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Accueil >> newbb >> défi du 5 juillet 2014 [Les Forums - Défis et concours]

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Re: défi du 5 juillet 2014
Plume d'Or
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C'est toujours un plaisir de lire nos poètes de l'Orée parce qu'ils voient le monde différemment et là, Kjtiti, tu l'as encore montré.
Comme j'ai croisé beaucoup de politiques pendant mes études et que j'en côtoie encore, je ne peux qu'adhérer au fond de ce poème et me dire que déjà Rousseau l'avait prédit dans son 'Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes'.
Bravo mon cher Kjtiti et vive la poésie !

Posté le : 06/07/2014 11:05
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Re: défi du 5 juillet 2014
Plume d'Or
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Un ami de Clothilde ce Monsieur Dupoix. Très bon texte EXEM, on découvre petit à petit la personnalité du héros, et on se doute de ce qui va se passer. On pense à la fable "le loup et l'agneau". J'aime bien ta description très sobre du crime.

Voilà ma contribution :

Un être singulier


J’ai rencontré Angélique il y a deux mois. C’est magique, elle est belle, gentille, intelligente, je ne pensais pas qu’une personne comme elle s’intéresserait à moi. Je ne suis pas très beau, je me trouve même très laid. Ma première femme me disait :

- Il y a pire que toi !

Quand à ma mère, elle se contente de soupirer en me regardant d’un air désolé qui signifie :

- Je n’ai pas pu faire mieux.

J’évite de me regarder dans les miroirs, et quand je suis obligé de le faire, dans les magasins par exemple, je ne me vois pas. J’écoute les commentaires du vendeur :

- Ce pantalon vous va très bien, il faudrait une chemise un peu cintrée pour compléter le style citadin.
Je me retrouve en général avec une quantité de vêtements incroyable. J’achète des ensembles complets, cravates et chaussettes comprises.


Angélique semble vraiment amoureuse de moi, je sais qu’avec elle, ma vie va changer, tout va être mieux.
Mais un jour elle m’annonce qu’elle veut un enfant. Un enfant de moi ! Comment est-ce possible ? Un enfant qui me ressemblerait, c’est hors de question, il faudrait qu’il soit comme elle, ou complètement différent de nous deux.

Petit à petit, je m’habitue à cette idée de devenir père. Mes collègues me félicitent.
Finalement, je suis content, mon frère a déjà deux enfants, je vais être comme lui, je vais devenir normal, enfin. Tout le monde fonde une famille, a un fils, une fille… Un fils ? C’est hors de question ! Il faut que ce soit une fille, je ne saurais pas m’occuper d’un garçon. Une fille, ce sera plus facile, elle ne sera pas comme moi. Il faut que notre famille soit différente de celle désastreuse de mes parents et leurs deux rejetons.

La grossesse n’est pas simple, il faut qu’Angélique reste allongée tout le temps. Ca ne pouvait pas bien se passer, c’était impossible. Je travaille et je travaille encore, il faut que je subvienne aux besoins de ma famille. MA famille. Je ne vais pas y arriver, je n’ai pas envie de toutes ces responsabilités. J’ai assez à faire avec moi. Je commence à en vouloir à Angélique. Nous étions si bien tous les deux. Je sens bien qu’elle n’est plus disponible, elle ne pense qu’au futur bébé, je ne compte plus. Que va-t-il se passer quand il va être là ?

Mes parents se sont séparés quand j’étais très jeune. Ils ont eu des enfants trop tôt. Mon père fuyait la maison, il avait des aventures. Ma mère l’a quitté, elle est partie avec son meilleur ami. Ce type m’a gâché ma jeunesse. Ce détraqué qui aimait trop les petits garçons, m’a détruit, j’avais onze ans. Personne ne m’a cru quand j’ai raconté ce que je vivais, et surtout pas mon père qui n’a rien fait pour m’aider.

Les années passent. Je fais semblant. J’ai deux enfants, une fille et …un garçon, il va avoir onze ans.
Il faut que je m’échappe de cette famille qui m’étouffe. J’ai peur de leur faire du mal. Je ne suis pas à la hauteur, je n’ai jamais été à la hauteur. Depuis quelques temps, je prépare mon départ, je mets de l’argent de côté, j’ai rencontré une jeune femme, elle a deux petits enfants. Je peux tout recommencer, je ne serai pas leur père, ce sera plus facile.

J’aspire à une vie normale, mais c’est impossible. Après une année de vie commune, ma jeune amie, m’a fui. J’ai regretté d’avoir quitté Angélique, je lui ai fait savoir par un intermédiaire, je n’ai pas eu le courage de l’affronter, je savais qu’elle m’en voulait énormément. Elle a demandé le divorce. J’ai papillonné pendant quelques temps, mais impossible de me fixer, les femmes semblent ne pas vouloir de moi.

Depuis quelques temps j’ai trouvé la solution. J’ai acheté un lieu où je peux exercer mon travail. Il y a des bureaux, un photocopieur, des ordinateurs, mais si on y regarde de plus près, je l’ai aménagé comme un appartement. Il y a un canapé-lit, une cuisine et une douche. C’est là, mon vrai foyer. Je me suis remarié, je loue une maison avec ma nouvelle femme qui est adorable. Sa mère s’occupe beaucoup d’elle, je ne me sens pas coupable quand je m’absente. Elle a deux grands enfants dont le père s’occupe beaucoup. Je ne suis pas seul, j’ai quelqu’un à qui raconter mes problèmes, en société je peux dire :

- Mon épouse et moi.

Je suis « normal ». Pourtant, je ne peux pas faire partie d’une famille, il faut que je sois seul et indépendant, responsable de moi et éventuellement de mes employés. J’embauche de préférence des stagiaires, c’est plus simple. Je vis au singulier, le pluriel n’est décidément pas pour moi.

Posté le : 06/07/2014 12:15
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Re: défi du 5 juillet 2014
Plume d'Or
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EXEM, cette histoire m'a emporté et je pouvais plus décrocher mes yeux de l'écran, ce jusqu'à la fin.
D'ailleurs, je n'ai pas vu venir le coup.
Bravo !

Posté le : 06/07/2014 13:00
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Re: défi du 5 juillet 2014
Plume d'Or
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Arielle, tu as tout résumé quand sa mère dit: - Je n’ai pas pu faire mieux.
Je reconnais bien là ton style et j'ai lu cette histoire d'une traite.
Ce thème a du succès.

Posté le : 06/07/2014 13:04
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Re: défi du 5 juillet 2014
Plume d'Or
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La mélodie des anges


Blake exultait. Devant lui se tenaient cent mille spectateurs en transe sous l'effet de sa musique ; jamais dans sa vie de chanteur il n'avait connu un tel succès et il regrettait presque sa prochaine annonce.

Blake se rappela son enfance, dans une famille venue du Nigéria en guerre, entre pauvreté des quartiers sud d'Orpington et ferveur religieuse de sa communauté. Il avait eu le choix entre des études qui l'auraient invariablement amené à un métier sous-qualifié parce qu'il était un Noir ou une carrière sportive dans un club de football avec le faible espoir de jouer un jour en première ligue. Sa mère l'avait encouragé dans la voie de l'école, parce qu'il était intelligent et sensible, alors que son père l'avait poussé à pratiquer le sport car, disait-il, « dans ce monde de Blancs il faut se faire respecter. »
Enfant de chœur au sein de la paroisse locale, Blake avait découvert une troisième option : le chant. Il avait alors privilégié cette discipline, non pour devenir membre d'une chorale professionnelle ou chanteur d'opéra mais juste par plaisir.

Blake se souvint des premiers signes de son incroyable don. Il se remémora l'ardeur inhabituelle des paroissiens quand les enfants entonnèrent une série de cantiques et le déchaînement de passion au moment de son propre solo ; il n'avait pas eu peur devant ces chaudes manifestations de communion spirituelle. Depuis, la rumeur avait enflé et des centaines de catholiques venus de tout le Kent s'étaient mis à fréquenter le service dominical du père Marvin ; ce dernier avait d'ailleurs du instaurer deux sessions. Ce choix avait provoqué une controverse épique entre Blake et Marvin.
— C'est génial de pourvoir chanter deux fois le dimanche à l'église.
— J'aime bien mais j'ai envie d'essayer autre chose, plus à la mode.
— Tu pourrais toucher l'absolu, la mélodie des anges, avec une voix comme la tienne. Regarde l'effet que tu produis sur l'audience.
— C'est vrai ; ça m'étonne aussi un tel succès mais j'en ai marre des cantiques. Je veux chanter les tubes que j'entends à la radio ; j'ai décidé de monter un groupe avec des copains de l'école.
— Je ne pourrais pas t'en empêcher mais, crois-moi, tu reviendras à l'essentiel quand tu auras fait le tour de la question et connu le succès.
— On en reparlera quand je serai une star du show-business.

Blake leva le bras en signe de trêve ; il n'avait plus besoin de parler et son public savait que le dernier mouvement allait démarrer dans une dizaine de minutes, le temps pour les techniciens d'ajuster les instruments et la sono.

Blake revit les images des laborieux débuts d'un groupe d'adolescents maladroits ; ils jouaient des morceaux des années soixante et aussi des tubes plus actuels, entre pop sucrée et jazz. Ses compagnons d'infortune considéraient les concerts comme un bon moyen d'emballer des Blanches et de frimer au lycée tandis que Blake tentait d'habiller leurs efforts d'un vernis artistique. Il avait beaucoup pensé à la conversation avec le père Marvin mais il avait été trop fier pour jeter l'éponge aussi vite et retourner à la chorale. Le salut était venu d'un petit bonhomme à lunettes qui l'avait abordé à l'issue d'une prestation réussie lors d'un festival de musique populaire à Beckenham.
— Vous avez un talent hors-normes que vous gâchez à jouer avec ces nuls, avait dit tout de go le dénommé Winston.
A ce moment-là, Blake avait hésité entre lui coller sa main sur la figure et le prendre dans ses bras ; il n'avait pas eu le temps de choisir car Winston avait dégainé son atout d'agent artistique.
— Voici ma carte. Venez me voir si vous voulez devenir un professionnel.

Blake eut une larme pour Winston, son mentor et ami ; il se dit que là-haut il devait entendre les clameurs de la foule et se sentir fier de son ancien protégé.
Winston avait dégrossi un diamant brut et en avait fait la huitième merveille du monde. En une dizaine d'années, le jeune chanteur avait d'abord conquis le public noir du Royaume-Uni puis la jeunesse blanche du pays grâce à un virage bien négocié sur la pop et enfin le continent européen. Il était devenu une star de Londres à Moscou et Winston avait alors décidé de le consacrer aux États-Unis, dernier étage de la gloire artistique.
Blake avait accepté de revoir son image pour devenir un produit des maisons de disques ; les publicistes avaient insisté sur ses débuts au sein d'un chœur religieux et les promoteurs avaient lancé une tournée sur la Côte Est. Ils l'avaient intitulée : « Chantons avec les anges ! ».
Ainsi était né le mythe ; Blake avait envoûté l'Amérique profonde, Noirs et Blancs, catholiques et protestants, par sa voix magique et des compositions concoctées pour l'occasion par la crème des compositeurs de Tamla Motown.
Winston avait accompagné ce succès ; par ses coups de génie et ses choix artistiques, il avait transformé un phénomène de foire en demi-dieu médiatique. Malheureusement, il ne pourrait pas participer au dernier chapitre : Winston avait succombé à une longue maladie.

Blake but un verre d'eau et sourit à ses musiciens ; depuis le début du concert, ils étaient au courant de son annonce et leur jeu s'en ressentait, comme s'ils devaient accomplir la performance de leur vie avant de mourir. Personne n'avait remis en cause son choix ; Blake pouvait sereinement penser à la suite et au père Marvin mort depuis quelques années mais toujours présent dans ses pensées.
La régie fit signe de remonter sur scène ; les musiciens laissèrent Blake rentrer le premier et parler avec son public. Blake se posa au piano et entama la chanson spécialement composée pour cette nuit. Elle traitait simplement de mélodie des anges, d'amour, d'absolu et se concluait par des mots très simples : « Je vous aime, adieu ». Le public s'emballa, une fois de plus, dans une ferveur encore jamais atteinte et que seule pourrait dépasser l'annonce du départ de Blake pour un monastère religieux où il comptait finir ses jours.

Posté le : 06/07/2014 13:40
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Re: défi du 5 juillet 2014
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Donald, tu dressées un portrait émouvant de ce jeun homme doué. Il a fait le bon choix car il a réalisé son rêve.

Merci

Couscous

Posté le : 08/07/2014 05:55
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A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
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A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
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Les croisées des lanternes magiques
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A bord de ce cahier volant
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