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Annonce : Vieillesse et Camarde.
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 20:38:47 ( 91 lectures ) Articles du même auteur



Vieillesse et Camarde.







Vieillir! Ô vieillir!
Ô Grand-maman agonisante! Ô Misère!

Qu'il est douloureux de flétrir, de se faner,
D'être abandonné par la société de l'Égoïsme,
Par la société du chacun-sa-fange...
Celle qui est censée soigner autrui,
Celle qui est censée accompagner l'Autre...

Qu'il est douloureux de constater avec impuissance et lucidité les dégâts du corps et de l'esprit...

Qu'il est douloureux de traverser l'enfer de la séparation forcée « par arrêt de l'arbitre »...

« Mourir, cela n'est rien
Mais vieillir, ô vieillir! », chantait un poëte tendre, sans doute trop humain.
Il était l'éternel amoureux de l'Homme,
L'observateur sagace de la vieillesse
De ses beautés
De ses injustices
De ses laideurs...

« Mourir, cela n'est rien
Mais vieillir, ô vieillir! »

Dieu, que c'est beau et tellement bien dit!
Je cueille ces quelques mots sur la branche de l'Écrit
Je m'en nourris puis réfléchis:
« La mort ne devrait pas faire peur », me dis-je; elle effraie car on la définit comme étant mystérieuse, étrangère, inconnue.
Cependant, cette Camarde, cette Faucheuse n'est véritablement pas un mystère...
L'athée dira -et il a raison!- que la mort est le NEANT, c'est-à-dire la vacuité, l'absence d'existence...
Je vais ici essayer de vous persuader d'adhérer à mon opinion tranchée au moyen de l'argumentation.
Il ne sera évidemment pas utile de me lire tout haut devant la tombe encore ouverte de quelque vieux dont l'entourage pieux et larmoyant se réfugiera aveuglement dans l'espoir des retrouvailles au Jardin d'Éden...
S'il y avait quelque chose après la mort, alors on serait forcé de croire en la séparation du corps et de l'esprit...
Allons plus loin dans la réflexion; qui croit au paradis ou au nirvana ou à l'enfer croit forcément que l'Homme RESSENT après la mort c'est-à-dire qu'il croit que l'Homme peut encore souffrir ou jouir après avoir trépassé...
Or, le berceau des sentiments est le cerveau; cet organe essentiel est une entité physique emplie de MATIERE.
Or, la MATIERE est par définition dégradable, périssable; elle meurt tôt ou tard. C'est le propre même d'un mécanisme biologique qui n'est plus contesté par les scientifiques depuis longtemps.
Je crois que la notion de MATIERE est propre au domaine du Concret, du Rationnel, qu'elle ne peut être dissociée du Quantifiable.
Certes la MATIERE peut donner vie à l'esprit mais son essence même se développe exclusivement dans un milieu mesurable, terrestre et extraterrestre puisque l'on trouve de la MATIERE ailleurs que sur Terre....
La MATIERE évolue toujours dans un milieu concret, que l'on peut toucher, mesurer; elle ne peut exister dans un monde inventé par l'esprit.
La MATIERE étant le propre de la vie d'ici-bas et étant donné que l'âme ne peut s'épanouir sans MATIERE, on peut en déduire qu'il est impossible de ressentir quoi que ce soit après la mort et que donc toute forme de vie après la Camarde est impossible...

Puisque la mort est donc bien le NEANT, alors à quoi bon en avoir peur si trépasser c'est ne plus être, c'est-à-dire ne pas même souffrir de ne plus être en vie, ne pas même souffrir de ne plus pouvoir retrouver les siens...
Avoir peur de la mort, c'est s'empoisonner inutilement l'existence; c'est oublier le carpe diem salvateur et bienfaisant, la recette miracle du bonheur...
« On ne vit qu'une fois », affirmeraient les Épicuriens...
Puis vint le poëte qui ajoute: « nous savons que le monde sommeille par manque d'imprudence... »
Du bas de sa vie, Philippe Léotard écrivait désespérément ceci: « la chair n'est triste que morte ».
Sans doute voulait-il dire que le décès en lui-même est triste car il ramène l'Homme à sa condition misérable, celle d'un cadavre qui pourrira au chaud de la terre entre quatre planches, dévoré par une tribu de vers et cloportes affamés...
Mais qui donc serait triste selon lui?
Je pense qu'il songeait à l'homme encore vivant, l'homme bien souvent torturé qui ne voit en la Camarde que le retour misérable de l'Être Humain à la case départ; il ne voit en la mort que la fin d'un cycle biologique, qu'un remariage forcé avec la terre maternelle, la Mère de l'Homme, Celle qui l'a enfanté puis qui l'a nourri durant son existence; la mort est donc affaire d'inceste...
Avec la mort, la nature reprend ses droits; cette terre qui met bas, qui allaite devient finalement peut-être par vengeance mère dévorante ou bien épouse incestueuse d'un fils de misère...
Peut-être Léotard voulait-il dire aussi que la mort est triste en cela qu'elle laisse le deuil autour d'elle, derrière elle...
Dans une chanson géniale et emplie d'une mélancolie visionnaire, les Grilles, Allain Leprest dresse le portrait d'une vie humaine ravagée. Il conclut la chanson ainsi:
« Mille ans des graviers des pas
Le vrai et la faux
La terre en repas
Et devant un caveau
Toute la famille
Derrière une grille. »
Ceci est d'une beauté exquise, écrit avec une justesse remarquable...
Naguère, j'étais de l'avis que la mort révèle au Grand Soir la misérabilité de la condition humaine.
Je ne le suis plus...
Car Brel est passé par là...

Aujourd'hui, je l'affirme haut et fort:
Mourir, ce n'est pas misérable...
En revanche, mourir dans l'indignité est misérable...
Vieillir est misérable...

Naguère, le NEANT me faisait plus peur que la SOUFFRANCE...
C'est pourquoi sans doute je ne me suis jamais suicidé...
J'ajoute que la notion de SOUFFRANCE est indissociable de celle de VIE TERRESTRE...
Qui vit est amené tôt ou tard à SOUFFRIR...
En tout cas, il me semble qu'il vaut mieux vivre dans la douleur que de mourir en paix...

Aujourd'hui, après m'être livré à maintes réflexions, j'affirme que c'est plutôt l'AGONIE qui est la chose la plus angoissante lorsqu'on l'envisage pour sa propre vie, non parce qu'elle est le moment de panique suprême où l'on songe le plus à la mort mais parce que d'atroces SOUFFRANCES physiques et psychiques s'inscrivent dans une durée plus ou moins longue que l'on perçoit comme éternelle...







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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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