Bienheureuses maussaderies

Je chante ma niche avec volupté
Mon logis est sensualité
Aujourd'hui, est tombé le ciel gris,
Et son escorte de génies
Le froid, la nuit, le vent, la pluie
Que m'importe le temps maussade
De ma retraite, je me balade, je m'évade.
La vie est arrêtée, inerte
Tout mon être est en alerte,
Sans crainte, mais attentif.
Sur moi, il est blotti et sensitif
Sous la tuile, sous mes murs,
Dans ma douillette cache sûre
Je vais au sein de mon espace,
Sur ma table fume ma tasse
Je lape ma chicoré
Calme, j'écoute les secrets
Dans le silence mouillé
Dans l'ombre qui rayonne
Des esprits espionnent
Le charme des ténèbres
Se rit des chants funèbres
Cette réclusion sensuelle
Sinueux poison m'ensorcelle
J'erre lascive, lente mais précise
Mon châle chaud nargue la bise
Derrière le secret de chaque porte
Se délassent des âmes mortes
Quand leurs souvenirs résonnent
Mes doigts de cretonne tâtonnent
Les photos sépias jaunies
Ici la fenêtre a frémi
Sous le vent qui glapit
Mais l'insolent n'en peut mais
Qu'il siffle, crie et gifle sans frais
Le taciturne houspille chante
Mais, dans mon antre,
Dans ma niche, jamais ne rentre.

Loriane Lydia Maleville