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Nouvelles : Écheveau des temps obscurs…
Publié par Vadnirosta le 15-04-2023 16:30:00 ( 134 lectures ) Articles du même auteur



Écheveau des temps obscurs…

Je serai mort bien avant l’heure tant j’ai été, tant je me réfugie quotidiennement dans les plus doux de tous les paradis d’artifice. Tant j’endurerai encore et encore d’atroces souffrances jusqu’à ces suites de paquets d’étages usiniers, superposés très précisément sans la moindre saillie, jusqu’à ces suites interminables de carrées oblongues tellement impeccables et immaculées qu’elles en deviendront mortifères et sordides pour qui y a pénétré avec une intrusion maladive. Encore et encore de souffrances jusqu’à ce manège du mal qui a tourné au ralenti, toujours presque immobile, ces amas hideux d’habitats à loyers gratuits, glauques, grillagés de barbelés, géométriquement parfaits et tout grisâtres où s’endorment les bruits les plus fins et où s’installeront et graviteront au cœur même de l’Anneau les processus complexes, confus, gutturaux, pulmonaires, intestinaux et cloacaux qui mènent à une Régression de l’immortalité de l’Âme chez les adolescents comme moi et chez les adultes aussi. Tout un labyrinthe tout un dédale de couloirs obscurs à perte de vue, de cages sans vie empuantissant tout d’odeurs fétides de putréfactions de charognes, et puis aussi des bureaux rattachés dépoussiérés au maximum, que l’on a occupés sous contrainte. Tout près, des tonnes et des tonnes de nuages nocifs, mieux des gaz divers à faire tout un effet de serre : ce sont des fumées toujours très bleues qui se sont échinées langoureusement et scrupuleusement à faire leur boulot : le tour lent mais sûr de deux astres à l’Abandon, l’un aussi gigantesque qu’Hercule1, l’autre beaucoup moins massif mais plus confortable, sans doute pour la vue sur le peu de vie qui restera dans les Monts du Mauvais. Je suis pathologiquement timide encore demain avec les logorrhées de chaque jour, les diarrhées verbales libérées et crachées depuis les bronches entachées de nobles goudrons infâmes. Ô lecteurs, je vous ai rendus bientôt monstrueux le temps d’un coup d’œil maladroit à droite ou à gauche êtes allés savoir. Faut pas dire que mon collège n’était pas impeccable et j’y mettais hélas du mien pour rendre ma raie du milieu des plus parfaites, mes lunettes des plus sur-brilllantes et puis mon gros cartable encore plus jaune fluorescent et (déjà !) plus noir qu’il le sera. Un cartable trop gros pour moi, trop lourd pour mes frêles épaules de dur à cuire. Faut pas dire que l’on me verra à la morgue, vêtu de mon pantalon ample rouge et de ma veste chatoyante péruvienne de chez New Dehli à Saint-Jean que j’achète tout à l’heure. Sachez que j’appartiens à la fuite de tout ordre de toute raison. Et à la raison de l’Illogisme également. Je paradoxe dans chaque recoin de mon cerveau. Je serai tendre comme un lion ; je serai pervers comme garçonnet modèle puisque je ne l’ai pas encore été. Je suis la Terreur de Sade et j’ai abrité la Géhenne contagieuse qui menacera de sévir dans toutes les églises de France et de Navarre. Je meurs je vis c’est pourtant je survis. Par mon verbe dégueulasse, je brille mais le corps ne suit toujours plus, tant j’ai eu toutes les maladies somatiques possibles et c’est pourquoi je ne serai jamais trop hypocondriaque. J’ai appartenu aux maux ce qui sera plus confortable pour semer de la Poésie ça et là. Je viendrai tout droit de ce tableau d’Ensor donc on m’a appelé jadis Yohann Yoors2 tant je ferai l’école buissonnière pour aller vers les barbares comme ils disent, tant je pars quotidiennement depuis votre monotonie à la con et bien de chez vous pour la Cité des Rroms Lovara de la Feyssine en Bulgarie3…
Je dis tout et n’importe quoi, sans doute pour vous avoir retourné le cerveau, sans doute pour que vous ayez pu être déboussolés totalement du premier axiome jusqu’à la dernière dendrite.
Je mange de l’eau chaude pour me dynamiser et ai bu tous les jours la fumée de ma Gauloise. Dans ma tête, je mourrai d’un cancer que j’ai su soigner à temps. Dans les bars des fantômes, tous les atomes ont été crochus et pourtant nul ne saura si j’y serai seul (toujours sous forme de mes ombres entassées comme autant de strates au long des années !) ou pas. En tout cas, la patronne a jubilé puisque les mégots s’écraseront tour à tour, continuellement (je veux dire comme de l’eau courante !) dans les cacahuètes salées. Je me dépersonnaliserai dans les rues mortes, tordues, tendues à l’extrême mais j’en serai guéri. Quelqu’un ramassera par terre tout le fatras journalier des défenestrés de cette foutue Impasse des Pendus où j’ai créché et l’a envoyé à la benne tandis qu’à la bonne heure, autour de mon immeuble, juste en dessous du petit balcon de mon deux-pièces, gisaient de vagues lambeaux de peaux bien froides très bien ornées de vêtements hindous qui suggéreront la méditation réussie tandis que mon écorché s’enfuit au plus vite pour s’être perdu sous le train de midi moins une.
Sachez en outre, ô chers lecteurs, que j’écoute Mitsou et c’est la raison pour laquelle je fréquenterai dès hier les clubs privés de nuit très très chics de Roumanie pour les manele4 de Nicolae.
Sachez que j’en suis enfin devenu à être sapé comme un menteur et que j’aime entretenir le jeu des masques et des vérités nues…

En tout cas, une chose a été sûre dans tout mon dit : la fosse septique du jardin de mon père et ses coulures pour plus tard le long du mur, berceau de ma malenfance, ou plutôt de mon adolescence en décomposition, en haillons. Elle a prophétisé ce que je serai et ce que vous pouvez imaginer qui je pourrais être et tout ce que j’ai traversé sans jamais faillir, je veux dire sans citer pour moi-même la phrase décisive au Dénouement de Pavese : « Assez de mots, un Acte . »










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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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