Je vis dans une roulotte, faite de bois et d'acier
Aux fenêtres des fils de joie que l'araignée grelotte
Des buées de printemps quand le souffle renait
Des formes en reflet sous la lueur tombante
Pudeurs audacieuses que dessine ta main
Quand elle vient froisser mes dentelles de gueuse.

Je vis dans une roulotte où cavale le vent
Il fauche mes cheveux, des épis en fers blancs
Ma peau faite de terre, crèche pour les oiseaux
Picote de mon dos aux fibres de ma chair.
Mes veines sont pressoirs de sève et de brindilles
Je meurs chaque soir, et chaque aube me revit.

Je vis dans une roulotte, je suis tremble d'hiver
Les bonnes gens du pays me disent un peu sorcière
Quand ils sont bien au chaud, leurs pieds devant les flammes
moi je parcours les bois pour pas me geler l'âme.
Je fais des décoctions, des onguents de misère
pour éloigner les ombres qui bouffent la lumière.

Je vis dans une roulotte, et je compte mes doigts
Quand ta main les entraine aux lignes parchemin
Je suis grain de poussière, fleur qui chuchotte
Reposant à mon sein, juste un collier de lierre
Je n'ai pour parure que des sillons de lune
Quelques boutons d'aurore à mouiller ton veston.

Je vis dans une roulotte et je sème sur nous
Des plaines de pavots en baisers dans le cou
Des éclats blancs de peau où s'arriment des dunes
Des ailes de voyage au ventre qui bouillotte.
Je m'appelle Shana, je vis au gré du temps
Et mon sang dans ton sang tant que tu le voudras.