La barque sur la Nive,


Entendez-vous la barque, clapoter sur la rive ?
Sa chaîne la maintient dans la vague cassée
En mille vaguelettes, étincelles éclatées,
Qui meurent sur la berge en étoiles captives.

Un soleil pâlissant éclaire le frêle esquif,
D'une lumière blanche, qui bouge doucement,
Sur la surface brune dans un halo dansant :
Les planches de sa coque résonnent d'un son plaintif.

L'eau verte est haute et mange les roseaux,
Et les premiers arbustes aux branches suspendues,
Y trempent leur maigres troncs et leurs longs membres nus,
Que les tons arc-en-ciel mélangent en crescendo.

La barque bleue reflète le feu d'un soleil doux :
A l'horizon soudain, une montagne grise,
Apparaît en vallons ourlés de blanches frises,
Que les derniers rayons dessinent en garde-fous.

Puis le soir tombe enfin, sur la Nive tranquille,
Les nuages s'agrègent aux Pyrénées brumeux :
Le ciel a absorbé les lointains pics rocheux,
En laissant deviner le dernier bleu d'une île.

Cuga