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Annonce : Devancer la mort
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 17:54:24 ( 135 lectures ) Articles du même auteur



Devancer la mort





Écris-je d’ici ?
Ou de là-bas ?
Ou de Là- Haut ?
Ou depuis les six pieds sous terre ?
(Je ne sais plus…)



Douloureusement,
A pas grands, voraces, vengeurs
ou traînants,
je déambule en moi,
et c’est toujours de ce corps qu’il faut que je m’en aille…

Je S.O.S de partout…

Je n’ai nul havre de paix où ne plus souffrir…
Je n’ai que ce corps que je rature chaque jour un peu plus…
Mon âme est au Berceau, me dit-Elle…
Voyageuse, elle s’échoue parfois dans les linceuls antiques d’un port sans bateau, ou d’un caveau sans épitaphe…

Mon âme voltige comme un ruban lorsqu’elle renoue avec le papier, la (ré)Création…
Mon âme virevolte entre deux seins protecteurs, à l’heure de la tétée verbale, lorsqu’elle noue deux souffles de voix : un souffle court, parce que trop enfumé, et un autre, plus sain, chargé d’air pur et dénué de postillons : le souffle quiet et tiède de la Messagère, Celle qui me fouille sans bafouiller, Celle qui me fait souffrir en me mettant nu devant le Miroir cruel de ma vie, d’où me remontent soudain la Plaie béante invisible sous la peau de mon crâne et ce Clou au Cœur, ce Cœur fléché qui se fend et partage avec lui-même sa désespérance…

La Messagère remue la Flèche pour mieux me montrer d’où vient le tireur à l’arc que je suis…
La Messagère me remue jusque dans mon Ressenti pour me remuer dans l’Acte, l’Action…
La Messagère n’est là que pour me remonter de moi-même, de mon Ventre où j’erre dans chaque artère…

Oui, je suis mon pire ennemi, celui qui est résigné à provoquer le hasard et la Providence…

J’ai vu le Diable et j’ai cru qu’il était venu plonger son intrusion dans le Gouffre ouvert de ma poitrine…
J’ai vu le Diable et sa suite de molosses, et j’ai cru qu’ils m’étaient tous étrangers comme un rejet de greffe…
Aujourd’hui j’ai compris…
… Compris que ce Diable n’est qu’un mirage, une image faussée de moi-même causée par un dysfonctionnement de mon esprit…
… Compris que ce mal, pris dans un contexte religieux, vient tout droit du ventre des déserts solitaires aux mille hallucinations, de la vacuité saturnienne, de la manie incontrôlable des mers à jamais désorganisées ; le Malheureux, lui, se croit devenir feu monstrueux et appartenir à la Géhenne ténébreuse après tant et tant de noyades maritimes dans la goutte d’eau salée, après tant et tant de temps à se laisser porter par les humeurs bipolaires des flots…

J’AI MAL ET JE ME CROIS POSSÉDÉ…….
DES FLAMMES DANS DE L’EAU………
Ainsi travaille le Mal……….

J’ai aggravé les erreurs planquées dans mon cerveau que je prenais pour de mauvais démons…
J’ai secouru l’autodestruction et la solitude d’une demi-heure de mon paquet de clopes…
J’ai déserté les droits chemins pour des caniveaux obscurs…
Je marche en hiver, en faisant toujours plus baisser les normales saisonnières sous mes pas…
Oui je regèle le dégel
J’endors le bruit….


J’écris, tout engourdi, tout las…
J’écris pour passer devant la Mort, pour parvenir avant Elle à la ligne d’arrivée…

J’entends le sable tomber implacablement dans la Clepsydre…
Mais j’irai jusqu’au bout, et même après la Fin, à jamais serf inerte dans la lugubre Châtellenie de l’Enf(r)ance, au fin fond des oubliettes obscures, d’où l’on n’oublie rien du tout, d’où l’on libère à tout instant les pleurs sans jamais s’extirper des coups et des moqueries des vautours, des seigneurs de la guerre juvénile…
Même la pendule d’argent qui ronronne au salon ne pourra plus attendre le vieux gamin endurant que je suis tant la pugnacité chez moi écrase tout, y compris le plus vaillante des piles…
… Car je dure comme la froidure, j’endure, je durcis…
Promis ! Tant qu’un lambeau de chair remuera encore, je serai là, certes diminué et peut être infirme, mais avec toujours ce poing rageur brandi tout en haut du mât pour hurler haut et fort ma soif de vivre et faire des bras d’honneur au temps assassin et à ce putain d’océan imprévisible que je jalouse, parce que lui ne se dégrade jamais, malgré les travaux internes qui circulent de bas en haut dans sa panse depuis toujours…

Oui la mer est verticale…
Je me tue, me descends toujours, que la marée soit haute ou basse…
J’ai encore de maigres années à m’user à l’éternelle jeunesse de la mer
J’ai encore de maigres années à me dégeler au sel de l’océan…
… J’ai fait les marais salants et les banquises et les igloos…
J’ai eu froid, trop froid
J’ai soif de lumières totales, sans ombres portées
J’ai soif de feux, de brasiers, de croissants chauds de lune…


Mais,
mais,
je crache ma nuit de bon matin…
Je partage ma peine avec les kleenex…

J’essaie de décourager mes sculpteurs d’après ma mort de venir me tailler à la hache, grossièrement, bref, de me représenter tel qu’on me lisait dans mes yeux éteints et dans mes mots mal rafistolés, dans mon ventre translucide, à travers lequel le Fouillis apparaissait…

Devancer la mort…
Écrire, écrire,
écrire ses faiblesses, sa vulnérabilité,
décrire cette force d’écrire,
libérer à la criée, à la saignée ce flot de mots liquides,
décrier le moindre barrage verbal,
décrier un chagrin morne, parce que trop retenu…

Écrire la vie sur ring,
les étoiles dans le noir,
le cœur qui bat…

Écrire en crachant l’encre à la grande gueule de la Mort…
Écrire le rire de la Vie, le repli de la Mort
Faire de la Mort un grand bol de Voie Lactée…

Écrire dans le désordre de l’Angoisse,
à cheval entre deux comas éthyliques ;
griffonner dans une ambulance ;
décrire sa peur intense d’être au bout de la cigarette, au fond de la bouteille…

Écrire son Testament sous Champix,
écrire ses errances nocturnes, ses bordels internes, ses embarras de chevance*, ses chopes de tavernes,
écrire son moyen âge civil, son bas âge affectif :

réécrire Villon…..


Et surtout,
par dessus tout,
je me blottis dans les mots blessés en conjuguant intégralement à tous les temps et dans tous les modes le verbe combattre…


*= argent en ancien français.



Brignais, 23/01/2010.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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