Melancholia.










J’ai la bile un peu noire et la rate qui déraille ; la faute à qui ?
C’est la faute à pas de chance…
C’est la faute aux gènes de papa…
C’est la faute aux turbulences atmosphériques, à la fuite des femmes lorsqu’elles sont rassasiées…

Werther, René et Hamlet sont mes compagnons des voyages saturniens d’où l’on revient épuisé, bleui, atone.
Tout comme eux, ma main demeure porteuse et alanguie…
Je dure comme l’hiver et mes paupières portent un poids énorme, celui des misères de l’Humanité accumulées là depuis la Genèse…
Mes sens sont endormis dans une geôle cadenassée située sous un fastueux palais ; je sais qu’une princesse inaccessible y coule des jours heureux…
Croyez-moi, je ne suis vraiment pas à mon aise dans mon linceul ; c’est un drapé aux pans lourds et encombrants qui m’empêche de me lever, de ressusciter, de saisir miraculeusement cette offrande suprême de la Providence à laquelle les nobles âmes peuvent prétendre…
Alors, on s’invente des paradis verlainiens en oubliant qu’ils nous guideront fatalement au fond d’un gouffre de feu, l’Abîme rougeoyant des damnés…

Et dans ma tête résonne la voix de Dimey qui pourrait conclure ainsi : « qui vit mal meurt toujours avec facilité… »