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Nouvelles confirmées : On ne fait pas d'omelette...
Publié par couscous le 11-04-2015 13:50:00 ( 1294 lectures ) Articles du même auteur



Voici ma réponse (un peu détournée) au défi d'Istenozot :

http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=8391#forumpost8391


Qui aurait cru un jour que le destin des humains serait entre mes mains ?

Tout a commencé par une sorte de casting pour entrer dans un parti politique. À l’époque, j’étais un acteur intermittent, plus inter que mi-temps. Les fins de mois étaient difficiles, tout autant que les débuts d’ailleurs et mon propriétaire était sur le point de m’expulser en m’accusant de n’être qu’un bâilleur qui bâillait aux corneilles. Du Corneille ? J’aurais tant aimé en jouer. J’avais donc d’envisagé un changement radical de carrière. La politique me paraissait une bonne reconversion. Il était de notoriété publique que tous les politiciens prenaient des cours de théâtre, alors pourquoi un acteur ne pouvait-il pas percer en politique ?

J’avais le choix entre les quatre partis en place. Il était loin le temps de la simple opposition gauche-droite. Nous étions maintenant affublés d’un système quadripartite. Les Nordistes prônaient un Etat qui interviendrait totalement dans la vie des citoyens en organisant le logement, la nourriture, le travail afin que chacun ne manque de rien. Chacun serait donc une cellule d’un grand organisme avec les Nordistes en guise de cellules grises. Les sudistes, à l’opposé, voulaient offrir toute liberté au citoyen dans l’organisation de sa vie et celle de la communauté. Les citoyens seraient des électrons libres et, de par leur nature humaine, ils s’auto-organiseraient à l’aide des Sudistes. Les Occidentalistes mettaient en avant le progrès technologique pour faire évoluer la société vers un avenir dit « meilleur ». Enfin, les Orientalistes se voulaient tous zens, luttaient activement contre toute forme de violence, prônaient le bio et le végétalisme. Ces derniers s’apparentaient fortement aux hippies des années 1960. Et c’est cette mentalité qui m’avait séduit, bercé avec les chansons de Bob Dylan et Janis Joplin qui résonnaient dans la maison de mes arrière-grands-parents.

J’ai donc répondu à une petite annonce faisant état d’un poste pour un contrat à durée non définie, nécessitant de longs voyages et la capacité de jouer la comédie. Je passai divers tests un peu étranges. Il me fallut réciter des textes avec le plus de persuasion possible face à un public censé représenter un électorat moyen, passer des heures dans une pièce sombre et exigüe sans céder à la panique, subir une pression de quatre atmosphères dans une machine et finalement passer au détecteur de mensonges. Nous étions plusieurs milliers de candidats et je finis fièrement le premier, notamment grâce à ma grande capacité à servir des mensonges éhontés sans faire sourciller la machine.

Dès que j’eus apposé ma signature au bas d’un contrat m’engageant à garder secret toutes les missions qui me seraient confiées, je fus amené dans une pièce au sous-sol du palais royal de Bruxelles. Là, je découvris une énorme machine ovoïde qui trônait au centre de la pièce. Elle brillait intensément malgré l’obscurité ambiante. On m’expliqua qu’elle était arrivée de l’espace il y a quelques semaines et qu’elle contenait un message extraterrestre dans toutes les langues parlées sur terre. Dans la version française, une voix synthétique au fort accent canadien demandait d’envoyer un spécimen humain via le vaisseau qui viendrait expliquer sa civilisation. S’il pouvait prouver que les hommes respectaient leur planète et les autres êtres vivants avec lesquels ils cohabitaient, ils auraient la vie sauve. Dans le cas contraire ou sans nouvelles avant le solstice d’été, l’invasion commencerait avec une extermination à la clé.

Pendant plusieurs semaines, je fus formé à présenter une version idyllique et édulcorée de notre planète, à force d’images tronquées et de témoignages d’autres acteurs de toutes les races, moins bons que moi bien sûr !

Et puis vint le jour J, l’heure H, la minute M. J’entrai dans le vaisseau spatial avec tout mon matériel ainsi qu’une boîte contenant une spécialité culinaire à offrir à nos envahisseurs potentiels, histoire de ne pas arriver les mains vides. Le voyage fut extrêmement long et ennuyeux. Quel bonheur de sentir l’engin se poser sur la terre ferme. J’enfilai ma combinaison de cosmonaute avant de sortir à l’air libre, pour autant qu’il y ait de l’air dans cette atmosphère jaunâtre. Je me retrouvai face à une masse d’êtres très étranges. Leurs corps présentaient une forme ovoïde, leurs crânes posés directement sur leurs troncs, faute de cou, étaient chauves. Leurs jambes étaient courtes et leurs pieds palmés. Comment des créatures aussi ridicules pouvaient-ils constituer une menace pour l’espèce humaine ? Nous avons échangé des regards interrogateurs et amusés de découvrir l’apparence de l’autre. Je pris la parole afin de les saluer poliment. Un être à la tête surdimensionnée s’approcha de moi et me rendit mon salut. Il m’expliqua qu’il avait étudié toutes les langues humaines en captant nos ondes radio.

Je fus installé dans une habitation ressemblant à un poulailler géant. Je goutai de la nourriture totalement inconnue mais qui ressemblait à du muesli. J’étais apparemment sur une planète faisant partie d’un système parallèle au nôtre. Leur étoile s’appelait Lampawile et ressemblait au soleil, à part qu’elle avait, elle aussi, une forme ovoïde. Un crâne d’œuf à l’allure militaire me fit découvrir les images des planètes qu’ils avaient exterminées avant de s’intéresser à la Terre. Je lui en demandai la raison. Il m’expliqua simplement que des êtres incapables de respecter leur environnement n’étaient bons qu’à être éliminés, comme n’importe quel nuisible.

Le lendemain, je fus sollicité afin de présenter mon exposé à la crème des chefs de la planète. J’installai tout mon matériel et commençai mon discours, traduit simultanément par la grosse tête. Je vantai toutes les qualités écologiques, le grand cœur, les attitudes respectueuses et altruistes de mes semblables, les prenant comme exemples pour tous les peuples des autres planètes habitées. Mon discours avait de quoi faire pâlir d’envie tout candidat en campagne. Mon pouvoir de persuasion ne souffrait aucune limite.
Une fois mon speech terminé, j’eus droit à un tonnerre d’applaudissements généré par les pieds palmés de l’auditoire, frappés au sol. S’ensuivit une série de questions dont la première concernait notre nourriture. Je certifiai que les humains étaient végétaliens, pas question de mettre à mort des animaux ou de voler des œufs afin d’assouvir notre faim.

Fort de mon succès, je brandis fièrement la boîte contenant le cadeau des humains à ces extraterrestres mi-œufs mi-oiseaux. Si j’avais su, j’en aurais vérifié le contenu avant de l’ouvrir. Il y a ainsi des actes dans la vie d’un homme que l’on regrette toute sa vie, surtout lorsqu’ils l’écourtent.

C’est en découvrant, en même temps que mes hôtes improbables, ce que contenait la boîte que je compris que mon destin et celui de toute l’humanité venait d’être scellé. Ce sont les yeux désormais rouges de colère qui me dévisagent. L’entente, ou du moins une relation pacifique, qui aurait pu naître entre les terriens et cette forme de vie extraterrestre est carrément morte dans l’œuf à cause… d’une cocotte de poulet entier à la Chimay !

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Auteur Commentaire en débat
Donaldo75
Posté le: 11-04-2015 20:05  Mis à jour: 11-04-2015 20:05
Plume d'Or
Inscrit le: 14-03-2014
De: Paris
Contributions: 1111
 Re: On ne fait pas d'omelette...
Argggg, tu as découvert la terre de mes ancêtres !
Excellente histoire, à s'en décrocher les neurones.
Donald
EXEM
Posté le: 12-04-2015 00:59  Mis à jour: 12-04-2015 00:59
Plume d'Or
Inscrit le: 23-10-2013
De:
Contributions: 1480
 Re: On ne fait pas d'omelette...
Feu à volonté!! Couscous peut écrire comme un extra-terrestre. A volonté. Je ne sais pas comment elle fait. Et tout y est. La même écriture impeccable (je la trouve en plein dans le sujet). La chute est non seulement excellente, mais savoureuse. J'ai été tenu en haleine jusqu'à la fin. Maintenant je suis déprimé parce que je me sens incapable de commencer à écrire.
Enfin. Bravo Couscous.
Bises.
couscous
Posté le: 12-04-2015 04:26  Mis à jour: 12-04-2015 04:26
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: On ne fait pas d'omelette...
Ah les amis, vos commentaires me motivent tellement à continuer à délirer.

Je vous embrasse très fort.

Couscous
Istenozot
Posté le: 12-04-2015 09:39  Mis à jour: 12-04-2015 09:39
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: On ne fait pas d'omelette...
Ah mes amis,

Vous attendez les extraterrestres!
Non, non, ne les attendez plus! Leur reine est déjà arrivée en la personne de Couscous. Elle nous vient de la galaxi où règne une fédération de peuples de l'imaginaire.

Que Couscous me pardonne, mais c'est tentant de l'écrire, avec une sincère amitié : et quelle cocotte!
C'est dimanche, les neurones sont un peu plus au repos.
Encore que là, je suis dans la réponse à mon propre défi.
Et je patine. Mais je patine en vers!

Je vous souhaite un bon week end à tous.

Bien amicalement.

Jacques
Donaldo75
Posté le: 12-04-2015 14:04  Mis à jour: 12-04-2015 14:04
Plume d'Or
Inscrit le: 14-03-2014
De: Paris
Contributions: 1111
 Re: On ne fait pas d'omelette...
Je dirais même plus, pour citer le Maître Zen corrézien Jacques C.:
« Bientôt les bébés éprouvettes emprunteront les autoroutes de l'information ! »
Si ça c'est pas de la science-fiction belge avant l'heure !
couscous
Posté le: 12-04-2015 14:26  Mis à jour: 12-04-2015 14:26
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: On ne fait pas d'omelette...
Istenozot, tu m'as percée à jour !
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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