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Nouvelles : Les deux fesses (suite et fin)
Publié par Salimbye le 10-09-2013 12:59:20 ( 1117 lectures ) Articles du même auteur



Les deux fesses (suite et fin)

VI- La veille de cet exode, un M’rahi mariait sa fille. Pour célébrer cet heureux événement tout en prouvant à ses ennemis que sa tribu demeurait, aussi bien au niveau économique qu’au niveau prestigieux, la plus forte et la plus respectée, il avait tué quatre chèvres et fait appel à trois musiciens et une chanteuse populaire. Celle-ci avait une très belle voix, de plus, elle avait le don d’exécuter merveilleusement la danse du ventre.

On avait dressé un peu à l’écart des maisons, trois grandes tentes destinées à recevoir les invités. Deux d’entre elles étaient réservées aux hommes, la troisième aux femmes. Malheureusement, il n’y avait pas d’électricité. Les autorités communales avaient fait savoir aux habitants que l’électrification des deux fesses allait coûter la peau des fesses au conseil.

Des bouteilles de gaz vinrent donc éclairer les nuits sombres des deux tribus.

VII- Cette nuit là, un commando Berkaoui avait décidé de porter un coup dur à l’ennemi. Munis de gourdins, de couteaux et de sabres, une dizaine de jeunes s’infiltrèrent dans le camp adverse. En prenant leur position d’attaque dans la pénombre, ils décidèrent de n’agir que quand tout le monde serait fatigué. Ils suivirent donc calmement le déroulement des festivités, en n’ayant d’yeux que pour la danseuse qui excitait le public masculin par ses postures surchargées de messages érotiques. Tels des papillons, on voyait de temps en temps certains jeunes tournoyer autour de la diva dans l’espoir de frôler une partie de son corps. Les maris, par contre, se tenaient sagement : De la tente non éclairée, leurs femmes les surveillaient attentivement, prêtes à déjouer toute manœuvre suspecte.

L’excitation avait atteint même certains membres du commando. Hammouda, le plus costaud du groupe envahisseur, faisait déjà l’éloge de la danseuse qui continuait à balancer sa croupe devant son public hypnotisé. Dans un langage on ne peut plus sensuel, il parlait des seins, des jambes, et des cuisses de la star. On dirait qu’il s’adressait à un groupe d’aveugles qui n’avait pas la chance d’admirer cette scène. Son discours accéléra la respiration de ses compagnons. Certains commençaient même à caresser leur bas-ventre, dans l’espoir de jouir … d’un plaisir plus écumeux.

Quand la musique avait cessé, la chanteuse prit place entre les musiciens et alluma une cigarette. On distribua des verres de thé aux convives.

La star de la soirée fit appel à un des trois responsables de l’ordre pour lui signifier qu’elle voulait aller aux toilettes. Le jeune homme parut gêné : il n’avait pas aménagé de place pour un tel besoin. Après une concertation rapide, on conseilla à la chanteuse d’aller derrière quelques pierres qui se trouvaient à une cinquantaine de mètres des tentes.

Celle-ci s’engouffra dans le noir.

Hammouda qui surveillait minutieusement les manœuvres du camp adverse, ordonna alors à ses compagnons de l’attendre et disparut lui aussi dans la direction des tas de pierres.

Quelques instants après, on entendit les cris stridents de la danseuse qui jaillissaient de l’autre côté de l’amas de pierres et qui s’éloignaient, au fur et à mesure, en direction de la source.

Ce fut la débâcle.

Tous les hommes, armés de bâtons, de haches, de faucilles ou de couteaux se lancèrent à la poursuite du ravisseur qui parvint à étouffer les cris de sa proie mettant ses poursuivants dans l’impossibilité de détecter sa situation sur le champ de bataille.
Déçus par ce cuisant revers, et craignant toutes les railleries qui allaient les tourner en dérision auprès des habitants de Chemmaia, les M’rahis foncèrent directement sur la bourgade des Ouled Barka et commencèrent à massacrer tout le bétail. Hommes, femmes et enfants furent sauvagement malmenés. Les cris perçants de douleur et de désespoir semèrent le désarroi chez les habitants. Seuls quelques rescapés parvinrent à se dissiper dans l’obscurité.

VIII- Sachant que sa tribu était en train de payer cher cette violation du territoire avec rapt d’une personne innocente, le reste du commando se dirigea vers ce qui restait des habitants de la tribu Ouled M’rah. Il n’y trouva que quelques vieilles femmes qui n’avaient pas participé aux festivités, et qui, malheureusement payèrent pour les absents. En forçant les portes des chambres à la recherche d’autres coupables, les membres du commando trouvèrent par hasard la mariée. Bien maquillée et légèrement habillée, elle attendait calmement, allongée sur un tapis, l’arrivée de son jeune époux.

Ce fut donc cette bande de jeunes, toujours sous l’effet de l’excitation de la danse du ventre, qui dédommagea la jeune fiancée du retard de son mari.


IX - Certains rescapés des deux camps parvinrent à rejoindre la gendarmerie et à l’informer du drame.

Mais le caporal de garde leur fit savoir qu’il ne pouvait rien pour eux étant donné que l’officier responsable était parti avec sa famille à Marrakech et qu’il avait pris la seule jeep dont disposait la brigade. Il pria tout le monde d’attendre dans la cour jusqu’au lever du jour.


X- Vers dix heures du matin, une troupe de badauds s’était formée devant l’entrée principale de la gendarmerie pour assister au débarquement des héros de la bataille dont les habits étaient couverts de sang. Trois hommes en uniformes essayèrent tant bien que mal de faire disperser la foule mais sans succès.

L’unique dispensaire de Chemmaia fut lui aussi envahi par des dizaines de curieux qui avaient abandonné leur commerce et leur routine ennuyeuse pour venir compter le nombre de blessés.

Les représentants de l’autorité dépêchés sur les lieux des opérations ne purent arrêter aucun membre du commando. La chanteuse-danseuse et la mariée avaient elles aussi disparues. Ils en ramenèrent, sur le chariot d’un tracteur, trois vieilles femmes légèrement blessées. Elles étaient les dernières à quitter la tribu.

. Tahar le fou, tenta de monter, lui aussi, sur le tracteur pour être conduit à la gendarmerie, mais il fut chassé à coup de bâton. Il parvint tout de même à rejoindre, à pied, le village de Chemmaia en criant :

« Le pet était tellement fort qu’il a rasé tous les poils des deux fesses. Seule la fiancée a eu de la chance puisqu’elle a remporté une dizaine de maris. Il paraît qu’elle va les accueillir par paire dans son lit ».

Et tout nu, il s’engouffra dans une des ruelles étroites du village.







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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
saulot
Posté le: 10-09-2013 13:07  Mis à jour: 10-09-2013 13:07
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
 Re: Les deux fesses (suite et fin)
C'est bien écrit, c'est un récit imaginaire ou inspiré d'une histoire vraie ?
Salimbye
Posté le: 10-09-2013 16:44  Mis à jour: 10-09-2013 16:44
Plume d'Argent
Inscrit le: 01-08-2013
De:
Contributions: 81
 Re: Les deux fesses (suite et fin)
Bonjour,
Merci pour votre encouragement!
Tous mes récits sont fictifs, néanmoins, certains passages sont inspirés 'événements réels.
Encore merci!
Amicalement !!
Loriane
Posté le: 18-09-2013 16:28  Mis à jour: 18-09-2013 16:31
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Les deux fesses (suite et fin)
Citation :
Il n’y trouva que quelques vieilles femmes qui n’avaient pas participé aux festivités, et qui, malheureusement payèrent pour les absents. En forçant les portes des chambres à la recherche d’autres coupables, les membres du commando trouvèrent par hasard la mariée. Bien maquillée et légèrement habillée, elle attendait calmement, allongée sur un tapis, l’arrivée de son jeune époux.
Ce fut donc cette bande de jeunes, toujours sous l’effet de l’excitation de la danse du ventre, qui dédommagea la jeune fiancée du retard de son mari.


C'est violent., tristement violent mais bien près de la réalité. Pauvre in-humanité.
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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