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Annonce : Paysage triste
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 10:28:04 ( 100 lectures ) Articles du même auteur



Paysage triste.






Aujourd’hui mon village se mélancolise ;
Il ne pleut pas, il ne fait pas d’orage :
Il ne fait rien.

Je traîne ma peine sur les rues mortes.

Tout semble s’être figé dans une enveloppe, dans une aura grisâtre…

Seule la déprime est reine ;
Elle a pris possession des lieux…
… Comme si le monde entier veillait au chevet de mon chagrin.

J’entends sans écouter de vagues cris d’enfants ;
Ce sont des cris d’un autre pays, d’une autre galaxie, d’un autre cosmos…
Ce sont les cris de la vie récalcitrante et puis c’est tout…

Sur le trottoir d’en face, une vieille avance péniblement…

C’est un dimanche…
Alors je pense à cette femme qui disait « je hais les dimanches » et qui faisait parler d’elle dans les cours d’histoire à la faculté…

Dimanche… Ô cruels dimanches !
Fin de semaine et non week-end des sorties en boîte de nuit…
Fin des joies jolies…
Fin de toute une vie…

Une auto passe comme pour dire : « eh mon gars, t’es pas tout à fait mort…. »
Une auto passe, croit passer normalement, alors qu’elle ne parvient pas chez moi à réveiller le ciel et l’asphalte…


Moi, je fais marche arrière parmi les toiles d’araignées de ma vie…

Je vois une infirmière avec son regard étrange, étranger, gorgé de vie…
Elle devait être effrayée par les naufrages, les tempêtes et les cimetières qu’elle lisait dans mes yeux…

J’me revois chanter Mano Solo à la Chorale des Petits Chanteurs tristes ;
A l’époque j’avais la fièvre…
C’était y’a bien longtemps, peut-être bien mille ans je crois…
Je crachais mon tourment à la face de la Joie, cette Dame attablée qui dirigeait l’Orchestre des enfants fous…

Aujourd’hui j’ai bien changé… et les temps aussi…

Le ciel pèse comme un couvercle sur ma vie…
Il fait lourd…

Je sens des larmes qui s’amassent dans les cieux…
Des larmes qui ne parviennent pas à tomber par Coulures libératrices…

C’est un chagrin météorologique qui s’est accumulé au fil des hivers et qui peine à se laisser aller aux pleurs de pluie…

Je suis le Bossu, l’Estropié, le Cabossé au pas élégant…
Je porte des bagages lourds pour pénétrer de nouveaux mondes engloutis aux roches froides d’Outre- Tombe…

Je me remémore ce regard de mon Ami ;
Un regard un peu gêné, qui laisse deviner ses submersions dans mes tsunamis…
Un regard qui s’éloigne inexorablement…

Le Sablier est là pour décompter le temps qu’il me reste à en souffrir…

Je vois aussi la Capitale de mon pays que j’aurais pu chanter si je l’avais mieux connue…
Je vois la Ville de ce clip, celui du Chanteur triste.
Je vois cette Boule aux mille pics que je n’ai pas, et c’est là presque un bonheur……..
Je vois ces Femmes qui dansent élégamment presque sans bouger sur la Divine Mélodie Mélancolique…

C’est la Chanson des Léthargies qui me revient d’un âcre passé encore tiède…



Et là sans prévenir, ça revient doucement tendrement à pas de loup comme la mer à l’heure des hautes marées :
LA JOIE DE VIVRE !
LA JOIE D’ECRIRE !

Elle me revient comme un Messie d’après les Passions Ouvertes, d’après les Plaies béantes…

Ô Barbara !
Ô Mal de vivre en allé !
Ô Rai de lumière revenu !

Un oiseau,
Une fleur,
Presque une Femme !
C’est quand même beau la vie…. Mais priez pour moi.

Mon paysage s’est enfin démélancolisé, égayé ;
Moi je me sens beau : je l’ai poétisé…
Je voudrais ce soir des mots qui puent, des mots issus du champ lexical de la sécrétion vaginale, nasale, des mots fétides, bref de la morve en guise de ritournelle, de la lyrico- déjection bestiale…
Je voudrais des mots qui rampent, de la mousse verdâtre abandonnée, nue au milieu du Dit…
Je voudrais des senteurs de cimetière, un arrière-goût de moisi, un œil sans lumière, un vacarme qui répandrait ses bactéries, ses tumeurs, ses abcès dans un corps malade, un corps qu’une Grande Âme viendrait jeter au second plan, à la périphérie du Vrai…
Je voudrais des mots venus des tréfonds obscurs, des mots qui s’allongent comme des vers, depuis le Sens chargé de pus jusqu’à la Forme trônant sur les nues…
Je veux que l’Ecriture de la maladie se fluidifie, que le Verbe détruise les caillots de sang encombrants le tout, d’une main magicienne et cristalline…
Ô Phagocytose salvatrice par l’Ecrit !
Ô Grand Nettoyage verbal !


Voyez-vous, je me sens plutôt mal, tout emmuré que je suis dans ma vilaine enveloppe charnelle, lourde comme un enfer gagné dans la malchance, flasque comme un vieux manteau qui ferait le tour d’une adipose avancée…
Je me vois tout laid, moi l’Amateur inconditionnel de la musculature divine d’un Apollon du Belvédère ou d’un David que sculptèrent jusqu’à l’Etoile les génies du Classicisme gréco-romain, de la Renaissance italienne…
Ô Nombre d’Or fuyant !!
J’ai laissé échapper la Divine Proportion…

…Ou plutôt la boisson me l’a chassée…

Alors depuis, je grimace devant la glace, horrifié devant l’Abandon chronique d’un iris sur un front où les obus repleuvent dès lors que le jour se lève… C’est le front bombardé du Regard diurne…
Parfois il m’arrive même de vouloir me crever un œil afin de fignoler la besogne de la Nature, cette cruelle Nature qu’il s’agit de baiser incorrectement comme une catin…

Je voudrais me faire éclater le ventre comme on perce un ballon inutile, un ballon qui s’essouffle, s’époumone parce que trop malmené par les coups de pieds de footballeurs sur une pelouse grasse d’un pays de l’Europe de l’Est…
Alors vous viendrez, messieurs et mesdames les médecins ; je vous laisserai passer vos bras dans les plaies béantes, ces plaies innombrables que ma bedaine offre à foison…
Alors vous serez à jamais endiablés, enfiévrés, incurables, à jamais condamnés à vous asseoir inconfortablement sur d’affreux reposoirs instables…
Vous tomberez soudainement de vos fauteuils d’argent scellés sur les nues et vous comprendrez enfin le malheur qui poursuit quotidiennement vos patients parce que vous vivrez ce qu’ils vivent, parce que vous connaîtrez à votre tour les naufrages, les pentes raides et les chutes certaines…
Vous renoncerez immédiatement à votre métier car vous apprendrez que l’Homme que vous dites « fragile » que je nomme moi « vicié » est téléguidé comme un pantin inerte, qu’il ne tient jamais le gouvernail de sa vie…
Seule la mort est affaire de choix, de liberté par ici…

Vous tomberez de vos azurs immaculés, de votre penchant pour un positivisme incongru….
Vous cesserez de parler une langue barbare, incompréhensible et dont le but ne fut jamais que d’impressionner et angoisser vos soi-disant protégés…
Ce que vous teniez pour postulats tombera bientôt dans la désuétude et vous serez condamnés à lutter contre la tentation du suicide pour recouvrir votre ancien statut…

Toutefois, nous, pauvres et éternels malades mentaux, serons là et croyez-moi que nous saurons faire preuve de vigilance…

LE MONDE SERA A NOUS !!!

En attendant, préparez-vous !
La maladie approche…
…Car il faut bien que la notion de partage soit de mise ici, dans un pays qui se veut de (bonne !) foi chrétienne…









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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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