certains essayèrent, sans succès, de mettre le feu au bar. D’autres se saisirent d’un parcmètre et bloquèrent les policiers à l’intérieur. Les résidents du quartier et les clients des bars alentour commencèrent à affluer.
Pendant la nuit, de nombreuses transgenres et des hommes jugés trop efféminés furent pris à parti par les forces de police et battus. La première nuit, treize personnes furent arrêtées et quatre policiers ainsi qu’un nombre inconnu de manifestants blessés. La foule, estimée à 2 000 personnes, lançait des bouteilles et des pierres aux 400 policiers arrivés sur place.
La police finit par envoyer la Tactical Patrol Force, une unité de police anti-émeutes, alors habituée à lutter contre les opposants à la guerre du Viêt Nam. Cependant, ces hommes ne parvinrent pas à disperser la foule qui continuait à leur jeter des pierres et toutes sortes de projectiles.
Craig Rodwell, qui avait créé en 1967 dans la Christopher Street la première librairie d'auteurs gays au monde, la Oscar Wilde Memorial Bookshop, ameuta la presse. Les journalistes assistent à plusieurs jours de combats, qui se poursuivent dans la rue. En effet, le 28 juin, l’émeute se calma, mais la foule revint les jours suivants. Les échauffourées durèrent cinq jours, toutes les brimades dont les homosexuels avaient été victimes précédemment refaisant surface.

Les suites des émeutes

Le Front de Libération Gay

Le 4 juillet, après une nuit très agitée, Craig Rodwell participe devant le Capitole à Washington au traditionnel défilé de l’Independance Day organisé depuis quelques années par la Mattachine Society. Constatant qu’au cours de cette manifestation les leaders du Mattachine séparent les couples de femmes ou d’homosexuels trop voyants, Craig Rodwell décide qu’il organisera dès l’année suivante une manifestation en l’honneur des événements de la Christopher Street.
Il participe avec Brenda Howard à New York à la création du Gay Liberation Front GLF, puis en décembre 1969 de la Gay Activist Alliance GAA, et fonde le comité d'organisation du Christopher Street Liberation Day.

La Gay Pride

Après une bataille juridique pour obtenir le droit de manifester, la première manifestation de quelques centaines de gays et de lesbiennes a lieu sous les slogans Come Out, Gay Pride, Gay is Good et en chantant le Gay Power.
Les émeutes de Stonewall et la manifestation déclenchée par Craig Rodwell marquent une étape importante de l'émancipation des homosexuels. Elles sont les précurseurs de ce qui deviendra la gay pride fierté gay.
C’est en hommage à cette émeute de Stonewall que de nombreuses marches des fiertés dans le monde ont lieu le dernier week-end de juin.

Cinéma

Le film Stonewall se déroule durant les émeutes.
Le 17 Mai a été choisie pour être la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie. Cette initiative a été lancée par le Français Louis-Georges Tin, président du Comité IDAHO.et fut célébré le 17 Mai dans les années précédentes

Histoire

Cette journée a pour but de promouvoir des actions de sensibilisation et de prévention pour lutter contre l'homophobie, la lesbophobie la biphobie et la transphobie.
La première journée a eu lieu le 17 mai 2005, soit 15 ans jour pour jour après la suppression de l'homosexualité de la liste des maladies mentales de la classification internationale des maladies publiée par l'Organisation mondiale de la santé, à savoir le 17 mai 1990. Depuis 2005, la journée IDAHO, International Day Against Homophobia and Transphobia mobilise l’opinion publique sur les problèmes liés à l’homophobie et à la transphobie par le biais de colloques, de manifestations de rue ou d’événements artistiques. La date du 17 mai a été choisie pour commémorer la décision de l’Organisation mondiale de la santé OMS, en 1990, de retirer l’homosexualité de la liste des troubles du comportement. Lancée en 2005 et coordonnée au niveau international par le comité IDAHO, cette journée est aujourd’hui célébrée dans plus de 60 pays à travers le monde.
La Déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBT aussi demande reconnaissance de cette journée par l'ONU et tous les pays.
La Journée est célébrée de fait dans plus de 60 pays à travers le monde. Elle a été reconnue de jure par l'Union européenne, la Belgique, le Royaume-Uni, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Mexique, le Costa Rica.
Chaque année, une campagne nouvelle est lancée, par exemple celle de l'appel "pour une dépénalisation universelle de l'homosexualité". Le texte fut signé par plusieurs prix Nobel Desmond Tutu, Elfriede Jelinek, Dario Fo, Amartya Sen, José Saramago, par de nombreux artistes, Meryl Streep, Victoria Abril, David Bowie, Elton John, des écrivains comme Judith Butler, Noam Chomsky, Bernard-Henri Lévy, etc.
Cette campagne du Comité IDAHO a abouti à une déclaration historique, portée par le gouvernement français et Rama Yade, à l'Assemblée générale des Nations Unies, soutenue par 67 États.
En 2009, la campagne lancée par le Comité IDAHO porte sur la transphobie, les violences faites aux personnes trans'. Le nouveau nom devient devient alors Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie. Pour la première fois, un représentant du gouvernement français, Rama Yade, participe officiellement aux manifestations, et à l'occasion de cette Journée, Roselyne Bachelot annonce que la transidentité ne sera plus considérée comme une maladie mentale en France, la France devenant alors le premier pays au monde à agir en ce sens.
Pour 2010 et 2011, la campagne du Comité IDAHO concerne les religions : le but est d'interpeller les croyants et les responsables religieux sur l'homophobie et sur la transphobie. Le Comité IDAHO, International Day Against Homophobia and Transphobia), créateur de la Journée Mondiale contre l'homophobie*
En 2013, le Parlement vote le mariage homosexuel, suivi par une confirmation du Conseil constitutionnel du 17 mai. Le président de la République Française, François Hollande, promulgue la loi le jour même.
Le Comité Idaho France en est l'un des premiers relais en France.


46 ans après"les émeutes de Stonewall Inn" presque jour pour jour
La Cour suprême américaine légalise le

mariage homosexuel sur l’ensemble du territoire

C’est une décision historique. La Cour suprême a légalisé, vendredi 26 juin, le mariage homosexuel dans l’ensemble des Etats-Unis. Deux ans seulement après avoir décrété que le mariage n’était pas réservé aux couples hétérosexuels, la Haute Cour a jugé, par cinq voix contre quatre, que les 14 Etats américains qui refusent aujourd’hui d’unir deux personnes de même sexe devaient non seulement les marier, mais aussi reconnaître leur mariage lorsqu’il a été célébré ailleurs.
Au nom de l’égalité de tous devant la loi, le 14e Amendement requiert d’un Etat qu’il célèbre un mariage entre deux personnes de même sexe, a écrit le juge Anthony Kennedy, s’exprimant au nom de la majorité de la Cour suprême. Le droit au mariage est fondamental, a-t-il souligné. Il a aussi écrit, dans le dernier paragraphe de la décision rendue par la plus haute juridiction des Etats-Unis :
Aucune union n’est plus profonde que le mariage, car le mariage incarne les plus hauts idéaux de l’amour, la fidélité, la dévotion, le sacrifice et la famille. En formant une union maritale, deux personnes deviennent quelque chose de plus grand que ce qu’elles étaient auparavant. Le mariage incarne un amour qui peut perdurer malgré la mort. Ce serait ne pas comprendre ces hommes et ces femmes que de dire qu’ils manquent de respect à l’idée du mariage. Leur plaidoyer consiste à dire que justement ils le respectent, le respectent si profondément qu’ils cherchent eux-mêmes s’accomplir grâce à lui. Ils demandent une dignité égale aux yeux de la loi. La Constitution leur donne ce droit.
Lire aussi : La Cour suprême étudie la légalité du mariage gay aux Etats-Unis
Un grand pas vers l’égalité
Le juge conservateur a ajouté son vote à celui des quatre juges progressistes de la Haute Cour pour permettre aux gays et lesbiennes de se marier aux quatre coins des Etats-Unis.
Le président de la Haute Cour, John Roberts, s’y est opposé, ainsi que les trois autres juges conservateurs. Les homosexuels avaient jusqu’ici le droit de se marier dans trente-six Etats du pays et dans le district de Columbia, où se trouve Washington.

Sur son compte Twitter, le président Barack Obama a salué à l’annonce de cette décision un grand pas vers l’égalité.

C’est une victoire pour les alliés, les amis et les soutiens du mariage gay qui ont passé des années, voire des décennies, à travailler et prier pour que le changement intervienne. Et cette décision est une victoire pour l’Amérique, a déclaré plus tard le président américain depuis les jardins de la Maison Blanche.
Des partisans du mariage homosexuel se sont réunis devant la Cour suprême à Washington, et dans d’autres villes du pays, pour célébrer cette décision. Sur Twitter, c’est avec le mot clé #LoveWins L’amour l’emporte que les internautes saluent cette avancée.

L' Homosexualité

L’homosexualité est un ensemble de caractéristiques caractérisées par le désir, l'amour, l'attirance sexuelle ou la pratique de rapports sexuels entre individus de même sexe, selon une perspective comportementaliste ou empirique. C'est également un goût, une orientation sexuelle, selon une perspective psychologique ou sociologique. L'homosexualité fait partie de la sexualité humaine, mais on trouve également des comportements homosexuels chez certaines autres espèces animales.
Dans l'Occident moderne s'est établie une nomenclature pour définir les orientations sexuelles. Par exemple, une lesbienne ou un gay sont exclusivement attirés par des personnes de même sexe1, alors qu'un homme ou une femme bisexuel sont attirés, à des degrés divers, par des personnes des deux sexes. Aujourd'hui, ces personnes sont parfois regroupées sous l'appellation de communauté LGBT, qui comprend également les hommes et les femmes transgenre.
Selon les époques et les cultures, l'homosexualité est plus ou moins acceptée ou réprimée dans ses différentes incarnations. Au début du xxie siècle, la tendance, dans les sociétés occidentales, est à l'acceptation et, dans certains pays, à l'établissement d'un statut légal, union civile ou mariage entre personnes de même sexe. Toutefois, 77 pays principalement en Afrique et au Moyen-Orient condamnent les auteurs d'actes homosexuels à des peines plus ou moins importantes, allant jusqu'à l'emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort.

Appellations Définitions

L'homosexualité fait référence à l'attirance ou à la pratique d'actes sexuels entre personnes de même sexe. Il n'existe cependant pas de définition universelle de l'homosexualité : d'après Marina Castañeda, un grand nombre de personnes pratiquent des actes homosexuels sans pour autant se considérer comme homosexuelles ; d'autres se croient homosexuelles sans avoir jamais eu de relations avec quelqu'un de leur sexe. L'homosexualité ne se résume donc pas au seul aspect de la sexualité, voire au coït entre personnes de même sexe. Elle est aussi, et parfois pour certaines personnes exclusivement, un sentiment amoureux et un comportement social. Le psychiatre américain Judd Marmor, qui milita pour la suppression de la mention de l’homosexualité dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, propose en 1974 la définition suivante : Peut être considérée comme homosexuelle une personne qui, durant sa vie adulte, manifeste une préférence pour des personnes de son propre sexe, est sexuellement attirée par ces personnes et a habituellement, mais pas nécessairement, des relations sexuelles avec une ou plusieurs de ces personnes.
L'homosexualité masculine était autrefois appelée en français : sodomie, bougrerie, amour des garçons, amour grec, antiphysique, inversion sexuelle ou uranisme. Certains de ces termes perdurent jusqu'au début du XXe siècle. Le terme pédérastie, qui désigne, selon l'étymologie, l'attirance d'hommes adultes envers les garçons adolescents, a fini par désigner aussi l'attirance entre des hommes d'âges semblables, ou encore, par métonymie, l'acte de sodomie. Cet amalgame linguistique s'est poursuivi en ce qui concerne les relations avec des enfants, si bien que les homosexuels masculins sont parfois assimilés à des pédophiles. Or, la sexologie moderne ne retrouve, chez des homosexuels masculins, aucune tendance particulière à la pédophilie, par comparaison avec des hommes ayant des pratiques hétérosexuelles.
Chez les femmes, l'homosexualité est appelée lesbianisme ou plus anciennement saphisme. Ces termes font référence à Sappho, une poétesse grecque de l'île de Lesbos qui tenait une sorte de collège de jeunes filles, et à laquelle les poèmes passionnés qu'elle adressait à ses amies, ainsi que sa vie entourée d'autres femmes, ont valu la réputation d'homosexuelle. On disait aussi fricarelle ou tribadisme, mots qui désignent, de nos jours, une pratique sexuelle spécifique.

Étymologie et évolution sémantique

Le terme homosexualité et la notion moderne qu'il définit sont apparus en français à la toute fin du XIXe siècle. En 1868 et 1869 l'écrivain hongrois Karl-Maria Kertbeny, forge les mots allemands homosexuell et Homosexualität en associant la racine grecque, homo, semblable, parfois confondue avec le substantif latin homo, homme et la racine latine, sexualis, sexuel. Les mots français homosexualité et ses déclinaisons homosexuel et homosexuelle apparaissent peu après, rapidement rejoints par l'indispensable antonyme hétérosexuel.
Avant cette date, la distinction des différentes pratiques sexuelles considérait déjà comme pertinente la distinction entre homosexuels et hétérosexuels, mais se focalisait plus sur les pratique que sur une dimension psychologique on parlait de sodomites, mais cela pouvait éventuellement désigner un hétérosexuel ; il existait nombre de qualificatifs pour désigner des pratiques très diverses. Certains faisaient par exemple une distinction importante entre comportements actif et passif, ce qui a été le cas dès l'Antiquité grecque ou latine où la passivité était particulièrement dévalorisée, quel que soit le sexe du partenaire, et reste encore vrai aujourd'hui dans certaines cultures, voire de législations. On qualifiait par exemple auXVII et XVIIIe siècles de bougre, ou de culiste un homosexuel, alors qu'on utilisait le terme coniste pour un hétérosexuel. Charles Fourier suivi par Pierre-Joseph Proudhon qualifie les homosexuels d’unisexuels. Proudhon parle lui de monosexie et d'unisexualité.
Les relations entre personnes du même sexe ont été qualifiées au fil du temps des mots suivants certains de ces termes étaient et restent injurieux :
pour les femmes, lesbienne, saphiste, tribade, gouine, goudou, invertie, anandryne, etc.
pour les hommes, cinaède, bardache, ganymède, mignon, giton, bougre, sodomite, pédéraste, sodomiste, uraniste, unisexuel, enculé, inverti, antiphysique, pédé, pédale, tapette, tante, folle, etc. Au Canada français, on relève les mots fif et fifi.
Du fait d'une perception populaire assez souvent négative de l'homosexualité, de nombreux termes moqueurs, dégradants ou injurieux ont été créés pour désigner les homosexuels, notamment dans l'argot.
Dans le vocabulaire courant, la locution anglaise gay a pris le pas sur d'autres qualificatifs à partir des années 1960 pour évoquer l'homosexualité masculine, le mot lesbienne qualifiant lui l'homosexualité féminine, perdant peu à peu la connotation péjorative voire insultante qu'il véhiculait. Si de nos jours en France le mot générique homosexualité a perdu toute connotation médico-légale, ce n'est pas le cas au Canada francophone où on lui préférera de loin le terme gai l'usage du mot hétérosexualité y a également une connotation médico-légale. L'apocope homo, très courante en Europe, est largement perçue comme une insulte l'équivalent du mot européen pédé.
L'utilisation rétroactive du terme homosexualité pour parler de relations sexuelles entre hommes avant le xixe siècle fait l'objet d'un débat : certains historiens soutiennent que c'est un abus de langage, qu'il n'a de pertinence que dans son usage et contexte strictement contemporains, le sens actuel du mot ne pouvant désigner des pratiques qui à l'époque étaient socialement différentes, d'où des contresens, des anachronismes et des projections. D'autres répliquent que, bien que chaque culture approche l'homosexualité d'une façon différente, le phénomène de base, la distinction entre amour du même sexe et amour du sexe opposé, et la notion des catégories sociologiques qui en résultent ont toujours existé ; il leur paraît donc pertinent de discuter l'histoire de l'orientation et des pratiques sexuelles en utilisant les termes homosexuel, hétérosexuel, bien que les personnes concernées ne se seraient pas forcément reconnues comme sous ces qualifiants sexo-identitaires8.

L'homosexualité aujourd'hui Terminologie

Bisexualité#Remise en cause de l'alternative hétérosexualité-homosexualité.
L'échelle de Kinsey. Il y a bisexualité dès lors qu'il y a attirance pour les deux sexes, et pas seulement lorsque l'attirance pour les deux sexes est égale. L'homosexualité est l'attirance unique et exclusive pour des personnes de même sexe ; l'hétérosexualité est l'attirance unique et exclusive pour les personnes de l'autre sexe .
L'homosexualité est souvent improprement confondue avec la bisexualité : il s'agit alors d'occultation de la bisexualité — lorsque l'on présuppose qu'une personne ayant des relations amoureuses ou sentimentales avec une personne de même sexe est nécessairement homosexuelle, par exemple.
La bisexualité est statistiquement bien plus fréquente que l'homosexualité. L'universitaire américaine Lisa Diamond déclare à ce propos qu'il est bien plus fréquent d'être un peu attiré par quelqu'un de son propre sexe que d'être exclusivement attiré par quelqu'un de son propre sexe.
De même, une étude datée de 1993 en France a montré que ce que l'on désigne maladroitement par homosexualité est dans la quasi-totalité des cas de la bisexualité. Parmi les personnes interrogées ayant eu des relations sexuelles homosexuelles, 96,6 % d'entre elles déclaraient aussi des relations hétérosexuelles, ce qui est constitutif de bisexualité10. Dans des enquêtes américaines ou danoises, on trouve un nombre tout aussi considérable, de 90 à 96 % de personnes en réalité bisexuelles, bien qu'abusivement désignées comme homosexuelles.
De fait, ce qui est habituellement désigné comme homosexualité est la plupart du temps de la bisexualité.
Les enquêtes menées par les équipes d'Alfred Kinsey au tournant des années 1950, à partir de deux études statistiques sur le comportement sexuel des Américains effectuées auprès de quelque 5 300 hommes, en 1948 et de 8 000 femmes, en 1953 ont constaté qu'homosexualité et hétérosexualité ne sont pas deux orientations sexuelles et amoureuses exclusives mais qu'elles constituent plutôt les pôles d'un même continuum de l'orientation sexuelle.

Statistiques

Dans les années 1950, les rapports Kinsey ont montré que 46 % des hommes interrogés ont eu une expérience homosexuelle, sans que cela remette nécessairement en cause leurs rapports hétérosexuels. Des recherches plus récentes indiquent que 2 à 7 % des hommes et 1 % des femmes se considéreraient comme homosexuels.
Au Canada, 1,1 % des gens se déclarent homosexuels.

La population LGBT en France

D'après une enquête sociologique datée de 2007, intitulée Enquête sur la sexualité en France, seuls 0,3% des 12 364 personnes interrogées déclarent n'avoir maintenu des relations sexuelles qu'avec des personnes du même sexe qu'eux. Néanmoins, 0,5 % des femmes et 1,1 % des hommes se définissent comme homosexuels.
D'après un sondage de l'IFOP pour Têtu en 2011 questions auto-administrées en ligne, enquête portant sur 7 800 français de la population générale, il apparaît que 3 % des sondés se définissent comme homosexuels et 3,5 % comme bisexuels, mais toujours moins de femmes que d'hommes.

Parmi les gays et lesbiennes :

la moitié déclare un statut marital de couple, 46 % des personnes homosexuelles et 55 % des personnes bisexuelles, ce que l'on retrouve chez 70 % des personnes hétérosexuelles ;
presque la moitié déclare un statut matrimonial Pacs/mariage 34 % des homosexuels et 56 % des bisexuels, PACS/mariage ;
enfin, un sur six déclare la présence d'un enfant dans son foyer 14 % des homosexuels et 24 % des bisexuels.
Cette enquête porte aussi sur la composition socio-démographique, l'implantation géographique, le niveau social et économique ainsi que les affinités politiques.
En 2013, une autre étude menée cette fois auprès d'une population jeune montre que 10 % des hommes âgés de 15 à 24 ans ont déjà été attirés sexuellement par d'autres hommes, et 18 % des femmes de cette tranche d'âge18. Plus précisément, l'enquête estime que 2 % des filles de 15 à 18 ans sont lesbiennes, et 3 % des femmes de 18 à 24 ans ; les hommes homosexuels sont estimés à 2 % des 15-18 ans, et à 4 % pour les 18-24 ans.

Entre controverse et banalisation

L'apparition régulière de l'homosexualité dans le débat public des sociétés occidentales suscite la controverse. Les débats politiques à l'occasion de la modification des législations sont souvent passionnés même si ce n'est pas toujours le cas au Portugal en 2010. Le vote des lois permettant l'égalité de tous les couples devant le mariage s'est fait à une courte majorité en Argentine après quinze heures de débats houleux, dans l’État de New York en 2011 et celui de Washington en 2012. Le droit de véto est parfois employé par la personne chargée de promulguer la loi New Jersey en 2012. Les négociations avec les Églises sont courantes aux États-Unis avec le vote d'exemptions religieuses pour que les Églises ne soient pas dans l'obligation de marier les couples de même sexe. Aux États-Unis certains États ont modifié leur constitution pour définir le mariage comme étant celui d'un homme et d'une femme. En France, les débats ont donné lieu à des échanges parfois violents comparaison avec la zoophilie, la pédophilie. Le chef de l’Église catholique, Benoît XVI, a mis en garde : le mariage homosexuel menace l'avenir de l'humanité.
Dans plusieurs pays, notamment occidentaux et d'Asie du Sud-Est, l'homosexualité est relativement considérée comme une forme banale de sexualité n'ayant pas à faire l'objet de stigmatisation particulière, d'où la reconnaissance officielle de la possibilité de mariage homosexuel. Cependant, même dans les pays acceptant ces unions, les sondages reflètent un certain désaccord social sur le bien-fondé de cette institution.
Certains en viennent à soutenir que l'homosexualité correspondrait à une tendance naturelle chez l'être humain, même hétérosexuel, à être attiré par des individus de même sexe. L'expression de cette attirance serait un facteur important de l'équilibre du comportement sexuel. Ils soulignent volontiers les comportements homosexuels observés, tout comme les comportements hétérosexuels chez certains enfants et adolescents, considérant que ceux-ci seraient de nature à constituer une étape fondamentale de la différenciation sexuelle et de l'émergence du sentiment d'appartenance au sexe féminin ou masculin. Par ailleurs, même dans les pays où l'homosexualité est relativement banalisée, tous les homosexuels ne vivent pas forcément bien leur homosexualité, et leurs proches ne l'acceptent pas forcément.

La controverse religieuse Homosexualité dans les religions.

Comme la sexualité hétérosexuelle hors mariage, l’homosexualité est rejetée par la plupart des instances religieuses, même s'il existe une forte disparité d'appréciation chez les fidèles.

Religions abrahamiques

Homosexualité dans le judaïsme, Homosexualité dans le christianisme et Homosexualité dans l'islam.

Les religions abrahamiques rejettent catégoriquement les rapports sexuels homoérotiques, très souvent au travers de la sodomie. Ainsi, dans l'Ancien Testament : Lévitique : Tu ne coucheras pas avec un homme comme tu couches avec une femme, car c'est une abomination. Le Nouveau Testament réitère la condamnation : Romains : Dieu les a livrés à des passions infâmes ; car les femmes parmi eux ont changé l’usage naturel en un autre qui est contre nature. De même aussi les hommes, laissant l’usage naturel de la femme, ont été embrasés dans leur convoitise les uns pour les autres, commettant, homme avec homme, des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes la récompense qui était due à leur égarement. L'islam traditionnel, sunnite ou chiite condamne également l'homosexualité par le biais de la charia. À noter que les condamnations sont variables d'une religion à l'autre, et tendent à s'assouplir dans le christianisme. Ainsi, dans l'Église catholique, l'accent est mis sur l'accueil et la bienveillance à l'égard des personnes homosexuelles tout en maintenant une interdiction et une condamnation des relations sexuelles. Le pape François a ainsi déclaré en 2013 Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger … Nous devons être frères.
Le protestantisme, dans sa grande majorité, laisse les croyants seuls juges de leur foi et de la manière de l'appliquer. L'homosexualité dans l'anglicanisme, par exemple, semble s'éloigner du rejet de l'acte homosexuel issu du christianisme et au-delà, du judaïsme, avec bénédiction du mariage homosexuel ; mais cette acceptation n'est pas unanime dans l'église. Le primat anglican Peter Akinola a ainsi dit : Je ne peux comprendre comme un homme sensé pourrait souhaiter une relation sexuelle avec un autre homme. Même dans le royaume animal, chez les chiens, vaches, lions, on n'entend pas parler d'une telle chose, ce qui est contraire à l'observation.
En France, des associations homosexuelles confessionnelles existent, par exemple : chez les catholiques David et Jonathan, les Juifs Beit Haverim et les musulmans homosexuels musulmans de France, mais elles ne sont pas reconnues par les instances religieuses.

Le point de vue mormon sur l'homosexualité n’est pas très éloignée de la position de l’Église catholique romaine qui en appelle à la chasteté.

Homosexualité dans le bouddhisme.

Le bouddhisme enjoint à la maitrise des sens. L'homosexualité n'est donc pas blâmée en tant que telle, la conduite sexuelle éthique enjoint à l’ascétisme et l’idéal le plus élevé du bouddhisme est l’absence complète de toute activité sexuelle.
Le bouddhisme a généralement comme attitude de respecter les cultures et les religions d'autrui. Ce qui implique que les idées défendues par les bouddhistes peuvent différer d'une culture à l'autre et que l'on trouve des auteurs bouddhistes qui condamnent l'homosexualité. Dans un entretien, le quatorzième dalaï-lama, Tenzin Gyatso, déclare que l'homosexualité fait partie de ce que, nous les bouddhistes, appelons mauvaise conduite sexuelle. Plus récemment, il a déclaré : Comme le christianisme, le bouddhisme recommande d’éviter les relations sexuelles avec quelqu’un du même sexe. Mais, d’un point de vue social, cela ne pose pas de problème pour les gens n’ayant pas de foi particulière, du moment que les rapports sont protégés.

Marketing

Le couple homosexuel est devenu une cible spécifique du marketing dans les pays occidentaux : le comportement public de certains gays a inspiré la publicité. En cela, le marketing a intégré un certain nombre de clichés gay.
Ainsi, des opérateurs touristiques se sont spécialisés dans le tourisme gay, des marques de vêtements, de lessives ou de voitures affichent des couples gays dans leurs campagnes publicitaires. Dans les années 1990, on a vu apparaître chez les spécialistes du marketing communautaire des expressions telles que DINK double income, no kids — double revenu, pas d'enfants — ou encore *pink dollar*, pour parler du commerce ciblé sur les gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels.

Discriminations Homophobie.

État des législations nationales concernant l'homosexualité dans le monde.
Homosexualité légale
Mariage homosexuel
Autre type de partenariat ou concubinage
Mariage reconnu mais non célébré
Mariage reconnu seulement au niveau fédéral
Unions de personnes de même sexe non reconnues
Homosexualité illégale ou réprimée
Restrictions de la liberté d'expression
Sanctions non appliquées
Peine de prison
Jusqu'à la prison à vie
Peine de mort
Pas d'information sur la peine
Les actes homosexuels sont passibles de peine de mort dans sept pays de nos jours : Afghanistan, Arabie saoudite, Iran, Mauritanie, Soudan et Yémen. Ces législations sont effectivement appliquées. Ils sont aussi condamnés par des châtiments physiques, ainsi que des peines d'emprisonnements dans plus de 27 pays par le monde. L'homosexualité est illégale dans plus de 100 pays dans le monde, et les homosexuels s'exposent à des procès systématiques.
Dans les pays occidentaux, les homosexuels subissent souvent une discrimination, nommée fréquemment homophobie, parfois très lourde, au point que l'une des causes de suicide chez les jeunes de 15 à 34 ans est la souffrance ressentie à cause de l'exclusion due à l'homosexualité. Un jeune homosexuel aurait entre quatre et sept fois plus de risque d'attenter à sa vie qu'un jeune hétérosexuel, chiffre à augmenter de 40 % pour les jeunes filles. Parmi les adolescents qui ont réalisé une tentative de suicide, un quart 25 % est homosexuel.
L'homophobie constitue un comportement ou une pensée à rapprocher de notions telles que racisme, sexisme, antisémitisme, et constituant une discrimination ou une forme de violence fondée sur l'appartenance à un groupe. Les agressions homophobes vont ainsi de l'insulte à la barbarie, voire au meurtre, aux États-Unis, la torture ayant entraîné la mort de Matthew Shepard en 1998 dans le Wyoming.
Dans le vocabulaire des injures, celles-ci sont souvent misogynes ou homophobes.
Le rejet violent de l'homosexualité, ou des homosexuels par les sociétés vient quelquefois, mais rarement aujourd'hui, d'un amalgame entre l'homosexualité, la pédérastie et, par extension, la pédophilie.
Il explique aussi le rapprochement entre les communautés homosexuelles et transsexuelles, bien que l'identité de genre n'ait aucun rapport avec l'orientation sexuelle.
À l'initiative de Louis-Georges Tin, auteur du Dictionnaire de l'homophobie, le 17 mai est maintenant la date de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie. Cette date a été choisie pour célébrer l'anniversaire du retrait de l'homosexualité des maladies mentales par l'Organisation mondiale de la santé en 1990. La première édition de cette journée a eu lieu en 2005 et a été relayée dans 40 pays différents.

En Arabie saoudite

En Arabie saoudite, tout acte de sodomie commis par un non-musulman avec un musulman est passible de la lapidation.

À Cuba

À Cuba, le gouvernement castriste mit en place dès 1965 des Unidades Militares para el Aumento de la Producción, UMAP ou unités militaires d'appui à la production, officiellement pour remplacer le service militaire auprès de ceux qui étaient dispensés du port des armes, dont les objecteurs de conscience et les homosexuels. En fait, ils auraient accueilli tous ceux qui ne se comportaient pas comme le voulait le régime, parmi eux, les homosexuels. Rapidement connus pour leurs traitements inhumains, ces établissements furent fermés 18 mois plus tard, l'indignation du milieu artistique poussa Fidel Castro à personnellement fermer ces établissements en 1967, estimant qu'ils ne remplissaient pas les objectifs révolutionnaires, mais d'autres moins durs prirent leur place. Lors d'une interview en 2010, Fidel Castro s'excuse de ces persécutions, se considérant responsable, mais invoquant l'actualité géopolitique de l'époque pour expliquer son absence d'action à ce sujet.
Aujourd'hui Cuba est l'un des pays les plus tolérants envers les homosexuels, selon Marcel Hatch, militant LGBT. Il affirme que la Révolution cubaine, qu'il soutient, apporta un progrès significatif pour la libération sexuelle.
Cuba fait partie des 66 États ayant signé la résolution de l'ONU pour la Dépénalisation universelle de l'homosexualité.

En France

Les normes juridiques en vigueur prohibent en France toute discrimination en fonction de l’orientation sexuelle. Le rapport sur l’homophobie dans l’entreprise commandé par la HALDE et publié en 2008, révèle que 12 % des homosexuels interrogés estiment avoir été mis au moins une fois hors jeu lors d’une promotion interne et 4,5 % être moins rémunérés à poste et qualification identiques. Selon un autre sondage, 17 % des salariés du secteur privé resp. 8 % dans le secteur public considèrent qu’être homosexuel est plutôt un inconvénient pour évoluer dans une entreprise resp. dans la fonction publique.
La principale difficulté pour évaluer, en France, l’ampleur d’une éventuelle discrimination salariale en fonction de l’orientation sexuelle est l’absence de sources statistiques fiables permettant d’identifier précisément les populations homosexuelles gay et lesbienne et leurs principales caractéristiques individuelles et économiques : âge, lieu de résidence, salaire, secteur d’activité, qualifications, etc.
Malgré ce vide statistique un article récent a néanmoins proposé une première évaluation de l’écart de salaire entre travailleurs/travailleuses homosexuels et hétérosexuels, à partir d’un échantillon de salariés homosexuels constitué des membres des couples de même sexe identifiés grâce aux différentes éditions de l'Enquête Emploi de l’Insee, en prenant soin d’exclure les différentes formes de cohabitation dont l’origine n’est pas liée à l’orientation sexuelle : cohabitation étudiante, économique, de migration, post-veuvage, etc. Il s'agit à ce jour de la seule étude disponible concernant la discrimination basée sur l'orientation sexuelle en France.
La comparaison des salaires des travailleurs homosexuels à ceux de salariés hétérosexuels partageant les mêmes caractéristiques pour les variables prises en compte par l'étude, montre que les hommes homosexuels subissent en France une pénalité, aussi bien dans le secteur privé, −6,2 %, que dans le secteur public, −5,5 %.
Pour donner un ordre de grandeur, cet écart est supérieur à la discrimination salariale hommes/femmes, évaluée aujourd’hui en France à environ −5,4 %, ce qui souligne l’ampleur de la discrimination affectant les homosexuels masculins selon l'étude de Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi. Les lesbiennes bénéficient au contraire d'une prime modérée : 1,5 % dans le secteur privé et entre 0 et 1,5 % dans le secteur public.
Toujours selon la même enquêté, la discrimination subie par les salariés gays ne se caractérise probablement pas par un moindre salaire à poste identique qui serait susceptible de recours légaux mais plutôt par un profil de carrière en retrait, résultat de transitions dans l’entreprise, en moyenne, moins favorables moindre fréquence ou ampleur des promotions. Faible en début de carrière la discrimination s’exprime cependant plus tard, à partir du moment où l’orientation sexuelle du salarié est progressivement révélée dans l’entreprise.
Enfin, les deux chercheurs ont montré que dans le secteur privé, le désavantage salarial subi par les homosexuels masculins est plus élevé pour les travailleurs qualifiés que pour les non-qualifiés et — dans les deux secteurs — pour les vieux que pour les jeunes. La discrimination est également plus faible à Paris que dans le reste de la France.
Les raisons qui expliquent des différences de rémunérations en fonction de l'orientation sexuelle sont de plusieurs ordres.
Une première raison ressort non pas d'une discrimination mais d'inégalités compensatrices. En effet, les femmes hétérosexuelles, anticipant une activité plus domestique après le mariage, limitent leur investissement professionnel tandis qu'au contraire les hommes, une fois mariés, devront compenser l'activité domestique de leur épouse, ce qui a des conséquences sur les différences de salaire entre les hommes et les femmes. Les homosexuels, n'étant pas liés par les mêmes contraintes, n'adoptent pas ces stratégies de sorte que les femmes homosexuelles investissent davantage en capital humain que les femmes hétérosexuelles tandis que les hommes homosexuels investissent moins que les hommes hétérosexuels ce qui conduit à prévoir des différences de salaire favorables aux lesbiennes et défavorables aux gays.
Une deuxième raison consiste en la discrimination, qu'on peut diviser en deux types : la préférence pour la discrimination et la discrimination statistique. La première désigne une différence de comportement face aux homosexuels à raison de leur orientation sexuelle en tant que telle. Les hommes la subissent davantage que les femmes. La seconde désigne la discrimination qui résulte de l'opinion que se fait l'employeur sur la productivité d'un groupe. Les gays, qui sont plus souvent infectés par le SIDA que le reste de la population, et qui sont dès lors reliés à des surcouts par l'employeur, subissent cette discrimination tandis que les lesbiennes, assimilées à des femmes à poigne et sans enfants, en bénéficient.

Pacte civil de solidarité et Mariage homosexuel en France

En Inde Homosexualité en Inde.

À la suite d'un jugement du 2 juillet 2009 de la Haute Cour de Delhi, depuis ce jour, l'homosexualité n'est plus un crime s'il est appliqué, dans les rapports sexuels et dans les sentimentssi les deux personnes sont adultes et consentantes annulant l'ancienne législation Article 377 du Code Pénal issu de la colonisation britannique.
Le 11 décembre 2013, la Cour suprême d'Inde déclare les relations homosexuelles comme étant illégales et non contraires aux droits fondamentaux. Ainsi de fait, la restauration de la section 377 du code pénal indien criminalise à nouveau l'homosexualité.

En Iran

En Iran, la loi condamne durement les actes homosexuels, ceux qui s'y adonnent encourent à la flagellation et même à la peine de mort, dans le cas de trois récidives.

En Israël

Israël possède une législation qui ne reconnaît pas le mariage homosexuel mais condamne de façon plus sévère un crime qui relèverait d'homophobie. De plus, il existe une forte communauté LGBT qui est souvent mal perçue par le milieu religieux, mais plutôt tolérée dans les milieux laïcs ou libéraux. Tous les ans a lieu une marche des fiertés à Tel-Aviv, et le gouvernement a un point de vue progressiste : il se dit occidental sur la question.
Mais les mariages entre deux personnes du même sexe conclus à l'étranger sont reconnus. En décembre 2012, la cour de justice familiale de Ramat Gan donna le premier divorce légal à un mariage homosexuel. Concernant la Loi du Retour, l'époux catholique d'un Juif parvint à acquérir la nationalité israélienne, à la suite d'une décision du ministère de l'Intérieur. Il existe également une reconnaissance du concubinage pour tous les couples, tant hétérosexuels qu'homosexuels.

Au Nigeria

Au Nigeria, la sodomie est passible de la peine de mort même si cette loi est très rarement appliquée51. En 2014 a été promulguée par le président Goodluck Jonathan une loi punissant de 10 ans de prison les personnes affichant publiquement une relation homosexuelle et de 14 ans de prison celles se mariant avec une personne de même sexe, alors que l'homosexualité est déjà sévèrement réprimée au Nigeria. Cette loi a été votée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en 2013.
Au Sénégal, les actes homosexuels sont passibles de cinq ans de prison et d'une amende de 100 000 à 1 500 000 francs CFA, selon le Code pénal sénégalais.

En Suisse

En Suisse, comme dans plusieurs autres pays européens, malgré le partenariat enregistré, les couples homosexuels avec enfant ne peuvent partager l’autorité parentale. Celle-ci, comme la filiation, n’est reconnue qu’au parent biologique. Le conjoint qui exerce un rôle parental et assume des obligations légales ne bénéficie d’aucun droit et demeure parent non statutaire.

Droits LGBT en Suisse.
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En Papouasie-Nouvelle-Guinée Ce qui se passe dans la tribu Etoro.

Déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBt

Martina Navrátilová et Mark Tewksbury lisent la Déclaration de Montréal lors de l'ouverture des Outgames le 29 juillet 2006 au Stade olympique de Montréal
Les participants de la Conférence internationale sur les droits humains des LGBT de Montréal, qui s’est tenue dans le cadre des premiers Outgames mondiaux 2006, rédigent puis rendent publique, le 29 juillet 2006, la déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBT. Elle est diffusée auprès de l’Organisation des Nations unies ONU et des gouvernements nationaux afin de mobiliser leur appui au respect des droits LGBT.
La Déclaration de Montréal fait le point sur les droits des LGBT dans le monde en général et dans le monde du sport en particulier. Elle dénonce le double discours de l'ONU qui n'applique pas suffisamment aux homosexuels la Déclaration universelle des droits de l'homme. Plusieurs droits fondamentaux, y compris à la vie, sont bafoués dans plusieurs pays membres de l'ONU, où l'homosexualité est criminalisée.
La déclaration de Montréal interpelle également les gouvernements du monde et certaines grandes religions. Les premiers parce qu'ils ne garantissent pas aux homosexuels le droit de se marier entre eux et les secondes parce qu'elles n'appliquent pas leurs principes de tolérance envers les homosexuels. Cette vision est cependant contestable, puisque l'on demande à des religions ancestrales de faire fi d'interdits absolus. Cette intolérance et les tabous entourant la question nuisent, selon la Déclaration de Montréal, à la lutte contre le sida.
Plus de 1 500 délégués ont traversé le globe pour participer à cette Conférence et y discuter dans les différents ateliers et plénières, où plusieurs experts internationaux ont pris la parole dont L'honorable Louise Arbour, haute-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU et Martina Navrátilová, la joueuse de tennis de renommée internationale.

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#64 Combat des homosexuels 2
Loriane Posté le : 27/06/2015 19:19
Droits LGBT en Suisse.
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En Papouasie-Nouvelle-Guinée Ce qui se passe dans la tribu Etoro.

Déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBt

Martina Navrátilová et Mark Tewksbury lisent la Déclaration de Montréal lors de l'ouverture des Outgames le 29 juillet 2006 au Stade olympique de Montréal
Les participants de la Conférence internationale sur les droits humains des LGBT de Montréal, qui s’est tenue dans le cadre des premiers Outgames mondiaux 2006, rédigent puis rendent publique, le 29 juillet 2006, la déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBT. Elle est diffusée auprès de l’Organisation des Nations unies ONU et des gouvernements nationaux afin de mobiliser leur appui au respect des droits LGBT.
La Déclaration de Montréal fait le point sur les droits des LGBT dans le monde en général et dans le monde du sport en particulier. Elle dénonce le double discours de l'ONU qui n'applique pas suffisamment aux homosexuels la Déclaration universelle des droits de l'homme. Plusieurs droits fondamentaux, y compris à la vie, sont bafoués dans plusieurs pays membres de l'ONU, où l'homosexualité est criminalisée.
La déclaration de Montréal interpelle également les gouvernements du monde et certaines grandes religions. Les premiers parce qu'ils ne garantissent pas aux homosexuels le droit de se marier entre eux et les secondes parce qu'elles n'appliquent pas leurs principes de tolérance envers les homosexuels. Cette vision est cependant contestable, puisque l'on demande à des religions ancestrales de faire fi d'interdits absolus. Cette intolérance et les tabous entourant la question nuisent, selon la Déclaration de Montréal, à la lutte contre le sida.
Plus de 1 500 délégués ont traversé le globe pour participer à cette Conférence et y discuter dans les différents ateliers et plénières, où plusieurs experts internationaux ont pris la parole dont L'honorable Louise Arbour, haute-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU et Martina Navrátilová, la joueuse de tennis de renommée internationale.

Histoire Dans l'Antiquité

Homosexualité dans l'Antiquité et Pédérastie.
Certaines sociétés préchrétiennes montraient plus ou moins de tolérance ou d'acceptation vis-à-vis des pratiques homoérotiques. Pour beaucoup d'entre elles, ces pratiques étaient toutefois très codifiées socialement, et tout écart vis-à-vis de ces normes était mal vu, voire considéré comme délictueux. Par exemple, dans certaines cités de la Grèce antique, la pédérastie était pratiquée dans le cadre de l'éducation d'adolescents mâles, mais de façon généralement très codifiée. Ainsi, à Athènes, l'éraste, partenaire adulte, devait être actif dans la relation sexuelle, et l'éromène, adolescent, passif, faute de quoi la relation était considérée comme immorale. Par ailleurs, l'homosexualité exclusive demeurait quelque chose de rare, la pédérastie n'excluant absolument pas les relations avec les femmes ni la génération.
Dans Le Banquet de Platon, Aristophane raconte qu'au temps de Zeus, il y avait trois sexes : l'homme, la femme et l'androgyne. La forme humaine était celle d'une sphère avec quatre mains, quatre jambes et deux visages, une tête unique et quatre oreilles, deux sexes, etc. Le mâle était un enfant du Soleil, la femelle de la Terre, et l'androgyne de la Lune. Leur force et leur orgueil étaient immenses et ils s'en prirent aux dieux. Zeus trouva un moyen de les affaiblir sans les tuer, ne voulant pas anéantir la race comme il avait pu le faire avec les Titans : il les coupa en deux. Il demanda ensuite à Apollon de retourner leur visage et de coudre le ventre et le nombril du côté de la coupure. Mais chaque morceau, regrettant sa moitié, tentait de s'unir à elle : ils s'enlaçaient en désirant se confondre et mouraient de faim et d'inaction. Zeus décida donc de déplacer les organes sexuels à l'avant du corps. Ainsi, alors que les humains surgissaient auparavant de la terre, un engendrement mutuel fut possible par l'accouplement d'un homme et d'une femme. Alors, les hommes qui aimaient les femmes et les femmes qui aiment les hommes? moitiés d'androgynes permettraient la perpétuité de la race.
On relève également que plusieurs sociétés antiques, comme la Grèce et le Japon, ont encouragé la création de liens homosexuels dans certains corps d'armée entre des combattants expérimentés et leur disciple. L'on pensait alors que deux hommes amoureux se battraient avec plus de détermination et avec une plus grande morale. Le Bataillon sacré de Thèbes constitue un exemple classique de force militaire bâtie sur cette croyance.

On trouve dans l'Antiquité des discussions sur les relations entre animaux de même sexe, ce qui laisse penser que le concept d'homosexualité était connu des Anciens.

Répression au Moyen Âge en Europe

Malgré la tolérance des peuples germaniques — les lois du Haut Moyen Âge ne font aucune référence à l'homosexualité — dans la société chrétienne du Moyen Âge et jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, l'acte homosexuel entraîne la peine de mort dans la plupart des États européens
Au VIe siècle, de crime contre la dignité, l'acte homosexuel devient un crime contre l'ordre naturel défini par Dieu et pouvant mener jusqu'au bûcher. Durant tout le Moyen Âge, l'homosexualité, considérée comme une hérésie, est combattue, notamment par l'Inquisition, sous le nom de bougrerie. Le terme bougrerie est dérivé de boulgre, qui signifie bulgare, utilisé à l'époque pour désigner les bogomiles la Bulgarie étant un centre important de cette hérésie. Que la morale bogomile soit en réalité ascétique n’entre pas en considération pour expliquer l’emploi du terme : tous les cathares ne l'appliquaient pas et seuls les parfaits n'étaient pas dépravés.
La torture est infligée aux coupables d'actes homosexuels ou de sodomie, qu'on appelle alors délit de l'épine du dos ou tout simplement délit de l'épine est très sévèrement châtiée : Quand on aura soupçonné un homme de bougrerie, il doit être mis en prison. Les personnes d’Église doivent faire l’Inquisition de la foi sur lui, et demander de la foi. Et s’il est condamné, le roi le fait mettre à mort. … Celui qui est sodomite prouvé, doit perdre les couilles, et s’il le fait une seconde fois, il doit perdre le membre ; et s’il le fait une troisième fois, il doit être brûlé. … Femme qui le fait doit à chaque fois perdre un membre, et la troisième fois, doit être brûlée. Et tous leurs biens sont au roi.

Époque classique.

Améliorez-le ou discutez des points à vérifier. Si vous venez d’apposer le bandeau, merci d’indiquer ici les points à vérifier.
À la sortie du Moyen Âge, de nombreux personnages historiques, artistes, militaires, hommes d’Église, monarques, princes et ducs en France et à l’étranger furent à tort ou à raison soupçonnés d’être homosexuels, mais ce motif seul ne donna jamais lieu à des condamnations, d'autant que ces individus étaient pour la très large majorité mariés avec des femmes produisant descendance. Ce fut par exemple en France le cas du roi Henri III, largement suspecté et ouvertement accusé par les protestants puritains d'accorder à ses nombreux mignons des faveurs pas uniquement politiques.
Alors qu'au XVIe siècle l'accusation de sodomie pouvait encore ponctuellement constituer un motif de pression politique, qui obligea par exemple l'érudit humaniste Marc Antoine Muret à s'exiler, le début du XVIIe siècle et l'admiration pour les héros antiques aux amours masculines célébrées dans la littérature classique, ouvre la voie à un climat de tolérance vis-à-vis des relations sentimentales entre hommes. Plusieurs grands artistes comme Jean-Baptiste Lully ou Savinien de Cyrano de Bergerac afficheront ainsi des amours viriles sans inquiétude
L'exemple le plus célèbre fut sans doute Philippe d'Orléans 1640-1701,Monsieur, frère du Roi Louis XIV et mari de Madame Henriette d'Angleterre puis Élisabeth-Charlotte de Bavière, dont il eut respectivement quatre et trois enfants. Celui-ci avait en effet été éduqué d'une manière volontairement féminine par sa mère et le cardinal Mazarin, éprouvés par la Fronde, sans doute dans le but d'éviter toute velléité au trône de sa part. Il fut ainsi habillé en fille pendant la majeure partie de son enfance et encore souvent à l'âge adulte, et invité à entretenir des relations sentimentales avec d'autres jeunes garçons, et conserva cette inclination toute sa vie, au vu de toute la cour.
Le Duc de Saint-Simon le décrit ainsi dans ses Mémoires :
'était un petit homme ventru, monté sur des échasses tant ses souliers étaient hauts, toujours paré comme une femme, plein de bagues, de bracelets et de pierreries partout, avec une longue perruque toute étalée devant, noire et poudrée et des rubans partout où il pouvait mettre, plein de sortes de parfums et en toutes choses la propreté même…
L'un de ses principaux mignons fut le futur abbé François-Timoléon de Choisy61, qui laissa à ce propos des Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme, dans lesquelles il décrit ainsi sa relation avec Monsieur :
On m’habillait en fille toutes les fois que le petit Monsieur venait au logis, et il y venait au moins deux ou trois fois la semaine. J’avais les oreilles percées, des diamants, des mouches et toutes les autres petites affèteries auxquelles on s’accoutume fort aisément et dont on se défait fort difficilement. Monsieur, qui aimait tout cela, me faisait toujours cent amitiés. Dès qu’il arrivait, suivi des nièces du cardinal Mazarin, et de quelques filles de la Reine, on le mettait à la toilette, on le coiffait .... On lui ôtait son justaucorps, pour lui mettre des manteaux de femme et des jupes... ... il mettait le soir des pendants d’oreille et des mouches, et se contemplait dans ses miroirs, encensé par ses amants.
Monsieur fréquenta plusieurs autres favoris comme le marquis de Châtillon, le comte de Guiche et surtout le chevalier Philippe de Lorraine, à la cour du Roi-Soleil qui ne manquait pas de grands personnages au goût italien, le prince de Condé, les ducs de Vendôme, de Villars et de Gramont, le prince Eugène de Savoie, les maréchaux de Turenne et d’Huxelles, le cardinal de Bouillon.... Il est probable que Louis XIV ait lui-même favorisé cette situation chez son frère et certains autres seigneurs pour des raisons stratégiques, comme avant lui Jules Mazarin et Richelieu.
L'homosexualité ne semble ainsi pas un sujet tabou au XVIIe siècle, et nombre de personnages ne semblent pas s'en cacher, qu'ils soient du peuple ou de la Cour : les peines prévues pour le crime de sodomie ne sont en réalité appliquées que quand elles sont aggravées de viol, prostitution ou blasphème, et l’Église compte trop d'influents prélats s'adonnant à ces plaisirs pour oser les condamner. Les références au goût italien émaillent ainsi régulièrement les écrits des mémorialistes et surtout les lettres des nombreux épistoliers. Cela est particulièrement frappant chez Élisabeth-Charlotte de Bavière, qui déclare à sa cousine à propos de l'amour des hommes de son mari :
Tous les héros étaient ainsi : Hercule, Thésée, Alexandre, César, tous étaient ainsi et avaient leurs favoris... ... Ceux qui, tout en croyant aux Saintes Écritures n’en sont pas moins entachés de ce vice-là, s’imaginent que ce n’était un péché que tant que le monde n’était pas peuplé. Ils s’en cachent tant qu’ils peuvent pour ne pas blesser le vulgaire, mais entre gens de qualité on en parle ouvertement. Ils estiment que c’est une gentillesse et ne font pas faute de dire que depuis Sodome et Gomorrhe notre Seigneur Dieu n’a plus puni personne pour ce motif...

Les Lumières

Au siècle des Lumières, Montesquieu puis Voltaire et Cesare Beccaria se sont interrogés sur la sévérité de la peine, mais ne semblent pas avoir contesté un caractère anormal à l'homosexualité. Toutefois, Voltaire qualifie l'homosexualité d'attentat infâme contre la nature, d'abomination dégoûtante, et de turpitude. En Angleterre, Jeremy Bentham, dans son Essai sur la pédérastie, qui paraîtra à titre posthume, suit une argumentation utilitariste et défend une dépénalisation de la pédérastie.
La peine de mort pour sodomie est remplacée par les travaux forcés en Pennsylvanie 1786 et en Autriche 1787.
En 1791, la France est le premier pays à dépénaliser complètement l'homosexualité, l’Assemblée constituante de 1789 ne retenant pas le crime de sodomie dans le Code pénal.

XIXe siècle

Le Code pénal de Napoléon en 1810 ne revient pas sur cette dépénalisation et influence de nombreuses législations européennes Pays-Bas, Bavière, etc..
En Angleterre, la peine de mort pour cette raison n'est plus appliquée à partir de 1836. Néanmoins, en 1861, une loi condamne la sodomie d'une peine de dix ans de prison.
Pendant le XIXe siècle, les thèmes homosexuels vont progressivement fleurir dans la littérature romantique et surtout post-romantique, le plus célèbre personnage homosexuel français étant sans doute Vautrin, personnage-clef de nombreux romans du cycle de La Comédie humaine de Balzac. Dans la seconde moitié du siècle, de plus en plus d'écrivains qu'ils soient dandys ou non ne feront pas mystère de leurs préférences sexuelles, comme Oscar Wilde ou Paul Verlaine, connu pour sa fameuse romance noire avec le jeune Arthur Rimbaud qui sera citée comme circonstance aggravante lors de son procès en Belgique en 1873 pour tentative de meurtre sur son jeune amant.
Les relations entre hommes sont au XIXe siècle souvent liées à un imaginaire exotique, notamment oriental. C'est ainsi que Gustave Flaubert en fait mention dans Salammbô : Il s’était formé d’étranges amours – unions obscènes aussi sérieuses que des mariages, où le plus fort défendait le plus jeune…et l’enfant devenu mercenaire payait ce dévouement par mille soins délicats et des complaisances d’épouse…. Flaubert profita également de son séjour au Moyen-Orient en 1849-50 pour expérimenter ces plaisirs exotiques, comme il le rapporte dans sa correspondance avec son ami Louis Bouilhet :
Ici c’est très bien porté. On avoue sa sodomie, on en parle à la table d’hôte. C’est aux bains que cela se pratique. On retient le bain pour soi 5 F. y compris les masseurs et la pipe et on enfile son gamin dans une des salles. Tous les garçons de bains sont bardaches, ce sont ordinairement des garçons assez gentils… ... Tu me demandes si j’ai consommé l’œuvre des bains. Oui, sur un jeune gaillard gravé de la petite vérole qui avait un énorme turban qui m’a fait rire. Je recommencerai.
Si les rapports homosexuels masculins ont toujours été favorisés par les environnements dépourvus de femmes comme les prisons, les colonies pionnières en constituèrent souvent un terreau particulièrement fertile. Par exemple, en 1879, un article du journal Le Temps, indique que l'homosexualité est alors très répandue en Nouvelle-Calédonie :
Avec un peu de travail et de conduite, les déportés de bonne volonté eussent pu se procurer en Nouvelle-Calédonie un certain bien-être, y devenir à leur tour propriétaires de terres et de fermes. Mais eussent-ils pu s'y créer une famille ? Nous n'osons l'affirmer, car les femmes y manquent. Qu'on le sache bien au ministère de la marine ; le développement de la Nouvelle-Calédonie, la morale surtout, bien plus qu'il ne nous est possible de l'indiquer ici, exigent qu'on dirige en masse sur Nouméa tout le personnel féminin de nos prisons. Le soufre et le feu qui détruisirent Sodome et Gomorrhe seraient à peine suffisants pour purifier la Nouvelle-Calédonie de ses souillures. Les hommes justes, qui, hâtons-nous de le dire, se trouvent à Nouméa en plus grand nombre que dans les deux villes maudites, ne nous contrediront pas.
C'est la fin du XIXe siècle qui voit l'apparition du terme homosexualité issu de l'allemand, ainsi que la problématisation de l'idée de sexualité. Alors que les discours s'attachaient jusque là aux seules pratiques notamment la sodomie, un nouveau type de discours va faire naître l'image de l'homosexuel, où le concept d'orientation sexuelle fruit du vécu de l'individu ou de sa génétique suivant les auteurs prend une dimension existentielle et psychologique, jusqu'à surdéterminer toute la personnalité de l'individu, et est généralement considérée comme exclusive la bisexualité étant peu considérée. Cette analyse est notamment développée par Michel Foucault dans son Histoire de la sexualité 1976-84 :
L’homosexuel du XIXe siècle siècle est devenu un personnage : un passé, une histoire et une enfance, un caractère, une forme de vie; une morphologie aussi, avec une anatomie indiscrète et peut-être une physiologie mystérieuse. Rien de ce qu’il est au total n’échappe à sa sexualité. Partout en lui, elle est présente … Elle lui est consubstantielle, moins comme un péché d’habitude que comme une nature singulière. Il ne faut pas oublier que la catégorie psychologique, psychiatrique, médicale de l’homosexualité s’est constituée du jour où on l’a caractérisée … moins par un type de relations sexuelles que par une certaine qualité de la sensibilité sexuelle, une certaine manière d’intervertir en soi-même le masculin et le féminin. L’homosexualité est apparue comme une des figures de la sexualité lorsqu’elle a été rabattue de la pratique de la sodomie sur une sorte d’androgynie intérieure, un hermaphrodisme de l’âme. Le sodomite était un relaps, l’homosexuel est maintenant une espèce.

Persécutions sous le régime nazi

Discrimination et déportation des homosexuels sous l'Allemagne nazie et Triangle rose.

L'idéologie nazie a tout d'abord entretenu des relations ambiguës avec l'homosexualité. Aux premières heures du mouvement, le culte de la virilité, de la beauté plastique, de l'homme nouveau était teinté de machisme et d'homoérotisme. Les SA, par la voix d'Hans Blücher — un proche de l'organisation paramilitaire — et par l'exemple d'Ernst Röhm, qui était ouvertement homosexuel, furent plutôt favorables à l'homosexualité à l'antique. Néanmoins, les sections d'assauts furent balayées avec la Nuit des Longs Couteaux et, l'année qui suivit, en 1935, le régime durcit la législation envers les homosexuels, modification du § 175 du Code pénal allemand. Il faut néanmoins rappeler qu'à l'époque, la condamnation pénale de l'homosexualité, ainsi que son classement dans les maladies mentales, étaient considérés comme allant de soi dans de nombreux pays. La pénalisation de l'homosexualité, en elle-même, n'était donc pas spécifique à l'Allemagne nazie.
Il n'en reste pas moins qu'au temps du Reich, de très nombreux homosexuels furent déportés vers les camps de concentration. Les prisonniers masculins déportés pour homosexualité étaient marqués d'un triangle rose, d'une taille supérieure aux autres triangles classificatoires, ce qui avait souvent pour effet, en plus des conditions de vie très dures dans les camps, de les livrer à l'hostilité des autres déportés. C'est pourquoi le triangle rose est aujourd'hui utilisé comme un symbole d'identité gay, rappel de la cruauté des persécutions passées.
Les femmes homosexuelles ne furent pas épargnées par la Gestapo, et de nombreuses lesbiennes furent déportées, mais ce fut plutôt en tant qu'asociales qu'en tant que délinquantes sexuelles définies. En effet, elles étaient marquées d'un triangle noir, signe de leur appartenance au groupe des personnes socialement inadaptées. Parmi ces personnes, on trouvait des chômeurs de longue durée, des vagabonds, des marginaux, des alcooliques, des toxicomanes et certains malades mentaux, mais aussi des prostituées ou encore des femmes qui employaient des contraceptifs.
Aucun projet spécifique d'extermination comparable à la Solution finale n'a été élaboré en vue de faire disparaître les homosexuels à l'instar des Juifs, des Tsiganes et autres ethnies considérées comme inférieures. Cependant, les orateurs nazis s'en prenaient couramment à eux, en des termes fort peu équivoques quant à la nécessité de leur élimination, ce qui ne pouvait pas être sans effet sur le traitement qui leur fut réservé dans les camps de concentration, au seul motif qu'ils étaient homosexuels. Ils furent ainsi victimes de traitements jugés particulièrement cruels.
Ce n'est que plusieurs décennies après la fin de la Seconde Guerre mondiale que les actions du régime hitlérien envers les homosexuels font l'objet d'un certain intérêt, et seules quelques commémorations officielles ont eu lieu depuis, dont le Homomonument à Amsterdam et un projet de monument à Berlin.
Aucune étude historique de fond n'a à ce jour été publiée sur le nombre d'homosexuels tant déportés qu'assassinés entre 1933 et 1945. Les travaux sur base des condamnations légales suggèrent 10 000 victimes :
Moins de dix survivants homosexuels ayant témoigné sont connus à ce jour. Franck Rector fait un tour d'horizon des statistiques. Estimant de 10 000 à 1 million de victimes, il choisit néanmoins le nombre de 500 000. Pour lui, si les estimés de Himmler sur le nombre total d'homosexuels masculins en Allemagne étaient de 2 millions, il procède au calcul selon une simple statistique. 25 % des homosexuels d'Allemagne, de Hollande et de la France est donc, selon lui, une statistique valable. Heinz Heger, au milieu des années 1970, estimait le nombre de victimes à 50 000. Ses données sont fondées sur un estimé des condamnations légales. Il ne tient donc pas compte des victimes sans procès. Un autre estimé vient de l'Église de la confession d'Augsbourg d'Autriche. Cet estimé est de 220 000. Cependant, les méthodes de calcul de cet estimé sont fortement critiquées par d'autres historiens. Richard Plant, quant à lui, estime, que de 1933 à 1944, 50 000 à 63 000, dont 4 000 mineurs et 6 lesbiennes ! meurent des mauvais traitements des camps nazis. Finalement, les ouvrages généraux sur les persécutions nazies — lorsqu'ils discutent du traitement des homosexuels — estiment pour la plupart le nombre de victimes homosexuelles à 10 000. Ce nombre est basé sur une compilation des condamnations officielles du régime nazi sous le paragraphe 1757.

Le triangle rose, marque des prisonniers

homosexuels dans les camps de concentration.

En France, la situation fut contrastée. Dans les territoires annexés Alsace et Moselle intégrés au Reich et donc soumis au Code pénal allemand, les homosexuels furent déportés. Mais aussi, en zone occupée, comme dans la France de Vichy, les homosexuels furent inquiétés, mais des homosexuels célèbres, comme Jean Cocteau, purent continuer leur vie mondaine à Paris au vu et au su de tous, celui-ci affichant sa liaison avec Jean Marais, ce qui donnera lieu à l'incident avec le journaliste Alain Laubreaux. Le cabaret de Suzy Solidor, dont l'homosexualité était de notoriété publique, était fréquenté par des soldats allemands. Certains collaboreront avec l'occupant, comme Abel Bonnard, ministre de la Jeunesse du gouvernement Pierre Laval, affublé du sobriquet Gestapette, Jacques Benoist-Méchin, aussi membre du gouvernement de Vichy, Roger Peyrefitte ou Bernard Faÿ. Marcel Bucard, meneur d’un parti ultra-collaborationniste, est soupçonné de l’avoir été. Néanmoins, en 1942, le régime de Vichy introduit dans le Code pénal une discrimination, rompant la tradition française d'égalité des homosexuels et hétérosexuels : l'alinéa 1 de l’article 334 du Code pénal est modifié pour faire d'un délit l'acte consistant à avoir des relations homosexuelles avec un mineur, moins de 21 ans, au lieu de 13 ans pour les hétérosexuels. Les ordonnances du gouvernement provisoire de la République française en 1945, en élevant l'âge de consentement à 15 ans aux seules relations hétérosexuelles, confirment cette disposition, la déplaçant seulement en nouvel alinéa 3 de l’article 331 et resteront jusqu'en 1982, où la loi Raymond Forni du 4 août 1982, rapportée par Gisèle Halimi et soutenue par Robert Badinter, abrogera cette discrimination.
Les persécutions nazies à l'égard des homosexuels se sont déroulées dans un contexte de durcissement général des régimes totalitaires et autoritaires sur les déviances morales . Ainsi, en 1934, Joseph Staline a fait adopter des dispositions pénales prévoyant l'emprisonnement et la déportation des homosexuels. D'après des données incomplètes, de l'ordre de 300 000 à 400 000 personnes ont été condamnées sur la base de ces dispositions, qui n'ont été abrogées qu'à la fin des années 1980.

Évolution des mentalités depuis 1945

Le regard de la psychanalyse et de la psychiatrie.

Selon le psychanalyste Sigmund Freud, dont les théories datent des années 1900-1930, l'homosexualité est une variation de la fonction sexuelle : c'est une perversion au sens psychologique du terme, et non moral du modèle de maturation psychique qu'est le complexe d'Œdipe. Pour lui cependant, il n'y a pas à en avoir honte et un homosexuel heureux n'a pas besoin de traitement. Selon lui, seul un homosexuel malheureux peut avoir besoin de la psychanalyse, pour analyser la souffrance qu'il peut ressentir en général, au même titre qu'un hétérosexuel79.Dans une lettre datant de 1919 écrite à la mère d'une jeune patiente, Freud explique : l'homosexualité n'est pas un avantage mais ce n'est pas non plus quelque chose dont on doit avoir honte, ce n'est ni un vice ni une dégradation et on ne peut pas non plus la classer parmi les maladies. Cette conception va à l'encontre des théories psychiatriques de l'époque.
En 1973, l'Association américaine de psychiatrie retire l'homosexualité de sa liste des maladies mentales DSM-IV. La Chine fait de même le 20 avril 200180.
La situation est aujourd'hui moins polémique qu'à l'époque. Aucune organisation psychiatrique ou psychologique majeure d'Occident ne considère l'homosexualité comme étant une maladie ni un sujet d'intervention en tant que tel. Au contraire, tout essai de changement d'orientation sexuelle est aujourd'hui souvent dénoncé fermement comme étant dangereux, non nécessaire ou inefficace. Le consensus dans la communauté psychiatrique et psychologique est que l'homosexualité est soit innée alors qu'il n'y a aucune preuve de la présence d'un gène déterminant l'orientation sexuelle, soit apparaît très tôt dans la vie sans pour autant être sûr de l'origine précise de l'orientation sexuelle, et est immuable bien que la compréhension de son orientation sexuelle puisse évoluer au cours de sa vie, Contradiction.

Point de vue de l’Église catholique romaine

Homosexualité dans le christianisme.

Avec l'aggiornamento souhaité par le pape Jean XXIII, l'Église latine a reformulé son magistère à la lumière de la constitution Lumen Gentium.
Un premier document de la Congrégation pour la doctrine de la foi daté de 1975 trace une limite claire entre ce qui est appelé tendances homosexuelle et pratique homosexuelle actives. Les tendances sont reconnues comme étant un élément intrinsèque de la personne et indépendante de sa volonté. À ce titre elles ne peuvent être condamnées. Dans la mesure où le ministère presbytéral ou épiscopal appelle à une continence sexuelle absolue, il n'y a pas d'empêchement à ordonner une personne homosexuelle.
Un deuxième document de 1986, est publié par la Congrégation pour la doctrine de la foi sous forme de lettre aux évêques catholiques et signé par son préfet, alors le cardinal Ratzinger, avec mention de l'approbation explicite du pape Jean-Paul II85. Ce texte est nettement en recul par rapport à celui de 1975 puisqu'il est écrit : l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral. Il n'est donc plus admis que la tendance homosexuelle est indépendante de la volonté de la personne. La fin du document donne des instructions assez précises concernant le refus d'accès aux locaux appartenant à l’Église des groupes de demande de droits pour les homosexuels.

Le sida

À la fin des années 1970, des médecins de New York et de San Francisco notent que plusieurs de leurs patients homosexuels souffrent d'asthénie, de perte de poids et parfois même de formes rares et atypiques de cancer, comme le Sarcome de Kaposi. L'existence d'un problème sanitaire est avérée en juillet 1981 lorsque le Centres pour le contrôle et la prévention des maladies CDC d'Atlanta relève une fréquence anormalement élevée de sarcomes de Kaposi et l'apparition d'un nouveau virus comme cause de ce qui sera connu comme le Syndrome d'immunodéficience acquise Sida est évoquée dès 1982.
Une fois le virus de l'immunodéficience humaine, VIH responsable du Sida identifié en 1983 et les modes de contamination découverts, des campagnes de sensibilisations et d'informations sont organisées. Mais au début de l'épidémie, le Sida est resté associé dans les esprits à l'homosexualité en raison du grand nombre de personnes atteintes dans le milieu libertin gay. Plusieurs célébrités gay sont touchées dans les années 1980 et en mourront rapidement, comme Patrick Cowley 1982, Klaus Nomi 1983, Michel Foucault 1984, Rock Hudson 1985, Keith Haring 1990 ou encore Freddie Mercury 1991. C'est ainsi que la presse a commencé par désigner le syndrome par l'expression cancer gay, avant de revenir sur ce préjugé face aux personnalités séropositives non-gay de plus en plus nombreuses, Miles Davis, Isaac Asimov, Anthony Perkins….
La prise de conscience générale a été beaucoup aidée par la communauté homosexuelle, car de nombreux mouvements, tels que celui d’Act Up-Paris ou David et Jonathan86 et des vedettes internationales comme Freddie Mercury en ont forcé la visibilité, incitant les dirigeants politiques à engager de véritables recherches scientifiques.

Un droit évolutif Droits LGBT dans le monde.

Une dépénalisation progressive


En 1791, en France, le Code pénal ne fait aucune mention des lois anciennes concernant la sodomie ou de tout autre terme désignant les rapports homosexuels. Cette dépénalisation fut confirmée par le Code pénal de 1810.
La sodomie est décriminalisée, en 1962, dans l'Illinois, en 1967, au Royaume-Uni, en 1969, en Allemagne de l'Ouest.
Le Bill omnibus du ministre de la Justice du Canada, Pierre Elliott Trudeau, décriminalise la sodomie entre adultes consentants. L'État n'a pas à s'immiscer dans la chambre à coucher de la Nation » avait déclaré le ministre qui deviendra quelques mois plus tard Premier ministre du Canada. En 1977, La Charte des droits et libertés de la personne du Québec est amendée. Désormais, il est interdit de faire de la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. Il s'agit de la première loi au monde qui interdit ce genre de discrimination dans les secteurs public et privé à part quelques villes et comtés des États-Unis. En 1995, le Canada rend anticonstitutionnelle la discrimination envers les homosexuels.
L’Organisation mondiale de la santé supprime, en 1990, l'homosexualité de la liste des maladies mentales.
La révolution russe de 1917 dépénalise l'homosexualité, alors que Joseph Staline l'interdit à nouveau pour être, bis repetita placent, officiellement dépénalisée au cours de l'année 1993 en Russie87. En 1994, le paragraphe 175 est abrogé en Allemagne. En 2003, la Cour suprême des États-Unis abolit les lois toujours en vigueur contre les pratiques sexuelles homosexuelles.

Union civile, mariage partiellement légalisés,

Mariage homosexuel et Union civile.

Le 1er octobre 1989, la Loi sur le partenariat entre en vigueur au Danemark 1996 au Groenland, qui devient ainsi le premier pays dans l'histoire à autoriser l'union civile entre deux personnes majeures du même sexe, si l'une est citoyenne danoise ou vit au Danemark. Un rituel religieux pour couples de même sexe y est accepté en 1997 mais très peu officié.
Le 15 novembre 1999 en France, le parlement vote la loi sur le PACS, forme d'union civile accordant certains droits et devoirs aux couples aussi bien homosexuels qu'hétérosexuels, dans le maintien d'un esprit universel
Dans une résolution votée le 5 juillet 2001 à la suite du rapport Cornillet de 2000, le Parlement européen recommande aux États membres de l'Union européenne la modification de leur législation dans le sens d'une reconnaissance des relations non maritales entre personnes du même sexe ou de sexes différents et l'attribution de droits égaux à ces personnes ainsi que l'inscription à l'ordre du jour de l'Union européenne de la question de la reconnaissance mutuelle des relations non maritales reconnues légalement.
Dans un rapport adopté fin 2002, le Parlement recommande de reconnaître les relations non maritales, tant entre personnes de sexe différent qu'entre personnes du même sexe, et d'associer à ce type de relations des droits égaux à ceux qui découlent du mariage, tout en inscrivant à l'agenda politique la reconnaissance mutuelle des relations non maritales et du mariage entre personnes du même sexe .
Enfin, dans une résolution de 200390, le Parlement européen réitère sa demande d'abolir toute forme de discrimination — législatives ou de facto — dont sont encore victimes les homosexuels, notamment en matière de droit au mariage et d'adoption d'enfants.
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#65 Combat des homosexuels 3
Loriane Posté le : 27/06/2015 19:16
Union civile, mariage partiellement légalisés,

Mariage homosexuel et Union civile.

Le 1er octobre 1989, la Loi sur le partenariat entre en vigueur au Danemark 1996 au Groenland, qui devient ainsi le premier pays dans l'histoire à autoriser l'union civile entre deux personnes majeures du même sexe, si l'une est citoyenne danoise ou vit au Danemark. Un rituel religieux pour couples de même sexe y est accepté en 1997 mais très peu officié.
Le 15 novembre 1999 en France, le parlement vote la loi sur le PACS, forme d'union civile accordant certains droits et devoirs aux couples aussi bien homosexuels qu'hétérosexuels, dans le maintien d'un esprit universel
Dans une résolution votée le 5 juillet 2001 à la suite du rapport Cornillet de 2000, le Parlement européen recommande aux États membres de l'Union européenne la modification de leur législation dans le sens d'une reconnaissance des relations non maritales entre personnes du même sexe ou de sexes différents et l'attribution de droits égaux à ces personnes ainsi que l'inscription à l'ordre du jour de l'Union européenne de la question de la reconnaissance mutuelle des relations non maritales reconnues légalement.
Dans un rapport adopté fin 2002, le Parlement recommande de reconnaître les relations non maritales, tant entre personnes de sexe différent qu'entre personnes du même sexe, et d'associer à ce type de relations des droits égaux à ceux qui découlent du mariage, tout en inscrivant à l'agenda politique la reconnaissance mutuelle des relations non maritales et du mariage entre personnes du même sexe .
Enfin, dans une résolution de 200390, le Parlement européen réitère sa demande d'abolir toute forme de discrimination — législatives ou de facto — dont sont encore victimes les homosexuels, notamment en matière de droit au mariage et d'adoption d'enfants..
ize]
suivi, en février 2003, de la Belgique, en 2004, du Canada, en 2005 de l'Espagne qui devient le premier pays du sud de l'Europe à le reconnaître et, le 15 novembre 2006, de l'Afrique du Sud.
*Le 10 novembre 2000, le Bundestag adopte en Allemagne la loi sur le partenariat enregistré, dit partenariat de vie ou communauté de vie déclarée, Eingetragenen Lebenspartner chaft ou LPartG, ouvert aux couples homosexuels.
*Le 5 juin 2004, le député-maire Vert de Bègles, Noël Mamère célèbre le premier mariage gay français en dépit des avertissements du ministère de l’intérieur. Ce mariage est annulé en appel par le tribunal de Bordeaux.
*En juillet 2005 a lieu le premier mariage homosexuel en Espagne à la suite de la législation autorisant le mariage entre personnes du même sexe, adoptée le 21 avril 2005.
*Le 5 décembre 2005, l'entrée en vigueur de la Loi sur le Civil Partnership ouvre l'union civile aux couples homosexuels au Royaume-Uni
*En juillet 2005, le Parlement du Canada modifie sa Loi sur le mariage et la définition qu'elle contient pour reconnaître et permettre les unions entre personnes du même sexe en modifiant la définition, qui est maintenant l'union de deux personnes, à l'exclusion de toute autre
*Le 19 décembre 2005, la première union homosexuelle est célébrée en Irlande du Nord. Cette union civile donne les mêmes droits aux couples hétérosexuels et homosexuels.
*En 2007, à la suite d'une loi adoptée le 18 juin 2004 et acceptée par référendum le 5 juin 2005, entre en vigueur en Suisse la Loi fédérale sur le partenariat enregistré entre personnes du même sexe ou LPart.
*Le 15 mai 2008, la Cour Suprême de Californie a légalisé le mariage homosexuel dans cet État. Elle a mis en valeur la discrimination entre les couples homosexuels et hétérosexuels étant anticonstitutionnelle. Un référendum concomitant à l'élection présidentielle a rejeté cette légalisation.
*Le 1er mai 2009, le mariage homosexuel entre en vigueur en Suède. La même année, l'Église évangélique luthérienne de Suède a accepté de célébrer des mariages homosexuels. En 2009, le mariage a été ouvert aux couples du même sexe en Norvège.
*Le 17 mai 2010, le Portugal ouvre à son tour le mariage aux personnes homosexuelles.
*En juin 2010, l'Islande a autorisé le mariage homosexuel. Première à en profiter : Jóhanna Sigurðardóttir, la Première ministre.
*En juillet 2010, c'est au tour de l'Argentine de modifier son Code civil en remplaçant l'expression un homme et une femme par deux contractants.
*En 2012, le Danemark ouvre le mariage à tous les couples dans l'Église de l'État.
*Le 6 novembre 2012, aux États-Unis, l'État de Washington, le Maine et le Maryland ont autorisé le mariage gay lors de référendums organisés parallèlement à l'élection présidentielle américaine ; le mariage homosexuel était déjà reconnu dans six autres États américains, Connecticut, Iowa, Massachusetts, New Hampshire, New York et le district de Columbia de la capitale, Washington.
*Le 17 mai 2013, la France ouvre le mariage civil aux couples de même sexe.

L’homophobie sanctionnée par la loi

Depuis 1997, la Communauté européenne a le pouvoir de lutter contre les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle, de par l'article 13 du traité d'Amsterdam94. L'interdiction de la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle a été incluse en 2000 dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Par une directive cadre, l'interdiction de la discrimination est active sur l'emploi et la formation depuis 2000 ; l'égalité de traitement est un droit fondamental de l'UE95. Une directive du Conseil de 2008 vise à mettre en œuvre une égalité de traitement entre personnes, au-delà du domaine de l'emploi.

En 2001, les discriminations homophobes sont pénalisées en France.

Depuis 2003, le Code pénal français aggrave la pénalisation des crimes homophobes. Les menaces ou violences sont punies plus lourdement si elles ont été commises à raison de l'orientation sexuelle vraie ou supposée de la personne. Le Code pénal aggrave également les punitions pour les actes de violences article 222-8, de torture article 222-3 ou de viol article 222-24 s'ils sont été commis à raison de l'orientation sexuelle, vingt ans de réclusion criminelle. Le meurtre homophobe est puni de réclusion criminelle à perpétuité article 221-4.
L'orientation sexuelle est incluse en France parmi les motifs de discrimination prohibés en droit du travail et toute discrimination caractérisée au niveau économique fourniture d'un bien ou d'un service, exercice d'une activité et professionnel est sanctionnable en vertu de l'article 225 du Code pénal.
Le 30 décembre 2004, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité est créée en France pour lutter contre les discriminations, parmi lesquelles l'orientation sexuelle, en les décelant, en aidant à les combattre et en faisant évoluer le droit. La Halde peut être saisie pour mettre en cause des actes ou des situations relevant de l'homophobie.

Le 17 mai 2005, la première journée mondiale de lutte contre l'homophobie a lieu dans quarante pays.

En juin 2008, Xavier Darcos s'est engagé à lutter contre l'homophobie dans les lycées de France grâce à des campagnes de préventions. Les infirmières et infirmiers scolaires du collège seront, quant à eux, formés pour l'écoute des jeunes gays et lesbiennes.

En Chine Homosexualité en Chine.

Largement tolérée en Chine durant l'époque classique, l'homosexualité a été fortement réprimée et criminalisée à partir de la République populaire de Chine 1949, et fut le motif de persécutions durant la Révolution culturelle. La question de l'homosexualité ressurgit dans l'opinion publique et la presse chinoise à partir des années 1980, et la tolérance grandit au fil des années. En 1997, l’homosexualité est dépénalisée et la sodomie décriminalisée. En 2001, l’homosexualité est retirée de la liste des maladies mentales, puis devient un sujet d'étude dans les universités.

En France Droits LGBT en France.

Depuis la Révolution française par la loi du 25 septembre - 6 octobre 1791, qui adopta le Code pénal, dont un fait remarquable est l'absence de mention de la sodomie, considérée jusque là comme un crime, ou tout autre terme désignant les rapports homosexuels, les rapports homosexuels en privé entre adultes consentants ne sont plus poursuivis par la loi, en France.
Malgré cette dépénalisation des rapports homosexuels privés entre adultes consentants, non remise en cause par la loi depuis 1791, une police administrative forte est mise en place dès avant la Révolution et s’intensifie sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire autour des groupes d’homosexuels, notamment parisiens. Elle se caractérise par un recensement écrit, sous forme de fiches, des homosexuels identifiés, des prostitués homosexuels et travestis, le tout compilé dans les registres des pédérastes. Le but de ce fichage systématique était essentiellement de prévenir les chantages et les scandales publics tout en contrôlant la prostitution. Le fichage des homosexuels par la police n’est plus pratiqué depuis 1981.
Le régime de Vichy, par la loi du 6 août 1942 modifiant l’alinéa 1 de l’article 334 du Code pénal, établit une distinction discriminatoire dans l’âge de majorité sexuelle entre rapports homosexuels et hétérosexuels :
Sera puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 2 000 francs à 6 000 francs quiconque aura soit pour satisfaire les passions d’autrui, excité, favorisé ou facilité habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou de l’autre sexe au-dessous de vingt et un ans, soit pour satisfaire ses propres passions, commis un ou plusieurs actes impudiques ou contre nature avec un mineur de son sexe âgé de moins de vingt et un ans.
Cette loi crée une distinction explicite, on peut même dire une discrimination, entre rapports homosexuels et hétérosexuels s’agissant de l’âge à partir duquel un mineur civil peut entretenir une relation sexuelle avec un adulte, sans que cet adulte commette une infraction pénalement réprimée, 21 ans pour les rapports homosexuels et 13 ans pour les rapports hétérosexuels puis 15 ans par l’ordonnance du 2 juillet 1945. À la Libération, cet alinéa n’est pas abrogé comme ce fut le cas pour un grand nombre de lois pétainistes. À peine modifié, ce paragraphe a été seulement déplacé à l’alinéa 3 de l’article 331 du Code pénal par l’ordonnance du 8 février 1945. Cette nouvelle loi punissait … d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 60 francs à 15 000 francs quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe mineur de vingt et un ans.
En 1974, l’âge de majorité sexuelle pour les rapports homosexuels est abaissé à 18 ans. Avec cette modification, l’alinéa 377 de l’article 331 est resté dans le Code pénal jusqu’au 4 août 1982, date où fut inscrite la loi Raymond Forni, rapportée par Gisèle Halimi et soutenue par Robert Badinter, votée le 27 juillet 1982.
Il n’y a eu que deux lois à faire une mention explicite à l’homosexualité en France depuis la Révolution. Il y a eu donc l’article 331 décrit ci-dessus, mais aussi l’ordonnance du 25 novembre 1960, créant l’alinéa 2 de l’article 330 du Code pénal, prise à la suite de l’amendement Mirguet, qui a doublé la peine minimum pour outrage public à la pudeur quand il s’agissait de rapports homosexuels cette disposition a été supprimée en 1980 sur proposition du gouvernement Raymond Barre, présentée par Monique Pelletier, secrétaire d’État, reprenant la proposition de loi no 261 du 8 février 1978 d’Henri Caillavet. L’article 331 a été cependant beaucoup plus important que l’article 330, non seulement par sa durée, 40 ans pour l’article 331, 20 ans pour l’article 330, mais aussi par sa valeur symbolique, les débats écrits, les discours et les manifestations politiques autour de l’article 331 ont tous été beaucoup plus nombreux que ceux autour de l’article 330.
Le Pacte civil de solidarité Pacs instauré en 1999 reconnaît deux personnes du même sexe en tant que couple mais n’instaure aucun lien de filiation entre les deux partenaires et l’enfant de l’un ou l’autre.
La loi du 30 décembre 2004 instaure la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité HALDE. Seront pénalisées de façon quasi identiques les provocations à la haine ou à la discrimination, l’injure ou la diffamation, concernant le racisme, l’homophobie, le sexisme, et l’handiphobie… Les associations de plus de 5 ans d’existence déclarée pourront se porter partie civile aux côtés des victimes. La loi du 30 décembre 2004 concernait les propos publics, dans les médias audiovisuels : presse, livres, télévision ; mais les autres, l’agression verbale dans la rue ou sur le lieu de travail restaient peu punies. Par le décret du 25 mars 2005, ces types d’agressions non publiques font l’objet d’une contravention nettement plus sévère qu’une simple injure concerne aussi les propos sexistes et handiphobes.
L’élection de François Hollande à la présidence de la République en 2012 a ouvert la voie au mariage homosexuel comme prévu dans son programme, son gouvernement ayant obtenu la majorité à l’Assemblée nationale. Après un débat animé dans les deux assemblées la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe est adoptée le 23 avril 2013.

Pacte civil de solidarité et Mariage homosexuel.
L'homosexualité dans le monde vivant

Comportement homosexuel chez les animaux.

L'existence d'animaux homosexuels a été mentionnée par plusieurs auteurs antiques : Aristote perdrix, Athénée colombes, perdrix, Élien cailles, Horapollon perdrix, Pline l'Ancien cailles, coqs, perdrix, Plutarque coqs. Cependant, ces récits sont contestés par les auteurs et textes suivants : Platon Lois, Ovide, pseudo-Phocylide, Plutarque, Lucien, Longus, Jean Chrysostome, Caelius Aurelianus, Agathias VIe siècle, Justinien, Vincent de Beauvais…
Les scientifiques modernes ont de fait observé des comportements homoérotiques occasionnels chez un certain nombre d'espèces : abeilles, bonobos, castors, chauve-souris, chèvres, chiens, chimpanzés et certains autres singes, hannetons, lions, lucioles, pigeons, poulains, poules, tourterelles et vaches.
En 2005, Bruce Bagemihl répertorie plus de 450 espèces chez lesquelles ont été observées des pratiques homoérotiques. Pour le professeur Thierry Lodé, de l'université de Rennes 1, toutes les conduites sexuelles existent dans la nature bien que les comportements exclusifs restent plutôt rares, l'évolution privilégiant toujours la reproduction.
Une étude récente, faite à l'Université de Lausanne en Suisse sur des mouches génétiquement modifiées en réduisant le taux de glutamate à l'extérieur des neurones qui déterminent le comportement homosexuel, a démontré que cette carence entraînait une désinhibition des orientations sexuelles et que celles-ci étaient réversibles. Toutefois, selon le responsable de cette étude, le Dr Yael Grosjean, l'homosexualité n'est pas fixée.
Toutefois, de nombreux chercheurs pensent que le qualificatif d'homosexualité ne peut pas être appliqué au règne animal car bien que le comportement homoérotique occasionnel soit présent chez certains, l'homoxesualité au sens humain contemporain d'attirance sexuelle exclusivement dirigée vers des partenaires de même sexe au détriment de la reproduction sexuée n'est presque jamais observée, et ne constitue en aucun cas un acte conscient.
Ainsi, pour Thierry Hoquet, Si l’espèce humaine doit être, à de nombreux égards et peut-être même de part en part, considérée comme une espèce biologique, on peut néanmoins s’interroger sur l’unité des catégories humaines de viol, de harem, de monogamie ou d’homosexualité quand elles sont appliquées indifféremment à tous les animaux. Cette idée rejoint celle de Ruth Bleier selon laquelle un tel abus de langage relève d'un ethnocentrisme qui engendre des présupposés non examinés, des questions biaisées, un usage sélectif des modèles animaux, un anthropomorphisme des concepts et du langage machisme des insectes, prostitution chez les grands singes ou les oiseaux, homosexualité des vers de terre, ainsi que des distorsions et des représentations fautives dans l’usage des données.

Homo sapiens Homosexualité et neurosciences

Comportement érotique.

En étudiant davantage le cerveau humain, des scientifiques ont découvert des différences dans certaines régions cérébrales entre les hommes hétérosexuels et homosexuels. En 1990, le médecin et neurobiologiste hollandais Dick F. Swaab et le neuroscientifique Michel A. Hofman ont constaté que chez les hommes homosexuels, le volume du noyau suprachiasmatique de l'hypothalamus est presque le double de ce qu’il est chez les hétérosexuels. En 1995, ils ont aussi publié les résultats d’une expérience où l’on injectait une substance capable de bloquer l’action de la testostérone à des rats, avant ou après leur naissance. Une fois devenus adultes, ces rats avaient un noyau suprachiasmatique plus gros et un comportement bisexuel. En 1991, l’étude du neuroscientifique Simon LeVay avait montré que le troisième noyau interstitiel de l’hypothalamus antérieur NIHA-3 est au moins deux fois plus gros chez les hommes hétérosexuels que chez les femmes et les hommes homosexuels. Certaines recherches laissent à penser que durant le développement, de faibles taux d’androgènes circulants pourraient féminiser le cerveau de certains garçons qui deviendraient homosexuels, tandis que des taux élevés d’androgènes pourraient masculiniser le cerveau des filles qui deviendraient homosexuelles.
Dans les années 2000, les recherches en neurosciences ont montré que les êtres humains stimulent leurs zones érogènes car cela procure des récompenses / renforcements dans le cerveau. Ces récompenses, en particulier l'orgasme, sont perçues au niveau de la conscience comme des sensations de plaisirs érotiques et de jouissances. En simplifiant, l'être humain recherche les activités sexuelles car elles procurent des plaisirs érotiques intenses.
Chez l'être humain et certains autres animaux comme le chimpanzé, le bonobo, l'orang-outan et le dauphin, le comportement sexuel n'est plus seulement un comportement de reproduction, mais devient un comportement érotique. Au cours de l'évolution, l'importance et l'influence des hormones et des phéromones sur le comportement sexuel a diminué. Or, chez les mammifères les plus simples, ce sont les phéromones qui sont à l'origine de l'hétérosexualité. Au contraire, l'importance des récompenses est devenue majeure. Chez l'être humain, le but du comportement sexuel n'est plus le coït vaginal mais la recherche des plaisirs érotiques, procurés par la stimulation du corps et des zones érogènes, peu importe le sexe du partenaire.
Il faut être prudent en ce qui concerne l'aspect biologique : d'abord, en raison de la nature polémique de ce sujet de recherche, en particulier dans les pays anglo-saxons, la validité des études n'est pas garantie ; ensuite, les expériences sur des jumeaux doivent être interprétées avec précaution, car il est difficile d'extrapoler une relation directe du niveau génétique au niveau comportemental. Néanmoins, ces études suggèrent une influence au niveau des gènes : si un jumeau est homosexuel, son jumeau monozygote aurait environ 52 % de possibilité de l'être aussi et les jumeaux dizygotes auraient une proportion de 22 % de l'être tous les deux, même s'il est difficile de démêler l'effet génétique du simple effet culturel, les deux enfants étant généralement élevés ensemble. Enfin, les expériences récentes suggérant l'existence d'une orientation sexuelle biologique, mise en évidence chez des homosexuels des deux sexes et dont l'origine serait due aux caractéristiques anatomiques et fonctionnelles de l'aire préoptique médiane ne permettent pas actuellement de savoir si ces caractéristiques fonctionnelles sont innées ou acquises. De nombreuses études publiées entre 1990 et 2010 accréditent néanmoins l'idée d'une orientation sexuelle déterminée définitivement au stade prénatal, entre la fécondation et la naissance en raison notamment de facteurs hormonaux.
Une autre piste d'abord évoquée en 1981 puis reprise en 2004 indique que, dans certains cas, la préférence pour l'homosexualité proviendrait de circonstances particulières, par exemple d'expériences très positives, récompenses / renforcements que les personnes auraient vécues avec des partenaires du même sexe. Cette approche est cependant remise en cause par des études publiées entre 2000 et 2012.
Ces études prennent comme présupposé qu'un individu homosexuel naît avec des prédispositions à l'homosexualité, ce qui peut constituer un postulat déterministe et essentialiste lorsqu'il est fait abstraction des cas d'individus bisexuels ou dont l'orientation sexuelle change au cours de la vie.
Les opposants à ces études considérant comme établie la thèse de l'origine purement sociale et donc acquise de l'homosexualité, réfutent et disqualifient a priori, sans examen possible, toute hypothèse a caractère biologique, négligeant notamment le cas des homosexuels exclusifs et ne pouvant pas changer d'orientation sexuelle, se voulant d'une démarche scientifique et non idéologique leurs motivations sont pourtant le plus souvent morales et non empiriques, basées sur les théories psychanalytiques freudisme, lacanisme, sans élément de preuve quant à la thèse de l'Homosexualité.

Dans les arts

Homosexualité dans la littérature
Homosexualité au cinéma
Homosexualité dans la bande dessinée
Homosexualité dans les séries télévisées

Dans l'histoire

Homosexualité dans l'Antiquité
Sexualité dans la Rome antique
Bisexualité dans la Grèce antique

Avancées
Homoparentalité
Militantisme homosexuel
Répression
Homophobie
Lesbophobie
Violence contre les personnes LGBT

Sous-cultures

Communauté bear
Métrosexuel pseudosociologie

Mouvements militants et associations

Centre gay et lesbien
Gai Écoute
Le Refuge
MAG jeunes gais, lesbiennes, bi et trans
SOS Homophobie

Divers

Argot homosexuel
Charles Gueboguo sociologue camerounais, premier africain francophone à parler de l'homosexualité
Daniel Guérin
Droits LGBT en Iran
Homosocialité
Homosexualité dans les religions
Hétérosexisme
Mahu
Outgames mondiaux
Homosexualité animale
Troubles de l'identité sexuelle

Mariage homosexuel en France

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, chargée du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, après l'adoption du projet de loi.
Deux jeunes hommes s'embrassant devant des opposants à l'autorisation du mariage entre personnes de même sexe, le 4 mai 2013.
Le mariage homosexuel ou mariage entre personnes de même sexe, surnommé également mariage pour tous , est autorisé en France par la loi no 2013-404 du 17 mai 2013.
Le projet de loi qui instaure le mariage homosexuel a été déposé au Parlement le 7 novembre 2012, définitivement adopté le 23 avril 2013 puis validé par le Conseil constitutionnel et promulgué le 17 mai 2013. Le premier mariage homosexuel a été célébré le 29 mai 2013 à Montpellier.
La loi a fait l'objet de débats importants et a connu une opposition plus forte en France que dans d'autres pays européens.
Depuis 1999, les couples homosexuels ou hétérosexuels ont également la possibilité de signer un pacte civil de solidarité PACS ou de s'établir en concubinage. Cependant, l'un et l'autre n'offrent pas les mêmes garanties juridiques que le mariage civil.

Chronologie

C'est au début des années 1980, que la société française commence à prendre en compte la réalité des homosexuels et de leurs couples. Le 27 juillet 1982, sur une proposition du ministre de la Justice, Robert Badinter, l'Assemblée Nationale vote la dépénalisation de l'homosexualité. En France, l'homosexualité n'est alors plus considérée comme un délit. Mais elle ne sera retirée de la liste des maladies mentales de l'Organisation mondiale de la santé que neuf années plus tard, en 1991.
La jurisprudence française évoluera lentement. En 1997, la Cour de cassation rappelait encore que même : le concubinage ne peut résulter que d'une relation stable et continue ayant l’apparence du mariage, donc entre un homme et une femme civ. 3e, 17 décembre 1997.
De 1990 à 1998, plusieurs parlementaires de gauche déposeront sans succès des propositions de loi afin d’instaurer un nouveau contrat civil. La longue bataille politique et sociétale pour la reconnaissance du couple homosexuel trouvera enfin une issue sous le gouvernement Jospin, par l'adoption du Pacs, le 15 novembre 1999.

1999 : PACs Pacte civil de solidarité

Loi du 15 novembre 1999 relative au PACS.
En 1999, le Parlement adopte la loi mettant en place le Pacte civil de solidarité PACS, ouvert aux couples hétérosexuels et homosexuels. Pendant les débats parlementaires, la loi est fortement contestée par la droite, en particulier par la députée Christine Boutin. A contrario, Roselyne Bachelot est la seule députée du RPR à voter pour la loi. Comme le mariage, le PACS est interdit entre personnes déjà mariées ou pacsées, entre ascendants, descendants et alliés en ligne directe et entre collatéraux jusqu'au troisième degré. Cependant, il n'est pas signé en mairie mais dans un tribunal d'instance ou une ambassade et, en cas du décès d'un des partenaires, le survivant n'est pas héritier du défunt. Il ne permet pas non plus l'adoption conjointe.
Au fil des années, le régime du PACS se rapproche de celui du mariage en ce qui concerne les obligations mutuelles entre partenaires, mais il reste sans effet sur la filiation et l'autorité parentale. Il donne donc un statut au couple mais ne crée pas de relations familiales.

2004 : mariage de Bègles

Le 5 juin 2004, le maire vert de Bègles, Noël Mamère, constatant que le Code civil ne précise pas le sexe des époux, célèbre un mariage entre deux hommes. Le 27 juillet suivant, le tribunal de grande instance de Bordeaux statue sur la question du sexe des mariés, en s'appuyant sur un autre article du Code civil qui précise que lors de la cérémonie du mariage, l’officier de l’état civil recevra de chaque partie, l'une après l'autre, la déclaration qu'elles veulent se prendre pour mari et femme, et annule ce mariage. Cette décision est confirmée par la cour d'appel de Bordeaux, le 19 avril 2005.
La Cour de cassation confirme l'arrêt de la Cour d'appel de Bordeaux par un arrêt en date du 13 mars 2007 : le mariage est l’union d’un homme et d’une femme ; ce principe n’est contredit par aucune des dispositions de la Convention européenne des droits de l'homme et de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Le 8 juin 2004, Martine Billard, Yves Cochet et Noël Mamère proposent une loi clarifiant l'accès au mariage des couples de personnes de même sexe.

2008 : affaire Minvielle

En 2008, Frédéric Minvielle est déchu de sa nationalité française en raison de son mariage avec un homme aux Pays-Bas. En effet, le mariage homosexuel aux Pays-Bas est autorisé depuis le 1er avril 2001 et une convention bilatérale entre les Pays-Bas et la France autorise les Français mariés à un citoyen néerlandais à devenir néerlandais tout en conservant leur nationalité française. Cependant, la France ne reconnaissant pas le mariage de Frédéric Minvielle avec un homme, celui-ci perd sa nationalité française en devenant néerlandais.
Cette décision est contestée par Frédéric Minvielle et scandalise les associations de défense des homosexuels. Il est finalement réintégré dans sa nationalité française et la France dénonce la convention bilatérale afin que la situation ne se reproduise plus.

2010 : décision de la Cour européenne des droits de l'homme

Le 24 juin 2010, la Cour européenne des droits de l'homme est saisie d'un recours au nom du droit au mariage protégé par l'article 12 de la Convention, contre le refus par l'État autrichien d'autoriser le mariage de deux personnes du même sexe. Dans l'arrêt Schalk et Kopf c. Autriche, la Cour conclut que l'article 12 n'impose pas au gouvernement défendeur l'obligation d'ouvrir le mariage à un couple homosexuel tel que celui des requérants.

2011 : décision du Conseil constitutionnel

Le Conseil constitutionnel a été saisi le 16 novembre 2010 par la Cour de cassation, dans les conditions prévues à l'article 61-1 de la Constitution, d'une question prioritaire de constitutionnalité, relative à la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit des articles 7511 et 14412 du Code civil. Il décide alors que ces articles sont conformes à la Constitution sous-entendant une interdiction faite aux personnes de même sexe de se marier. Il souligne, dans les considérant, qu'il relève du législateur, c'est-à-dire du Parlement, de changer la loi s'il le souhaite.

De 2009 à 2013 : des débats politiques à la loi

Dans les années qui suivent l'adoption du PACS, la plupart des partis politiques de gauche se déclarent en faveur de l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, dont Ségolène Royal, candidate PS au second tour de l'élection présidentielle de 2007. Le 14 novembre 2009, la maire de Montpellier, Hélène Mandroux, lance l'Appel de Montpellier en faveur du mariage des couples de même sexe et de l'adoption homoparentale. Elle est rejointe par des dizaines de maires, par des associations et quelques milliers de signataires particuliers. Par ailleurs, plusieurs propositions de loi sont déposées devant le Parlement, mais aucune n'est adoptée. En 2010, Martine Billard, Yves Cochet, Noël Mamère et François de Rugy proposent une loi permettant l’accès au mariage des couples de personnes de même sexe faisant notamment référence à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. En 2011, une proposition similaire de Patrick Bloche est rejetée par l'Assemblée nationale.
En 2012, François Hollande, candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle, promet d'ouvrir le mariage aux couples de même sexe dans son engagement. Une fois élu président, cette promesse est reprise par son parti lors des élections législatives de 2012.
Le 27 septembre 2012, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, annonce que le premier mariage homosexuel se déroulera à Montpellier.
Le 23 avril 2013, l'Assemblée nationale adopte définitivement la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples du même sexe. Le 17 mai 2013, le Conseil constitutionnel la déclare intégralement conforme à la Constitution. Le même jour, la loi est promulguée par le président de la République, puis publiée au Journal officiel le lendemain.


Loi de 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe

Loi du 17 mai 2013

Présentation
Titre Loi no 2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe
Référence NOR : JUSC1236338L
Pays France
Type Loi ordinaire
Branche Droit civil
Adoption et entrée en vigueur
Législature XIVe législature de la Ve République
Gouvernement Gouvernement Jean-Marc Ayrault II
Adoption 23 avril 2013
Promulgation 17 mai 2013

Processus législatif Les grandes dates du texte

Le projet de loi s'est étalé sur une période d'un peu plus de six mois, entre la présentation du projet en Conseil des ministres et la promulgation au Journal officiel, faisant de ce texte de loi l'un des plus longuement débattus.

Chronologie
7 novembre 2012 Présentation du projet de loi en Conseil des ministres
12 février 2013 Adoption du projet de loi en première lecture à l'Assemblée nationale
12 avril 2013 Adoption du projet de loi en première lecture par le Sénat
23 avril 2013 Adoption définitive du projet de loi par l'Assemblée nationale
17 mai 2013 Validation par le Conseil constitutionnel
18 mai 2013 Promulgation et publication au Journal officiel

Avis consultatif préalable du Conseil d’État

Tribune d'un débat pluraliste le 18 janvier 2013 à Aulnay-sous-Bois avec de gauche à droite : André Cuzon, Daniel Goldberg, la bibliste Anne Soupa et Vincent Loiseau HES.
L'avis consultatif du Conseil d’État d'octobre 2012 n'a pas été officiellement et intégralement publié. Selon des extraits dévoilés par la presse le 7 février 2013, l'avis du Conseil d’État, émis sur le texte du gouvernement, est favorable au projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe mais contient des réserves sur plusieurs de ses dispositions. Soulignant des insuffisances dans l'étude d'impact l'accompagnant, notamment en ce qui concerne l'ouverture de l'adoption aux conjoints de même sexe, le Conseil d’État s'inquiète de la mise en place d'une fiction juridique sur laquelle reposerait la filiation en cas d'adoption plénière et sur l'inégalité qu'elle induirait entre les adoptés, c'est-à-dire entre ceux dont on saura forcément qu'ils sont adoptés puisqu'ils seront officiellement nés de deux hommes ou de deux femmes, et ceux dont on l'ignorera puisqu'ils seront inscrits dans un schéma familial classique.
Le Conseil d’État s'interroge également sur les risques pénaux liés au contrat de mariage pour les conjoints étrangers ressortissants d'un pays ne reconnaissant pas ce type de mariage, pouvant les exposer dans leurs pays d'origine à des sanctions pénales, en raison de leur homosexualité.
Enfin, le Conseil d’État évoque les conséquences substantielles du texte sur les fondements de l'institution du mariage en général et sur les mariages hétérosexuels en particulier. Il demande que le projet de loi ouvre le mariage et l'adoption aux couples de même sexe dans les mêmes conditions que pour les autres couples, sans changer en rien les conditions applicables pour ces derniers. Si l'avis du Conseil d’État n'est que consultatif, il peut être l'un des textes servant de base juridique aux décisions du Conseil constitutionnel, en cas de saisine.

Présentation du projet de loi

Le 7 novembre 2012, la Garde des sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira, présente en Conseil des ministres le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Dans son exposé des motifs, le gouvernement note que le mariage est traditionnellement défini comme un acte juridique solennel par lequel l’homme et la femme établissent une union dont la loi civile règle les conditions, les effets et la dissolution mais que l’idée de l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe a constamment progressé » depuis l'adoption du PACS et qu'une nouvelle étape doit donc être franchie.
Dans un entretien publié le même jour par le journal Sud Ouest, la ministre de la justice affirme que cette loi sera une réforme de civilisation.

Le projet de loi :

ne modifie pas le régime du mariage, il rend simplement sa célébration possible entre deux personnes de même sexe résidant en France ;
modifie pour ces personnes le régime des noms de famille ;
l'adoption en droit français étant ouverte aux personnes célibataires hétérosexuelles comme homosexuelles et aux couples mariés, le projet de loi ouvre par conséquent l'adoption conjointe d'un enfant par les deux époux de même sexe ou l'adoption de l'enfant du conjoint de même sexe ;
reconnaît les mariages entre deux personnes du même sexe à l'étranger ;
prévoit, quand cela est nécessaire, des adaptations au Code civil et à douze autres codes Code de procédure pénale, Code des transports, etc. ainsi qu'à quatre autres grandes lois l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante, la loi sur la fonction publique hospitalière, la loi sur la fonction publique de l’État, la loi sur la fonction publique territoriale : les mots père et mère sont remplacés par le mot parent et les mots mari et femme par le mot époux; ces modifications ne concernent pas les actes d'état civil et le livret de famille, dont la forme n'est pas régie par la loi.
À l'Assemblée nationale, le projet de loi est renvoyé en Commission des lois où Erwann Binet est nommé rapporteur. Le 14 novembre 2012, Marie-Françoise Clergeau est nommée rapporteur pour avis de la Commission des Affaires sociales.

Réactions de l'opposition

L'Assemblée nationale lors de la seconde lecture.
Le 26 octobre 2012, l'ancien Premier ministre et député de Paris François Fillon UMP annonce qu'en cas d'alternance, nous l'abrogerons en parlant de la loi sur le mariage des couples de même sexe. Valérie Pécresse va dans le même sens, annonçant qu'il faudra démarier les couples homosexuels. Toutefois, selon des constitutionnalistes, il sera juridiquement absolument impossible de casser les mariages existant et politiquement très difficile, voire impossible de revenir sur la loi.
Le 27 novembre 2012, lors d'un débat sur une loi concernant le terrorisme, le député UMP Nicolas Dhuicq établit un parallèle entre le projet de loi sur le mariage homosexuel, l'homoparentalité et le terrorisme, considérant qu'un terroriste n’a jamais rencontré l’autorité paternelle le plus souvent. La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem déclare que ces propos constituent plus qu'un dérapage et sont d'une violence inqualifiable. Le lendemain, dans le cadre d'une question au gouvernement, Marc Le Fur UMP déclare que légaliser l'adoption pour les couples homosexuels reviendrait à dire que pour certains l'enfant est simplement un produit de consommation et que le gouvernement entend imposer par la force la loi. Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la famille, considère que ces propos n'honorent pas le député et lui répond : Au moment du PACS, vous annonciez la fin du monde. La fin du monde n'a pas eu lieu.

Examen en première lecture par l'Assemblée nationale

Auditions de la commission des lois
La commission des Lois procède à partir de novembre 2012 à des auditions

Présentation du projet de loi

Le 7 novembre 2012, la Garde des sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira, présente en Conseil des ministres le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Dans son exposé des motifs, le gouvernement note que le mariage est traditionnellement défini comme un acte juridique solennel par lequel l’homme et la femme établissent une union dont la loi civile règle les conditions, les effets et la dissolution mais que l’idée de l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe a constamment progressé » depuis l'adoption du PACS et qu'une nouvelle étape doit donc être franchie.
Dans un entretien publié le même jour par le journal Sud Ouest, la ministre de la justice affirme que cette loi sera une réforme de civilisation.

Le projet de loi :

ne modifie pas le régime du mariage, il rend simplement sa célébration possible entre deux personnes de même sexe résidant en France ;
modifie pour ces personnes le régime des noms de famille ;
l'adoption en droit français étant ouverte aux personnes célibataires hétérosexuelles comme homosexuelles et aux couples mariés, le projet de loi ouvre par conséquent l'adoption conjointe d'un enfant par les deux époux de même sexe ou l'adoption de l'enfant du conjoint de même sexe ;
reconnaît les mariages entre deux personnes du même sexe à l'étranger ;
prévoit, quand cela est nécessaire, des adaptations au Code civil et à douze autres codes Code de procédure pénale, Code des transports, etc. ainsi qu'à quatre autres grandes lois l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante, la loi sur la fonction publique hospitalière, la loi sur la fonction publique de l’État, la loi sur la fonction publique territoriale : les mots père et mère sont remplacés par le mot parent et les mots mari et femme par le mot époux; ces modifications ne concernent pas les actes d'état civil et le livret de famille, dont la forme n'est pas régie par la loi.
À l'Assemblée nationale, le projet de loi est renvoyé en Commission des lois où Erwann Binet est nommé rapporteur. Le 14 novembre 2012, Marie-Françoise Clergeau est nommée rapporteur pour avis de la Commission des Affaires sociales.

Réactions de l'opposition

L'Assemblée nationale lors de la seconde lecture.
Le 26 octobre 2012, l'ancien Premier ministre et député de Paris François Fillon UMP annonce qu'en cas d'alternance, nous l'abrogerons en parlant de la loi sur le mariage des couples de même sexe. Valérie Pécresse va dans le même sens, annonçant qu'il faudra démarier les couples homosexuels. Toutefois, selon des constitutionnalistes, il sera juridiquement absolument impossible de casser les mariages existant et politiquement très difficile, voire impossible de revenir sur la loi.
Le 27 novembre 2012, lors d'un débat sur une loi concernant le terrorisme, le député UMP Nicolas Dhuicq établit un parallèle entre le projet de loi sur le mariage homosexuel, l'homoparentalité et le terrorisme, considérant qu'un terroriste n’a jamais rencontré l’autorité paternelle le plus souvent. La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem déclare que ces propos constituent plus qu'un dérapage et sont d'une violence inqualifiable. Le lendemain, dans le cadre d'une question au gouvernement, Marc Le Fur UMP déclare que légaliser l'adoption pour les couples homosexuels reviendrait à dire que pour certains l'enfant est simplement un produit de consommation et que le gouvernement entend imposer par la force la loi. Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la famille, considère que ces propos n'honorent pas le député et lui répond : Au moment du PACS, vous annonciez la fin du monde. La fin du monde n'a pas eu lieu.

Examen en première lecture par l'Assemblée nationale

Auditions de la commission des lois
La commission des Lois procède à partir de novembre 2012 à des auditions

Examen en seconde lecture par l'Assemblée nationale

Le tableau de l'Assemblée nationale affichant le résultat du vote solennel.

Franck Riester, un des rares députés UMP à avoir voté pour le projet de loi, le 23 avril 2013.
Le texte retourne à l'Assemblée nationale pour une seconde lecture. Le gouvernement a décidé de renvoyer le texte devant l'Assemblée dès le mercredi 17 avril 2013, et non en mai comme c'était prévu, et d'utiliser la procédure du temps législatif programmé, ce qui provoque la colère de l'opposition. Les opposants reprochent également que le Sénat permette au gouvernement de recourir aux ordonnances. La commission des lois de l'Assemblée nationale examine le projet de loi les 15 avril et 16 avril 2013. À l'issue de cet examen, le projet de loi est adopté sans être modifié.
Dès le 17 avril 2013, l'examen du texte et les 3 429 amendements déposés sur le texte en séance publique à l'Assemblée nationale débute pour se finir dans la nuit du 18 avril au 19 avril 2013. Le vote sur la totalité du projet de loi, dont le texte est identique à celui transmis par le Sénat, a lieu le 23 avril 2013.
Analyse du scrutin à l'Assemblée nationale 2e lecture
Groupe Pour Contre Abstention Votants/Total
Groupe socialiste, républicain et citoyen SRC 281 4 4 289/292
Groupe écologiste Écolo 17 0 0 17/17
Groupe radical, républicain, démocrate et progressiste RRDP 13 2 0 15/16
Groupe Union pour un mouvement populaire UMP 6 183 5 194/196
Groupe Union des démocrates et indépendants UDI 5 25 0 30/30
Groupe Gauche démocrate et républicaine GDR 9 4 1 14/15
Non-inscrits 0 7 0 7/8
Total 331 225 10 566/575
Chez les députés socialistes, Bernadette Laclais, Jérôme Lambert, Patrick Lebreton et Gabrielle Louis-Carabin ont voté contre, Marie-Françoise Bechtel, Jean-Luc Laurent, Jean-Philippe Mallé et Dominique Potier se sont abstenus. Dans le groupe GDR, Bruno Nestor Azerot, Patrice Carvalho, Alfred Marie-Jeanne et Jean-Philippe Nilor, ont voté contre et Gabriel Serville s'est abstenu. Chez les radicaux, seuls Ary Chalus et Thierry Robert, se sont opposés.
Dans l'opposition, six membres du groupe UMP ont voté en faveur du texte : Benoist Apparu, Franck Riester, Luc Chatel, Alain Chrétien, Marianne Dubois et Henri Guaino. Ces quatre derniers élus ont déclaré s'être trompés de bouton lors du vote. Nicole Ameline, Nathalie Kosciusko-Morizet, Pierre Lellouche, Bruno Le Maire et Édouard Philippe se sont abstenus. Sur les trente députés de l'UDI, cinq ont voté pour le texte — Jean-Louis Borloo, Philippe Gomès, Yves Jégo, Sonia Lagarde et Jean-Christophe Lagarde —, les autres ont voté contre.

Validation par le Conseil constitutionnel et promulgation

Le 17 mai 2013, par ailleurs également journée mondiale de lutte contre l'homophobie, le Conseil constitutionnel déclare la loi conforme à la Constitution.
Dans sa décision, le Conseil constitutionnel rejette les arguments des requérants, déclarant notamment que le mariage comme l'union exclusive d'un homme et d'une femme ne peut … constituer un principe fondamental reconnu par les lois de la République et que la loi n'a ni pour objet, ni pour effet de reconnaître aux couples de personnes de même sexe un “droit à l'enfant”. Il a par ailleurs déclaré que l'intérêt de l'enfant en matière d'adoption était une exigence constitutionnelle, quel que soit le sexe des adoptants.
La loi est promulguée par le président de la République le jour même de la décision du Conseil constitutionnel puis publiée au Journal officiel le lendemain, le 18 mai 2013.

Teneur de la loi

La loi ouvre le mariage et l'adoption pour tous les couples, qu'ils soient de sexes différents ou de même sexe article 123
La nouvelle loi française no 2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage civil aux couples de personnes de même sexe, modifie le Code civil français, en son chapitre Ier titre V du livre Ier en ces termes :
Article 6-1 : Le mariage et la filiation adoptive emportent les mêmes effets, droits et obligations reconnus par les lois, à l'exclusion de ceux prévus au titre VII du livre Ier du présent code, que les époux ou les parents soient de sexe différent ou de même sexe. ;
Article 143 : Le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe. ;
Article 144 : Le mariage ne peut être contracté avant dix-huit ans révolus.;
Article 146 : Il n'y a pas de mariage lorsqu'il n'y a point de consentement ;
Article 161 : En ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants et les alliés de même ligne.;
Article 162 : En ligne collatérale, le mariage est prohibé, entre le frère et la sœur, entre frères et entre sœurs. ;
Article 163 : Le mariage est prohibé entre l'oncle et la nièce ou le neveu, et entre la tante et le neveu ou la nièce. ;
Article 202-2 : Le mariage est valablement célébré s'il l'a été conformément aux formalités prévues par la loi de l’État sur le territoire duquel la célébration a eu lieu.
En France, le droit civil des familles est ainsi modifié: le mariage civil est célébré sur le territoire français, entre deux personnes de sexe opposé ou de même sexe, dès lors que l’un des futurs époux majeur est français ou réside en France.
La loi est applicable sur tout le territoire de la République, y compris dans tous les départements et collectivités d'outre-mer article 2223, et notamment les territoires qui avaient choisi de ne pas appliquer le PACS. La loi est complétée par une circulaire qui précise ses modalités d'applications et les exceptions à celle-ci.

Modalités d'application

La circulaire du 29 mai 2013, signée de la main de Christiane Taubira, ministre de la Justice, détaille l'ensemble des modalités d'application de la loi.
Elle précise notamment les interactions avec les lois d'autres pays : règles de conflit de lois en matière de mariage - impossibilité de prononcer le mariage dans certains cas - reconnaissance d'un mariage homosexuel contracté en France par des ressortissants étrangers dans leurs pays d’origine - reconnaissance des mariages entre personnes de même sexe célébrés à l’étranger avant l’entrée en vigueur de la loi - etc.
Cette circulaire informe aussi les maires que par exception, ils ne peuvent pas marier les homosexuels français aux citoyens de onze autres pays : d’Algérie, de Bosnie-Herzégovine, du Cambodge, du Kosovo, du Laos, du Maroc, du Monténégro, de Pologne, de Serbie, de Slovénie, et de Tunisie. Cette exception est faite aux ressortissants de 11 pays visés ci-dessus, du fait des accords bilatéraux entre pays qui indiquent que la loi applicable et relative au mariage, est celle du pays d’origine. Par exemple, le droit algérien interdit le mariage entre une femme musulmane et un homme d’une autre religion, Article 30, modifié, ainsi que les mariages homosexuels.
Toutefois, la Cour de Cassation a rejeté en janvier 2015 l'opposition de ces accords bilatéraux dont le cas d'un couple comprenant un ressortissant marocain vivant en France, considérant que la loi du pays étranger ne peut être écartée que si l'une des conditions suivantes est remplie : soit il existe un rattachement du futur époux étranger à la France, soit l'État avec lequel a été conclu la convention, n'autorise pas le mariage entre personnes de même sexe, mais ne le rejette pas de façon universelle.
De plus, les unions départementales des associations familiales ont fait l'objet d'un amendement visant à leur interdire de refuser l'adhésion d'une association familiale telle que définie par le code de l'action sociale et des familles article 1523.

Mise en application

Une circulaire en date du 29 mai 2013 présentant la loi est publiée dans le Bulletin officiel du ministère de la Justice le 31 mai. Elle détaille les modalités d'application de la loi pour le mariage entre personnes de même sexe, et précise notamment les interactions avec les lois d'autres pays règle de conflit de lois en matière de mariage et impossibilité de prononcer le mariage dans certains cas, reconnaissance d'un mariage homosexuel contracté en France par des ressortissants étrangers dans leurs pays d’origine, reconnaissance des mariages entre personnes de même sexe célébrés à l’étranger avant l’entrée en vigueur de la loi.
Le premier mariage entre deux personnes de même sexe enregistré à l'état civil est celui de Dominique Adamski et Francis Dekens, mariés en Belgique depuis 2006, qui ont fait retranscrire ce mariage dans leur commune, Cayeux-sur-Mer.
Le 29 mai 2013, Hélène Mandroux, maire de Montpellier, célèbre le premier mariage entre deux personnes de même sexe en France, unissant Vincent Autin et Bruno Boileau.
Le 1er juin 2013, les premiers mariages entre deux femmes ont lieu à Saint-Jean-de-la-Ruelle et à Montpellier.
Fin août 2013, France Inter estime à 596 le nombre de mariages célébrés entre personnes de même sexe lors des trois premiers mois d'application de la loi dans les 50 plus grandes communes françaises, soit environ 1 % du total des mariages célébrés durant cette période.
Le 18 septembre 2013, le Conseil d'État transmet au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité qui lui avait été soumise par un collectif de maires au sujet de l'absence de clause de conscience pour les officiers d'état civil opposés à la célébration de mariages de couples de même sexe. La question est examinée par le Conseil constitutionnel en audience publique le 8 octobre suivant. Le 18 octobre 2013, le Conseil constitutionnel rend la décision no 2013-353 QPC90 considérant qu'en ne permettant pas aux officiers de l'état civil de se prévaloir de leur désaccord avec les dispositions de la loi du 17 mai 2013 pour se soustraire à l'accomplissement des attributions qui leur sont confiées par la loi pour la célébration du mariage, le législateur a entendu assurer l'application de la loi relative au mariage et garantir ainsi le bon fonctionnement et la neutralité du service public de l'état civil ; qu’eut égard aux fonctions de l'officier de l'état civil dans la célébration du mariage, il n'a pas porté atteinte à la liberté de conscience.
Entre juin et décembre 2013, environ 7 000 mariages sur un total de 238 000 en 2013 ont été célébrés entre des personnes de même sexe selon l'Insee. Au cours de l'année 2014, on dénombre environ 10 000 mariages entre personnes de même sexe sur un total de 241 000 soit environ 4 % des mariages célébrés à la même période.

Débats connexes

Procréation médicalement assistée pour les couples de femmes

La procréation médicalement assistée PMA est ouverte en France aux couples hétérosexuels stériles depuis 1994. La condition médicale de stérilité serait annulée si la PMA était ouverte aux couples de lesbiennes, ce que le gouvernement n'a pas prévu en déposant son projet de loi.
En décembre 2012, les députés socialistes prévoient de déposer un amendement autorisant la PMA pour les couples de femmes, le président de la République ayant laissé entendre qu'il ne s'y opposerait pas. Finalement, en janvier 2013, ils annoncent qu'ils ne déposeront pas d’amendement pour inclure la procréation médicalement assistée PMA dans le projet de loi sur le mariage homosexuel, acceptant qu'elle soit ajoutée à un autre projet de loi sur la famille, en mars 2013.
Dans un avis de novembre 2005, le Comité consultatif national d'éthique CCNE s'est prononcé contre l'ouverture de la PMA aux couples homosexuels, au motif que la PMA toujours été destinée à résoudre un problème de stérilité d'origine médicale et non à venir en aide à une préférence sexuelle ou à un choix de vie sexuelle et précise que l'ouverture de la PMA à l'homoparentalité ou aux personnes seules ouvrirait de fait ce recours à toute personne qui en exprimerait le désir et constituerait peut-être alors un excès de l'intérêt individuel sur l'intérêt collectif. La médecine serait simplement convoquée pour satisfaire un droit individuel à l'enfant. Dans ce même avis, le CCNE s'était en revanche prononcé pour l'adoption par les couples homosexuels.
Le 24 janvier 2013, le CCNE s'auto-saisit de la question de la PMA, avant que François Hollande n'annonce le 25 janvier son intention de le consulter sur le sujet et que Jean-Marc Ayrault n'annonce le 3 février 2013 vouloir attendre l'avis des membres du comité, avant d'engager l'examen d'un texte sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée PMA aux couples d'homosexuelles, qui n'aurait donc plus lieu en mars mais sans doute à l'automne 2013.
Sur l'opportunité d'ouvrir la procréation médicalement assistée PMA aux couples de femmes, François Hollande s'est prononcé pour, Oui à la PMA, non à la GPA, dit-il au magazine Têtu en avril 2012 avant de déclarer Si j'y avais été favorable, je l'aurais intégrée dans le projet de loi, déclare-t-il le 12 décembre 2012.

Gestation pour autrui

La philosophe Élisabeth Badinter plaide en faveur de la gestation pour autrui GPA, lors de son audition à l'Assemblée nationale, le 14 décembre 2012. En marge d'une manifestation parisienne pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, le 16 décembre 2012, Pierre Bergé exprime son désir d'ouvrir le débat sur le sujet de la GPA, et assimile une femme qui louerait son ventre à un ouvrier qui loue ses bras, ce qui provoque de vives réactions.
Interdite en France pour tous les couples, la GPA est fortement critiquée, notamment par le mouvement féministe pour qui il ne s'agit pas d'une forme de procréation médicalement assistée mais d'une industrie de “location des ventres” qui donne la possibilité aux hommes de disposer du corps des femmes. Le Parti socialiste est également favorable au maintien de son interdiction et aucun amendement en faveur de l'autorisation de la GPA n'est prévu.
Au moment où l'Assemblée nationale commence l'examen du projet de loi sur le mariage pour tous, est publiée une circulaire du Ministère de la Justice, datée du 25 janvier 2013, demandant aux greffiers des tribunaux d'instance de ne plus refuser la délivrance de certificats de nationalité française au seul motif qu'ils concernent des enfants nés de mère porteuse à l'étranger. François Hollande tente d'apaiser le débat, dans une lettre adressée à Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, lettre dans laquelle il dit s'opposer fermement à la gestation pour autrui.

Alliance civile en mairie

Alors que son parti s'est officiellement prononcé contre le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels et a appelé le gouvernement à organiser un grand débat sur le sujet, lors d'états généraux de la famille, le député Daniel Fasquelle UMP, rejoint par plusieurs de ses collègues et, plus tard, par Axel Poniatowski et Nathalie Kosciusko-Morizet, propose une alliance civile en mairie donnant aux couples homosexuels les mêmes droits économiques et fiscaux que les couples hétérosexuels, mais pas l'adoption et la procréation médicalement assistée. Cette idée avait été avancée par Nicolas Sarkozy en 2007, avant d'être abandonnée, car des juristes estimaient anticonstitutionnel de réserver une telle union civile aux seuls homosexuels, comme le souhaitait le Président.

Critique générale du mariage

L'écrivain Benoît Duteurtre oppose le conformisme bourgeois, qui trouve application dans le mariage, au caractère sulfureux de certains homosexuels. Il publie en 2004 une tribune dans Libération intitulée Noce gay pour petits-bourgeois, dans laquelle il conteste l'intérêt et la cohérence de cette revendication. En 2012, il reprend les mêmes arguments dans un article intitulé Pourquoi les hétéros veulent-ils marier les homos ? . Il publie en janvier 2013 dans Marianne un nouvel article approfondissant ces arguments.
Dans un essai paru en 2012, Le Contrat universel : au-delà du mariage gay, Lionel Labosse reprend l'argumentation de Benoît Duteurtre et propose de supprimer le mariage à deux, plutôt que de l'ouvrir aux personnes de même sexe, et de créer un contrat universel à plusieurs. Il publie plusieurs articles développant son argumentation, par exemple sur la question du livret de famille.

Opinion publique et prises de position Sondages

Alors qu'en droit français, le droit au mariage implique automatiquement le droit à l'adoption, des sondages sont effectués en séparant les deux questions :


Mariage des couples homosexuels

Source Date de réalisation Panel NSP Pour Contre
BVA 2000 2 % 48 % 50 %
BVA 2004 4 % 50 % 46 %
CSA 2004 4 % 50 % 46 %
BVA 2006 2 % 60 % 38 %
BVA décembre 2011 971 4 % 63 % 33 %
Ifop août 2012 2000 65 % 35 %
Ifop octobre 2012 988 61 % 39 %
BVA novembre 2012 1021 1 % 58 % 41 %
CSA décembre 2012 1005 5 % 54 % 41 %
Ifop décembre 2012 1005 60 % 40 %
Ifop janvier 2013 1005 60 % 40 %
Opinionway janvier 2013 981 57 % 43 %
Ifop janvier 2013 1026 63 % 37 %
Ifop février 2013 959 66 % 34 %
BVA avril 2013 1219 1 % 58 % 41 %
BVA février 2014 994 1 % 61 % 38 %
BVA avril 2014 987 3 % 55 % 42 %
Ifop novembre 2014 1009 68 % 32 %
Note : Pour des échantillons de près de 1 000 personnes et un seuil de confiance de 95 % comme c'est le cas de la majorité des sondages du tableau, la marge d'erreur est de près de 3 % quand les pourcentages pour et contre se répartissent à 40-60 % ou 50-50 %.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=9085#forumpost9085


#66 combat des homosexuels 4
Loriane Posté le : 27/06/2015 19:13
Adoption par des couples homosexuels

Source Date de réalisation Panel NSP Pour Contre
BVA 1998 2 % 28 % 68 %
BVA 2002 8 % 41 % 51 %
CSA 2004 2 % 33 % 65 %
BVA 2006 2 % 48 % 50 %
BVA décembre 2011 971 4 % 56 % 40 %
Ifop août 2012 2000 53 % 47 %
Ifop octobre 2012 988 48 % 52 %
BVA novembre 2012 1021 3 % 50 % 47 %
CSA décembre 2012 1005 4 % 48 % 48 %
Ifop décembre 2012 1005 46 % 54 %
Ifop janvier 2013 1005 46 % 54 %
Opinionway janvier 2013 981 45 % 55 %
Ifop janvier 2013 1026 49 % 51 %
Ifop février 2013 959 47 % 53 %
BVA avril 2013 1219 2 % 45 % 53 %
BVA février 2014 994 1 % 50 % 49 %
BVA avril 2014 987 2 % 48 % 48 %
Ifop novembre 2014 1009 53 % 47 %
Note : Pour des échantillons de près de 1 000 personnes et un seuil de confiance de 95 % comme c'est le cas de la majorité des sondages du tableau, la marge d'erreur est de près de 3 % quand les pourcentages pour et contre se répartissent à 40-60 % ou 50-50 %.

Autres sondages

Un sondage, commandé à l'Ifop par l'association Les adoptés, réalisé les 27 et 28 septembre 2012, analyse la hiérarchie de l'importance entre deux propositions de principe à garantir prioritairement dans la perspective de l’élargissement des droits des couples de même sexe : 63 % des répondants déclarent qu'il faut que les enfants adoptés puissent avoir un père et une mère contre 34 % qui déclarent que il faut que les couples homosexuels puissent adopter des enfants .
Dans un sondage réalisé par l'Ifop, du 18 au 20 décembre 2012, 69 % des personnes interrogées estiment que les Français « doivent être appelés à décider par référendum sur le projet de loi autorisant le mariage homosexuel avec droit d'adopter des enfants.
Dans un sondage de février 2013 commandé à l'Ifop par Alliance VITA – association elle-même opposée au mariage des couples de même sexe – 39 % des personnes interrogées sont favorables au droit au mariage pour des personnes de même sexe, assorti du droit d’adopter, 36 % à une union civile, qui accorderait davantage de droits que le PACS mais sans pour autant permettre le droit à l’adoption et 21 % à aucun de ces projets.
Dans un autre sondage, datant du 12 avril 2013 sur Les Français et la politique de François Hollande, 55 % des personnes interrogées se déclarent défavorables à L’instauration du droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels parmi les mesures, décisions ou projets initiés par François Hollande.
Dans un sondage commandé à l'Ifop par le journal Metro réalisé entre le 26 et 27 avril 2013 soit juste après le vote de la loi au près d'un échantillon de 961 personnes représentatives de la population française âgées de 18 ans ou plus, 53% des sondés se déclarent favorables à la loi permettant aux couples de même sexe de se marier et d’adopter des enfants contre 47% opposés. Ils étaient 51% à y être favorables et 49% opposés entre le 23 et 25 avril 2013. Dans le même sondage, 67% des sondés se déclarent hostiles à la poursuite des manifestations contre le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe contre 33% qui s'y annoncent favorable.
En décembre 2013, sept mois après la promulgation du texte de loi autorisant le mariage homosexuel, un sondage de BVA pour Le Parisien indique que 48 % des sondés sont favorables à l’instauration du droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels et 50 % défavorables, soit des proportions assez comparables à celles enregistrées au moment du débat sur la loi. Le clivage politique est également très marqué, avec 81 % des sympathisants de gauche interrogés qui approuvent la mesure et 78 % des sympathisants de droite qui la désapprouvent.
En septembre 2014, selon un sondage Odoxa pour i-Télé, 73 % des sondés, dont 56 % des sympathisants UMP, ne souhaitent pas que la droite supprime le mariage homosexuel si elle revenait au pouvoir.

Partisans

Galerie : Manifestation pour le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, Paris, 16 décembre 2012
Galerie : Manifestation pour le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, Paris, 27 janvier 2013

Partis et hommes politiques

Élus à la manifestation en faveur du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, Paris, 16 décembre 2012.
Noël Mamère a marié deux hommes en 2004 mais ce mariage a été annulé par la justice
Dès 2002, le Parti socialiste se déclare favorable à l'égalité des droits sur les questions du mariage civil et de la reconnaissance de la filiation. Lors de l'élection présidentielle de 2012, puis des législatives, la légalisation du mariage et de l'adoption pour les couples homosexuels fait partie du projet du Parti socialiste et constitue l'engagement no 31 de François Hollande. La plupart des autres partis situés à gauche sont également favorables au mariage homosexuel : EELV qui le revendique dès 2003, le Parti radical de gauche qui l'inscrit dans son programme La Gauche moderne dès 2005, le Front de gauche qui l'inscrit dans son programme L'Humain d'abord, le Nouveau Parti anticapitaliste et Lutte ouvrière.
Les partis de droite sont généralement opposés au mariage homosexuel, mais quelques personnalités de droite y sont favorables, comme Roselyne Bachelot, Franck Ri, Franck Louvrier, Benoist Apparu, Dominique de Villepin, Monique Pelletier ou encore Valéry Giscard d'Estaing.
Au sein de l'UDI, un collectif composé notamment d'Yves Jégo, Chantal Jouanno, Jean-Christophe Lagarde et Rama Yade signe le 2 février 2013 un article publié par Le Monde, intitulé Disons oui au mariage gay ! Suivre les évolutions sociales.
Nicolas Bays, député socialiste, hétérosexuel, est l'auteur d'un baiser de solidarité échangé avec un autre élu, Yann Galut, lors de la manifestation en faveur du mariage pour tous du 27 janvier 2013. Lorsqu'il monte le 30 janvier à la tribune de l’Assemblée, c’est pour rappeler que l’égalité des droits n’est pas qu'affaire de symboles : L'égalité ne se négocie pas. L'égalité ne s'ajuste pas. L'égalité des droits est la condition première aujourd'hui de la lutte contre l'homophobie. C'est le droit de vivre dans la dignité que nous donnons aujourd'hui à des centaines de milliers d'homosexuels maintenant et pour les prochaines générations, ici et au regard du monde entier, où tant d'homosexuels sont encore emprisonnés, torturés, tués.

Société civile

Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT
Plusieurs associations LGBT et féministes soutiennent le mariage pour les couples de même sexe SOS Homophobie, Act Up-Paris, l'Inter-LGBT, le Planning familial, Osez le féminisme !
Les associations LGBT appellent à manifester les 15 et 16 décembre 2012 en soutien au projet de loi. L'appel est soutenu par les partis de gauche et des syndicats. 60 000 personnes selon la police, 150 000 selon les organisateurs, défilent à Paris151 et entre 7 800 et 20 000 à Marseille, Lyon, Nantes et Lille et l'association GayLib proche - jusque janvier 2013 - de l'UMP
Deux nouvelles manifestations sont organisées, une à Lyon le 26 janvier 2013 11 000 personnes selon la police, 20 000 selon les organisateurs et une autre à Paris, le 27 janvier 2013, pour laquelle le premier ministre Jean-Marc Ayrault espère une forte mobilisation. Lors de ce rassemblement, 125 000 personnes défilent selon le décompte de la police. Les organisateurs revendiquent 400 000 manifestants à Paris et 500 000 sur l'ensemble du week-end.
Plusieurs associations antiracistes ou de défense des droits de l'homme y sont également favorables Amnesty International, la Ligue des droits de l'homme, le MRAP ou encore SOS Racisme tout comme des associations familiales ou de parents d'élèves Union des familles laïques, FCPE, Ligue de l'enseignement.
Enfin plusieurs syndicats se prononcent également en faveur de l'ouverture du mariage aux homosexuels CGT, CFDT, l'UNSA, le SNES et la FSU, l'UNEF ou encore l'Union nationale lycéenne.
Wilfred de Bruijn, agressé avec son compagnon rue des Ardennes, dans le 19e arrondissement de Paris, pendant la nuit du 6 au 7 avril 2013, publie sa photo sur les réseaux sociaux. Elle devient un « symbole » pour des associations LGBT, afin de dénoncer un climat devenu homophobe et violent, selon elles, depuis le début des débats parlementaires, bien qu'aucun lien n'ait pu être démontré entre les débats en cours et cette agression. Quatre personnes de 17 à 19 ans d'une cité du 19e arrondissement, déjà connus des services de police pour faits de violence, ont été interpellées en septembre 2013. Ils ont été mis en examen le 20 septembre pour violences aggravées en réunion. Selon certaines sources, les suspects avaient été en fait identifiés dès les jours suivant l'agression, mais n'ont été interpellés que cinq mois plus tard. Des peines de prison de dix-huit et vingt-quatre mois ferme sont requises contre les agresseurs.
Le banquier d'affaires Philippe Villin, qui a été vice-président directeur général du Figaro, est favorable à l'ouverture du mariage, de l'adoption, de la procréation médicalement assistée PMA et de la gestation pour autrui GPA aux couples homosexuels.
Éric Walter, secrétaire général de la Hadopi, est favorable au mariage pour tous et estime, contrairement à Jean-Pierre Rosenczveig, que l'ouverture de l’adoption aux couples homosexuels n’atteint pas les droits de l’enfant.

Presse et associations religieuses

Le journal chrétien Témoignage chrétien s'est déclaré tout à fait favorable au mariage pour tous les couples.
Association musulmane Homosexuels musulmans de France.
Association chrétienne David et Jonathan.
Association juive Beit Haverim.
Le journaliste Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express, dit oui au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels et oui à la procréation médicalement assistée et à la gestation pour autrui. Il estime que la question du mariage homosexuel est l'une des questions qui ne se tranchent qu'en conscience et qui ne supportent ni conseil, ni consigne.
Le magazine Le Nouvel Observateur se déclare favorable au mariage homosexuel et lance un manifeste intitulé Au mariage pour tous, nous disons oui.

Institutions

La Commission nationale consultative des droits de l'homme se prononce pour le projet de loi, jugeant que tant l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe que l’accession à la filiation adoptive procèdent d'une lutte contre les discriminations et marquent une avancée en matière d'égalité et de reconnaissance sociale des personnes homosexuelles et des couples de personnes de même sexe.

Célébrités, milieux artistiques, sportifs et télévision

Plus de 250 artistes et animateurs de télévision, dont Michel Sardou, s'engagent en faveur du mariage et de l'adoption pour les couples homosexuels.
Des célébrités comme Jenifer, Emmanuel Moire, Lorie ou Marianne James, sont favorables au mariage pour tous et se font photographier avec une pancarte sur laquelle est écrit : « Mariage, adoption, filiation et PMA… Oui à l'égalité. Stop à l'homophobie. D'autres comme Sylvie Vartan, Geneviève de Fontenay ou Catherine Lara y sont opposés et d'autres nuancent leurs propos comme Dave, Karl Lagerfeld ou Laurent Ruquier.
À l'image du Baiser de Marseille, la chanteuse Shy'm manifeste son soutien la veille de la manifestation du 27 janvier 2013 en embrassant l'une de ses danseuses, en direct sur TF1 lors des NRJ Music Awards, à la fin de sa chanson Et alors ?, puis est suivie par les humoristes Élie Semoun et Kev Adams.
Au Théâtre du Rond-Point, une soirée est organisée le 27 janvier 2013, à l'initiative de Pierre Bergé et animée par Laurence Ferrari. Parmi les personnalités : Olivier Poivre d'Arvor, Jack Lang, Jean-Michel Ribes, Cyril Hanouna, Xavier Niel, Delphine Arnault, Guillaume Durand, Emma de Caunes, Mathieu Boogaerts. Manuel Valls y a lu un texte de la présidente argentine, Cristina Kirchner. Louis Schweitzer ou Caroline Fourest ou encore Jean-Pierre Mignard de Témoignage chrétien font partie des autres têtes d'affiche, comme Bernard-Henri Lévy.
L'ancien footballeur Lilian Thuram estime que refuser le mariage pour tous c'est être homophobe et c'est comme le refus de l'égalité entre les noirs et les blancs.
Positions nuancées ou ayant évolué
En 1998, lors des débats sur le PACS, Élisabeth Guigou, alors Garde des Sceaux, déclare qu' il n'est pas question … que deux personnes physiques du même sexe … puissent se marier. Elle s'exprime contre l'adoption par les couples homosexuels et défend la famille comme l’articulation et l’institutionnalisation de la différence des sexes, dans un long discours très argumenté. En 2012, Élisabeth Guigou annonce avoir évolué et qu'il n'est pas possible de refuser une égalité des droits.
En 2004, plusieurs personnalités du Parti socialiste expriment des réserves de fond et réclament du temps pour débattre de l'adoption et de la parentalité : par exemple, Lionel Jospin, Ségolène Royal qui se dit réservée sur le sujet, Élisabeth Guigou et Arnaud Montebourg. Jean-Marc Ayrault, en tant que président du groupe PS à l'Assemblée nationale se montre opposé à légiférer dans la précipitation et sous l'influence médiatique au sujet du droit familial et des rapports entre parents et enfants.
En 2007, Ségolène Royal, qui affirmait en 2006 que la famille, c’est un père et une mère, intègre finalement la proposition de légalisation du mariage homosexuel dans son programme pour l'élection présidentielle de 2007.
Au sein du Mouvement démocrate, les positions sont diverses. Certains, comme Jean-Luc Bennahmias, sont favorables au mariage et à l'adoption, tandis que d'autres sont hostiles à toute réforme. Quant à François Bayrou, il se prononce en faveur d'une union civile ouverte à tous et offrant les mêmes droits que le mariage, mais portant un autre nom. Il est également favorable aux adoptions simples pour les couples de même sexe, ainsi qu'à la reconnaissance du second parent dans le cas des adoptions par les couples homosexuels. À la suite de la manifestation du 13 janvier des opposants au mariage homosexuel, il demande à François Hollande d'entendre les Français.
Au sein de l'UDI, les opinions sont variées. Ainsi, par exemple, Jean-Christophe Lagarde, président de Force européenne démocrate, et Chantal Jouanno sont favorables au mariage homosexuel, François Sauvadet demande un grand débat national et Nassimah Dindar n'y est pas favorable du tout. Le président du parti, Jean-Louis Borloo, lui-même favorable, a indiqué que les députés de son groupe bénéficieraient d'une liberté de vote sur la question.
Le philosophe Alain Finkielkraut approuve le grand rabbin Gilles Bernheim quand il écrit : Le mariage n'est pas uniquement la reconnaissance d'un amour, c'est une institution qui articule l'alliance de l'homme et de la femme avec la succession des générations, mais comprend les couples homosexuels qui aspirent à la reconnaissance publique de leur union. Il demande un peu d'humilité et de prudence car il s'agit de changer de modèle anthropologique, ce qui n'est pas rien et plaide pour qu'on cesse d'user à tort et à travers des mots qui se terminent par “phobe”.
Le président du tribunal pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenczveig, ne voit pas d’inconvénient à ouvrir “le mariage à l’ancienne devant Monsieur le maire” aux homosexuels, mais estime, contrairement à Éric Walter, que le droit à l’enfant, par l’adoption ou par les procréations assistées, est au cœur du débat posé par le mariage homosexuel et que le droit de l’enfant prime sur celui des adultes homosexuels.
Alain Juppé se dit favorable au mariage homosexuel en juin 2011, mais se dit opposé, en septembre 2012, à l'ouverture de l'adoption aux couples de même sexe, puis souhaite un référendum sur le sujet, en janvier 2013, et pense que si l'amendement autorisant la procréation médicalement assistée PMA aux couples de femmes devait être adopté, tous ces bouleversements constitueraient une véritable révolution anthropologique dont les conséquences à long terme sont incalculables.
L'ancien Premier ministre Michel Rocard est favorable au mariage pour tous, mais plus résigné qu’emballé, et hostile à l'ouverture de l'adoption aux couples de même sexe. Il dénonce l'homophobie de certains mais pense que la communauté homosexuelle est passée de la quête du raisonnable, d'une reconnaissance qu'elle était en train de gagner, à une revendication de symboles qui appartiennent objectivement aux hétéros à raison de ce qu'ils sont et craint à cause de cela une aggravation de l'antagonisme entre les deux façons d'être.
Charles Consigny, ancien conseiller en communication de Christine Boutin, publie une tribune favorable au mariage gay.
Nicolas Sarkozy y serait favorable en privé, même s'il s'est prononcé à plusieurs reprises contre le mariage civil homosexuel, lui préférant un contrat d'union civile.
François Hollande lui-même aurait une position nuancée en privé selon le Le Parisien.

Opposition au mariage homosexuel en France.
Partis politiques

Christine Boutin à la manifestation contre le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe à Paris le 13 janvier 2013.
L'UMP est opposée au mariage homosexuel. Une majorité de ses membres se sont déclarés opposés à la réforme, à l'image de François Fillon, Jean-François Copé, Christine Boutin, Henri Guaino, Bernard Debré, Hervé Mariton, Xavier Bertrand ou encore David Douillet.
20 des 21 députés du Nouveau Centre votent contre la proposition de loi visant à ouvrir le mariage aux couples de même sexe en 2001.
Le Front national est opposé au mariage homosexuel et Marine Le Pen en appelle au principe de précaution .
Le Parti chrétien-démocrate, fondé et présidé par Christine Boutin s'oppose au mariage homosexuel, au PACS et à l'adoption par les couples homosexuel.
Le Mouvement pour la France est opposé au mariage homosexuel ainsi qu'au PACS, et a fait de ce sujet l'un de ses principaux thèmes de campagne.
Au sein du Parti socialiste, alors que le 7 novembre 2012 est adopté en conseil des ministres un projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe , quelques membres expriment toujours des réserves personnelles, comme Bernadette Laclais, député-maire de Chambéry, Gérard Collomb, Lionel Jospin et certains catholiques du parti, entre doutes et réticences.
Certains écologistes s'opposent au projet de mariage pour tous, comme Thierry Jaccaud, rédacteur en chef du magazine L'Écologiste, qui estime que si ce projet de loi était adopté ce serait une négation sidérante de la nature. À propos de la procréation médicalement assistée, Alain Gras, chroniqueur au journal La Décroissance, déclare qu'on ne peut pas être contre la fuite en avant technologique quand il s'agit des prouesses des nanotechnologies et pour quand il s'agit de faire des enfants.
Pour l'écrivain Paul-Marie Coûteaux, président du parti Souveraineté, Indépendance et Libertés SIEL, le mariage homosexuel est une violence faite à l'idée de nature que l'« on paiera très cher.

Associations

Jeunes femmes habillées en Marianne à la manifestation contre le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, Paris, 13 janvier 2013.
L'Union nationale des associations familiales soutient que l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe remet profondément en cause le statut du mariage et l’accès à la parenté et propose comme solution alternative l'union civile. Un amendement du sénat, et adopté par l'assemblée nationale va obliger cet organisme à s'ouvrir à toutes les familles.
Le collectif Homovox qui regroupe quelques témoignages de personnes homosexuelles telles que Xavier Bongibault qui estime que la majorité des homosexuels se moquent éperdument de ce projet de loi, qu’ un enfant a besoin d’un homme et d’une femme pour évoluer correctement et qu’il est profondément homophobe de considérer que les homosexuels pensent en fonction de leur orientation sexuelle, Philippe Ariño qui estime que le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe est homophobe et ne reconnaît pas la personne homosexuelle ou Jean-Marc Veyron La Croix, à l'époque maire de Chasselas, qui refuse d'être représenté par l’Inter-LGBT On ne les a pas élus, ils ne représentent qu’eux-mêmes ! et démissionnerait plutôt que de célébrer des mariages homosexuels.
Le collectif Pour l'Humanité durable, fondé par l'humoriste Frigide Barjot, est contre le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels.
L'Alliance VITA s'oppose au projet. Un sondage de l'Ifop, commandé par l'association et réalisé du 18 au 20 septembre 2012, indique que 66 % des personnes interrogées souhaitent qu'un référendum soit organisé sur le projet de loi.
Patricia Mowbray, présidente de l’association Racines d’enfance, s'interroge dans Le Figaro du 29 janvier 2013 sur les conséquences pour les enfants d'une absence d'altérité chez les couples homosexuels et écrit : À l’heure où le respect de l’habitat naturel d’une grenouille peut faire dévier le tracé d’une autoroute, où les écologistes … nous alertent sur les dangers des organismes génétiquement modifiés …, on peut être surpris que ces mêmes citoyens très soucieux de l’ordre naturel des choses soient aussi prompts à s’en affranchir lorsqu’il s’agit des conditions de notre filiation.

Organismes

Le 18 octobre 2012, saisi pour avis consultatif, le conseil d'administration de la Caisse nationale des allocations familiales CNAF s'est prononcé contre le projet de loi par 11 voix contre, 8 pour et 12 n'ont pas pris part au vote. Les membres du conseil d'administration se sont prononcés contre en raison de la procédure d'urgence utilisée pour la consultation et certains ont cité une remise en cause de la famille.
Le 12 décembre 2012, le secrétaire général à l'enseignement catholique SGEC, Éric de Labarre, adresse une lettre aux 8500 chefs des établissements catholiques sous contrat, dans laquelle il exprime officiellement son désaccord avec le projet de loi sur le mariage gay et appelle les professeurs et parents des 8 500 écoles catholiques à prendre part au débat et souhaite que les élèves en discutent en classe. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale, estime que ce faisant l'enseignement catholique commet une faute et demande aux recteurs la plus grande vigilance à l'égard des conditions du débat légitime qui entoure le mariage pour tous, notamment dans les établissements privés sous contrat d'association, ce qui suscite beaucoup de réactions, dont celle de Christine Boutin qui accuse la ministre Najat Vallaud-Belkacem d’avoir fait la promotion du mariage gay dans un collège public, celle du cardinal André Vingt-Trois qui parle d'un risque de police de la pensée et celle de Jack Lang qui estime que Vincent Peillon a fait son devoir.

Maires


D'après un sondage IFOP de février 2013, 52 % des maires sont contre l'adoption du projet et 61 % demandent le report de la discussion. Un Collectif des maires pour l'enfance revendique plus de 20 000 maires et adjoints opposés à l'ouverture du mariage et de l'adoption à des couples de même sexe. Ce collectif a comme porte-parole Franck Meyer, maire de Sotteville-sous-le-Val, qui demande en dehors de toutes contingences politiques solennellement au président de la République de retirer le projet de loi sur le mariage et l'adoption entre personnes de même sexe, et de lancer des états généraux sur le mariage, la famille et la filiation. Sur son site internet, ce collectif déclare notamment que le droit fondamental de l’enfant se base sur la nature : idéalement c’est grandir avec ses parents naturels. Dans le cas des enfants adoptés qui connaissent déjà la blessure de ne pas connaître cette normalité, la société doit leur préserver le droit à 1 papa et 1 maman . Si la loi était adoptée, ces maires et adjoints demandent la possibilité d'exercer une clause de conscience leur permettant de ne pas célébrer de mariage entre deux personnes du même sex
Le 20 novembre 2012, le président de la République reconnaît, devant l'Association des maires de France, cette liberté de conscience des élus qui ne voudraient pas appliquer la future loi. L'inter-LGBT se déclare scandalisée par ces déclarations et exige d’être reçue rapidement par le Président de la République. Le 21 novembre 2012, François Hollande reçoit deux de ses représentants, Nicolas Gougain et Mathieu Nocent, et retire l'expression liberté de conscience à l'issue de cet entretien.
Des constitutionnalistes soulignent qu'une clause de conscience pourrait s'opposer au principe de l'égalité devant la loi. Cependant, en accord avec les lois en vigueur, un maire peut déléguer la célébration d'un mariage à un membre de son conseil municipal. Il pourrait donc faire de même dans le cas d'un mariage entre personnes de même sexe, mais aucune mairie ne serait autorisée à refuser de célébrer un tel mariage, si la loi était adoptée.
Le 18 octobre 2013, le Conseil constitutionnel, saisi dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité qui lui a été posée par un collectif de maires, estime que la loi n'a pas porté atteinte à la liberté de conscience en ne prévoyant pas de clause de conscience pour les officiers d'état civil opposés à la célébration de mariages entre personnes de même sexe.

Autorités religieuses

Il y a un fort consensus des grandes autorités religieuses françaises contre le mariage homosexuel :

Quatre jours seulement après l'élection de François Hollande à la présidence de la République, l'Église catholique aurait informé le nouveau pouvoir politique de son opposition radicale au projet d'ouverture du mariage : selon le journal Libération l’Église catholique a déjà fait savoir, ces derniers mois, que la légalisation du mariage ouvert aux gays serait une sorte de casus belli. La Conférence des évêques de France ainsi que la Fédération protestante de France s'opposent au projet, en accord avec la ligne officielle des principales églises chrétiennes sur la question. Le cardinal Barbarin estime que le mariage homosexuel ouvre la voie à la polygamie et à l'inceste. À titre privé, l'abbé Alain Maillard de La Morandais se déclare favorable au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels, de même que l'évêque Jacques Gaillot.
Le Conseil français du culte musulman s'oppose également au mariage pour les couples homosexuels qu'il juge non-conforme aux principes de la jurisprudence musulmane mais souligne que les règles et les normes d'une religion ne peuvent être mises en avant pour s'opposer ou se soustraire aux normes et aux règles de la République qui s'appliquent à tous.L'UOIF considère que si le mariage entre deux personnes de même sexe devient une norme, alors toutes les revendications, même les plus incongrues peuvent, un jour, devenir une norme, au nom du même principe d'égalité.
Le Grand rabbin de France s'est également prononcé contre mais le mouvement Massorti a une position beaucoup plus nuancée.
Le Conseil national des évangéliques de France considère que le mariage homosexuel est un mauvais choix de société.
Le 15 août 2012, à titre exceptionnel, en réaction au projet de loi sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe et au débat sur l'homoparentalité et à l'initiative de Mgr Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, une même prière est récitée dans les églises, les sanctuaires et les monastères de France et demande, en particulier, que les enfants « cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère. Certaines paroisses parisiennes préfèrent choisir leur propre prière.
En septembre 2012, le pape Benoît XVI encourage les évêques français à relever le défi posé par le projet de loi sur le mariage homosexuel en France, dans laquelle il estime que la famille est menacée par une conception de la nature humaine qui se révèle défectueuse. Le 21 décembre 2012, il aborde à nouveau le sujet lors de son traditionnel discours annuel à la curie romaine et précise ainsi sa pensée : la manipulation de la nature, qu'aujourd'hui nous déplorons pour ce qui concerne l'environnement, devient ici le choix fondamental de l'homme à l'égard de lui-même et, fait exceptionnel, cite et reprend à son compte les arguments du Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, développés par celui-ci dans un document intitulé Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : ce que l'on oublie souvent de dire , publié le 18 octobre 2012. Le pape souligne par exemple : Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, l'enfant devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d'un droit, on peut se procurer et déplore ce changement de statut de l'enfant, de sujet à objet, qu'il considère comme très grave pour l'humanité. Il appelle à nouveau les catholiques à lutter pour une famille formée d’un père, d’une mère et d’enfants, menacée selon lui par une transformation menaçant l’homme lui-même.
Cependant, le dalaï-lama exprime, en 2013, l'idée que Les temps ont changé. Si l’on s’aime avec sincérité, tous les orifices peuvent être éventuellement appropriés. 

Institution

Le 21 janvier 2013, La Croix indique que l'Académie des sciences morales et politiques s’élève avec fermeté contre le projet de loi sur le mariage et appelle les pouvoirs publics à ouvrir un débat, les membres de l'Académie estimant notamment que le projet de loi effectue la promotion d’un “droit à l’enfant qui fait passer celui-ci de sujet de droit à objet de droit”. Elle rappelle que juridiquement, la différence des sexes dans le mariage n'est pas discriminatoire, et met par ailleurs en avant le droit de l'enfant réel et sur lequel l'État doit veiller sur le droit à l'enfant qui n'existe pas juridiquement. Dans une analyse du droit de la famille effectuée en 2001, elle avait notamment énoncé qu'être juridiquement parent, c’est être en même temps l’auteur biologique de l’enfant et celui qui déclare vouloir l’assumer comme sien.

Mouvements religieux

834 chrétiens de gauche estiment dans un manifeste que le projet de « mariage pour tous » est « de nature à diviser l'opinion à l'heure où l'urgence du redressement économique et social appelait au rassemblement.

Personnalités

Le pédiatre Aldo Naouri se déclare défavorable à l’homoparentalité pour avoir constaté que l’enfant souffre aujourd’hui d’un statut d’objet de consommation et que autoriser l’adoption à des couples dont la sexualité a tourné le dos à la procréation accentuerait ce statut. Considérant que l'adoption par ces couples relève de l'expérimentation sur le vivant, il estime que le mariage entre personnes de même sexe, dans une perspective anthropologique, pose des problèmes insurmontables.
Comme le Philippe Barbarin, le journaliste Éric Zemmour estime qu'à partir du moment où on parle d'amour pour justifier le mariage entre deux hommes, pourquoi ne pas également demander le mariage entre un père et sa fille, entre un frère et une sœur, entre 3 ou 4 personnes qui s'aiment. D'autres journalistes se prononcent contre le mariage homosexuel, comme Ivan Rioufol, Robert Ménard304 ou Dominique Jamet.
Un certain nombre d'élus de gauche émettent des réserves306. D'anciens socialistes sont clairement contre, comme Georgina Dufoix par exemple.
Au lendemain de Noël 2012, Henri Joyeux, président de Familles de France et membre de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité au Conseil économique, social et environnemental, pose la question de la place des enfants, dans le débat autour du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe, et estime qu'« au nom d'un progressisme utopique et ringard pour aller dans le sens des désirs d'adultes en mal d'affection, on se sert des enfants.
Interrogé par Le Figaro, Henri d'Orléans déclare que pour lui l'apocalypse c'est maintenant et que ce matraquage de lois - mariage gay, bioéthique, euthanasie - détruit les fondements de notre société.
Louis de Bourbon, prétendant légitimiste au trône de France, proclame son opposition totale au mariage homosexuel et appelle tous les Français à défendre les valeurs si chèrement défendues pendant des siècles par nos aînés, et à faire connaître leur soutien aux défenseurs de la Famille et des droits de l'Enfant.
La philosophe Chantal Delsol considère que bouleverser la filiation consiste à défaire la société et récuse l’argumentation de Christiane Taubira selon laquelle l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels constitue une réforme de civilisation, y voyant plutôt une pantalonnade d’anarchistes.
La philosophe Sylviane Agacinski qui s'était exprimée sur la question bien des années avant la rédaction du projet de loi Mariage pour tous, estime que la question du mariage homosexuel est indissociable de la question de l’homoparentalité sur laquelle elle est réservée. Elle pose notamment la question de savoir si l'institution du mariage et de la filiation doit continuer à inscrire chacun dans l'ordre d'une humanité elle-même sexuée, ou bien si l'on veut briser ce modèle dans lequel s'articulent la génération, la différence des sexes et celle des générations.

Critiques de terminologie

L'écrivain et académicien Jean d'Ormesson est opposé au mariage homosexuel car, selon lui, ouvrir le mariage aux homosexuels, c’est nécessairement leur ouvrir un droit à l’adoption et pense que le débat sur le mariage homosexuel n’est pas une question de morale mais une question de grammaire car l'expression mariage pour tous est une formule absurde.
Pour Jean-François Mattéi, les expressions mariage pour tous et homoparentalité sont de pauvres oxymores et les adultes homosexuels seront à tort nommés parents, le terme latin parens étant issu du verbe pario qui signifie accoucher, enfanter, alors qu'ils ne peuvent engendrer sans l'intervention d'un tiers. Et le philosophe de citer Albert Camus qui disait que mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde.
Membre du collectif Pour l'Humanité durable, fondé par l'humoriste Frigide Barjot, Daniel Godard, professeur de lettres classiques, dénonce une supercherie linguistique doublée d’un mensonge.
L'évêque Jean-Michel Di Falco, dans une chronique vidéo intitulée Changer le genre de Dieu et diffusée par l'hebdomadaire Le Point, commente le changement de sens du mot mariage qui est en train de se produire, alors que sa définition était non modifiée dans les dictionnaires depuis des siècles.

Manifestations

Élus à la manifestation contre le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, Paris, 13 janvier 2013.
Les opposants au mariage et à l'adoption pour les couples de même sexe organisent plusieurs manifestations à l'appel de plusieurs associations, dont certaines proches de l'Église catholique, regroupées sous l'intitulé La Manif pour tous. Le 17 novembre 2012, 70 000 personnes selon la police et 200 000 selon les organisateurs, manifestent contre le mariage des couples homosexuels à Paris et entre 40 000 et 52 000 à Lyon, Marseille, Toulouse, Nantes et Rennes puis de nouveau le lendemain dans la capitale, à l'appel cette fois-ci de groupes proches des catholiques traditionalistes 9 000 manifestants. Cette dernière manifestation est émaillée de violences avec des contre-manifestants non autorisés à manifester. Malgré ces manifestations, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine annonce que le gouvernement ne renonce pas à son projet.

Les opposants manifestent à nouveau le 8 décembre 2012

dans cinq grandes villes.

Une manifestation nationale rassemble à Paris, le 13 janvier 2013, 340 000 personnes selon la préfecture de police et 1 000 000 selon les organisateurs. Après vérification, le préfet de police maintient son évaluation de 340 000 manifestants, défend sa manière de compter et critique celle des organisateurs, qui maintiennent eux aussi leur estimation — plus d'un million de manifestants — et évoquent un mensonge d'État à propos du comptage de la police. Les organisateurs sont reçus par François Hollande, le 25 janvier 2013.
Le 29 janvier 2013, les opposants au mariage homosexuel déploient des banderoles sur 170 ponts de Paris et sa banlieue, alors que le même jour débute le débat à l'Assemblée sur le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels. Ces banderoles reproduisent des slogans tels que Un père et une mère c'est élémentaire, Tous nés d'un homme et d'une femme, Non à la filiation-fiction ou L'enfant n'est pas un droit.
La Manif pour tous organise des rassemblements dans tous les départements, le samedi 2 février. La police comptabilise 80 000 participants et 80 rassemblements.
Le 15 février 2013, Xavier Bongibault, Frigide Barjot et Philippe Brillault, maire du Chesnay, déposent au Conseil économique, social et environnemental CESE une pétition revêtue de 700 000 signatures certifiées par huissier, demandant un débat sur le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux homosexuels. C'est la première pétition citoyenne complète transmise au CESE pour avis consultatif. Il la juge irrecevable le 26 février 2013.
Les opposants au mariage entre personnes de même sexe manifestent à nouveau à Paris le 24 mars 2013. La police estime à environ 300 000 le nombre de manifestants, tandis que les organisateurs l'estiment à 1,4 million.
Le collectif La Manif pour tous, porte plainte pour incitation à commettre un acte de terrorisme contre Pierre Bergé en raison d'un message qu'il avait relayé sur Twitter le 17 mars 2013 et qui disait : Vous me direz, si une bombe explose le 24 mars sur les Champs à cause de la Manif pour tous, c'est pas moi qui vais pleurer

Radicalisation

Le vote à mains levées au Sénat, le 12 avril 2013, et l'accélération de la procédure parlementaire pour l'adoption de la loi sur le mariage homosexuel, décidée par le gouvernement le même jour, provoquent la colère des opposants, qui multiplient les manifestations devant le Sénat et l'Assemblée nationale.
L'UMP dénonce un risque de confrontation. Christine Boutin considère que le vote du Sénat est une injure sans limite et parle de guerre civile , déclarant : Ça va péter, je vous assure que ça va péter. Frigide Barjot évoque une dictature et prévient : Hollande veut du sang, il en aura !, puis retire ces propos violents trois jours après et appelle au calme. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, reprenant le vocabulaire du général de Gaulle lors des évènements de mai 68, évoque une menace de chienlit.
Lors de la manifestation du 24 mars, certains membres de La Manif pour tous provoquent des débordements et des confrontations avec la police ont lieu des gaz lacrymogènes sont utilisés contre des manifestants, par exemple contre Christine Boutin. La Manif pour tous, qui se veut populaire et pacifique, se divise après cette manifestation, et le Printemps français, mouvement plus politisé qui dénonce la politique du gouvernement et qui est proche de l'extrême droite, est créé. Ses membres mènent des actions incluant le harcèlement de personnalités favorables au mariage homosexuel et la dégradation des locaux de l'inter-LGBT. Des liens existeraient entre le Printemps français et Civitas, association catholique intégriste qui lutte aussi contre le mariage homosexuel, mais que la Manif pour tous avait toujours écarté de ses rangs en raison de sa radicalité et de son opposition plus générale à l'homosexualité.
Un article de Marianne daté de début septembre 2013 indique que l'association SOS Homophobie constate une forte hausse des actes homophobes, qu'elle impute au moins en partie aux débats sur le projet de mariage pour les couples de même sexe. Les appels aux associations LGBT pour motif d'homophobie pourraient avoir jusqu'à triplé les trois premiers mois de 2013. La porte-parole du gouvernement français, qui reconnaît également l'augmentation des actes homophobes sur cette période, a déclaré dans un communiqué condamner l'augmentation de ces violences. Frigide Barjot dénonce toutes les violences et affirme que la Manif pour tous n'a aucun lien avec les fondamentalistes et les extrémistes. La droite et la gauche se renvoient la responsabilité des violences. Le 25 avril 2013, évoquant en particulier la manifestation du 24 mars des opposants au projet de loi Taubira, le député italien, Luca Volontè, président du groupe PPE droite à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe APCE, pose une question au Conseil de l'Europe au sujet de la gestion des manifestations par le gouvernement français, l'accusant de violences sur les manifestants. Le 27 juin 2013, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe vote une résolution déplorant les récents cas de recours excessif à la force pour disperser les manifestants et réitérant son appel aux autorités de veiller à ce que l’action de la police, si elle est nécessaire, reste proportionnée.
La presse internationale s'étonne du climat homophobe dans lequel s'est déroulé le débat en France et Courrier international indique que la France est perçue comme repliée sur elle-même. En Espagne, El País se fait l'écho des appels et tweets menaçants, des prières de rue et des attaques physiques envers les personnes homosexuelles. De son côté, la BBC parle d'un lobby anti-mariage homosexuel, soutenu par l'Église catholique et l'opposition conservatrice, tandis que le quotidien britannique conservateur The Daily Telegraph évoque des mois de débat politique acharné, rapportant notamment les propos du député UMP Philippe Cochet, qui déclarait le 18 avril 2013 qu'on était en train d’assassiner des enfants, et mentionne une étude qui classe la France comme le pays le moins tolérant d'Europe de l'Ouest envers les homosexuels.

Débat sur d'éventuelles conséquences politiques

Plusieurs analyses considèrent que la loi sur le mariage pour tous a été une des causes de la défaite de la gauche, et notamment du Parti socialiste PS, aux élections municipales de 2014. Selon un sondage Harris Interactive pour La Croix, la question du mariage homosexuel a été jugée très importante ou importante pour 37 % des Français, et 42 % des catholiques pratiquants. Le démographe Hervé Le Bras avait également anticipé cette situation dès le mois d'avril 2013, considérant que le PS venait de s'aliéner ce qui avait été à la base de son succès lors des dernières élections la présidentielle et les législatives de 2012, à savoir ce centre droit, lié à une tradition catholique qui n'avait pas adhéré aux positions xénophobes de Nicolas Sarkozy.
Mais plusieurs socialistes, dont Patrick Mennucci, ainsi que le philosophe Bertrand Vergely, soulignent également l'impact du mariage homosexuel sur l'électorat musulman, votant habituellement à gauche et assez largement passé à droite lors de cette élection. Le chercheur Gilles Kepel estime quant à lui que « le PS a largement perdu cet électorat aux municipales de 2014, et que La Manif pour tous lui a fourni une possibilité d'identification avec les cathos de droite et anti-gay, par le biais des valeurs, pour s'affirmer français. Il voit là une mutation significative, et fait le lien avec la fin du tabou du FN chez cet électorat, sans que cela en soit la seule cause.



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#67 Aloïs Alzheimer
Loriane Posté le : 12/06/2015 19:35
Le 14 juin 1864 à Marktbreit naît Alois Alzheimer

Le prénom Alois, diminutif d'Aloysius, est parfois francisé en Aloïs. mort le 19 décembre 1915 à 51 ans à Breslau, royaume de Prusse, aujourd'hui Wrocław, médecin psychiatre, neurologue et neuropathologiste allemand des Institutions d'Irrenschloss, de Frankfurt am Main, formé à l'Université Eberhard Karl de Tübingen, l'Université de Würzburg connu pour sa description de la maladie qui porte son nom.
La maladie d'Alzheimer se traduit par une dégénérescence nerveuse d'évolution inéluctable, causée par une diminution du nombre de neurones avec atrophie cérébrale et présence de plaques séniles. La maladie d'Alzheimer est la plus courante des démences. Sa fréquence globale, après 65 ans, varie entre 1 et 5,8 %. Elle augmente avec l'âge, atteignant % après 85 ans. Les études épidémiologiques, étude PAQUID notamment ont montré que la consommation modérée de boissons alcoolisées diminuait la fréquence de la maladie d'Alzheimer. Cette maladie est en voie de devenir un fléau sanitaire et socio-économique dans les pays industrialisés, où l'espérance de vie ne cesse d'augmenter. En France, il y aurait en effet actuellement 860 000 personnes atteintes et 220 000 nouveaux cas par an. Les projections pour l’avenir sont alarmantes : 1 200 000 cas en 2020 et 2 100 000 en 2040.


En bref

En 1906, le neuropathologiste allemand Alois Alzheimer décrivit des altérations anatomiques observées sur le cerveau d'une patiente de 51 ans atteinte de démence, d'hallucinations et de troubles de l'orientation. Depuis, on définit la maladie d'Alzheimer comme une démence présénile, pouvant apparaître avant 65 ans. La communauté scientifique réunit aujourd'hui sous l'appellation démence de type Alzheimer la maladie d'Alzheimer stricto sensu et les démences séniles, sénilité.
C'est le psychiatre allemand Emil Kraepelin, en 1912, dans son Traité de psychiatrie, qui a donné le nom de maladie d'Alzheimer à cette démence dégénérative affectant le sujet jeune. Cet état pathologique a été décrit en effet pour la première fois en 1907 par son confrère et compatriote Aloïs Alzheimer chez une femme de cinquante et un ans, atteinte d'une détérioration intellectuelle progressive s'accompagnant à l'autopsie de lésions à type de plaques séniles et de dégénérescences neurofibrillaires dans le cortex cérébral.
La perte des capacités intellectuelles est ici d'une intensité suffisante pour retentir sur la vie professionnelle et l'autonomie sociale, et elle s'accompagne d'anomalies des fonctions cognitives. Il s'agit non seulement de troubles de la mémoire, souvent le premier motif de consultation mais aussi d'une désorientation temporospatiale, de troubles de la pensée abstraite, du jugement et du langage, aphasie, de l'impossibilité de réaliser certaines activités motrices complexes, apraxie, ou d'identifier des objets ou des visages agnosie sans qu'il y ait déficit sensoriel. Le caractère change : l'irritabilité, l'agitation voire l'agressivité peuvent se développer chez les patients qui sont conscients de la perte progressive de leurs capacités. D'autres sont au contraire apathiques. La dépression est fréquente, aggravant le déficit intellectuel. C'est une maladie dévastatrice car l'évolution aboutit à la perte totale d'autonomie chez le patient qui devient grabataire et ne reconnaît plus les siens.

Sa vie

Originaire d'une petite ville de Bavière, Marktbreit, il fait ses études de médecine à Tübingen, Berlin, Wurtzbourg3 et Francfort-sur-le-Main. Il passe sa thèse dans cette dernière ville en 1887 et y est nommé médecin dans l'hôpital psychiatrique. Il se marie en 1895 et a trois enfants, mais sa femme meurt en 1901. Après avoir été son assistant à Heidelberg, il suit Emil Kraepelin à Munich en 1903 et intègre son équipe de chercheurs au sein de la Clinique psychiatrique. Il devient membre de la société d'hygiène raciale, fondée en 1905 par, entre autres, Ernst Rüdin et Alfred Ploetz, promoteurs de l'hygiène raciale allemande.
Il fonde l'école de neuropathologie de Munich et est nommé professeur de psychiatrie à Breslau en 1912. Il décède à l'âge de 51 ans des suites des complications rénales et cardiaques d'un rhumatisme articulaire aigu. Il est enterré au cimetière principal de Francfort.

Le cas Auguste Deter

Cette patiente, de 51 ans, est admise à l'hôpital de Francfort le 25 novembre 1901, atteinte d'une démence. Elle est suivie par le Dr Alzheimer jusqu'à sa mort le 8 avril 1906. Il en examine alors le cerveau, y découvrant les anomalies des fibrilles qui deviendront caractéristiques de la maladie.
Il décrit pour la première fois les symptômes de la dégénérescence corticale et l'analyse histologique du cerveau en 1906, lors de la 37e conférence des psychiatres allemands. Par la suite, plusieurs autres médecins (Fisher en 1907, Bonfiglio en 1908, Perusini en 1909 qui réétudie le cerveau d'Auguste Deter vont confirmer sa découverte. Alzheimer publie un deuxième cas identique en 1911.
C'est le psychiatre renommé Emil Kraepelin, qui est à l'époque responsable de la chaire de psychiatrie de Munich, qui propose par la suite de désigner ce type de démence par le nom de son collègue.

Diagnostic

Il n'existe pas de signes objectifs de la maladie. Les critères de diagnostic reposent sur l'installation progressive de troubles intellectuels du syndrome aphaso-apraxo-agnosique, troubles qui n'ont pas d'autre origine ni organique ni psychique.
Ces troubles peuvent être évalués par un test psychométrique le MMSE, Mini Mental State Evaluation établi sur une échelle de 30 points. Un score inférieur à 24 fait soupçonner la démence. Les résultats des tests sont interprétés en fonction du niveau socio−économique des patients et de leur degré de confusion. À ce test sont associés des tests explorant la praxie, tests de l'horloge et la mémoire, test de rappel. L'examen neuropsychologique psychométrique peut aider au diagnostic à un stade précoce détectant des anomalies qui échappent à l'examen clinique ou au test.
Des examens complémentaires, en cours d'évaluation, vont étayer ce diagnostic.
Le scanner permet d'éliminer les autres causes de démence, vasculaire ou tumorale mais il n'y a pas de changement spécifique de la maladie. L'atrophie cortico-sous-corticale est un élément d'orientation : la modification de taille de l'hippocampe cérébral serait un indice de diagnostic précoce. La tomographie avec émission de positons, P.E.T. est une technique d'imagerie fonctionnelle quantitative qui permet d'analyser le métabolisme cérébral et d'étudier en particulier le métabolisme de l'hippocampe.
Pour autant, il n'existe encore aucun marqueur biologique spécifique de la maladie. Le diagnostic de certitude ne peut être fait que par l'examen anatomopathologique du cerveau après le décès de la personne atteinte. Il est pratiqué lorsqu'elle présentait des signes de démence d'apparition progressive et après élimination des autres causes possibles, démence dégénérative d'autres origines, démence secondaire, dépression.

Altérations anatomopathologiques

La maladie se caractérise par une atrophie cérébrale diffuse prédominant dans les régions pariéto-occipitales du cerveau et respectant les zones de projection. Cette atrophie s'accompagne de lésions histopathologiques caractéristiques : extracellulaires, les plaques séniles, et intracellulaires, la dégénérescence neurofibrillaire.
Les plaques séniles sont des dépôts extracellulaires de substance amyloïde, constitués de filaments de protéine amyloïde Aβ, longue de 39 à 43 acides aminés, qui provient du clivage d'une protéine appelée Amyloïd Precursor Protein APP. Cette protéine APP en participant à l'interaction entre les cellules joue un rôle essentiel, concernant la croissance cellulaire et la plasticité neuronale. L'accumulation de peptides Aβ dans le milieu extracellulaire entraînerait des altérations des membranes cellulaires avec entrée massive de calcium dans la cellule et réaction inflammatoire par activation microgliale. Ces lésions entraîneraient la mort neuronale.
La dégénérescence neurofibrillaire est constituée de paires de filaments hélicoïdaux intraneuronaux de protéine Tau hyperphosphorylée. Cette protéine est associée aux microtubules du cytosquelette, son hyperphosphorylation réduit son rôle stabilisant des microtubules dans les axones et le transport axonal, conduisant à la mort neuronale.

Causes de la maladie d'Alzheimer

Synapse

L'hypothèse neurochimique repose sur une diminution des taux d'une enzyme, la choline-acétyl-transférase, dans différentes zones du cerveau, cortex et hippocampe. Ce déficit entraînerait une diminution de l'acétylcholine, un neurotransmetteur, substance chimique assurant la transmission de l'influx nerveux, mais il n'explique pas la dégénérescence nerveuse.
L'hypothèse génétique repose sur des études épidémiologiques révélant l'existence d'antécédents familiaux de la maladie chez 15 % des sujets atteints, maladie héréditaire ?. Dans ces familles, on constate également une augmentation de la probabilité de naissance d'un enfant trisomique 21, sans que l'on ait déterminé les raisons de cette association.
L'hypothèse virale est soulevée par analogie avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob, une maladie cérébrale rare atteignant les personnes âgées. Toutefois, s'il existe un agent infectieux responsable de la maladie d'Alzheimer, il aurait besoin d'un certain contexte génétique, immunitaire ou toxique pour s'exprimer.
L'hypothèse immunologique repose sur la diminution globale du nombre de lymphocytes circulants et la présence accrue d'autoanticorps. Toutefois, ces perturbations sont fréquentes avec l'âge en dehors de toute démence.
L'hypothèse vasculaire et métabolique est étayée par une réduction du débit sanguin cérébral, de l'oxygénation du sang et de sa capacité à capter le glucose. Cependant, ces déficits peuvent être la conséquence et non la cause de la détérioration cérébrale.
L'hypothèse toxique repose sur l'augmentation des taux d'aluminium dans le cerveau. Mais des concentrations 5 fois supérieures chez les dialysés ne produisent pas de dégénérescence nerveuse.
L'hypothèse des radicaux libres repose sur le fait que le vieillissement est dû, en partie, aux effets destructeurs de ceux-ci. Elle fait actuellement l'objet de nombreuses recherches.

Symptômes et signes de la maladie d'Alzheimer

Le début de la maladie est généralement discret, marqué par des symptômes banals. Leur expression varie beaucoup d'une personne à une autre. Leur importance s'aggrave généralement avec le temps.
Les troubles de la mémoire constituent le premier symptôme de la maladie. Ils peuvent être isolés et durer plusieurs mois ou plusieurs années. Les malades n'arrivent plus à retrouver le nom d'une personne ou d'un lieu pourtant bien connus. On peut aussi constater des troubles de l'orientation dans le temps et dans l'espace. C'est plus tardivement que les troubles de mémoire touchent les faits anciens, incapacité du malade à évoquer les faits marquants de sa vie, les connaissances acquises lors de la scolarité ou de la vie professionnelle et le bagage culturel.
Les troubles du comportement sont, eux aussi, relativement précoces mais peuvent n'être remarqués que tardivement. Une indifférence, une réduction de l'activité ou une incapacité à reconnaître sa propre maladie anosognosie sont souvent constatées ; elles représentent une réaction du malade à ses troubles de mémoire, mais témoignent parfois aussi d'un syndrome dépressif. Des troubles du caractère, irritabilité, idées de persécution peuvent également apparaître.

Troubles du comportement.

Les troubles du langage aphasie passent parfois inaperçus au début : le malade cherche ses mots, utilisant fréquemment périphrases et mots passe-partout. Plus tardivement, l'aphasie ne fait plus de doute : discours peu informatif ou incohérent, inversion ou substitution de syllabes ou de mots. Des troubles sévères de la compréhension du langage s'installent.
Les troubles du comportement moteur se manifestent par une difficulté à effectuer des gestes pourtant très quotidiens, s'habiller, tenir une fourchette alors qu'il n'y a pas de paralysie.

Motricité.

Des troubles de la reconnaissance des visages ne permettent plus au patient de reconnaître ses proches, voire de se reconnaître lui-même dans une glace.
Parfois, la maladie débute par un état confusionnel spontané ou déclenché par une prise de médicaments, anticholinergiques en particulier, une maladie ou un choc affectif (disparition d'un proche, déménagement, départ à la retraite, etc..
Les troubles psycho-comportementaux, troubles de l’humeur, hallucinations, fausses reconnaissances, perturbation du cycle veille-sommeil, rendent le patient difficile à maintenir en dehors d’une structure institutionnelle adaptée.

Diagnostic de la maladie d'Alzheimer

Neurone

C'est souvent à un stade avancé de la maladie d'Alzheimer que les patients consultent pour la première fois leur médecin et que leur entourage commence réellement à s'inquiéter. À l'examen, le médecin détecte d'importants troubles de la mémoire avec, notamment, l'oubli quasi immédiat d'une consigne ou de l'idée que le patient voulait exprimer s'il interrompt sa phrase. Des tests psychologiques font apparaître une diminution des capacités intellectuelles.
Pour optimiser la prise en charge, il est important de faire le diagnostic le plus précocement possible, c’est-à-dire au stade de déclin cognitif lié à l’âge ou mild cognitive impairment, MCI des Anglo-Saxons. Il s’agit alors, à l’aide d’examens complémentaires, tests psychométriques, techniques d’imagerie, biologie d’identifier les patients susceptibles d’évoluer vers une maladie d'Alzheimer.

Régions du cerveau

En l'absence de marqueur biologique ou radiologique de la maladie d'Alzheimer, des marqueurs du liquide cérébrospinal et peut-être sériques pourront dans un avenir proche faire poser un diagnostic précoce, le diagnostic repose sur un faisceau d'arguments. Il faut avant tout s'assurer que le patient n'est pas atteint d'une affection donnant des symptômes proches de ceux de la maladie d'Alzheimer : hypothyroïdie, syphilis, anémie de Biermer, déficit en vitamine B12 ou en folates, tumeur cérébrale, hématome sous-dural ou lésions vasculaires cérébrales, hydrocéphalie à pression normale. Le scanner et l'imagerie par résonance magnétique, I.R.M. montrent une atrophie cérébrale. Si celle-ci n'est pas spécifique de la maladie d'Alzheimer, elle s'observe chez nombre de sujets normaux, son aggravation entre deux scanners successifs et sa prédominance dans la zone pariéto-occipitale ont une certaine valeur diagnostique. Il en est de même pour l’atrophie précoce de l’hippocampe.

Hippocampe et amygdale : les circuits de mémorisation

Les caméras à émission monophotonique SPECT ou à positons PET peuvent aider à établir le diagnostic ou à suivre l’effet de certains médicaments. Mais seule l'étude au microscope d'un fragment de cortex cérébral prélevé chirurgicalement peut apporter une certitude. De telles biopsies ne sont pratiquées que très exceptionnellement. L'I.R.M. fonctionnelle aide à mieux localiser les zones cérébrales atteintes, et à en suivre l'évolution, notamment en réponse aux traitements. Le diagnostic précoce conduit à traiter rapidement le malade afin de ralentir l’évolution déficitaire de la maladie.

Évolution de la maladie d'Alzheimer

L'évolution de la maladie d'Alzheimer est très progressive. Dans la phase la plus avancée, le malade a perdu toute autonomie et doit être assisté dans tous les actes de la vie quotidienne tels que marcher, se lever, manger ou faire sa toilette. Une incontinence totale est souvent inévitable.

Traitement de la maladie d'Alzheimer

Transmission de l'influx nerveux

Il faut toujours envisager des soins palliatifs diminuant l'intensité des symptômes. Certains antidépresseurs peuvent être prescrits pour améliorer l'humeur du malade et diminuer son anxiété, mais il faut surtout éviter d'utiliser les antidépresseurs tricycliques en raison de leurs propriétés anticholinergiques. D'une manière générale, il faut proscrire tout médicament anticholinergique. En fait, l'essentiel du traitement repose sur la prise en charge du malade par ses proches dans un premier temps, si c'est possible, ou par une aide à domicile. L’accueil de jour temporaire, A.D.J. permet à l’entourage de trouver un répit. Dans tous les cas, l'autonomie du patient et son maintien à domicile doivent être préservés le plus longtemps possible. L’entourage doit bénéficier d’une information et d’un soutien. Le rôle des associations est important. L'hospitalisation ne doit être envisagée qu'à la phase ultime de la maladie et doit être préparée avec l’entourage.
Différents médicaments qui pallient la carence en acétylcholine peuvent permettre une amélioration des symptômes et ralentir l'évolution de la maladie. La tacrine a d'abord été utilisée, mais ses effets secondaires sur le foie lui font préférer le donépézil ou la rivastigmine, mieux tolérés. La galantamine et la mémantine viennent compléter les moyens thérapeutiques actuels.

Les recherches génétiques sur la maladie d'Alzheimer

Même si la maladie d'Alzheimer relève de causes variées, certaines formes familiales à début précoce, avant 65 ans semblent avoir pour origine un facteur héréditaire transmis sur le mode autosomique, chromosomes non sexuels dominant : il suffit que le gène soit transmis par l'un des deux parents pour que la maladie se développe chez l'enfant. Des études génétiques ont en effet établi que les gènes qui codent la protéine bêta-amyloïde, dont la présence – sous forme de dépôts anormalement abondants dans les plaques dégénératives cérébrales – est caractéristique de la maladie, se situent sur les chromosomes 19 et 21. En outre, les travaux réalisés par une équipe de chercheurs français et portant sur l'élaboration de la carte du génome humain, ensemble des gènes portés par les chromosomes de l'espèce ont permis de localiser, en 1992, un 3e gène sur le chromosome 14. Le gène codant l'apolipoprotéine, ApoE, molécule impliquée dans la formation de dépôts amyloïdes dans le cerveau, serait associé à une augmentation du risque de maladie d'Alzheimer.

Traitement

Il n'existe actuellement aucun moyen de guérir la maladie d'Alzheimer ou même d'en arrêter l'évolution. Certains traitements sont susceptibles d'atténuer les pertes de mémoire, les troubles du langage et du raisonnement. Le traitement reste à l'heure actuelle essentiellement symptomatique et vise à améliorer la qualité de vie des patients. La lutte contre les facteurs de risques vasculaires, hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie est importante. La rééducation cognitive de la mémoire et le traitement symptomatique des troubles comportementaux, dépression, agitation sont cruciaux pour aider les patients.
Des approches pharmacologiques visant à prévenir la formation et l'agrégation des dépôts protéiques de peptides Aβ ou à induire une neuroprotection, antioxydants, antiapoptotiques, anti-inflammatoires sont actuellement en cours d'évaluation. Les traitements visant à augmenter la quantité d'acétylcholine, neurotransmetteur jouant un rôle important dans le fonctionnement de la mémoire peuvent améliorer les fonctions intellectuelles des patients au début de l'évolution de la maladie. Plusieurs inhibiteurs de l'acétylcholine estérase ont été testés et ont montré une certaine efficacité, au moins dans les stades précoces de la maladie. Les récepteurs neuronaux au N-méthylD-aspartate, NMDA jouent un rôle clé dans les processus de mémorisation ; leur hyperstimulation au cours de la maladie d'Alzheimer serait un phénomène important. Un inhibiteur de NMDA, mémantine est également en cours d'évaluation. La mise au point d'un vaccin est à l'étude depuis de nombreuses années ; en effet des chercheurs ont montré que l'immunisation contre le peptide Aβ de souris transgéniques qui le surexpriment peut permettre de prévenir l'apparition des dépôts chez les animaux jeunes et de limiter leur extension. Des essais thérapeutiques sur des patients atteints de maladie d'Alzheimer ont été réalisés dès 1999. Si ces essais ont dû être stoppés en raison d'effets secondaires importants, l'immunothérapie reste une approche thérapeutique prometteuse dans cette maladie.

Conséquences sociales : vivre avec la maladie d'Alzheimer

Pour un pays comme la France, la prévalence de la maladie après 80 ans, près de 30 p. 100 et l'augmentation très significative de la durée de vie amènent à poser des questions auxquelles la société n'était pas préparée il y a encore vingt-cinq ans. Les perspectives démographiques montrent que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans, 20,6 p. 100 en 2000 sera de 35,1 p. 100 en 2050.
Les chiffres actuels sont complètement revus à la hausse par rapport aux prédictions faites il y a quelques années ; la maladie étant très fréquente, elle devient connue et on a moins peur de la déclarer, d'autant que des médicaments deviennent disponibles, qu'elle peut être détectée plus précocement et mieux soignée. Retarder d'un an l'apparition des signes permettrait de diminuer la prévalence de 25 p. 100. En France, le nombre de cas en 2006 était estimé entre 750 000 et 1 million, soit une incidence de 165 000 nouveaux cas par an
Il faut rappeler qu'il existe actuellement en France environ 700 000 places dans les maisons de retraite et très peu de places d'accueil dans des structures de jour, alors que 30 000 seraient nécessaires. Il y a 65 à 90 p. 100 des patients déments qui vivent à domicile, à la charge complète des familles dans 50 p. 100 des cas, et seulement 25 p. 100 des patients sont suivis à la consultation de la mémoire.
La maladie d'Alzheimer est devenue un problème majeur de société. Pour quelque 800 000 patients actuellement atteints de la maladie d'Alzheimer en France, c'est plus de 2 millions de personnes qui sont concernées si l'on prend en compte la cellule familiale. Dans près de 70 p. 100 des cas, c'est en effet la famille qui prend en charge elle-même la personne malade et lui permet ainsi de rester vivre à domicile. Cela pose des problèmes considérables en termes de prise en charge et un énorme défi de santé publique. L'évolution de la maladie se traduisant par des pertes inexorables et majeures dans tous les domaines, mémoire, apprentissage, locomotion, propreté, praxie, langage, l'entourage du malade et le personnel soignant sont sollicités souvent au-delà de leur capacité de compréhension, de patience et de moyens, et ce sont ces limites dans les possibilités actuelles d'accompagnement sur lesquelles la société doit réfléchir, afin d'améliorer les moyens de prise en charge des patients atteints de la maladie d'Alzheimer et de leur famille.
L'objectif est évidemment une prise en charge quotidienne la plus chaleureuse possible, permettant au patient de continuer à vivre dans son environnement tout en compensant ses différentes incapacités, en traitant les symptômes pénibles pour lui-même et pour son entourage, dépression, agitation, agressivité, insomnie, dépendance et en maintenant au mieux sa socialisation, stimulation cognitive. C'est cette prise en charge dans le contexte familial qui permet de retarder au maximum le placement des patients dans des institutions adaptées lorsque leur état le rend indispensable, véritable catastrophe affective et morale mais souvent aussi financière pour les familles. Dans ce contexte, il est indispensable que les pouvoirs publics aient une volonté affichée d'améliorer l'aide aux patients atteints de cette maladie et à leurs familles. Le rôle joué par les associations de malades, en particulier l'association France Alzheimer, est évidemment très important. Nathalie Cartier


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#68 Georges Brummel
Loriane Posté le : 05/06/2015 18:57
Le 7 juin 1778 à Londres naît, George Bryan Brummell

dit Beau Brummell, mort le 30 mars 1840 à Caen, à l'âge de 61 ans, il est un pionnier du dandysme britannique durant la Régence anglaise.

En bref

Brummel est un "dandy" britannique. Son amitié avec le prince de Galles, le futur George IV, lui ouvrit la haute société, où il devint l'arbitre des élégances.
Roi de la mode en Angleterre pendant plus de vingt ans, le beau Brummel est né dans la famille d'un nouveau riche, son père ayant bénéficié, dans l'administration, de plusieurs postes et sinécures grâce au patronage d'hommes aussi puissants que lord North. Envoyé à Eton et prenant le temps de passer une année à Oxford en 1794, Brummel s'y fait remarquer par son aplomb, ses réparties et son extrême élégance vestimentaire ; surtout, il y noue des relations fort utiles, en particulier avec le prince de Galles, futur régent qui deviendra roi en 1820. Installé à Mayfair, ami du prince, du duc de Bedford, de lord Byron, Brummel organise des réceptions qui tournent parfois à l'orgie, est la coqueluche des salons et impose son jugement aux élégants et aux élégantes au point de devenir le monarque absolu de la mode. Une brouille avec le régent, de fortes pertes de jeu et le déclin de son influence le poussent à se retirer à Calais en 1816. Il tente d'y préserver un certain train de vie et obtient même en 1830 la sinécure du consulat anglais à Caen. Renonçant de lui-même à cette position deux ans plus tard, il devient la proie de ses créanciers, est emprisonné pour dettes en 1835, puis libéré grâce à d'anciens amis et doté par eux d'une petite rente. À partir de 1837, il perd progressivement la raison et, devenu dans son apparence l'inverse de ce qui l'avait rendu célèbre, sombre au point de devoir être enfermé dans une maison de retraite à Caen où il finira sa vie. Il lègue un nom désormais célèbre qui servira à décrire d'autres arbitres de la mode après lui. Roland Marx

Sa vie

Fils de W. Brummell, simple esquire secrétaire particulier de Lord North, issu d’un milieu non aristocratique1, Brummell est considéré comme l’introducteur du costume de l’homme moderne, pour avoir introduit, puis établi la tendance masculine à porter des costumes de couleur sombre avec des pantalons longs de style discret, mais raffinés et admirablement coupés, ornés de cravates minutieusement nouées. Cette convention a déterminé l’usage aujourd’hui en cours dans le monde entier, pour les affaires et les occasions formelles. Brummell, qui prétendait avoir besoin de cinq heures pour s'habiller, recommandait, entre autres, de la mousse de champagne pour lustrer les bottes, sans doute plus pour s’amuser des auditeurs trop crédules. Son style d’habillement et de comportement finit par être connu sous le terme de dandysme. Arbitre de la mode réputé pour ses belles manières, son port noble et sa démarche élégante, mais aussi pour son esprit très railleur, il détruisit plus d’une réputation par un sarcasme jeté du haut de sa cravate.
Décrit comme doté d’un teint clair et d’un long nez, qui avait été brisé par la ruade d’un cheval, peu de temps après son entrée au régiment des Tenth Dragoons, il avait hérité, à sa majorité en 1799, de son père mort cinq ans auparavant, d’une fortune de plus de trente mille livres qu’il engloutira pour la plupart dans les vêtements, le jeu et un mode de vie ruineux. Après ses études à Eton et à Oriel College, il rejoignit le 10e de Hussards, période durant laquelle il est remarqué par le prince de Galles grâce à l’influence duquel il fut promu capitaine en 1796. Également dandy, ce prince obèse, futile, égocentrique, capricieux, dépensier, narcissique et coureur de jupons invétéré n’hésitait pas à se montrer en habit de satin rose avec des perles et un couvre-chef orné d’une multitude de sequins. Brummell s’efforça de discipliner l’exubérance princière et tous deux devinrent des amis proches. En retour, le futur régent le présenta à toute la meilleure société de Londres, endurant toutes ses insolences, allant même jusqu’à y applaudir.
Lors du transfert de son régiment de Londres à Manchester, Brummell préféra démissionner et, après s’être établi dans une maison à Mayfair, rue Chesterfield, il évita, un temps, toute extravagance ainsi que les jeux de hasard. Par exemple, il possédait des chevaux, mais pas de carrosse. Membre du cercle du prince George, Beau Brummell y faisait une impression par son élégance discrète, ses fins commentaires. Le soin scrupuleux qu’il apportait à son hygiène corporelle et dentaire quotidiennes, ainsi qu’à son rasage, devinrent célèbres. il ne sortait jamais sans être impeccablement lavé et rasé, poudré, parfumé, arborant beaucoup de linge fraîchement lavé et parfaitement amidonné, vêtu d’un manteau parfaitement brossé, de coupe impeccable de couleur unie bleu foncé, et paré avec une cravate savamment nouée. Au moment où Pitt imposait une taxe sur la poudre à cheveux en 1795 destinée à aider à subventionner la guerre contre la France, Brummell avait déjà renoncé au port de la perruque pour se faire couper les cheveux à la Brutus, comme les Romains. En outre, c’est à lui qu’on doit d’avoir orchestré la transition de la culotte moulante du xviiie siècle au pantalon de couleur sombre emblématique des habitudes vestimentaires masculines modernes. Dès le milieu des années 1790, Beau Brummell fut la première version du people, de l’homme n’étant essentiellement connu que pour le seul fait d’être connu, qui, en tant que ministre de la mode et du goût, imposait ses diktats à la noblesse, aux puissants et aux belles femmes.

Origines du dandysme britannique

Sous l’influence de ses amis fortunés, Beau Brummel se mit à dépenser et à parier comme si sa fortune avait été l’égale de la leur, ce qui ne fut pas un problème tant qu’il pouvait encore disposer de crédit. Il était considéré, avec lord Alvanley, Henry Mildmay et Henry Pierrepoint, comme l’un des animateurs du cercle Watier, surnommé le club dandy par Byron. Tous quatre étaient aussi présents au bal costumé de juillet 1813, au cours duquel le prince régent salua Alvanley et Pierrepoint, mais snoba Brummell et de Mildmay en se contentant de les dévisager sans leur adresser la parole, ce qui fut l’occasion de la célèbre formule de Brummell à Alvanley : Alvanley, comment s’appelle ton ami rondouillard ? Cette remarque fut la note finale d’une rupture prévisible entamée en 1811, date à laquelle le Prince, devenu régent,avait commencé à abandonner tous ses vieux amis whigs. D’habitude, la perte de la faveur royale par un favori était synonyme de déchéance, mais la brillante carrière de Brummell dépendait tout autant de l’approbation et de l’amitié des autres souverains du monde de la mode et ceci donna naissance à l’anomalie d’un favori faisant florès sans protecteur, continuant pendant une quinzaine d’années d’être l’artisan de la mode courtisé par de larges secteurs de la société qui régnait en maître incontesté du bon goût sur la scène londonienne.
La fortune de Brummell, passionné de jeu, n’était pas en mesure de soutenir les dérèglements de sa vie et la dette qu’il avait accumulée se transforma en une spirale descendante échappant à tout contrôle. Les moyens par lesquels il tenta de la récupérer furent pires que le mal et n’aboutirent qu’à en creuser un peu plus profondément le gouffre, à tel point qu’il connut, à l’âge de trente-huit ans, le sort typique des dandys sous la forme de la faillite. Sa fortune évanouie, Brummell ne quittait jamais son logis que de nuit afin d’échapper à la foule de cordonniers, bijoutiers, tailleurs, bourreliers, marchands de vin qui l’entouraient.
Le 16 mai 1816, criblé de dettes, il quitte Londres pour rejoindre Douvres d'où il prend un bateau pour Calais2, afin d’échapper à la prison pour dettes à la suite de la demande de paiement intégral des milliers de livres qu’il devait à ses créanciers qui le harcelaient. D’ordinaire, Brummell payait toujours immédiatement, comme dettes d’honneur, ses dettes de jeu, à la seule exception d’un dernier pari enregistré en sa faveur dans le registre de White de mars 1815, où la dette a été marquée comme impayée, en date du 20 janvier 1816. N’ayant plus les moyens de recourir aux blanchisseurs, il se mit à porter des cravates noires, phénomène sans précédent, pour l’époque.
Exilé en France où il devait passer le restant de ses jours, George Brummell tenta bien de s’habiller avec moins de cérémonie, mais finit pourtant par tâter de la prison. Installé en 1830 à Caen, il y occupa, grâce à l’influence de ses amis lord Alvanley et le marquis de Worcester, le poste de consul d’Angleterre qu’il perdit à la fin du règne de Guillaume IV en 1837. Incapable de vivre autrement que comme un prince, il s’arrêta dès lors de s’habiller, de se laver ou se raser. Une fois évanouie sa petite pension, qui lui permettait de louer une chambre dans une pension, il connut la ruine. La nuit, dans un coin de sa pension, il organisait des simulacres des grands dîners du temps de sa splendeur. En 1838, souffrant de démence due à la syphilis, il fut interné au Bon Sauveur où il devait mourir deux ans plus tard, peu avant ses soixante-deux ans, après deux apoplexies d’origine syphilitique. Il fut alors inhumé au cimetière protestant de Caen, aujourd’hui situé sur le campus de l’université de Caen.

Postérité

Plusieurs écrivains ont tenté de comprendre comment un homme qui n’était ni riche, ni particulièrement beau, ni de naissance noble, put être admiré de toute la haute société de Londres.
Dès 1830, dans le journal La Mode, Honoré de Balzac qui rédige une série d'articles pour constituer un Traité de la vie élégante, narre une rencontre fictive avec George Brummell.
Il inspira à Barbey d’Aurevilly son essai philosophique Du dandysme et de George Brummell où il écrit, en 1845, que sa grandeur était fondée sur rien du tout et, avant lui, de très nombreux personnages de romans anglais à la mode, dont le plus connu est le héros du livre à succès de Bulwer-Lytton, Pelham ou les aventures d’un gentleman. On retrouve sa personnalité marquante dans la pièce de l’Américain Clyde Fitch Beau Brummel, jouée en 1890 ainsi que dans l’opérette Brummell 5du compositeur non moins dandy Reynaldo Hahn, créée le 17 janvier 1931 aux Folies Wagram.
En 1930, le grand magasin Printemps appelle sa marque pour homme Brummell en hommage au célèbre dandy.
En 1954, Stewart Granger interprète le dandy dans Le Beau Brummell aux côtés de Peter Ustinov, dans le rôle de Georges, prince de Galles et d'Elizabeth Taylor. Le film, réalisé par Curtis Bernhardt, offre une version romancée de la vie de Brummell, lui attribuant en plus de son influence vestimentaire sur la bonne société, le rôle de mentor politique du Prince.

En 2002, une statue d'Irena Sedlecká l'honorant lui a été érigée à Londres, rue Jermyn.

Théâtre

Brummel à Caen, pièce de Bernard Da Costa créée en 19867

Filmographie

1954 : Le Beau Brummell de Curtis Bernhardt



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#69 Explosion du Pinatubo
Loriane Posté le : 05/06/2015 17:47
Le 7 juin 1991 débute l'éruption du Pinatubo

à 1486m dans le massif des monts Zambales aux Philippines dans les provinces de Zambales, Tarlac, et Pampanga. Ce volcan de type volcan gris agé d'1,1 million d'années expulse des roches Andésite, andésite basaltique, dacite avec la première sortie du magma qui entraîne la formation d'un dôme de lave au sommet du volcan. Ce dôme grossit durant les cinq jours suivants jusqu'à atteindre un diamètre de 200 mètres et une hauteur de 40 mètres.
Le Pinatubo est un stratovolcan actif situé dans l'ouest de l'île de Luçon aux Philippines, à moins d'une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale Manille. Considéré comme éteint et recouvert d'une épaisse forêt tropicale habitée par des milliers de personnes de l'ethnie Aeta, le volcan se réveille en juin 1991 après 500 ans de sommeil.
Cette éruption volcanique qui s'achève le 2 septembre 1991 est une des plus importantes du XXe siècle avec des conséquences à l'échelle planétaire. Le volume de matériaux émis est estimé à 10 km3 dont une grande partie est éjectée dans l'atmosphère, provoquant un refroidissement général de 0,6 °C de moyenne pendant deux à trois ans, le reste retombant sur une bonne partie de l'Asie du Sud-Est. Les abords du volcan sont bouleversés avec la formation d'une caldeira, une perte d'altitude considérable pour la montagne, la destruction de la forêt et des espèces animales qui y vivaient et le comblement des vallées sur des centaines de mètres d'épaisseur par des matériaux qui provoquent des lahars des années après la fin de l'éruption. Le bilan humain, qui s'élève à moins de 1 000 morts, est relativement limité grâce à l'évacuation efficace des populations et à leur information sur les risques courus une fois l'éruption terminée. Néanmoins, le bilan économique est lourd puisque des villes et villages entiers ont disparu, des zones agricoles sont rendues impropres aux cultures, des milliers d'animaux domestiques sont morts et des infrastructures privées, publiques et de transport ont été détruites.
Après sa dernière éruption en 1993, le Pinatubo commence à redevenir un atout pour la région puisque de nombreux touristes, notamment philippins, désirent gravir la montagne pour admirer ses paysages et surtout son lac de cratère acide rempli dès la fin des éruptions.

Toponymie

Pinatubo est un terme aussi bien utilisé en tagalog ou en sambal et qui signifie en français, qui a fait grandir, ce qui tendrait à prouver qu'il existe une connaissance du caractère volcanique de la montagne aux alentours des années 1500. Cependant, il n'y a pas de tradition orale au sujet d'éruptions violentes encore plus anciennes chez les autochtones. Il pourrait simplement être interprété comme une région fertile où les céréales poussent.

Situation géographique

Le Pinatubo se trouve dans le nord des Philippines, dans l'ouest de l'île de Luçon. Il est situé dans la moitié méridionale des monts Zambales essentiellement formés par le plissement provoqué par le glissement de la plaque eurasienne sous la plaque philippine le long de la fosse de Manille. Cette chaîne de montagnes contient quelques volcans de subduction, dont le Pinatubo qui est le membre le plus septentrional, qui font partie de la ceinture de feu du Pacifique. Cette chaîne de montagnes orientée nord-nord-ouest—sud-sud-est court le long d'une partie de la côte occidentale de Luçon en séparant la plaine centrale de Luçon à l'est de la mer de Chine méridionale à l'ouest. Ses deux extrémités se prolongent dans la mer de Chine méridionale, la péninsule nord délimitant le golfe de Lingayen et celle du sud, la péninsule de Bataan, délimitant la baie de Manille.
Le Pinatubo s'élève à la limite des provinces de Tarlac, Pampanga et Zambales, la caldeira se trouvant intégralement dans cette dernière. Il se situe à proximité des villes de Manille, 90 kilomètres au sud-est, 1 660 000 habitants, Quezon City, 90 kilomètres au sud-est, 2 680 000 habitants, Ángeles, 20 à 25 kilomètres à l'est, 264 000 habitants, Tarlac, 50 kilomètres au nord-est, 262 000 habitants et San Carlos, 80 kilomètres au nord, 154 000 habitants. Dans un rayon de 40 kilomètres autour du volcan se concentre une population de plus de 500 000 personnes, soit un accroissement démographique de plus de 130 000 personnes depuis 1991. Au nord-ouest d'Ángeles se trouve en particulier la nouvelle zone franche de Clark, à la place de l'ancienne base aérienne de l'United States Air Force, abritant près de 20 000 personnes.

Topographie

Carte indiquant l'emplacement du Pinatubo et les régions recouvertes par les dépôts de cendres volcaniques en 1991.
Avant la catastrophe de 1991, le Pinatubo est une montagne paisible et son sommet culmine à 1 745 mètres d'altitude, dominant de seulement 600 mètres la plaine environnante et d'à peine 200 mètres tous les sommets alentour. À ses pieds, principalement dans des barangays, vivent plus de 30 000 personnes, essentiellement des Aetas, un peuple indigène de chasseurs-cueilleurs qui ont fui les plaines pour échapper aux persécutions des Espagnols vers 1565. Grâce à leurs terres fertiles et à l'abondance des précipitations, les flancs du volcan sont propices à l'agriculture et les Aetas y font pousser du blé, de l'orge et du riz. La majeure partie de la montagne est recouverte d'une dense végétation tropicale où ils vivent en symbiose.
Plusieurs systèmes hydrologiques prennent leur source au Pinatubo, les principaux étant constitués des rivières Bucao, Santo Tomas, Maloma, Tanguay ou encore Kileng. Avant l'éruption, ils formaient des écosystèmes riches mais les dépôts de cendres ont comblé les vallées sur une épaisseur importante. Des études montrent qu'il faudra de nombreuses années pour qu'ils retrouvent leur apparence.
Dans le même temps, à cause de la violence de l'éruption, le sommet de la montagne est décapité et perd une hauteur de plus de 250 mètres. Désormais son altitude atteint 1 486 mètres et un grand lac de cratère, dont le niveau varie entre 820 et 840 mètres d'altitude selon les précipitations, comble le fond de la caldeira qui mesure 2,5 kilomètres de diamètre.

Géologie

Le Pinatubo est un volcan complexe formé de dômes de lave imbriqués dans un stratovolcan d'andésite et de dacite. Il repose sur un socle composé à l'ouest de roches océaniques appelé complexe d'ophiolites de Zambales et à l'est de roches sédimentaires et volcaniques antérieures au Pinatubo et faisant essentiellement partie de la formation de Tarlac. Ses pieds sont noyés sous une masse de débris déposés par des nuées ardentes et des lahars. À l'est du sommet, ces dépôts datent du Pinatubo primitif formé entre un million d'années et environ 45 000 à 35 000 ans. À l'ouest et autour du sommet, ces dépôts datent du Pinatubo moderne formé depuis 35 000 ans dont l'histoire éruptive est entrecoupée de grandes éruptions explosives dacitiques.
L'éruption de 1991 marquant la fin d'un repos ayant duré environ 500 ans fait partie des plus petites éruptions qu'ait connu le volcan, malgré l'important volume de matériaux éjecté estimé à plus de 10 km3. L'éruption s'inscrit dans le type éruptif plinien du volcan avec la formation de dômes de lave générant des nuées ardentes et de fortes explosions produisant de grandes quantités de cendres volcaniques qui, une fois mêlées aux pluies, peuvent donner naissance à des lahars. Dans les premiers temps de l'éruption, la roche magmatique formant le dôme de lave est une andésite hybride composée d'une matrice de dacite riche en phénocristaux comportant des inclusions de basalte riche en olivine et pyroxène hydratés. Progressivement, ces roches sont remplacées par des éjectas constitués de dacite chauffée avant les explosions à environ 800 °C et soumise à une pression de 2,2 ± 0,5 kbars entre sept et onze kilomètres de profondeur. Les phénocristaux les plus abondants sont la hornblende et les plagioclases mais des minéraux inhabituels sont présents tels que l'anhydrite composé de sulfate de calcium. Ce magma est plus oxydé qu'à l'accoutumée et probablement à l'origine de la nature sulfurique de l'éruption.
De par sa nature volcanique, le Pinatubo est en outre une source de matières premières tels des minerais et métaux comme ceux relâchés lors de l'éruption de 1991 : 800 000 tonnes de zinc, 600 000 tonnes de cuivre, 550 000 tonnes de chrome, 300 000 tonnes de nickel, 100 000 tonnes de plomb, 10 000 tonnes d'arsenic, 1 000 tonnes de cadmium et 800 tonnes de mercure.

Climat

Le climat des Philippines est de type tropical influencé par la mousson. Celle-ci provient de masses d'air venant soit du nord-est et donnant une mousson sèche de fin octobre à mars, soit venant du sud-ouest avec d'importantes quantités de pluies de mai à octobre tandis qu'en avril et début mai, les alizés dominants du Pacifique nord soufflent sur l'archipel. Hormis leur impact sur les températures, plus basses qu'en plaine en raison de l'altitude, les monts Zambales orientés selon un axe nord-sud agissent surtout sur le niveau des précipitations en formant une barrière à la circulation des masses d'air principales. Les versants exposés au vent reçoivent ainsi des quantités d'eau sensiblement accrues. Ainsi, le Pinatubo est soumis à des précipitations approchant quatre mètres par an en moyenne, soit le double d'une ville comme Ángeles. En août, il tombe quotidiennement 36 millimètres d'eau en moyenne et cette valeur peut atteindre 180 millimètres certains jours. Le record date du 19 mai 1966 avec 442 millimètres en 24 heures. En outre, le nord du pays est plus encore que le sud exposé au passage des typhons, durant la période de juin à décembre8.

Relevés à Ángeles 25 km à l'est du Pinatubo
Mois Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc Année
Températures moyennes °C 26 27 28 29 29 28 28 27 28 28 27 26 27,5
Précipitations moyennes mm 11 15 24 41 174 257 392 418 275 187 87 33 1 914

Faune et flore

Après l'éruption de 1991, des échantillons prélevés dans les sédiments de mer de Chine méridionale ont montré une très forte diminution de la quantité de foraminifères benthiques et une baisse de leur diversité. Des espèces pionnières comme Quinqueloculina spp. ont pu dans le même temps bénéficier de l'abondance de nutriments des matériaux pyroclastiques ou ont montré une meilleure capacité d'adaptation à de nouvelles conditions environnementales. L'éruption a donc généré une perturbation écologique forte sur le milieu naturel.
Aujourd'hui, bien que certaines zones du volcan soient encore stériles, la plus grande partie de la montagne a retrouvé sa biodiversité depuis la fin des lahars en 1997. Trente-neuf espèces végétales sont endémiques du seul Pinatubo. Le climat humide permet la prolifération des mousses mais aussi sur le plan animal de nombreux insectes dont plusieurs espèces de papillons. La forêt abrite des chauves-souris, en particulier Aethalops alecto ou roussette pygmée, des singes et des rongeurs. Des poissons, des algues, des crustacés, des reptiles et des amphibiens ont repeuplé les écosystèmes aquatiques. Ainsi, les serpents et les grenouilles constituent la source de protéines la plus importante pour les Aetas.

Histoire Formation

Le Pinatubo commence à se former il y a environ un million d'années. Le stratovolcan est alors composé d'andésites et de dacites et ne semble pas avoir connu d'explosion majeure. Il culmine à environ 2 300 mètres d'altitude sous la forme d'un dôme. Beaucoup de reliefs qui entourent le Pinatubo moderne, comme le mont Negron, le mont Cuardrado ou le Mataba, sont des anciennes bouches périphériques formées à partir des dômes de lave ou des restes du volcan original ayant résisté à l'érosion.
Il y a environ 45 000 à 35 000 ans au plus tard, le Pinatubo acquiert au fur et à mesure des éruptions pliniennes qui s'y produisent sa structure actuelle, celle d'un volcan complexe formé de dômes de lave imbriqués dans un stratovolcan d'andésites et de dacite, le tout entouré par des dépôts de lahars et de nuées ardentes. Ces dépôts qui entourent le volcan au point de masquer sa base sont le résultat de grandes éruptions explosives dacitiques qui semblent avoir été suffisamment importantes pour éjecter plus de 10 km3 de matériaux chacune. Ces éruptions se sont produites il y a 17 000 ans, 9 000 ans, 6 000 à 5 000 ans et 3 900 à 2 300 ans. Elles se sont raréfiées dans le temps au point d'être espacées parfois pendant plusieurs centaines ou milliers d'années et leur puissance a aussi décru. L'éruption de 1991 constitue ainsi une des plus petites éruptions identifiées sur ce volcan et survenant après 500 ans de repos soit une période relativement courte. Cette période de repos permet au Pinatubo d'acquérir son aspect tel qu'avant 1991, avec une érosion ayant creusé de profondes ravines sur ses flancs recouverts d'une épaisse forêt tropicale. Son aspect postérieur à 1991 est bouleversé par l'éruption ayant marqué son réveil avec plus d'une centaine de mètres d'épaisseur de dépôts dus aux coulées pyroclastiques et aux lahars sur ses flancs et la formation d'une caldeira de 2,5 kilomètres de diamètre à la place du cratère sommital.
Bien qu'il n'y ait pas de mémoire populaire d'éruptions antérieures à celle de 1991, certains Aetas rapportent que leurs anciens avaient observé de petites explosions par le passé. Ces observations ont très bien pu avoir lieu puisque l'éruption antérieure à celle de 1991 remonte au XVe siècle et que la région était déjà habitée depuis des milliers d'années. De type plinien, cette éruption, vraisemblablement d'indice d'explosivité volcanique de 5, a produit des dômes de lave au sommet du volcan qui sont à l'origine de puissantes explosions, de nuées ardentes et de lahars qui ont très certainement occasionné des dégâts, au moins à l'écosystème environnant. La nature géothermique autour du volcan était connue avant 1991 mais ce n'est qu'après l'éruption que les géologues se sont intéressés à l'histoire volcanique de la région.

Éruption de 1991 Prémices

Vue aérienne d'une des premières explosions dans le cratère sommital du Pinatubo. En plus de la colonne blanche composée de gaz volcaniques s'élèvent des volutes grises de cendres volcaniques qui retombent en recouvrant le fond du cratère.
Le 16 juillet 1990, un tremblement de terre de magnitude 7,8 sur l'échelle de Richter secoue l'île de Luçon et fait 1 450 morts. Son épicentre se trouvant à une centaine de kilomètres au nord-est du Pinatubo, certains volcanologues ont considéré que c'était peut-être l'événement déclencheur de l'éruption de 1991. Deux semaines après cette secousse, des habitants rapportent avoir vu de la vapeur sur le volcan mais les scientifiques qui inspectent la montagne concluent que cela provient d'un petit glissement de terrain plutôt que d'une quelconque activité volcanique.
Le 15 mars 1991, une succession de secousses est ressentie par des villageois sur le bord nord-ouest du volcan. Dans les deux semaines qui suivent, ces secousses s'intensifient et il devient clair qu'une activité volcanique se prépare. Le 2 avril, le volcan se réveille, provoquant une éruption phréatique le long d'une faille de 1,5 kilomètre à proximité du sommet. Dans les semaines qui suivent, de petites explosions phréato-magmatiques se produisent, déposant des cendres volcaniques tout autour du volcan. Des centaines de séismes sont détectés chaque jour.
L'activité volcanique s'intensifie au cours des mois d'avril et de mai. Les mesures d'émission de dioxyde de soufre montrent une augmentation très rapide, de 500 tonnes par jour le 13 mai à 5 000 tonnes par jour le 28 mai, preuve d'une remontée du magma à l'intérieur du volcan. Après le 28 mai, le taux de dioxyde de soufre émis chute, le dégazage du magma semblant bloqué dans le volcan. Une augmentation de la pression dans la chambre magmatique est alors à craindre, entraînant des risques d'une éruption explosive.
La première sortie du magma survient le 3 juin et la première grosse explosion le 7 juin, générant une colonne de cendres atteignant une altitude de sept kilomètres. Le Philippine Institute of Volcanology and Seismology, en partenariat avec le United States Geological Survey, émet alors une alerte d'une menace d'éruption majeure dans les deux semaines.

Évacuation

Devant les signes de plus en plus évidents d'une éruption majeure, le Philippine Institute of Volcanology and Seismology et les organismes volcanologiques internationaux tentent de convaincre les autorités locales du danger réel. La difficulté majeure tient dans la bonne évaluation de ce risque : un catastrophisme trop grand peut entraîner un discrédit des autorités compétentes, alors qu'une négation du danger peut entraîner des milliers de morts.
Après de multiples concertations, trois zones d'évacuation sont définies : une zone centrale de dix kilomètres de diamètre centrée sur le sommet du volcan, une zone intermédiaire entre dix et vingt kilomètres depuis le sommet et une troisième zone entre vingt et quarante kilomètres, recouvrant notamment la base aérienne de Clark et la ville d'Angeles City. Plus de 40 000 personnes vivent dans les deux premières zones et près de 331 000 dans la troisième. Cinq niveaux d'alertes sont définis et chaque jour un bulletin émis par les journaux, les radios et les télévisions quantifie pour chaque zone le niveau d'alerte.
Beaucoup d'Aetas qui vivent sur les flancs du volcan quittent leurs villages de leur propre chef. La première évacuation officielle débute dans la première zone le 7 avril. L'évacuation de la deuxième zone est décrétée le 7 juin après que le niveau 4 d'alerte a été atteint. Le 14 juin, le niveau 5 est atteint dans la troisième zone entraînant l'évacuation de 60 000 personnes. La plupart se réfugient à Manille et à Quezon City et plus de 30 000 personnes sont installées au Stadium Amoranto de Quezon City.

Premières explosions

Début juin, les capteurs de déformation montrent que le volcan se dilate, apportant la preuve d'une remontée de magma sous la montagne. Dans le même temps, l'épicentre des séismes se rapproche de plus en plus de la surface et du sommet. Le 7 juin débute l'éruption avec la première sortie du magma qui entraîne la formation d'un dôme de lave au sommet du volcan. Ce dôme grossit durant les cinq jours suivants jusqu'à atteindre un diamètre de 200 mètres et une hauteur de 40 mètres.
À 3 h 41 le matin du 12 juin, une petite explosion marque le commencement d'une phase plus violente de type plinien. Quelques heures plus tard, de grosses explosions qui durent plus de trente minutes génèrent une colonne éruptive atteignant 19 kilomètres d'altitude et des coulées pyroclastiques qui dévalent les vallées sur quatre kilomètres. Quatorze heures plus tard, une explosion de quinze minutes génère un panache de 24 kilomètres d'altitude.
Une troisième éruption démarre à 8 h 41 le matin du 13 juin, elle dure cinq minutes et une colonne de 24 kilomètres d'altitude se forme à nouveau. Après trois heures d'accalmie, l'activité sismique s'intensifie au cours des 24 heures suivantes jusqu'à l'explosion du 14 juin à 13 h 09 qui forme une colonne éruptive de 21 kilomètres d'altitude.
Une quantité remarquable de cendres volcaniques est éjectée au sud-ouest du volcan durant ces quatre explosions majeures. Deux heures après la dernière de ces quatre explosions, une série d'explosions se déroulent sur une période de 24 heures générant d'importantes coulées pyroclastiques qui dévalent les vallées sur des kilomètres.

Paroxysme

Le 15 juin, c'est l'apogée de l'activité éruptive. De fortes secousses sont enregistrées à 13 h 42 saturant les sismographes de la base aérienne de Clark et à 14 h 30 ils tombent en panne à cause de la forte concentration de cendres volcaniques. Des variations brutales de la pression atmosphérique sont également enregistrées.
Vue du panache volcanique au-dessus du Pinatubo juste après l'explosion principale le 15 juin 1991.
Le même jour, le typhon Yunya atteint l'île de Luçon à 75 kilomètres au nord du volcan. Les pluies diluviennes empêchent une observation directe de l'éruption mais les mesures montrent que les particules sont éjectées jusqu'à une altitude de 34 kilomètres et que des nuées ardentes déferlent sur une distance de plus de seize kilomètres durant le paroxysme qui dure trois heures. En se mêlant aux cendres volcaniques en suspension ou tombées à terre, les pluies forment des coulées de boue volcanique appelées lahars.
Le nuage de cendres se déploie sur une surface de 125 000 km2, plongeant dans l'obscurité totale une grande partie de l'île de Luçon. Des cendres qui forment comme des flocons de neige grise se déposent sur la majeure partie de l'île. Des blocs volcaniques tombent dans toute la mer de Chine méridionale et la cendre est emportée vers l'ouest jusqu'au Viêt Nam, au Cambodge et en Malaisie.
Vers 22 h 30, soit neuf heures après le début de la phase paroxysmique, la pression atmosphérique décroît vers des valeurs normalisées. Les volcanologues considèrent cet horaire comme marquant la fin de l'apogée éruptif.

Fin de l'éruption

Après l'apogée du 15 juin 1991, l'activité volcanique continue de manière régulière jusqu'au mois d'août avec des explosions projetant des cendres, puis de manière épisodique le mois suivant pour s'achever le 2 septembre. Au total, cette éruption plinienne a éjecté 10 km3 de matière, soit dix fois la quantité de matière rejetée par le mont Saint Helens en 198012. Cela en fait l'éruption la plus importante depuis celle du Novarupta en 1912. L'indice d'explosivité volcanique de cette éruption colossale est estimé à 6 sur une échelle de 8 soit aussi puissante que l'éruption du Krakatoa en 188313. Le sommet du volcan décapité est remplacé par une caldeira de 2,5 kilomètres de diamètre. Le point le plus élevé du bord de la caldeira culmine à présent à 1 485 mètres d'altitude soit 260 mètres de moins que le sommet primitif.
Dès la fin des explosions, un lac acide se forme dans la caldeira par le recueil des eaux de pluie, le dôme de lave de 1992 y formant même une île. Au début, le lac est peu étendu, chaud avec une température de 40 °C et très acide avec un pH de 2. Par l'augmentation de sa superficie et de son volume, les pluies l'ont peu à peu refroidi et dilué au point qu'en 2003, il avait une température de 26 °C et un pH de 5,5. Le niveau du lac s'élevant en moyenne d'un mètre par mois jusqu'en septembre 2001, le gouvernement philippin craint alors que les parois de la caldeira ne cèdent sous la pression et décide de faire vidanger partiellement le lac. 9 000 personnes sont à nouveau évacuées et il est pratiqué une brèche de cinq mètres pour vider le lac d'un quart de son volume.

Conséquences directes

Environ 300 personnes sont mortes directement à cause de l'éruption, la plupart dans l'effondrement des toits sous le poids de la cendre humide. Ce bilan relativement faible pour une éruption de cette importance est dû à une bonne prévision des risques par les volcanologues et à la décision d'évacuer les populations.
Malheureusement, la saison des pluies qui a suivi a créé d'autres lahars, déplaçant des populations dans des camps de réfugiés. Des centaines de personnes y sont mortes en raison des conditions sanitaires.
Toute vie a disparu dans un rayon de quatorze kilomètres autour du volcan. L'agriculture a souffert : des centaines d'hectares de terres arables ont été rendues impropres à la culture, détruisant les sources de revenus de milliers de fermiers. Les États-Unis possédaient deux bases militaires dans la région, la base navale de Subic Bay à 75 kilomètres au sud-ouest et la base aérienne de Clark à 25 kilomètres à l'est. Elles furent toutes les deux abandonnées après avoir été sévèrement endommagées par l'éruption, notamment par les dépôts de cendres volcaniques.

Impacts économiques et sociaux

L'éruption du Pinatubo a fortement pesé sur le développement économique de la région. Cette région représentant 10 % de la richesse nationale produite, la catastrophe a aussi pesé sur l'économie nationale, l'augmentation du PIB philippin a été d'à peine 2 % pour l'exercice 1990-1991 contre 5 % les années précédentes. La destruction des bâtiments et des infrastructures a coûté des milliards de pesos à l'État et les efforts furent immédiatement portés sur l'édification de digues et de barrages pour se prémunir des lahars.
Au total, 364 communautés et 2,1 millions de personnes furent touchées par l'éruption. 8 000 maisons furent complètement détruites et plus de 73 000 endommagées. Les nuées ardentes ont détruit les routes et les moyens de communication, le coût estimé des dommages sur les infrastructures est de 3,8 milliards de pesos.
Les efforts dépensés dans de nombreux travaux de reboisement furent annihilés par la destruction de 150 km2 de forêt représentant une valeur de 125 millions de pesos. 800 km2 de rizières furent rendus impropres à toute culture et 800 000 têtes de bétail et de volailles furent tuées. Le coût pour l'agriculture est estimé à 1,5 milliard de pesos.
La destruction des équipements de santé et les conditions d'hygiène difficiles dans les camps de réfugiés expliquent l'augmentation du taux de mortalité dans les mois qui suivirent l'éruption. Les dommages sur les écoles ont perturbé la scolarité de milliers d'enfants.
Les Aetas ont été les plus touchés par le réveil du volcan, la destruction de nombre de leurs villages ayant complètement bouleversé leur mode de vie. Relogés pour la plupart dans des campements, leurs conditions de vie demeurent difficiles. Incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires avec les petites parcelles offertes par le gouvernement, beaucoup d'Aetas travaillent de ferme en ferme pour le compte des grands propriétaires des plaines, fragmentant leur société et la rendant dépendante de l'économie régionale.

Impacts sur le climat mondial

Le Pinatubo a émis lors de son éruption une importante quantité d'aérosols et de cendres volcaniques dans la stratosphère. Les volcans rejettent en particulier des mégatonnes de dioxyde de soufre. Celui-ci réagit avec l'eau pour former des aérosols d'acide sulfurique qui se sont répandus dans toute la stratosphère dans l'année qui a suivi l'éruption. Cet apport d'aérosols dans la stratosphère est le plus important depuis l'éruption du Krakatoa en 1883, avec un total estimé à 17 millions de tonnes de dioxyde de soufre. C'est la quantité la plus importante jamais enregistrée par les instruments modernes.
L'acide sulfurique absorbe et réfléchit le rayonnement solaire, entraînant dans le cas du Pinatubo une diminution de la luminosité de l'ordre de 10 % à la surface terrestre. Il se produit alors un refroidissement à l'échelle mondiale : on estime la diminution de la température moyenne au sol entre 0,5 et 0,6 °C dans l'hémisphère nord et 0,4 °C sur tout le globe. Dans le même temps, les températures dans la stratosphère se sont accrues de plusieurs degrés Celsius en raison de l'absorption du rayonnement solaire par les aérosols.
Les cendres volcaniques et les aérosols envoyés dans l'atmosphère terrestre jusque dans la stratosphère se sont dispersés et ont fait plusieurs fois le tour de la Terre pendant près de trois ans. Ces fines particules et aérosols ont produits des couchers de soleil aux couleurs inhabituelles pendant plusieurs semaines dans l'hémisphère nord. Le temps pluvieux sur l'Amérique du Nord en 1992 et l'inondation du Midwest américain de 1993 sont en partie attribuables à l'augmentation de ces poussières atmosphériques qui ont servi à un ensemencement des nuages plus prononcé que la normale.
Cette éruption a aussi eu un effet sur la couche d'ozone, en augmentant de manière significative son taux de destruction. Dans les zones tempérées, les niveaux d'ozone ont atteint un minimum historique alors que dans l'hémisphère Sud durant l'hiver 1992, le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique a atteint la plus grande taille jamais observée. L'éruption du mont Hudson au Chili en août 1991 a aussi participé à cette destruction de la couche d'ozone.

Poursuite de l'activité éruptive

L'activité éruptive reste faible de la fin de l'éruption le 2 septembre 1991 jusqu'en juillet 1992 lorsqu'un nouveau dôme de lave se forme à l'intérieur de la caldeira. Ce dôme semble se composer de lave fraîche en provenance d'un réservoir profond plutôt que des reliquats de lave de l'éruption de 1991. Les volcanologues émettent alors l'hypothèse de nouvelles explosions violentes et certaines zones sont de nouveau évacuées. Cette éruption terminée le 30 octobre 1992 sera finalement peu violente avec un indice d'explosivité volcanique de 119,2. Entre février et juillet 1993, une faible activité volcanique reprend dans la caldeira avec de petites explosions.

Gestion du risque volcanique

Bien que l'éruption de 1991 du Pinatubo soit une des plus importantes du xxe siècle en termes de puissance et de dégâts, elle reste relativement peu marquante comparée à d'autres éruptions historiques. Ceci est notamment dû au fait que la crise a été bien gérée avec une évaluation des risques efficace puisqu'elle a permis de sauver des milliers de personnes qui ont été évacuées à temps.
Cette protection de la population passe aussi par son information des risques encourus. Ainsi, dès le 15 juin 1991 soit au moment du paroxysme de l'éruption, la population évacuée est informée du risque que représentent les lahars grâce à la projection d'une vidéo sur la catastrophe d'Armero en 1985 qui a fait plus de 20 000 morts à cause des lahars, puis par des affichages expliquant les conseils à suivre. Ces campagnes d'information orchestrées par les volcanologues sont animées par des journalistes, des officiels experts et élus et des membres des forces de la police et de l'armée. Ces informations de la population se sont poursuivies les années suivant le réveil du volcan grâce à des cartes établies par des scientifiques et les autorités, notamment lorsque les niveaux d'alerte étaient modifiés en fonction de l'activité éruptive.
Ces cartes sont réalisées en fonction de la nature de la menace et des niveaux d'alerte. Pour une meilleure efficacité, ces niveaux d'alerte ont été modifiés en décembre 1992. Ils sont au nombre de cinq : le niveau 1 correspond au plus bas niveau d'alerte avec de légers signes d'activité tectonique, magmatique ou hydrothermale ; le niveau 2 correspond à une activité sismique modérée avec des signes de remontée de magma pouvant amener à une éruption ; le niveau 3 correspond à un risque relativement élevé avec des déformations du sol et des émissions de gaz volcaniques importantes avec probabilité forte d'une éruption sous quelques jours à quelques semaines ; le niveau 4 ramène cette probabilité à quelques heures avec l'intensification des secousses et l'apparition de petites explosions et le niveau 5, le plus élevé, est déclenché lorsqu'une explosion majeure est déclarée avec des risques pour les populations. Le niveau 3, le niveau le plus élevé déclenché depuis cette modification, est atteint pour la dernière fois en 1993.
Néanmoins, des incertitudes demeurent sur l'activité éruptive future du Pinatubo, notamment en ce qui concerne la durée d'une accalmie et l'arrivée d'une nouvelle éruption majeure. Ces questions sont essentielles pour les populations et les autorités qui veulent savoir si elles peuvent se réinstaller dans les zones sinistrées ou si ces dernières sont condamnées pour des années.

Activités Écotourisme

Sur la volonté du ministère philippin du tourisme datant de 1994, le Pinatubo est devenu une destination touristique populaire bénéficiant à l'économie de la région. Les visiteurs paient 500 pesos pour bénéficier des services d'un des trente guides ou vingt porteurs et 20 pesos de taxes au profit de la conservation de la nature. Ces devises permettent également de financer des projets communautaires, des services publics et des rénovations de bâtiments religieux mais aussi la construction de centres d'accueil des touristes. Des itinéraires sont tracés vers le volcan à la fin des années 1990 : l'approche s'effectue en une heure en véhicule tout-terrain jusqu'à cinq kilomètres de la caldeira représentant par la suite approximativement trois heures de marche. Une fois l'objectif atteint, la baignade est autorisée dans le lac avec certaines restrictions. En 2000, ces itinéraires sont déjà empruntés en moyenne par 1 200 randonneurs par mois et parfois une centaine par jour durant la saison haute de mars à mai. Environ 80 % viennent de l'agglomération de Manille, les étrangers étant principalement Européens. Le 30 novembre 2001, les autorités ont organisé une procession vers la montagne, similaire au pèlerinage du mont Fuji, afin de commémorer le dixième anniversaire de l'éruption de 1991 et offrir des fleurs et des fruits aux divinités des Aetas. Depuis, tous les ans, une marche de la paix et de la tranquillité a lieu. Ces dernières années, un centre de relaxation coréen comprenant un terrain de golf s'est installé au pied du volcan. Un projet de téléphérique a été envisagé mais semble abandonné.

Recherches géothermiques

Des prospections géothermiques sont menées en surface entre 1982 et 1986 puis en profondeur entre 1988 et 1990. En effet, des études géologiques en surface, hydrogéochimiques et géoélectriques laissent entrevoir des possibilités de développement dans la géothermie comme nouvelle source de production d'électricité grâce à des aquifères abritant de l'eau à une température de plus de 200 °C, principalement au nord-ouest du volcan, au niveau de systèmes de failles. Des résultats décourageants, en raison de la faible perméabilité des nappes et de l'acidité de leurs eaux, contraignent finalement à l'arrêt des recherches environ un an avant le début de l'éruption. Une des principales leçons tirées du Pinatubo concerne la nécessité de prendre en compte la pertinence pour le développement à long terme de systèmes géothermiques associés à de jeunes volcans. Un des moyens de s'assurer de leur pérennité est de suivre les compositions chimique et isotopique de l'eau et des gaz qui sont un bon indice des remontées de magma dans les systèmes hydrothermiques, mais ce suivi n'est généralement possible qu'après avoir dépensé d'importantes sommes d'argent dans le forage.

Culture populaire

Élu septième président des Philippines le 30 décembre 1953, Ramon Magsaysay, natif de Zambales, nomme son avion présidentiel, un C-47 réaménagé par la Philippine Air Force, Mt. Pinatubo du nom du point culminant de sa région d'origine.
Le 17 mars 1957, alors qu'il est très populaire à huit mois des élections où il est donné favori à sa propre succession, de retour d'un discours à Cebu et accompagné de plusieurs officiels gouvernementaux et militaires ainsi que de la presse, son avion s'écrase peu après le décollage contre le mont Manunggal, une montagne de l'île de Cebu dans le centre du pays. Le bilan est de 25 victimes et un seul survivant, Néstor Mata, un journaliste philippin. Après des rumeurs de sabotage, notamment en raison de l'implication de Magsaysay en tant que ministre de la Défense lors du précédent gouvernement contre une révolte communiste, les enquêtes concluent à une défaillance mécanique due à une fatigue de la structure de l'avion. Le vice-président Carlos Polistico Garcia assure l'intérim et remporte les élections suivantes. Deux millions de personnes assistent aux funérailles de Ramon Magsaysay le 22 mars 1957

Éruption volcanique

Une éruption volcanique est un phénomène géologique caractérisé par l'émission, par un volcan, de laves et/ou de téphras accompagnés de gaz volcaniques. Lorsqu'une éruption volcanique provoque des dégâts matériels et des morts parmi l'espèce humaine mais aussi chez d'autres espèces animales ou végétales ce qui est la majorité des cas pour les volcans terrestres, ce phénomène constitue, à courte ou moyenne échéance, une catastrophe naturelle ayant un impact local à mondial et pouvant bouleverser les habitudes animales, humaines, la topographie, etc.

Mécanismes

On distingue trois types d'éruptions par leur mécanisme :

Les éruptions magmatiques sont provoquées par le dégazage du magma sous l'effet d'une décompression, qui produit une baisse de densité, laquelle propulse le magma vers le haut par l'effet de la poussée d'Archimède.
Les éruptions phréato-magmatiques sont provoquées par le refroidissement brutal du magma par contact avec de l'eau, qui produit son fractionnement et l'augmentation explosive de la surface de contact eau-magma.
Les éruptions phréatiques sont provoquées par la vaporisation d'eau en contact avec le magma, qui éjecte les matériaux encaissants, le magma restant en place.

Durée

La durée des éruptions est très variable : certaines durent quelques heures, telle l'éruption du Vésuve en 79 ; sur les quelques 1 500 volcans terrestres actifs, un peu plus de la moitié des éruptions ne dépasse pas deux mois d’activité et un peu plus d'une centaine dure plus d’un an. Il y a habituellement 50 à 70 éruptions paroxystiques par an, durant en moyenne 15 jours. Le Puʻu ʻŌʻō, une des bouches éruptives du Kīlauea, est en éruption continue depuis le 3 janvier 1983.

Types d'éruptions volcaniques

Plusieurs catégorisations des éruptions ont été proposées au cours du temps. Dès le début du XIXe siècle George Poulett Scrope distingue les éruptions permanentes, intermédiaires et paroxysmales. À la fin du XIXe siècle un autre système distingue les éruptions explosives, intermédiaires et calmes. En 1908 Alfred Lacroix conçoit une classification à quatre types, hawaïen, strombolien, plinien/vulcanien, péléen, enrichie plus tard par le type islandais et le stade solfatarien. Elle a évolué vers plusieurs classifications contemporaines, comme la suivante :

Une classification de l'activité volcanique Joyce 2010

Type Coulées et explosivité Topographie typique associée
Islandais coulées épaisses et étendues émises par des fissures, faible explosivité boucliers et plaines de lave, cônes alignés le long des fissures
Hawaïen coulées étendues émises par des cheminées centrales, faible explosivité sauf en cas d'explosions phréatiques dômes, boucliers et longues coulées alimentées par des tubes de lave, cônes de scories, maars, anneaux de tuf...
Strombolien coulées souvent absentes, explosivité faible ou modérée Cônes de scories avec des coulées courtes
Vulcanien coulées souvent absentes, explosivité modérée ou forte Cônes de cendres, cratères d'explosion
Vésuvien coulées souvent absentes, explosivité modérée à violente cônes importants alternant cendre et lave strato-volcans, vastes dépôts de cendres, cratères d'explosion et caldeiras d'effondrement
Plinien coulées parfois absentes, explosivité très violente vastes dépôts de ponces et de cendres
Péléen domes et coulées courtes et épaisses, nuées ardentes, explosivité modérée dômes, aiguilles, cônes de cendre et de ponce, plaines d'ignimbrites
Krakatoen pas de coulée, explosivité cataclysmique vastes caldeiras d'explosion
Ces dénominations à partir de noms de volcans ou de régions ne doit pas faire croire que ces volcans ont des éruptions systématiquement du type correspondant, ni donc le fait qu'un volcan est caractérisé par un seul type d'éruption. Elles traduisent simplement le fait que la description du modèle a été faite à partir d'une éruption de ce volcan ou de cette région. En réalité les transformations que subit le magma dans la chambre magmatique induisent une évolution des éruptions tant au cours de la vie du volcan qu'au cours d'un cycle éruptif. Le refroidissement du magma au plafond de la chambre provoque une cristallisation fractionnée de la phase liquide, les premiers cristaux à se former sont des minéraux basiques, plus lourds, qui décantent au fond de la chambre et laissent au sommet un magma enrichi en silice, ce qu'on appelle la différentiation du magma. Ainsi le début d'une éruption, particulièrement si la précédente est ancienne, pourra être caractérisé par une lave plus visqueuse et un type plus explosif que la suite. De plus, sur des périodes longues, le magma a tendance à dissoudre partiellement les roches encaissantes. Pour les volcans continentaux il s'agit en général de minéraux felsiques de la croûte qui vont là aussi enrichir le magma en silice. Dans ce cas plus le volcan vieillira plus sa lave sera visqueuse et ses éruptions explosives. Il y a des exceptions : si la chambre magmatique se trouve dans des sédiments calcaires, comme dans le cas du Vésuve, le magma deviendra de plus en plus basique et les éruptions de moins en moins explosives.

Éruptions effusives

Les éruptions effusives émettent des laves basaltiques, pauvres en silice et donc très fluides et libérant leurs gaz volcaniques facilement. Les éruptions sont relativement calmes, sans grandes explosions et produisant de grandes coulées de lave. Ces volcans rouges sont ceux des points chauds comme ceux de Hawaii, le Piton de la Fournaise ou encore l'Etna. Le seul danger pour les populations sont les coulées de lave qui peuvent avancer à plusieurs dizaines de kilomètres par heure mais en général, les populations ont le temps d'évacuer tranquillement en emportant quelques affaires.

Éruption hawaïenne

L'éruption hawaïenne est caractérisée par des laves très fluides, basaltiques et pauvres en silice ce qui permet leur écoulement le long des flancs du volcan parfois sur des dizaines de kilomètres. Le dégazage de la lave est très aisé et son éjection peut se faire soit sous la forme de fontaines de laves de plusieurs centaines de mètres de hauteur et au débit régulier, soit sous la forme d'un lac de lave plus ou moins temporaire prenant place dans un cratère.
Peu dangereuses, ces éruptions peuvent néanmoins occasionner d'importants dégâts lorsque des infrastructures humaines sont touchées par les coulées de lave. Le risque humain est en revanche quasi nul car il n'y a aucun risque d'explosion et la lave laisse le temps d'évacuer.
Les volcans ayant des éruptions de type hawaïen sont le Mauna Kea, le Mauna Loa, le Piton de la Fournaise, le Nyiragongo, l'Erta Ale, etc.
L'indice d'explosivité volcanique de ce type d'éruption va de 0 à 1.

Éruption strombolienne

Style intermédiaire entre les types hawaïen et vulcanien, le type strombolien émet des laves moyennement fluides sous forme de coulées et des tephras comme des bombes volcaniques, des scories, etc projetés par des explosions fréquentes. Un nuage de cendre peut s'élever à quelques centaines de mètres de hauteur. La dangerosité dépend de la proximité des implantations humaines.
Les volcans ayant des éruptions de type strombolien sont le Stromboli ou encore l'Etna bien que ce dernier puisse parfois avoir des éruptions vulcaniennes.
L'indice d'explosivité volcanique de ce type d'éruption va de 1 à 2.

Éruptions explosives

Les éruptions explosives émettent quant à elles des laves andésitiques, riches en silice et donc très visqueuses et libérant leurs gaz volcaniques difficilement. Ces éruptions ne forment pas de coulée de lave mais s'accompagnent plutôt d'explosions produisant de grandes quantités de cendres donnant naissance à des nuées ardentes et des panaches volcaniques. Environ 80 % des éruptions volcaniques se déroulent sur ce type de volcans. Très dangereux car imprévisibles, ces types d'éruptions ne laissent parfois pas le temps d'évacuer les populations menacées par les gaz et les cendres brûlants. Les volcans les plus représentatifs sont les volcans gris de la ceinture de feu du Pacifique comme le Pinatubo, le Krakatoa, le Mayon ou encore le Merapi.

Éruption vulcanienne.

Les laves basaltiques fluides s'écoulent plus difficilement dans le type vulcanien car elles sont plus riches en silice et leur dégazage est moins aisé. Des fontaines et des projections de lave donnent naissance à des coulées qui descendent le long du volcan et peuvent atteindre des constructions en contrebas.
Le risque humain est plus élevé car des projections de pierre ponce, cendres et bombes peuvent se produire et s'élever à plusieurs kilomètres de hauteur. L'éruption type est la dernière éruption du Vulcano entre 1888 et 1890.
L'indice d'explosivité volcanique de ce type d'éruption va de 2 à 5

Éruption péléenne.

Dans ce type d'éruption, la lave pâteuse ne s'écoule quasiment pas et a tendance à former un dôme de lave. Celui-ci, sous la pression du magma, peut se désagréger ou exploser en produisant des nuées ardentes et des panaches volcaniques. Très meurtrier en raison du caractère instable de l'éruption et de la vitesse des nuées ardentes, l'éruption type est celle de la montagne Pelée qui fit 28 000 morts en 1902 en Martinique.
Les volcans ayant des éruptions peléennes sont la montagne Pelée, la Soufrière de Montserrat, la Soufrière de la Guadeloupe, etc.
L'indice d'explosivité volcanique de ce type d'éruption va de 1 à 8.

Éruption plinienne.

Dans ce type d'éruption, la lave est extrêmement pâteuse car très riche en silice. Les gaz volcaniques ne pouvant se libérer, la pression augmente dans la chambre magmatique et produit des explosions qui pulvérisent la lave et parfois le volcan en projetant des cendres à des dizaines de kilomètres de hauteur, atteignant ainsi la stratosphère. Le panache volcanique retombe en général sous son propre poids et dévaste les flancs du volcan à des kilomètres à la ronde. La présence de nappes phréatiques sur le chemin de la lave augmente le risque explosif et la dangerosité de ces volcans dont la première description fut celle du Vésuve en 79 par Pline le Jeune et qui détruisit Pompéi.

Les volcans ayant des éruptions pliniennes sont la majorité de ceux formant la ceinture de feu du Pacifique tels le Merapi, le Krakatoa, le Pinatubo, le mont Saint Helens ou encore le mont Augustine.

L'indice d'explosivité volcanique de ce type d'éruption va de 3 à 8.

Éruptions en présence d'eau Éruption surtseyenne

Les éruptions surtseyennes sont des éruptions qui mettent en cause de grandes quantités d'eau. Il s'agit en général d'éruptions sous-marines ou sous-lacustres proches de la surface, en général moins de cent mètres de profondeur, ou sous-glaciaires lorsque la chaleur du magma parvient à faire fondre de grandes quantités de glace7.
Les volcans sous-marins ou sous-lacustres parvenant à atteindre la surface émergent de l'eau pour former une île au cours d'une éruption surtseyenne. L'île de Surtsey, qui a donné son nom à ce type d'éruption, est née de la sorte en 1963.
Lors d'une éruption surtseyenne, la surface du volcan se trouve à quelques mètres ou quelques dizaines de mètres sous la surface de l'eau. La pression de l'eau n'est alors plus suffisante pour éviter l'explosion de la lave à son contact. Des explosions « cypressoïdes », en forme de cyprès, se produisent alors, mélangeant lave et tephras refroidis, eau liquide et vapeur d'eau. Une fois que l'île a émergé, l'éruption se prolonge de manière classique selon le type de magma8.
Si l'éruption est sous-glaciaire, il faut que l'eau de fonte se retrouve piégée au-dessus du volcan pour provoquer une éruption surtseyenne. Le Nevado del Ruiz n'a pas provoqué d'éruption surtseyenne lors de son éruption en 1985 car l'eau provenant de la fonte des glaces au sommet du volcan a dévalé les pentes du volcan en formant des lahars qui détruisirent la ville d'Armero. En revanche l'éruption du Grímsvötn en 1996 sous le Vatnajökull s'est transformée en éruption surtseyenne car les eaux de fonte de la calotte glaciaire ont formé un lac au-dessus du volcan. Lors de l'arrivée du magma à la surface, des projections cypressoïdes ont traversé la glace et le lac s'est vidé sous la forme d'un jökulhlaup.

L'indice d'explosivité volcanique de ce type d'éruption va de 2 à 5 mais il dépend grandement du type de magma, selon qu'il est basaltique ou andésitique.

Éruption sous-glaciaire
Eruption sous-marine.
Éruption phréatique
Éruption phréato-magmatique
Éruption limnique

Éruptions les plus meurtrières

Éruption Volcan Pays Date Nombre de morts
Éruption du Tambora en 1815 Tambora Indonésie 1815 92 0009
Éruption du Krakatoa en 1883 Krakatoa Indonésie 1883 36 4179
Éruption du Vésuve en 79 Vésuve Italie 79 1500 corps retrouvés, 33 000 habitants probables de la région
Éruption de la montagne Pelée en 1902 Montagne Pelée France Martinique 1902 29 0009
Éruption du Nevado del Ruiz en 1985 Nevado del Ruiz Colombie 1985 25 0009
Éruption du mont Unzen en 1792 Mont Unzen Japon 1792 15 000
Éruption du Kelud en 1586 Kelud Indonésie 1586 10 000
Éruption du Laki en 1783 Laki Islande 1783 9 3369
Éruption du Santa María en 1902 Santa María Guatemala 1902 6 0009
Éruption du Kelud en 1919 Kelud Indonésie 1919 5 1159
Prédiction de la distance d'impact des téphras et de leur vitesse
Lors d’une éruption volcanique, un volcan projette de la lave et des téphras. Pour estimer l'endroit ou ces projections vont tomber, on peut utiliser les équations suivantes :

Prédiction de la distance

avec :
– Distance horizontale
– Distance verticale
– Vitesse initiale
– Temps
– Accélération gravitationnelle
– Cosinus de l’angle
– Sinus de l’angle

Prédiction de la vitesse

Le professeur Lionel Wilson, de l’Université de Lancaster, utilise le théorème de Bernoulli modifié pour calculer la vitesse d'éjection des projections :
avec : - Vitesse d'éjection
- Pression dans le gaz
- Pression atmosphérique
- Densité du magma
Wilson utilise également une seconde équation dérivée du théorème de Bernoulli, l’équation du canon, qui est utilisée pour calculer la vitesse de projectiles rapides passant par une ouverture étroite :
avec :- Pression initiale
- Masse du projectile
- Vitesse d'éjection
- Accélération gravitationnelle
- Région où la pression est appliquée
- Constante de Bernoulli


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#70 Histoire de la fête des mères
Loriane Posté le : 30/05/2015 21:41
Histoire de la création de la fête des mères


La fête des Mères est une fête annuelle célébrée en l'honneur des mères dans de nombreux pays.
À cette occasion, les enfants offrent des cadeaux à leur mère, des gâteaux ou des objets qu'ils ont confectionnés à l'école. Cette fête est également célébrée par les adultes de tous âges pour honorer leur mère.
La date de la fête des mères varie d'un pays à l'autre, mais la majorité d'entre eux a choisi de la célébrer en mai.
En Belgique, au Canada, en Suisse et dans de nombreux autres pays, la fête des mères est célébrée le deuxième dimanche de mai. En France, à Monaco et dans plusieurs pays d'Afrique francophone, elle est célébrée le dernier dimanche de mai. Sauf si ce jour coïncide avec la Pentecôte, alors la fête est repoussée au premier dimanche de juin. Au Luxembourg, on fête les mères le deuxième dimanche

Les premières traces de célébration en l'honneur des mères sont présentes dans la Grèce antique lors des cérémonies printanières en l'honneur de Rhéa ou Cybèle, la grande mère des dieux et notamment mère de Zeus. Ce culte était célébré aux Ides de Mars dans toute l'Asie Mineure. Une fête religieuse romaine célébrait les matrones le 1er mars, lors des Matronalia matronales .
Au xve siècle, les Anglais fêtaient le Mothering Sunday, d'abord au début du carême puis le quatrième dimanche du carême. En 1908, les États-Unis développent la Fête des mères moderne telle qu'on la fête de nos jours, en instaurant le Mother's Day, en souvenir de la mère de l'institutrice Anna Jarvis. Le Royaume-Uni adopte à son tour cette fête en 1914, puis l'Allemagne l'officialise en 1923. D'autres pays suivent comme la Belgique, le Danemark, la Finlande, l'Italie, la Turquie ou l'Australie.

En France
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Une affiche illustrée par Félix Régamey fait la promotion d'une Fête placée sous le patronage de toutes les mères françaises qui a eu lieu le 28 mai 1906 dans les salons de la mairie du 16e arrondissement de Paris.
Le village d'Artas revendique cependant être le berceau de la fête des mères. En effet, le 10 juin 1906, à l'initiative de Prosper Roche, fondateur de l'Union fraternelle des pères de famille méritants d'Artas, une cérémonie en l'honneur de mères de familles nombreuses eut lieu. Deux mères de neuf enfants reçurent, ce jour-là, un prix de Haut mérite maternel . Le diplôme original créé par Prosper Roche est conservé dans la bibliothèque de l'Institut de France avec les archives de l'association.
En 1918, la ville de Lyon célèbre la journée des mères en hommage aux mères et aux épouses qui ont perdu leurs fils et leur mari pendant la Première Guerre mondiale. En 1920, est élaborée une fête des mères de familles nombreuses puis le gouvernement officialise une journée des mères en 1929, dans le cadre de lapolitique nataliste encouragée par la République. Ce n'est donc pas, contrairement à ce qui est souvent relayé dans les médias, une création du maréchal Pétain : en 1941, le régime de Vichy ne fait qu'inscrire la fête des mères au calendrier, instaurant de façon officielle la fête des mères. En 1942, le maréchal Pétains'adresse à la radio aux femmes en ces termes : Vous seules, savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui font les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne.
Après guerre, la loi du 24 mai 1950 dispose que la République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises au cours d'une journée consacrée à la célébration de la Fête des mères, organisée par le ministre chargé de la Santé avec le concours de l'UNAF article 1. Elle en fixe la date au dernier dimanche de mai sauf si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte, auquel cas elle est repoussée au premier dimanche de juin article 2, et prévoit l'inscription des crédits nécessaires sur le budget du ministère article 3. Ces dispositions ont été intégrées au Code de l'action sociale et des familles lors de sa création en 1956, et l'organisation de la fête a été assignée au ministre chargé de la Famille à partir de 2004.
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Aux États-Unis
Depuis sa création, la fête des mères est devenue très commercialisée, en particulier aux États-Unis, où les Américains ont dépensé près de 20 milliards d'euros durant la fête des mères en 2014, ce qui représente une moyenne de 160 dollars par personne.

Dates des célébrations de fête des mères dans le monde

Jour Pays
Deuxièmedimanche defévrier Norvège
30 Shevat selon le calendrier hébreu, entre le 30 janvier et le1er mars Israël
3 mars Géorgie
8 mars Journée internationale des femmes Albanie • Bosnie-Herzégovine • Bulgarie • Moldavie • Roumanie • Serbie
Quatrièmedimanche deCarême
troisièmedimanche avantPâques
Mothering Sunday Irlande • Nigeria • Royaume-Uni
Équinoxe de mars Arabie saoudite • Bahreïn • Égypte • Émirats arabes unis • Érythrée • Irak • Jordanie • Koweït • Liban • Palestine • Qatar • Soudan • Syrie • Yémen
21 mars Égypte
25 mars Slovénie
7 avril Arménie
Premierdimanche de mai Espagne • Hongrie • Lituanie • Portugal
8 mai Corée du Sud Fête des parents : les Coréens célèbrent les deux parents le même jour
10 mai Guatemala • Cambodge • Mexique • Salvador Día de la Madre ou Día de las Madres
Deuxièmedimanche de mai Afrique du Sud • Allemagne Muttertag • Aruba • Australie • Autriche • Bahamas • Barbade • Bangladesh • Belgique (sauf à Anvers) • Belize • Bermudes • Birmanie • Bonaire • Brésil • Brunei • Burkina Faso10 • Canada11 • Chili12 • Chine • Chypre • Colombie • Croatie • Cuba • Curaçao • Danemark • Dominique • Équateur • Estonie • États-Unis • Finlande • Ghana • Grèce • Grenade • Honduras • Hong Kong • Inde • Islande • Italie • Jamaïque • Japon • Lettonie • Malaisie • Malte • Nouvelle-Zélande • Pakistan • Pays-Bas • Pérou • Philippines • Porto Rico • Sainte-Lucie • Singapour • Slovaquie • Suisse • Suriname • Taïwan • République tchèque • Trinité-et-Tobago • Turquie • Ukraine • Uruguay • Viêt Nam • Venezuela • Zimbabwe
14 mai Samoa
15 mai Paraguay Día de la Madre ou Día de las Madres
26 mai Pologne
27 mai Bolivie
30 mai Nicaragua, Día de la Madre
Dernier dimanchede mai Tunisie · Algérie · Côte d'Ivoire · République dominicaine · Haïti · Libye · Maurice · Mauritanie · Sénégal · Suède · Maroc
Dernier dimanchede mai ; si ce jour coïncide avec laPentecôte, la fête est repoussée au premier dimanchede juin Bénin • France • République du Congo • Gabon16 • Madagascar • Monaco • Cameroun
1er juin Mongolie la fête des mères est célébrée le même jour que la fête des enfants
Deuxièmedimanche de juin Luxembourg Mammendag
Dernier dimanchede juin Kenya
12 août Thaïlande (même jour que l'anniversaire de la Reine Sirikit Kitiyakara
15 août, jour de l'Assomption Belgique à Anvers, Costa Rica
Deuxième lundid'octobre Malawi
Troisièmedimanched'octobre Argentine Día de la Madre ou Día de las Madres
Dernier dimanchede novembre Russie
8 décembre Panama Día de la Madre ou Día de las Madres
22 décembre Indonésie

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Artas, berceau de la fête des mères
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L’histoire de la fête des mères française est assez mal connue. Les tentatives pour mettre en relation les initiatives qui aboutirent à la célébration actuelle souffrent souvent de lacunes.
Les recherches entreprises par l’association Mémoire et Patrimoine d'Artas, étayées par la consultation d’une importante documentation, tentent d’élaborer une synthèse et de nouer les liens entre les péripéties d’une histoire très complexe.
A l'initiative de Prosper Roche, fondateur de l'Union Fraternelle des Pères de Famille Méritants d'Artas, une cérémonie en l'honneur de mères de familles nombreuses eut lieu, pour la première fois, le 10 juin 1906. Deux mères de 9 enfants reçurent ce jour-là, un prix de « Haut mérite maternel ».
Le diplôme original créé par P. Roche est conservé dans la bibliothèque de l'Institut de France avec les archives de l'association.
Prosper Roche, fondateur de l'Union Fraternelle des Pères de Famille Méritants d'Artas.

Découverte des archives des Pères Méritants d'Artas
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Les prodigieux outils de recherche qu'offre Internet nous auront permis de découvrir un important dossier déposé par Prosper Roche, en 1904, à l'Académie des Sciences morales et politiques. Les premiers statuts de la société, le modèle de diplôme de Haut Mérite maternel destiné à être remis chaque année, des extraits de lettres d'encouragements de personnalités et le texte d'une conférence donnée à Artas sont aujourd'hui conservés dans le fonds des manuscrits anciens de la Bibliothèque de l'Institut de France et celle de l’Union fraternelle des pères de familles méritants d’Artas
1897
L’Alliance Nationale contre la dépopulation avait envisagé de fêter les familles nombreuses.
On vit se célébrer, ici et là et à des dates fort différentes, ce qui s’appelait la Fête des Enfants. On fêtait plus le fruit de l’union, l’enfant, que celle qui lui avait donné le jour : la mère.
10 juin 1906
Pour la première fois, dans l’Isère, sur l’initiative de l’Union fraternelle des pères de familles méritants d’Artas, se déroule une célébration. où l’on trouve en germe l’essentiel de ce qui matérialise aujourd’hui cette journée : la participation des autorités locales et des enfants des écoles, défilé dans les rues décorées, remise solennelle de diplômes et de récompenses aux mères les plus méritantes.
1909
Une proposition a été faite à un Conseil municipal pour glorifier la maternité à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet.
31 décembre 1917
Une municipalité parisienne organise « La fête des familles nombreuses. Des diplômes d’honneur, d’hommage et de reconnaissance civique furent décernés à neuf familles nombreuses.
16 juin 1918
La première Journée des Mères fut célébrée à Lyon sur l’initiative du colonel de la Croix-Laval. Plusieurs familles reçurent des prix et des récompenses, dont l’un avait été offert par le Président de la République.
15 août 1919
Projet d’organisation d’une Journée des Mères de Familles Nombreuses proposée sur tout le territoire français au Ministre de l’Intérieur.
Les lenteurs administratives ne permirent pas d’instituer cette Fête nationale des mères en 1919. Cependant, de nombreuses cérémonies eurent lieu localement dans un certain nombre de villes.
9 mai 1920
Première Journée Nationale...
Le Ministre de l’Intérieur autorise la première Journée nationale des Mères de famille nombreuses, comportant pour la première fois, une collecte publique, dont les fonds étaient destinés à récompenser les familles les plus méritantes. Ce fut un plein succès.
La Fête des Mères prend sa place dans le calendrier annuel...Le Gouvernement a pris la décision de célébrer chaque année la Journée des Mères.

20 avril 1926

Première cérémonie officielle, avec remise solennelle des médailles de la Famille
Française. Cette médaille est accordée aux Mères qui ont dignement élevé de nombreux enfants afin de rendre hommage à leur mérite et de leur témoigner la reconnaissance de la Nation.
1931
Dans une circulaire adressée au Préfet, le Ministre de la Santé Publique rappelait l’importance qu’il attachait à cette manifestation.
24 mai 1950
Texte de loi instituant la fête des mères, signé par le Président de la République Vincent AURIOL. La Fête des Mères est fixée au dernier dimanche de mai, si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte, la Fête des Mères a lieu le premier dimanche de juin.
Ce texte a été repris dans le Code de l'action sociale et des Familles.

Premières manifestations en l’honneur des familles nombreuses

Le déclin de la natalité à la fin du 19ème siècle, suscita de nombreux cris d’alarme. Cette inquiétude entraîna la naissance de mouvements familiaux et natalistes. Créée en 1896 par le docteur Jacques Bertillon, l’Alliance Nationale pour l’accroissement de la population française qui deviendra plus tard Agence Nationale contre la dépopulation exprimait le projet d’instituer des fêtes de l’enfance destinées à honorer les familles nombreuses.
Dans cet objectif, l’Union Fraternelle des Pères de Famille Méritants d’Artas, société de secours mutuels fondée, en 1904, par Prosper Roche, instituteur, inscrivit dans ses statuts l’organisation d’une journée annuelle pour remettre des « récompenses de haut mérite maternel ». Un cérémonial devait être respecté pour cette célébration qui eut lieu la première fois le 10 juin 1906.
L’idée de créer une décoration destinée aux mères de familles nombreuses avait déjà été soumise au Président du Conseil en 1903 par le sénateur Piot.

L’essor du Mother’s Day Cliquez pour afficher l


Aux Etats-Unis, Anna Jarvis qui avait perdu sa mère en 1905, lança une campagne dès 1907 pour la création d’une fête des mères nationale. Un service religieux fut célébré le 10 mai 1908 pour l’anniversaire de la mort de sa mère à Grafton, en Virginie de l’Ouest, et également à Philadelphie. Ce n’était pas à proprement parler un service en l’honneur de la maternité mais plutôt un hommage à Mrs Jarvis mère. Les œillets qui sont devenus partie intégrante de la célébration américaine furent introduits lors de ce premier service religieux. L’idée prit racine. En 1911, elle fut célébrée dans tous les Etats et, le 9 mai 1914, le président Woodrow Wilson proclama officiellement le Mother’s Day comme fête nationale devant se dérouler chaque année le deuxième dimanche de mai. Elle sera rapidement adoptée par les pays anglo-saxons.

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Pendant la première guerre mondiale les soldats américains popularisèrent leur fête annuelle par l’envoi massif de courrier. Une carte postale rédigée en français fut éditée à cette occasion par l’Union franco-américaine, le 11 mai 1919.

Le 16 juin 1918, la ville de Lyon avait organisée, elle aussi, sa Journée des Mères. Prétendant s’inspirer du Mother’s Day, elle poursuivait en fait un but nataliste en mettant à l’honneur des mères fécondes, récompensées comme à Artas « en raison de l’intelligence et du dévouement dans les soins donnés à leurs enfants »..
A l’initiative de cette journée lyonnaise on trouve le lieutenant-colonel La Croix-Laval et M. Auguste Isaac, fondateur de l’association La Plus Grande Famille, président de la Chambre de commerce de Lyon.
De la Journée nationale des mères de familles nombreuses… à la fête des mères.
Après le succès de la ville de Lyon, la Commission d’Assurance et de Prévoyance de la Chambre des députés examina le projet d’organisation d’une Journée des mères dans toute la France. Il fut confié à un comité composé de l’Alliance Nationale, de la Ligue « Pour la vie », de La Plus Grande Famille et de la Ligue des pères et mères de familles nombreuses..
Les commissions parlementaires consultées hésitaient entre la création d’une journée des mères sur le modèle américain et une célébration dans le but de promouvoir la maternité.
Sur l’influence de M. Isaac devenu ministre du commerce du cabinet Millerand et président du Conseil supérieur de la natalité, l’unanimité du comité se fit sur le titre de Journée Nationale des Mères de familles nombreuses. D’abord fixée au 15 août 1919 jour de l’Assomption, la fête fut reportée au 9 mai 1920.
Membre de ce gouvernement, M. Breton, ministre de l’assistance et de la prévoyance sociale, créa le 26 mai 1920 une médaille de la famille française. La première remise eut lieu le 19 décembre 1920 au Trocadéro devant près de 7000 personnes.
Les années suivantes, aucune journée nationale ne sera organisée et la fête des mères se confondra avec la remise des médailles de la famille dans quelques mairies.
De 1920 à 1925, Camille Schneider, un enseignant, s’efforça de faire pénétrer la fête dans les écoles d’Alsace en proposant des programmes de spectacles chants, poèmes, textes d’auteurs…) sur le thème de la maternité et tenta d’obtenir du ministre de l’éducation une organisation de la célébration dans le cadre scolaire. Après la publication de son« Livre d’Or de la Mère », il fut reçu avec son éditeur par le président Paul Doumer, en 1931.
Entre temps, la fête des mères avait obtenu une reconnaissance officielle, le gouvernement l’ayant fixée, par décret en 1926, au dernier dimanche de mai.
La « récupération » par l’Etat Français
Malgré la multiplication des prix (Cognacq-Jay reste le plus connu), la fête des mères mobilisa peu d’énergie avant 1940.
Son véritable ancrage commença en 1941, lorsqu’elle devint fête nationale sous la dénomination de « Journée des mères ». Le « génie » du gouvernement de Vichy fut de la faire prendre en charge par les enfants. Une affiche apposée dans les écoles pour la journée du 25 mai 1941 proclamait : « Ta maman a tout fait pour toi, le Maréchal te demande de l’en remercier gentiment… » Une lettre adressée au corps enseignant par le Secrétaire d’Etat à l’Education Nationale, J. Carcopino, insistait : «L’enfant doit inventer et décider lui-même le geste qu’il accomplira. Il doit pouvoir l’entourer de tout le secret et de tout le mystère qu’il désire… »
On connaît le succès du rituel de la préparation du cadeau et du message qui l’accompagne que des enseignants continuent de perpétuer … 60 ans après!
Enfin, à partir des années 50, la fête des mères cédera à la récupération commerciale au point qu’on lui a parfois adjoint le nom d’une marque d’appareils électroménagers ! mais se débarrassera de toute idéologie patriotico-nataliste.
L’Union Fraternelle des Pères de Famille Méritants d’Artas.
Cette société de secours mutuels avait été fondée en 1904 par Prosper Roche, un instituteur local. Les cotisations collectées permettaient de constituer un fonds de retraite et de soutien financier en cas d’incapacité de travail. Mais il s’agissait aussi d’une véritable société d’entraide entre ses membres - ayant au moins quatre enfants – dans leur « lutte pour l’existence » car ils avaient le devoir de:
- Prêter un concours gratuit et dévoué aux veuves, jeunes orphelins et vieux ascendants de membres décédés sans fortune.
- Assurer à la mère de famille en état de grossesse un repos salutaire pour elle et son enfant durant les quinze jours qui précèdent et qui suivent son accouchement.
En 1905, les Pères Méritants adressèrent une requête au gouvernement pour qu’il encourage la maternité :
« Considérant que pour être modeste et caché, le dévouement persévérant de la mère de famille méritante n’en est pas moins éminemment utile à la Nation.
Considérant que les sentiments de patriotisme font un devoir aux Pouvoirs Publics d’encourager la procréation et par suite l’œuvre de la Maternité au moment où notre population a des tendances à rester à peu près stationnaire.
Par ces motifs, la société émet le vœu que le gouvernement prenne prochainement l’initiative d’un projet de loi destiné à créer une série progressive de récompenses aux mères de familles méritantes ayant au moins quatre enfants…. »
Deux articles du chapitre des statuts de la société intitulé Encouragement à la Maternité réglaient le mode de sélection des mères à honorer et le cérémonial de la fête.
« Chaque année, en séance publique et solennelle, des félicitations, des diplômes et des médailles d’honneur, des prix en espèces pourront être accordés aux mères de famille membres de la société les plus méritantes. Décidés au vote secret de l’assemblée générale, ces encouragements seront attribués en raison du nombre d’enfants, du dévouement et des soins intelligents prodigués à ces derniers.
Dans un rapport, un des membres du conseil d’administration fera ressortir les vertus et le mérite personnel de la mère de famille appelée à recevoir la récompense qui lui a été attribuée. Vêtues de blanc, deux jeunes filles s’avanceront ensuite vers ladite mère et lui remettront un bouquet composé de fleurs symbolisant ses qualités maternelles. Le président déposera alors une couronne de laurier artificiel sur la tête de cette mère de famille à qui il adressera des félicitations ou remettra la récompense accordée…. »
Parmi 12 candidates, 2 lauréates furent sélectionnées : Mmes Marie-Louise Bouvard et Marie Philippe, toutes deux mères de 9 enfants.
La grande fête mutualiste organisée pour cette première manifestation de l’association eut lieu le 10 juin 1906, dans la cour de l’école de garçons d’Artas. Chacune reçut un prix de 25F représentant environ 6 jours de salaire ouvrier à l’époque. A titre de comparaison, le prix du grand banquet réunissant près de 200 convives sous le préau de l’école était de 3F25.
Les Dames y étaient «admises» d’après l’affiche annonçant la manifestation.
… mention éloquente pour désigner leur place dans la société de l’époque !

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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