Oyez, Oyez braves gens
L'horreur, le crime,
A fondu sur le pays Franc :
Un de nos ministres
A très gravement failli :
Avec une coupable duperie
Il a caché sa cassette
Dans la banque-cachette,
Dissimulé ses Louis d'Or,
Menteur et retors
Voilà chose impensable!
Duperie si nouvelle
Et tous crient,
Crient et le montrent au doigt !
Qu'on le pende !
Qu'on le vilipende !
Qu'on le mène au gibet
Au ban de l'infamie
Qu'il soit expatrié
Haro sur le baudet
Quel crime terrifiant
Comment cela se peut-il ?
Comment peut-on tricher ?
Aucun de nous ne le feraient
Nous ? une telle vilenie ?
Jamais !!
Oh ! grand dieu Jamais!
Leur effroi, leur épouvante
Est à l'aune de leur rectitude
La preuve de la confiance
La garantie de leur droiture
Leurs belles âmes
Sont celles de bonnes gens
Eux commettre une telle forfaiture ?
Que nenni...!
Jamais, soyez en sûrs !
Entendez les fracas du tollé
De ces âmes irréprochables
Qui toujours jouent cartes sur tables.
Voyez combien les voici ébaubis
Scandalisés
Entendez leur saine réprobation
Ils fustigent,
Tous à l'hallali
Ces hommes saints,
Outrés, choqués
Ont limogé,
Sans émotion ostracisé l'ami
En appel à l'expiation
N'est-ce pas là
Une indéniable garantie ?
La preuve d'une morale sûre
Ecoutez bien, entendez
Leurs terribles cris d'orfraie
Voyez leur choc devant l' horreur
Voyez les effarouchés
Aucun d'eux jamais ne fut
Ni baiseur ni voleur ni menteur
Jamais corrompu
Voyez leur haute vertu
Guidez vos jugements sur leur cris
Ainsi, peuple trahi
Toujours, vous saurez
Sans doute possible
Séparer le bon grain de l'ivraie

Lydia Maleville