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Annonce : Une ombre...
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 11:47:18 ( 93 lectures ) Articles du même auteur



Une ombre...







Je me traîne, me fends, me poursuis jusqu'aux abords de mon ombre désincarnée...
Je fais des nuages en portant des masques anonymes et ténébreux...

Où suis-je donc pour éteindre mes feux follets et mes lèvres sans baisers?

Je perdure dans un passé prisonnier, dans une autre vie sans aucun véritable écho au chevet de mon moral...

Qui suis-je?
J'ai perdu mon identité mais pas mes cicatrices...
J'ai gagné l'enfer qui me convaincra plus tard que l'on reste seul à jamais, parmi les ébullitions, les tentations de mourir en pluie sur les fleurs d'autrui...

Repu, je mange les fumées démentes et l'inappétence à jamais nauséabonde de me savoir monstre en ces lieux agités...

Je fume mon corps, je noie mes amis, je m'éparpille en hurlant à moi-même des mois de silence et de mutisme...

Je m'écartèle, je perds ma semence sur moi-même, en songeant toujours à l'obscurité de mon ventre...

J'endure, je fais la froidure, je me meurs dans les gelées sans neige et les vents, bien assis dans mes gerçures, parce que trop glaciaux...

Je fainéante comme les pleurs en plein corps, ce corps dur comme du bois mort...

Le ruisseau m'a abandonné mais la chute demeure et c'est toujours moi qui irai me noyer pour de bon dans les écumes mortelles et dans la béance de mes fêlures, dans la béance close de mon cri....

Je suis l'ombre du soleil blanc sur le tronc crevassé de la yeuse peint vainement par un peintre triste et pourtant follement impressionniste...

Je ne veux rien sinon la paix...
Préparez-vous à l'attaque! Je me sens d'humeur assassine...
Je ne suis là que pour vous hanter et vous faire payer l'injustice d'une vie mourante en châtellenie...

Un jour je sortirai du fantôme et irai chercher la mort en l'attrapant par la nuisette...

Je remonterai de mes lézardes et de mes chutes fantomatiques en allant planer loin de vous et le plus près possible de mon Écriture...
Mon écriture est l'éclaircie sur l'ombre de mes nuits; elle est toujours en phase maniaque, toujours en rut dans la véhémence des pics libidineux....
Ainsi, je n'ai plus qu'à me servir et attendre la fellation par le goulot des mots, par des dérèglements de sens sur les phrases des lèvres...

Je me déshabille de mon ombre pour dénuder la nudité et enlever des hectares de peau jusqu'au plus profond du chaos organique...
Je m'écorche sans être vraiment avec vous...
Je suis de nulle part; je ne suis qu'avec moi-même et c'est déjà beaucoup même si c'est insuffisant et douloureux aux quatre coins du champ de la rencontrée....

Il faut demeurer ombre par ici si l'on veut souffrir encore et encore dans le seul but de séduire l'Absente...

Laissez-moi caresser -sans esquisser le moindre geste- les nuisettes ornées de soleil mous, de chagrins dorés et de boutons tout roses qui feraient robe à queue, ces broderies amoureusement cousues par une main étrangère, à jamais consolatrice parce que très aimante de Celle par qui naissent dans ma têtes toutes ces femmes ailées picassotées...
L'heure est à la dévotion, au culte incessant de la Femme à la petite tenue crépusculaire...
Tout est à sublimer chez Elle, surtout si l'adorateur en question campe sur un pôle précisément antagoniste: miséreux et sordide...

Oui, il faut vêtir son ombre de toutes ces belles nuisettes...
Il faut soutenir son ombre de ces corps immatériels -parce que dessinés, venus d'un berceau d'argent- et cette rosée dentellière de pastel sec aux perles d'eau roses et à la pierre noire mêlées...

Il faut que la pierre noire vienne en aide à notre ombre pour la surligner harmonieusement jusqu'au cœur des roses traits délicats... Il surgira de cette alchimie sensible la Beauté éternelle, l'Étayage élégant par l'Art de l'ombre de nous- même...

Que reste-t-il à maudire sinon l'essence maudite de cette vie, si dure qu'elle nous pousse à écrire la Rosée qui nous habite ou qui L'habite au travers de notre psychisme, au travers de notre paysage idyllique intérieur aux doux fantasmes, au travers de nos idéalisations charnelles artistiques. Il faut se contenter de cette image que l'on s'invente au hasard des émerveillements amoureux et se résigner à ne jamais avancer d'un pas, d'un pied certain vers un semblant de «guérison»...
Mais l'œuvre défie l'oubli et l'ombre de nos organes par le soleil lorsque ses rayons d'étoile filtrent par la fenêtre de notre peau délavée...

Seule perdurent les ombres du zinc qui iront écraser leurs mille et uns mégots dans les cacahuètes salées de cet estaminet de ce village proche du mien.......

Venez! Venez- vous laisser écrire et dessiner au chaud de ma sensibilité, au chaud de mon songe d'amour !
Qu'éclaboussent à jamais les merveilles qui Vous peuplent...
Qu'éclate l'ombre en mille morceaux; qu'elle recouvre définitivement mes piétinements d'enfant perdu...........
Il faut que dure l'ombre noire dans nos poumons et notre foie pour espérer encore une gloire posthume qui viendrait nous auréoler, mettre des lauriers sur nos fronts et parfaire notre légende de poëte maudit...

Il faut cependant que le soleil nous revienne au fond de notre ombre pour mieux vivre notre trépas chronique, notre mort bancale...
Il faut jouer à distance avec les étoiles car leurs rayons ont cette faculté étonnante de parfumer nos horreurs, d'égayer nos puanteurs d'hiver juste derrière nos ombres...
Il faut que la tristesse perdure et nous laisse en paix sur le mât de nos défaites....
Il faut rester seul dans l'inertie, dans la léthargie, pour éloigner la surprise et ramener le voile de la mélancolie à notre cou...
Il nous faut bénir la main porteuse et alanguie de la mélancolie car elle apparaîtra comme la seule et véritable saillie jaillie de notre ombre de fantôme...

Il faut que les pleurs durent afin de mieux parer ces femmes ailées picassotées de coulures salées et pures, de perles d'eau lacrymales cristallines....

Il faut se désombrer et devenir mou comme un lit nuptial...
Il faut chasser tout ce qui vient heurter le cours des Sentiments; il faut ruisseler sans arrêt et bénir la fonte des pierres, même celles qui sont précieuses...

Il faut faire pleurer les ombres dans nos yeux indolores, effacés, insaisissables, ces yeux qui n'ont plus d'oreilles à qui se confier nonchalamment, ses yeux morts, inaudibles, qui s'ouvrent sans bruit au rythme ralenti d'un battement de cœur perdu...

Il faut se laver encore et encore pour faire sortir la bactérie de notre enveloppe d'ombre et la désinfecter en oubliant que l'on ne s'essuiera jamais plus loin que la peau, que notre puits obscur restera à jamais vicié, même avec des pétales noires dans les Escaliers du Corps et des herbes mauvaises folles enroulées précieusement dans la gorge...

Il faut se tenir loin du tumulte et se perdre en s'usant dans les maux pervers et les mots à l'envers...

Il faut se taire et s'écarteler à la croix des supplices, au poteau des féeries...

Il faut cultiver le noir et s'abreuver de douces démolitions arctiques...

Rejetons la mer mais rejoignons-la le plus près possible des banquises et des courants froids...

Fuyons les soleils superbes, pleurons avec le ciel monotone, mangeons la Voie Lactée dans le bol des constellations refroidies...

Pleurons! Pleurons et pleuvons à verse!
Larmoyons de nos rires désuets!

On se doit toujours de se mourir librement sans demander l'aval du Juge dernier, gardien du purgatoire...

Mon corps n'est pas tant sali que mon âme, que celle-ci soit ou non habillée d'ombrageuses tenues. Car il est bien évident qu'un pays de dessins, d'écritures magnifiques ne peut que supplanter les erreurs du corps et les faire apparaître à un plan beaucoup plus lointain...Car l'âme se doit de se parer de belles crucifixions afin qu'on la reconnaisse prendre les petites tenues vespérales du Mahatma...Car personne n'est véritablement maître de son corps: seule l'âme est capable de tenir loin les ombres néfastes car elle seule peut s'élever et grandir dans l'ascèse....Oui, l'âme est attendue quelque part lorsque son porteur se badigeonne d'images splendides et de farandoles verbales alors que le corps finit par lasser les naïades à oublier du même coup...

Je veux pour éradiquer mes ombres une jeune fille au regard bleu- mélancolie, un arc à la pierre noire en guise de nez, des yeux stylisés en amande venus de mes allers venues dans les dessins stylisés de Matisse et de Picasso, des cheveux aux mèches délicatement bouclées et ondulées....
Je veux une paire d'ailes enchanteresses pour ces créatures androgynes; je veux Les habiller dans ma tête de très belles nuisettes et de soutiens- gorges tout roses tout en dentelles de rosée...

Il faut que le désire dure et ne tombe pas de l'autre côté de l'arête...
Il faut une éternelle phase plateau ou une permanente montée de libido...

Je veux un rose aussi beau qu'une bouteille de Rosé(e)...
Enivrons-nous de nos maux, de cette poésie délicate qui sublime Celle qui nous permet de tout oublier par Son goulot, par Ses orifices princiers et ultra- intimes...

Laissez-moi éjaculer de la tête aux pieds et faire toujours le Canon dans le pays merveilleux de l'Amour cérébral...

Je veux Vous «croquer» à l'heure jamais entachée de Vos empreintes retranscrites, de Vos impacts délicieux sur chacun de mes axones en éveil...

Venez à jamais dans mon jardin secret et conjurez les mauvais sorts des ombres et peignez avec moi les roses ombrelles du désir...

Allons cueillir la Marguerite au champ et effeuillons-la parmi les harpes, les putti, les liqueurs alcoolisées, les fumées brunes des Gauloises, les nuits noires du goudron, les naïades de Cézanne, les coulures de miel, les allongées des bouges édéniques qui rallument pour moi une bougie de plus...

Il faut Vous couver en prenant soin de ne rien oublier de cet amour d'entre les astres qui fait qu'une naine blanche sans cheveux et en lunettes n'est là que pour bercer les lunes des princesses, des fées et des elfes...

Il faut essayer de se laisser moisir par un baiser allumé avec pâleur et à l'air libre, par un suçon sur les champs bactériens de nos joues putréfiées...

Il faut faire pleurer la pluie et enlever le rire aquatique aux cascades enjouées...
Il faut cracher au dos de la pluie et noyer la mer qui nous a trop fui...
Il faut éteindre les soleils et courir se noyer dans la goutte d'eau...

Il faut mettre du rose dans la rosée
Il faut ralentir la première du cœur et laisser l'atonie se perdre au cul des ombres mélancoliques...

Il faut vivre sa mort joliment et attendre avec classe le cortège, ces ombres qui s'étirent comme un ver depuis le Lit en bois jusqu'à l'Epuisement des proches...

Il faut aimer la douleur et l'attirer vers nous comme une compagne pas dérangeante du tout...

Il faut rejeter l'émoi et se réjouir de l'abondance du vide lorsqu'il fait l'aimant sur le métal pauvre de nos strates humorales...

Maintenant il faut se tuer!
Maintenant il faut se taire!

Je suis l'œil cyclopéen qui s'effraie de tous ces regards par où filtrent la répugnance et la crainte et l'abandon à jamais...

Je suis le ventre obscur et le soleil dément...
Un jour j'irai me crever un œil pour mieux parachever l'obscurité qui se transmet d'une étoile à une naine blanche, d'un regard cruel à un œil qui le reçoit, l'interprète, le transforme et fait remonter la blessure qu'il suscite jusqu'aux fibres cérébrales...
Oui, il s'agit d'une blessure qui voyage en allers-retours par les nerfs entre le Berceau de la vue et le Berceau des idées....

Puis les plaies iront mourir dans le chou-fleur de la tête qui emmagasine les souvenirs acerbes et les interprétations inutiles et lancinantes...

Il faut abandonner ses plaies et saisir une lame de rasoir pour évacuer les ombres et les grisailles hivernales...
Il faut tout trancher et se laisser aller dans les bras protecteurs de la Camarde...

Il faut pleurer à s'en vider les yeux et la cruche...
Il faut savourer la mort approchante et faire des adieux aigres-doux et allègres ponctuées de bras d'honneur à la vie mourante...

Il nous manque toujours la dame de cœur pour claquer le capot et en finir avec cette partie de belote entre quatre ombres au Café mal famé des Dépersonnalisés...

Il nous manque toujours la carte maîtresse pour gagner notre mort décidée et collectionner les os tout noirs du squelette humain, des ténébreux et des fantômes....

Il faut se méfier des pertes de temps et booster les élans de la mort...
Il faut saisir l'enfant et le bercer par des requiems incessants...
C'est toujours ailleurs qu'ici qu'il faille s'éterniser...
Il faut démolir nos cycles thymiques et nos frêles constructions, laissées là, inertes, au hasard de nos pérégrinations verbales, au hasard de nos détours, et ce, sans espérer un réel tour de magie sur les têtes de nos vies...

Il faut se méfier de l'espoir car il demeure toujours l'Imprévu pour venir se faufiler dans les lézardes et entacher le royaume du vert....
Il faut pleurer, non de joie tout court, mais de joie de glisser dans l'entrecuisse de la Mort, toute de noir vêtue et gantée avec classe...

Il faut secourir les ombres, honorer la platitude de nos vies et du paysage où l'on meurt;
Il faut bénir une nouvelle chanson sur le plat pays, vénérer un désert sans dunes et ne pas tomber dans les mailles des mirages...
Il faut éclaircir les ombres et inventer une lumière sans pénombre, un soleil artistique fait de lumières totales et exclusives...
Il faut noyer les profondeurs des océans afin de laisser champ libre à la chaleur intense des soleils...

Il nous faut faire briller la lumière en astiquant les nues pour les déposséder d'une lourde noirceur...
Il faut devenir l'ombre de Son ombre mais aussi les pleurs de Ses cheveux lorsque ceux-ci sont pris d'assaut par l'art de l'épuration du trait cher au dessin classique et au peintre de la Danse...

Il nous faut fustiger les orages et cautionner l'océane langueur à l'heure malheureuse et bleue où l'on sombre dans l'ombre générale, celle des eaux mortes et des cratères empoussiérés des volcans anéantis par la paresse...

Par pitié, laissez-moi ombrer au froid des ères glaciales éternelles!

Je veux baiser le sexe obscur des mers au rythme des secousses et des palpitations extatiques....
Je veux un lit aux draps moites pour faire pénétrer ma nuit et mes lames dans les lèvres cachées au fin fond d'un corps féminin maritime...

Je veux faire la paix dans la fougue des eaux anciennes qui sont cependant fluides comme la caresse...
Je veux dessiner à l'ombre allongée le paradis des regrets obscurs;
Je veux faire des rehauts de pénombre et bleuir à la craie ultramarine le front des océans et jouer avec l'horreur animale des abysses....

Il faut attendre la venue du prochain raz- de- marée pour le bloquer et le rejeter d'où il vient. Car il faut nimber les éléments ralentis et fuir toute les formes de mouvement qui nuisent au bon déroulement de la léthargie ambiante...

Il faut baiser l'éternité correctement afin de mieux saisir sa longévité qui sied en nos corps...
Il s'agit de persister dans la spirale des trous secrets et se délecter des mouvements perpétuels et mélancoliques tenus dans un espace clos et mesurable...

Laissez-moi me vêtir en nuisette afin de mieux Vous ressembler; laissez-moi soutenir Votre gorge par des mains fermes et baladeuses posées sur deux sphères bombées et sans ombre puisque tout s'accomplit ici dans les bleuités profondes ou dans la nuit noire du goudron, parmi les gitanes danseuses et qui porteront mon deuil, blotties dans les cercueils de mon étui à cigarettes...

Clinique de Vaugneray, février 2009.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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