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Nouvelles confirmées : Juste merci
Publié par Loriane le 01-01-2014 18:00:00 ( 1038 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



Merci

Aujourd'hui Montpellier, inexorablement, s'est vêtu entièrement de gris.
Les rues, les trottoirs, les allées, tous brillent d'une humidité froide et maussade qui les assombrisse et les couvre d'une lumière triste.
Les passants, simples silhouettes rabougries, glissent prestement, sans mot dire, enfouis dans de gros manteaux aux couleurs de deuil, la tête dans les épaules, cachés sous de longues écharpes et chapeautés jusqu'aux yeux.
Le vent froid a volé les paroles des passants, il leur impose un silence pesant, il les poussent en sifflant le long des murs, et vers les toits, tout en s'enroulant entre les arbres dénudés, il a volé lles paroles des passants et
Ramassés sur eux mêmes les aventuriers de l'hiver gardent leurs visages baissés, le nez vers le sol et tentent d'absorber le moins possible de cet air froid et lourd.
Les platanes toujours aussi nus depuis de longues semaines brandissent leurs maigres bras d'écorce vers de longs nuages sombres, ils semblent tendus vers ses nuées cotonneuses qui courent si vives et rapides sur un ciel de fond gris clair, là, juste au dessus de nos têtes.
Dehors le silence est retenu, le jour est suspendu dans l'attente de la nuit complète que prépare le clair obscur des cieux.
La vie est en attente.
Derrière ma fenêtre je regarde avec volupté les rues attristées et vides.
Je contemple, là, au milieu, la rivière qui, sous les frissons et les remous de la houle, serpente et clapote en roulant nerveusement vers la mer proche, ses eaux frissonnent et frisent sous le souffle brutal et incessant du vent d'hiver.
Je regarde les berges détrempées, couvertes de flaques de boue, qui comme autant de petites tâches brunes sont parsemées ça et là dans l'herbe verte.
Mon regard s'arrête, attendri, sur les petites ombres sombres des canards, frileux.
Ils sont venus en claudiquant avec drôlerie, se rassembler sur les rives herbeuses et détrempées du Lez, Ils s'agglutinent en petits tas pour tenter de se réchauffer et de se protéger l'un, l'autre.

Sur mes vitres, roulent, lentes, lourdes, de grosses gouttes d'eau sale et froide.
Derrière ma fenêtre bien close, enroulée dans mon doux châle, devant mon bureau, calée dans mon fauteuil, je suis spectatrice protégée, je goûte avec un infini délice, comme une gourmandise délicieuse, ma chance de sentir la chaleur douce de ma "maison".
Mon cocon est bon.
Ma porte est solide, dans ma cuisine, il y a la nourriture, il y a des réserves de pain, il y a des fruits et du chocolat, et, au dessus de mon canapé moelleux vit le cercle de la douce lumière de la lampe, du robinet coule de l'eau chaude pour mon bain, bain chaud que je parfume à mon gré, dans mes placards attendent des piles de jolis vêtements, sur mes étagères sont alignés mes livres et les photos de ceux que j'aime, une foule de disques, de films, de musiques qui me transportent, emplissent l'espace sonore et habillent mes murs de beauté et de rêves, sur la table des fleurs parfumées, dans mon lit des draps doux.
Sur mon bureau, les jolis papiers, les stylos, l'écran de l'ordinateur, mon clavier pour écrire et le téléphone qui me relie à mes semblables.
Et, enroulées sur mes genoux, douces, chaudes, deux petites boules de poils qui me lèchent et me câlinent.
Mais, mais,......

Mais, en cet instant, où sont les les malheureux sans toit ?
Mais, ce soir, où sont les misérables sans maison ?
A cette heure, où sont les pauvres abandonnés?
Où, comment, vivent-ils?
Où sont-ils couchés ?
Mouillés, transis ?
Pourquoi eux ?
Pourquoi moi ?
J'aime le bonheur,
Il est venu tout seul.
Merci de me donner tant.
Merci la vie
juste merci.

Lydia Maleville

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 01-01-2014 19:52  Mis à jour: 01-01-2014 19:52
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Juste merci
Tu as bien raison de nous rappeler la grande chance que nous avons d'avoir chaud et le ventre qui ne crie pas famine.

Merci en effet.

Amitiés

Couscous
emma
Posté le: 02-01-2014 11:42  Mis à jour: 02-01-2014 11:42
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: Juste merci
c'est ainsi que j'apprécie l'hiver également : pelotonner derrière ma fenêtre, sur mon canapé, au chaud et dans ma bulle : quel bonheur!
saulot
Posté le: 02-01-2014 12:17  Mis à jour: 02-01-2014 12:17
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
 Re: Juste merci
Tu as raison Lydia de dire que c'est une chance d'avoir un toit et de quoi manger à sa faim. Autrement ton texte est intéressant.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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